Violences faites aux enseignants : audition de Mickaëlle Paty

  • il y a 3 mois
100% Sénat diffuse et décrypte les moments forts de l'examen des textes dans l'Hémicycle, ainsi que des auditions d'experts et de personnalités politiques entendues par les commissions du Sénat. Année de Production :

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00:00:00Madame Michèle Paty, merci de votre présence.
00:00:14Je vous rappelle à chacun et à chacune d'entre vous que cette audition est publique,
00:00:18à savoir qu'elle est retransmise sur les réseaux du Sénat, mais également ouverte au public, à la presse
00:00:24et à tous ceux qui s'intéressent à nos travaux.
00:00:28Nous avons prévu une heure trente d'horloge, à peu près,
00:00:32et donc chacun pourra évidemment s'exprimer s'il le souhaite, après que nous ayons pu entendre Madame Paty.
00:00:39Je voudrais peut-être rappeler, avant de laisser la parole au président Lafond,
00:00:43qu'il y a seulement quatre jours, au lycée Gambetta d'Arras, Dominique Bernard, professeur de lettres, a été assassinée.
00:00:51Professeur d'éducation physique et sportive, un agent d'entretien et le chef d'équipe technique de l'établissement
00:00:55ont également été blessés.
00:00:57Tous tentaient de protéger leurs collègues et leurs élèves contre un assaillant
00:01:02dont les motivations islamistes ne font plus de doutes ou ne font guère de doutes.
00:01:06Cet attentat entendait-il, entendait, semble-t-il, prolonger celui survenu il y a trois ans,
00:01:12qui a conduit à l'assassinat de Monsieur Samuel Paty.
00:01:16Cet attentat vient ainsi cruellement illustrer l'actualité de la question que nos deux commissions ont souhaité traiter,
00:01:22la commission des affaires culturelles de l'éducation et des sports, ainsi que la commission des lois,
00:01:28de manière commune, en créant cette mission de contrôle,
00:01:31pour contrôler le traitement, les signalements et le traitement des pressions,
00:01:36et les pressions, pardon, qui sont menaces et agressions dont les enseignants sont victimes, pardon.
00:01:42Nous entendons, Madame, nous entendons aujourd'hui, vous êtes la sœur de Monsieur Samuel Paty.
00:01:47Vous aviez, je le rappelle ici, adressé un courrier au président du Sénat.
00:01:52Lequel, le président du Sénat est à moi-même, d'ailleurs.
00:01:55Et nous avons décidé, avec le président Lafond, de mettre en place cette mission.
00:02:00Votre audition a été prévue de longue date.
00:02:03Je le redis qu'elle est transmise en direct sur le site internet du Sénat.
00:02:06Et je vous remercie d'avoir accepté de témoigner devant nous.
00:02:09J'ai néanmoins déjà eu l'occasion de le préciser lors de nos auditions de cet été.
00:02:15Et c'est important pour que chacun et chacune d'entre nous mesure bien la portée de notre travail.
00:02:21Cette mission d'information ne peut se pencher sur des faits qui font l'objet d'une enquête en cours.
00:02:28J'insiste, si tel était le cas, évidemment, la mission prendrait fin immédiatement, naturellement.
00:02:34Elle a vocation à se pencher, en revanche, sur les mécanismes devant permettre de prévenir l'occurrence de tels drames à l'avenir.
00:02:41Malheureusement, bien sûr, nous venons de le revivre trop récemment.
00:02:44Notamment l'évaluation et le traitement des menaces.
00:02:48Dans ce cadre, votre témoignage, Madame, évidemment, sur ce qui s'est passé il y a trois ans et qui reste dans nos mémoires, est absolument essentiel.
00:02:57Je vais laisser la parole au Président Laffont et à la fin de son intervention.
00:03:02Parce que nous sommes sous forme de commission d'enquête, je devrais vous demander de prêter serment.
00:03:09Mais je vais d'abord laisser au Président Laffont la parole.
00:03:13Merci.
00:03:14Mes chers collègues, comme vient de le souligner le Président Buffet, cette audition s'inscrit dans un contexte pesant.
00:03:21Le drame qui s'est déroulé dans l'enceinte du lycée Gambetta d'Arras est venu, bretellement, nous rappeler la menace que font planer l'obscurantisme et le fanatisme sur nos sociétés.
00:03:33Il nous rappelle également que les écoles, lieux de transmission de savoir et de formation à la citoyenneté, sont devenus une cible pour les intécristes islamistes.
00:03:43Avant de débuter cette audition, nous avons bien entendu une pensée pour Dominique Bernard, lâchement assassinée, pour sa famille, ses proches, ainsi que pour les personnels de l'éducation nationale blessés vendredi à Arras.
00:03:57Nous tenons aussi à vous remercier, Madame Paty, d'avoir accepté de venir témoigner devant nos commissions au moment où cet assassinat ravive des souvenirs douloureux pour l'ensemble de la communauté éducative et bien sûr pour vous-même.
00:04:11Vos différentes prises de parole ont été scrutées et commentées depuis l'assassinat de votre frère.
00:04:17Hier, vous êtes intervenu trois ans jour pour jour après le drame au sein du collège François Giroud à Vincennes et sur la scène du théâtre de l'œuvre pour prononcer des mots particulièrement poignants.
00:04:30Certaines de vos sorties se sont avérées tristement prémonitoires, comme lorsque vous déclariez il y a 15 jours dans Marianne que nous n'étions pas dans l'après Samuel Paty, mais dans le pendant.
00:04:44D'autres résonnent avec une acuité toute particulière, comme lorsque vous déclariez à l'occasion de la remise d'un prix créé en honneur de votre frère qu'enseigner, c'est expliquer et non se taire.
00:04:57Je rappelle qu'aujourd'hui, un enseignant sur deux déclare dans notre pays s'auto-censurer par peur de contestation d'enseignement.
00:05:04C'est dans ce contexte que nous conduisons cette mission commune de contrôle, destinée non pas à juger des faits, tâche qui relève, comme l'a rappelé le président Buffet, de procédures judiciaires en cours,
00:05:17mais à les comprendre, à les mettre en perspective et à apprécier également si la situation a évolué depuis trois ans, afin de formuler évidemment des propositions visant à améliorer la réactivité et l'efficacité des services publics concernés,
00:05:31qu'il s'agisse de la police, de la justice ou de l'éducation nationale. Nous essayons à notre tour et dans notre rôle d'expliquer et de ne pas nous taire pour prévenir non plus l'occurrence, mais la multiplication des drames.
00:05:46Nous allons donc vous écouter attentivement dans quelques instants, Mme Paty, non sans vous avoir préalablement informé, comme l'a fait le président Buffet, que cette audition est diffusée en direct sur le site du Sénat.
00:05:59Bien, je voudrais rappeler aux collègues, je vous ai indiqué qu'on avait une heure trente, on peut aller jusqu'à deux heures, nous sommes nombreux, bien sûr.
00:06:06Les prises de parole doivent être signalées pour qu'on puisse les enregistrer et se partager entre la Commission des lois et la Commission de l'éducation, naturellement, et nous limitons le temps d'intervention à deux minutes, si on veut que tout le monde puisse s'exprimer naturellement.
00:06:21Avant de passer la parole, Madame, je dois vous rappeler que nous sommes dotés des pouvoirs de commission d'enquête et qu'un faux témoignage devant notre commission d'enquête serait passible des peines prévues par les dispositions des articles 434-13-14-15 du Code pénal.
00:06:37Je vous invite à prêter serment, de dire toute la vérité, rien que la vérité, et je vous invite donc à lever la main droite et de dire je le jure.
00:06:46Je le jure.
00:06:49Merci, Madame. Eh bien, vous avez la parole et nous vous écoutons.
00:06:56Je dédie ce texte à Monsieur Dominique Bernard, professeur assassiné ce vendredi 13 octobre 2023, lors d'une attaque terroriste islamique, mettant à exécution les ordres de ceux qui veulent détruire notre école pour détruire notre démocratie.
00:07:10Je dédie ce texte à celui qu'on n'a pas sauvé, Monsieur Dominique Bernard.
00:07:18Messieurs les présidents, François-Noël Buffet et Laurent Laffont, mesdames et messieurs les sénateurs,
00:07:24je viens tout d'abord vous remercier pour l'ouverture de cette mission de contrôle parlementaire dotée des pouvoirs de commission d'enquête,
00:07:30afin de comprendre les failles administratives et politiques qui ont pu concourir à l'assassinat de Samuel Paty,
00:07:36d'analyser les mesures correctives qui en ont découlé et de tirer les évidentes recommandations.
00:07:41En voulant vous écrire ces quelques mots, je me suis retrouvée face à l'angoisse de la page blanche,
00:07:46et j'ai compris qu'en fait cette angoisse ne vient pas que l'on ait rien à dire, mais au contraire de ce qu'il y a trop à dire.
00:07:52Je me suis ensuite perdue dans les méandres du politiquement correct, où à trop mettre les formes, on en oublie le fond.
00:07:59Il a fallu revenir à l'essentiel, je dirais même aux fondamentaux.
00:08:03Le simple fait qu'un professeur ait pu être décapité pour blasphème en France en 2020, démontre que faille il y a.
00:08:10Cette enquête, je vous ai demandé de la mener au nom de Samuel Paty, mon frère.
00:08:15Il faut partir du singulier pour comprendre ce qui nous regarde tous.
00:08:19Car partir de tous ne nous pertera jamais de comprendre le destin tragique d'un homme, d'un professeur, mon frère Samuel Paty.
00:08:27Je viens effectivement vous presser d'investiguer bien au-delà du cercle d'imputabilité défini par la justice.
00:08:32La justice traite le crime en fonction du champ des possibles, mais la vérité judiciaire ne condamne que ce qui est pénalement répréhensible,
00:08:39et néglige la responsabilité politique, celle qui prône le respect des droits fondamentaux, l'ordre républicain et l'intérêt commun.
00:08:46Cette vérité et réalité dont je vous parle est celle qui est mise entre guillemets et minimisée par tous ceux qui se retrouvaient face à leur responsabilité,
00:08:53s'ils devaient l'affronter sans phare.
00:08:55Ce comportement d'irresponsabilité illimité est légitimé par une meute de courtisans, prêts à toutes les compromissions,
00:09:01en délivrant des certificats de probité sans examen de conscience.
00:09:05Il est également encouragé par l'attribution de promotions et de décorations, même s'il y a eu échecs ou fiascos,
00:09:12ce qui donne le sentiment à ceux qui les reçoivent d'avoir fait ce qui doit être fait, et procure une unité de fait à ceux qui les distribuent.
00:09:19Les inconséquences qui en découlent renforcent la méfiance et la défiance d'un peuple qui ne croit plus en ses représentants.
00:09:27Ce renoncement à l'intégrité, non par incapacité intellectuelle, ne me permet plus de mettre en harmonie la parole et les actes.
00:09:34Il n'y a plus que cette probité de façade qui laisse ouvertes des brèches immenses permettant la réalisation des actes les plus odieux.
00:09:40C'est bien dans ce contexte-là que l'absurde est devenu réalité.
00:09:44Mon frère a été décapité le 16 octobre 2020, trois ans après,
00:09:48il est temps de réaliser que la fameuse phrase lancée par M. Blanquer « Il y aura un avant et un après Samuel Paty » n'a pas eu les effets attendus.
00:09:56Cet « après » qui laisse régner la violence pour clore tout débat et ainsi, in fine, imposer le respect des croyances et non plus des croyants,
00:10:04basculant ainsi d'une démocratie laïque à une théocratie.
00:10:08Le baillon est définitivement obtenu en éjectivant le mot « laïcité » afin d'en dénaturer le sens et de la transformer en une injonction à l'athéisme.
00:10:23Si la référence n'est plus la loi, mais le fait de ne pas offenser certains musulmans qui mettent leur créateur au-dessus de tout, de la justice comme de la fraternité,
00:10:32cela n'entraînera que censure et immanquablement une application différenciée des règles en fonction de l'appartenance religieuse,
00:10:38octroyant finalement plus de droits à certains, véritable ferment de discorde et de séparatisme.
00:10:44Prôner la tolérance et invoquer toujours plus de bienveillance, sous-entendant ainsi que le professeur pourrait être malveillant par nature,
00:10:51n'a pourtant ouvert la voie qu'à des dérives incontrôlables et finalement au renforcement des extrêmes.
