• il y a 9 mois
L'Assemblée nationale a adopté ce jeudi 28 mars en première lecture une proposition de loi visant à sanctionner la « discrimination capillaire », notamment au travail, malgré des réserves sur l'utilité de cette initiative.

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Transcription
00:00 C'est de la mousse, c'est élastique, on dirait des poils de fesses.
00:03 Je peux toucher, ce qui fait très animal pour le coup.
00:05 J'avais l'impression qu'on devait s'excuser de la façon dont nos cheveux poussaient.
00:11 La première chose que ma mère m'a demandé, c'était
00:13 "Est-ce que tu sais comment tu vas te coiffer ?"
00:15 Ce jeudi 28 mars, l'Assemblée nationale a voté une proposition de loi
00:18 visant à reconnaître et à sanctionner la discrimination capillaire.
00:21 Si le Sénat l'adopte, la France pourrait être le premier pays
00:24 à reconnaître la discrimination capillaire comme une vraie discrimination.
00:28 Des préjugés dont sont souvent victimes les personnes aux cheveux texturés.
00:31 Ils nous ont donc raconté les discriminations subies.
00:33 La personne que j'avais en face de moi m'a dit que le CV était très bien,
00:36 que le profil était très bon et tout, mais qu'il fallait que je coupe mes cheveux.
00:40 Je lui ai demandé "Est-ce que vous me prenez pour ma coupe de cheveux
00:44 ou vous me prenez pour mes skills ?"
00:45 On m'a déjà dit que mon afro n'était pas propre, n'était pas professionnel.
00:49 J'avais facilement des profs qui me disaient
00:53 "Ce serait bien que tu adoptes un look professionnel."
00:57 Donc moi je ne comprenais pas, j'avais des chemises, etc.
01:00 En fait, c'était que mes cheveux soient lisses.
01:03 Dans ma pratique du mannequinat par exemple,
01:06 je me suis plus d'une fois retrouvée face à des bloqueurs
01:10 qui me disaient "Oui mais ton profil est bien,
01:13 mais on ne va pas pouvoir gérer ta tignasse."
01:17 J'ai eu droit au sang péternel.
01:18 "Ah, tu as mis tes lois dans une prise aujourd'hui, ah ah ah."
01:22 Toutes ces remarques finalement impactent et humilient.
01:26 Et on ne sait pas en fait si c'est nous le problème,
01:30 si c'est nos cheveux le problème.
01:32 On ne sait jamais vraiment comment réagir face à ça
01:34 parce que ce sont des questions qui sont dédramatisées,
01:38 minimisées par les gens qui ne vivent pas ces expériences.
01:42 Je pense que beaucoup de personnes encore se mettent quand même la pression
01:44 pour se dire qu'avant l'entretien d'embauche,
01:47 il n'y a pas que la tenue à choisir, mais il y a aussi la bonne coupe de cheveux.
01:51 Oui, les gens louxés ne sont pas sérieux.
01:54 Porter un afro, ça ne fait pas sérieux.
01:56 La proposition de loi, je pense que ça part d'une très bonne intention,
01:59 ça c'est une certitude.
02:00 Maintenant, moi, j'ai peur qu'elle souligne encore plus la différence
02:05 et donc qu'elle accentue encore plus les choses.
02:07 Pour moi, ils vont cacher ça sous le fait que la personne n'était pas qualifiée.
02:13 Donc j'espère que ça change des choses,
02:16 mais j'avoue avoir peu d'espoir.
02:18 S'il faut arriver à une loi pour prendre conscience,
02:21 c'est une très bonne chose,
02:23 mais ça ne remplacera jamais tout le travail de sensibilisation
02:28 et de pédagogie qui est indispensable.
02:31 On aimerait que ce ne soit pas un problème,
02:34 qu'il n'y ait pas besoin de faire une loi
02:36 sur la façon dont poussent nos cheveux et d'être accepté, etc.
02:41 Qu'il n'y ait pas de discrimination capillaire.
02:42 On aimerait que ce soit comme ça, vraiment.
02:45 Ce n'est pas de la victimisation, etc.
02:48 C'est juste qu'on a remarqué que c'était un schéma qui se répétait, qui se répétait.
02:54 On a juste envie que ça s'arrête
02:56 et qu'on puisse laisser nos cheveux pousser
02:58 et que ce ne soit plus un problème pour personne.
03:01 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]

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