• il y a 9 mois
Pascal Praud et ses invités débattent des grands thèmes de l'actualité dans #HDPros

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00:00:00 Bonjour à tous et bienvenue ce matin à l'heure des pros sur Europe 1 jusqu'à 9h30 et sur CNews jusqu'à 10h30.
00:00:08 Nous sommes en train de perdre la guerre contre le narcotrafic à Marseille.
00:00:14 Voilà ce qu'ont dit quatre magistrats marseillais devant la commission sénatoriale ce mardi.
00:00:20 Ils ont décrit Marseille comme une narcoville. Cette audition est sidérante, effrayante.
00:00:26 Quatre magistrats décrivent un état dépassé, vulnérable.
00:00:31 Quatre magistrats affirment craindre pour leur sécurité et font référence au juge Michel.
00:00:37 Quatre magistrats évoquent la mexicanisation des prisons avec des criminels qui commandent les assassinats depuis leurs cellules et continuent à gérer les points de deal.
00:00:48 La corruption se propage, affirment les magistrats parmi le personnel pénitentiaire.
00:00:54 Les cours d'assises ont peur. Qui osera sanctionner ces criminels ?
00:00:59 Nous venons de faire une promenade au bord du gouffre à estimer, estomaquer, Jérôme Durin, le président de la commission sénatoriale qui est d'ailleurs ce jour à Marseille.
00:01:09 Cette audition devrait passer en boucle sur tous les canaux d'information du pays.
00:01:15 Elle m'inspire une réflexion qui est aussi une tristesse.
00:01:19 Commémorer à tour de bras, c'est très bien. Respecter le passé, c'est utile.
00:01:24 Constitutionnaliser l'IVG, c'est évidemment important.
00:01:27 Mais voir le réel, diagnostiquer le mal, agir sur le présent et prendre enfin conscience du ravage de la drogue et de ses conséquences me paraît infiniment plus important que tout ce que j'entends ces derniers jours.
00:01:43 Je le répète que chacun écoute cette audition et prenne la mesure de ce que ces magistrats ont dit.
00:01:50 Et nous allons en parler quasiment pendant toute une heure.
00:01:54 Augustin Donatieux.
00:02:06 Bonjour Pascal, bonjour à tous. Emmanuel Macron reçoit aujourd'hui les chefs de parti à l'Elysée pour évoquer le conflit en Ukraine.
00:02:15 Hier, les deux anciens présidents de la République, François Hollande et Nicolas Sarkozy, ont été conviés aussi à l'Elysée.
00:02:20 Et François Hollande n'a pas attendu très longtemps pour critiquer Emmanuel Macron après leur entretien.
00:02:25 Quelques secondes à peine. Écoutez.
00:02:27 Ma position sur les questions militaires, je l'ai montré quand j'étais président, c'est que moins on en dit, mieux on agit.
00:02:37 Ne pas dire ce que l'on fait, mais faire ce que l'on n'a pas dit.
00:02:42 C'est ça qui permet d'avoir le plus d'efficacité et de ne rien faire connaître, en l'occurrence Vladimir Poutine, de nos intentions.
00:02:53 Une militante pro-Hamas sur la liste LFI, aux européennes Rima, Hassan Fervant, militante de la cause palestinienne et anti-Israël, figure en 7e position sur la liste du parti.
00:03:05 Malgré qu'en novembre dernier, elle avait estimé que le Hamas menait une action légitime.
00:03:10 Le député insoumis David Guiraud s'est réjoui de pouvoir, je cite, "envoyer une voix palestinienne au Parlement européen".
00:03:16 Et 57% des Français souhaitent que l'on revienne sur l'interdiction du cumul des mandats.
00:03:22 Le résultat de notre sondage, CSA pour CNews Europe 1 et le JDD, parmi les personnes interrogées, c'est surtout l'électorat de droite qui souhaite revenir sur la loi de 2014
00:03:30 qui interdit de cumuler la fonction de maire avec celle de député ou de sénateur, par exemple.