00:10:56Face à l'inefficacité, il faut peut-être cesser de dire que c'est le résultat qui est erroné, mais bien plutôt de reconnaître que c'est la méthode qui est mauvaise.
00:11:03Je vous invite à essayer de mettre le mot « empathie » à la place de « bienveillance », juste essayer.
00:11:09En adoptant la perspective d'autrui, la culture de l'empathie favorise la lutte contre le harcèlement, comme M. Attal a pu le dire le mois dernier.
00:11:16Mais pour répondre au détracteur de cette idée, cela ne se résume pas à cela.
00:11:20Cette attitude favorise également un climat scolaire propice aux apprentissages, conforte le respect de la pluralité des opinions et permet de se prémunir des pensées dogmatiques.
00:11:29Il y a plusieurs formes d'empathie. L'empathie émotionnelle est la seule capable d'induire un comportement moral.
00:11:35C'est celle qu'a utilisé dans le cours de mon frère. La notion de bien et de mal est le plus souvent acquise.
00:11:40Ce qui manque cruellement, c'est de reconnaître émotionnellement les préjudices ou douleurs causées, ce qu'on appelle la responsabilité morale.
00:11:47D'ailleurs, le Danemark l'a bien compris, puisque les cours d'empathie sont obligatoires depuis une loi de 1993.
00:11:54De 6 à 16 ans, ils reçoivent une heure d'empathie par semaine.
00:11:57Et ces enfants ont la chance d'accès à ces cours pour leur bien-être et le bien-être de tous.
00:12:02Sans empathie, sans cette capacité, il est impossible de comprendre les principes de la laïcité et les valeurs de la République, ni même celles de la liberté d'expression.
00:12:10Sans empathie, on n'accorde aucun crédit à la vie de l'autre, l'autre étant relégué au rang d'ennemi.
00:12:15Ce n'est pas nécessairement le contenu des réseaux sociaux qui pose un problème, mais bien la culture de la tête baissée,
00:12:20qui nous ferme au monde par un repli narcissique et nous empêche de dépasser la peur de l'inconnu.
00:12:25L'empathie permet de rétablir qui est victime et qui est bourreau, et non d'avoir à se confronter avec des bourreaux prétendument victimes.
00:12:31Car c'est ainsi, excusez-moi, qu'on finit avec des crimes sans coupables, voire avec des victimes un peu responsables.
00:12:40L'éducation à l'empathie restaure le sens du mot fraternité.
00:12:44Je citerai M. Omar Zana, docteur en sociologie et en psychologie, professeur des universités en sciences de l'éducation au Mans.
00:12:50L'empathie, cela s'éduque. Certes, la disposition à l'empathie est inhérente à l'espèce humaine, mais si elle n'est pas éduquée, elle ne se développe pas.
00:12:58Je pense également qu'il serait salvateur que parents et personnels, à tout niveau de l'institution, en bénéficient aussi.
00:13:05Qu'est-ce qu'on devient après ça ? C'est bien cette question que je me suis posée le lendemain de sa mort.
00:13:11Il allait bien falloir que j'en fasse quelque chose de ce ça, un ça sans nom, juste un visuel à l'institut médico-légal, où ma réaction première a été de dire « ce n'est pas lui ».
00:13:20Je crois que je ne voulais pas que ce corps meurtri soit celui de mon frère.
00:13:24Ce ça innommable ne prendrait sens que lorsque j'aurais eu toutes les vérités, même celles dont je n'aurais pas voulu qu'elles soient vraies.
00:13:30En règle générale, nous choisissons nos vérités, mais dans certains cas, on observe que ce n'est pas nous qui choisissons nos vérités, mais ce sont les vérités qui nous choisissent.
00:13:38C'est ce qui se passe quand certains veulent nous imposer leurs vérités, celles qui sont agréables et rassurantes pour eux, pas pour moi.
00:13:46Je crois que c'est ce qui s'est passé, le 3 décembre 2020, à la lecture du rapport de l'inspection générale de l'éducation du sport et de la recherche.
00:13:54Ce rapport s'intitule avec une sobriété forcée et anonyme « Enquête sur les événements survenus au Collège du Bois-d'Aune, Conflans-Saint-Honorin ».
00:14:02Retirant à mon frère la plus simple dignité, celle que cette enquête soit menée en son nom.
00:14:07Ici, on parle de « Gérer un trouble », l'origine du trouble étant le cours sur la liberté d'expression de Samuel Paty.
00:14:13La formulation choisie trahit l'intention véritable de ce travail.
00:14:16Il s'agit non de faire la lumière sur les responsabilités et les éventuelles erreurs des uns et des autres dans cette affaire, mais avant tout de dédouaner l'institution de toute responsabilité éventuelle.
00:14:26On s'interrogera sur la conception très particulière du dialogue que cette mission d'inspection a pu avoir avec les acteurs du terrain.
00:14:32Seuls trois professeurs ont été entendus sur les 51 qui composent l'équipe pédagogique versus 4 représentants des parents d'élèves, inversant ainsi le rapport de force.
00:14:44On pourrait également s'interroger sur la rapidité de ces rédactions, le rapport ayant été bouclé ou bâclé en 15 jours, ce qui ne laisse d'interroger sur le but attendu.
00:14:53Je tiens également à souligner la volonté constante de l'éducation nationale, à travers ce rapport, de faire totalement abstraction d'une quelconque notion de péril grave et imminent.
00:15:01Comme ce fut le cas la semaine précédente à l'attentat, et de continuer de transformer une campagne islamique en problème pédagogique.
00:15:09Cette procédure utilisée sans doute pour empêcher tout exercice du droit de retrait, le cas échéant, pour celui qui oserait en telle circonstance se retirer,
00:15:18devenant bien évidemment un abandon de poste avec une menace de radiation.
00:15:29On pourrait aussi soulever les mécanismes du non-dit de l'éducation nationale, là où on parle d'élèves et de familles compliquées, jamais difficiles, ou tout simplement impossibles à gérer et refusant de s'insérer dans la société française.
00:15:40L'administration préfère juger que les professeurs sont en difficulté et que les chefs d'établissement sont insuffisants.
00:15:46Il me semble également nécessaire d'évoquer les excuses qu'on a demandées à Samuel de formuler auprès de ses élèves.
00:15:53Ce comportement donne tout pouvoir aux parents d'élèves qui ont un compte à régler avec l'institution.
00:15:57On se retrouve avec des élèves victimes, et s'ils n'avaient pas encore pensé, on les désigne obligément comme tels.
00:16:03Et le professeur, devenant coupable aux yeux de tous, même de certains de ses collègues.
00:16:09L'un d'eux, faisant du zèle pour l'accabler, se mettra en scène devant ses classes de 3e, ce qui aura certainement motivé ceux-ci à se retrouver à 17h, le 16 octobre 2020, pour livrer mon frère à son bourreau.
00:16:21Ce petit professeur meurtri d'avoir perdu son titre de coordinateur de matière au profit de mon frère, il adaptera à son tour une posture victimaire au retour des vacances de Toussaint.
00:16:30Sans doute victime de ses collègues spectateurs complices qui se sont inventés une conscience post-attentat et qui pourtant ne voyaient rien à redire à son comportement avant, quand il aurait fallu resserrer les rangs.
00:16:41Le comble viendra lorsque lui bénéficiera de la mise en retrait d'éducation nationale, peu après la rentrée du 2 novembre 2020.
00:16:50Même lorsque, le 9 octobre 2020, la vérité éclatera, c'est-à-dire l'absence de la petite menteuse dans le cours incriminé, tout le monde sans exception continuera à propager la calomnie et traitera mon frère en coupable.
00:17:01L'imaginaire s'est donc substitué au réel.
00:17:04Revenons maintenant sur le comptage des intérêts mensuels à la laïcité.
00:17:09Sans doute un terme pudique pour ne pas parler d'offensive islamique.
00:17:13L'ancien ministre de l'éducation nationale, M. Papandiaï, pour justifier ses chiffres, préfère parler de la culture du sien allemand afin de minimiser la gravité du phénomène.
00:17:20Il précise tout de même qu'il y aura deux pics annuels, l'un pendant le ramadan et un autre en octobre, lié à l'attentat contre mon frère, ce qui confirme à demi-mot qu'il s'agit bien de revendications identitaires de la mouvance islamiste.
00:17:31M. Papandiaï donne également le ton. Il s'agit de phénomènes inéluctables auxquels il faudra bien s'habituer, tout en se refusant d'admettre que nombre réel d'atteintes à la laïcité est sous-évaluée.
00:17:41Que nombre de faits ne sont pas signalés et qu'il y a une recrudescence depuis l'attentat de mon frère.
00:17:46A quoi cela sert-il de jouer le jeu de la transparence sans même reconnaître que l'on nage en nos troubles ?
00:17:53Les remontées des atteintes à la laïcité relèvent de la responsabilité des chefs d'établissement.
00:17:59Celles-ci sont rédigées sur une fiche « fait établissement » relevant du niveau 3, c'est-à-dire fait d'une extrême gravité, et entraînent obligatoirement une réaction de l'institution,
00:18:08comme nous le montre la fiche résumée « respect du principe de la laïcité, prévenir, répondre, soutenir ».
00:18:13Il convient de rappeler que, contrairement à ce que M. Papandiaï a pu dire dans son édition auprès de vous le 4 juillet dernier,
00:18:19tous les faits de niveau 1 à 3 remontent au mystère et que le niveau 4 relève du national et ne peut donc être prononcé au niveau académique.
00:18:26Pour les niveaux 2 et 3 sont alertés l'IA d'Azen, le recteur, les référents de justice et l'équipe mobile de sécurité.
00:18:32Pour le cas spécifique du niveau 3, les chefs d'établissement doivent au préalable prendre attache téléphonique auprès du DAZEN ou du DAAZEN, le cas échéant, avant toute retranscription de l'événement.
00:18:43Sur la fiche « fait établissement », les chefs d'établissement se retrouvent à devoir faire une courte narration des faits, spécifiée s'il peut y avoir un retentissement médiatique, paramètre important que je vous demande de noter pour plus tard.
00:18:56Et remplir deux cases « victime » et « coupable présumé ».
00:19:00Comment retire-t-on l'octroi de la protection fonctionnelle ? C'est assez simple.
00:19:05Il suffit juste de remplir la case « victime » par l'expression « groupe d'élèves » et la case « coupable » par « personnel de l'établissement ».
00:19:12Et ainsi, cela rend la faute personnelle imputable à l'agent, ce qui est donc un obstacle à l'octroi de la protection fonctionnelle.
00:19:20Et même s'il en fait la demande, elle lui sera refusée, document à l'appui.
00:19:24Même cette protection dérisoire aura été retirée à mon frère.
00:19:33Je m'interrogerai le 9 décembre 2022 lors d'une de mes interventions dans le cadre de la journée de la laïcité sur le fait qu'on laisse encore le soin aux chefs d'établissement de définir si telle ou telle tenue sont ostensiblement religieuses.
00:19:46Ce comportement n'avait pour effet que de mettre dos à dos ceux qui les tolèrent, les gentils, et ceux qui s'y opposent, les méchants.
00:19:53Les abayas, les kamis et même le voile affichent ostensiblement l'appartenance religieuse islamique de ceux qui les portent.
00:19:59Il n'y a pas besoin de savoir si ces tenues vestimentaires s'accompagnent de discours ou d'attitudes qui contestent la laïcité et s'il s'agit d'un comportement prosélite ou communautariste.
00:20:08Le simple fait de les porter est un acte de défiance vis-à-vis de la règle commune.
00:20:12Il s'agit ni plus ni moins d'un appel à la désobéissance civile.
00:20:16La règle commune est ce qui donne la structure à une société.
00:20:19Sans structure, la société s'écroule.
00:20:21Je ne peux que féliciter M. Attal de rejoindre mes convictions et de prendre clairement position en renonçant avec la pratique du cas par cas qui prévalait avant la loi de 2004.
00:20:29Il faut arrêter de croire que ceux qui ne respectent pas la laïcité n'en comprennent pas le sens.
00:20:34Ils le comprennent trop bien et c'est pour cela qu'ils veulent la détruire.
00:20:37Le tout, ce n'est pas de parler de chantier comme l'a martelé M. le Président Macron ce 24 juillet dernier avec des travaux de rénovation coûteux pour réparer les défauts visibles,
00:20:48et bien de définir s'il s'agit d'un chantier de construction ou de démolition.
00:20:53A ce stade, je voudrais également soulever un problème qui s'est aggravé à la suite de l'attentat contre mon frère.
