SMART BOURSE - Emission du mardi 19 mars

  • il y a 6 mois
Mardi 19 mars 2024, SMART BOURSE reçoit Michaël Herskovich (Directeur de l'engagement et politique de votes, BNPP AM) , Alain du Brusle (Directeur de la gestion, Claresco) , Thomas Friedberger (Directeur général adjoint, Tikehau Capital) et Christian Parisot (Président, Altaïr Economics)

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00:00 [Musique]
00:08 Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart pour rester à l'écoute des marchés
00:13 chaque jour du lundi au vendredi à 17h pour la grande édition si vous nous suivez en direct sur Bsmart TV,
00:18 émission que vous retrouvez évidemment chaque soir en replay sur bsmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:25 Au sommaire de cette édition ce soir, les investisseurs qui nagent en plein dans la séquence banque centrale avec une Banque du Japon
00:33 qui n'aura pas déçu les attentes et les attentes étaient lourdes depuis plusieurs mois de voir la Banque du Japon sortir de sa politique de taux négatifs,
00:43 le dernier bastion mondial des taux négatifs. C'est chose faite depuis ce matin avec la fin de la politique de taux négatifs
00:51 et la fin de la politique de contrôle de la courbe des taux qui a été actée par le nouveau gouverneur de la Banque du Japon.
00:59 Un mouvement qui s'est fait en douceur, le marché était semble-t-il bien préparé à ces annonces,
01:05 on a même vu d'ailleurs le Yen baisser sur les annonces de la Banque du Japon et le Nikkei franchir à nouveau la barre des 40 000 points
01:13 au-delà de son record de décembre 1989. Le Japon sera à la une de notre émission dans quelques instants
01:21 alors que la séquence banque centrale va se poursuivre avec la réserve fédérale américaine et sa communication qui est attendue demain soir par les marchés.
01:29 Un des enjeux sera de savoir si Jérôme Pouel et les membres du comité de politique monétaire de la Fed auront gagné ou non en confiance
01:38 par rapport à la précédente réunion, confiance dans l'idée que l'inflation reste en bonne voie pour revenir à la cible des 2% dans un délai raisonnable.
01:48 Le marché sera évidemment attentif aux projections de taux qui sont formalisées chaque trimestre par les banquiers centraux américains.
01:55 Le dernier dotplot date de décembre et la trajectoire médiane du dotplot signalait trois baisses de taux courant 2024.
02:02 Le marché s'est aligné sur cette projection et nous aurons demain la projection mise à jour des membres de la réserve fédérale américaine.
02:10 Discussions sur ces sujets et sur les sujets de marché du moment avec nos invités de Planète Marché dans quelques instants.
02:15 Et puis dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse, le quart d'heure thématique, nous évoquerons la saison des assemblées générales
02:21 qui se prépare et qui s'ouvrira dans quelques semaines et c'est le directeur de l'engagement et de la politique de vote de BNP Paribas Asset Management,
02:29 Michael Herskovitch, qui sera avec nous en plateau à partir de 17h45.
02:34 Avant d'accueillir nos invités, d'entamer notre discussion de marché, les infos clés du jour sur les marchés qui évoluent toujours dans une ambiance constructive.
02:52 C'est avec Sibyl Aoudjan.
02:54 Les investisseurs sont en plein milieu de la séquence banque centrale. En attendant la Fed, la Banque du Japon n'a pas déçu les attentes.
03:02 Elle relève son taux directeur pour la première fois depuis 2007, met en fin à sa politique de taux négatif.
03:08 La Banque du Japon va désormais appliquer un taux d'intérêt de court terme entre 0% et 0,1% contre -0,1% précédemment.
03:17 Dans le sillage de cette décision, on retiendra que le yen s'est déprécié de 1% face au dollar et le Nikkei a progressé de 0,6%, clôturant à nouveau au-delà des 40 000 points.
03:29 L'ambiance reste positive avec un CAC 40 en hausse d'environ 0,3% au cours de la séance et reste dans l'attente face aux annonces de la Fed qui auront lieu demain.
03:40 En Europe, le moral des investisseurs allemands s'améliore. L'indicateur ZOO qui mesure leur confiance est en hausse pour la huitième fois consécutive.
03:48 Il s'établit à 31,7 points en mars, son plus haut niveau depuis un an.
03:54 Selon les explications du président du ZOO, plus de 80% des personnes interrogées s'attendent à ce que la BCE réduise ses taux d'intérêt au cours des six prochains mois.
04:04 Côté valeurs, Atos plonge de plus de 20% au cours de la journée, au plus bas historique pour l'entreprise.
04:10 Cela fait suite à l'annonce d'Airbus qui ne rachètera pas les activités Big Data & Security, PDS, de l'entreprise des services informatiques.
04:19 En revanche, la prudence d'Airbus fait progresser le titre de l'avionneur d'environ 2%.
04:23 La valeur bénéficie également d'une recommandation de la Royal Bank of Canada relevée à surperformance.
04:30 Côté Wall Street, la bourse de New York évolue en ordre dispersé, également dans l'attente des annonces de la Fed.
04:36 Les principaux indices cèdent du terrain, surtout les valeurs technologiques.
04:40 A noter qu'NVIDIA cède environ 3% après avoir développé sa nouvelle puce d'intelligence artificielle Blackwell B200.
04:48 Demain auront donc lieu les annonces de la Fed.
04:51 Le Royaume-Uni dévoilera aussi son indice des prix à la consommation pour le mois de février.
04:55 Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smartbourse, les infos clés du jour sur les marchés avec Sibylla Oudjian qui nous accompagne aujourd'hui dans Smartbourse sur Blissmart.
05:03 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
05:17 Thomas Fritberger est à nos côtés, le directeur général adjoint de Ticket au Capital.
05:20 Bonsoir Thomas.
05:21 Bonsoir Grégoire.
05:22 Merci d'être là. Merci à Alain Dubruel d'être avec nous également.
05:24 Bonsoir Alain.
05:25 Bonsoir Grégoire.
05:26 Vous êtes directeur de la gestion de Claresco et Christian Parizeau, économiste et président de la tailleur Economics qui nous accompagne également.
05:31 Bonsoir Christian.
05:32 Bonsoir.
05:33 Ravi de vous retrouver.
05:34 Pour toute une génération d'investisseurs c'était quelque chose qui paraissait impossible.
05:38 Il y a peut-être encore 12, 18, 24 mois de cela, voire la Banque du Japon, réglait sa politique monétaire dans un sens différent.
05:47 C'est-à-dire pas celui de l'accommodation permanente et toujours plus importante mais un ajustement qui permet à la Banque du Japon de sortir symboliquement en tout cas de sa politique de taux négatifs et de sa politique de contrôle des taux.
06:00 Quels commentaires ça vous inspire Christian ?
06:02 Déjà les mouvements de marché ont été tout à fait raisonnables autour de ces annonces.
06:07 Le terrain semble-t-il était bien préparé.
06:09 La question étant est-ce que c'est simplement un ajustement symbolique comme je le disais ou est-ce qu'on est au début peut-être d'une nouvelle stratégie ou d'un nouveau réglage de la politique monétaire japonaise ?
06:21 Alors déjà première chose c'est quand même un ajustement important.
06:24 Alors c'est vrai que ça peut paraître on va dire ils avaient des taux à -0, 1%, 0. Ils sont passés de 0 à +0,1.
06:31 Alors vous allez me dire c'est rien du tout mais c'est quand même très important parce qu'on sort des taux négatifs.
06:36 On sort du fait que les banques sont pénalisées, c'est elles apportent des inéqualités, ça leur coûte de l'argent.
06:40 Maintenant elles vont être rémunérées et ça, ça change quand même énormément de choses dans un fonctionnement d'un système.
06:45 Deuxième élément quand même qui est très important c'est qu'ils arrêtent d'avoir un objectif sur le taux à 10 ans.
06:51 Ça c'était important puisque à un moment donné le marché ne fonctionnait plus.
06:55 À partir du moment qu'une banque centrale vous dit le taux à 10 ans il doit être à tel niveau,
06:59 j'achèterai autant ce qui est nécessaire pour que le taux à 10 ans soit à ce niveau là, ou je vendrai quoi qu'il arrive.
07:05 Donc il n'y a plus de marché et ils ont tué en grande partie leur marché obligataire.
07:08 D'où l'énorme prudence que l'on voit aujourd'hui au niveau du gouverneur de la BOJ qui dit attention là on a passé une étape très importante.
07:15 Ça peut paraître anecdotique mais juste pour vous donner une idée, il faut de nouveau avoir des courtiers qui vont traiter la dette.
07:22 Il faut de nouveau avoir des échanges sur ces marchés puisque vous aviez tué l'état japonais et se finançait directement auprès de la banque centrale qui prenait l'essentiel des émissions.
07:31 Donc rien que ça c'est quand même un énorme pas parce qu'on revient à des choses...
07:35 Il y a tout un pan de l'écosystème financier à reconstruire quoi.
07:38 Il y a quand même tout un système à remettre en place et d'ailleurs on ne le sentait pas très à l'aise.
07:42 On le sent que voilà ils l'ont fait prudemment, ils ont bien souligné qu'ils achèteraient autant que par le passé de dette japonaise.
07:49 Donc ils veulent vraiment marquer, on est prêt.
07:52 S'il y a le moindre dérapage on agira massivement.
07:55 Donc ils vont remettre un peu le mécanisme de marché mais on voit que c'est quand même important et c'est pas facile de sortir de ces politiques non conventionnelles.
