Invité de la rédaction - 26/03

  • il y a 6 mois
Invité de la rédaction - 26/03

Category

🗞
News
Transcript
00:00 Il est 8h20, Lydie Laille avec vous, nous accueillons notre invitée maintenant en direct sur France Bleu Orléans,
00:04 c'est Catherine Sabineau, ethno-écologue et anthropologue.
00:08 Oui, pour parler de la biodiversité et des écosystèmes. Bonjour.
00:12 Bonjour.
00:13 Merci à vous d'être là. Vous allez participer à une conférence ce soir sur le campus universitaire d'Orléans, La Source.
00:19 Catherine Sabineau, vous arrivez d'outre-mer, vous vivez et vous travaillez à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, depuis une dizaine d'années.
00:27 Oui, c'est ça. Je travaille à l'IRD, l'Institut de Recherche pour le Développement, au sein d'une unité de recherche qui a des tutelles dans tout l'outre-mer, l'unité Espaces Dev.
00:36 Et je suis basée à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, en Océanie, dans le Pacifique, depuis 11 ans maintenant.
00:43 Alors vous êtes ethno-écologue, ça veut dire quoi ? Tous ceux qui nous écoutent ne savent pas forcément.
00:48 Tous ceux qui nous écoutent ne savent probablement pas, mais ils ont déjà entendu les termes ethnologie ou les termes écologie,
00:53 donc c'est l'association des deux termes, et en fait mon travail est d'étudier les relations entre les hommes, les femmes et leur environnement.
01:00 C'est votre travail de recherche, vous êtes sur le terrain là-bas quasiment tous les jours ?
01:06 Oui, alors plus ou moins tous les jours, ça dépend des moments, et en plus on vieillit.
01:11 Moi on passe du temps sur le terrain parce qu'on encadre aussi, on accompagne les jeunes.
01:14 Mais mes journées de travail vont soit être des journées de terrain où je rencontre les gens pour décrire ce qu'ils vivent, leur réalité,
01:21 ou je vais être derrière mon ordinateur à rédiger les rapports pour faire état justement de ce que j'ai compris sur le terrain, et j'accompagne aussi les étudiants.
01:29 Et votre thème de prédilection c'est la mer, la relation de l'homme avec la mer ?
01:33 Oui, particulièrement la mer. J'étudie les relations entre les humains et la mer, donc la pêche par exemple est un des domaines que je connais assez bien,
01:40 et je regarde, j'observe comment changent les pratiques des gens, et comment aussi les règles de gestion de cet environnement là vont changer.
01:48 Qu'est-ce qui change le plus, qu'est-ce qui vous interpelle le plus ?
01:51 Alors, qu'est-ce qui m'interpelle ? Il y a énormément de choses qui m'interpellent.
01:55 Je travaille particulièrement sur tout ce qui est transmission de savoir, comment les gens apprennent à pêcher par exemple, ou à connaître le milieu marin.
02:03 Et il y a énormément de changements dans la manière d'apprendre, dans la manière de transmettre les choses,
02:08 de génération en génération, mais aussi avec l'école, avec les réseaux sociaux, avec la mobilité des gens, la diversité culturelle qu'il peut y avoir en un lieu.
02:17 Je travaille beaucoup sur comment ces modes de transmission changent,
02:22 et ce qui permet aussi d'être très inventif sur le terrain, inventer de nouvelles manières de pêcher, créer, créer, voilà.
02:31 Donc c'est un des points qui m'interpelle le plus.
02:33 Vous observez des changements profonds, et vous dites qu'il faut de grandes politiques. Concrètement, ça signifie quoi ?
02:38 Oui, alors là, si vous avez employé le terme "changement profond", c'est un petit peu en lien avec la conférence de ce soir,
02:43 parce que c'est vrai que c'est un terme, en anglais c'est "transformative change", changement transformateur,
02:49 c'est le terme qui est employé depuis quelques années dans les publications scientifiques.
02:52 Et l'idée, c'est qu'on est allé tellement loin dans les défaillances de relations avec notre environnement, je dirais,
03:00 qu'il a été acté qu'il fallait vraiment faire des changements en profondeur dans notre manière de voir la nature,
03:06 dans notre manière de la gérer, dans notre manière d'interagir avec elle, pour être sûr qu'en 2050 ou après,
03:13 on soit toujours debout et vivant dans une nature qui soit vivante elle aussi.
03:19 Je sais que vous, avant de préparer cette émission, vous nous disiez, en Nouvelle-Calédonie, par exemple,
03:24 les tortues et les requins ont une personnalité juridique.
03:27 Oui, alors c'est pas dans toute la Nouvelle-Calédonie, c'est dans une des provinces.
03:32 La personnalité juridique, les premiers qui ont fait ça, c'est en Nouvelle-Zélande.
03:36 Ils ont donné la personnalité juridique à une rivière,
03:39 ce qui permet qu'elle puisse se passer en jugement si elle est abîmée, comme une personne.
03:44 Et donc là, récemment, la province des Îles-Loyauté a intégré dans son Code de l'Environnement
03:50 ce statut de personnalité juridique pour les tortues et les requins, ce qui est assez novateur
03:55 et ce qui commence à se faire dans plusieurs pays.
03:57 C'est quelque chose dont on parle notamment dans notre évaluation sur laquelle nous travaillons actuellement
04:03 et dont je parlerai ce soir.
04:04 Est-ce que c'est facile d'intéresser le grand public à toutes ces questions
04:08 dont on parle quasiment que quand il y a des grands sommets internationaux,
04:10 on pense notamment au climat avec le GIEC, avec les différentes COP,
04:14 la biodiversité c'est encore plus compliqué ?
04:16 Je ne sais pas si c'est plus compliqué.
04:19 Je pense qu'en tout cas, il y a une grande diversité dans la population en France comme ailleurs,
04:24 dans l'intérêt que les gens vont accorder à ce type de sujet.
04:29 Donc je dirais que c'est pas si compliqué d'intéresser les gens.
04:33 Après, c'est moins mon travail, c'est comment réussir à faire changer les choses pour pouvoir...
04:39 Enfin, moi je donne des pistes, mais après il y a beaucoup d'acteurs qui vont travailler
04:42 pour faire changer les pratiques notamment.
04:44 Et vous misez sur les jeunes générations, donc cette conférence aussi ?
04:47 Absolument.
04:48 La jeune génération, les étudiants, et puis même, il nous arrive fréquemment de faire des interventions
04:54 auprès des scolaires en petite classe.
04:57 Et on a l'habitude de dire chez nous en Nouvelle-Caïdonie, c'est les vieux de demain.
05:01 C'est un terme très respectueux là-bas.
05:03 Et donc ils ont une espèce de jeunesse et de spontanéité dans la manière de décrire les choses.
05:11 Donc en général, ils partagent vraiment les vraies choses,
05:14 alors que les adultes des fois prennent un petit peu plus de...
05:17 Voilà.
05:17 Merci beaucoup Catherine Sabineau d'être venue ce matin sur France Bloc Orléans.
05:21 Et pour tous ceux qui le souhaitent, effectivement, il y a cette conférence,
05:24 la salle du Bouillon sur le campus de l'Université d'Orléans, 18h30 ce soir,
05:28 à laquelle vous participez avec d'autres experts nationaux aussi, des plantes et autres,
05:33 et puis un rapporteur du GIEC également.
05:36 Oui.
05:36 Merci beaucoup.