00:03:36 Voilà Pascal pour l'essentiel de l'actualité. Rendez-vous à 9h30.
00:03:40 Merci beaucoup Augustin. On est avec Sabrina Medjéber ce matin, on est avec Gérard Carreiro, Philippe Bilger, Philippe Guibert, Gautier Lebret que vous connaissez,
00:03:47 puis Florian Bachelier, avocat qui était ancien député et ancien inquesteur.
00:03:51 Je vous avoue que ce matin, j'hésite entre une colère froide de ce qu'est ce pays et quelque chose de l'ordre de la tristesse.
00:04:00 Parce qu'on passe son temps à parler de choses qui sont dérisoires et qui n'ont aucun intérêt,
00:04:06 et au plus haut niveau de l'État, on parle de choses finalement qui ne sont pas au cœur de la problématique française.
00:04:13 L'audition, je le répète, elle est de mardi. Elle est de mardi cette audition.
00:04:18 Elle devrait être en boucle, je le répète, sur tous les réseaux d'information.
00:04:22 On va écouter le sujet de Miquel Dos Santos tout d'abord.
00:04:25 Dès la première prise de parole, le constat est alarmant.
00:04:30 C'est l'État qui se trouve en situation de vulnérabilité face à des trafiquants qui disposent, eux, d'une force de frappe considérable
00:04:38 sur le plan des moyens financiers, humains, technologiques et même législatifs.
00:04:43 Le président du tribunal judiciaire de Marseille craint que l'État de droit ne se délite à court terme.
00:04:49 Olivier Laurent exige un plan d'urgence.
00:04:52 Le narco-banditisme agit à Marseille comme une sorte de gangrène.
00:04:56 Il est indispensable de mettre un plan Marshall en œuvre pour la lutte contre le narco-trafic.
00:05:02 En 2023, la guerre de la drogue a fait 50 morts à Marseille.
00:05:06 Parmi les tueurs ou auteurs de tentatives d'assassinat, 62% d'entre eux avaient moins de 21 ans.
00:05:12 Ce qu'on appelle les jobbeurs qui viennent de la France entière, mais également sur une ville comme Marseille,
00:05:18 un recrutement très important d'étrangers en situation irrégulière.
00:05:23 Comme de nombreux trafiquants de drogue, les jobbeurs terminent leur parcours à la prison des Baumettes,
00:05:28 un centre pénitentiaire où le taux d'occupation est de 188% et où les règlements de compte se poursuivent.
00:05:35 Et là, il y a une vraie mexicanisation, une vraie inquiétude.
00:05:38 Nous avons eu un assassinat et une tentative d'assassinat il y a une dizaine de jours.
00:05:44 Il faudrait qu'on ait des prisons de haute sécurité comme ça existe dans d'autres pays,
00:05:48 parce que sinon, à l'état, on est un petit peu dépassé.
00:05:50 Chiffre inédit dans le pays, plus de 20% de l'activité juridictionnelle concerne le trafic de drogue.
00:05:57 Avant de vous donner la parole et on parlera de l'exemple du Salvador, dont j'ai parlé il y a un mois,
00:06:02 parce qu'on va en être là, en fait. Il faut bien comprendre. On va en être là, on va en être là.
00:06:07 Si on ne change pas tout dans ce pays sur ces sujets-là, et notamment de logiciels, nous n'y arriverons pas.
00:06:13 Ce n'est pas moi qui le dis, ce sont des magistrats.
00:06:15 Et à mon avis, ces magistrats, devant ces commissions d'enquête, disent des choses qu'ils ne disent nulle part ailleurs.
00:06:21 Et c'est pour ça que c'est passionnant.
00:06:22 Je voulais vous faire écouter ce que dit M. Besson, que vous avez entendu dans le sujet,
00:06:27 qui est procureur de la République et qui parle de la féminisation du trafic.
00:06:31 Un phénomène très inquiétant qui démontre là aussi une dérive mafieuse, une féminisation.
00:06:37 Jusqu'à présent, les femmes étaient, on va dire, cantonnées à des rôles de nourrices, de drogue ou d'argent ou d'armes.