08:02 Et ça c'est un grand enseignement que doivent prendre tous les banquiers centraux à mon avis.
08:05 Les taux négatifs, tout ce qui est objectif sur la courbe des taux, déformation de la courbe des taux, c'est très difficile de revenir en arrière et c'est très coûteux de revenir en arrière aussi.
08:15 Et de ce point de vue là c'est une leçon mondiale, personne n'a envie de retourner à l'époque des taux d'intérêt nul, voire négatif.
08:23 On ne va pas dire jamais jamais.
08:24 Non bien sûr mais si l'avenir permet d'éviter de retourner à ce genre de politique monétaire tout le monde sera content.
08:30 Je pense que c'est le premier renseignement qu'on pourrait avoir.
08:32 Après il y a aussi l'aspect aussi que pourquoi acheter des ETF actions quand vous avez l'indice Nikkei qui est au plus haut, ça devenait quand même un petit peu risible aussi cet élément là.
08:41 Je vous rappelle que la Banque Centrale du Japon est le premier émetteur d'ETF du monde.
08:45 C'est pour vous montrer.
08:46 Le détenteur d'ETF.
08:47 Voilà, pour vous donner juste l'idée parce qu'ils fabriquent eux-mêmes leurs ETF.
08:52 C'était même le premier ETF provider du monde si vous prenez.
08:56 Donc ça vous donne un peu l'impact qu'elle avait donc ça c'est quand même des choses qui sont plutôt positives.
09:01 Alors deuxième question, est-ce qu'on va plus loin ?
09:04 Et là on les sent quand même assez prudents parce que j'ai le sentiment qu'ils ont vraiment dit là on a une fenêtre.
09:10 On a une fenêtre qui s'ouvre, on a l'inflation qui est restée quand même relativement résiliente même si elle a tendance un petit peu à se calmer.
09:16 Ça fait 12-18 mois qu'il y a plus de 2% d'inflation au Japon, c'est ça plus d'un an.
09:20 Donc ça montrait qu'ils pouvaient commencer à faire quelque chose.
09:25 Ils ont eu le retour que les entreprises ont plutôt fait des hausses de salaire importantes.
09:29 En moyenne c'est autour de 5,30 mais bon globalement on est sur des hausses de salaire qui sont suffisamment fortes pour redonner du pouvoir d'achat aux ménages.
09:37 Et finalement ça peut-être stimuler un peu la consommation.
09:40 Donc ils se disent on peut un peu normaliser un moment où les ménages japonais vont avoir du pouvoir d'achat.
09:44 Donc ça intervient en bon moment quand même.
09:47 Et donc finalement on sent qu'ils ont pris un peu cette porte pour remonter.
09:51 Moi personnellement, alors ça n'engage que moi, j'ai le sentiment qu'ils n'iront pas beaucoup plus loin.
09:56 Mais pas beaucoup ça ne veut pas dire qu'ils s'arrêteront là ?
09:59 Je ne sais même pas, on verra.
10:01 Parce qu'il dit quand même à un moment donné, il faut quand même que l'inflation donne des bons signes dans les prochains mois.
10:06 En gros il faut qu'on soit sûr que l'inflation se maintienne.
10:09 Et comme on est quand même sur les derniers chiffres plutôt sur un ralentissement de l'inflation,
10:13 ils voudraient plutôt une accélération un peu de l'inflation pour être certains qu'ils poursuivent derrière.
10:17 Donc je pense que déjà ils vont faire une longue pause pour voir si les marchés refonctionnent normalement.
10:23 Et ils réduiront sûrement les achats de titres d'Etat au fur et à mesure
10:28 pour laisser de plus en plus les mécanismes de marché se remettre en place.
10:31 Mais de là à remonter énormément et être au directeur, je pense qu'il ne faut pas le miser.
10:35 Et d'ailleurs je pense que c'est en partie pour ça que les marchés ont bien réagi à ça.
10:39 Que vous avez le Yen qui s'est déprécié, que vous avez la bourse, l'indice Nikkei qui s'est apprécié.
10:43 Alors c'était attendu, il n'y a pas eu de surprise.
10:45 Donc on peut dire qu'il n'y a pas eu d'effet négatif parce qu'il n'y a pas eu de plus
10:48 que ce qui était annoncé dans le journal Nikkei de samedi.
10:51 Donc ça je dirais que c'est la bonne surprise.
10:53 Mais c'est peut-être aussi dans l'idée que ça y est, on a tourné la page
10:56 et qu'il n'y aura pas forcément beaucoup plus derrière.
10:59 Et moi je perçois plutôt la bonne tenue de l'indice Nikkei dans cette idée-là.
11:03 Il a dit, c'est un indicateur qui veut le regarder, c'est comment évolue le risque de surprise
11:08 à la hausse sur l'inflation dans les projections qui sont faites par les équipes de la Bank of Japan.
11:13 C'est quand même très fin.
11:15 Voilà, c'est-à-dire qu'on continuera mais s'il y a la quadrature de cercle
11:19 et si toutes les planètes sont bien alignées, on le fera.
11:22 Mais il faut vraiment que tout soit bien aligné.
11:24 C'est un peu ce qui ressort.
11:25 Qu'est-ce que ça vous inspire ?
11:26 Alors oui, le Japon c'est loin, oui le Japon c'est un marché particulier,
11:30 c'est un cas d'investissement particulier.
11:32 Mais moi de mes 15 ans de suivi de marché,
11:34 je n'ai jamais autant parlé du marché japonais que depuis un an maintenant.
11:37 C'est quand même un marché que beaucoup découvrent ou d'autres redécouvrent aujourd'hui.
11:41 Ce qui est intéressant effectivement c'était quand même le marché
11:44 qui avait testé les taux négatifs bien avant l'Europe et pour une durée beaucoup plus longue.
11:48 Il faut quand même rappeler pourquoi.
11:50 Parce que c'est un pays qui a un vieillissement de la population
11:53 qui est malheureusement beaucoup plus avancé que chez nous
11:55 et où il y a toujours eu un problème sur la croissance.
11:57 Et une sorte de déflation structurelle, un peu liée au fait aussi
12:01 que les ménages financent sans rechigner le déficit budgétaire.
12:05 Donc ils ont des taux de déficit, enfin de dette sur pipe.
12:09 Oui, il y a plus de 200 points.
12:10 De toute façon en cash flow, comme de toute façon les gens réinvestissent en permanence,
12:13 l'État n'est pas très stressé.
12:14 Mais pour autant je pense qu'il maintenait les taux très faibles.
12:17 En fait c'était tout simplement cette déflation un peu structurelle.
12:20 Et alors je suis d'accord que le rebond d'inflation qu'on a eu récemment
12:24 est probablement lié au post-Covid, des éléments qui n'ont peut-être pas duré.
12:30 Mais c'était certainement une bonne opportunité pour la Banque du Japon
12:33 de se casser un petit peu cette spirale, revenir un peu à des taux positifs,
12:37 profitant d'une inflation qu'on n'avait pas vue depuis peut-être 30 ans au Japon.
12:41 Et en fait c'est ça qui bloquait les taux.
12:44 Donc c'est pas une mauvaise chose qu'on essaie de revenir à un territoire plus normal.
12:48 Mais pour autant ça ne veut pas dire que la croissance au Japon va être phénoménale
12:53 parce que les éléments démographiques pèsent de toute façon.
12:57 Est-ce que c'est le genre d'événement qui peut avoir un impact sur l'ensemble des marchés
13:03 et les flux financiers globaux ?
13:05 C'était une crainte, je me souviens, ça fait déjà plus d'un an qu'on parle
13:08 d'une sortie possible des taux négatifs au Japon.
13:11 Et les premiers commentaires ou les premières réactions c'était de dire
13:14 "Ouh là là, attention, il y a tellement de positions de carries accumulées
13:18 et puis les Japonais achètent notre dette etc.
13:20 Qu'est-ce qui va se passer s'ils se remettent à acheter de leur dette
13:24 avec des taux d'intérêt positifs ?
13:27 Dans les années 80, quand les Etats-Unis montaient leurs taux,
13:29 on avait peur que les émergentes ou d'un coup flanquent.
13:31 Il y a historiquement effectivement eu du carrie entre le Japon et les Etats-Unis.
13:35 Je ne mesure pas exactement les quantités, je pense que vous n'êtes plus à même là-dessus.
13:39 Les Japonais sont les premiers détenteurs des dettes américaines.
13:42 Dans les non-résidents, c'est les premiers détenteurs.
13:45 Donc aujourd'hui, une grosse partie des flux de ce qu'on appelle les indirects builders
13:48 qui prennent à peu près entre 50 et 60, plutôt autour de 60% des émissions du trésor américain,
13:54 c'est en grande partie maintenant les Japonais.
13:56 Donc si ça remonte, ça peut indirectement mettre une légère pression sur les taux longs.
14:01 Des arbitrages qui peuvent se faire un peu plus en faveur de la dette japonaise
14:04 que de la dette extérieure.
14:06 Elle était artificiellement faible, donc il y avait une sorte de financement automatique des dettes US notamment.
14:11 Si c'est un peu plus dur au Japon, en effet, ça peut être un vent de face de plus,
14:16 j'allais dire, sur la question des taux.
14:17 Mais après, tout a un prix.
14:18 Ça peut faire monter les taux américains, c'est tout.
14:20 Les taux réels américains peuvent monter suite à ça.
