• il y a 8 mois

Alain Roumilhac, président de ManpowerGroup France et Europe du Sud, répond aux questions d'Alexandre Le Mer. Ensemble, ils reviennent sur les résultats du baromètre Manpower des perspectives d'emploi pour le second trimestre de 2024.
Retrouvez "L'invité éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-eco

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Transcription
00:00 - Europ1, il est 6h42.
00:02 - Comment se porte le marché de l'emploi ?
00:04 Nous avons des réponses pour vous ce matin, chers auditeurs,
00:07 puisqu'on va vous dévoiler en exclusivité sur Europ1
00:09 le baromètre Manpower des perspectives d'emploi pour le deuxième trimestre.
00:13 - Votre invité sur Europ1, Alexandre, c'est Alain Roumiac,
00:16 président de Manpower Group France et Europe du Sud.
00:19 - Bonjour Alain Roumiac. - Bonjour.
00:21 - Alors d'abord, merci d'avoir choisi Europ1 pour nous dévoiler en avant-première
00:24 votre baromètre de l'emploi.
00:25 Je rappelle que vous êtes leader en France dans le domaine du recrutement.
00:29 Est-ce que les entreprises vont embaucher davantage dans les prochains mois ?
00:34 - Les entreprises nous disent qu'elles vont à peu près embaucher
00:38 sur le trimestre qui vient, comme elles l'ont fait sur les trimestres précédents.
00:41 Donc, malgré une ambiance économique qui est un peu morose,
00:46 les entreprises sans doute ont confiance dans le futur.
00:49 Ce qu'on note d'ailleurs, c'est qu'il y a un tout petit peu plus d'entreprises
00:52 qui pensent qu'elles vont augmenter leurs effectifs
00:55 et dans le même temps un peu plus d'entreprises qui disent qu'elles vont les réduire.
00:58 Donc, qui prouve bien qu'on a quand même une certaine dualité
01:01 au niveau de l'économie et donc sur le marché de l'emploi.
01:04 - Donc, pour reprendre vos chiffres précisément,
01:06 34%, un tiers des entreprises prévoient de recruter au deuxième trimestre.
01:12 Sur la même période, on a quand même 16% des entreprises
01:14 qui anticipent une diminution de leurs effectifs.
01:16 Ça veut dire qu'on a encore une part non négligeable
01:18 d'employeurs qui prévoient de licencier, clairement.
01:21 - Absolument, ou simplement ne pas remplacer les gens qui partent.
01:24 - Ne pas remplacer les départs.
01:25 Mais là encore, on voit bien vraiment des secteurs et des entreprises
01:30 qui vivent des choses différentes et peut-être sans doute aussi
01:33 avec une différente division entre les grandes entreprises et les petites entreprises.
01:38 Et d'ailleurs, de façon très différente de ce qu'on vivait dans des crises précédentes.
01:43 Dans les crises précédentes, le marché de l'emploi
01:46 dans les petites entreprises était plus résilient.
01:48 C'est le contraire cette fois, les grandes entreprises
01:51 ont plus d'appétit à recruter que les petites.
01:54 Donc sans doute que toutes les tensions qu'il peut y avoir sur le financement,
01:59 sur le remboursement des PGE et des choses telles que celles-là
02:02 ont un impact sur l'emploi dans les PME et dans les PMI.
02:06 - Ce sont effectivement les plus grosses entreprises qui prévoient de recruter le plus.
02:09 Mais effectivement, votre étude en tout cas, elle indique que
02:12 quelle que soit la taille des entreprises, les prévisions nettes d'emploi, elles sont positives.
02:17 Même pour les TPE et PME dont on sait naturellement
02:20 qu'elles ont une trésorerie plus fragile que les grands groupes.
02:23 Ça c'est un vrai signal positif.
02:24 - C'est un vrai signal positif mais je crois que d'abord,
02:26 ça traduit aussi dans un certain nombre de secteurs
02:29 toujours des difficultés de recrutement,
02:30 de trouver les compétences dont les entreprises ont besoin.
02:33 Et donc aujourd'hui d'ailleurs, on voit bien qu'il y a de plus en plus un décalage
02:37 entre les compétences qui sont disponibles sur le marché
02:40 et les besoins des entreprises.
02:41 Donc ça c'est vrai dans l'ensemble des secteurs.
02:44 Et puis vous avez quand même une activité économique
02:47 qui reste relativement soutenue.
02:49 Vous mentionniez le contexte économique difficile que nous connaissons tous.
02:53 Comment il faut les lire ces chiffres ?
02:54 Vous qui êtes un acteur important du recrutement à la Roumia,
02:57 qu'est-ce que ça veut dire qu'on va là
02:59 vers un retour à la normale des intentions d'embauche en tout cas ?
03:02 A minima ?
03:03 - Ce qui se passe c'est qu'on est dans un phénomène un peu anormal.
03:06 C'est-à-dire que dans un contexte où en gros il n'y a pas de croissance,
03:09 on réussit à avoir une stabilité du marché de l'emploi
03:13 et pas une augmentation du nombre de chômeurs.
03:16 - C'est une situation paradoxale un peu.
03:17 - C'est une situation un peu paradoxale.
03:18 Et nous ce qu'on prévoit c'est que cette situation
03:23 va rester à peu près équivalente jusqu'à la fin de l'année.
03:25 Je crois que d'ailleurs c'est ce que les économistes disent.
03:27 Normalement un taux de chômage qui devrait rester à peu près stable
