Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, la colère des viticulteurs contre les grandes surfaces qui revendent du vin de Bordeaux à 1,66 euro la bouteille.
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00:00 11h-13h, Pascal Praud sur Europe 1
00:04 Chevalier de la table ronde, goûtons voir si le vin est bon
00:09 Chevalier de la table ronde, goûtons voir si le vin est bon
00:14 Il me fait peur, il me fait peur.
00:17 Les illustrations musicales de M. Fabrice, j'ai l'impression d'être parfois sur une radio libre.
00:24 C'est quoi la rave ? C'est à moi qu'il le faut.
00:30 Je précise que vous êtes sur Europe 1, vous n'êtes pas sur Radio je ne sais quoi.
00:35 Consommez avec modération bien entendu.
00:37 C'est travaillé, il arrive à 6h, c'est pas pour rien.
00:40 6h j'ai fait ça.
00:42 Vous avez fait ça parce que c'est votre petit déjeuner du matin.
00:48 C'est habituel.
00:50 Vous êtes pas loin, franchement, venez-t-vous le matin.
00:53 Allez, viens me faire un petit coup à la maison.
00:57 Un petit coup à la maison.
00:59 Bon, vous êtes arrivé à quelle heure ce matin Fabrice Laffitte ?
01:04 Je suis un peu en retard, 6h15.
01:06 6h15, pas de prime de nuit, c'est limite.
01:08 Pas de prime, 6h15.
01:10 Ne le répétez pas.
01:11 Ah oui, parce qu'en plus vous trichez.
01:13 On a gagné deux primes aujourd'hui.
01:15 Vous savez que tout le monde est au courant dans l'entreprise.
01:17 Hier j'en ai parlé avec quelques personnes, ils m'ont dit "ouais mais Fabrice..."
01:20 Non mais il y a deux primes qu'on sautait aujourd'hui, la vôtre.
01:22 La vôtre ?
01:23 Bah oui, monsieur Donar Vidal-Revelle.
01:25 Ah mais c'est officiel.
01:26 Vous serez convoqué chez monsieur Liberty.
01:30 Comment je vais acheter mes soupules maintenant ?
01:32 Et puis la prime, Laffitte, puisqu'on parle de vin, c'est un château très prestigieux.
01:37 Un chanteau, oui.
01:38 Bon, alors, pourquoi on parle de vin ?
01:40 Parce que la colère de viticulteurs qui pointent du doigt la grande distribution, et notamment Carrefour,
01:45 pour du vin de Bordeaux vendu à 1,66€ la bouteille.
01:50 J'allais dire, il doit quand même pas être très bon.
01:52 C'est de la piquette ça.
01:53 Du Bordeaux à 1,66€ ?
01:55 C'est pas cher ?
01:56 Ah bah non.
01:57 C'est moins cher que de l'eau.
01:59 1,66€ de bouteille !
02:03 C'est de la villageoise.
02:04 1,66€ de bouteille !
02:06 Normalement c'est 8-9€, c'est ça ?
02:07 C'est du vinaigre, c'est pas possible.
02:09 Donc un tarif mis en place dans le cadre de la foire au vin jusqu'au 1er avril.
02:13 D'ailleurs, 1er avril, on est là.
02:14 Oui.
02:15 Et là, c'est pas une blague.
02:16 On est vraiment là ?
02:17 On est là lundi.
02:18 Je comptais revenir le 2.
02:19 Eh bah vous reviendrez le 1er.
02:21 Bon, vendue à 2,49€, la bouteille Compte de Méniac passe à 1,66€ avec l'offre 4 achetées et 2 offertes.
02:30 Compte de Méniac ! 1,66€ !
02:32 Bing !
02:33 Allez, ça c'est pas cher.
02:34 Est-ce que vous achetez ce type de bouteille ?
02:36 Et on est avec Didier Cousinet, qui est un ancien viticulteur et président du collectif viticulteur de Gironde.
02:42 Bonjour M. Didier.
02:43 Bonjour.
02:44 Bon, est-ce que vous avez bu cette bouteille Compte de Méniac ?
02:48 Je l'ai vu, je l'ai goûté avec mes collègues, il n'y a pas de problème.
02:52 Alors, vous disiez qu'il n'était pas bon.
02:54 C'est pas du grand grand vin, mais c'est un vin qui est correct, une qualité correcte pour un vin de Bordeaux.
02:59 Bah s'il est correct à 1,66€, il faut aller en acheter tout de suite quand même.
03:03 Non, pour les consommateurs, allez en acheter, mais vous ne ferez pas vivre le viticulteur par derrière.
03:09 Le viticulteur qui a produit cette bouteille de Compte de Méniac, ça ne lui revient pas à 1,66€ la bouteille ?
