Français d'Asie

  • il y a 3 mois
À Tahiti, l'épopée des travailleurs chinois
La plus grande île des îles de Polynésie française est aussi la plus peuplée. A Tahiti vivent près de 200 000 âmes dans un incroyable melting-pot. Une mixité nourrie par l'histoire de Chinois fuyant alors la famine de leur pays natal et venus à la fin du 19ème siècle travailler dans les plantations. Exploités, sous-payés, ils se révolteront, s'émanciperont et changeront à jamais le visage de l'île.
La Guyane, jardin des Hmong du Laos
Du coeur de la jungle sud-américaine, en Guyane française, s'élève une musique venue tout droit d'Asie du Sud-Est. C'est celle de la communauté hmong, une ethnie originaire des montagnes du Laos. Chassée du pays au moment de l'indépendance, elle pose le pied sur le sol guyanais dans les années 1970. Aujourd'hui, après des décennies à travailler la terre et à développer l'agriculture, ce peuple résilient a fait de la Guyane son jardin...
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Transcription
00:00Sous-titrage ST' 501
00:31Au beau milieu de l'océan Pacifique,
00:34voici le rêve exotique dans toute sa splendeur.
00:37C'est Tahiti.
00:41Tahiti, c'est la plus grande des îles de Polynésie française
00:45et c'est aussi la plus peuplée.
00:48Ici, près de 200 000 âmes vivent dans un incroyable melting pot.
00:55Et derrière cette mixité, une histoire.
00:58Celle de l'arrivée d'un millier de travailleurs chinois
01:01à la fin du XIXe siècle
01:03qui vont à jamais changer le visage de l'île
01:06et le destin de ses habitants.
01:09On vit en harmonie avec les Polynésiens, on se sent chez nous.
01:12Les Polynésiens ayant du son chinois,
01:14il y en a qui ont été ministre, président du gouvernement,
01:17des maires, députés, conseillers, Miss Tahiti, Miss France.
01:21Donc aujourd'hui, je pense que la communauté chinoise
01:24est très bien intégrée.
01:27Depuis Papeete, la capitale,
01:29en passant par la plage de Matayea et les terres de Atimoano,
01:33notre voyage nous mènera à la découverte
01:36de cet héritage chinois de Tahiti.
01:51Tout commence ici, dans la somptueuse baie de Matayea.
01:57Aujourd'hui, elle est investie par les surfeurs et les vacanciers.
02:02Mais à la fin du XIXe siècle,
02:04la profondeur de son lagon fait d'elle l'endroit idéal
02:07pour arriver en bateau.
02:11A l'époque, la reine Pomarée IV règne sur 8 000 sujets.
02:18Et l'île est sous protectorat français depuis 1842.
02:22L'esclavage y est aboli.
02:25Comme dans tout l'empire colonial français.
02:28Et les Tahitiens refusent de travailler dans les plantations.
02:33Aussi, on recherche activement de la main-d'oeuvre.
02:36Et le 25 mars 1865, un navire chargé d'hommes
02:40va accoster dans la baie de Matayea.
02:43Deux autres suivront.
02:46C'est des coulis qui sont recrutés à Hong Kong,
02:49mais ils sont d'origine canton.
02:52Coulis, c'est dit en chinois,
02:54homme pour les travaux pénibles.
02:56Et il y a deux ethnies,
02:58il y a les Hakas et les Puntis.
03:02Les bateaux sont venus de cette passe qui s'appelle Haifa.
03:07C'est dévoilé à quatre mains.
03:09Ils ont mis trois mois pour venir de Hong Kong jusqu'ici.
03:13Et ils sont débarqués ici.
03:15Ils étaient 330 à 340 pas bateau.
03:23En tout, 1010 Chinois,
03:25uniquement des hommes en âge de procréer.
03:28Ils fuient la famine et le régime impérial
03:31d'une Chine affaiblie par la guerre de l'opium.
03:35À quelques minutes à pied de la plage,
03:38David Mux, descendant de ces émigrés chinois,
03:41nous emmène dans la plantation
03:43où travaillaient jadis ses ancêtres.
03:47Au début, les coulis ne sont pas arrivés pour la canne à sucre.
03:51Ils sont arrivés pour planter du coton.
03:54C'était pendant la guerre de sécession.
03:57Et tous les champs de coton de l'Amérique
04:00ont été dévastés par la guerre entre eux.