14:22 Mais ce n'est pas forcément que d'un seul coup, plus personne va financer l'Etat américain.
14:26 Ça ne sèche pas non plus la demande pour les trésoriers, je l'ai bien compris.
14:29 On n'est pas en train de parler d'un crac obligataire.
14:31 On est en train de parler juste d'un ajustement des taux américains face à ça.
14:33 Qu'est-ce qui se passe au Japon, Thomas ?
14:36 Vous rentrez de plusieurs semaines en Asie.
14:38 Il y a des développements stratégiques pour TKO Capital là-bas, dans cette région du monde.
14:41 Vous avez été plusieurs semaines au Japon notamment.
14:44 Qu'est-ce qui se passe ?
14:45 Est-ce qu'il y a un vrai renouveau de l'investissement, comme on ne l'a pas vu depuis plus d'une génération peut-être ?
14:49 Oui, il y a ça.
14:51 Juste pour revenir sur ce qui a été dit, je pense qu'effectivement, le sujet,
14:54 ce n'est pas forcément quelque chose de spectaculaire sur les valorisations de tel ou tel actif.
15:01 Mais c'est un problème de liquidité aussi, à mon avis.
15:04 Le Japon, c'était quand même une source de liquidité pour le monde.
15:07 En plus des politiques accommodantes Covid qui sont peut-être en train de s'essouffler un petit peu,
15:13 on le voit aux Etats-Unis, ou l'attente d'un stimulus chinois.
15:17 Il y avait aussi ça.
15:18 Et donc ça, il faut voir ce que ça fait sur la liquidité.
15:20 Une liquidité qui n'est déjà pas très en forme, à la fois sur les marchés cotés et sur les marchés non cotés.
15:24 Donc moi, c'est plus ça qui m'inquiète que l'action, on va dire, les mouvements de prix sur tel ou tel classe d'actifs.
15:31 Mais oui, au Japon, il se passe beaucoup de choses sous la surface.
15:35 Et notamment avec l'arrivée d'une nouvelle génération de CEO japonais dans les sociétés.
15:41 Donc il n'y a pas beaucoup de jeunes au Japon, mais il y en a quand même.
15:44 Et ils sont en train de prendre le contrôle des sociétés grandes et petites.
15:48 Et ça déclenche beaucoup, beaucoup de choses.
15:50 On peut le voir sur les marchés cotés avec l'augmentation notamment des paiements de dividendes.
15:55 Cette nouvelle génération est quand même plus focalisée sur la création de valeur pour l'actionnaire que la génération précédente.
16:02 Et ça déclenche en fait pas mal de choses.
16:06 Alors meilleure probablement augmentation des retours sur capitaux investis sur les sociétés cotées ou non cotées.
16:12 Mais aussi le démarrage d'une vraie activité de private equity au Japon qui était quasiment inexistante.
16:17 Parce qu'au Japon vous avez quand même des sociétés qui sont soit des grandes sociétés qui sont des conglomérats qui font un peu tout.
16:23 Soit des petites sociétés qui sont détenues par des familles.
16:26 Avec des banques qui financent agressivement ces petites sociétés.
16:30 Et donc pas beaucoup de place pour le private equity et pour la dette privée.
16:33 Et en fait avec cette nouvelle génération de CEO vous avez des spin-off, beaucoup de spin-off.
16:38 Vous avez des changements générationnels aussi dans les sociétés de taille moyenne.
16:41 Et donc vous avez un vrai démarrage du private equity japonais.
16:44 Ça on le sent vraiment. J'ai eu la chance de rencontrer la maire de Tokyo qui est très investie dans ce genre d'initiatives.
16:51 Notamment une initiative qu'ils appellent Sushi Tech. Sustainable High Tech.
16:55 Et en fait on sent qu'il y a un frémissement du private equity japonais qui est très intéressant à mon avis pour la création de valeur.
17:02 Et c'est un private equity japonais ou c'est le private equity global mondial qui va venir se saisir de ces opportunités ?
17:08 C'est les deux.
17:09 Vous étiez là pour ça mais d'autres grands noms du private equity ont tous rouvert des bureaux au Japon depuis quelques mois maintenant.
17:15 Bien sûr. Alors ça reste quand même, je crois que la proportion de deals secondaires de LBO par exemple.
17:21 Donc tu as un fonds de LBO qui vend un autre fonds de LBO et très très faible.
17:24 Le pourcentage c'est moins de 10% un truc comme ça.
17:27 Donc c'est encore un marché complètement naissant et très orienté à l'aventure.
17:31 Des maillons à construire quoi.
17:32 Mais effectivement ça va. Il y a beaucoup de fonds locaux qui sont en train de se mettre en place et de se développer et ça c'est hyper intéressant.
17:39 Et vous dites qu'il y a quelque chose de structurel quand même.
17:41 En tout cas dans la sphère de l'investissement il y a quelque chose de nouveau, de structurel qui est en train de s'établir au Japon.
17:46 C'est un pays, c'est un marché pour l'investisseur global qui va avoir une place plus importante dans les années à venir que ce qu'il a eu depuis 34 ans maintenant, depuis le krach de 89.
17:58 Je pense que c'est un marché où la création de valeur pour l'actionnaire va être beaucoup plus intéressante que sur les 30 dernières années.
18:03 Mais ça va prendre un peu de temps et ça passera aussi par des erreurs d'allocation de capital comme d'habitude.
18:12 Après ça s'est reflété dans les valorisations. Aujourd'hui ça commence à être cher.
18:17 Vous avez aussi beaucoup d'argent qui, je suis passé un peu de temps en Chine, beaucoup d'argent qui sort par Hong Kong de la Chine et qui va s'investir au Japon.
18:26 Oui, parce que les institutionnels chinois ont subi des revers sur l'immobilier, sur les actions.
18:37 Il faut trouver d'autres sources d'opportunités.
18:40 Quand vous essayez de limiter un peu ce que vous faites aux Etats-Unis, ils investissent quand même aux Etats-Unis, mais il vous reste en gros l'Europe, l'Inde et le Japon.
18:51 Le Japon reçoit beaucoup de flux de ce type de marché.
18:54 C'est quoi les grandes thématiques d'investissement pour toute cette nouvelle génération d'investisseurs en private equity qui vient s'intéresser au Japon ?
19:02 Alors tech, beaucoup, avec un certain savoir-faire japonais dans beaucoup de domaines, semi-conducteurs, robotiques, etc.
19:11 Donc beaucoup de tech, impact investing, énorme, avec l'impact de Fukushima, etc.
19:16 Très sensible aux questions impact.
19:21 Et puis tous les sujets industriels.
19:26 C'est un marché structurellement qui va avoir plus d'intérêt dans les prochaines années ?
19:31 Oui, parce que je pense qu'on va revenir peut-être plus sur la logique.
19:35 On joue la bourse japonaise parce que le Yen baisse.
19:38 C'était la rentrée permanente.
19:41 On a jeté un peu les valeurs exportatrices, qui juste pour un effet changent.
19:46 Et au final, on ne faisait pas de performance.
19:48 C'était un peu toujours les mêmes qui montaient.
19:51 C'était du Toyota, du Nintendo.
19:54 C'était très concentré, ce qu'on connaît un peu en ce moment.
19:57 Mais qui était très concentré sur ses valeurs exportatrices, un peu mondialisées.
20:00 Parce qu'on ne jouait pas le marché domestique.
20:02 Et ça, on va découvrir ce point-là du marché aujourd'hui.
20:05 Je pense qu'il y a une partie du marché qui va redevenir un peu plus attrayant.
20:08 Et puis surtout, si on a un Yen qui n'est plus toujours sous pression,
20:11 ça peut redevenir intéressant de rejouer un petit peu pour des non-résidents la bourse japonaise.
20:18 Mais ça, je pense que ça vient sur aussi le fait qu'on peut peut-être avoir un petit redémarrage au Japon,
20:25 qui ne sera pas sur des taux de croissance chinois, qui ne sera pas sur des taux de croissance indien.
20:29 Attention, il y a quand même un vieillissement de la population.
20:32 Mais je pense qu'il y a sûrement des valeurs domestiques aujourd'hui au Japon qui sont largement délaissées
20:38 et qui peuvent profiter d'un petit retour et d'une repondération dans la diversification des portefeuilles.
20:44 Je rappelle, c'est un des rares grands mouvements de Warren Buffett ces derniers mois avec Berkshire Hathaway,
20:49 c'est de racheter des trading houses japonaises.
20:52 Comme au bon vieux temps, diront certains.
20:56 Il a Apple et les maisons de courtage japonaises.
21:00 Un mot de la fête, rapidement peut-être Christian.
21:04 Si c'est la question, Jérôme Poil nous disait fin janvier qu'on a besoin d'une plus grande confiance.
21:10 Bon, bah voilà, six semaines après, comment évoluer la confiance de la Fed ?
21:15 Dans la capacité de l'impression à revenir à 2% !
21:18 Il nous a même dit durant son allocution devant le congrès américain
21:23 qu'il avait juste besoin de deux bonnes statistiques d'inflation pour commencer à baisser les taux.
21:28 Deux bonnes, il ne les a pas eues. Deux bonnes, il n'a pas eu les premières.
21:31 Il est un peu parté pour le moment, mais je pense qu'il est assez colombe et que pas mal de membres le resteront.
21:36 Tout le monde va se focaliser sur le Dow chart.
21:39 Il faut être honnête, sur le niveau des taux qu'ils nous disent à la fin de l'année.