00:20:59Les enseignants quittent massivement le navire éducation nationale.
00:21:03Selon un rapport de la commission des finances du Sénat sur le budget 2022, la crise des démissions continue de s'aggraver, mettant en évidence une période croissante d'enseignants qualifiés.
00:21:12Entre 2020 et 2022, une onde de démission est passée de 30 959 à 39 270, soit une augmentation de 26%.
00:21:22En outre, il faut ajouter les quelques 20 000 départs à la retraite chaque année qui ne sont pas remplacés intégralement par le recrutement sur concours.
00:21:29Cette année scolaire 2023-2024, ce sont plus de 16% des postes au concours qui sont restés vacants, soit 3 100 postes non pourvus supplémentaires.
00:21:39La conséquence immédiate de ces crises est l'obligation pour le ministère de l'éducation nationale de faire appel à des contractuels non formés.
00:21:45Il convient alors de s'interroger sur les modalités de recrutement, notamment quand on sait que M. Sifrioui, le fichier S mis en examen pour l'association de malfaiteurs terroristes criminels dans l'assassinat de mon frère,
00:21:55a été maître auxiliaire en informatique pour l'éducation nationale pendant 15 ans à Paris.
00:22:00Les conséquences sont que les enseignants restants se retrouvent avec des classes surchargées, altérant ainsi la capacité de dispenser un enseignement de qualité,
00:22:10ce qui pénalisera inévitablement en priorité les élèves.
00:22:14Les alternatives proposées pour pallier également à l'absentéisme consistent soit à demander aux enseignants un fonctionnement en astreintre dans le cadre du pacte enseignant,
00:22:23soit à faire assurer par les assistants d'éducation enseignement appelés « surveillants » un cours par support numérique fourni par l'éducation nationale,
00:22:30comme M. Attal l'a annoncé à sa nomination à son poste actuel de ministre de l'éducation nationale.
00:22:35Tout le monde connaît l'expression « qui peut le plus peut le moins ». En procédure dégradée, c'est « qui peut le moins fait ce qu'il peut ».
00:22:42Ce n'est ni la qualité ni la pédagogie qui est attendue, c'est le fait de fournir un service minimum. En mode dégradé, il y a toujours une certaine tolérance sur les pertes.
00:22:52Je parlerai enfin de la censure évoquée par l'ancien ministre lui-même. Plus d'un professeur sur deux s'avoue s'être déjà autant censuré. Enquête IFOP, décembre 2022.
00:23:01Pour reprendre ses propos, il ne saurait y avoir d'omerta dans l'éducation nationale et je serai intraitable à ce sujet.
00:23:06Qu'est-ce que cela veut dire concrètement ? Le ministère sanctionnerait-il celui qui n'applique pas le programme ?
00:23:11Mais quel est le soutien de l'institution quand un professeur relève le défi d'assurer son programme ?
00:23:16Il faut bien reconnaître que défendre les valeurs républicaines est bel et bien une prise de risque. La menace de se prendre une Samuel Paty est devenue une larme de toute censure islamique.
00:23:29La circulaire de l'éducation nationale a intitulé « Plan laïcité dans les écoles et établissements scolaires » du 9 novembre 2022, tente d'apporter une réponse.
00:23:37Le premier volet consiste à sanctionner systématiquement et de façon graduée le comportement des élèves portant atteinte à la laïcité.
00:23:44Lorsqu'ils persistent après une phase de dialogue. C'est mal connaître ces jeunes de penser qu'un rappel à l'ordre, à la loi sert à quelque chose.
00:23:51Ce qui est perçu comme une sanction pour l'éducation nationale est perçu tout au plus comme une humiliation aux yeux de cette jeunesse qui n'accorde aucun crédit à l'autorité.
00:23:59Ces sanctions qui ne débouchent sur rien développent un sentiment d'impunité et entraînent récidive ou vengeance.
00:24:05On traite les symptômes sans traiter le mal. Le problème est l'absence générale d'autorité envers cette jeunesse qui n'a plus de limites et qui donc ni ne peut ni ne veut faire société.
00:24:14L'école ne peut pas lier la carence de figures représentant l'autorité auprès de ces jeunes. Mais il faut lui rendre celle qui lui est propre.
00:24:21Pour cela, il faut que l'institution endosse les rôles qui lui incombent. C'est-à-dire sa capacité à prendre sous sa responsabilité les sujets les plus sensibles.
00:24:30Il faut également que cette même institution réponde du traitement erroné et de la non-protection qui en a découlé dans le dossier de mon frère.
00:24:37Sinon, pourquoi les enseignants prendraient-ils le risque de défendre les valeurs républicaines s'ils ne sont pas assurés d'être protégés et ainsi rassurés ?
00:24:45Il faut restaurer une République au comportement ferme sur ses principes exemplaires et responsables.
00:24:51Alors, on pourra parler d'autorité légitime et ainsi obtenir l'adhésion par respect et non par soumission en infantilisant ou en manipulant le sentiment de peur.
00:25:01Perdre l'école, ce n'est pas perdre une bataille ni offrir une prise de guerre à l'adversaire, c'est perdre la guerre.
00:25:09Il convient maintenant de se pencher sur ce qui a été mis en place du côté des ministères de l'Intérieur.
00:25:15Il y a tout d'abord Pharos, cette plateforme censée effectuer une veille sur les réseaux sociaux en s'appuyant notamment sur des signalements émis par les citoyens.
00:25:22Quelques mois après l'attentat qui a coûté sa vie à mon frère dans l'émission « La fabrique du mensonge », j'ai pu voir M. Laurent Nunez,
00:25:28alors coordinateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme, se féliciter d'avoir triplé les effectifs de Pharos, soit un peu plus de 90 policiers et gendarmes.
00:25:36Cela pourrait passer pour une bonne nouvelle si les signalements entre 2020 et 2021 n'avaient pas triplé également.
00:25:44Ce qui revient donc mathématiquement au même.
00:25:47Il convient aussi de s'interroger sur les capacités et modalités d'analyse des données et sur le traitement qui en découle.
00:25:52Que dire également des réseaux sociaux, qui semblent être devenus le lieu privilégié de la calomnie et de toutes les propagandes ?
00:25:58Le travail de modérateur de ces médias semble fortement limité, sans même que nous en comprenions véritablement les critères.
00:26:04Je vous signale également qu'il a fallu plus de trois mois pour que je parvienne par le biais de mon avocate à faire supprimer la vidéo de M. Chnina,
00:26:10mise en examen pour assistance d'un projet terroriste contre mon frère par Facebook France.
00:26:15Étrangement, Pharos, qui pourtant cette fois avait reçu de nombreux signalements, n'a pas œuvré ou n'a pas pu la faire supprimer.
00:26:23Je verse maintenant à mon témoignage quatre articles de presse écrits.
00:26:281er article.
00:26:31Article de libération du 17 octobre 2020, intitulé « Conflant une note de renseignement retrace la chronologie des jours précédant l'attentat ».
00:26:39Article de Marianne, 28 octobre 2020, intitulé « Dans les Yvelines, la grande compromission d'élus avec l'islam radical ».
00:26:46Article du Parisien du 30 octobre 2020, intitulé « Après l'attentat de Conflant, le conseil des instances musulmanes des Yvelines dans la tourmente ».
00:26:54Article de la Gazette en Yvelines du 13 novembre 2020, intitulé « Mis en cause, le Simi répond à ses détracteurs ».
00:27:01Je me livrerai à une extraction d'éléments factuels de ces articles.
00:27:06Les renseignements territoriaux des Yvelines dépendent de la Direction centrale du renseignement intérieur, autrement appelée RT78.
00:27:13Ils ont rédigé une note datée du 12 octobre 2020, soulignant que, je cite,
00:27:18« La communication a visiblement permis d'apaiser les tensions et que, pour l'heure, les responsables de la communauté musulmane locale ne se sont pas manifestés ».
00:27:26Alors que, visiblement, de son propre aveu, le Simi, conseil des institutions musulmanes des Yvelines, avait eu connaissance de l'affaire des caricatures.
00:27:33Que, je cite, « Des démarches amiables avaient eu lieu et que la situation s'était apaisée ». Et cela, avant le 16 octobre.
00:27:41Le Simi s'attribue à un rôle de médiateur entre la communauté musulmane et l'État.
00:27:46Monsieur Abdelaziz El Jahouri, ancien secrétaire du Simi, déplore que, je cite,
00:27:51« Nos instances ont failli avant l'attentat car elles n'ont pas permis d'éteindre la polémique et d'intervenir auprès de ce père de famille ».
00:27:57Il mentionnera également avoir reçu la vidéo du père, donc M. Schneider, le 12 octobre 2020 par un des membres du Simi.
00:28:05Le Simi ne désavouera pas qu'il y ait eu partage de vidéo, mais parlera, je cite, « d'une pure erreur matérielle » en condamnant cet acte a posteriori.
00:28:14Le Simi a conclu avoir rempli sa part du contrat, comme il le dit, en effectuant des démarches amiables et en constatant que la situation était apaisée.
00:28:22Quelle était donc la nature du contrat ? Quels ont été les critères objectifs pour dire que la situation était apaisée ?
00:28:28Ce mot « apaisée » et cette analyse fallacieuse se retrouveront ensuite tel quel dans la note des RT78 du 12 octobre 2020
00:28:36et dans le rapport du référent en laïcité daté du 12 octobre 2020, que vous pourrez retrouver dans le rapport de l'IGESR.
00:28:44Maintenant, il me semble important de revenir sur le terme de médiateur.
00:28:49Je me pose effectivement des questions sur l'impartialité d'une organisation musulmane pour mener une négociation entre deux parties adverses,
00:28:55ce qui sous-entend également la légitimité des revendications religieuses d'un côté et républicaines de l'autre.
00:29:02Les parties prenantes doivent alors effectuer des compromis pour trouver un accord.
00:29:06Est-ce bien le rôle de l'État ou de ses représentants, étant donné leur neutralité, de composer avec des revendications islamistes ?
00:29:19Je vais tenter de vous montrer la fausseté de l'ensemble et comment un groupe confessionnel a réussi ce coup de maître en dupant l'État.
00:29:26Si on se base sur le nicknote connu des RT, il semblerait que le seul paramètre d'évaluation de la situation,
00:29:32soit que les responsables de la communauté musulmane locale, se manifestent avec une probable médiatisation.
00:29:37Je cite « menace de sit-in ou de manifestation ».
00:29:41Pour rappel, ce risque de médiatisation est également important pour l'éducation nationale.
00:29:47Les menaces de troubles à l'ordre public sont devenues le cheval de troie d'intégristes musulmans prétendument offensés.
00:29:52Chaque offense se traduira par des manifestations bruyantes voire violentes.
00:29:56C'est ainsi que l'on vide le délit de blasphème de tout caractère religieux.
00:30:00Le blasphème trouve ainsi sa traduction séculière et perpertue sa condamnation.
00:30:04La préservation de l'ordre public fait partie des prérogatives d'un État de droit.
00:30:08Alors au nom de la préservation de l'ordre public, on finit par prôner le concept de préservation de la paix religieuse.
00:30:14En demandant avis, conseils et actions aux représentants de la communauté musulmane,
00:30:19on réhabilite inévitablement le délit de blasphème et la condamnation par déquipetation qui va avec.
00:30:24La neutralité de l'État en France aurait dû pourtant nous en prémunir.
00:30:29Je reviens maintenant sur les propos tenus par M. Darmanin le 7 avril 2022 sur BFM TV.
00:30:36Il a souhaité faire écho à notre dépôt de plainte contre son ministère.
00:30:40Il a précisé que nul ne pouvait prévoir le passage à l'acte d'Ansaroff, habitant à plus de 80 kilomètres,
00:30:45qualifiant ainsi de fatalité l'événement, ajoutant que son ministère n'aurait pas à en rugir.
00:30:50Il précisera également, je cite, « L'État n'a rien à cacher. L'État était au rendez-vous, il l'a protégé et il continue de protéger ».
00:30:59Je viens rappeler que les forces de police sont soumises à l'obligation de moyens, obligation en vertu de laquelle
00:31:04les forces de l'ordre doivent déployer tous les efforts pour atteindre l'objectif visé.
00:31:08Visiblement, il y a eu défaut de moyens, à moins que l'objectif visé n'ait pas eu été de sauver mon frère.
00:31:13Afin de mieux comprendre ce que je vous avance, permettez-moi de vous lire maintenant quelques extraits du livre.