04:04Et donc, il manquait du coton pour l'Europe.
04:07Donc cet Écossais, d'origine écossaise,
04:11est venu à Tahiti pour planter le coton.
04:16Cet Écossais, c'est William Stewart,
04:19le propriétaire de la Terre Eugénie,
04:22une immense plantation qui porte le nom
04:25de l'épouse de Napoléon III en son hommage.
04:30Une entreprise gigantesque pour Tahiti à l'époque.
04:34Une route de 40 km a même été construite
04:37par les coulis chinois pour relier
04:40la capitale papéétée à la plantation.
04:46Sur cette ancienne plantation, aujourd'hui en ruine,
04:50les conditions de travail sont très dures.
04:53Les coulis sont soumis à rude épreuve.
04:56On leur attribue un matricule.
04:58Ils sont assujettis à l'autorité quasi-militaire
05:01des surveillants pour un salaire de misère.
05:15Du temps du coton, je pense que les coulis
05:18travaillaient presque 10 à 12 heures par jour.
05:21Et ils les payaient comme un normal, quoi.
05:24Pas de supplémentaire.
05:26Il y a beaucoup qui mourraient de soie,
05:29qui sont dépaysés, qui ont le cafard de leur pays.
05:33Ils ont le stress, quoi.
05:45Et c'est à 40 km de la plantation d'Atima Ono,
05:48sur les hauteurs de la ville d'Arué,
05:51que se trouve le cimetière chinois,
05:54un lieu fondateur pour leur communauté.
06:04Des tombes abritées du soleil par de petits hauts vents,
06:08couvertes avec des idéogrammes sur les stèles.
06:12Ici résonne le souvenir des premières révoltes
06:15des travailleurs chinois, comme celle du 6 avril 1869.
06:19Un jour qui restera dans les mémoires
06:22et qui aura des conséquences irréversibles.
06:31Il y a eu une grande rixe,
06:33une super bagarre entre Punti et Haka.
06:36C'est plusieurs centaines de Chinois,
06:40avec l'alcool, le manque de nourriture,
06:43les mauvaises conditions de travail.
06:46Ils se sont tous bagarrés pour un mauvais regard pour l'un,
06:50pour une insulte de trop de la part d'autre.
06:56Dans la rixe, un des surveillants est tué, poignardé.
07:02Un geste insupportable pour les autorités françaises
07:05qui exigent une punition exemplaire
07:08et surtout, la tête d'un coupable désigné,
07:11le jeune Shim Su Kong, matricule 471.
07:16Du fait de cette rixe,
07:18il a été arrêté en compagnie d'une bonne soixantaine de personnes.
07:22Le procès a eu lieu sur un jour.
07:25En gros, personne n'a compris ce qui s'est passé réellement.
07:29On n'a aucune preuve de sa culpabilité.
07:32Il s'est sacrifié pour que ses camarades ne soient pas exécutés,
07:36pour que tous les Chinois ne soient pas déportés
07:39et puissent s'installer par la suite en Polymésie.
07:47Une exécution capitale est organisée.
07:50Elle va marquer à jamais l'esprit des coulis qui assistent à la scène.
07:55Pourtant, ce martyr de Shim Su Kong
07:58est un événement fondateur pour les Chinois de Papeete
08:01et le début d'une reconnaissance dans la société tahitienne.
08:07Les Chinois étaient un peu plus solidaires.
08:10Tellement qu'ils se sont montrés solidaires,
08:12ils ont demandé à la reine Pomare
08:14s'ils pouvaient avoir droit à un cimetière.
08:16C'est comme ça qu'une partie de ce cimetière
08:19a été offerte par le prince Chinois, le neveu de la reine Pomare.
08:29En contrebas du cimetière,
08:31cette tombe monumentale en forme de fer à cheval
08:34est devenue le symbole de l'unification
08:37de la communauté des Chinois de Polynésie.
08:40C'est le mausolée du travailleur Shim Su Kong,
08:43un lieu de recueillement que visitent aujourd'hui de nombreux touristes.
08:52Nous poursuivons notre promenade
08:54pour nous rendre à 5 km du cimetière,
08:57en plein centre de Papeete, dans le quartier de Mamao.
09:02Après l'exécution, la communauté chinoise s'organise.
09:06Les Khoulis se cotisent pour acquérir un terrain
09:09et y construire, en 1876,
09:12un temple pour pouvoir y pratiquer leur religion en paix.
