100% Sénat diffuse et décrypte les moments forts de l'examen des textes dans l'Hémicycle, ainsi que des auditions d'experts et de personnalités politiques entendues par les commissions du Sénat.
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00:00 (Générique)
00:09 Bonjour, bonjour à tous, bienvenue dans 100% Sénat.
00:12 Ce matin, deux auditions préparées par Mathilde Nutarelli et la rédaction parlementaire de Public Sénat.
00:18 Deux auditions assurées par la commission d'enquête Total Energy.
00:22 Ce jeudi 21 mars, les sénateurs ont reçu Jean-Claude Mallet, directeur des affaires publiques du géant pétrolier.
00:28 Je vous laisse suivre leurs échanges et je vous retrouve tout de suite après.
00:32 La direction des affaires publiques de la compagnie Total Energy appartient à son pôle stratégie et développement durable.
00:40 En anglais, « strategy and sustainability ».
00:42 Elle est en particulier, pour ce qui intéresse votre commission, chargée des relations avec les pouvoirs publics en France et en Europe.
00:50 Elle assiste les directions générales de l'entreprise pour animer ces relations,
00:54 organiser les réponses aux sollicitations très nombreuses de ses autorités publiques concernant l'expertise, la stratégie, les projets de la compagnie,
01:03 expliquer les enjeux énergétiques qui sont souvent techniques, mal connus des administrations,
01:08 et contribuer à la réflexion sur les problématiques correspondantes à fournir, en particulier dans cette période de transition écologique.
01:17 Elle comporte une trentaine de collaborateurs, collaboratrices, dont 25 cadres répartis en cinq divisions.
01:24 La division des relations institutionnelles France, la division des relations institutionnelles internationales,
01:30 la division de l'intelligence économique, la direction des affaires publiques européennes qui est installée à Bruxelles
01:36 et la direction des affaires publiques Washington qui est installée aux États-Unis.
01:41 La mission de cette direction est de la conduire à représenter les intérêts de la compagnie auprès de ses différents interlocuteurs publics,
01:51 gouvernement, parlement, collectivité publique au niveau national, institutions européennes, institutions américaines,
01:58 groupes de réflexion français et internationaux, représentations diplomatiques françaises et étrangères et organisations internationales.
02:07 Elle assiste la direction générale dans ses différentes interventions et dans ses déplacements internationaux.
02:12 Elle exerce un rôle de veille et d'anticipation sur les politiques publiques qui sont susceptibles d'exercer une influence
02:19 sur les activités et les intérêts de la compagnie.
02:22 Et elle joue au sein de la compagnie un rôle de coordination des actions auprès de ses instances et de plaidoyer,
02:28 c'est la traduction du terme « advocacy » qu'on utilise beaucoup au plan international, et « représentation d'intérêts »,
02:34 c'est les termes de la loi Sapin, dans certains cas qui sont dûment précisés par la direction générale.
02:40 La direction des affaires publiques travaille donc, et je vous le dis pour que vous compreniez bien notre organisation,
02:45 en étroite liaison avec les branches opérationnelles où elle dispose de points de contact et de relais,
02:51 exploration-production, vous allez entendre bientôt son directeur, raffinage-chimie, gaz, renouvelables, électricité, marketing et services,
02:59 mais il y a aussi des branches de la compagnie qui sont en train de se transformer,
03:04 la branche OneTech, la dernière née des branches de la compagnie, qui a été créée pour mettre en poule et en synergie
03:11 l'ensemble des ingénieurs et techniciens de la compagnie en soutien et mise en œuvre de la transition de celle-ci vers le net zéro émission.
03:19 Pour me faire comprendre sur ce point, s'agissant d'une nouvelle branche, l'exemple topique est celui des ingénieurs spécialisés
03:26 et ce qu'ils vont pouvoir faire peut être mis au service de l'éolien en mer et il y a une multitude d'exemples comme celui-ci.
03:32 L'important est qu'il y a désormais une force de frappe de 3 000 ingénieurs, chercheurs, techniciens consacrés à cette mise en commun
03:39 et conversion de la compagnie pour construire le deuxième et nouveau pilier de la stratégie de TotalEnergie,
03:44 la production, la distribution et la vente d'électricité bas carbone, sans parler de l'ensemble des pistes technologiques qui sont explorées
03:52 pour développer les énergies bas carbone, déméthaniser, décarboner nos productions, trouver des solutions pour la production de gaz vert, etc.
04:00 Nos activités dans tous ces domaines s'agissant de la représentation d'intérêts, contrôlée par la HATVP dont vous avez entendu récemment le Président.
04:09 Si je prends une approche plus large que la représentation d'intérêts au sens strict de la loi Sapin, nous avons de plus conduit depuis 3 ans
04:18 un effort résolu de transparence plus global et mis en ligne sur notre site une section qui récapitule nos actions et l'ensemble de nos engagements.
04:27 Ce site est régulièrement actualisé. Il porte aussi publication de l'ensemble des associations professionnelles auxquelles adhère la compagnie.
04:34 C'est la Direction des Affaires publiques qui est chargée de son animation et de la conduite des recensements qui sont publiés.
04:40 M. le Président, cette incidence me conduit à caractériser – je dirais un peu plus politiquement, si vous le permettez – la nature des relations entre ma direction et les pouvoirs publics ces dernières années.
04:50 Un bref récapitulatif montre que de 2019 à 2023, 68% des actions de représentation d'intérêts de TotalEnergie, SE au sens de la loi Sapin,
05:03 ont été réalisées auprès de nos interlocuteurs publics en faveur de l'accélération de la transition énergétique, de l'environnement ou du développement d'une économie circulaire.
05:12 Je donne quelques exemples. Facilitation du déploiement des renouvelables, facilitation du déploiement des batteries de recharge haute puissance pour les véhicules électriques,
05:21 projet spécifique de centrales solaires, création d'un environnement favorable pour le nouveau marché de l'électricité où nous nous lançons,
05:28 conversion de sites pétroliers en sites zéro pétrole comme à Grandpuit en Seine-et-Marne, production d'hydrogène vert, de biocarburant, etc.
05:36 La montée en puissance de ces thèmes a été fulgurante parallèlement au développement du pacte vert à Bruxelles, le Green Deal,
05:44 puis des objectifs de ce qu'on a appelé l'ajustement à l'objectif 55, c'est-à-dire réduction des émissions de gaz de serre en Europe de 55% en 2030 par rapport à 1990.
05:58 Mes deux premières années chez Total Energy ont donc été marquées par la mise en place d'une capacité de traitement de ces questions,
06:05 tant à Bruxelles qu'au siège et dans toute la compagnie. Celle-ci soutient dans son principe l'objectif du plan vert.
06:12 Il fallait encore – il faut – trouver des modalités d'application qui évitent de paralyser l'accès de nos concitoyens et de l'industrie européenne
06:20 à une énergie propre, fiable, abordable, ce qui est la vocation de la compagnie aussi bien en Europe que dans le monde.
06:27 L'invasion de l'Ukraine par la Russie a de nouveau profondément modifié la donne. La question de la souveraineté énergétique
06:35 et donc de la sécurité d'approvisionnement de la France et de l'Europe est revenue au centre des préoccupations des pouvoirs publics.
06:43 Et cela a bien sûr influencé l'action de ma direction. La nécessaire diversification des sources d'énergie, la sécurité, la régularité
06:52 et l'accessibilité des flux sont apparus en pleine lumière au gouvernement des États membres et à l'exécutif européen
06:59 comme un impératif d'égale importance à celui de la prise en compte de l'accélération de la transition énergétique.
07:06 Vous le savez, la France, grâce à son investissement dans le domaine nucléaire, est particulièrement bien placée pour répondre à ce double défi.