00:06:48 Désormais, on constate que... Alors, on n'a pas encore eu de femmes dont on a la preuve qu'elles sont montées directement,
00:06:56 mais qui ont commandité, qui ont recruté des équipes, qui ont donné le go.
00:07:00 Et là, ça me fait penser un petit peu à la dérive qu'avait connue la Camorra Napolitaine dans les années 2005.
00:07:06 Pendant ce temps-là, vous avez un ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, qui nous parle de Vichy et de Pétain en permanence.
00:07:11 Je vous assure, ce pays va mal.
00:07:13 Donc, écoutons la corruption de l'administration pénitentiaire.
00:07:16 Cette fois-ci, c'est Nicolas Besson, procureur de la République.
00:07:19 Il est possible d'ailleurs que tous ces gens, avec beaucoup de courage, on leur dise de ne plus parler.
00:07:23 Parce que eux, on dit les choses.
00:07:25 Écoutons M. Besson.
00:07:26 Il faut être clair, la bataille est perdue, sans stigmatiser la profession.
00:07:31 Avec l'administration pénitentiaire, on sait que drogue, téléphone mobile rentrent tout à fait facilement.
00:07:40 On commence, parce que les moyens de ces réseaux criminels sont infinis, à avoir de plus en plus,
00:07:47 et Mme Ford l'a indiqué, de problématiques de corruption de fonctionnaires de police.
00:07:53 Et nous entamons une réflexion avec le procureur général sur des cabinets qui seraient sujets à beaucoup d'annulations de procédures.
00:08:06 Ça peut être dû à l'incompétence, mais ça peut également être dû à la corruption.
00:08:11 Donc, on va essayer d'avoir des actions proactives.
00:08:13 Et nous avons actuellement deux enquêtes en cours, à Marseille, sur des fonctionnaires de greffe,
00:08:17 qui sont effectivement suspectés de renseigner des membres du crime organisé.
00:08:22 Je le répète, il y en a deux heures, comme ça.
00:08:24 Et ça, ce n'est pas un travail de journaliste, parce que ces gens-là ne diraient rien à des journalistes.
00:08:29 Ils le disent devant des commissions sénatoriales d'enquête, où effectivement, ils prennent sous serment,
00:08:34 et ils sont obligés de parler.
00:08:35 Dernière chose, et après je vous donne la parole, le paiement des avocats, c'est Isabelle Coudert, qui est présidente du tribunal judiciaire.
00:08:41 La grande aisance financière de ces délinquants du haut du spectre,
00:08:45 qui n'ont pas payé un seul euro d'impôt en France,
00:08:48 est évidente lors de leur interpellation, lorsqu'ils apparaissent en capacité de rémunérer plusieurs avocats,
00:08:54 et non des moindres, pour leur défense.
00:08:57 La corrélation entre l'absence de justification de ressources légales,
00:09:01 et la capacité de rémunérer très cher sa défense, interroge.
00:09:06 Alors donc moi je veux bien qu'on parle de Vichy, de Pétain, ça ne me dérange pas, pendant des mois.
00:09:13 Mais ça, personne n'en parlera.
00:09:15 Éric Dupond-Moretti, il devrait parler de ça, il devrait être à Marseille ce matin.
00:09:20 Je vous donne la parole.
00:09:22 D'abord, j'ai eu un moment de saisissement, mon cher Pascal, en vous voyant louer quatre magistrats.
00:09:30 Ça ne vous arrive pas souvent, seulement qu'on puisse dire.
00:09:34 Et ce que...
00:09:36 Je ne sais pas si c'est le sujet, vraiment.
00:09:38 Mais si, mais si, parce qu'en général, vous les critiquez lorsqu'ils prennent des décisions...
00:09:43 Je ne comprends pas le sujet.
00:09:45 Lorsqu'ils prennent des décisions qui ne vous plaisent pas.
00:09:47 Et je suis ravi que là, vous fassiez un sort tout à fait élogieux,
00:09:51 à des auditions qui semblent en effet, de manière très décapante,
00:09:56 révéler une réalité marseillaise effrayante.
