• il y a 7 mois

Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de la situation à Marseille face aux narcotrafiquants.
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Transcription
00:00 [Musique]
00:09 Punchline, 18h-19h, Laurence Ferrari sur CNews et Europe 1.
00:15 [Musique]
00:18 18h17, on se retrouve en direct dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
00:22 L'équipe de Punchline est survoltée.
00:24 On va évoquer les suites de la visite d'Emmanuel Macron à Marseille
00:28 avec ses opérations PlaceNet XXL qui se multiplient et qui se poursuivent d'ailleurs dans la cité phocéenne.
00:33 Le private police de Marseille était sur place aujourd'hui.
00:35 Pierre-Edouard Koliaks, écoutez ce qu'il a dit.
00:37 "Nous ne lâcherons rien."
00:39 Nous ne lâcherons rien là-dessus.
00:41 Nous ne lâcherons pas, nous ne laisserons pas les dealers revenir sur des points de deal à la Castellane
00:47 et nous continuerons nos opérations partout dans le département et partout à Marseille.
00:51 Donc voilà, il y a des choses qui se sont dites, certains ont vu des individus revenir.
00:56 On peut penser que des dealers revenaient.
00:58 Nous sommes là, nous sommes là.
01:01 Les policiers CRS, les policiers de la sécurité publique sont là en présence en permanence.
01:06 Ce n'est pas Narcoville, c'est la ville des Jeux Olympiques.
01:09 Ça va être la ville olympique.
01:10 Donc notre défi et notre devoir, c'est vraiment de mobiliser l'ensemble des effectifs pour que tout ça se passe bien.
01:16 Voilà pour le préfet de police de Marseille.
01:17 Je vous sens sceptique, Vincent Herouet, pourquoi ?
01:19 Les grands discours, ça ne vous plaît pas ?
01:21 Je trouve que ce préfet de police a une longue carrière devant lui
01:24 avec sa barre de trois jours, il parlait exactement comme le président.
01:27 Il a repris dès le début "Nous ne lâcherons rien, nous ne céderons rien"
01:31 qui est vraiment une des phrases clés qui suffit évidemment à intimider l'ennemi,
01:36 que ce soit le dealer à Marseille ou que ce soit le tankiste en Ukraine.
01:43 Écoutez, franchement, c'est la treizième fois que le président vient sur place.
01:47 Je crois que 17, 17 même.
01:48 17 fois ?
01:49 On a fait le point.
01:50 J'ai arrêté le compteur quelque part, excusez-moi.
01:53 Il avait l'air très satisfait de son séjour.
01:56 Quand on regarde le cours des stupéfiants,
02:01 qui est vraiment...
02:03 Pour l'instant, ça coûte vraiment très...
02:05 C'est vraiment le moment, si vous avez envie de vous adonner à une addiction quelconque,
02:09 c'est vraiment le moment parce que c'est très, très bon marché,
02:11 puisque vous aimez les histoires d'argent.
02:13 La cocaïne n'a jamais été aussi cher.
02:15 Malheureusement.
02:16 L'héroïne, c'est 9 euros le gramme.
02:18 C'est donné, vraiment.
02:20 C'est le paradis pour un très bon marché.
02:22 Le krach, le nombre de consommateurs a triplé en 10 ans.
02:27 Vraiment, tous les chiffres dans le même sens.
02:29 On voit que le marché était inondé de produits de plus en plus purs
02:32 et de moins en moins chers,
02:34 ce qui montre l'échec absolument éclatant
02:37 de toutes ces grandes mobilisations.
02:41 Là, ils ont récupéré aujourd'hui, donc avec 750 policiers,
02:44 ils ont récupéré moins d'un kilo de cocaïne et 8 kilos de cannabis.
02:48 C'est maigre, effectivement.
02:50 Mais ça va se poursuivre pendant plusieurs semaines.
02:52 Karim, vous avez des propositions à faire ?