07:14 Mais le nucléaire ne suffit pas. Et la compagnie, par son empreinte mondiale, ses moyens, est capable d'apporter rapidement
07:21 des réponses concrètes à l'urgence de la sécurité d'approvisionnement tout en maintenant au premier rang son investissement fondamental
07:28 dans la transition vers le net zéro émission. Le dialogue avec les pouvoirs publics qui vous intéressent ici a donc été très étroit
07:36 et j'allais dire permanent pour conjuguer ces impératifs d'égale importance, et cela tant à Paris qu'en Europe et dans le monde.
07:43 Pour ne citer que quelques exemples concrets, la compagnie a très rapidement pris contact en mars 2022 avec les gouvernements
07:50 allemands et polonais pour proposer les alternatives qui s'imposaient à l'alimentation russe de la farafinerie de Leuna, qui est de la compagnie,
07:58 dont dépend une bonne partie de l'industrie de l'est de l'Allemagne. Il fallait passer notamment par Gdansk, jouer de nos sources en mer du Nord,
08:05 au Moyen-Orient, en Afrique, aux États-Unis. Et cette triangulation, Pologne-Allemagne-compagnie Totalénergie, a été réalisée avec la participation active
08:15 de la direction et au premier rang, évidemment, de notre filiale en Allemagne. La compagnie a aussi répondu aux besoins européens
08:22 de ressources gazières hors Russie en déployant de nouvelles capacités de regazéification nécessaires au traitement du gaz naturel liquéfié que je dirais GNL.
08:32 En Allemagne, à Lubmin, en France, au Havre, avec un apport de 5 millions de tonnes par an par des usines flottantes, dont l'une était amenée d'Asie.
08:41 La direction des affaires publiques, là aussi, a été en contact régulier avec les cabinets et les administrations concernées pour à la fois définir le projet
08:48 et aussi pour veiller avec le législateur à la façon dont la procédure pouvait être en urgence adaptée. Dans le même temps, la compagnie a accéléré
08:59 ses investissements dans l'électricité de sources renouvelables et les molécules bas carbone. Et cet effort l'a placé en un temps record.
09:06 C'est reconnu par de nombreux observateurs internationaux, au premier rang donc des développeurs mondiaux.
09:13 Cela a d'ailleurs été déjà souligné, je crois, devant vous. A titre d'exemple, la direction des affaires publiques a soutenu en amont d'un projet de construction
09:21 d'un parc éolien terrestre au Kazakhstan les efforts de coopération aboutissant à un accord cadre bilatéral entre la France et ce pays,
09:29 comme vous l'a indiqué Madame d'Antoine lors de son témoignage devant vous le 29 février dernier. Cette centrale aura une puissance de 1 GWh,
09:37 soit l'équivalent d'une centrale nucléaire, le premier parc de cette classe, de cette capacité dans ce grand pays.
09:43 Les engagements pris lors des coop parallèles et complémentaires à ceux pris par les gouvernements illustrent également ce type de relation.
09:51 La production, le transport de GNL est depuis des années une priorité de la compagnie. Et à la demande de la direction générale,
09:59 la direction des affaires publiques a constamment fait valoir aux autorités françaises l'importance de notre engagement en ce sens,
10:05 la compagnie s'étant dotée précocement d'objectifs radicaux et y entraînant ses partenaires en cohérence avec l'objectif finalement retenu par la COP28
10:14 vers le zéro méthane en 2030. Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Sénateurs, la stratégie de la compagnie,
10:21 que d'autres, en particulier Patrick Pouyanné, vous expliqueront mieux que moi et plus en détail, combine ainsi la réponse à l'indispensable transition énergétique
10:29 et à l'impératif de sécurité énergétique, de déploiement accéléré des renouvelables, de montée en puissance d'un pôle d'électricité bas carbone
10:37 qu'elle veut parmi les cinq plus grands mondiaux hors Chine dès 2030, et la déméthanisation au maximum possible de la production de gaz naturel liquéfié.
10:47 La direction des affaires publiques contribue à porter cette stratégie et ses conséquences auprès des pouvoirs publics en France et en Europe.
10:54 Je me trouve personnellement particulièrement en phase avec elle, ni demain le grand soir, ni on ne bouge pas, surtout pas parce que ça rapporte.
11:02 Mais on y va, en combinant le mieux possible les objectifs et en allant le plus vite possible selon notre expertise et sans casser l'outil.
11:10 Si vous permettez, pour conclure, je peux apporter quelques indications sur les raisons plus générales pour lesquelles j'ai choisi de rejoindre TotalEnergie,
11:18 répondant positivement à une proposition de la compagnie en 2019, comme vous l'avez rappelé. Merci beaucoup, Monsieur le Président.
11:25 Une petite précision sémantique préalable. Mais, Monsieur le Président, vous ne serez pas surpris. Le mot « pantoufle » est tiré de l'argot polytechnicien.
11:34 Et il désigne la somme que doit rembourser l'État à un fonctionnaire, à un ingénieur ou autre qui n'accomplit pas l'engagement décennal qu'il a pris
11:43 lorsqu'il a été formé dans l'une des écoles supérieures de l'État et, j'allais dire, de la République.
11:48 Pour ma part, j'ai quitté ce service, ce dernier, après 43 ans. J'ai exercé ce service principalement – que vous l'avez dit, et je ne vais pas reprendre
11:57 puisque vous avez eu la courtoisie de rappeler beaucoup de choses – après 43 ans, disons, dans les ministères régaliens, au Conseil d'État, au SGDN.
12:05 Et j'étais plusieurs fois chargé de rédiger des livres blancs sur la défense et la sécurité, y compris à la demande de Nicolas Sarkozy en 2007-2008,
12:14 où je suis devenu par ailleurs à plusieurs reprises des fonctions interministérielles, notamment délégué interministériel pour les actions de la France
12:21 à l'occasion de la tragédie du tsunami à la demande de Jean-Pierre Raffarin en 2005. Et pendant ces temps, j'ai travaillé avec Jean-Yves Le Drian, que je vais rejoindre. J'y reviendrai.
12:32 Pour vous apporter un éclairage personnel sur cette question des passerelles publiques-privées, qui, je crois, passionne beaucoup de débats,
12:41 outre l'adhésion à la stratégie que j'ai résumée, je citerai trois traits importants qui me paraissent caractériser l'action dans cette compagnie
12:49 et faire comprendre, j'espère, l'intérêt pour lequel je les rejoins et l'intérêt pour lequel un parcours comme le mien trouve sa place dans une telle compagnie.
12:57 Sa mission et sa raison d'être est d'apporter au plus grand nombre dans le monde une énergie sûre, suffisante, abordable et de plus en plus propre.
13:06 Elle est participante à la transition juste. Cela me semble relever très clairement de l'intérêt général que j'ai toujours servi et que je vais encore servir
13:15 en rejoignant prochainement Jean-Yves Le Drian pour d'autres missions dans une entreprise publique.
13:19 L'identité de cette compagnie est à la fois profondément française, reconnue comme telle dans le monde entier, et ceci depuis 100 ans,
13:28 puisque nous fêtons l'anniversaire des 100 ans de TotalEnergie ce mois-ci, et sa dimension internationale, multinationale.
13:36 Et elle est fière des deux. Mais cette marque française de l'un des plus grands groupes mondiaux de l'énergie à la pointe de la technologie
13:42 est une chance pour notre pays et d'ailleurs plus largement pour l'Europe. Je sais d'expérience que votre Haute Assemblée, dans sa grande majorité,
13:49 ne peut qu'être également sensible à une telle dimension. Son ADN, c'est le troisième élément, est de savoir en permanence travailler,
13:57 investir sur le long terme, planifier, programmer ses investissements pour des projets sur 10, 20, 30, 40 ans.
14:04 Et là, M. le Président, vous m'excuserez, l'ancien conseiller du ministre de la Défense, l'ancien président des commissions chargées des rédacteurs
14:12 des livres blancs qui inscrivent l'action de l'État dans des perspectives longues, notamment une quinzaine d'années, pour ce qui concerne les livres blancs.