00:10:00 Ce que je crois, je ne connais pas cette réalité,
00:10:03 mais je n'ai aucune raison de douter du constat qu'ils font.
00:10:07 C'est que, je crois que si on reste dans le schéma classique,
00:10:12 eh bien, on n'aura jamais assez de magistrats,
00:10:16 assez de policiers,
00:10:18 assez d'autorités pour parvenir à bloquer, à limiter,
00:10:25 cet effrayant trafic de drogue là-bas.
00:10:28 Je pense qu'un jour, il faudra accepter,
00:10:31 et eux-mêmes ne l'ont pas dit,
00:10:33 c'est qu'on ne pourra gagner cette guerre
00:10:36 que si on change radicalement l'état de droit,
00:10:40 qui à l'heure actuelle, est d'une telle sophistication,
00:10:44 qu'il permet à des transgresseurs,
00:10:46 et mon Dieu, au plus haut de l'échelle pénale,
00:10:49 à dominer, je dirais, l'affrontement qu'ils ont
00:10:54 avec les forces régaliennes.
00:10:56 Moi, je suis, je radote là-dessus,
00:11:00 mais sans changement radical de l'état de droit,
00:11:03 eh bien, on ne gagnera plus la moindre guerre en matière pénale
00:11:08 contre les forces qui veulent détruire notre société
00:11:12 et qui accumulent des gains inouïs par ces trafics.
00:11:16 Voilà.
00:11:17 Je pense que beaucoup de gens peuvent être d'accord avec vous.
00:11:19 On verra tout à l'heure, ce qu'on l'a passé il y a un mois,
00:11:21 ce qui se passe au Salvador.
00:11:22 Il a gagné, le président de Salvador.
00:11:24 Il a été réélu par 90%.
00:11:26 Et à quel prix ?
00:11:27 Là, l'état de droit n'existe plus.
00:11:29 Mais on va voir.
00:11:30 L'état de droit n'existera plus au Salvador,
00:11:32 en tout cas pour ces gens-là.
00:11:34 Oui, il y a un problème de fond.
00:11:37 Il me semble qu'il y ait un problème politique,
00:11:40 qui est le problème du macronisme.
00:11:42 Le macronisme, c'est 5 + 2, on est à 7 ans.
00:11:46 Autrefois, c'était un septennat.
00:11:48 En 7 ans, le macronisme, le président de la République,
00:11:52 et je mets là-dedans la majorité qui existait,
00:11:56 qui n'est plus aujourd'hui une vraie majorité,
00:11:58 mais enfin, cette partie, disons, de la politique,
00:12:03 a mis deux angles morts qu'elle n'a pas voulu traiter.
00:12:06 Le premier, angle mort, et les deux angles morts,
00:12:10 vous allez le voir en une seconde,
00:12:11 les angles morts se recoupent.
00:12:13 Le premier angle mort, ce sont les problèmes.
00:12:15 Tout ce qui est lié à l'immigration en France
00:12:19 et aux violences créées par l'immigration.
00:12:21 Et à la délinquance immigration, le joint fait par Darmanin, etc.
00:12:24 Premier problème, non traité,
00:12:26 ou traité d'une manière assez dérisoire,
00:12:29 on le verra avec les effets de la loi qui a été votée récemment.
00:12:32 Deuxième problème, le problème de la cartélisation, maintenant, dit-on.
00:12:37 Vous imaginez le mot, cartélisation ou mexicanisation de la France.
00:12:42 C'est-à-dire de la montée d'une violence.
00:12:44 Mais il y a une corroboration entre les deux problèmes,
00:12:47 parce que très souvent, ce sont les mêmes,
00:12:49 ce sont les mêmes, ou en partie les mêmes,
00:12:52 qui se retrouvent dans les gangs de la drogue,
00:12:55 et qui se retrouvent aussi dans les violences communautaires.
00:12:57 – Mais pardonnez-moi, mais on sait tout ça, on n'en est plus là.