02:54 Non, mais moi, franchement, quand on voit cette opération de communication
02:58 qui est très sectorisée, le quartier de la Castellane,
03:01 avec quelques camions de CRS
03:04 et une opération qui place simplement le dispositif Placenet
03:08 comme arme, j'ai envie de dire, pour lutter contre le cannabis,
03:11 on se dit que ce n'est pas sérieux.
03:12 Moi, je vais vous dire, il y a trois propositions concrètes et sérieuses
03:14 qu'il faut faire.
03:15 D'abord, il faut rétablir la frontière entre l'Espagne et la France.
03:17 80 % du cannabis passe par là, avec l'égofaste.
03:19 Donc, je ne comprends pas pourquoi H24,
03:22 on n'a pas un contrôle drastique de tout ce qui rentre en provenance de l'Espagne.
03:26 On aurait des tonnages à récupérer.
03:28 Le deuxième, c'est pour moi, la police de proximité.
03:30 Il faut la remettre.
03:31 Ça coûte, mais derrière...
03:33 Mais la mairie ne veut pas, Karim ?
03:35 Ce n'est pas la mairie, c'est l'État.
03:37 L'État qui doit imposer, l'État qui doit remettre en place une police
03:40 qui n'est pas l'île otage de papa,
03:42 mais qui est des équipes armées, structurées, formées
03:46 pour aller à la reconquête de ces quartiers.
03:48 Mais durablement, toute l'année,
03:51 pas trois jours lors d'une opération du président de la République à Marseille.
03:54 Et puis, dernier point, prendre en compte les propositions de ces quatre magistrats
03:58 avec des juridictions spécialisées,
04:00 des infrastructures pénitentiaires,
04:02 avec des quartiers de sécurité pour ces trafiquants,
04:05 qui ne puissent plus communiquer avec l'extérieur,
04:07 qui ne puissent plus aller faire le recrutement aussi en prison,
04:10 avec d'autres détenus qu'on fait, d'autres à la receille.
04:13 Il faut qu'on se donne les moyens de lutter contre la drogue.
04:15 Là, c'est de l'agit propre, c'est de la communication,
04:17 et c'est décevant, parce que quelque part,
04:19 il va y avoir un effet boomerang, plus personne ne croira en la politique.
04:22 - C'est pas faux. Alors, Jean-Sébastien Ferdjou, Tatiana, on se dit ?
04:24 - Je suis d'accord avec ce qui vient d'être dit,
04:26 à la fois sur le fait que la politique est très peu efficace,
04:28 on le voit dans les prix du marché.
04:30 Effectivement, il y a des propositions, comme les prisons à haute sécurité,
04:34 mais aussi énormément d'hypocrisie de la part de l'État,
04:37 parce que, mine de rien, la question qu'on s'est posée il y a quatre ans,
04:39 au moment du confinement, c'est que le gouvernement s'est posé la question,
04:42 "Ah mais tiens, comment vont vivre un certain nombre de quartiers,
04:44 en attendant qu'il n'y a plus les revenus de trafic de drogue ?"
04:47 Donc si on se la pose à ce moment-là, on doit pouvoir se la poser
04:49 quand il n'y a pas de confinement, parce que c'est aussi cette question-là.
04:52 C'est-à-dire qu'il y a ce vertige, et on a d'ailleurs eu l'hypocrisie,
04:55 ou la lucidité, chacun choisira, d'intégrer le chiffre d'affaires
04:59 des trafics de drogue aux produits intérieurs bruts, aux PIB français.
05:04 Non mais parce que c'est pas négligeable, mine de rien.
05:06 On peut être dans une logique qui soit purement sécuritaire,
05:09 ça ne marchera pas, parce que déjà, c'est l'ordre qu'il faut établir sur le territoire,
05:12 c'est aussi une question de santé publique, et c'est aussi une question économique,
05:15 parce que ça n'empêche pas que ces revenus-là font vivre des quartiers entiers.
