«Pour moi, c'est de la com'» : un éleveur raconte son entrevue avec Emmanuel Macron

  • il y a 8 mois


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Transcription
00:00 deux heures d'échange auquel a assisté notre invité ce soir sur Europe 1, membre justement de la coordination rurale de Dordogne.
00:07 Bonsoir Rémi Dumor.
00:08 - Bonsoir.
00:09 - Merci d'être avec nous sur Europe 1, vous êtes éleveur de volailles à l'IMERA en Dordogne cette journée,
00:14 cette visite d'Emmanuel Macron, vous en pensez quoi au Salon de l'agriculture aujourd'hui ?
00:19 - Bah j'en pense pas grand chose, vous savez on l'attendait quand même parce que depuis un mois et demi qu'on est
00:25 mobilisés sur ces manifestations là sur le...
00:29 c'est le dernier cri du coeur comme j'arrête pas de dire,
00:32 on demande du revenu, c'est pas grand chose, on demande de gagner notre vie, de notre travail, gagner de l'argent
00:38 sur notre travail quoi, c'est à dire
00:41 s'en sortir financièrement sur nos exploitations.
00:44 - Et vous dites c'est le dernier cri du coeur, on a l'impression que c'est à chaque fois le dernier cri du coeur.
00:48 - Bah oui mais là c'est quand même...
00:50 je trouve que ça dure et j'ai l'impression que
00:53 c'est un appel que tout le monde agricole lance parce que c'est vraiment...
00:58 - Mais il y a des choses qui se débloquent, il y a eu un débat ce matin
01:01 avec que pour le coup les agriculteurs, avec trois syndicats, il n'y a pas eu
01:06 les ONG, il y a eu la création d'un prix plancher,
01:09 un recensement des exploitations qui nécessite de la trésorerie,
01:12 l'inscription dans la loi que l'agriculture et l'alimentation était un intérêt général, vous pensez quoi de ces mesures ?
01:17 - Oui mais alors ces mesures moi je les ai entendues, je les ai pas vues écrites.
01:20 Après quand je les verrai écrites peut-être que je vous dirai il y a eu des mesures.
01:25 Tant que je les ai que entendues vous savez, je suis méfiant.
01:29 - Ce que vous demandez c'est ce fameux plan élevage qui n'existe pas pour l'instant ?
01:34 - Moi je demande à vivre de mon métier, c'est-à-dire avoir des prix rémunérateurs.
01:38 Et ce qu'on voudrait dans un premier temps là rapidement c'est de l'oxygène dans nos trésoreries.
01:44 Ça on peut l'avoir par des reports d'annuités en fin de tableau pour pouvoir
01:48 remettre nos trésoreries à flot.
01:51 - Qu'est-ce qui bloque pour l'instant ? Est-ce que c'est
01:53 la grande distribution, les sous-traitants, ou est-ce que c'est le pouvoir central et l'encurance ?
01:59 Emmanuel Macron, le gouvernement ?
02:01 - Tout le monde se renvoie la balle, tout le monde se renvoie la balle.
02:03 Donc nous c'est simple, on demande
02:06 de vivre de notre métier, c'est pas plus compliqué que ça.
02:10 On demande pas de gagner 10 000 euros par mois, on demande d'avoir un salaire décent
02:14 de notre métier.
02:16 - Mais est-ce qu'il y a une formule magique pour ça ? Par où on commence ?
02:21 - Eh bien par des prix rémunérateurs.
02:23 - C'est-à-dire que... Mais qui fixe ces prix-là ?
02:25 - Eh bien...
02:28 Il faut faire ce qu'a proposé Emmanuel Macron, faire des prix planchers.
02:33 - Donc finalement ces prix planchers,
02:35 c'est une bonne nouvelle pour vous.
02:37 - Oui mais c'est pas écrit.
02:39 - Oui, mais c'est peut-être parce qu'il l'a annoncé ce matin et que ça va être écrit
02:41 demain, après-demain, dans une semaine.
02:44 - Comme je lui ai dit...
02:45 - Vous lui avez dit, vous lui avez parlé ce matin ?
02:47 - Oui, ah oui, je lui ai parlé, oui.
02:49 - Directement ?
02:50 - Ah oui, oui.