14:18 J'en sais quelque chose. Se retrouve dans une forme de parenté au moins intellectuelle pour une dimension prospective qui est d'ailleurs trop souvent négligée
14:25 par l'action publique. Je crois que le Sénat, souvent, s'en plaint, M. le Président.
14:29 Pour toutes ces raisons, je formule personnellement le souhait que les parcours entre le service public et les entreprises privées ne soient pas découragés.
14:37 Bien au contraire. Lorsqu'ils apportent tant, mais bien sûr, ça n'exclut pas la vigilance sur les conflits d'intérêts, bien entendu. Je vous remercie.
14:45 — Très bien. M. le directeur, je tiens à vous dire que ce sera la nuance, d'ailleurs, évidemment, entre moi et le rapporteur.
14:57 Moi, je pense qu'effectivement, depuis longtemps, d'ailleurs, il y a des passages publics-privés dans ce pays.
15:05 L'essentiel, c'est de veiller, comme vous le dites, aux conflits d'intérêts qui ne se produisent pas.
15:10 Pour le reste, on n'a pas tant de gens si compétents que ça dans ce pays pour s'en dispenser s'ils veulent faire carrière de manière plus large et plus ouverte.
15:19 Donc je n'ai pas d'état d'âme là-dessus. M. le directeur, vous avez fait la carrière – je ne vais pas la rappeler – en partie, et je l'ai redit au début.
15:32 Bien entendu, vous avez été – je ne suis pas sûr d'autres expériences – sur le ministère des Affaires étrangères, le ministère de la Défense.
15:40 Comment vous voyez, au-delà même de vos fonctions d'aujourd'hui, comment vous voyez d'abord l'image de Total Energy dans le monde, dans les autres pays ?
15:54 Vous avez dit à un moment de votre propos que cette image est très identifiée à la France. C'est évident. Si c'est le centième anniversaire, ça commence à faire un certain temps que cette société travaille dans le monde entier.
16:06 Et au-delà de ça, si je vous disais comme ça, puisque c'est un peu le sujet de cette commission, est-ce que vous avez le sentiment, même si ce n'est pas directement vos fonctions,
16:18 que Total Energy s'est réellement engagée dans la décarbonation, s'est réellement engagée dans la transition écologique ?
16:27 Et est-ce qu'à l'intérieur même de Total Energy, vous avez le sentiment qu'il y a des réticences, que certains se disent qu'il vaut mieux faire beaucoup d'argent tout de suite avec du fossile
16:39 plutôt que d'aller vers des choses plus compliquées ?
16:45 Merci pour vos questions, M. le Président. Je dois dire que l'image de Total Energy dans le monde est simplement excellente.
16:52 Elle est extrêmement réputée pour son efficacité. Elle est recherchée parce qu'elle sait conduire des programmes complexes.
17:02 Or, il y a énormément de programmes complexes. Elle sait, le cas échéant, accompagner des demandes de transition énergétique, justement.
17:13 Elle sait et elle développe de façon accélérée depuis maintenant 3 ans des projets multi-énergie. Je voudrais juste prendre un exemple.
17:20 Pour un projet avec un investissement globalement de 10 milliards, en Irak était le lieu où a commencé la capacité de production d'hydrocarbures à l'époque
17:30 de la compagnie française des pétroles de 1924. Concrètement, en Irak, nous avons un projet qui combine le dessalement d'eau de mer pour permettre
17:41 d'avoir de l'eau qui se vienne de l'eau de mer et non pas des sources intérieures qui vont permettre d'accélérer la possibilité d'utiliser le plus longtemps possible
17:49 les champs et accroître l'autonomie de l'Irak par rapport à des acteurs extérieurs, si vous voyez ce que je veux dire.
17:57 Une centrale solaire, la lutte contre le flaring, ce qui est un fléau. Si vous êtes allé dans cette partie de l'Irak, vous savez que la pollution est un véritable fléau.
18:08 Et l'exploitation des champs qui sont là. Et donc ce sont ces quatre dimensions qui font l'exploitation du projet, pardon, la définition du contrat passé avec l'Irak.
18:20 Et cette démarche – j'ai cité l'exemple du Kazakhstan, mais ce n'est qu'un exemple – est une démarche générale. C'est extraordinairement complexe.
18:28 Et si vous permettez, puisque vous m'en donnez l'occasion, la force que peu connaissent, semble-t-il, à l'extérieur, la force de TotalEnergie, c'est son capital humain.
18:40 Vous avez là un rassemblement parmi les meilleurs cadres, les meilleurs ingénieurs qui sont capables de se donner à fond sur ce type de projet et qui savent manier la complexité de ces projets.
18:52 C'est à cause de cette capacité, et qui a été démontrée au fil des années, au fil des décennies, que l'on vient chercher TotalEnergie.
18:59 Donc la réputation, pour répondre à votre question, sur le plan international, je crois qu'elle est vraiment excellente.
19:06 Est-ce que la compagnie est véritablement engagée dans la décarbonation ? Je pense que la réponse est oui.
19:11 Mais alors massivement, massivement, les salariés, les cadres sont attachés à la stratégie qui a été définie depuis maintenant, en particulier depuis le tournant, disons, des années 2020-2021,
19:22 qui ont été sanctionnées par des votes de l'Assemblée générale, mais aussi en interne par les revues que nous faisons et qui montrent qu'il y a une adhésion massive.
19:30 C'est une des grandes forces. Il y a une adhésion massive des salariés derrière cette stratégie. Donc c'est ça qui en fait, je pense, la force.
19:38 Quant à la réalité de sa politique, sa stratégie de décarbonation, je sais qu'elle est contestée. Et à dire vrai, nous acceptons tout à fait le débat.
19:46 Il peut y avoir une contestation sur le rythme. Est-ce qu'on va assez vite ? Est-ce qu'on va pas assez vite ? Ça, ça peut exister.
19:52 Mais le fait qu'on y va, franchement... D'ailleurs, c'était exposé dans tous les documents officiels. Et ces documents officiels sont audités, contrôlés, etc.
20:00 Franchement, on peut pas dire qu'on n'y va pas. Dépenser 5 milliards par an sur les énergies décarbonées, dont 4 milliards sur l'électricité renouvelable par an,
20:10 dans les années qui viennent de s'écouler, qui vont venir, ça vient d'être à nouveau affirmé, ça n'est pas rien. Et ça implique en effet,
20:18 comme je l'ai donné l'exemple tout à l'heure de la branche One Tech, ça implique en effet une transformation interne, une transition interne de la compagnie vers un nouveau modèle.
20:27 Et nous avons, dans le rapport qui vient d'être publié hier, nous avons exposé ce qu'étaient nos objectifs 2050. Et je me permets, M. le Président,
20:35 d'y renvoyer votre équipe et d'y renvoyer votre commission. Vous avez des précisions sur ce qu'est l'objectif que l'on cherche à atteindre.
20:43 Et on y va, si j'ose dire, avec d'abord des objectifs dès 2030. Ces objectifs sont pas encore idéalement ce qu'on vit, mais le net zéro émission,
20:53 personne ne va l'atteindre véritablement avant les années qu'on a évoquées. Vous avez eu un témoignage, je crois, de Carlos Tavares qui vous a dit que lui,
21:01 il pensait pouvoir le faire en 2038. Mais en tout cas, c'est pas demain. Et donc chaque entreprise dans son domaine essaye de s'adapter.
21:09 Et je pense que l'engagement, contrairement à ce qu'on lit un peu trop souvent, l'engagement de Total Energy dans cette direction n'est pas contestable.
21:16 On peut contester son rythme. On peut dire « Est-ce que vous ne pourriez pas aller vite ? ». Et nous sommes à l'écoute. On n'est pas du tout autistes, au contraire.