21:43 Parce que de là, on en déduit combien de baisses de taux ils font et puis ça donne un peu un timing.
21:48 Franchement, sur les marchés, s'ils baissent en juin, en juillet ou en septembre, ça ne change pas la face du monde.
21:53 Ce qui sera plus important, c'est de savoir s'ils en font trois, s'ils en font deux ou une.
21:57 Ou zéro !
21:58 Mais là, je pense qu'ils ne vont pas se mouiller.
22:01 Et comme ils savent que tout le monde attend ce Dow chart, je pense qu'on va rester peut-être sur un truc relativement modéré.
22:09 Ou en tout cas, on va se retrouver sur quelque chose qui n'envoie pas un message totalement divergent.
22:13 Donc moi, je serais même prêt à jouer l'idée qu'ils vont dire la même chose.
22:17 Je me souviens que le dernier Dow plot ou Dow chart, comme vous dites, de décembre, 13-14 décembre, a été fait parfois en dernière minute par des banquiers centrales.
22:25 Je crois qu'il l'avait raconté, Powell, en disant que les prix à la production étaient sortis juste avant.
22:29 Ils entrent dans la composition du PCE.
22:31 Il y avait une vraie surprise à la base sur le PPI.
22:33 Et donc, les banquiers centraux pourraient anticiper que le PCE allait être beaucoup plus bas que ce qu'ils imaginaient pour le mois de novembre, en l'occurrence.
22:39 Et donc, certains avaient modifié leur point jusqu'à la dernière minute dans le FOMC de décembre.
22:45 Après, tout le monde a d'accord d'importance.
22:48 Mais je pense qu'en ce moment, ils n'ont pas intérêt à changer les anticipations en termes de timing.
22:52 Par contre, ce qui sera beaucoup plus important, à mon avis, c'est d'ajuster le quantitative tightening, la vitesse de réduction de la taille du bilan de la Fed.
23:06 Il y a eu un discours important du vice-président de la Fed qui nous a dit que pour lui, il va aller faire des modifications assez importantes.
23:13 Je ne rentre pas dans le détail, mais acheter plus du court terme, réduire beaucoup plus, être beaucoup plus flexible.
23:17 Mais ça joue quand même pas mal sur la liquidité.
23:19 Et Powell nous a dit à la dernière conférence de presse qu'ils en parleraient au mois de mars.
23:24 Donc, c'est sûr qu'ils vont en parler.
23:26 La seule question, c'est ce qu'ils vont nous délivrer et nous dire, est-ce qu'on ralentit ou pas le quantitative tightening ?
23:31 Vers où on va vers la bonne taille de bilan au niveau de la Fed ?
23:35 Là, les questions commencent à réellement se poser.
23:37 Et là, par contre, ça peut être un élément qui peut être un peu plus market mover.
23:40 Parce que si le marché se dit qu'ils ne vont plus reprendre la liquidité comme avant ou beaucoup moins rapidement, ça peut être des petits éléments qui peuvent faire bouger le marché.
23:47 Ce qui est fascinant, Alain, du point de vue du marché, c'est que le marché avait besoin de 7 baisses de taux anticipées de la Fed pour monter en fin d'année dernière.
23:56 Et puis, il continue de monter alors que maintenant, il n'anticipe plus que 3 baisses, voire peut-être moins pour cette année.
24:03 Oui, mais le problème, en fait, c'est que, vu d'un point de vue action, on est plutôt biaisé action, c'est que pour l'instant, on attend toujours la baisse des taux.
24:12 Et comme le disait Christian, malheureusement, les derniers chiffres ne permettront pas, à mon avis, à Jérôme Powell d'être plus doviche qu'il ne serait déjà.
24:23 Ils ont envie de l'être. Ils vont sans doute suggérer que ça pourrait se passer en juin. Mais ils ne pourront pas l'affirmer parce que malheureusement, les dernières données sont insuffisantes.
24:34 Donc pour l'instant, je dirais que le marché est un peu... Alors, il sait. Le marché reste convaincu que ça va arriver.
24:40 Que le prochain mouvement sera une baisse.
24:42 Oui, que la baisse des taux va arriver. The question is when. Pour l'instant, tout le monde l'espère pour le mois de juin.
24:47 Et en attendant, tant qu'on n'est pas sûr, finalement, il y a un nombre de secteurs qui ne marchent pas.
24:52 Les fonctions, pour l'instant, elles sont en attente de ça. Il n'y a rien à faire.
24:55 Donc ça bloque toute une partie de la revalorisation du marché qu'on peut espérer ou qu'on peut attendre.
25:00 Tant que la baisse des taux n'arrive pas, ou tant qu'on est toujours en attente, un peu comme Seran, la baisse des taux, en attendant, ce qu'il monte, c'est les trucs bulletproof.
25:09 C'est-à-dire sur des thématiques fortes, quoi, qui arrivent. C'est-à-dire la technologie artificielle, la tech, la transition énergétique, sur les valeurs type Schneider et compagnie.
25:18 Là, on sait que ça marche. Et dans l'attente de la baisse des taux, tous les flux vont vers un nombre assez limité de très grosses capes.
25:26 Donc c'est un "forescone", en fait.
25:27 Et sur le reste, regardez la hausse, en dehors de ces 10, 20, 30 dollars, c'est un "forescone" aux Etats-Unis, mais également en Europe.
25:35 Le Russell 2000, il est encore quasiment flat. Et même si vous prenez le DGCC en Europe, le large 200, il est à 7,8, mais le small 200, il n'est pas loin de zéro.
25:46 Donc c'est toujours un effet... En fait, le marché n'a pas vraiment décollé dans son ensemble. Donc il y a une sorte de frustration, quand même.
25:53 Et j'ai peur que si le discours reste un peu mi-figue, mi-raisin, ça ne va pas vraiment changer dans l'immédiat.
26:00 Alors, ça ne veut pas dire que le marché va baisser, mais on risque de conserver cette polarisation au bénéfice des valeurs les plus sécures, visibles, certaines.
26:08 Et tout ce qui est à la baisse des taux, tout ce qui est un peu plus cyclique, il y aurait besoin de la baisse des taux aussi pour que l'économie accélère, reste un petit peu sur sa fin pour l'instant.
26:17 Thomas, sur ces considérations de politique monétaire, ce mouvement de repricing, on a quand même divisé par deux au moins le nombre de baisses de taux qu'on anticipait cette année.
26:25 Et sur l'idée de cette croissance désinflationniste qui a été la grande histoire de 2023, est-ce que c'est quand même un schéma macro qui atteint peut-être ses limites, quand on est passé de 10 à 3% d'inflation maintenant ?
26:36 Bon, nous, on n'a jamais cru aux 7 baisses de taux.
26:39 Il n'a rencontré personne qui a cru, en fait. C'est ça, le mystère de ce pricing.
26:44 Le commerce monétaire qui le pique des...
26:47 Plusieurs choses. La première chose, c'est qu'effectivement, si les taux d'intérêt courts ne baissent pas dans les proportions attendues, c'est peut-être les taux d'intérêt longs qui sont un peu trop bas.
26:57 Et ça, nous, c'est notre grande thèse. Alors c'est sur le long terme qu'on dit ça, parce qu'effectivement, les trajectoires budgétaires des États-Unis, mais aussi d'autres pays développés, notamment les pays européens, sont quand même assez inquiétantes.
27:09 Et les acheteurs marginaux, que ce soit Banque centrale, Chine, Japon, pays qui ont historiquement eu des grosses réserves de change en dollars et qui en ont moins besoin maintenant parce que l'Inde peut acheter son pétrole dans d'autres devises que le dollar, que le Brésil peut acheter des machines pour ses mines à la Chine.
27:26 En fait, effectivement, le problème est plutôt sur les taux longs. Ça, c'est la première chose.
27:31 L'autre chose, c'est qu'on commence à voir, je pense, les premiers effets de taux élevés sur vraiment l'économie américaine, c'est-à-dire que le taux de financement, les coûts de financement des entreprises, notamment des entreprises de taille intermédiaire, a quasiment doublé depuis le début du cycle d'hausse des taux.
27:49 Ça, ça commence à peser. On commence à voir les défauts augmentés. Ça se traduit dans les marchés liquides, dans les sprites, par exemple, triple C. Si vous regardez les sprites de high yield sont quand même très serrés, mais les sprites triple C sont plus larges que pendant la crise de la Covid.
28:04 Et c'est le cas en Europe aussi, d'ailleurs. Donc, ça montre bien qu'on anticipe une augmentation des défauts. Dans la dette privée, on commence à voir des défauts augmentés dans le high yield, dans les leveraged loans.
28:16 Les particuliers aussi, on commence à voir les premiers signes de dessoufflement parce que le financement est plus cher. Et donc, ça, ça commence à avoir un impact sur les entreprises, sur la consommation, sur les marges, petites, mais ça commence.
28:29 Mais c'est un mouvement qui est amené à se diffuser selon vous, qui nécessitera peut-être d'ailleurs un coup de circuit à un moment du point de vue de la Fed. Est-ce que c'est un peu l'idée qu'il faut avoir ?
28:37 Parce que vous dites les défauts augmentés sur le triple C, mais effectivement, sur le high yield, ça ne s'est pas du tout ressenti. Il n'y a pas eu de diffusion de ce stress sur le triple C.
28:46 Pour l'instant, non.
28:47 Les entreprises proches du défaut, ce n'est pas remonté, j'allais dire, sur les autres notations crédibles.