00:31:19« Notre solitude » de Yannick Honnel, chroniqueur au journal Charlie Hebdo depuis 2015.
00:31:28Il a couvert le procès de janvier 2015 durant deux mois et demi.
00:31:32Je vous invite bien évidemment à le lire, ce livre.
00:31:35Moi qui ai pu me sentir tantôt lui, tantôt dans son désarroi d'être narrateur, ce que je fais aujourd'hui,
00:31:42tantôt les victimes de l'attentat de Charlie, qui sont victimes sans accepter d'en être ce que je suis aussi.
00:31:50Il y aura toujours un lien qui ne sera pas à la limite de la raison, mais au-delà.
00:31:54C'est ce qui me permet, non sans une certaine révolte, de prendre la hauteur nécessaire pour comprendre
00:31:58et que dans une nuit sans sommeil, on se retrouve dans notre solitude.
00:32:02En d'autres circonstances, je vous aurais lu d'autres extraits.
00:32:06Je vous lis les pages 132 à 134.
00:32:09Le téléphone sonna. J'ai décroché, c'était Julien.
00:32:13Il m'a dit qu'il avait une bonne nouvelle et une mauvaise nouvelle.
00:32:17La mauvaise, c'est que depuis la républication des caricatures, suite aux menaces qui ne cessaient de s'amplifier,
00:32:21le niveau de tension était monté si haut que le ministère de l'Intérieur avait décidé de nous donner à bout et à moins une protection.
00:32:27Je ne comprenais pas. Quelle protection ? Julien précisa. Une protection policière.
00:32:31Vous aurez chacun un officier de sécurité. Il n'avait pas de menace précise à l'encontre de Bouk.
00:32:35Et moi, me dit-il, le risque n'était que diffus. Mais la tension internationale était à son comble.
00:32:40Le président Erdogan et son gouvernement déchaînaient le monde musulman contre la France.
00:32:44Et comme le président Macron lui avait résisté en défendant la laïcité à la française,
00:32:48nous étions entrés dans une période d'affrontement. Sur les réseaux, les appels aux meurtres se multipliaient.
00:32:54Charlie Hebdo était en première ligne. Et le fait que se tienne en ce moment un procès contre le terroriste islamiste
00:32:59exacerbait les passions négatives. Fin d'après-midi, le 24 septembre, je suis allée Place Beauvau.
00:33:05Le commissaire François B. m'a reçu pour me faire signer une lettre officielle de prise en charge par la SDLP.
00:33:11Si je résume, les deux chroniqueurs qui ont retracé le procès de l'attentat de Charlie Hebdo ont bénéficié d'une mise sous protection
00:33:17par les services de la SDLP le 24 septembre 2020. Alors que comme le souligne Honel, il n'y avait pas de menace précise à son encontre.
00:33:25Je précise également que le 25 septembre 2020, un projet d'attentat avorté contre Charlie a eu lieu à leur ancienne adresse,
00:33:32blessant néanmoins deux personnes de l'agence de presse première ligne avec une feuille de boucher.
00:33:37Cela invitera à récidive comme le prouvera le mois d'octobre sanglant qui a suivi.
00:33:42Dans cela, je pense également à Vincent, Simone et Nadine, assassinés dans la basilique de Nice le 29 octobre.
00:33:50Si je résume, le contexte était-il différent les jours précédents le 16 octobre, jour de la mise à mort de mon frère ?
00:33:56La réponse est non. Samuel avait-il reçu des menaces précises à son encontre par des individus proches de la mouvance islamiste ?
00:34:03La réponse est oui. Est-ce qu'il y avait rupture d'anonymat ? La réponse est encore oui.
00:34:08Était-il question de caricature de Charlie Hebdo ? La réponse est encore et encore oui.
00:34:13Alors qu'avait-il de moins ou qu'avait-il de plus ? Une personne anonyme n'encourt-elle pas les mêmes risques qu'un sujet connu ?
00:34:19Une personne anonyme n'est-elle pas traitée avec autant d'égard qu'un sujet connu ?
00:34:23S'il y a une différence de traitement entre les individus, que devient la notion d'égalité ?
00:34:39Je vous propose maintenant de vous pencher sur les propos tenus par M. Éric Dupond-Moretti, actuel ministre de la Justice dans les Mystiques du Sénat, le 2 avril 2021.
00:34:48C'est toujours difficile de réécrire l'histoire, mais nous nous sommes dit qu'est-ce qui aurait permis d'éviter ça ?
00:34:54Si je ne vous dis rien, c'est désespérant, mais c'est la réalité. C'est la raison pour laquelle nous avons conçu l'article 18.
00:35:02L'article 18, ou plutôt l'article 223-1 du code pénal, sanctionne le fait de révéler des informations relatives à une personne dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service public.
00:35:13Les peines encourues sont de cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende.
00:35:18Je m'interroge bien évidemment sur les informations détenues par M. Dupond-Moretti à cette même date pour tenir de tels propos.
00:35:25Faut-il rappeler qu'un témoignage ne fait pas enquête, mais dire que rien n'aurait pu l'éviter, c'est déjà un grand exercice de réécriture des faits.
00:35:32M. le ministre lui-même, ancien avocat au barreau de Paris, ne peignait l'existence d'un puissant arsenal juridique qui aurait pu protéger mon frère s'il avait été appliqué.
00:35:39Le tout n'est pas d'étoffer le code pénal, même s'il est effectivement perfectible, mais c'est de restaurer la force de la loi en l'appliquant pour lutter contre la loi de la force.
00:35:49Il leur manquait sans doute le consensus politique pour que les services de sécurité intérieure soient autorisés à intervenir.
00:35:55Consensus qui ne semble exister que lorsque l'état d'urgence est déclaré, soit après chaque attentat et non avant.
00:36:03J'invite donc M. le président Macron à honorer ses propos tenus à brutes le 8 avril 2022.
00:36:11« On va tout mettre à plat et regarder ». Et M. Damarnin, à BFM, le 7 avril 2022, « Il faudra que l'État dise tout ce qu'il a pu faire. C'est normal dans un État de droit ».
00:36:22Eh bien, j'attends. Pour finir, car je ne peux conclure, tant il y aurait encore à dire.
00:36:30Oui, j'en veux bien évidemment à ceux qui croyaient accomplir un travail alors qu'ils avaient un métier, laissant de côté leur savoir-faire, préférant un savoir se taire et au besoin un savoir faire taire.
00:36:41La décence eût été de le reconnaître et de faire amende honorable. C'est la base du savoir-être. Dans ce monde, on n'est plus, on a substitué le paraître à l'être.
00:36:51Oui, j'en veux également à ceux qui choisissent une vérité alternative, défendue par quelques courtisans cherchant carrière.
00:36:58Cette vérité erronée est rassurante pour eux et les maintient dans l'entre-soi. On n'éprouve jamais de la honte face à soi-même.
00:37:06Lorsque certains craignent le regard des autres, le jugement, c'est bien que celui-ci les renvoie à leur propre culpabilité.
00:37:12Dans ce monde, on détourne le regard de l'autre ou bien on ferme carrément les yeux.
00:37:17Oui, j'en veux à ces éternels adeptes de l'idéologie du pas de vaguisme, ceux qui sont les premiers à se mettre à genoux et à regarder tomber ceux qui sont restés debout, se murmurer à l'oreille.
00:37:27Ah, tu vois, on a bien fait de se coucher. Dans cette partie géante de 1, 2, 3 soleil, le maître mot est « t'as bougé, tu dégages ».
00:37:35Cette pathologie paralysante et tétanisante semble avoir atteint par contagion l'État tout entier.
00:37:40La culture du pas de vague sur l'alibi et la soumission, terme injurieux mais surtout inavouable.
00:37:45Pour être capable et coupable du pire, il faut bien se trouver des raisons.
00:37:49Dans ce monde, on valorise le sujet obéissant, passif, parfois lâche, et on dénigre en qualifiant de traître le sujet rebelle qui pourtant a agi comme il convient au sens de la morale.
00:38:00Au sein d'une société fortement hiérarchisée, agir comme il convient, c'est d'abord au contraire faire ce que l'autorité exige,
00:38:08de sorte que quiconque s'oppose à elle s'expose à la réprobation générale.
00:38:13Loin d'être considéré comme un héros, comme pourtant M. le Président Macron a pu le dire le 21 octobre 2020 lors de l'hommage national tenu à la Sorbonne,
00:38:21le sujet résistant est traité comme un paria tenu à l'isolement et livré à la vindicte populaire,
00:38:26ce qui conduira mon frère à être livré seul en pâture à la mouvance islamiste.
00:38:32Mon frère a été reconnu par certains et à tort coupable de déloyauté.
00:38:36Le coût de sa désobéissance sera qu'il finira seul et que l'État n'honorera pas sa part du contrat social en lui assurant protection.
00:38:44Le dernier condamné à mort pour blasphème en France n'est plus François-Jean Lefebvre de Labarre, exécuté en 1766 à Abbeville.
00:38:52C'est désormais Samuel Paty, exécuté en 2020 à Conflans-Sainte-Honorine.
00:38:57Combien de temps vous faudra-t-il pour comprendre que la culture de la Libye, soit religieuse, soit ethnique, est utilisée pour commettre les pires exactions ?
00:39:05Finalement, à vouloir éviter discrimination et stigmatisation, cette attitude amalgame et réduit au silence ceux qui pensent, comme mon frère que je cite,
00:39:15« la vie de l'homme est le droit le plus sacré ».
00:39:18Qu'ont-ils appris après ça ? Si je vous dis rien, c'est désespérant, mais c'est la réalité.
00:39:25Et ce qui a que l'horreur de ce vendredi 13 octobre qui va me donner raison.
00:39:30Merci de votre attention.
00:39:33Merci, madame. Nous allons maintenant recueillir les interventions de ceux qui le souhaitent.
00:39:40Ils sont déjà inscrits, M. Henri Leroy et M. Jacques Gros-Périn.
00:39:44Si d'autres collègues le souhaitent, vous signalez. On vous notera, bien évidemment.
00:39:48M. Leroy, pour 2 minutes.
00:39:51Merci, M. le Président, Mme Paty.
00:39:55Nous avons été particulièrement attentifs à votre courrier adressé concomitamment au président du Sénat.
00:40:01Et au président de la Commission des lois qui a entraîné la création de cette commission d'information
00:40:07avec les pouvoirs d'une commission d'enquête devant laquelle vous venez de témoigner avec une émouvante dignité.
00:40:14Soyez-en remerciés. Quelques précisions me paraissent utiles, à savoir, puisque je n'ai que 2 minutes.
00:40:20Votre famille a-t-elle été informée et associée aux consultés dans les discussions concernant la sécurité de Samuel après qu'il ait été menacé ?
00:40:30Votre dramatique expérience vous permet-elle aujourd'hui de suggérer des mesures,
00:40:36et je sais que c'est le combat de votre vie, et je le comprends et je l'approuve,
00:40:42de suggérer des mesures préventives qui vous paraissent indispensables à la protection et à l'accompagnement des enseignants
00:40:49qui viendraient à vivre une situation telle que votre frère l'a subie avant son assassinat ?
00:40:55Je vous remercie.
00:40:57Merci, M. le Sénateur. M. Jacques Gros-Périn, puis Mme Jacqueline Sache-Bregnaud.
00:41:02Merci, M. le Président. Il est difficile de réagir, en tout cas de vous questionner après vos propos,
00:41:09tant ils sont poignants, courageux, et ils incitent le respect.
00:41:14Vous avez dit, et on vous remercie en tout cas du courage de votre présence, qu'il y avait une faillite administrative, politique,
00:41:23que la méthode était mauvaise. Vous avez parlé de politiquement correct, qu'il fallait justement dépasser, et beaucoup d'empathie.
00:41:30Moi, je voudrais vous demander qu'est-ce qui vous met le plus en colère, trois ans après l'assassinat de votre frère ?
00:41:37Vous l'avez exprimé à travers les médias, dans la presse, suite à l'assassinat de Dominique Bernard,
00:41:42qui s'est passé pour votre frère à l'extérieur de l'établissement scolaire, pour Dominique Bernard à l'intérieur,
00:41:47peut-être un jour, et on ne le souhaite pas dans la classe, on s'interroge par rapport à cela,
00:41:51en tout cas, nous en avons crainte. Et enfin, il est légitime de vous demander ce que vous pensez sur ce qui a été décidé
00:42:01et annoncé depuis l'assassinat de votre frère, pour éviter qu'un tel acte se reproduise.