21:25 Et je peux vous garantir que la direction générale de la maison, très régulièrement, nous fait savoir, y compris à moi-même comme directeur des affaires publiques,
21:32 y compris à la directrice climat ou directeur de la stratégie, « Attention, écoutez bien ce qui est dit à l'extérieur ».
21:38 C'est un de nos rôles, à la direction des affaires publiques, d'apporter à l'intérieur de la compagnie cette vision de l'extérieur.
21:44 Parce que sinon, tout le monde, évidemment, travaille à réussir les objectifs. Et je peux vous dire que... Je peux en témoigner, véritablement, si vous le permettez.
21:51 Cet engagement, il suscite une unanimité, et en particulier, mais pas seulement, auprès des 300 cadres dirigeants qui entourent la direction générale de la compagnie.
22:05 — Merci. Le rapporteur va profiter du fait que vous êtes à l'écoute pour dire... Je ne suis pas sûr qu'il aura les mêmes propos que moi, mais ça va être que du bonheur dans le débat. M. le rapporteur.
22:16 — Merci, M. le Président, y compris de vos propos introductifs. M. le directeur, vous êtes incontestablement un grand serviteur de l'État,
22:29 pas par la taille, hein, par votre expérience. Les gens qui captent ne voient pas votre taille. Mais vous êtes grand. Je le suis aussi.
22:37 Mais par ce que vous avez apporté à notre pays, que ce soit évidemment en matière de défense et en matière de politique étrangère.
22:48 Donc merci pour ça. Et c'est vrai que votre passage chez Total a questionné plus d'un, vous le savez. Et vous avez en partie répondu à cette question
23:01 après, encore une fois, le travail que vous avez fait pour notre pays. La différence que je peux avoir avec le président, c'est pas tant sur le principe
23:12 de passer du public au privé. Je veux dire c'est bien de s'enrichir. Et c'est bien qu'à la fois dans l'économie comme dans le secteur public,
23:22 dans la fonction publique, les expériences permettent d'enrichir les uns et les autres au sens de l'intérêt général, évidemment.
23:31 La question, c'est comment ça s'organise. Et évidemment, comment on crée quand même de l'étanchéité entre la décision publique
23:41 et l'intérêt privé. C'est notre sujet particulièrement dans cette audition. D'ailleurs, peut-être pourrez-vous nous dire un peu plus
23:50 qu'ont pu être les avis du comité d'ontologie des affaires étrangères ou de la Haute autorité sur votre travail à la direction des affaires publiques de Total.
24:03 Ce que j'aimerais comprendre, au fond, si on prend quelques cas précis, comment vous travaillez dans vos fonctions,
24:10 y compris avec les autorités françaises, les différents ministères, sur plusieurs cas. Le ministre Le Drian, que vous avez servi,
24:24 a en 2022... S'est engagé beaucoup au Qatar sur des projets d'énergie fossile. Il avait fait la même chose au Mozambique.
24:35 Et le cas du Mozambique est intéressant, y compris au regard de votre expérience. Est-ce que la direction des affaires publiques que vous dirigez,
24:45 est-ce que vous-même, vous êtes intervenu auprès de vos anciens collègues, auprès de la Haute administration,
24:51 auprès d'un certain nombre de ministères, auprès de la présidence de la République pour organiser, faciliter ces voyages,
24:58 parce que le ministre Le Drian était aussi le ministre du Climat, au fond, puisqu'il avait succédé à Laurent Fabius, président de la COP Paris,
25:08 et donc de l'accord de Paris ? Et donc est-ce que vous êtes intervenu vous-même, votre direction, pour faciliter les choses ?
25:16 Mozambique, c'est un cas qui va nous intéresser. On va auditionner l'ambassadeur de France au Mozambique,
25:23 parce que c'est vrai que là, on est sur – je dirais – un combo d'enjeux militaires, de sécurité, d'enjeux énergétiques et de présence de la France.
25:38 Comment, au regard de votre expérience avec le ministère de la Défense, avec les affaires étrangères, Total est intervenu auprès des autorités françaises
25:48 pour organiser à la fois le soutien à l'implantation de Total sur ce projet au Mozambique et puis la sécurisation du site de Total ?
25:59 On sait qu'on est dans une situation de forte insécurité, de situation d'urgence, comme on dit. Est-ce que vous-même, vous êtes intervenu,
26:08 encore une fois, auprès du ministère de la Défense, auprès du ministère des Affaires étrangères, auprès des autorités rwandaises
26:16 ou du Mozambique, justement, pour favoriser la situation de Total sur place ? Merci.
26:25 — Merci, monsieur l'importeur. Peut-être d'abord répondre à votre question et vous donner quelques éléments.
26:35 D'abord, en ce qui concerne le passage en 2019, je crois que le mieux, c'est que je vous donne des éléments qui viennent de la décision
26:43 de la commission de déontologie du 16 mai 2019, avant que rejoigne à l'époque le groupe Total.
26:51 Tout d'abord, et c'est important, parce que c'est à quoi sert la commission de déontologie et à quoi sert la HATVP.
26:58 Elle cherche à vérifier si les fonctionnaires, hauts ou pas hauts, ont été impliqués dans des opérations de surveillance,
27:07 de suivi spécifique, d'avis à donner sur des opérations de l'entreprise privée à laquelle ils sont.
27:15 Donc le texte, je me permets de donner les éléments. Et d'autre part, une dimension plus éthique, qui est
27:22 est-ce que la nouvelle fonction est de nature à jeter une ombre, en termes moraux notamment, sur le passé ?
27:31 Donc sur le premier point, ce que dit la commission de déontologie, il ne résulte pas des éléments soumis à la commission
27:37 que M. Malay ait été chargée, dans le cadre de ses fonctions exercées, d'assurer la surveillance ou le contrôle de la société Total
27:45 ou toute autre entreprise ayant avec elle des liens, ni de conclure des contrats de toute nature ou formuler un avis sur ces mêmes contrats,
27:52 ni de proposer directement à l'autorité compétente des décisions, etc. Voilà sur le premier point.
27:58 Et sur le deuxième point, il n'apparaît pas non plus que les fonctions de M. Malay, celles qu'il envisage d'exercer,
28:03 soient de nature apportées atteintes à la dignité de ses fonctions précédentes, sous réserve. Il y a une réserve.
28:09 Jusqu'au 31 mai 2022, il s'abstient de toute relation professionnelle avec les membres du cabinet du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères,
28:16 qui était en fonction lorsqu'il l'était lui-même et qui le serait encore. Voilà l'avis. Et évidemment, je me suis conformé très strictement à cet avis.
28:26 Je ne sais pas si la HATVP donnerait aujourd'hui le même type d'avis, compte tenu des évolutions.
28:31 Mais en tout cas, c'est celui-là qui m'a été notifié. Et c'est évidemment celui que j'ai suivi de façon très stricte.
28:41 Sur votre deuxième question, il est évident que les ministres des Affaires étrangères – mais je pense que Jean-Denis Le Drian vous le dira encore mieux –
28:50 ont parfois des vocations à porter les entreprises françaises à l'extérieur, et en particulier dans le domaine de la désexportation
28:59 ou de la présence à l'étranger, à l'international. Donc qu'il y ait eu des contacts entre Jean-Yves Le Drian et la direction de Total NRL.
29:07 Et j'ai réussi à l'époque Total. Notamment, vous avez cité le Qatar. Pour que les gens connaissent nos intérêts, c'est le cas de ce que font toutes les entreprises.
29:16 Toutes les entreprises adressent au ministère des Affaires étrangères, au ministre des Finances ou autres.
29:22 Donc qu'il y ait eu des contacts, il vous le dira. Est-ce qu'on a facilité les voyages ? Alors là, non. On n'encourage pas tel ou tel voyage.