28:51 Pour l'instant, non. Donc, pour l'instant, on est encore un peu dans l'euphorie qui est de dire 1) les taux vont quand même baisser. Et 2) l'IA va sauver le monde. Je pense qu'on est encore un peu dans cette euphorie-là.
29:06 Après, sur l'inflation, je ne suis pas économiste, mais je pense que la partie de vaincre l'inflation cyclique, on y est quasiment. Maintenant, il y a l'inflation structurelle.
29:19 Ça, on l'a toujours dit. L'inflation structurelle sera beaucoup plus compliquée à défaire, en particulier dans un contexte de démondialisation.
29:25 On voit bien quand même que, même si la Chine commence à exporter de la déflation, les mesures protectionnistes, le fait de créer de la résilience...
29:34 Si vous regardez juste sur la transition énergétique, aujourd'hui, le GIEC et l'Agence internationale de l'énergie commencent à parler du budget qui va devoir être consacré à ce qu'on appelle l'adaptation.
29:46 L'adaptation est un marché à peu près de 2 trilliards de dollars. Et ça, c'est des investissements qui, dans un monde où c'est l'efficience qui règne, ne devraient pas être faits.
29:56 C'est juste renforcer les infrastructures pour qu'elles soient résistantes à un réchauffement climatique. Et ça, pour moi, c'est inflationniste.
30:04 Vous avez ces choses-là. Et ça, ça va être très difficile à vaincre pour les banques centrales.
30:10 Patcher les vulnérabilités, ça va être un grand thème, effectivement. Et c'est aussi un thème d'investissement.
30:15 Mondialisation, changement de mix énergétique, tout ça, c'est quand même un peu inflationniste. Et c'est ça qui va être dur à maîtriser.
30:25 Oui, bien sûr. Bon, après, on m'a expliqué pour les actions. Le vrai sweet spot, c'est entre 2 et 3 % d'inflation.
30:31 Oui. Après, les actions ne sont pas sensibles à l'inflation. Vous êtes protégé puisque vous recevez une rémunération qui est complètement indexée sur l'inflation.
30:41 Et entre 2 et 3 % d'inflation, c'est là où les valorisations des marchés actions peuvent être les plus élevées.
30:46 Ce n'est pas forcément gênant. Ce qui est gênant pour les marchés, c'est si, face à cette inflation structurelle, on a une réponse des banquiers centraux qui est stricte
30:54 et qui disent « Non, je ne supporte pas 3 %, c'est des hausses de coût de production, mais moi, je veux une inflation à 2 ».
31:01 Et donc, à ce moment-là, ils vont freiner beaucoup plus l'activité. Et donc, c'est un aimant important.
31:06 Juste un petit bémol que je mettrai par rapport à ça. Vous pouvez avoir des hausses de coût dans certains secteurs, mais ça peut créer de la déflation dans d'autres secteurs.
31:14 Je vous prends un exemple. La vraie inflation, c'est la boucle prix-salaire. Il ne faut pas se glorer.
31:18 Si vous avez, par exemple, demain les prix de l'énergie qui en demandent énormément pour les ménages, ça ne va pas faire plaisir à personne.
31:25 Vous allez consacrer une plus grande partie de votre budget à l'énergie. Mais derrière, si votre salaire ne vous en demande pas, vous allez couper votre consommation de d'autres biens.
31:34 Ou alors, il va falloir baisser les prix sur les autres biens. Donc, attention, je suis d'accord, sur le coût, il va y avoir des hausses de coût.
31:41 Ça veut dire que moi, je pense que dans les prochaines années, on va avoir une inflation sur les prix des biens beaucoup plus forte qu'on a observée.
31:48 Vous savez, on disait toujours « les prix des biens baissent, mais l'inflation, c'est dans les services ».
31:52 Et donc, en moyenne, on est à 2, mais avec une inflation plus forte dans les services et des prix des biens qui sont 0 ou moins quelque chose.
31:59 Là, je pense que demain, on aura des prix des biens, des biens et biens énergétiques qui vont être positifs, mais une déflation dans les services.
32:07 Et en plus, cette déflation, je ne vais pas faire mon côté, mais avec l'intelligence artificielle, naturellement, c'est une grosse source de gains de productivité dans le secteur des services, pas dans l'industrie.
32:15 Parce qu'en industrie, on a déjà des robots et tout ça. Ce n'est pas là où vous avez le plus gros gain de productivité, c'est dans les services.
32:20 Et donc, ça va être très déflationniste sur les services. Et je pense qu'effectivement, c'est là qu'on va voir véritablement.
32:26 Donc, je ne suis pas forcément convaincu d'un retour de l'inflation structurelle.
32:30 Non, mais on retrouve un peu ce schéma en carte, c'est-à-dire des secteurs qui seront dans des spirales, des inflationnistes ou déflationnistes,
32:36 et d'autres secteurs qui seront soumis à des chocs plutôt inflationnistes.
32:41 Après, dernière chose, toute la question, et c'est ça ce qui fera réagir les marchés, c'est comment les banquiers centraux vont aussi appréhender cette inflation.
32:50 Est-ce qu'ils vont vraiment baser là-dessus ? C'est pour ça que je pense que le discours, alors on se moque beaucoup de la BCE en disant
32:55 « La BCE regarde que les salaires, ils nous tiennent un discours, boucle prix-salaire », ce n'est pas qu'ils croient véritablement, je pense, à un vrai retour de la boucle prix-salaire.
33:02 Mais c'est qu'ils veulent montrer que pour eux, ce qui est vraiment important, c'est l'inflation domestique, l'inflation sur les services.
33:08 Et donc, ce qui est vraiment important pour eux, c'est que les salaires n'accélèrent pas sur un rythme insoutenable.
33:13 Après, si les salaires ne bougent pas, vous pouvez avoir des chocs inflationnistes. C'est clair que la BCE ne va rien faire sur les cours du pétrole, la BCE ne va rien faire sur les prix du gaz.
33:22 Mais elle considère que si elle fait en sorte qu'il n'y ait pas de boucle prix-salaire, elle peut considérer qu'on sera, quoi qu'il arrive, sur une inflation temporaire, et que son objectif d'inflation sera maintenu.
33:32 Donc c'est pour ça que je pense qu'elle est aussi focalisée là-dessus. Alors après, on a été rassuré sur certains points.
33:36 Il y a la cible et la notion de stabilité des prix aussi, qui compte beaucoup pour les banques centrales.
33:41 C'est d'être crédible sur sa cible, mais c'est surtout le fait que derrière, on n'est pas une inflation qui accélère très forte ou l'inverse.
33:47 On retomberait en déflation. Et donc finalement, ce qui est toujours négatif dans l'inflation, c'est les mouvements brutaux d'inflation, comme on a observé.
33:56 Ce n'est pas si on se stabilise à 3, ils diront qu'on est au-dessus de notre objectif, ok, mais si ça reste à 3, on s'en moque.
34:03 Franchement, on ne vivra pas plus mal, on ne vivra pas mieux que si on a une inflation à 3. Ce n'est pas le 3 qui compte.
34:08 C'est le fait qu'on n'accélère pas d'un seul coup à 10, qu'on ne revienne pas en dessous.
34:12 A stabilité.
34:13 Voilà, c'est ça.
34:14 Bon, à suivre la fête donc demain soir. Si on en vient sur l'investissement et les marchés, comment on se diversifie aujourd'hui ?
34:25 C'est-à-dire qu'il y a ce phénomène des indices de concentration, des performances également autour du thème de l'IA.
34:32 On ne peut pas être absent de la tech, de ce segment, etc. Mais qu'est-ce qu'on a envie d'avoir à côté ou en face dans des portefeuilles actions aujourd'hui ?
34:40 Je vais dire, dans l'attente de la baisse des taux, on reste quand même investi. Parce qu'on pense qu'elle va arriver, c'est sûr.
34:45 Et qu'elle sera bonne pour les marchés ?
34:47 Oui. En tout cas, dans un premier temps, oui.
34:50 J'ai vu des historiques où les marchés peuvent commencer à baisser une fois que les banques centrales enclenchent un cycle de baisse de taux.
34:57 Si elle arrive contrainte et forcée parce que l'économie est en train de s'effondrer, c'est sûr qu'elle sera réactive et non proactive.
35:04 Et à ce moment-là, ça ne marchera pas. Mais si on reste sur le schéma actuel, c'est-à-dire une économie plus aux Etats-Unis qu'en Europe,
35:09 qui finalement continue d'être un petit peu meilleure qu'attendue, qui soutient les résultats des entreprises,
35:15 si on a le coup de pouce qui vient du coup de tête du taux face à des entreprises qui ne sont pas en si mauvaise forme, on va dire, ça sera évidemment positif.
35:24 Alors comme on ne l'attend pas tout de suite, moi j'avoue que le secteur bancaire, les financières en général, ne sont pas à un mauvais point d'attente
35:31 parce qu'elles continuent d'être soutenues par des valorisations somme toute assez faibles.
35:35 Elles profitent du niveau des taux et d'une activité qui n'est pas aussi catastrophique que ce qu'on attendait.
35:40 Donc ça peut être un secteur d'attente. En revanche, pour jouer la baisse des taux, tout ce qui est foncières et autres,
35:46 je pense que ça sera vraiment performant. Mais pour l'instant, ce n'est clairement pas le cas.
35:50 Il y a eu un rebond en fin d'année pour ce segment-là, de l'immobilier coté, j'entends, des foncières, parce que les taux baissaient justement.