00:42:06Merci, M. Gros-Perrin. Mme Jacqueline Eustache-Bregnaud, puis Mme Marie-Pierre Meunier.
00:42:11Merci, M. le Président. Tout d'abord, Michael, je voulais vous remercier d'avoir dit tout ce que vous avez dit,
00:42:18parce qu'il faut savoir dire et savoir dénoncer l'horreur avec les bons mots, parce qu'on a tendance depuis longtemps dans ce pays
00:42:27à ne pas employer les bons mots, et vous les avez employés. Et pour ça, je voulais vous en dire un grand merci.
00:42:33Je connais votre souffrance, je connais la souffrance de votre famille, et je sais que de témoigner aujourd'hui devant nous tous,
00:42:39c'était une manière pour vous de dire « Mon frère a donné sa vie parce que la République ne l'a pas défendue ».
00:42:46Ça, je le sais aussi. Donc merci. Je pense que nous ne sommes pas suffisamment nombreux pour dénoncer ce qui met en péril notre démocratie,
00:42:55notre liberté. Et à travers l'assassinat de votre frère, c'est ça qui est posé aujourd'hui aussi.
00:43:01Alors je voudrais vraiment vous remercier pour les mots extrêmement forts que vous avez prononcés aujourd'hui,
00:43:07et vous avez mon admiration pour cela. Je voulais vous le dire. Après, vous avez un engagement aujourd'hui pour protéger l'école.
00:43:14Ça, je le sais. Hier soir, vous l'avez fait admirablement à Paris dans un théâtre. Pensez-vous qu'aujourd'hui,
00:43:20les enseignants qui arrivent dans les écoles, qui sont formés dans les lieux spécifiques aujourd'hui, soient très conscients
00:43:29des menaces qui pèsent sur l'école d'aujourd'hui et de demain ? Est-ce que vous pensez qu'on les arme suffisamment pour défendre cette laïcité,
00:43:37cette école de la République qui devrait permettre à chaque enfant de se construire dans la liberté, avec la possibilité de dire et ne pas dire des choses,
00:43:47de critiquer des choses sans être menacé ? Je pense qu'il y a un vrai sujet. Et je voudrais avoir votre analyse sur cette école d'aujourd'hui,
00:43:57avec des enseignants qui se censurent, avec des enseignants qui refuseraient de travailler aujourd'hui dans une école où on a un collège
00:44:04qui s'appellerait Samuel Paty. Est-ce que cela vous inquiète ? Et qu'est-ce que vous pensez, effectivement, de l'école d'aujourd'hui face à cette vague d'offensives islamiques dans nos écoles ?
00:44:16Merci, madame Sage-Bregnaud. Madame Marie-Pierre Monnier, ensuite, madame Paty, je vous donnerai la parole.
00:44:22Merci, messieurs les présidents. Madame, je voudrais saluer votre courage et votre abnégation dans le combat qui est le vôtre depuis trois ans,
00:44:31dans un contexte qui menace de basculer vers une forme d'impuissance face à l'ampleur de la tâche des voix comme la vôtre, telles des électrochocs, sont des électrochocs qu'il faut entendre.
00:44:44Nous devons le redire avec clarté, l'obscurantisme s'attaque à la seule institution capable de former des adultes qui aimeront la différence, le dialogue, la complexité,
00:44:56qui chercheront l'intérêt général. Comment lutter contre cet obscurantisme qui doit accompagner celles et ceux qui vont instruire nos enfants pour qu'ils deviennent des citoyennes, des citoyens éclairés ?
00:45:11Comment redonner corps à la devise républicaine « liberté, égalité, fraternité » pour qu'elle soit une réalité pour tout le monde ?
00:45:20Ce sont d'immenses défis mais préoccupations qu'il nous faut largement au-delà des clivages partisans arrivés à relever.
00:45:27J'aurais quelques questions. Est-ce que vous avez toujours un contact avec la communauté enseignante, que ce soit celle qui était autour de votre frère ou d'autres ? Est-ce qu'ils font appel à vous ?
00:45:41Au-delà de l'approche sécuritaire, quelles réponses faut-il selon vous apporter aujourd'hui à l'école républicaine et à ces enfants meurtris ?
00:45:49Et au cœur de l'attentat qui a frappé Samuel Paty, votre frère, il y a la question de la laïcité qui se pose et vous en avez bien parlé.
00:45:57Est-ce que là vous avez un retour de la part des enseignants ? Comment se sentent-ils armés, outillés pour la transmettre d'un point de vue pédagogique
00:46:04et pour faire face aux incompréhensions qui entourent cette notion dans l'espace public ? Est-ce que vous avez des pistes à préconiser ?
00:46:12Merci Madame Meunier. Alors, Madame Paty, vous avez la parole pour les questions qui vous ont été adressées.
00:46:21Ça a été un peu rapide pour moi. Au besoin, je vous ressoliciterai.
00:46:26Donc, pour répondre au sénateur Leroy, par rapport à si effectivement notre famille n'a jamais été informée de menaces que mon frère pouvait avoir à cette époque-là,
00:46:39je ne vous le cacherai pas que Samuel lui-même ne nous en avait pas informé, d'autant que mon père avait été quand même très malade à ce moment-là
00:46:48et qu'on n'est pas spécialement des personnes à vouloir inquiéter nos proches parce qu'effectivement, lui, il pensait qu'il était plus ou moins protégé,
00:47:00même s'il était très très inquiet et qu'il l'avait écrit dans un de ses mails auxquels il avait correspondu avec la principale en expliquant qu'il croyait en la justice
00:47:13et qu'il pensait qu'en tout cas, à la fin, il allait gagner grâce à la justice.
00:47:21Sauf que malencontreusement, il est mort avant qu'il y ait pu y avoir justice par rapport aux propos calomnieux que M. Schneider a pu faire envers mon frère ou M. Sifréoui.
00:47:32Il y avait une autre question, M. Leroy, je ne me rappelle plus.
00:47:36Qu'est-ce que vous conseillerez à ceux qui pourraient être dans cette situation, aux enseignants qui pourraient, et on l'a vu dernièrement encore, se retrouver dans ce type de situation avec votre dramatique expérience ?
00:47:52Écoutez, malheureusement, je pense qu'à l'heure actuelle, la première attitude qu'il faut, parce que vous voyez bien que le risque est avéré et s'est encore avéré ce vendredi,
00:48:01c'est effectivement que l'enseignant et que l'institution lui proposent d'emblée une mise en retrait.
00:48:06Ça se fait de suite, il n'y a pas besoin de remplir des formulaires extraordinaires.
00:48:12Et d'ailleurs, ça a été fait pour d'autres professeurs qui, à mes yeux, n'avaient pas les mêmes risques ou n'encouraient pas les mêmes risques.
00:48:20Donc je pense que c'est le premier geste de l'éducation nationale à faire.
00:48:24Et après, à évaluer effectivement s'il y a une mise sous protection par la SDLP qui doit être faite par les services de l'intérieur.
00:48:33Ensuite, qu'est-ce qui a été fait depuis ?
00:48:38Alors j'ai beaucoup suivi ce qui a été fait depuis, surtout pour l'éducation nationale.
00:48:43Ce que j'en ai vu, c'est qu'il y a eu des circulaires qui ont été sortis.
00:48:47D'ailleurs, je vous en ai mis quelques pièces dans le dossier qui sera versé au dossier.
00:48:52C'est que la dernière circulaire qui a été parue, elle est très bien faite.
00:48:59Mais en fin de compte, elle n'apporte rien de plus.
00:49:03Elle permet effectivement un système réflexe de procédures à effectuer.
00:49:07S'il y a menace, tout de suite prévenir la police, tout de suite faire remonter au rectorat, etc.
00:49:12Mais en fait, tout ça, ça existait avant.
00:49:14Ils ont fait juste une fiche réflexe qui permet en fin de compte une facilité d'utilisation.
00:49:19Mais à mes yeux, je n'ai pas vu d'amélioration et plutôt même parfois des procédures qui sont très compliquées
00:49:29où il faut effectivement remplir plusieurs exemplaires, prévenir plusieurs personnes.
00:49:34Et en fait, le côté fastidieux parfois empêche qu'il y ait une réaction efficace.
00:49:40Parce que quand il y a des menaces, on n'attend pas que ça passe et que ça redescende et que ça mette 4 jours.
00:49:45Il faut parfois être réactif presque à la minute.
00:49:48C'est ce que je déplore un peu.
00:49:50C'est qu'en fin de compte, on rajoute, on rajoute.
00:49:52Alors que parfois, il faudrait un petit peu clarifier pour réussir.
00:49:59Madame Brignot, vous me posiez la question pour les jeunes professeurs qui arrivent sur le terrain.
00:50:09Je pense que les jeunes, quand même, ils ont conscience de la difficulté.
00:50:14Donc certains sont très motivés. Ils ont envie de porter tout ça.
00:50:21Mais beaucoup sont quand même dans une culture de la laïcité dite ouverte à l'anglo-saxonne.
00:50:27Ce qui fait qu'en fin de compte, ils ne comprennent pas qu'en fin de compte, nous en France, on a la laïcité.
00:50:34On a la loi de 2004 qui interdit le port de signes religieux.
00:50:41Et du coup, à la fin, on se retrouve effectivement avec les gentils profs jeunes et les anciens profs qui ne le sont plus tout autant.
00:50:51Donc l'école d'aujourd'hui, oui, il y a un peu une fracture entre les jeunes enseignants et les plus anciens.
00:50:58Par rapport au nom du collège de mon frère, il nous a été dit effectivement peu dans les jours qui ont suivi sa mort que son collège où il avait exercé allait porter son nom.
00:51:11Donc tout le monde était bien sûr très content de nous l'annoncer.
00:51:16Néanmoins, de ce qui s'est passé dans la réalité, c'est que rapidement, on a vu que des personnes s'y opposaient.
00:51:25Notamment donc le personnel sur place qui était un peu dans la crainte, etc.
00:51:30Donc, de toute façon, on a laissé faire les procédures. On ne va pas forcer les gens à faire ça, même si effectivement, la symbolique était bien sûr importante.
00:51:39Et on manque, je pense un petit peu cruellement de symboles et de figures de proue en France.
00:51:45Donc là, nous sommes aux trois ans. De ce que j'en sais pour l'année prochaine, parce qu'ils attendaient sous un prétexte que tous les élèves qui avaient pu connaître mon frère quittaient l'établissement.
00:51:57Ce qui sera le cas en fin d'année scolaire 2023-2024.
00:52:02Néanmoins, de ce que j'en ai vu par voix de presse, le maire de Conflans-Saint-Honorin est en train de trouver un square qui n'est même pas construit pour donner ce nom à ce square au nom de mon frère.
00:52:13Comme ça, la prochaine fois, on dira qu'il y a déjà un square, on ne peut pas donner le nom du collège. Voilà ce que j'en pense.
00:52:21Donc après, un peu plus loin, pour les contacts par rapport à la comité enseignante.
00:52:30Tout d'abord, la comité enseignante de Conflans-Saint-Honorin, où j'ai été en attache.
00:52:35J'essaie à peu près de vous résumer pendant à peu près un an et demi.
00:52:39Une partie de ma famille, nous nous sommes même rendus une fois au sein de l'établissement scolaire pour les un an.
00:52:47Ils avaient effectivement organisé tout un travail avec les élèves dans une séquence un peu émotion.
00:52:54Il y a eu un petit peu une fracture de ma part à un certain moment.
00:53:00Parce que par rapport à l'enquête côté pénale, l'inspecteur en charge de l'enquête m'a sollicité.
00:53:09Donnez-moi trois noms de personnes, professeurs, sur place pour aller déposer.
00:53:16Et quand ils m'ont répondu qu'ils ne voulaient pas y aller, je vous avoue que je l'ai vécu comme ce qu'a vécu mon frère avec le lâchage de ses collègues.
00:53:27Donc je leur ai spécifié que je les en informais, que de toute façon, s'ils recevaient une convocation de police, ils étaient obligés de s'y rendre.
00:53:35Mais je ne m'attendais pas à cette réponse des personnes qui pourtant avaient eu des discours pendant ces un an et demi qui étaient bien.
00:53:44Je vous avoue que j'ai senti ce qu'avait vécu mon frère. Là, je l'ai senti vraiment, cette grande solitude.
00:53:51Donc après, pour d'autres enseignants, alors ça, j'en ai rencontré beaucoup.