29:32 C'est quand on apprend qu'il y a un déplacement. Effectivement, on peut communiquer des éléments d'information pour dire
29:37 « Voilà ce que fait dans tel ou tel pays ». En l'occurrence, vous avez pris l'exemple du Qatar. Je sais pas si vous êtes jamais allés au Qatar, monsieur le rapporteur,
29:45 mais la présence de Total NRL au Qatar, effectivement, est très importante. C'est une des plus importantes compagnies qui œuvre.
29:52 Et on pourrait trouver d'autres et d'autres exemples. Mais je dirais que c'est une relation tout à fait normale.
29:57 Il n'y a rien d'anormal dans cet élément. Et quant au Mozambique, il y a eu un problème particulier en 2021, lorsque la ville de Palma
30:08 est tombée entre les mains des islamistes, puisqu'il y avait un mouvement islamiste qui a pris possession d'une ville à proximité du site de Total Energy.
30:21 Ce que nous avons fait à l'époque, on a informé effectivement le ministère des Armées, le ministère des Affaires étrangères de cette situation.
30:30 Est-ce qu'on a demandé l'intervention de l'armée française ? Certainement pas. Mais est-ce qu'on a informé du fait qu'il y avait
30:35 une situation difficile et le risque de la mise en place d'un quiste islamiste au nord du Mozambique ? Bien entendu.
30:43 La seule chose qu'on a vraiment essayé de dire – je crois que vous allez aller à Bruxelles bientôt –, c'est « Attention, cette armée mozambicaine,
30:52 elle ne tient pas la route », pour des raisons d'ailleurs historiques. C'est une armée pauvre en termes de moyens et qui ne résiste pas.
31:00 Et donc là, on a peut-être eu une influence. Ce serait bien que l'UE puisse développer des actions de coopération.
31:08 Mais c'était un avis. On ne prend aucune décision. Et d'ailleurs, la France a effectivement intervenu auprès de l'UE
31:15 pour qu'il y ait des actions de coopération. Je pense qu'on vous le dira lorsque vous irez. Je ne sais pas qui va y aller.
31:20 Mais j'ai compris que vous allez aller à Bruxelles. Et il y a eu effectivement un soutien de l'UE, mais pas seulement un soutien français.
31:27 Il y a eu un soutien de la présidence portugaise. Il y a eu un accord des Allemands qui se sont également mobilisés.
31:32 Et in fine, l'UE a décidé en effet – mais c'est pas notre influence, c'est globalement l'évaluation de ce qui se passait –
31:39 le risque de l'existence d'un quiste islamiste au nord du Mozambique. Voilà. C'était ça, le risque. Et c'est pour ça que l'UE s'est mobilisée.
31:48 Nous nous sommes contentés de signaler que c'était important. Nous étions partis. Nous avions quitté, puisque toute la zone a été évacuée
31:57 après la prise de Palma par les islamistes. Voilà. Donc là, forcément, l'information circule. Ce serait idiot de dire le contraire.
32:04 C'est normal. Mais je dois vous dire qu'ayant exercé les autres fonctions dans le passé, évidemment qu'on est intéressé par les informations
32:12 des acteurs qui sont sur place. Et l'ambassade aussi, l'ambassade de France à Maputo ou l'ambassade de France dans telle ou telle région ou pays
32:21 est forcément intéressée. Mais il n'y a évidemment pas de demande d'intervention de l'armée française, qui avait d'ailleurs autre chose à faire,
32:29 pour plein de raisons. L'armée rwandaise, c'est une affaire qui a été décidée par le président Newsy. Là, pour le coup, c'est le président du Mozambique
32:36 qui a choisi l'armée rwandaise. D'ailleurs, entre parenthèses, il a bien fait, car l'armée rwandaise est la seule qui est probablement vraiment
32:44 très respectée dans le Nord et qui a réussi à avoir une action dissuasive à l'égard des islamistes, en tout cas jusqu'à présent, pour autant qu'on puisse le voir.
32:53 Merci. M. Roiron. Oui, M. Malé, tout le monde reconnaît vos qualités en tant que grands serviteurs de l'État à travers votre parcours professionnel.
33:06 Moi, je voudrais tout simplement vous poser une question, et vous l'avez évoquée. C'est les relations que Total a aujourd'hui encore en Russie.
33:16 Récemment, un article de La Tribune évoquait que vous déteniez – ou Total Energy, du moins, pas vous – près de 20% de Novatec.
33:28 On sait que c'est le numéro 2 du gaz en Russie. Vous déteniez à peu près la même chose de Yamal LNG, qui exploite une station de production de GNL
33:39 implantée en Sibérie occidentale. Vous avez été, par votre parcours, quelqu'un qui avait apporté beaucoup à notre pays.
33:50 Et vous voyez bien que cette position est quand même compliquée, parce que c'est quelque part... Vous avez évoqué tout à l'heure l'image de la France.
33:58 Vous avez évoqué l'image de Total. Mais vous voyez bien que dans les moments où nous vivons au niveau mondial, on doit avoir une image claire sur tout cet aspect-là.
34:11 Donc il y a quelque part – je dirais pas une contradiction, mais un antagonisme entre les deux aspects.
34:19 Monsieur le sénateur, d'abord, je crois que vous allez avoir l'occasion d'examiner en détail la situation de la maison en Russie,
34:30 puisque vous avez prévu d'inviter une personnalité, d'ailleurs membre de notre comité exécutif, pour se consacrer à cette question.
34:39 Donc je vais pas trop empiéter sur ce que sera cette prochaine audition. Mais je peux quand même vous répondre, évidemment, au moins, j'espère, sur l'essentiel.
34:48 D'abord, nos principes ont été publiés le 22 mars 2022. Très peu de temps. Et ces principes comportent notamment en n°1 le respect des sanctions décidées par l'UE.
35:03 Et c'est un principe qui est appliqué de façon intangible et extraordinairement sourcilleuse par le management de la compagnie Total Energy.
35:12 Par conséquent, nous n'avons plus aucune vue, sauf sur le gaz naturel liquéfié, le GNL, qui est autorisé aujourd'hui par l'UE.
35:21 Donc la seule activité qui est d'ailleurs pas une activité que nous opérons, mais qui est opérée par les partenaires de la German Venture – pardon, c'est pour l'anglicisme –
35:29 qui gère le site de Yamal, en dehors de cela, nous n'avons pas d'activité, quelle qu'elle soit, en Russie. Donc il faut bien avoir ça.
35:39 Tout le reste a été arrêté ou gelé. Et d'ailleurs, les actifs que nous possédions en Russie ont été déconsolidés dans notre bilan.
35:47 Ceci a fait l'objet de communiqués. Donc on pourra vous donner là-dessus tous les éléments d'information que vous avez.
35:52 Mais aujourd'hui, de façon – je dirais – très opérationnelle, la seule activité qui demeure est celle de l'usine de Yamal, que nous continuons à contribuer,
36:01 à maintenir, à financer, etc., et dont les importations en Europe contribuent à l'équilibre recherché, y compris par la Commission européenne,
36:09 le gouvernement français, les gouvernements européens, parce qu'il y a encore un besoin qui s'est sérieusement réduit.
36:15 Mais il y a encore un besoin de gaz russe, d'origine russe, qu'on appelle en l'occurrence le GNL.
36:20 Vous savez que tout ce qui passe par le pipe ou quasiment tout ce qui passe par le pipe a été arrêté.
36:25 Vous savez sans doute que les importations venues de Russie en Europe se sont effondrées en l'espace de moins de 18 mois.
36:32 Mais il reste une partie qui est le GNL, qui est importé de Russie et qui vient effectivement de Yamal,
36:40 qui est le seul actif que nous avons continué à laisser fonctionner et dans lequel nous sommes encore effectivement impliqués. C'est le seul. Voilà.
36:48 Et je crois que c'est une position qui est assez claire et compréhensible. Pourquoi est-ce qu'on a continué à...
36:56 Alors qu'on aurait peut-être pu dire qu'on aurait pu arrêter. Enfin vous auriez pu me dire pourquoi vous n'avez pas arrêté.