35:57 Et ce mouvement de rebond s'est calmé, vous dites, depuis que les taux remontent.
36:02 En janvier, il y a eu une sorte de gueule de bois sur les taux, ça a beaucoup souffert.
36:05 Mais là, quand la BCE, par exemple, a eu une dizaine de jours, je trouve que la BCE était plus constructive sur l'éventualité d'une baisse des taux en juin que pour la Fed.
36:14 En tout cas, vu la situation en Europe, ça ne me paraît pas choquant. Mais on peut être beaucoup plus convaincu à ce stade que la BCE le fera.
36:20 Maintenant, est-ce qu'elle osera le faire avant la Fed ? C'est toute la question.
36:23 En Europe, je ne vois pas pourquoi il différerait éternellement.
36:28 Autant pour la Fed, ça peut se poser juin, juillet, septembre. Autant pour la BCE, juin paraît être un maximum en termes d'horizon.
36:36 Après, si on croit à cette baisse des taux, on pourrait avoir une réitération de ce qu'on a vu en novembre-décembre,
36:42 c'est-à-dire un rattrapage de tout ce qui est en retard, c'est-à-dire les valeurs moyennes, les valeurs cycliques.
36:48 Je ne sais pas si j'irais jusqu'aux cycliques, parce que pour les cycliques, il faut aussi qu'il y ait un peu une véritable amélioration de l'économie.
36:52 Mais s'il est aux baisses, il y aura quand même cette anticipation que l'économie ira mieux.
36:55 Donc on pourrait avoir une montée des actions, mais peut-être avec un rattrapage de tout ce qui est en retard par rapport aux Magnificent Seven, etc.,
37:03 qui ne vont pas baisser, mais qui rebondiront moins parce qu'elles ont déjà bien avancé.
37:07 Est-ce qu'on peut imaginer, Thomas, que ce soit un bon moment pour réfléchir un peu en dehors des États-Unis,
37:15 y compris pour des investisseurs américains, qui sont peut-être au max quand même de ce qu'ils peuvent avoir en termes de position avec le thème de l'IA, NVIDIA, etc.,
37:23 et projeter un peu quand même de leurs investissements ailleurs dans le monde ?
37:26 C'est l'enquête mensuelle faite par les équipes de BOFA auprès des grands gestionnaires d'actifs dans le monde.
37:32 Depuis quatre ans, on n'a jamais vu une réallocation aussi forte vers les actions européennes.
37:38 Et il faut remonter à 2017, je vais voir, pour voir le mouvement de réallocation vers les actions des pays émergents.
37:44 Est-ce que c'est le début d'un signal, de quelque chose ?
37:48 Et quand on se projette sur l'investissement en actions en Europe, qu'est-ce qui vous paraît intéressant ?
37:54 De toute façon, dans toutes les régions du monde, dans tous les secteurs, l'augmentation de la dispersion est un fait.
38:02 Et donc, il y a des choses à faire partout, à condition d'être disciplinés et sélectifs.
38:08 Et en particulier en Europe, on gère 43 milliards d'actifs, 80% investis en Europe, donc on est des investisseurs très focalisés sur l'Europe.
38:20 Pour collecter l'épargne dans le monde, pour l'investir en grande partie en Europe.
38:24 Aujourd'hui, on investit beaucoup en Europe, ça changera peut-être à l'avenir, mais pour l'instant on investit beaucoup en Europe,
38:28 et notamment sur les thématiques de souveraineté européenne.
38:30 Et je peux vous dire qu'on arrive au bureau le matin, on est très excités par ce qu'on voit, en termes d'opportunités d'investissement.
38:36 Pourquoi ? Parce que vous avez, alors là on parle des actions, on ne parle pas du crédit,
38:43 mais sur le crédit vous avez d'énormes opportunités d'investissement, notamment sur tout ce qui est financement,
38:47 entreprise, financement immobilier. Sur les actions, vous avez à la fois des thématiques de recovery,
38:54 donc là je vous parle plus dans le private equity, on gère un fonds notamment de consolidation du secteur de l'aéronautique
39:01 pour des industriels et pour l'État français.
39:04 Ça c'est un secteur qui était au tapis avec le Covid pour des raisons évidentes,
39:09 et donc on a pu investir sur des valorisations relativement intéressantes,
39:13 avec aujourd'hui un redémarrage de ce secteur-là, une supply chain européenne qui est beaucoup plus consolidée qu'avant,
39:20 et donc beaucoup plus résiliente qu'avant, et des valorisations, enfin les multiples qui recommencent.
39:27 Donc vous avez un double effet de remonter des business et remonter des multiples.
39:33 Et puis vous avez aussi des cas de croissance très forte, donc transition énergétique par exemple, ou cybersécurité.
39:38 Aujourd'hui si je prends le cas de la transition énergétique, aujourd'hui entre 65 et 95% des supply chains sont contrôlés par la Chine,
39:45 mais, donc ça c'est le hardware, par contre les apporteurs de solutions dans la transition énergétique,
39:49 donc les gens qui aident les entreprises à adresser l'efficience énergétique de leurs bâtiments, de leurs process industriels,
39:55 sont des entreprises européennes. Il y a un vrai leadership européen là-dedans pour l'instant,
40:00 pas parce qu'on est plus malin que tout le monde, mais parce qu'on n'a pas eu le choix avec l'arrêt de l'accès au gaz russe,
40:04 on a dû accélérer là-dessus. Et aujourd'hui vous avez un écosystème dans lequel on est très actif chez nous,
40:10 qui est en train de développer une expertise mondiale. Donc vous avez des entreprises européennes qui se développent partout dans le monde.
40:14 Là j'ai passé beaucoup de temps en Asie, je peux vous dire que des entreprises de notre portefeuille aujourd'hui,
40:19 qui commencent à être très connues en Asie, construisent des voies de chemin de fer, des métros, des infrastructures,
40:26 elles adressent l'efficience énergétique des bâtiments, des usines, des choses comme ça, même des immeubles, de bureaux, etc.
40:33 Et ça, c'est une expertise européenne qui crée beaucoup de valeur économique pour les entreprises européennes.
40:38 Donc il y a plein de choses à faire en Europe.
40:41 Oui, mais l'initiative aujourd'hui qui m'a marqué, c'est que je me demandais comment l'Europe va profiter de la vague de l'intelligence artificielle.
40:48 C'est Novo Nordisk, la fondation Novo, qui crée un partenariat avec Nvidia, évidemment, pour développer un supercalculateur au Danemark,
40:57 et accélérer la puissance de calcul sur les sujets de santé, sur les sujets de sciences du vivant, sur les sujets de transition écologique.
41:07 On arrive quand même à aller chercher le Curvelia Nvidia pour l'amener en Europe,
41:17 et lui trouver quand même des usages qui vont permettre aussi à des boîtes d'accélérer dans ces domaines-là.
41:22 On crée un substrat quand même de quelque chose.
41:25 C'est toujours difficile de savoir l'impact économique, mais ce qui est certain, c'est qu'en recherche et développement, il va y avoir un choc d'intelligence artificielle.
41:32 Juste pour vous donner une idée, je ne sais pas si vous vous souvenez de cette nouvelle,
41:35 Microsoft a testé toutes les possibilités de batterie, de mélange de technologies qu'on peut utiliser pour faire des batteries,
41:43 et a pu sélectionner, en faisant tourner l'ensemble de ses serveurs mondiaux pendant plus d'une semaine,
41:49 les types de composants idéaux aujourd'hui connus pour faire la meilleure batterie du monde.
41:55 Après, on verra si ça peut être industrialisé, il y a tout un passage derrière.
41:59 Mais je vous laisse imaginer le nombre d'heures de recherche que ça représente d'avoir testé ça par l'intelligence artificielle.
42:05 C'est clair que demain, pour faire une voiture virtuelle, pour tout calculer, avec la montée en puissance des capacités de calcul, ça va aller beaucoup plus vite.
42:15 On aura forcément une optimisation qui va apporter. Donc ça, ça va être des vrais gains de productivité.
42:20 C'est pour ça que je parlais plus de gains de productivité. Vous allez me dire, là, c'est dans le cadre de la conception,
42:24 mais je pense aussi dans beaucoup de secteurs des services. Je pense qu'on va avoir des vrais gains de productivité dans la gestion de la connaissance,
42:30 dans la gestion de plein de choses. On aura besoin de l'humain, mais on aura des gains de productivité dans tout ça.
42:37 Donc ça, ça va être une vraie révolution et ça va jouer énormément sur la croissance économique.
42:43 Mais ça va améliorer la création de valeur dans nos entreprises européennes, dans certaines entreprises.
42:48 Et surtout, ça va forcément, et c'est là peut-être qu'on peut dire, ça va créer clairement un avantage pour les grosses entreprises.
42:55 Et c'est en ça que le marché n'a pas totalement tort en se concentrant sur les grosses que sur les petites.
43:00 Parce qu'aujourd'hui, pour une petite entreprise, ce n'est pas atteignable. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, c'est des tels investissements à faire,
43:07 avec une ressource humaine qui est rare, parce que pour faire ce type de modèle, il n'y a pas beaucoup de gens compétents.
43:13 Donc aujourd'hui, très clairement, les grosses entreprises vont être largement favorisées par ça. Ça va faire des vrais barrières à l'entrée.
