Retrouvez "Europe Soir - Week-end" sur : http://www.europe1.fr/emissions/votre-grand-journal-du-soir-du-week-end
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 - François Delabarre, au moment où vous voyez que ça change dans l'esprit du général Salé, vous vous attendez à quoi ?
00:05 - On s'attend à être... on s'attend... on est très pessimiste parce qu'en fait il nous a pris toutes nos affaires
00:11 et nous a laissé dans la case où on était sans rien, on était dans nos sacs de couchage et puis...
00:15 - Pendant combien de temps ?
00:16 - Ça, ça a duré 24 heures. C'est-à-dire que pendant 24 heures on ne pouvait pas sortir de la case, on était gardé par des soldats.
00:21 Tous ceux qui étaient ceux qui nous avaient accueillis, très bien accueillis, avaient disparu de la circulation.
00:25 Donc il y avait le général et ses hommes qui nous menaçaient et qui nous avaient privés de tout.
00:30 On ne pouvait pas appeler le journal, on ne pouvait donner aucun signe de personne.
00:32 En plus on était au milieu de la brousse à trois jours de route de N'Djaména
00:39 et la ville la plus proche qui est occupée par Wagner, les deux villes les plus proches, sont à une journée de route sur des pistes
00:45 et puis on n'a surtout pas envie d'y aller parce que sinon on y va, à ce moment-là c'est pire que tout.
00:48 Donc on n'avait pas d'alternative, la seule alternative c'était d'espérer que ce général n'est pas vraiment...
00:54 soit un type un peu farfelu et puis finalement qui nous laisse partir avec le soutien des autres.
01:00 - Si je comprends bien François, à ce moment-là on s'attend à tout, c'est-à-dire que vous avez pensé très très fort à vos trois enfants en bas âge ?
01:08 Vous avez pensé à beaucoup de choses ?
01:09 - Ouais, on pense à ça, ouais. J'étais avec Véronique de Vigry qui est une grande photographe,
01:13 qui a fait preuve d'un énorme sang-froid, qui a eu beaucoup d'expérience dans ce domaine,
01:19 je dirais même plus que moi, et on a été vraiment une équipe.
01:23 Dès ce moment-là on a formé une équipe avec Véronique et on a répondu à...
01:28 on essayait d'anticiper les réactions du général qui je pense est un pervers narcissique et qui essayait de nous manipuler
01:36 et puis on a pensé à ceux qui sont otages, on a pensé à celui qui est otage qui est Olivier Dubois
01:41 et qui est un journaliste à Libération au point qui a été enlevé il y a 22 mois au Mali
01:47 alors qu'il voulait interviewer les responsables du JNIM, du groupe islamiste malien.
01:55 On a pensé à lui parce qu'il est seul, et ça fait 22 mois qu'il est seul,
01:59 et s'il subit ce que nous on a subi pendant 5 jours, ce qui nous paraissait démesuré mais ça n'a duré que 5 jours,
02:04 si lui subit ça depuis 22 mois, c'est absolument atroce donc on pense très fort à lui.
02:08 Et on en a beaucoup parlé de ça, on a beaucoup parlé de lui, on a beaucoup parlé de ce qui nous arrivait,
02:11 de la manière dont on pourrait anticiper, et c'est un espèce de bouleversement psychologique
02:17 parce que en fait toute votre personne devient... vous êtes aliéné à la bonne volonté d'une seule personne,
02:23 vous êtes comme un chien avec son maître en fait.
02:25 Et en fait il y a une capacité d'éradiquer la personnalité qui est faramineuse
02:30 parce que vous êtes à la main d'une personne qui fait ce qu'elle veut de vous,
02:33 et ça c'était une expérience qui était extrêmement difficile et grâce à Véronique de Vigry on l'a quand même surmontée avec du courage.