00:12:59 – Mais oui, mais on le sait, mais on ne le traite pas.
00:13:00 – Mais oui, mais c'est comme ça, alors de nitro-séro.
00:13:02 – Laissez-moi dire un dernier mot.
00:13:04 Dans tous les journaux du monde aujourd'hui, on parle de la violence.
00:13:08 En Amérique, on parle par exemple de 1000 policiers dans le métro à New York,
00:13:12 ça, c'est jamais vu depuis 50 ans.
00:13:14 En France, on parle de quoi ?
00:13:16 On parle de l'Ukraine, depuis une semaine.
00:13:19 Or, l'Ukraine, il ne se passe à peu près rien.
00:13:21 Malheureusement pour les Ukrainiens, il y a une sorte de stand-by en Ukraine.
00:13:26 Donc, en fait, je dis, on ne traite pas les vrais problèmes.
00:13:28 – Merci.
00:13:29 Denis Trossero est avec nous et il est en direct, il est venu l'autre jour.
00:13:33 Et Denis Trossero est un journaliste de Marseille.
00:13:36 Vous étiez à la Provence longtemps.
00:13:38 Je ne sais pas si vous êtes toujours à la Provence, d'ailleurs, Denis, aujourd'hui.
00:13:42 Ah, là malheureusement, je ne vous entends pas.
00:13:45 Est-ce qu'on peut vous entendre ?
00:13:46 Est-ce qu'on vous entend ?
00:13:47 – J'étais journaliste à la Provence pendant plus de 30 ans, oui.
00:13:51 – Donc, vous connaissez par cœur Marseille, vous êtes venu l'autre jour nous en parler.
00:13:56 D'habitude, c'est parfois les journalistes qui disent ça, parfois ce sont des habitants.
00:14:00 Là, ce sont des magistrats, des magistrats qui ont parlé sous serment.
00:14:04 Je le répète, je vais le dire dix fois dans cette émission,
00:14:07 c'est le témoignage le plus important que j'ai lu en France depuis des mois et des années, peut-être.
00:14:13 Ce qui se passe, ce qu'on dit, ces magistrats, c'est effrayant.
00:14:16 Ça devrait être une cause nationale,
00:14:19 plutôt que ce dont on nous rebat les oreilles sur d'autres sujets.
00:14:23 Ça devrait être une cause nationale.
00:14:25 Quelle est votre analyse de cette audition avec ces quatre magistrats ?
00:14:29 – Je suis un peu d'accord avec vous, effectivement.
00:14:33 Le constat que décrivent ces quatre magistrats est assez éloquent.
00:14:38 Ils avaient déjà dit un certain nombre de choses,
00:14:42 mais leur propos est très concentré, très direct.
00:14:46 Et c'est en tout cas moi la première fois,
00:14:48 même si on a parlé jusque-là de narcomycines pour les 49 morts de l'année 2023,
00:14:53 c'est la première fois que des magistrats marseillais emploient le terme de narcoville.
00:14:58 Ce qui est plus inquiétant à mon sens,
00:15:02 et qui à mon avis, comme vous le dites, doit mobiliser le chef de l'État,
00:15:06 mais aussi le ministère de la Justice,
00:15:08 c'est que malgré toutes les actions qui ont été menées depuis un an par la préfète de police,
00:15:13 qu'on a appelée le pilonnage des cités,
00:15:16 on aurait démantelé, pour l'exemple sur Marseille, 70 points de deal,
00:15:20 mais il en reste 128.
00:15:22 C'est-à-dire qu'il y a une centaine de cités sur Marseille
00:15:24 qui ont encore à ce jour un point de deal.
00:15:27 Donc vous imaginez la tâche d'une ampleur considérable,
00:15:30 c'est un peu le tonneau des Danaïdes qui se vide d'un côté,
00:15:34 mais qui se remplit sans cesse de l'autre.
00:15:37 On rappelle votre livre "Règlement de comptes à Marseille",
00:15:40 vous étiez venu sur notre plateau pour en parler,
00:15:43 "Règlement de comptes à Marseille, une histoire de la violence dans la cité phocéenne".