05:18 Qu'est-ce qu'on a à proposer en interne ?
05:20 - Des failles de canard, Normand. - Pas des quartiers entiers.
05:23 Des enjeux financiers colossaux, en effet.
05:25 Si je suis un peu vulgaire, un pognon de dingue, c'est ce que vous dit tout le monde sur le terrain.
05:27 Donc du coup, comment on compte ça ?
05:29 Deuxième chose, vous avez raison, Karim, je suis d'accord,
05:31 une police de proximité, non seulement pour avoir du renseignement,
05:33 pour mailler le territoire, mais aussi, on a déjà une police municipale
05:36 donnée les moyens qu'il faut.
05:37 Aux polices municipales, beaucoup de maires s'en plaignent en disant
05:40 "En fait, nous, on a des moyens, mais on n'a pas le droit, on n'a pas la loi avec nous,
05:43 on n'a pas le droit de faire de fou les véhicules, on n'a pas le droit de faire de contrôle d'identité, bref."
05:46 Donnez les moyens pour combattre cela, et des moyens pérennes,
05:49 parce qu'on a vu la CRS 8, elle vient, elle reste quelques jours, elle repart,
05:52 le deal recommence.
05:53 Et puis, dernière chose, les consommateurs, vous en parlez, je crois, avec Alain Boer tout à l'heure,
05:56 les consommateurs, des délinquants, non.
05:58 Avant tout, des malades, une addiction.
06:00 - Non. - Non, mais aussi une addiction.
06:02 - Mais on n'en se cache pas d'autres. - Oui, mais du coup, un travail à faire aussi
06:07 en matière d'addiction, donc une politique de réduction des risques à mener,
06:10 une politique de prévention, et donc pas les traiter que comme des délinquants,
06:13 mais aussi des malades.
06:14 Et ça, du coup, évidemment, ça change les perspectives.
06:16 - Ça, j'entends ce discours de santé et de prévention publique,
06:18 vous l'entendez pas, Vincent Herouette ?
06:19 - C'est une question qui est très compliquée, c'est vraiment des questions qui sont très compliquées.
06:23 Sortir de la drogue est un véritable enfer, c'est pas une petite cure, ça suffit pas,
06:27 il y a un peu de volonté. - Mais il y a des malades aussi.
06:29 - C'est un truc très compliqué, mais d'un mot quand même,
06:32 les salles de shoot du côté de la gare de l'Est, à Paris,
06:36 ça a fait gonfler la consommation de crack comme jamais.
06:42 Toute la compassion avec laquelle on traite les petits consommateurs
06:46 est absolument à mes yeux, en tout cas, je me trompe peut-être, c'est jamais mon avis,
06:50 mais je la trouve criminelle, je pense qu'au contraire,
06:53 il faudra des amendes totalement dissuasives à quiconque on trouve avec une barrette de chit.
06:57 - Ça ne changera rien. - Et le jour où les gens paieront
06:59 1000, 2000, 3000 euros, à chaque fois qu'ils seront gaulés avec un peu de cannabis,
07:04 ça changera complètement la relation avec la drogue festive, récréative, etc.
07:10 - Alors, Alain, tu as un coup à dire ?
07:12 - Sur le fond, beaucoup de choses ont été dites,
07:16 donc peut-être sur la forme, faisons un peu de politique en cette période d'élection européenne,
07:20 Vincent Hervoit qui aime bien la géopolitique justement,
07:22 aurait pu vous dire qu'Emmanuel Macron avait abandonné le front russe pour le front marseillais.
07:26 Donc de ce point de vue, il comprend que peut-être que la menace existentielle
07:31 est peut-être en France, je dirais, et pas en Russie.
07:36 De ce point de vue-là, on peut s'en réduire, le problème, c'est qu'effectivement,
07:38 ça fait 17 fois qu'il nous fait le coup et que les résultats ne sont pas là.
07:44 Donc plus qu'une opération place nette, ça ressemble quand même à une opération de communication.

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