37:00 Il y a une raison qui est la situation du marché du gaz. Vous savez sans doute que le marché du gaz est un marché tendu.
37:07 Aujourd'hui, il se trouve qu'il est un peu détendu, comme vous pouvez le voir. Mais vous avez peut-être remarqué que l'été dernier, je crois,
37:13 il a suffi d'une grève dans une instance, dans une usine, dans un site en Australie pour que le prix du gaz fasse débond.
37:21 Donc il faut savoir que ce marché est aujourd'hui beaucoup plus calme, mais qu'il est nerveux. C'est-à-dire qu'à la moindre étincelle,
37:29 si j'ose dire, le prix peut repartir fortement à la hausse. Donc je dirais simplement... Voilà. C'est un élément d'appréciation qu'il faut avoir en tête.
37:37 Et puis l'autre, c'est simplement qu'il y a des besoins et qu'une partie des besoins européens sont encore aujourd'hui fournis.
37:42 Et il n'y a pas de consensus aujourd'hui entre les 27 au niveau de l'UE pour arrêter cette importation qui est encore une fois la seule activité
37:53 qui reste aujourd'hui pour la compagnie Total Energy en Russie.
38:00 — Merci. Alors une dernière pour la route. — Oui, je suis passé pour la route. Mais... Pardon ?
38:16 — Pas sur la Russie. — J'ai bien compris que dans le débat... Non, non, mais je n'ai pas... J'ai bien compris que dans le débat public que vous cherchiez,
38:29 il y avait aussi des procédures judiciaires. Mais vous nous avez, en répondant à mes questions sur un certain nombre de dossiers de région,
38:39 vous avez souvent utilisé le pronom « on ». On intervient, on fait ça, on rencontre. Je voulais mieux comprendre,
38:50 parce qu'effectivement, vous faites des déclarations maintenant à la Haute autorité sur la transparence, sur vos rendez-vous,
38:56 que ce soit les rendez-vous avec le ministère des Affaires étrangères ou les rendez-vous sollicités.
39:02 D'ailleurs, vous avez déclaré un rendez-vous en 2022 sur le Mozambique. Le « on », c'est qui, en fait ? C'est vous ?
39:11 C'est la direction des affaires publiques ? C'est d'autres directeurs ? C'est qui, « on » ?
39:18 — Concrètement, lorsque nous déclarons une action – pour prendre les termes précis qu'utilise la Haute autorité HATVP –,
39:30 « on », ça veut dire un des responsables qui est considéré comme représentant d'intérêt et qui est listé, la liste figure,
39:36 la liste nominative figure sur le site de la HATVP. Il y a – je sais plus combien – une quinzaine de personnes qui y figurent.
39:44 Lorsque, pour l'instant, la HATVP ne demande que l'existence et savoir quels ont été les interlocuteurs.
39:51 Ils ne nous interrogent pas sur qui a été dans la compagnie. Concrètement, c'est effectivement soit moi-même
39:58 ou les membres de mon équipe. Ça peut être aussi un directeur général. Ça peut être un patron de branche.
40:03 Voilà. Ça peut varier, en fait, en fonction des sujets. Pour vous donner un exemple, si on va défendre un projet
40:11 comme on l'a fait sur par exemple une centrale solaire en Guyane, ça va être nous-mêmes auprès du conseiller du cabinet
40:19 ou bien nous-mêmes, genre en direction des affaires publiques. Ça peut être aussi l'un des cadres,
40:25 l'un des dirigeants du COMEX qui va dans un dialogue avec un ministre ou parfois un directeur de cabinet,
40:30 mais c'est généralement plutôt les ministres, qui va effectivement porter cette décision. Donc les éléments que nous déclarons
40:36 sont effectués par les personnes qui sont déclarées représentants d'intérêt. Ils peuvent parfois être assistés par des experts.
40:45 Mais la personne qui conduit les actions qui sont déclarées sur le site de la HATVP, ce sont toujours ceux des représentants d'intérêt
40:52 qui figurent sur notre liste. – Voilà pour cette première audition.
40:56 À suivre, une autre audition assurée également par la même commission d'enquête Total Energy, cette fois,
41:02 c'est Guillaume Faury, directeur général d'Airbus, qui a été reçu par les sénateurs.
41:08 – Airbus s'est donné en 2019 comme raison d'être, comme "purpose" on dit en anglais, puisque c'est une société
41:17 dont la langue de travail commune entre tous ces Européens et l'anglais, d'être les pionniers d'une industrie aérospatiale durable
41:28 pour un monde plus sûr et plus uni. Et donc on a mis beaucoup de choses dans cette dimension de raison d'être,
41:37 mais on a mis au centre "durable", on a mis au centre la soussanivité. Et depuis 2019, l'ensemble des actions du groupe
41:45 visent à servir ces objectifs dans le domaine de l'environnement, dans le domaine social et dans le domaine de la gouvernance.
41:53 Mais évidemment, le sujet de l'environnement est très important. Nous sommes un des deux grands acteurs de la conception
42:02 et la fabrication d'avions commerciaux dans le monde. Et vous n'êtes pas sans savoir que les émissions de l'aviation commerciale
42:12 sont entre 2 et 2,5% des émissions de carbone mondiales. Donc c'est un sujet qui est un sujet d'intérêt, évidemment, pour aujourd'hui,
42:20 à travers essentiellement la consommation des carburants dans les avions qui sont en service. Et donc c'est ce qu'on appelle le SCOP3 d'Airbus.
42:33 L'aviation commerciale est actuellement dans sa quatrième révolution. La première révolution, c'était simplement de faire voler des avions.
42:41 En 1895, Lord Kelvin a dit « Il est physiquement impossible de faire voler des objets plus lourds que l'air ».
42:49 En 1903, les frères Wright faisaient voler leur avion. Et depuis, l'aviation commerciale a pris son essor avec le succès qu'on connaît.
42:56 La deuxième révolution a été celle de faire un moyen de transport sûr. Les premiers vols en avion étaient une aventure.
43:05 Aujourd'hui, l'aviation commerciale est de très loin le moyen de transport le plus sûr d'un point A à un point B sur la planète.
43:12 La troisième révolution a consisté à rendre l'aviation commerciale, à la démocratiser, à la rendre accessible à tous.
43:20 Les premiers billets d'avion vendus étaient à plusieurs dizaines de milliers d'euros équivalents aujourd'hui pour quelques dizaines de kilomètres.
43:28 Aujourd'hui, mes clients, les compagnies aériennes sont parfois attaquées pour vendre des billets d'avion pas assez chers.
43:35 Vraiment, aujourd'hui, on a quelque chose qui est dans une autre dimension.
43:37 Et la quatrième révolution, c'est celle dans laquelle nous sommes aujourd'hui, qui est de décarboner l'aviation.
43:43 Et nous allons réussir cette révolution comme nous avons réussi les trois premières.
43:48 Quelle est la feuille de route principale ? Ou peut-être, avant de partager avec vous la feuille de route principale, puisque c'est Airbus qui est là,
43:56 peut-être remettre en perspective quelques éléments, je pense, chiffrés, importants. Les émissions de carbone mondiales sont d'environ 40 gigatonnes.
44:08 L'aviation commerciale, c'est à peu près 0,8 gigatonnes, donc 800 millions de tonnes.
44:14 Et Airbus, qui est à peu près la moitié des avions qui sont en service aujourd'hui, des 24 000 à 25 000 avions commerciaux en service,
44:23 représente à peu près 400 millions de tonnes, 0,4 gigatonnes.
44:28 Ça, c'est le scope 3. C'est l'émission de carbone des avions d'Airbus en service, plutôt des avions qu'on vend dans l'année sur l'ensemble de leur durée de vie, pour être plus précis.