00:53:56Après, il y a des côtés assez formidables.
00:53:59Parce que les endroits où j'ai été invitée à intervenir, sur la journée de la légalité, sur les fake news, parce qu'on m'a invitée sur plein de sujets.
00:54:05Du coup, j'ai beaucoup travaillé. Mais j'ai rencontré des gens formidables et qui me réinvitent.
00:54:13Ils me tutoient, vous imaginez bien. Tu reviendras l'année prochaine, on fera plein de choses.
00:54:19Voilà. Et eux, ça leur fait beaucoup de bien parce qu'ils se sentent seuls, nos profs, terriblement seuls.
00:54:26Et le fait qu'en fin de compte, que je sois là pour aller les soutenir, pour aller mener un cours difficile auprès d'élèves qui vont être forcément.
00:54:33Eh bien, ça donne un tout autre sens.
00:54:37Après, pour les pistes sur la laïcité, je pense qu'effectivement, on en donne peut-être un peu trop à nos profs.
00:54:44Je pense que tout ce qui est sujet un petit peu difficile, justement, ça rejoint un petit peu le fait que quand je suis intervenue,
00:54:50je pense qu'effectivement, il y a des travaux qui se mènent peut-être à deux.
00:54:55Qui effectivement, des intervenants extérieurs, qui puissent venir en renfort des professeurs qui sont sur place.
00:55:02Et pourtant, c'est une idée, il me semble, qui date de 2015, qui s'appelle la réserve citoyenne, il me semble.
00:55:07Je ne suis pas professeur, mais j'ai travaillé. La réserve citoyenne, où cette idée avait été sortie,
00:55:12qui pourtant, je pense, était une piste intéressante à utiliser des acteurs de la vie civile pour intervenir sur plein de choses.
00:55:20Moi, je vous raconte une anecdote tout à fait autre.
00:55:23Je travaille avec des sages-femmes qui, elles-mêmes, voudraient intervenir pour parler d'éducation, de contraception.
00:55:29Et elles ne peuvent pas. Alors que pourtant, elles auraient toute leur place à agir en milieu scolaire.
00:55:40Madame, on va continuer. Il y a encore quelques questions, en commençant par Hussein Bourji.
00:55:47Merci beaucoup, Monsieur le Président. Madame, je voulais commencer par saluer la mémoire de votre frère,
00:55:54qui était un homme qui avait choisi son métier, qui était un homme épanoui, un enseignant heureux,
00:56:00qui aimait ce qu'il faisait et qui aimait ses élèves.
00:56:03Je voulais vous dire ensuite que j'ai été profondément marqué par les propos que vous avez tenus tout à l'heure,
00:56:09des propos particulièrement graves, des propos particulièrement forts et qui ont résonné chez moi,
00:56:15et je crois comme beaucoup de collègues et celles et ceux qui nous regardent, comme un réquisitoire,
00:56:20un réquisitoire complètement justifié contre une institution qui me fait davantage penser par moments à la grande muette,
00:56:27enfermée dans un splendide corporatisme et qui ne sait pas être à la hauteur lorsqu'un de ses agents ou un de ses élèves est en situation de danger.
00:56:38Je voulais, Madame, vous remercier de ce témoignage et de dialoguer avec nous aujourd'hui en vous posant deux questions.
00:56:45Avez-vous le sentiment aujourd'hui que la mort de votre frère a servi à quelque chose ?
00:56:50Et la deuxième question que je voulais vous poser tout à l'heure, mes collègues vous ont interrogé sur la mesure principale
00:56:56qui pourrait être mise en œuvre pour venir en appui à un enseignant ou une enseignante confronté à cette situation.
00:57:02Moi, je voulais vous demander, est-ce que vous avez une idée de la mesure que l'éducation nationale pourrait mettre en place
00:57:08pour accompagner un élève ou un parent d'élève qui serait, justement, opposé à un enseignant, pouvant proférer des menaces et allant jusqu'à attenter à sa vie ?
00:57:19Une chose est d'assurer la protection de l'enseignant, une chose étant de retirer l'enseignant, mais le problème reste entier.
00:57:27Qu'est-ce qu'on pourrait faire à l'égard de ces enfants et de leur famille ?
00:57:30Et je vais conclure, chère madame, en vous disant qu'à Montpellier, nous avons une école Samuel Paty qui a été inaugurée en septembre 2022,
00:57:37qui fait notre fierté et c'est un honneur pour nous que d'avoir une école qui porte le nom de votre frère dans la ville.
00:57:43Max Brisson.
00:57:50Je suis professeur d'histoire et donc j'ai été particulièrement sensible, madame, à votre témoignage.
00:57:58Parce que lorsqu'on assassine un professeur d'histoire, c'est quelque chose de particulièrement difficile pour la République,
00:58:04et je veux dire aussi la difficulté qui est la mienne, comme ça a été exprimé par d'autres, à trouver des mots après votre message en point de colère et de dignité.
00:58:14Je voudrais vous interroger sur deux points.
00:58:17D'abord, vous avez dit que dans la période qui a précédé l'assassinat de votre frère, l'institution niait la menace islamique
00:58:27et voulait épointer un problème d'ordre pédagogique.
00:58:33Cela renvoie en effet à un terrible pas de vague que nous dénonçons et que l'institution continue fortement de nier.
00:58:43Le deuxième point que je voudrais évoquer, c'est la formation des professeurs à la laïcité,
00:58:55telle que notre République la porte et à partir de laquelle notre République s'est fondée.
00:59:02Malheureusement, et bien des rapports le montrent, dans les INSPE, c'est souvent une autre forme de laïcité, plus anglo-saxonne,
00:59:12qui est enseignée, une laïcité relative, une laïcité ouverte.
00:59:20Notre République, à travers son école, ne s'est pas construite au travers d'une laïcité relative ou d'une laïcité ouverte.
00:59:30Est-ce que ce qui se passe, ce qui s'est passé il y a trois ans, lors de l'assassinat de votre frère,
00:59:38ce qui se passe par tous les actes de remise en cause de la laïcité dans les écoles de République,
00:59:44n'est pas le signe de la faillite par l'université, de la formation des professeurs ?
00:59:50Et n'est-il pas temps, au moment où le ministre parle d'école normale du XXIe siècle,
00:59:56que l'éducation nationale reprenne en main la formation des professeurs,
01:00:02pour reprendre, leur redonner, les réarmer intellectuellement en matière d'enseignement des principes de notre République et du principe de laïcité ?
01:00:12Je vous remercie.
01:00:13Colombe, Bruxelles.
01:00:15Merci, Monsieur le Président.
01:00:17C'est évidemment le cœur lourd qu'on vous écoute et qu'on se permet de vous interroger, Madame Paty.
01:00:24L'association des professeurs d'histoire et de géographie a lancé en 2021 un prix,
01:00:30et je crois que vous participez aux travaux du comité de pilotage,
01:00:36qui récompense, si je peux le dire ainsi, des travaux de collégiens et de leurs enseignants,
01:00:44avec l'idée de travailler sur des travaux collectifs et sur la base notamment de l'EMC.
01:00:54J'avais envie de vous demander quel est votre regard sur ces différents prix,
01:01:01mais au-delà des prix finalement, sur l'utilité du travail qui a été porté par ces enseignants et ces collégiens
01:01:08qui sont venus jusqu'à proposer au comité de pilotage des projets.
01:01:14Quelle est votre perception ? Deux ans, c'est évidemment trop court pour évaluer ce que ça a produit,
01:01:21mais quelle est votre perception à vous de là où vous êtes sur l'utilité et la nécessité de ces travaux ?
01:01:30Merci, Monsieur le Président. Madame, je dois vous avouer mon émotion et ma honte aussi à votre discours,
01:01:40que j'ai trouvé d'une force extraordinaire, d'une dignité et d'une exigence qui s'imposent à nous pour trouver des solutions.
01:01:53Vous parlez de votre frère avec beaucoup d'humilité et vous nous dites, et je trouve que la comparaison est très forte,
01:02:02que c'est l'équivalent du chevalier de la barre et je vous suis sur cette comparaison.
01:02:08C'est un martyr de la laïcité, un martyr de la laïcité républicaine.
01:02:14Quand je vous entends parler de votre frère, je pense à cette phrase de Ferdinand Buisson
01:02:21qui disait que l'école de la République, elle doit former des républicains.
01:02:25Et c'est peut-être aujourd'hui ce qui nous manque le plus, c'est-à-dire une morale républicaine
01:02:31qui distingue entre tous et toutes ce qu'est l'école de la République.
01:02:38Sur les solutions qu'on pourrait apporter, ça fait plusieurs mois que j'essaye de porter une idée,
01:02:47mais malheureusement je ne vais pas rentrer dans le détail, mais ce n'est pas un sénateur qui peut le faire,
01:02:51c'est l'idée d'accorder de droit à chaque enseignant la protection fonctionnelle.
01:02:57C'est-à-dire qu'elle ne soit pas décidée par le chef d'établissement, par un supérieur,
01:03:01mais qu'elle lui soit octroyée de droit, quitte ensuite à la retirer si les faits sont considérés comme du moindre importance.
01:03:10Mais je crois que ça serait pour les enseignants d'abord une preuve de confiance
01:03:14et ensuite un élément qui leur permettrait justement de prendre courage et d'aller plus loin.
01:03:21Je partage totalement votre sentiment sur les périls qui menacent la laïcité.
01:03:29Plusieurs collègues l'ont dit, nous sommes menacés de l'intérieur par l'idéologie islamiste
01:03:39qui s'attaque à ce qui fait le cœur de notre République, c'est-à-dire l'esprit critique et la raison,
01:03:44mais aussi par les institutions européennes qui sont en train de promouvoir une forme de laïcité
01:03:53qui est la neutralité religieuse. Mais la neutralité religieuse, ce n'est pas la laïcité.
01:03:59Et je crois qu'il serait temps aujourd'hui que dans un grand mouvement national,
01:04:05nous puissions débattre de façon souveraine de tout ça.
01:04:10Et je me demandais si la constitutionnalisation de la loi de 1905
01:04:15ne pourrait pas porter ce message politique très fort,
01:04:20c'est-à-dire la réappropriation par toute la nation de ce qu'est la laïcité à la française.
01:04:27Je vous remercie, madame.
01:04:42Est-ce que la mort de mon frère a servi à quelque chose ?
01:04:45Comme vous le savez, si ça avait servi à quelque chose, peut-être que M. Dominique Bernard serait encore là.
01:04:54Donc je pense qu'effectivement, les mesures n'ont pas du tout été prises,
01:05:01puisque l'affaire de mon frère n'a absolument pas été analysée.
01:05:05Parce qu'il faut quand même comprendre que ce qui est arrivé à mon frère,
01:05:09on peut effectivement pointer des responsabilités à droite à gauche,
01:05:12mais c'est surtout comprendre l'antrisme islamique qui est à l'actuel dans nos écoles,
01:05:17et qui prend de plus en plus de place,
01:05:20et que si ce n'est pas entre guillemets une menace de décapitation,
01:05:24on va passer à la menace d'une bombe.
01:05:27La société est devenue un chaos en fait à l'heure actuelle.
01:05:36Donc par rapport aux revendications des élèves ou des parents d'élèves qui peuvent être menaçants,
01:05:42effectivement ce qu'il faut surtout, ça retourne sur l'islamisme,
01:05:47c'est qu'il faut mener un combat idéologique.
01:05:50Parce qu'en fin de compte, les mesures correctives,
01:05:54on va protéger un professeur, évincer un élève, le mettre dans un établissement,
01:05:58on va faire convoquer le père de famille qui a pu menacer et qui sera jugé,
01:06:03souvent sous des peines qui sont tout à fait négligeables.
01:06:07Donc en fin de compte, ça entraîne récidive.
01:06:10Parce qu'en fait, on déplace les problèmes.
01:06:12C'est un petit peu comme si on appuyait sur un cancer
01:06:14et qu'on dissème des cellules cancéreuses un petit peu partout.
01:06:18Donc voilà, par rapport à ça, pour moi, c'est vraiment un combat
01:06:23que tout le monde doit mener contre l'islamisme à l'heure actuelle,
01:06:26qui effectivement est en pleine offensive et qui va de plus en plus vite.
01:06:33Donc par rapport à la formation des professeurs en INSPE,
01:06:37donc pour avoir côtoyé quelques formateurs en INSPE
01:06:41qui eux-mêmes effectivement sont déjà fourvoyés dans une laïcité ouverte,
01:06:46transmettent forcément une laïcité ouverte.