09:16C'est le temple Kanti.
09:21A l'entrée, une sculpture du maître des lieux,
09:24le dieu Kanti,
09:26considéré comme la plus populaire des divinités taoïstes.
09:29Un héros de guerre, protecteur des opprimés.
09:33De chaque côté, 2 lions en marbre blanc,
09:36les gardiens du temple.
09:55Toute la communauté chinoise vient s'y recueillir.
09:58Ils honorent leurs ancêtres,
10:00mais aussi la mémoire des 1010 Khoulis,
10:02arrivés il y a plus de 150 ans à Tahiti,
10:05dans l'espoir d'une vie meilleure.
10:11Ces 1010 hommes ont pris des femmes polynésiennes.
10:15Et après, de fil en aiguille,
10:17ils se sont installés avec leur épouse polynésienne.
10:20Ils ont eu 5 à 12 enfants par femme.
10:23Et donc c'est comme ça que, après,
10:26cette mixité s'est faite en douceur.
10:32Et un siècle plus tard,
10:34il suffit d'aller dans le centre-ville,
10:36à 2 pas du temple,
10:38pour voir à quel point la communauté chinoise
10:40a trouvé sa place.
10:42Le centre culturel Koumen Tang
10:44permet depuis plus de 100 ans
10:46à la communauté de pratiquer des activités traditionnelles,
10:49comme la danse.
10:51Il est aussi le siège d'événements de la vie culturelle.
10:54Nous, au niveau des Chinois,
10:56on n'arrête pas de remercier sans arrêt
10:58cette communauté maorie
11:00qui a accueilli ces Chinois il y a de cela 150 ans.
11:03Donc c'est vraiment une très belle terre d'accueil
11:05et surtout, comment on dit, de partage.
11:16Aujourd'hui, il est presque impossible
11:18de distinguer qui est d'origine chinoise
11:20ou qui ne l'est pas à Papeete.
11:22Tant les Chinois se sont fondus dans la masse
11:24de la société thaïcienne.
11:37À quelques pas de là,
11:39un dernier lieu est incontournable.
11:42Le marché.
11:45Ici, on peut trouver tous les produits typiques
11:47de l'alimentation thaïcienne.
11:49C'est le rendez-vous dominical
11:51de tous les habitants de Papeete.
11:54Larry Chong est issu
11:56de la quatrième génération de Chinois de Tahiti.
11:59Comme chaque dimanche matin,
12:01il fait son marché.
12:04Dans les légumes, on va trouver l'utilisation du gingembre,
12:07des navets
12:09qui sont d'origine chinoise ou asiatique pour le moins
12:12et qu'on va retrouver dans les plats polonaisiens
12:14comme les plats à base de porc, de viande, de poisson.
12:18Voilà, des ingrédients qui sont vraiment intégrés
12:20complètement à la gastronomie locale.
12:24Bonjour.
12:25Je peux avoir pour 2500 francs
12:27plutôt qu'un kimchonyuk et un petit peu de chacha aussi.
12:31Le poivre rôti, je trouve que c'est l'exemple typique
12:34du mélange de la culture polonaisienne et chinoise
12:37dans le sens où tous les Polonaisiens
12:39viennent le dimanche matin
12:41s'approvisionner en poivre rôti
12:43mais qui est vraiment d'origine chinoise.
12:46C'est une variante du poivre laqué
12:48mais vraiment à feu doux.
12:49Ça fait partie du brunch polonaisien.
12:51Il accompagne le poisson frit,
12:53les fruits que l'on mange le matin.
12:55Ça fait vraiment partie des incontournables
12:57du petit déjeuner du dimanche.
13:06En premier lieu du marché,
13:07on retrouve justement cet héritage gastronomique et culturel
13:10et je trouve ça vraiment bien
13:11puisque ça me rappelle notre histoire.
13:14Je me sens d'origine chinoise,
13:16polonaisien de cœur
13:18et d'une culture à la fois française,
13:20polonaisienne et chinoise.
13:27En deux siècles,
13:28l'identité chinoise aurait pu disparaître.
13:31Elle s'est au contraire maintenue
13:33en se fondant harmonieusement
13:35dans la culture thaïcienne.
13:44C'est ce qu'on appelle l'identité chinoise.
14:10Du cœur de la jungle sud-américaine,
14:12on a une autre identité chinoise.