43:19 Est-ce que, sans faire mon walk de service, mais l'exemple de Microsoft qui a fait tourner ses serveurs mondiaux pendant une semaine entière
43:25 pour aboutir justement à la modélisation de la batterie parfaite, est-ce que ça va soulever quand même un moment la question énergétique
43:32 de la puissance de calcul qui est exponentielle et qui nécessite... Je crois que ChatGPT, c'est 30 000 GPU pour faire fonctionner
43:40 ChatGPT aujourd'hui dans le monde.
43:42 C'est le seul élément...
43:44 Pour l'instant, on n'en parle pas. On a poussé des cris d'orfraie sur le mining des cryptos, du Bitcoin, etc.
43:49 Là, pour l'instant, je n'ai pas l'impression que ce soit un sujet qui soit sur le devant de la scène.
43:53 Là, on revient sur un vrai problème, qu'est-ce que la rentabilité de l'IA.
43:58 Et on revient sur le problème d'Adobe de vendredi. Je ne sais pas si vous avez su, Adobe a quand même un petit peu corrigé en bourse.
44:05 Pourquoi ? Parce qu'Adobe, c'est très bien, ils ont des logiciels avec de l'IA.
44:09 On va dire que c'est un vrai élément pour les photographes, pour tout ce que vous voulez, c'est très bien, c'est une révolution.
44:14 Mais sauf que le jour où le photographe est au chômage, il coupe son abonnement à Adobe.
44:18 Et donc, on revient à une problématique, activité économique.
44:21 Donc, aujourd'hui, ce qui se passe, et c'est un des gros problèmes d'Adobe, c'est que l'IA lui coûte très cher dans ses logiciels.
44:26 Mais elle ne peut pas s'en passer parce qu'elle a la concurrence maintenant des petits copains qui veulent prendre ses parts de marché.
44:31 Donc, elle est obligée d'offrir cette intelligence artificielle.
44:33 Ça augmente énormément le coût de ses logiciels de production.
44:36 Elle doit les vendre plus cher. Mais face à ça, vous avez des entreprises qui n'ont peut-être pas envie de payer.
44:41 Ou alors, qui vont dire, je ne prends qu'une version d'Adobe.
44:44 Et puis, voilà, je ne vais pas en acheter 36 000 parce que ça commence à coûter cher.
44:48 Donc, derrière, on s'est aperçu que derrière l'IA, il y a tout le problème de la rentabilité,
44:51 que l'IA est aussi sensible à la conjoncture économique.
44:54 Parce que si vous avez moins de photographes, vous aurez moins de logiciels Adobe à vendre.
44:58 Mais on va apprendre tout ça. Ça va se faire.
45:00 Mais il y aura... Donc, derrière, ça rejoint la question de la consommation d'énergie.
45:05 Elle sera acceptable à partir du moment où, économiquement, on est prêt à payer pour ce supplément d'intelligence artificielle.
45:11 Alain, sur la diffusion de l'IA à travers l'Europe, est-ce qu'il y a déjà des boîtes, des secteurs,
45:16 qui sont des cas d'investissement directement liés au développement de l'IA ?
45:20 En performance économique, c'est encore difficile à dire. En revanche, évidemment, toutes les boîtes regardent.
45:24 Aujourd'hui, on a quand même... La difficulté, c'est qu'on a des fournisseurs de hardware
45:28 qui sont un petit peu incontournables et qui ont donc des prix assez élevés.
45:32 Il y a aussi une question de la consommation d'énergie.
45:34 Mais je pense que dans la deuxième phase, il va y avoir une étape logicielle extrêmement importante.
45:39 C'est-à-dire qu'il va falloir qu'un écosystème se mette en place dans les différentes industries
45:42 pour que des logiciels soient capables d'exploiter toutes ces capacités.
45:46 Peut-être de manière plus intelligente aussi, pour être un petit peu moins bourrin dans l'utilisation de la base énergétique,
45:52 avec peut-être des choses plus décentralisées, ou faire appel uniquement à du edge computing.
45:56 Faut ramettre une partie de la puissance de calcul sur les devices.
45:59 C'est ce qu'ils vont faire avec les nouvelles générations d'équipements.
46:02 Une partie du calcul se fera sur votre équipement.
46:04 Les serveurs centraux, oui, mais peut-être de manière plus économique, juste quand il faut.
46:08 Enfin voilà, il y a tout un truc à mettre en place. Ça, ça va prendre du temps.
46:11 Mais en revanche, il y a toujours une phase logicielle qui va être très importante.
46:16 Merci beaucoup, mais si on s'arrêtera là pour ce soir, le sujet de l'IA est encore un long fleuve devant nous.
46:21 Merci beaucoup d'avoir été les invités de Planète Marché.
46:24 Thomas Fritberger, Ticket au Capital, Christian Parizeau, Altair Economics et Alain Dubrul.
46:28 Claresco était avec nous en plateau.
46:30 [Musique]
46:41 Le dernier quart d'heure de Smart Bourg chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
46:44 Le thème ce soir, c'est celui de l'engagement actionnarial à travers la saison des Assemblées Générales d'Actionnaires 2024
46:51 qui va bientôt s'ouvrir dans les prochaines semaines.
46:54 Nous parlons de ce sujet avec Michael Herskovitch, directeur de l'engagement et de la politique de vote chez BNP Paribas
46:59 Asset Management. Bonsoir Michael.
47:01 Merci beaucoup d'être avec nous. Je ne dis pas de bêtise, dans les prochaines semaines, on aura les premières grandes AG d'entreprise.
47:07 Oui, c'est tout à fait ça. Demain, c'est le printemps et le printemps égale saison des Assemblées Générales.
47:11 À travers le monde, en effet, les Assemblées Générales ont lieu souvent en avril, mai, juin.
47:17 Donc, on va rentrer vraiment dans la période intense d'activité d'Assemblées Générales.
47:21 On avait raconté avec vous comment ça se passe entre deux saisons d'Assemblées Générales.
47:25 Quel est le travail justement de l'engagement et du directeur de l'engagement d'un Asset Manager ?
47:32 Partant de ce qui s'est passé en 2023 dans ces AG, quels sont les points de focalisation que vous allez vouloir mettre en avant
47:39 à travers les sociétés et les Assemblées Générales auxquelles vous allez participer, Michael ?
47:43 Oui, alors, on vote à peu près à 2000 Assemblées Générales par an, pour donner un peu le périmètre.
47:49 Et c'est vrai qu'on dialogue tout au long de l'année avec les sociétés.
47:52 Donc, on dialogue sur des sujets variés, stratégiques, des sujets climatiques, environnementaux, sociaux, gouvernance.
47:58 Le moment de l'Assemblée Générale, on vote sur des résolutions, on vote souvent sur des thématiques qui sont assez communes, régulières.
48:05 L'élection des conseils d'administration, l'élection des administrateurs, les thématiques qui traitent aux rémunérations.
48:11 Donc, ça va être principalement ces sujets-là en Assemblée Générale qui vont être traités.
48:16 Donc, la rémunération, quand on regarde ce qui a pu se passer en 2023, on anticipe que ça va être un sujet important.
48:22 On s'oppose à près d'une résolution sur deux, un peu plus sur 2023, ce qui est beaucoup.
48:27 Sur la question de la rémunération ?
48:29 Sur la question des rémunérations.
48:30 Un vote d'opposition sur deux qui est lié à la question de la rémunération chez vous ?
48:33 Une opposition sur deux. Sur les rémunérations, on a 50% d'opposition.
48:37 Une opposition sur deux sur ces sujets-là.
48:39 Et les élections d'administrateurs, là aussi, c'est une thématique qui est importante.
48:44 On s'est opposé à 42% des résolutions qui touchent aux administrateurs.
48:49 Soit pour des questions de stratégie, comme je le disais, stratégie climatique,
48:54 des accords sur l'alignement et la transition sur des sujets de biodiversité,
48:59 mais beaucoup aussi sur des questions de composition du Conseil et notamment les questions de diversité.
49:05 Mais c'est sur ces deux sujets-là où, effectivement, il y a le plus de votes d'opposition, c'est ça, pour BNP Paribas ?
49:11 C'est ça.
49:12 C'est le management, c'est ça.
49:13 C'est les deux thématiques. Après, on a des opérations financières.
49:16 Après, il y a des résolutions plus de routine en général.
49:18 Mais c'est le cœur des assemblées générales.
49:20 Comment vous abordez la question de la diversité des conseils d'administration aujourd'hui, Michael ?
49:25 Est-ce que ça reste strictement, notamment quand on est dans le périmètre européen,
49:31 est-ce que ça reste strictement une question de genre ?
49:35 Ou est-ce que les critères de diversité aussi évoluent ou peuvent évoluer ?
49:41 C'est les deux sujets. C'est vrai que la diversité des genres, c'est un sujet qui est important,
49:45 qui est historique, qui est facile à mesurer.
49:47 C'est une donnée qui existe partout dans le monde.
49:50 On a un historique important.
49:53 On a fixé des règles dans notre politique de vote qu'on avait renforcées l'année dernière.
49:57 On demande 35 % de femmes au Conseil en Europe, en Amérique du Nord.
50:01 On voit des chiffres d'évolution de la diversité.
50:06 35 %, donc ça, c'est votre seuil à vous ?
50:08 C'est ça, 20 % sur des zones un peu moins matures comme l'Asie.
50:12 Et ce qu'on voit à travers les chiffres de cette étude qu'on a publiée il y a quelques semaines,
50:16 c'est que la diversité progresse. Elle progresse partout.