02:50 - Comment est-ce que vous le ressentez Emmanuel Macron ?
02:52 Vous le regardez dans les yeux, il vous...
02:54 - Ah oui, je le regarde dans les yeux.
02:55 - Est-ce qu'il vous regarde dans les yeux aussi ?
02:56 Est-ce qu'il vous écoute Rémi ?
02:58 - Il est très familier, il tutoie facilement.
03:00 Il a le tutoiement facile en plus.
03:01 - Ça vous a gêné d'être tutoyé ?
03:03 - Bon je m'en fous, je tutoie facilement aussi.
03:05 - Mais vous avez trouvé que c'était une forme de mépris ?
03:07 - Pas spécialement, mais je trouve que c'est pour qu'on soit à l'aise avec lui.
03:12 Et il est très fort en communication.
03:14 Il est très très fort en communication.
03:16 - Et ça vous gêne ?
03:17 Vous pensez que c'est que de la com ?
03:19 - Oui, oui, oui, oui.
03:20 Pour moi c'est de la com, oui c'est de la com.
03:22 - Et du coup vous êtes sorti de vos gonds ?
03:25 Vous lui avez dit "écoutez ça suffit maintenant" ?
03:27 - Non, non, je lui ai pas dit ça suffit maintenant.
03:28 - Mais pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'on n'arrive pas à lui dire ?
03:30 Parce que c'est le président ?
03:31 - C'est le président, on doit respecter le président, c'est l'autorité du pays.
03:34 Mais après le président doit nous respecter aussi.
03:37 C'est pas pour autant que ça marche que dans un sens.
03:39 Non mais ce que je veux dire par là c'est que Emmanuel Macron,
03:42 il nous écoute, il n'y a pas de problème, il nous écoute.
03:44 Mais après il fait ce qu'il veut.
03:46 - Et là vous voudriez avoir une traçabilité pour reprendre un langage ?
03:50 - Et comme je lui ai dit ce matin, il m'a dit qu'il pouvait pas tout faire,
03:55 que ça allait être long pour le mettre en place, je le comprends.
03:58 - Mais est-ce qu'il va revenir vers vous ?
04:00 - Ah je sais pas, il y en a bien qui ont pris mon nom,
04:03 parce que je lui ai même montré mes comptes en banque,
04:05 alors vous voyez je cache rien.
04:06 - Mais à qui ? Au président ?
04:08 - Ah oui je lui ai montré mes comptes en banque.
04:09 - Qu'est-ce qu'il a dit ?
04:10 - Ben je pense que ça, ça l'a fait tiquer quand même.
04:13 Après je vous dirai pas, mais je pense que ça l'a fait tiquer,
04:15 je peux pas vous dire ce que j'ai sur mes comptes en banque,
04:16 parce que c'est personnel.
04:17 - Bien sûr.
04:18 - Mais c'est...
04:20 - Il s'est senti préoccupé ?
04:22 - Ah ben je pense oui.
04:23 - Et là c'était de la com' ou est-ce que c'était sincère ?
04:27 - Ah mais c'est sincère moi, du moins de sa part, je sais pas, on verra.
04:31 Mais je pense que ça l'a touché,
04:32 parce que quand je lui ai parlé des suicides agricoles,
04:34 vous savez il y a un agriculteur qui se suicide tous les deux jours en France.
04:37 Donc ça veut dire que ça fait 180 agriculteurs par an qui se suicident.
04:40 - Rémi Dumore, jusqu'où on va ? Jusqu'où va la protestation ?
04:43 Là on est en quel "mode" comme disent les jeunes ?
04:47 Vous êtes en mode, on est aux aguets,
04:49 on attend de voir ce qui se passe, on est prêt à remonter si jamais ?
04:52 - Alors on en a pas débriefé plus que ça,
04:54 je vais en parler avec mes collègues de la coordination rural.
04:57 - Mais vous êtes prêt à revenir si jamais ?
04:59 - Ah oui oui, on est mobilisé de toute façon.
05:01 - C'est pas fini là ?
05:03 - Où ? Au salon ?
05:04 - Non c'est pas fini en général.
05:05 - Ah en général non c'est pas fini.
05:06 - La crise elle est pas finie ?
05:07 - Ah non non.
05:09 - Alors bon courage Rémi Dumore,
05:10 merci beaucoup d'avoir été avec nous sur Europe 1.
05:12 avec nous sur Europe 1.

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