03:18 Alors, le producteur qui a produit ce vin n'a produit le vin que par le biais de son métier,
03:25 puisqu'à Bordeaux, il faut savoir qu'il y a des viticulteurs qui font du vin pour le vendre à des négociants,
03:31 et des viticulteurs qui font du vin pour le vendre eux-mêmes, en direct.
03:34 Donc, ces vins que vous trouvez dans des bouteilles si peu chères, ce sont des vins qui ont été faits par des viticulteurs,
03:39 ou des caves coopératives, qui sont ensuite vendus à des négociants,
03:43 et ces négociants font des assemblages qui revendent à des plateformes de grandes surfaces, carrefours, lits d'air, marchés, le pierre...
03:48 Mais gagne-t-il sa vie, le viticulteur ?
03:50 Le viticulteur ne choisit rien du tout, le viticulteur...
03:54 Non, mais est-ce qu'il gagne sa vie ?
03:56 Du tout, du tout, du tout, du tout, du tout, du tout.
03:59 Pour produire un tonneau de vin rouge traditionnel à Bordeaux,
04:03 pour le produire, il faut environ 1200 euros pour produire un tonneau de vin.
04:08 Un tonneau de vin à Bordeaux, c'est 900 litres, c'est l'unité de mesure.
04:11 Et il faut 1200 euros.
04:13 A l'heure actuelle, les viticulteurs vendent le vin environ 700-750 euros le tonneau.
04:17 Donc vous voyez qu'il y a un déséquilibre, et ce depuis des années.
04:20 Donc aujourd'hui, on est arrivé à une situation sans retour,
04:23 où il faut absolument que la donne change rapidement.
04:26 On retrouve la problématique qu'on avait vue avec les conversations qu'on avait avec les agriculteurs,
04:32 et notamment le problème de la... quoi le problème ?
04:34 La grande distribution qui met les prix les plus bas possible...
04:39 Et la grande distribution bouffe tout.
04:41 Oui, mais c'est le consommateur aussi, il n'est pas prêt à payer plus cher le consommateur,
04:46 il faut peut-être aussi le raisonner de temps en temps le consommateur.
04:49 Écoutez, le consommateur, nous on a fait des actions à Lidl, Intermarché,
04:54 toutes les grandes enseignes, quand on leur montre la bouteille effectivement,
04:57 déjà c'est pas valorisant pour l'appellation Mordeau, une bouteille en dessous de 3 euros c'est pas valorisant du tout.
05:02 Personne n'est la même, ça ne me donne même pas envie d'avoir.
05:05 Moi je suis d'accord avec vous.
05:06 C'est comme si on nous vendait de la viande qui vaut, chez nous,
05:09 la bonne viande, race bazardèse, qui est vendue 25 ou 26 euros,
05:12 si on nous la propose à 10 euros.
05:14 Vous allez vous poser des questions.
05:16 Aujourd'hui, on ne peut pas vivre avec ce vin.
05:19 La grande surface fibre tout.
05:22 Bien sûr que le consommateur préférerait avoir de la très très bonne qualité à très très peu cher,
05:27 mais on ne peut pas.
05:28 Il faut que chacun vive de son métier.
05:30 Point barre.
05:31 Voilà où aujourd'hui on en arrive.
05:33 On ne vit plus de notre métier.
05:34 L'agriculture française en général, je dis bien l'agriculture en général,
05:38 ne vit plus de son métier.
05:39 On préfère importer des viandes, du lait, d'autres produits de pays outre-Atlantique,
05:47 Pyrénées, les Alpes de l'autre côté,
05:49 où ils font n'importe quoi,
05:52 ils n'ont pas les mêmes contraintes que nous,
05:54 et on est en France, excusez-moi, les dindons de la farce.
05:57 - Je vais revenir sur ce que vous m'avez dit,
05:59 parce que j'ai trouvé que c'était intéressant.
06:01 Donc un tonneau c'est 900 litres,
06:03 et pour faire un tonneau de 900 litres,
06:05 vous avez dit que ça coûtait aux producteurs, aux viticulteurs,
06:08 1200 euros, c'est ce que vous m'avez dit.
06:10 - Ah oui, 1200 euros.
06:11 - Mais ça, c'est pas pour tous les vins.
06:13 Il y a des vins qui coûtent, j'imagine, plus cher que d'autres à produire ou à faire.
06:17 - Ça c'est une moyenne que je vous donne,
06:19 puisqu'il y a l'achat en agriculture qui fait des moyennes.
06:21 Bien sûr, après si vous prenez un sauterne prestigieux,
06:25 si vous prenez des Pessacs Léoniens qui sont managés à la main,
06:27 avec des grains chers, avec ce qu'il y avait là,
06:29 effectivement ça coûte plus cher.
06:31 Mais moi je vous parle de la production mordant générique,
06:33 dans le grain entre-deux-mers qui souffre le plus.