00:15:46 Alors je ne vous demande pas de donner votre avis sur les solutions, bien évidemment,
00:15:50 mais par exemple la corruption du personnel pénitentiaire,
00:15:54 la peur pour les cours d'assises, le juge Michel qui a été évoqué,
00:15:58 je rappelle que le juge Michel avait été tué,
00:16:00 c'est la première fois d'ailleurs qu'un homme était tué en moto,
00:16:04 le juge Michel, c'était une première, si j'ose dire.
00:16:08 Le juge Michel, c'est dans les années 70, je ne sais pas quelle année c'est,
00:16:11 si c'est 76 ou 77.
00:16:13 Non, 21 octobre 1981.
00:16:16 1981, pardonnez-moi, je pensais que c'était un petit peu avant.
00:16:20 Parce qu'avant il y avait eu le juge Renaud, effectivement à Lyon,
00:16:24 un film avait été fait d'ailleurs d'Yves Boisset avec Patrick Devers,
00:16:27 "Le juge Fayard dit le shérif".
00:16:29 Mais on voit bien aujourd'hui que ces gens ont peur,
00:16:33 et j'imagine que vous les rencontrez ces magistrats,
00:16:36 ils ont peur pour eux et ils parlent de corruption du personnel pénitentiaire,
00:16:42 ce qui est effrayant.
00:16:44 Oui, oui, tout à fait.
00:16:46 Mais en fait il y a une conjonction de phénomènes.
00:16:48 Il y a d'une part des magistrats qui, en fait depuis la mort du juge Michel,
00:16:52 ce qui avait été initié c'était une cossésine des magistrats,
00:16:56 pour éviter la personnalisation et le lien direct entre les grands voyous,
00:17:02 pardon de l'expression, et les juges d'instruction.
00:17:05 Donc on avait mis en place cette cossésine qui existe désormais
00:17:08 dans tout un tas d'affaires.
00:17:10 Mais pour autant ces trafiquants de drogue sont prêts à tout.
00:17:16 Il faut savoir quand même que 62% des tueurs recensés à Marseille
00:17:21 ont à ce jour moins de 21 ans.
00:17:23 Ils sont décrits par les quatre magistrats en question comme immatures.
00:17:27 Ils sont capables de tuer pour 3 000, 5 000, 7 000 euros.
00:17:31 Donc je comprends la position des magistrats qui sont fortement inquiets.
00:17:37 Et à côté de ça, il y a tout un tas de signaux forts
00:17:41 qui ne laissent pas d'inquiéter les autorités.
00:17:44 Ces signaux forts, c'est notamment le risque de délitement de l'État de droit,
00:17:49 c'est la féminisation que vous avez évoquée.
00:17:52 Ce sont aussi les avocats qui tentent de faire de plus en plus échec aux procédures
00:17:57 en n'allant pas sur le terrain du fond, mais plutôt celui de la forme,
00:18:00 en faisant des demandes de mise en liberté quasiment tous les jours,
00:18:04 en soulevant des nulités de procédure pour faire libérer leurs clients.
00:18:08 Donc des stratégies qui sont des stratégies d'importance
00:18:13 qui menacent l'État de droit.
00:18:16 Merci beaucoup, Denis Trossero.
00:18:18 Je rappelle que Marseille est la ville emblématique choisie par le président de la République.
00:18:22 Oui, c'est ça.
00:18:23 C'est la ville emblématique.
00:18:25 Ce qui se passe dans cette ville, ça me paraît beaucoup plus important
00:18:29 que ce qu'on verra à l'Assemblée nationale tout à l'heure
00:18:31 avec les chicaneries qu'il y a pu y avoir,
00:18:34 et de parler comme on entend parfois parler dans les discours politiques.
00:18:38 Florian Bachelier, vous étiez député.
00:18:40 Votre sentiment ?
00:18:42 On voit le réel et c'est à ça que sert le Parlement aussi,
00:18:45 c'est de montrer la réalité.
