Pour Fatou N’diaye, la discrimination capillaire envers les femmes noires est un problème bien réel

  • l’année dernière
DISCRIMINATIONS - On peut aussi se faire discriminer à cause de sa coiffure. C’est le message que veut faire passer le député Olivier Serva (LIOT) avec sa proposition de loi concernant la discrimination capillaire. Un message qui prend en compte les personnes chauves, blondes et surtout celles aux cheveux non lisses.

D’après une étude américaine pour Dove et LinkedIn, deux tiers des femmes noires changent de coiffures avant un entretien d’embauche. Cette même étude révèle que leurs cheveux sont deux fois et demie plus susceptibles d’être considérés comme moins professionnels.

« Ce sujet n’a rien d’excentrique ou de corporatiste : il est universel. À l’image de la devise de la République, ‘Liberté, Égalité, Fraternité’, nous entendons pouvoir permettre à chacun d’être qui il est, comme il l’entend, sans être discriminé, que ce soit au travail ou ailleurs », disait le député au micro de FranceInfo le 27 avril dernier.

En France, les sondages et études ethniques ne sont pas autorisés, mais de nombreux témoignages dénonçant des cas de discriminations capillaires existent. Comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus, Le HuffPost a rencontré Fatou N’Diaye (@blackbeautybag), créatrice de contenus depuis 2007, sur les réseaux sociaux et sur son blog, considéré comme le premier en France dédié à la beauté noire. Les cheveux sont l’un de ses sujets de prédilections et, à ses yeux, la discrimination capillaire est bel et bien réelle.
Transcript
00:00 On a même voulu m'intimider en me disant qu'il fallait que je revienne avec les cheveux lisses ou un peu déprisés.
00:05 Quand on parle de beaux cheveux, c'est un cheveux qui est lisse,
00:23 c'est un cheveux qui est blond, c'est un cheveux qui est fin, c'est un cheveu qui vole dans le vent.
00:28 Et du coup, quand on n'a pas ce type de texture de cheveux,
00:31 on a l'impression qu'on ne fait pas partie de ce qu'on considère beau.
00:35 Pendant longtemps, les adjectifs qui étaient appelés à nos cheveux,
00:39 même dans les produits de beauté, c'était cheveux difficiles, cheveux durs, cheveux à dompter.
00:46 C'est horrible quand même.
00:47 On parle de dompter un cheveu comme si on parlait de dompter un animal sauvage.
00:52 Et le cheveu qui était considéré normal, on disait cheveux fins, cheveux normaux, c'était tout ce qui était lisse.
00:56 Même dire que les cheveux sont texturés, pour moi, c'est aussi une façon de les mettre dans une autre case.
01:01 Parce que pour les cheveux dits de cheveux de personnes caucasiennes, on va juste parler de cheveux.
01:06 [Musique]
01:29 Il y a des critiques discriminants et racistes qui perdurent par rapport aux textures de cheveux.
01:34 "Ça ne fait pas sérieux", "C'est rigolo", "C'est drôle".
01:37 On ne bouge nulle part par rapport à une texture capillaire.
01:39 Une personne par exemple qui a des locks va être jugée comme quelqu'un de paresseux.
01:42 Quelqu'un qui a les cheveux crépus comme moi, on va dire qu'elle est sale, c'est quelqu'un qui ne prend pas soin d'elle.
01:48 C'est juste leur cheveu en fait.
01:49 Et ce n'est pas parce qu'ils ont ce type de cheveux-là que ça veut dire que ce sont des gens
01:52 qui ne sont pas sérieux et rigoureux dans leur travail.
01:54 Donc j'espère qu'en France, ça va avancer.
01:56 [Musique]
02:03 Il y a eu beaucoup d'incompréhensions.
02:05 Alors on a cru que peut-être j'étais en dépression,
02:08 que peut-être j'avais des problèmes financiers parce que le cheveu, c'est un peu comme le vêtement.
02:13 On va vous juger par rapport à ce qu'on voit sur vous.
02:16 Donc si le cheveu n'est pas "coiffé", ne correspond pas au standard de beauté européen,
02:22 on estime qu'il y a quelque chose qui ne va pas dans votre vie.
02:25 Mais je ne me suis pas laissé faire.
02:26 On a même voulu m'intimider en me disant qu'il fallait que je revienne avec les cheveux lisses
02:32 ou un peu déguisés parce que ça ne faisait pas très corporel,
02:34 parce que je travaillais pour une grande boîte de pub à l'époque.
02:36 J'ai dit non, mes cheveux, ça fait partie de moi.
02:39 C'est comme ça que sont mes cheveux et donc je vais rester avec.
02:43 [Musique]
02:55 Il était un peu dubitatif.
02:56 Il a dit oui, mais comme c'est pour la télé, ça passera.
03:00 J'ai fait en fait, c'est mes cheveux.
03:01 C'est comme ça que mes cheveux sont sur ma tête.
03:03 Je pense que si c'était une fille qui avait les cheveux lisses ou ondulés, fins,
03:08 on ne lui aurait pas demandé de les couper ou de transformer ses cheveux
03:11 dans une autre texture pour correspondre à un stéréotype de beauté.
03:15 J'ai dit, moi, c'est mes cheveux.
03:16 L'infro, c'est ma coiffure préférée.
03:19 [Musique]
03:24 À force de dire à quelqu'un que tes cheveux sont moches,
03:26 on emmagasine cette info-là et on finit par se persuader que c'est vrai.
03:30 Mes cheveux sont moches et qu'est-ce qu'on va faire ?
03:33 On va vouloir effacer tout ce qui fait ce qu'on est
03:38 pour ressembler à ce que l'associéité considère de beau.
03:42 Life.
03:43 Life.
03:43 Life.
03:44 Life.
03:46 Life.
03:46 Life.
03:47 Life.
03:48 Life.
03:49 Life.
03:49 [Musique]
03:53 [SILENCE]

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