44:40 Notre scope 1, scope 2, c'est-à-dire les émissions de carbone de l'entreprise Airbus, sont plutôt de l'ordre de 800 kilotonnes, 800 000 tonnes.
44:50 Donc le scope 1, scope 2, c'est 800 000 tonnes, c'est moins d'un million de tonnes. Le scope 3 étant 400 millions de tonnes.
44:58 Donc c'est vraiment le scope 3 qui est le très, très gros sujet, c'est-à-dire les émissions de carbone des avions en service.
45:05 Je vais expliquer la feuille de route en quelques mots, de façon simplifiée, que le secteur s'est donnée pour être carbone neutral, pour être neutre en carbone en 2050,
45:17 ce qui, dans notre industrie, est un challenge considérable. Et pour ce faire, je vais prendre un petit peu de recul sur la façon dont on travaille aujourd'hui.
45:29 Il y a à peu près 24 000 à 25 000 avions commerciaux en service. Donc les 400 millions de tonnes pour Airbus, 800 millions de tonnes d'émissions de carbone sont liées au vol de ces avions.
45:46 La trajectoire qui permet d'aller de 800 millions de tonnes aujourd'hui à zéro en 2050, elle repose sur un certain nombre de piliers.
45:55 Je vais être un petit peu simpliste, mais pour que ce soit compréhensible par tout le monde. Le premier consiste à faire rentrer en service aujourd'hui des avions qui consomment
46:06 beaucoup moins de carburant que les avions qu'ils remplacent, que les prédécesseurs. Et un avion qu'on vend aujourd'hui, qu'on livre aujourd'hui,
46:15 il émet entre 20 et 40% de moins de CO2. Il consomme entre 20 et 40% de carburant en moins que les avions qu'il vient remplacer.
46:23 Ce qui a eu beaucoup, beaucoup d'améliorations au fil du temps. L'intensité carbone des avions, donc le nombre de consommation par kilomètre et par passager parcouru,
46:35 ou les émissions de carbone par passager et par kilomètre parcouru, ont baissé de 80%. Elles ont été réduites d'un facteur 5 entre les années 60 et aujourd'hui.
46:44 Et ont été réduites de moitié, réduites de 50% entre 1992 et aujourd'hui. Donc il y a une très forte amélioration de la consommation de carburant,
46:56 parce qu'on a des avions qui volent à haute altitude, où l'air est peu dense, donc il y a peu besoin d'énergie pour voler.
47:01 Une consommation de carburant qui est très, très fortement améliorée au fil du temps. Et on a encore beaucoup de potentiel d'amélioration.
47:08 Et c'est pour ça qu'on n'a que 2 à 2,5% des émissions de carbone, alors qu'on a un succès de l'aviation commerciale dans le monde qui est devenu absolument considérable aujourd'hui.
47:17 Donc ces avions... Et il y a une très forte demande pour ces avions, puisqu'ils sont à la fois économiquement plus performants que ceux qui les remplacent,
47:25 mais aussi écologiquement plus performants. Ces avions ont une autre caractéristique. Ils sont aujourd'hui certifiés pour pouvoir voler avec jusqu'à 50% de carburant d'aviation durable,
47:36 ce qu'on appelle les SAF. Alors qu'aujourd'hui, on en utilise très, très peu. Les avions qui rentrent en service aujourd'hui peuvent utiliser jusqu'à 50% de SAF.
47:44 Donc ça, c'est la première partie de la feuille de route, sachant qu'elle ne nous amène pas à 2050 et à une neutralité carbone.
47:53 Donc on est en train de préparer les technologies qui vont permettre de rentrer en service dans la deuxième moitié de la prochaine décennie des avions qui vont consommer
48:02 encore 20% à 25% de carburant en moins, donc 20% à 25% d'émissions de carbone en moins sur la base de l'utilisation des mêmes carburants, mais qui seront certifiés
48:10 pour 100% d'utilisation de carburant d'aviation durable. Donc les SAF, les carburants d'aviation durable, sont une très, très grosse partie de la feuille de route,
48:20 parce qu'on prépare des avions qui seront techniquement capables de voler avec 100% de SAF et qui consommeront suffisamment peu de carburant pour qu'on puisse s'offrir,
48:29 pour que les compagnies aériennes puissent s'offrir ou offrir à leurs passagers des vols avec une très grande utilisation de carburant d'aviation durable,
48:35 parce que ces carburants vont être beaucoup plus chers que les carburants fossiles quand ils vont arriver en grande quantité.
48:43 Ça, ça permet d'aller vers une aviation qui va utiliser très largement des carburants d'aviation durable, jusqu'à près de 100% en 2050.
48:52 Les carburants d'aviation durable, contrairement aux carburants fossiles, on prend du carbone qui est sous la surface de la Terre,
48:58 on raffine les hydrocarbures, on les brûle dans une turbine et on émet du carbone dans l'atmosphère.
49:04 Un carburant d'aviation durable, un SAF, on va récupérer du carbone dans l'atmosphère, soit de façon naturelle, c'est les biocarburants, dans toute leur diversité,
49:12 soit de façon artificielle, on récupère du carbone, on le recompose avec de l'hydrogène ou sous différentes formes de filières et on le remet dans l'atmosphère. Neutralité carbone.
49:21 On est convaincu chez Airbus que ce ne sera pas suffisant, qu'il faut aller plus loin, qu'il faut arriver à trouver des solutions qui n'émettent pas de carbone du tout.
49:27 On a beaucoup regardé les différentes options technologiques possibles et on a retenu l'hydrogène comme la solution pour le futur pour émettre absolument aucun carbone.
49:36 Parce que l'hydrogène, qu'on le brûle dans une turbine ou qu'on l'utilise dans une pile à combustible, n'émet pas de carbone dans son utilisation à bord d'un avion.
49:45 Donc on est en train de préparer des technologies pour lancer, avant la fin de la décennie, un programme d'avions à hydrogène, qui sera un avion de relativement petite taille pour commencer,
49:55 et pour une entrée en service en 2035. Le développement de l'aviation à hydrogène, présentant des complexités technologiques beaucoup plus importantes que ce qu'on a fait jusqu'à aujourd'hui,
50:05 ou des différences en tout cas, donc c'est vraiment un très très gros programme de recherche et technologie, mais nécessite aussi un nouveau cadre réglementaire.
50:12 Et le développement des filières hydrogène, hydrogène vert, pour pouvoir avoir à l'entrée en service de l'avion les carburants, l'hydrogène qui sera nécessaire pour pouvoir faire voler ces avions.
50:27 Ce que j'essaie de dire ici, c'est qu'on a d'un côté les technologies, et sur les technologies c'est finalement assez simple.
50:35 Quand on amène un avion qui consomme moins de carburant sur le marché, il est plus économique. Donc toutes les compagnies aériennes se jettent dessus, entre guillemets, pour avoir accès à cette solution.
50:46 C'est pour ça que les carnets de commande des constructeurs aujourd'hui sont très remplis. Il y a une partie de croissance, mais aussi une partie de remplacement par des avions plus performants.
50:54 En revanche, dans le domaine des carburants, un carburant décarboné est aujourd'hui beaucoup plus cher. Donc il n'y a pas d'alignement entre l'intérêt économique et l'intérêt écologique de l'utilisateur.
51:06 Cela ne veut pas dire que les compagnies aériennes ne pourraient pas s'offrir du carburant d'aviation durable, mais il y a un désavantage compétitif.
51:12 Il n'y a pas un terrain de jeu homogène pour celui qui utilise beaucoup de carburant durable et pour celui qui n'en utilise pas.
51:19 C'est pour ça que chez Airbus, compte tenu de l'importance de l'augmentation de l'utilisation de ces carburants, on a choisi de se placer dans un rôle qu'on appelle de catalyste,
51:29 de promoteur de toutes les solutions qui vont permettre d'accélérer la montée en puissance de la production et de la consommation des carburants durables pour l'aviation.