03:30 d'ici la fin de l'année.
03:31 - Alors reprenons en détail votre baromètre.
03:33 Vous allez dans le détail avec des chiffres très intéressants.
03:37 Vous avez dressé un classement par secteur
03:40 des entreprises qui prévoient le plus d'embauchés
03:42 et par région également.
03:43 Qu'est-ce que ça donne ?
03:44 - Alors ça donne qu'il y a un certain nombre de secteurs,
03:47 en particulier le transport, la logistique,
03:48 l'automobile sur laquelle il y a des croissances très significatives.
03:52 Sans doute qu'il y avait aussi un fort emballement
03:54 sur les métiers de l'informatique, de la communication
03:57 et donc on revient un peu plus à la normale.
04:00 Et puis c'est plutôt aujourd'hui les régions
04:03 de l'Est de la France sur lesquelles
04:05 on a des intentions d'embauche qui sont plus importantes.
04:08 Peut-être des régions d'ailleurs qui sont un peu plus industrielles.
04:10 - Donc Bourgogne-Franche-Comté en particulier.
04:12 - Donc l'industrie où on voit bien qu'il y a
04:15 des offres d'emplois très significatives.
04:18 Et à contrario, l'Ouest de la France,
04:20 mais qui a été aussi très dynamique par le passé,
04:23 qui est aujourd'hui un peu plus rentrée dans la normale
04:27 en termes d'intentions d'embauche.
04:28 - Alors effectivement, dans votre baromètre,
04:29 si on reprend le "top" des régions les plus dynamiques
04:32 dans les intentions d'embauche,
04:33 on trouve la Corse, la Bourgogne-Franche-Comté on l'a dit,
04:36 les Pays de la Loire effectivement et l'Occitanie.
04:39 Il y a autre chose en revanche.
04:41 Alors là, si on regarde les chefs d'entreprise,
04:43 et ça ce ne sont pas des chiffres issus de votre baromètre,
04:45 mais je voudrais vous faire réagir quand même là-dessus,
04:46 ça ne se passe pas très bien.
04:48 Plus de 51 000 patrons ont fait faillite l'année dernière,
04:50 c'est un tiers de plus en un an,
04:52 c'est un record depuis 2016.
04:54 On voit bien qu'être à la tête d'une entreprise aujourd'hui,
04:57 ça reste une grosse prise de risque Alain Roumiac ?
04:59 - Alors, ça reste une prise de risque.
05:01 C'est vrai que le financement est beaucoup plus complexe.
05:04 C'est vrai aussi que vous pouvez vous retrouver
05:06 avec des clients qui eux-mêmes sont en difficulté
05:09 et qui ne vous payent pas.
05:10 Donc la trésorerie est un élément absolument clé.
05:13 Et c'est sans doute pour ça que les grandes entreprises
05:16 sont beaucoup plus à l'embauche aujourd'hui
05:18 parce qu'elles ont beaucoup moins de problèmes de trésorerie.
05:20 Mais c'est vrai qu'être à la tête de sa propre entreprise,
05:23 c'est difficile, surtout je veux dire à un moment où
05:26 trouver du crédit est plus compliqué.
05:28 - Particulièrement les petits entrepreneurs,
05:30 parce que ce sont eux, sur 10 entreprises qui font faillite,
05:33 8 sont familiales avec des chiffres d'affaires
05:35 inférieurs à 500 000 euros.
05:37 On va revenir pour terminer à un autre point positif
05:39 de votre baromètre.
05:40 Cette année, c'est aussi celle des Jeux Olympiques.
05:42 Alors on entend beaucoup de "Geo-bashing",
05:44 ça ne va pas bien se passer,
05:45 il y aura trop de monde, pas assez de transports.
05:47 Ce que vous, vous pouvez nous dire ce matin sur Europe 1 à Romillac,
05:50 c'est que vous voyez déjà un effet "Geo"
05:52 sur les prévisions d'embauche.
05:53 - Alors on voit un effet "Geo" sur les secteurs
05:56 qui vont bien sûr être les plus impactés,
05:58 c'est en particulier les transports,
06:00 la logistique, le tourisme.
06:03 Donc c'est clair qu'aujourd'hui, nous d'ailleurs,
06:06 on se prépare donc pour avoir
06:09 les personnels compétents dans le domaine aussi de la sécurité.
06:12 Vous savez ce que sont toutes les questions
06:14 entre autres sur ce sujet-là et sur la cérémonie d'ouverture.
06:17 - De l'immobilier également, vous anticipez, je vois, un redécollage ?
06:20 - Donc l'immobilier, parce que de toute façon, il va falloir loger tous les jours.
06:23 Il va y avoir sans doute aussi des locations temporaires.
06:27 Donc aujourd'hui, toute une activité
06:29 quand même très tournée autour de la région Île-de-France
06:33 et peu sur les autres régions.
06:35 Et c'est clair qu'il faut se préparer
06:37 et que tous les acteurs d'emploi comme nous,
06:38 on doit se préparer pour fournir aux entreprises
06:41 les compétences dont elles vont avoir besoin pendant un mois, un mois et demi.
06:45 Mais c'est clair qu'on anticipe,
06:48 dans ce que l'on voit aujourd'hui,
06:49 qu'il va y avoir un impact relativement significatif sur l'Île-de-France.
06:52 - Merci Alain Roumiac.
06:53 Je rappelle l'enseignement principal de votre baromètre
06:55 des intentions d'embauche, Baromètre Manpower.
06:57 34% des entreprises françaises prévoient donc de recruter
07:00 au deuxième trimestre.
07:02 Alain Roumiac, président de Manpower Group France et Europe du Sud,
07:05 avec nous ce matin sur Europe 1. Merci.

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