14:20Celle de la communauté mong,
14:22une ethnie originaire des montagnes du Laos.
14:27Cet instrument-là et puis le son,
14:29ça a toujours été avec nous,
14:31depuis toujours, la communauté mong,
14:33depuis des siècles.
14:35Cet instrument-là représente notre culture
14:37et sans ça, on ne sait pas qu'on est mong.
14:43L'histoire des mongs de Guyane
14:45est celle d'une revanche.
14:47Une communauté arrivée
14:49à la fin des années 70,
14:51chassée à l'indépendance du Laos
14:53pour avoir combattu aux côtés
14:55des Français et des Américains.
14:58Quasiment abandonnés à leur sort
15:00au cœur de la forêt amazonienne,
15:02à des milliers de kilomètres
15:04de leur terre natale,
15:06ils vont créer un village,
15:08défricher la forêt.
15:10Avant de venir en quelques décennies seulement,
15:12les premiers producteurs
15:14de fruits et légumes de Guyane
15:16est une de ces communautés
15:18les plus respectées.
15:30C'est par un beau matin de 1977
15:32que les premiers mongs
15:34arrivent sur les vestiges
15:36d'un ancien site d'orpaillage
15:38à 70 kilomètres de Guyane.
15:42Un site baigné
15:44par la rivière Comté.
15:46Sa descente en pirogue
15:48permet de découvrir des paysages
15:50semblables à ceux qui s'offrent alors
15:52à la famille de Tchia.
15:56Une forêt primaire
15:58qui tranche avec les camps de réfugiés
16:00et les zones de guerre
16:02où la famille a séjourné.
16:04J'avais 9 ans
16:06quand on est arrivés en Guyane
16:08avec mon père, ma mère,
16:10mes 9 soeurs
16:12et mes 4 frères.
16:16Tu découvres un nouveau monde.
16:18Je vois l'espoir
16:20dans les yeux des parents.
16:22Toutes mes soeurs et mes frères aussi
16:24ont ressenti la même chose.
16:26L'avenir c'est un cacao
16:28donc il faut construire notre avenir
16:30à cacao.
16:32Mais très vite,
16:34Tchia comprend qu'elle et sa famille
16:36vont devoir vivre en quasi-autarcie.
16:38Pas de quoi effrayer les membres
16:40de cette communauté habituée
16:42au nomadisme sur leur terre du Laos.
16:44Mon père est un très bon forgeron
16:46et quand on est arrivés ici
16:48il a commencé à s'installer la forge
16:50et tout, d'aller faire son charbon
16:52et il a commencé
16:54à sortir les outils
16:56le marteau, le couteau,
16:58les serbes, le râteau, les pelles
17:00pour qu'on puisse avoir un minimum d'outils
17:02pour aller travailler.
17:08Le travail n'a jamais fait peur
17:10à la communauté.
17:12Même si c'est dur, on sait qu'il y a un but
17:14et on sait qu'il y aura un résultat.
17:18Hommes et femmes sont répartis
17:20en groupes de travail
17:22par les quelques missionnaires
17:24et les deux gendarmes qui les accompagnent.
17:26Un groupe pour construire
17:28les infrastructures et les maisons
17:30du futur village.
17:32Un autre pour chasser et tenter
17:34d'agrémenter les rations de survie fournies par l'armée.
17:36Et un troisième, enfin,
17:38pour préparer la terre
17:40des futurs champs.
17:42Dans ces cultures où ils passent toujours
17:44l'essentiel de leur journée,
17:46les anciens pionniers n'ont rien oublié.
17:50On allait aux champs sous la pluie.
17:52Dès 5h du matin,
17:54on se levait pour préparer à manger.
17:56À 6h, on partait donc aux champs sous la pluie
17:58et dès qu'on rentrait,
18:00on allumait le feu pour faire sécher nos vêtements
18:02car on n'en avait pas d'autres.
18:04On les faisait sécher pour les remettre plus tard.
18:06Mais au début,
18:08on ne voulait pas du tout rester.
18:10On voulait juste mourir.
18:14Ce territoire de la rivière Comté,
18:16un groupe de jésuites et d'esclaves
18:18avait déjà tenté de le cultiver
18:20au XVIIIe siècle.
18:22Le climat et les maladies avaient eu raison du projet.
18:24L'administration française
18:26en est pourtant sûre.