51:40 Parce que c'est absolument clé dans la feuille de route. Et c'est l'élément que nous maîtrisons le moins.
51:44 On a besoin des énergéticiens. On a besoin des régulateurs. On a besoin de la politique mise en place par les États.
51:50 On a besoin des aéroports. On a besoin des compagnies aériennes. Et on fait des accords – et on pourra en dire un peu plus si vous le souhaitez.
51:56 Marc est là pour ça. On fait des accords avec un très grand nombre d'acteurs pour jouer ce rôle de catalyste et pouvoir assurer le développement de nouvelles filières
52:06 de carburants durables et la montée en puissance de la production et donc de la consommation, qui est très importante.
52:15 Et puis pour pas être trop long dans mon propos liminaire et garder du temps pour les réponses, on est aussi chez Airbus un utilisateur de carburants,
52:23 puisque nous faisons voler des avions soit pour les essais en vol, soit pour le transport logistique dans le cadre de la production,
52:30 aussi pour les vols de livraison de nos clients. Et on a choisi de montrer l'exemple. Et donc on s'est mis comme objectif d'être à 30% de consommation,
52:40 au moins 30% de consommation de carburants durables dans notre mix énergétique, notre mix de carburants en 2030.
52:47 Et nous avons déjà en 2023 utilisé 10% de carburants durables dans nos carburants sur toute l'utilisation d'Airbus sur toute l'année 2023.
52:58 On est à 10% en 2023, alors que l'objectif qu'on considère un bon objectif pour la filière, c'est de 10% de consommation de carburants durables en 2030.
53:06 C'est un point de passage qui nous paraît un bon point de passage pour y arriver. Évidemment, on a aussi besoin du rôle des États et des régulateurs
53:14 pour créer le cadre qui permet d'avoir ce qu'on appelle en anglais le level playing field pour la consommation de ces nouveaux carburants qui sont plus chers,
53:22 à la fois potentiellement par des mandats, par de la réglementation, mais aussi par des aides, des subventions. Il y a tout un tas de systèmes qui peuvent être mis en place.
53:30 Malheureusement, aujourd'hui, la solution choisie n'est pas unanime. On a des solutions différentes suivant les différentes régions du monde,
53:36 ce qui contribue à créer de l'incertitude et de la difficulté pour accélérer cette mise en place. Mais donc, je le redis, on a déjà utilisé 10% de carburants
53:46 d'aviation durable en 2023. Et on va continuer à augmenter avec au moins 30% en 2030. Et donc, on a besoin d'accès à des carburants d'aviation durable.
53:56 C'est pourquoi vous avez dû voir qu'on a signé un accord, en l'occurrence avec Total Energy il y a quelques semaines, pour l'approvisionnement de plus de 50%
54:06 du SAV dont on a besoin en Europe auprès de Total Energy. Et Total Energy s'est placé sur une trajectoire avec une ambition de produire
54:14 1,5 million de tonnes de SAV en 2030, ce qui sera beaucoup plus que la proportion de ce qu'ils font aujourd'hui en kérosène.
54:26 Donc voilà. La feuille de route, elle existe. Arriver en 2050 à une aviation décarbonée est devenu l'objectif de l'ensemble de la filière.
54:34 Il a été adopté par la filière. Il a été également endossé par les États dans le cadre de l'OACI. Et ça devient la réalité contre laquelle on est tous
54:43 en train de se mobiliser et qui nécessite beaucoup de travail, beaucoup d'investissements, évidemment une très, très grande dimension dans le domaine de l'énergie,
54:52 compte tenu de l'importance des carburants liquides dont on va continuer à avoir besoin – on pourra revenir sur ce point-là si vous le souhaitez –
54:59 pour pouvoir continuer à assurer un développement de l'aviation dont nous considérons, comme beaucoup d'autres, qu'il est très important à la société humaine,
55:07 et en particulier pour la mobilité et le fait d'avoir une société humaine qui vive en paix sur cette planète. L'aviation contribue à la prospérité,
55:19 prospérité dont on a vraiment besoin pour pouvoir faire cette transition énergétique. L'aviation est une partie de cette transition énergétique.
55:26 2% des émissions de carbone, c'est-à-dire 2% des utilisations de carburant, on a une transition énergétique à faire à l'échelle globale. Et nous nous plaçons dans ce cadre.
55:36 J'en reste là, en espérant avoir donné un certain nombre d'éléments utiles à la discussion. Et je laisse la parole, M. le Président, si vous le jugerez utile.
55:46 — Merci, M. le directeur général. Avant de donner la parole au rapporteur, puis à ceux des membres de la Commission qui le souhaiteront,
55:55 vous avez parlé, à l'instant, de votre partenariat stratégique avec TotalEnergie pour la livraison de SAF 1,5 million de tonnes, vous le dites, à l'horizon 2030.
56:06 Mais dans ce partenariat, il y a également un programme de recherche et d'innovation visant à développer des carburants 100% durables,
56:15 en adéquation avec le design des aéronefs actuels et futurs. Est-ce que vous pouvez nous en dire un petit peu plus sur, justement,
56:23 ce programme de recherche et d'innovation des années à venir ?
56:30 — Alors notre programme de développement, de recherche, d'innovation et de développement pour les années qui viennent, pour les décennies qui viennent,
56:40 est dans cet objectif de la quatrième révolution de l'aviation. Il repose sur des technologies pour les avions, pour faire des avions plus performants
56:49 et beaucoup moins consommateurs, et sur des programmes de développement sur les carburants. Et vous avez compris que nous avons deux fers ou feu.
56:59 Les carburants d'aviation durable et l'hydrogène. L'accord stratégique, le partenariat stratégique qu'on a signé avec Total se place dans le cadre
57:08 du travail sur les SAF, avec à la fois effectivement un contrat d'approvisionnement pour notre utilisation – mais nous sommes un petit utilisateur de carburants
57:17 par rapport à l'échelle globale des compagnies aériennes – et pour le développement des filières. Aujourd'hui, il y a de très nombreuses façons
57:26 de faire des carburants d'aviation durable, mais il y en a encore beaucoup plus à l'étude. Et une des grosses questions que l'industrie des énergéticiens
57:36 a traitées, c'est quelles vont être les filières les plus efficaces pour arriver à avoir des carburants qui soient vraiment très décarbonés
57:43 et qui soient économiquement viables. Parce que si on avait aujourd'hui des carburants d'aviation durable à des prix comparables aux carburants fossiles,
57:53 on aurait une très très grande proportion du carburant qui irait dans cette direction-là, puisque les compagnies aériennes auraient l'intérêt économique et écologique.
58:02 Ce que je tiens simplement à dire, c'est qu'on a des partenariats avec beaucoup d'acteurs, des aéroports, des compagnies aériennes, des énergéticiens,
58:11 des regroupements, des alliances autour de l'hydrogène, par exemple. Total représente, sauf erreur de ma part, à peu près 2% de la production
58:23 et de la livraison de kérosène dans le monde. 2%. Donc c'est un acteur important. Et c'est un acteur français. On a beaucoup de nos activités
58:30 qui sont en France. Mais il est le 13e fournisseur de kérosène. Et donc on a aussi des accords avec d'autres énergéticiens,
58:38 dont des énergéticiens émergents, qui se spécialisent sur les SAF pour maximiser les chances de trouver, d'obtenir des filières qui soient compétitives,
58:48 parce que c'est vraiment le sujet aujourd'hui. Et on a également des accords qui sont plus régionaux, parce que dans chaque région,
58:54 on a des acteurs de types différents qui travaillent sur le sujet des SAF.
58:57 C'est tout pour aujourd'hui. Pour aller plus loin, vous pouvez retrouver les articles de notre rédaction web sur notre site Internet www.publicsena.fr.
59:05 Merci encore pour votre fidélité aux chaînes parlementaires. Très bonne journée sur Public Sénat.
59:11 [Musique]