06:35 - Le Pessacs Léonien, vous dites, est ramassé à la main,
06:39 mais les autres grappes ne sont pas ?
06:41 - Non, je ne dis pas que tout est ramassé à la main,
06:44 certaines parcelles sont ramassées à la main pour faire des vins un peu plus costauds.
06:48 - Les vins ne sont pas ramassés à la main ?
06:50 Comment sont ramassés les grappes si ce n'est pas à la main ?
06:55 - Les grappes sont ramassées avec une machine à manger,
06:58 des machines ultra perfectionnées qui ramassent juste le grain de raisin, la bille de raisin.
07:04 Aujourd'hui on est arrivé à faire des machines extrêmement performantes,
07:08 et on n'avait que la bille de raisin qui est bien inclue.
07:11 - Parce que quand vous avez fait les vendanges une fois dans votre vie ?
07:14 - Non, jamais !
07:16 - Moi oui !
07:18 - D'abord c'est incroyablement fatigant de faire les vendanges.
07:21 - Pourquoi ?
07:22 - Parce que c'est des journées...
07:24 - Sur le soleil...
07:25 - Là je peux vous dire que vous comprenez la difficulté,
07:27 parce que vous êtes étudiant, vous faites ça une fois dans votre vie,
07:30 et le viticulteur il fait ça tout le temps dans sa vie.
07:33 Et c'est là que tu vois la difficulté, la dureté de ce métier,
07:36 qui est merveilleux d'ailleurs, mais qui est très dur physiquement.
07:40 D'abord t'es toujours courbé quand tu fais des vendanges par définition.
07:46 Un pied de vigne c'est rarement à 10 mètres au sol.
07:49 Un pied de vigne ça fait combien ? 1m20 ? 1m30 ?
07:53 - Oh non non non non !
07:54 Vous avez des pieds de vigne, dans le sauternet,
07:56 ce que je vous disais tout à l'heure,
07:58 c'est à peu près à 20-30 cm du sol.
08:02 - Ouais, 30 cm, donc c'est 1m30,
08:04 donc pour ramasser les grappes,
08:08 vous êtes toujours baissé et courbé,
08:12 et vous êtes le soir crevé.
08:14 - Et sous la chaleur en plus.
08:15 - A priori effectivement.
08:17 Quand est-ce que vous avez vendangé vous par exemple,
08:19 cette année M. Cousinet ?
08:21 - Les vendanges avec le réchauffement climatique,
08:23 ce fait de plus en plus tôt,
08:24 on commence à vendanger des fois fin août,
08:27 tout à fait début septembre,
08:28 qu'avant on commençait fin septembre, mi-octobre.
08:30 Donc on voit vraiment qu'il y a un décalage par rapport à la climatologie.
08:34 - Oui...
08:35 - J'ai une question à M. Cousinet.
08:36 - Je vous en prie.
08:37 - Je commence seulement à boire du vin,
08:39 je commence à vraiment bien aimer,
08:42 sauf que je ne sais pas...
08:43 - Il n'est jamais trop tard pour bien le faire.
08:44 - Oui, j'ai que 25 ans, ça va.
08:46 Mais je ne sais pas comment reconnaître un bon vin.
08:48 Sincèrement, je ne sais pas comment faire au restaurant
08:50 pour sélectionner une bonne bouteille.
08:52 - Un bon vin, c'est comme une jeune femme,
08:54 c'est quand elle vous plaît, tout va bien.
08:56 Donc vous prenez un vin...
08:58 - Il n'y a pas une technique ?
09:00 - D'abord si, il y a une technique.
09:02 - Est-ce que ça vous plaît ou pas ?
09:03 Est-ce que vous trouvez ça bon ou pas ?
09:05 - Si vous commencez à déguster du vin,
09:07 essayez de déguster toutes les régions.
09:09 Je parle français, vous n'allez pas voir les tragédies,
09:11 il y a tout ce qu'il faut en France.
09:13 Vous avez des bourgognes, vous avez des vins
09:15 du Land of Godot-Grosillon, des corbières,
09:17 du Bordeaux.
09:19 Dans chaque appellation, il y a plusieurs types de vins.
09:21 À Bordeaux, on fait du sec, du rosé,
09:23 du licoreux, du rouge tannique,
09:25 du rouge souple, du rouge fruité.
09:27 C'est à vous.
09:28 - M. Cousinet, on poursuivra cette conversation ensuite.
09:31 - Quand vous voulez.
09:32 - Et pourquoi pas demain, parce que ça peut être intéressant.
09:34 Mais il est déjà 12h44,
09:36 et le grand débrief de l'ami Laurent Tessier nous attend.
09:39 Merci M. Cousinet,
09:41 je ne vous dis pas bonne vendange parce que ce n'est pas tout de suite.
09:43 Mais à très vite sur L'En-Tête.