01:06:50Donc effectivement, au niveau des universités,
01:06:53et puis on en parle quand même assez régulièrement,
01:06:55on voit bien que ces enfants, enfin ces jeunes adultes,
01:07:00sont un petit peu effectivement écartés.
01:07:03C'est vrai que je ne comprendrai jamais pourquoi on a un ministère de l'éducation nationale
01:07:06et un ministère de l'enseignement supérieur.
01:07:09Parce que je pense qu'il y a quand même une certaine continuité entre les deux.
01:07:13Et de les avoir dissociés, en fin de compte,
01:07:15il y a un traitement qui est totalement différent dans l'enseignement supérieur
01:07:19où la loi de 2004 n'est pas appliquée.
01:07:23Donc il y a une certaine incohérence, je pense, dans le fonctionnement
01:07:26d'avoir séparé les deux ministères
01:07:28où il n'y a pas une relation beaucoup plus étroite entre les deux
01:07:32et une certaine, voilà, que ce soit cohérent dans son ensemble, en fait.
01:07:39Il y avait une histoire sur le pas de vague, par contre, j'ai un peu effacé.
01:07:52Pardon. C'était ce que vous avez dit dans votre intervention préliminaire
01:07:55sur la période qui a précédé l'assassinat de votre frère
01:08:00et vous avez indiqué qu'il y avait eu une négation de la menace islamique
01:08:04pour la ramener à des problèmes d'ordre pédagogique.
01:08:09C'est là-dessus que je voulais vous entendre.
01:08:13Effectivement, tout le monde en parle, du pas de vague, en fait.
01:08:17Le problème, c'est que tout le monde parle des problèmes qui existent.
01:08:19Beaucoup en parlent, en fait.
01:08:20C'est pas qu'on ne soit pas assez nombreux,
01:08:22mais c'est que personne ne les écoute à un moment.
01:08:24Donc, en fait, par rapport au pas de vague,
01:08:26effectivement, il y a l'histoire de la transformation
01:08:28d'un problème de menace islamique par un problème pédagogique.
01:08:31Donc, ça, c'est du côté du ministère de l'Éducation nationale,
01:08:34effectivement, cette tournure.
01:08:36Mais il y a également le fait que, et ça, je l'ai soulevé,
01:08:39que ça soit l'intérieur ou l'Éducation nationale,
01:08:42c'est toujours un problème de médiatisation.
01:08:45Vous avez terriblement peur que ça se sache.
01:08:48Donc, finalement, si on minimise un petit peu tout
01:08:51et si on transforme un petit peu les événements,
01:08:53eh bien, ça, ça ira très bien.
01:08:55Sauf qu'en fin de compte, on voit très bien qu'à l'heure actuelle,
01:08:57ce fonctionnement, effectivement, a visé à moindrir
01:09:00pour surtout pas entraîner de réaction de la mouvance islamique
01:09:04avec des problèmes de manifestation, de bruit, etc.
01:09:07Finalement, on dessert la cause.
01:09:12Ensuite, il y avait une question par rapport au prix Samuel Paty
01:09:16qui a été mené par la PSG assez rapidement après son attentat.
01:09:23Il me semble de souvenir que c'était au mois de décembre
01:09:25que j'étais en attache avec la secrétaire générale de la PSG
01:09:29qui sollicitait si un membre de la famille ou la famille elle-même
01:09:33était d'accord pour la création de ce prix.
01:09:36Ce à quoi, moi, personnellement, j'ai dit oui
01:09:39où j'étais effectivement très présente la première année.
01:09:42Je vous avoue ne pas m'être investie à étudier les travaux
01:09:46qui avaient été faits par les élèves parce que je ne suis pas professeure
01:09:50et que je n'aurais pas d'aptitude.
01:09:52Je peux trouver quelque chose de très bien
01:09:54et que finalement, ça serait peut-être à côté du sujet.
01:09:57Donc je les ai toujours laissés faire.
01:09:59Ils ont mené la première année des travaux extraordinaires.
01:10:02Ils n'étaient pas très nombreux.
01:10:04Et l'année d'après, ils ont ouvert beaucoup plus avec lycées,
01:10:07lycées professionnels, ce qui a emmené beaucoup plus encore.
01:10:10Mais ils ont recruté d'autres personnes pour mener tout ça.
01:10:13Et cette année, ça a été plus mené avec ma soeur et mes parents.
01:10:17Mais il y a un intérêt.
01:10:19À partir du moment où on fait travailler les enfants sur des sujets,
01:10:23on les fait réfléchir, il y a un intérêt.
01:10:26C'est sûr que ce n'est pas ce qui va tout changer
01:10:29parce que là, on va s'occuper de les emmener à réfléchir.
01:10:32Mais ces enfants qui sont, entre guillemets, un peu lobotomisés,
01:10:37qu'on leur demande de ne pas réfléchir à l'islam politique,
01:10:41prônent, entre guillemets, justement à ce qui n'adhère pas
01:10:44aux valeurs de République, à la légitimité.
01:10:46C'est les travaux qui ont été menés.
01:10:48L'année prochaine, ça sera sur autre chose.
01:10:50Cette année, c'était sur les fake news.
01:10:52Mais il faut comprendre que l'idéologie qui est derrière,
01:10:55en fin de compte, et que ces enfants reproduisent,
01:10:58parce qu'on leur demande de le faire,
01:11:00il faut quand même comprendre que c'est des enfants.
01:11:02Il faut quand même qu'on essaye de les sauver aussi, à un moment.
01:11:04Donc il faut bien que, quelque part, ils aient un contre-discours.
01:11:07Il faut que des adultes leur proposent autre chose
01:11:10que ce qu'ils ont à la maison ou dans leur entourage.
01:11:13C'est ce qu'il y a à l'école, en fin de compte.
01:11:15C'est de leur donner la chance d'avoir une autre vie.
01:11:18Donc, effectivement, je pense que ce prix a du sens,
01:11:21parce que, du coup, ça renforce une certaine cohésion
01:11:24entre les professeurs.
01:11:26Ils se retrouvent, je ne sais pas, cette année,
01:11:28c'était peut-être plus d'une centaine,
01:11:30avec plusieurs professeurs à travailler avec leur classe.
01:11:32Ils se sont retrouvés...
01:11:34Voilà, ils se sentent moins seuls en faisant ça.
01:11:36A défaut d'avoir le soutien d'une institution,
01:11:38ils ont l'impression d'avoir le soutien de quelques collègues
01:11:40qui pensent comme eux.
01:11:43Alors, ensuite, pour la protection fonctionnelle.
01:11:46Alors, la protection fonctionnelle,
01:11:48d'ailleurs, je l'ai mis en pièce jointe,
01:11:50donc, en fait, elle est accordée de façon systématique, en fait.
01:11:54C'est juste, après, souvent,
01:11:56les agents n'arrivent pas, entre guillemets,
01:11:58à la faire passer.
01:12:00C'est qu'en fait, souvent,
01:12:02en fait, il y a 2 limites
01:12:05à l'octroi de la protection fonctionnelle.
01:12:07C'est quand la faute personnelle est imputable à l'agent.
01:12:10C'est une faute qui eut au regard à sa nature
01:12:13et aux conditions dans lesquelles elle a été commise,
01:12:15objectif poursuivi par son auteur
01:12:17et en fonction d'exercée par celle-ci,
01:12:19il y a une particularité gravité.
01:12:21Donc, c'est ce que je reprenais, en fait.
01:12:23Le tout, c'est qu'on peut bénéficier de la protection,
01:12:25seulement si on n'est pas considéré coupable.
01:12:27Et à partir du moment où mon frère, lui,
01:12:30a été considéré comme un coupable,
01:12:32il ne pouvait pas l'obtenir, en fait.
01:12:35Donc, pour la question de la réappropriation,
01:12:38donc pour la laïcité,
01:12:40je pense que ce n'est pas forcément dans mes aptitudes
01:12:43de vous répondre si, effectivement, ça serait bien.
01:12:45Merci.
01:12:47Merci, madame.
01:12:49Alors, nous avons encore 3 collègues
01:12:51et un président qui veulent poser une question.
01:12:53Madame Françoise Gattel,
01:12:55madame Alexandra Aborquio-Fontype,
01:12:57madame Monique Demarco et le président Lafon.
01:12:59Merci, monsieur le président.
01:13:01Madame, comme nous tous,
01:13:03je vous salue avec beaucoup de respect et d'émotion.
01:13:05Je salue votre témoignage
01:13:07et je salue aussi votre grande dignité.
01:13:09Vous avez dit des mots
01:13:11qui m'en rappellent
01:13:13ce que j'ai entendu hier
01:13:15dans un lycée à Rennes.
01:13:17Vous avez dit
01:13:19perdre l'école, c'est perdre la guerre.
01:13:21Hier, dans le lycée
01:13:23où je participais
01:13:25à cet hommage au professeur Bernard,
01:13:27le lycée s'appelle Émile Zola
01:13:29et le recteur,
01:13:31nous a appelé une phrase de Zola
01:13:33qui disait
01:13:35la société sera demain
01:13:37ce que sera l'école.
01:13:39Et vous avez dit ce que moi je ressens
01:13:41comme chacun d'entre nous.
01:13:43Vous m'intéressez un peu
01:13:45à ce sujet dramatique.
01:13:47Vous avez parlé de cette autocensure
01:13:49qui est celle aussi
01:13:51de la société.
01:13:53Il nous conduit
01:13:55à nous baïonner et à faire
01:13:57que nous pensons qu'en taisant,
01:13:59nous ne nions pas les choses
01:14:01mais nous les effaçons.
01:14:03C'est Albert Camus qui disait
01:14:05ne pas nommer les choses,
01:14:07c'est ajouter du malheur au malheur.
01:14:09Je voudrais vous poser
01:14:11une question et je la pose
01:14:13à nous tous. Je pense qu'effectivement
01:14:15vous l'avez dit,
01:14:17on laisse les enseignants porter
01:14:19nos valeurs que nous considérons
01:14:21comme sacrées, ce sanctuaire
01:14:23qu'est l'école.
01:14:25Sans doute est-il très vrai
01:14:27qu'aujourd'hui la communauté éducative
01:14:29parce qu'elle a peur,
01:14:31parce qu'elle craint,
01:14:33elle procède par procédure
01:14:35plutôt que par affirmation
01:14:37de nos valeurs
01:14:39de la société et de la République.
01:14:41Moi je suis aussi frappée de voir
01:14:43comment le discours que nous nous portons tous
01:14:45ici, que vous portez,
01:14:47je ne le sens pas forcément
01:14:49partagé
01:14:51par les jeunes générations
01:14:53et que j'ai parfois l'impression
01:14:55qu'effectivement, vous l'avez dit,
01:14:57quand nous défendons la laïcité
01:14:59telle que nous la prenons,
01:15:01ils ont l'impression que nous
01:15:03enfreignons la liberté des autres
01:15:05et que
01:15:07hier, moi j'ai entendu des jeunes
01:15:09dire
01:15:11qu'ils avaient compris
01:15:13qu'un enseignant avait été
01:15:15assassiné tragiquement
01:15:17mais c'était un homme qui avait été
01:15:19assassiné mais que
01:15:21il ne portait pas forcément
01:15:23la même conviction que nous
01:15:25que cet acte, comme l'acte
01:15:27qui a été commis à l'encontre
01:15:29de votre frère, était en fait
01:15:31une attaque massive
01:15:33pour écraser notre société
01:15:35et les valeurs. Donc ne pensez-vous pas
01:15:37qu'au-delà de l'école,
01:15:39on devrait, au niveau de la parentalité,
01:15:41au niveau
01:15:43d'un certain nombre d'acteurs
01:15:45et toute la société,
01:15:47devraient porter avec force
01:15:49l'affirmation de nos valeurs
01:15:51que la République est cessée
01:15:53d'être aussi timide et d'avancer.
01:15:55Vous l'avez dit madame, je reprends votre mot,
01:15:57tête baissée.
01:15:59Merci
01:16:01madame Gattel, madame
01:16:03Borkio Fontype.
01:16:07Merci madame pour
01:16:09je suis par là, pour
01:16:11vos déclarations
01:16:13on ressent en tout cas
01:16:15soyez-en assurés
01:16:17une émotion particulière aujourd'hui,
01:16:19une émotion qui va contribuer en tout cas fortement
01:16:21à nos travaux et j'en suis sûr
01:16:23au sein aussi de nos territoires.
