Une proposition de loi du député du député LIOT Olivier Serva veut mettre fin à la discrimination liée à la texture et au style capillaire des personnes racisées ou non, en milieu professionnel. Ce texte sera débattu ce jeudi 28 mars à l'Assemblée nationale. Kenza Bel Kenadil, créatrice de contenus et militante contre les discriminations capillaires, était l'invitée de BFMTV pour raconter les réflexions dont elle a été victime.
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00:00 Cette discrimination, elles ont pris plusieurs formes.
00:02 Déjà, ça s'est rentré dans les mœurs de ma famille.
00:04 Donc j'ai grandi en ayant ces mœurs-là, en me disant
00:07 « ton cheveu, il ne faut surtout pas le laisser au naturel ».
00:10 Donc j'ai fait mes premiers défrisants, j'avais 6-7 ans.
00:12 C'est quand même très jeune.
00:14 C'est-à-dire que je m'étais déjà exposée à ma santé, à plusieurs choses.
00:16 Il y a des gens aujourd'hui qui ont de l'alloplicite brûlure
00:18 et c'est super triste.
00:19 Ils font carrément même des greffes pour retrouver des cheveux.
00:21 Et en même temps, c'est venu avec le cadre professionnel.
00:24 Donc quand j'ai grandi et que les peu de fois où je laissais mon cheveu au naturel,
00:30 je me prenais des réflexions hallucinantes.
00:31 Mais quelles réflexions par exemple ? Jusqu'où c'est allé ?
00:32 Jusqu'où c'est allé ?
00:33 C'est allé jusqu'à ce qu'on me dise « il faut que je rentre chez moi pour changer de coupe ».
00:36 Alors que le cheveu raide avait une coupe identique.
00:39 Et je me suis dit « mais pourquoi ce traitement de faveur ? »
00:41 En quoi mon cheveu allait altérer mes compétences ?
00:43 Ça n'avait aucun sens.
00:45 Et en même temps, dans le milieu scolaire aussi,
00:47 les élèves qui se moquaient beaucoup de moi,
00:49 des classes de moutons, choubacabres, s'achiotent,
00:51 si on peut y aller pour l'été, il y en a plein.
00:53 Et en même temps, les professeurs qui n'étaient pas sensibles à ce sujet,
00:56 puisque parfois on me demandait d'aller soit au fond de la classe
00:58 parce que je gênais avec mes cheveux,
01:00 la piscine, je n'avais pas forcément accès comme tout le monde
01:02 parce que les bonnets n'étaient pas adaptés,
01:04 parce qu'ils craquaient, etc.
01:05 Et donc moi, ça m'arrivait de me retrouver sur le banc.
01:07 Et puis voilà, je regardais mes caramara de faire l'activité scolaire
01:10 que moi je n'avais pas forcément accès.
01:12 Et c'est violent parce que du coup, il y a beaucoup d'impact,
01:14 et vous l'avez très bien dit, sur l'exclusion sociale.
01:17 Il y a aussi cette estime, cette perte de confiance en soi,
01:19 l'identitaire aussi, parce qu'on remet en question notre nature.
01:21 Voilà, je suis née comme ça.