18:28Ces terres sont idéales pour faire pousser le riz,
18:30culture que les Mongues connaissent.
18:34Le climat de la Guyane correspondait
18:36un peu à celui du Laos
18:38et de la Thaïlande.
18:40Mais en arrivant ici,
18:42nos parents se sont rendus compte
18:44que ce n'était pas du tout le même type de sol.
18:46Ce n'était pas le même type de
18:48culture qu'ils pouvaient mettre en place.
18:50Du coup, ils ont dû s'adapter.
18:54La culture du riz
18:56doit être abandonnée dès les premières années.
19:00Les Mongues décident alors, par eux-mêmes,
19:02de planter certaines essences.
19:06Mon père a ramené
19:08ces plants-là avec lui.
19:10C'est tout la richesse des parents.
19:12Il y a quelques graines,
19:14quelques plants comme le canne à sucre,
19:16de la banane,
19:18la banane haussienne qu'on ne trouve pas.
19:20C'est vraiment une banane spéciale
19:22pour baigner ou on peut manger la fleur.
19:24Pour faire la soupe et tout ça.
19:26Ce sont des plants qui sont bien
19:28adaptés au climat.
19:30Donc sans aucun problème.
19:32Dès 1980,
19:34la petite communauté
19:36parvient à l'autosuffisance.
19:38Laitue, chou, gingembre,
19:40piment, dachine
19:42et plantes médicinales
19:44commencent à façonner les contours
19:46du futur grenier de la Guyane.
19:48De nouvelles variétés
19:50et de nouveaux tissus de l'adaptation
19:52de fruits et légumes venus d'Asie
19:54apparaissent, comme ces agrumes
19:56devenus typiques de la région.
19:58Ce ne sont pas des monarines
20:00qui sont plantées et consommées
20:02en métropole. Même quand ils sont mûrs,
20:04ils ne sont pas beaucoup plus jeunes.
20:06Ils sont un peu verts, orangés.
20:08Mais ici, c'est un fruit
20:10qui est consommé comme ça.
20:12Je trouve que les monarines d'ici
20:14sont peut-être pas beaucoup plus sucrées
20:16que ceux qu'on trouve en métropole,
20:18qui ont plus de goût, qui ont plus de saveur.
20:20Au niveau de la chair, c'est beaucoup plus goûteux
20:22et beaucoup plus plein
20:24au niveau de la sensation quand tu manges.
20:26J'ai été au salon d'agriculture en métropole
20:28à Paris. J'en ai goûté des monarines là-bas
20:30mais je trouve qu'ils sont bien sucrés.
20:32Par contre, ils n'ont pas la même saveur,
20:34la même fraîcheur,
20:36la même saveur pleine.
20:38Quand tu les sens en boucle, moins qu'un.
20:42Quand je mange ça comme ça, je trouve que c'est excellent.
20:44D'expérimentation en sélection,
20:46l'agriculture de subsistance
20:48dès début se professionnalise.
20:50Ils ont réussi à avoir
20:52un rendement meilleur
20:54tout en faisant des tests à droite, à gauche,
20:56d'abord sur des petites parcelles
20:58puis avec le succès
21:00en élargissant tout cela,
21:02ils ont réussi à faire des surplus
21:04qu'ils se sont rendus compte,
21:06comme le marché n'était pas très fourni à l'époque,
21:08qu'ils pouvaient essayer de vendre ça au marché.
21:10Et c'est comme ça que le marché
21:12des légumes a démarré.
21:22En parallèle,
21:24un village sort progressivement de terre
21:26autour du petit débarcadère
21:28de la rivière Comté.
21:30D'abord rudimentaire,
21:32avec quelques maisons,
21:34des pistes en latérite et sa petite église,
21:36une partie de la communauté
21:38ayant été évangélisée au Laos.
21:42Dans mon enfance,
21:44j'avais le sentiment
21:46que Kakao était très loin de Cayenne.
21:48Et à l'époque,
21:50on n'y accédait que par une piste.
21:52Il n'y avait pas de nationale
21:54ou de route bitumée.
21:56Je me souviens
21:58des quelques marchés que j'ai pu faire
22:00avec mes oncles et mes tantes.
22:02On partait très tôt le matin,
22:04c'était une mission.
22:06On avait une sorte
22:08de petite bulle ici,
22:10dans laquelle on était,
22:12donc nous, en tant qu'enfants.