01:16:25Je voudrais commencer par regretter
01:16:27ceux qui baissent les bras
01:16:29en renonçant notamment à bâtir
01:16:31des établissements scolaires.
01:16:33On devrait au contraire, à mon sens,
01:16:35en faire un exemple. C'est ce qu'on a fait dans les Alpes-Maritimes.
01:16:37Vous étiez présente quand on a appétisé
01:16:39l'école à Cap d'Aille, le hall du collège
01:16:41de La Fontaune et d'autres
01:16:43lieux et je regrette
01:16:45ces comportements de pas en arrière.
01:16:47Je voudrais vous poser
01:16:49deux questions.
01:16:51La première concerne vous.
01:16:53Quel est l'accompagnement
01:16:55qui vous a été proposé par l'Etat
01:16:57pour votre santé mentale et votre sécurité ?
01:16:59Et ensuite, ma deuxième
01:17:01question,
01:17:03aujourd'hui vous vous exprimez davantage
01:17:05publiquement et on comprend bien
01:17:07ce que vous avez
01:17:09subi ces trois dernières années.
01:17:11Selon vous, en toute
01:17:13honnêteté, est-ce que vous pensez que l'Etat
01:17:15est au rendez-vous, en tout cas des enjeux,
01:17:17est à votre écoute ?
01:17:19Quelle place accorde, selon vous,
01:17:21l'Etat à vos déclarations, à vos propositions
01:17:23au-delà des échanges formels ou informels ?
01:17:25Estimez-vous, en somme, pouvoir
01:17:27réussir à ce qui a réellement
01:17:29été annoncé par un membre du gouvernement,
01:17:31un avant et un après Samuel Paty
01:17:33ou un avant et un après
01:17:35Dominique Bernard ? Je vous remercie.
01:17:37Merci Madame. Madame Monique de Marco.
01:17:39Je vous remercie.
01:17:41Madame, je tenais vraiment à saluer
01:17:43votre courage et votre témoignage
01:17:45a été très émouvant.
01:17:47Merci surtout de ne pas lâcher.
01:17:49Je reviens sur des propos
01:17:51que vous avez tenus. Vous avez évoqué
01:17:53le manque de soutien des collègues
01:17:55et de l'administration
01:17:57concernant votre frère et même
01:17:59employé le terme de paria.
01:18:01Et ensuite, là, vous avez
01:18:03également évoqué le fait que les enseignants
01:18:05collègues de votre frère ont refusé ensuite
01:18:07de témoigner. Alors j'aimerais
01:18:09savoir pour quelles raisons.
01:18:11Ont-ils peur de représailles ?
01:18:13Ont-ils peur eux aussi d'être menacés
01:18:15comme votre frère ? Voilà ma question.
01:18:17Merci Madame. Monsieur le Président Lafond.
01:18:19Oui Madame.
01:18:21En janvier 2022,
01:18:23le Conseil des Sages
01:18:25souhaitait que chaque année
01:18:27dans la semaine du 16 octobre,
01:18:29une journée entière du temps scolaire
01:18:31soit consacrée à la commémoration
01:18:33de la mort de votre frère
01:18:35et bien sûr à la transmission
01:18:37des valeurs de la République.
01:18:39Je pense que cette journée
01:18:41n'a pas été mis en oeuvre.
01:18:43Vous parliez
01:18:45du sondage de l'IFOP réalisé
01:18:47quelques mois après en novembre 2022.
01:18:49Dans ce sondage,
01:18:51les enseignants
01:18:53interrogés disaient que pour
01:18:5540% d'entre eux, aucun temps
01:18:57d'hommage à Samuel Paty n'avait été
01:18:59rendu en octobre 2022,
01:19:01c'est-à-dire juste deux ans après
01:19:03l'assassinat de votre frère.
01:19:05Est-ce que tout ça ne traduit pas
01:19:07les difficultés du côté
01:19:09de l'éducation nationale
01:19:11dans les établissements, mais aussi
01:19:13au niveau du ministère
01:19:15à parler de l'assassinat
01:19:17de Samuel Paty ?
01:19:21Vous avez la parole, bien sûr.
01:19:29On va reparler de l'autocensure
01:19:31du Bayon.
01:19:33Je pense qu'effectivement,
01:19:35il y en a une très grande majorité
01:19:37qui le font par peur,
01:19:39mais également
01:19:41par un peu manque de courage,
01:19:43manque de connaissance aussi.
01:19:45Parce que,
01:19:47pardon, excusez-moi,
01:19:49pour tous ces jeunes professeurs,
01:19:51je pense qu'ils ont une formation
01:19:53tout à fait succincte par rapport
01:19:55à la laïcité, que souvent,
01:19:57on les jette un petit peu
01:19:59dans la fosse et on leur demande
01:20:01de se débrouiller un peu par eux-mêmes.
01:20:03Certaines fois, ils peuvent trouver
01:20:05appui sur des professeurs qui sont déjà
01:20:07sur place pour les aider, les guider.
01:20:09Autrement, il y a quelques formations
01:20:11ponctuelles, mais qui, comme on l'a
01:20:13déjà dit précédemment, sont
01:20:15menées par des formateurs INSPE,
01:20:17qui conduisent
01:20:19à parler plus d'une laïcité
01:20:21ouverte.
01:20:23Je pense qu'effectivement,
01:20:25il faut totalement réapprofondir
01:20:27la laïcité
01:20:29comme on l'a toujours connue en France.
01:20:31Pour ça, il faut,
01:20:33comme je l'ai un peu demandé, reprendre la main
01:20:35sur l'enseignement supérieur
01:20:37pour qu'effectivement,
01:20:39il y ait un système de contrôle
01:20:41qui soit mis en place
01:20:43sur ce qui est fait et comment cela est fait.
01:20:47Autrement,
01:20:49après,
01:20:51ce qui m'a été proposé en accompagnement
01:20:53en sécurité pour ma santé mentale,
01:20:55accompagnement
01:20:57en sécurité
01:20:59personnellement,
01:21:01je n'ai pas
01:21:03bénéficié de mises sous protection
01:21:05quelconques, n'ayant pas
01:21:07eu de menaces.
01:21:09Effectivement, il faut rester
01:21:11tout à fait cohérent.
01:21:13Pour la santé mentale,
01:21:15il y a le fonds de garantie
01:21:17et la sécurité sociale
01:21:19qui m'offrent, je crois, pendant
01:21:21trois ans, un suivi tout à fait
01:21:23régulier, psychologue ou psychiatre,
01:21:25qui est totalement remboursé,
01:21:27mais qui également, après,
01:21:29déduit du fonds de garantie, ce qui reste
01:21:31tout à fait assez étonnant.
01:21:33Je vais vous dire un peu
01:21:35le fond de ma pensée, là, tout de suite.
01:21:37Moi, j'ai été entendue par le juge d'instruction,
01:21:39le juge Folzer, à un certain moment,
01:21:41au cours de l'enquête
01:21:43terroriste,
01:21:45et il faisait le point, un petit peu,
01:21:47pour savoir, au bout d'un an,
01:21:49comment on se sentait.
01:21:51Ce à quoi il m'a demandé si, effectivement, j'étais suivie.
01:21:53Ce à quoi je lui ai répondu
01:21:55que, mot pour mot, j'ai essayé.
01:21:57Parce qu'effectivement,
01:21:59j'avais bien d'autres combats
01:22:01à mener que d'aller consulter.
01:22:03Donc, hautement,
01:22:05le avant, le après,
01:22:07les rendez-vous, les enjeux,
01:22:09tout ça, c'est...
01:22:11Moi, j'attends qu'effectivement
01:22:13qu'il y ait un après et qu'il ressemble à quelque chose.
01:22:15Parce qu'effectivement,
01:22:17c'est un peu pour ça que je suis venue,
01:22:19que je suis venue dévoiler,
01:22:21que je veux jouer le jeu comme tout le monde le joue.
01:22:23C'est pas par plaisir
01:22:25que je viens ici.
01:22:27C'est pas pour tout ça. C'est que moi, j'ai besoin de vous.
01:22:29Parce que si personne ne veut rien entendre,
01:22:31c'est contraint et forcé.
01:22:37Ensuite,
01:22:39pour les professeurs
01:22:41qui ont un peu refusé de témoigner,
01:22:43alors,
01:22:45beaucoup, c'était par peur.
01:22:47Par peur qu'ils soient eux-mêmes visés,
01:22:49même si, en même temps, je ne comprenais pas.
01:22:51Mais cette fois, c'était pas par peur du terrorisme.
01:22:53C'était par peur de l'éducation nationale.
01:22:55C'est sûr, ils sont très très méchants
01:22:57à l'éducation nationale.
01:22:59Donc, en fait, on m'a invoqué
01:23:01le devoir de réserve.
01:23:03Que s'ils se mettaient à parler, ils allaient subir
01:23:05des pressions, des menaces
01:23:07à bas bruit, etc.
01:23:09C'est cette menace-là qui a empêché que les professeurs aillent témoigner
01:23:11dans l'enquête contre l'éducation nationale.
01:23:13C'était pas par crainte
01:23:15qu'ils subissent une menace islamiste.
01:23:17Non. C'était par peur de représailles.
01:23:19Avec des mutations
01:23:21où on ne va pas trop t'arranger.
01:23:23Faut pas croire,
01:23:25ils sont un peu perfides dans leur fonctionnement.
01:23:33Ensuite, les sages de la laïcité.
01:23:35Donc, ça tombe très bien
01:23:37parce que moi-même, je les ai rencontrés,
01:23:39donc je connais parfaitement le sujet.
01:23:41Donc, effectivement, ils voulaient consacrer
01:23:43une journée entière
01:23:45dédiée à Samuel Paty,
01:23:47dédiée à la laïcité,
01:23:49dédiée à la liberté d'expression.
01:23:51Donc, qui sont des principes fondamentaux
01:23:53chez nous en France.
01:23:55Donc, effectivement,
01:23:57il n'en est rien.
01:23:59Il faut dire qu'après, M. Papendiaille
01:24:01est passé sur les sages de la laïcité,
01:24:03parce que je m'en suis effectivement
01:24:05un petit peu offusqué par voix de presse,
01:24:07où, effectivement,
01:24:09il les a totalement
01:24:11donnés l'incapacité
01:24:13d'agir par eux-mêmes et qu'ils ne pourraient
01:24:15agir que sur les ordres du ministre.
01:24:17Alors que je considérais que leur
01:24:19indépendance qui permettait à eux
01:24:21de recevoir, effectivement,
01:24:23des remontées, des établissements sur les atteintes
01:24:25de la laïcité et eux-mêmes de pouvoir
01:24:27agir directement, plutôt que
01:24:29d'attendre une réponse du ministère
01:24:31qui était parfois longue, je trouvais que c'était
01:24:33très intéressant.
01:24:35Donc, et la dernière question,
01:24:37c'était quoi déjà ?
01:24:39Les hommages.
01:24:41Donc, pour la difficulté de rendre des hommages,
01:24:43alors, il y a la peur.
01:24:45On va surtout pointer la très, très grande
01:24:47difficulté d'émettre les hommages.
01:24:49Donc, ça fait trois ans
01:24:51qu'il est mort. 2021,
01:24:532022, 2023.
01:24:55Les consignes de l'éducation nationale
01:24:57envoyées au
01:24:59rectorat les deux premières
01:25:01années ont été émises
01:25:03une semaine avant la date anniversaire.
01:25:05Cette année,
01:25:07on a battu des records.
01:25:09Ça a été annoncé
01:25:11jeudi dernier
01:25:13à 20h02.
01:25:15Mail que les recteurs ont reçu
01:25:17pour rendre une journée d'hommage le 16 octobre.
01:25:19Donc,
01:25:21je vous laisse analyser
01:25:23cette situation qui est rocambolesque
01:25:25étant donné qu'après, de toute façon,
01:25:27et il est vrai, le rectorat,
01:25:29avant qu'ils fassent les redescentes et que
01:25:31les professeurs prennent le truc en main,
01:25:33ça se fait pas en deux jours.
01:25:37Merci, Madame.
01:25:39Je crois qu'il n'y a pas d'autres
01:25:41questions. Nous allons donc lever
01:25:43cette audition.
01:25:45Laissez-moi au nom du président Dafon et
01:25:47de l'ensemble des collègues vous remercier
01:25:49pour votre témoignage,
01:25:51j'allais dire, sans concession
01:25:53sur la situation.

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