Enquête sur le traffic de drogue à Nice : comment les gangs se disputent la Laverie

  • il y a 6 mois
Plusieurs gangs de narcos se disputent la Laverie, dans le quartier des Moulins à Nice. Elle change parfois de mains en 24 heures, à coups de rafales de kalachnikov.

Il a enregistré une dizaine d’actions violentes aux Moulins en un an et demi. Dont un mort - sept balles de 9 mm - le 6 août 2022. Trois auteurs présumés ont été récemment mis en examen et coffrés dans ce dossier. Une exécution liée à la guerre des narcos pour contrôler la Laverie.

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Transcript
00:00 La Lavrie, c'est le point de deal le plus important du département.
00:03 Il peut rapporter d'entre 450 000 et 600 000 euros par mois.
00:06 Il n'y a pas de pitié, c'est au coup de force, à la Kalachnikov, que ça se récupère.
00:11 10 attaques violentes, il y a eu un mort en 2022, des blessés graves.
00:16 Bonjour, je m'appelle Grégory Leclerc, je suis reporter à Nice Matin.
00:19 J'ai enquêté sur le point de deal de la Lavrie, dans le quartier des Moulins à Nice,
00:23 et on vous raconte les coulisses de ce trafic de drogue très juteux.
00:26 Ça fait des années qu'on s'intéresse au quartier des Moulins à Nice Matin.
00:30 Ces derniers temps, on a beaucoup parlé du point de deal de la Lavrie.
00:34 La Lavrie, c'est le point de deal le plus important du département.
00:37 Il peut rapporter d'entre 450 000 et 600 000 euros par mois
00:41 à ceux qui en sont les propriétaires, entre guillemets.
00:43 Le point de deal, c'est un peu comme un hypermarché, en fait, avec une vraie structure hiérarchique,
00:48 avec un patron, avec des employés, il y a un boss.
00:50 En dessous, il y a un gérant qui gère le point de deal au quotidien.
00:54 Et en dessous, à la base, on va dire, il y a les chouffes, qui sont les guetteurs.
00:59 Il y a les charbonneurs, qui sont les dealers.
01:02 Et toutes ces petites mains, toute la journée, opèrent aux alentours du point de deal.
01:06 Ils sont tous protégés par une équipe de sécurité, 3-4 personnes armées,
01:10 avec des kalachnikovs qui sont cachés dans des appartements, dans des box à proximité.
01:14 Et au besoin, ils peuvent intervenir armés pour défendre le point de deal.
01:19 Dès qu'un point de deal est affaibli, dès qu'il y a une vague d'interpellation,
01:22 immédiatement, c'est la guerre, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de pitié,
01:25 c'est au coup de force, à la kalachnikov, que ça se récupère.
01:28 Le 13 novembre, vous avez une vague d'interpellation de la police judiciaire.
01:32 Dès le lendemain, il y a une nouvelle équipe qui a tenté de reprendre le contrôle du point de deal.
01:36 Un coup de kalachnikov, ça a tiré, c'était le 14 novembre 2023, ni ce matin on n'avait parlé.
01:41 Et donc, une nouvelle équipe est arrivée, ils avaient tout le matériel pour reprendre en main le point de deal.
01:45 Depuis, eux aussi ont été interpellés.
01:48 Mais en fait, c'est un phénomène incessant.
01:50 Il y a toujours une équipe qui prend la place d'une autre.
01:53 Il y a eu une dizaine d'attaques sur un an et demi.
01:56 Donc c'est beaucoup.
01:57 10 attaques violentes, il y a eu un mort en 2022, des blessés graves.
02:02 Ce sont des familles qui sont impactées, décimées.
02:06 Dans les trafiquants, il faut bien comprendre qu'il y a des jeunes qui se font embarquer,
02:10 qui vont de manière volontaire, mais qui après ne peuvent plus jamais en sortir
02:14 parce qu'ils sont menacés, ils sont contraints.
02:16 Donc c'est vraiment un métier où l'espérance de vie est très limitée
02:19 et c'est très dangereux.
02:21 On voit que le trafic attire de nouveaux acteurs aujourd'hui.
02:26 Historiquement, il était tenu par des Niçois, des Niçois des Moulins,
02:29 qui étaient nés au Moulin avec un chef venu des Moulins.
02:31 Aujourd'hui, il y a des équipes qui viennent le reprendre,
02:35 des jeunes issus de la communauté tchétchène.
02:37 C'est une frange, attention, de la communauté tchétchène,
02:39 une frange délinquante, comme dans toutes les communautés.
02:42 C'est immiscé dans le trafic de drogue, évidemment très juteux.
02:46 Les tchétchènes ont commencé à mettre la main sur le trafic de drogue.
02:49 Et ça, c'est la vraie nouveauté dans le trafic de stupéfiants à Nice.
02:53 Les tchétchènes, avant, n'étaient pas du tout dans le trafic de stupéfiants.
02:55 En fait, ils ont besoin, comme des chefs d'entreprise, d'être attractifs.
02:59 Donc ils passent leurs petites annonces sur Internet, sur TikTok, sur Snapchat.
03:04 Ils proposent un poste clé en main.
03:07 Logé, blanchi, nourri, l'appartement, et puis tout ce qui va autour, le salaire, etc.
03:14 Donc, ils essayent d'être "attractifs", entre guillemets.
03:17 Ils essayent d'attirer une population pour travailler avec eux.
03:21 La nouveauté également, et ça c'est une vraie spécificité nichois,
03:24 c'est ce qu'on a découvert au fil de cette enquête,
03:27 c'est qu'à Nice, les migrants sont recrutés, maintenant, de manière massive.
03:31 C'est une main d'œuvre, en fait, qui ne connaît pas la région, qui ne connaît pas la ville,
03:35 et qui, du coup, ne connaissant pas les réseaux nichois,
03:37 ne peut pas non plus "balancer" aux policiers le jour où ils sont interpellés.
03:41 Donc, c'est vraiment la main d'œuvre "parfaite" pour les dealers.
03:44 Il faut que les consommateurs sachent que derrière, il y a de la traite d'êtres humains,
03:48 qu'il y a de la violence, qu'il y a des meurtres.
03:50 En France, aujourd'hui, il y a 5 millions de consommateurs de cannabis,
03:53 il y en a 1,4 million de consommateurs réguliers.
03:56 Et donc, le procureur de la République de Nice a décidé d'en faire un point d'attaque,
04:00 entre guillemets, c'est-à-dire que maintenant, il s'en prend aussi aux consommateurs,
04:03 en les contrôlant aux ailes, autour des points de deal,
04:05 et en faisant des contrôles de stupéfiants au volant.
04:08 Beaucoup perdent leur permis, et le procureur de la République espère
04:11 que cette politique sera dissuasive pour éviter que le trafic ne prospère.
04:16 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]

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