22:16Cet isolement vaut alors
22:18aux Mongs de Kakao d'être perçus
22:20par les autres Guyanais
22:22comme une communauté fermée,
22:24accrochée à ses traditions.
22:26Mais bientôt, une école publique
22:28est construite par l'État.
22:30Ça a permis aussi d'accompagner
22:32ce changement de vie pour les Mongs.
22:34Notamment, on est passé
22:36d'une communauté qui est Mong,
22:38qui ne parlait pas du tout le français,
22:40qui n'avait aucune connaissance
22:42de ce territoire.
22:44Ça nous a permis, nous les jeunes,
22:46de s'imprégner de la France
22:48et de devenir aussi français.
22:50On connaît l'histoire de la France,
22:52on connaît l'histoire de la Guyane aussi.
22:54Ça a permis de nous intégrer.
22:56À partir des années 90,
22:58la communauté est parcourue de tensions.
23:00D'un côté, certains jeunes
23:02rêvant d'un mode de vie urbain.
23:04Et de l'autre, les plus âgés,
23:06pour préserver les traditions
23:08leur ayant permis de survivre.
23:10Une double injonction
23:12que les Mongs de Kakao
23:14ont peu à peu surmontée.
23:16Mon grand-père a été dans les premiers
23:18chefs de famille, chefs de clan,
23:20à accepter le métissage,
23:22le mélange avec les autres communautés
23:24du territoire.
23:26Que ces filles se marient
23:28avec des métropolitains,
23:30des Antillais, des Guyanais.
23:32Mon père est boton, ma mère est Mong.
23:34C'est comme ça qu'on vit.
24:04La Guyane, c'est le plus grand marché de la Guyane.
24:06Et comme la Guyane, c'est un métier
24:08de peuples, d'ethnies,
24:10du coup, ici, tout le monde
24:12vient s'imprisonner au marché.
24:14Et en rencontrant
24:16les clients au marché,
24:18je me suis rendu compte que c'était
24:20un travail qui était très valorisé
24:22au niveau des sentiments de satisfaction
24:24personnelle, en fait.
24:26Tu sais que tu travailles pour quelque chose
24:28qui a de la valeur, en fait.
24:30C'est une fierté de savoir
24:32que nous participons
24:34à l'autosuffisance alimentaire
24:36de la Guyane.
24:38Mes racines originelles, c'est bien sûr
24:40asiatique, mais je suis né en Guyane,
24:42je suis Guyanais de naissance,
24:44donc je me sens Guyanais.
24:48Si les Mongs sont désormais présents
24:50sur tous les marchés de Guyane,
24:52les Guyanais viennent aussi à eux.
24:54Chaque dimanche,
24:56la place centrale de Cacao
24:58attire des centaines de visiteurs.
25:00Essentiellement des urbains
25:02en quête de circuits courts
25:04et de dépaysements.
25:06À l'heure où ici,
25:08comme en Europe,
25:10beaucoup aspirent à une vie plus connectée à la nature,
25:12Cacao écrit
25:14une nouvelle page de son histoire.
25:18Plusieurs de mes amis
25:20et de ma génération ont fait le choix
25:22de, dans un premier temps,
25:24quitter un peu ce village, ce cocon,
25:26pour découvrir aussi autre chose,
25:28découvrir d'autres métiers,
25:30d'autres façons de faire.
25:32Et depuis une dizaine d'années,
25:34ces jeunes-là reviennent en arrière,
25:36font un retour aux sources,
25:38reviennent au village, retravaillent la terre avec leurs parents.
25:40On est bien chez soi, en fait.
25:42On jouit aussi de plein de bonnes choses,
25:44telles que le cadre familial,
25:46telle que l'environnement,
25:48telle que d'être son propre chef
25:50sur sa propre exploitation,
25:52de pouvoir exploiter la terre,
25:54créer, donner de la vie aux choses.
25:56Et potentiellement,
25:58nourrir d'autres gens,
26:00d'autres bouches, d'autres communautés,
26:02nourrir la Guyane par la terre.
26:06Parmi les derniers à avoir rejoint la mosaïque
26:08des peuples guyanais,
26:10les Hmong ont été faits français par le sang versé.
26:12Mais c'est par la sueur
26:14qu'ils sont devenus ce qu'ils sont aujourd'hui,
26:16les jardiniers de la Guyane.
26:26Sous-titrage Société Radio-Canada

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