50:19 Elle n'est pas forcément encore aujourd'hui au niveau qu'on souhaiterait qu'elle soit,
50:23 mais elle progresse. Plus 2 points par rapport à l'année dernière, plus 4 points par rapport à 2 ans.
50:28 On est à 29 % en moyenne dans le monde.
50:31 Ça progresse dans toutes les zones, donc c'est plutôt positif.
50:34 On s'oppose encore un certain nombre de fois parce qu'on a dans la moitié des cas où on s'est opposé,
50:40 les règles de diversité n'étaient pas encore respectées, donc il y a encore du chemin à faire.
50:44 Mais on voit plutôt une tendance clairement positive et on voit ces chiffres qui sont extrêmement intéressants.
50:50 L'Europe est parmi les mieux disantes. Je vois Australie, Nouvelle-Zélande.
50:54 Donc en vert, c'est effectivement le taux moyen des femmes présentes au Conseil d'administration
50:58 dans les sociétés portefeuille de BNP Paribas et de Management.
51:01 Et le reste, c'est le marché, c'est le benchmark.
51:03 Exactement, c'est l'univers d'investissement.
51:04 Forcément, on a un investissement qui est plus biaisé positivement et on a plus de femmes dans les conseils.
51:10 Et on a en effet des zones européennes, notamment en France qui est un des pays leaders suite à la loi Copé-Zimmermann et les quotas.
51:19 Mais pas seulement, et des zones qui sont un petit peu plus longues à faire progresser.
51:23 Est-ce que la diversité de genre amène une diversité plus globale, plus générale dans les conseils d'administration ?
51:31 En général, oui, ce qui est très bien parce que l'objectif d'avoir une diversité plus importante,
51:36 on voit que les entreprises qui ont une diversité plus importante, elles ont un meilleur processus de décision,
51:40 elles ont une meilleure performance financière in fine.
51:43 Mais c'est vrai que pour avoir un meilleur processus de décision, il n'y a pas que la diversité des genres.
51:47 On souhaite avoir des expertises différentes, des personnes qui ne sortent pas de la même école,
51:52 qui ont des expériences métiers différentes qui vont être intéressantes pour l'entreprise.
51:58 En globalité, les règles sur la diversité, la progression de la diversité des femmes,
52:04 elles a amené une progression globale de la diversité.
52:07 Elles a amené des sociétés à réfléchir, quelles compétences j'ai besoin au sein de mon conseil,
52:12 comment je vais la retrouver, et donc de faire progresser cette diversité.
52:17 Il y a la diversité technique qui progresse sur certains marchés, on peut la mesurer,
52:21 comme les marchés anglais et américains, qui est un sujet extrêmement important qu'on prend en compte.
52:26 Mais c'est vrai que ce qui est important, c'est cette diversité dans un sens global, et pas uniquement la diversité des genres.
52:32 Et la diversité au sens anglo-saxon du terme, ça fait partie aussi de votre univers d'investissement.
52:37 Je ne mets pas les deux en confrontation, mais il y a des bénéfices à retirer aussi de la manière
52:44 dont les anglo-saxons cultivent la diversité à travers le genre, mais à travers les origines ethniques, culturelles, etc.
52:50 Ça apporte aussi quelque chose de supplémentaire ?
52:53 Oui, c'est vrai que c'est un biais qui n'est pas possible en France avec la loi, mais qui est fait différemment.
53:00 Il y a un contournement d'une certaine manière.
53:03 Il y a une règle, on regarde beaucoup quelle va être la nationalité,
53:06 et s'assurer qu'on n'a pas uniquement sur un conseil d'administration une seule nationalité représentée.
53:12 Ce qui ne va pas du tout être regardé comme ça d'un point de vue américain.
53:15 On va la mener d'une manière un peu différente.
53:18 Le but est d'avoir des personnes qui viennent d'un univers différent, qui apportent des expériences différentes,
53:27 qu'on mesure d'une manière ethnique, d'une manière nationalité, d'une manière expérience.
53:32 Il y a plusieurs moyens de mesurer cette diversité.
53:35 Sur la question des rémunérations, comment portez-vous le combat ou la bataille aujourd'hui sur cette éternelle question des rémunérations ?
53:45 C'est nécessairement un sujet qui sera au cœur des assemblées générales.
53:49 Comme je disais, une résolution sur deux, on s'est opposé.
53:51 Il y a différentes raisons. Il y a des questions de transparence,
53:54 il y a des questions d'alignement avec la performance de l'entreprise,
53:57 avec l'évolution de la rémunération des salariés,
54:00 de s'assurer que les rémunérations soient bien orientées vers le long terme.
54:04 Beaucoup d'éléments qu'on regarde dans la rémunération.
54:07 C'est vrai que cette année, on a souhaité un peu renforcer et faire un focus sur les questions climat.
54:13 On exige à partir de cette année que les sociétés,
54:16 notamment sur des secteurs comme l'énergie, la production d'électricité,
54:20 incluent un critère climat.
54:22 Cette exigence sera globale dès 2026 pour l'ensemble des secteurs.
54:28 Encore faut-il que ce critère climat soit quantifiable,
54:31 qu'il ait un sens d'un point de vue entreprise, qu'il soit pertinent.
54:37 Il n'y a pas de costume à taille unique de ce point de vue-là ?
54:40 Il n'y a pas de one-size-fit-all en utilisant un anglicisme.
54:43 On n'a pas voulu fixer la règle du jeu de "voici le critère absolu et qui est magique pour toutes les entreprises".
54:49 Ça ne marche bien sûr pas comme ça.
54:51 "Débrouillez-vous avec" ?
54:52 Non, non, chaque entreprise doit le définir.
54:54 Par contre, après, on est extrêmement vigilants.
54:56 Le but n'est pas de cocher une case et de dire "c'est bon, on a un critère climat".
55:00 Il faut qu'il soit surtout quantifié.
55:03 Il y a encore beaucoup d'entreprises qui ont un critère plutôt qualitatif
55:07 sur lesquelles on ne sait pas forcément ce qu'il y a derrière.
55:10 Et à l'image des critères financiers, on veut avoir le même niveau d'exigence
55:14 qu'on a sur le financier, sur l'extra-financier et sur les critères ESG ou climatique.
55:19 C'est quoi un critère climat pertinent dans l'exemple des secteurs que vous avez cités ?
55:23 Énergie, production, d'électricité aujourd'hui,
55:26 qui vont être les secteurs sur lesquels vous allez tout de suite pouvoir mettre la "pression",
55:31 en tout cas mettre l'engagement, pour reprendre la terminologie.
55:34 Souvent le classique, ça va être des réductions d'émissions de gaz à effet de serre,
55:39 sur le scope 1, sur le scope 2, éventuellement sur le scope 3.
55:43 Ce qu'on s'attend, c'est que ces critères soient sur le court terme,
55:47 mais aussi sur les plans longs termes, sur des mesures de 3 ans.
55:51 Que les sociétés, qui sont un certain nombre vertueuses,
55:55 émettent aussi ces plans, on parle beaucoup de net zéro à 2050.
56:00 Ça amène des points intermédiaires à 2025, à 2030.
56:05 L'idée est que ces critères suivent le cheminement des plans stratégiques des entreprises,
56:11 et puissent être quantifiés, et soient inclus dans la rémunération des dirigeants.
56:16 Mais il y a l'idée que le management, aujourd'hui, qui s'engage sur du net zéro 2050,
56:22 soit quand même jugé et arbitré sur cet engagement avant 2050.
56:27 - Exactement. - Au moment où il ne sera plus en poste.
56:30 - Bien sûr. Des critères, même d'année après année,
56:33 les sociétés ont des trajectoires à court terme, à moyen terme.
56:37 Elles ont des objectifs annuels qui ont du sens.
56:40 Elles ont des objectifs pluriannuels, de pouvoir les mesurer, les quantifier.
56:44 On donne l'exemple du CO2, ça peut être d'autres exemples.
56:47 Par exemple, sur le secteur automobile, on parle souvent de plutôt
56:50 les émissions de la flotte automobile, les grammes de CO2 sur les véhicules,
56:55 qui sont des critères extrêmement pertinents, qui permettent de mesurer
56:58 les ventes de véhicules et l'effort qui est fait par les entreprises.
57:02 C'est pour ça qu'on n'a pas voulu se fixer sur un critère.
57:05 On peut avoir aussi d'autres gaz, comme l'énox, sur certains secteurs
57:09 qui sont extrêmement pertinents. Aux entreprises, d'identifier celles
57:12 qui sont les plus pertinentes pour elles, nous, on peut les challenger.
57:16 On voit de compte beaucoup de cas de figure où on trouve que ce n'est pas assez pertinent,
57:21 et qui vont aller dans le sens de la stratégie et de la transition.
57:24 - Merci beaucoup, Michael. Merci d'être venu nous éclairer
57:28 avant le lancement de cette saison des Assemblées Générales d'Aquilaire.
57:31 Il faudra qu'on se revoie après, évidemment, pour en tirer le bilan.
57:35 Michael Herskovitch, qui était avec nous, le directeur de l'engagement
57:38 et politique de vote chez BNP Paribas, Asset Management,
57:41 invité de ce quart d'heure thématique de Smart Bourse, ce soir.
57:44 Voilà pour cette édition. Très bonne soirée.
57:46 On se retrouve demain, évidemment, 17h en direct sur Bsmart TV,
57:50 à retrouver en replay chaque jour sur bsmart.fr.
57:53 (Générique)
57:56 ---