00:18:47 Moi, quand j'étais député de Rennes, j'ai croisé tous ces acteurs.
00:18:52 C'est les magistrats, les sociologues, les policiers, les associations,
00:18:57 les transporteurs, etc.
00:18:59 Et les constats, vous le faites, Marseille c'est particulièrement sensible.
00:19:04 Et c'est aussi pour ça, je ne veux pas laisser dire que rien n'est fait à Marseille.
00:19:06 Marseille, le journaliste le rappelait, c'est pilonné.
00:19:09 Il y a un préfet qui agit, mais ce n'est peut-être pas suffisant.
00:19:12 C'est ce qu'a dit en fait le vrai Florian Bachelier.
00:19:16 La vraie question que vous devez vous poser aujourd'hui,
00:19:20 est-ce qu'il faut tout changer de logiciel ?
00:19:23 On va voir tout de suite si vous voulez le sujet du Salvador.
00:19:25 Et moi, je vais vous poser la question.
00:19:26 Donc je ne réponds pas à la question.
00:19:27 Non, parce que, pardonnez-moi ce que vous direz,
00:19:30 je ne veux pas dire que ça n'a pas d'intérêt,
00:19:32 mais vous répéterez ce qu'on sait depuis 40 ans, 30 ans, 20 ans, 20 ans.
00:19:36 Non, je vais vous faire part de l'expérience.
00:19:37 La question c'est ce que dit aujourd'hui Philippe Bélgère.
00:19:40 Est-ce que quelqu'un qui fait du deal...
00:19:43 Moi ce qui m'étonne, c'est que vous découvriez sur le plateau cette réalité.
00:19:45 Non, on en parle régulièrement.
00:19:46 Sur le terrain, on le sait.
00:19:47 Mais on en parle régulièrement.
00:19:48 Moi je vous dis...
00:19:49 Et on a mis en place...
00:19:50 Non mais quand vous dites "rien n'est fait",
00:19:51 si en fait il y a des contrats de sécurité intégrés,
00:19:53 une meilleure coordination des acteurs,
00:19:54 il y a une politique carcérale qui est insuffisante, mais qui est...
00:19:57 Quelqu'un qui fait du deal au bout de 3 fois, 4 fois, 5 fois,
00:20:00 il ne sort plus de sa vie.
00:20:02 Est-ce que vous entendez ce que je vous dis ?
00:20:04 Je vous dis la même chose.
00:20:05 Ah, vous dites la même chose ?
00:20:06 Un responsable politique fait ces constats-là.
00:20:09 Et quand il vient sur le terrain pour expliquer à ses concitoyens,
00:20:13 il passe par les médias.
00:20:14 Quand il traite ces sujets-là, il est qualifié de facho, pour être très clair.
00:20:18 Mais c'est vrai.
00:20:19 Dans ce cas-là, on ne fait plus rien.
00:20:21 Et quand vous dites "les sujets pas importants ne sont pas menés"...
00:20:24 Moi, j'ai entendu depuis le début de la semaine,
00:20:26 pas ici, mais si j'étais un peu taquin,
00:20:28 on a passé la moitié du temps de l'espace médiatique
00:20:31 à critiquer cette affiche qui est moche,
00:20:34 moi je la trouve assez laide,
00:20:36 et on a parlé des commentaires, des commentaires, des commentaires
00:20:38 sur cette affiche-là, plutôt que de parler...
00:20:40 Moi, je suis très heureux de voir évoquer ce sujet sur ce plateau.
00:20:45 Mais pourquoi on ne le fait pas tous les jours ?
00:20:46 Donc vous nous expliquez que si le gouvernement n'agit pas plus,
00:20:48 c'est pour ne pas être très vite facho ?
00:20:49 Non, non, c'est pas ça que je vous dis.
00:20:51 Nous, on n'en parle pas suffisamment, en fait.
00:20:52 C'est pas ça que je vous dis.
00:20:53 Florian Bachelier !
00:20:54 Je vous dis que les acteurs politiques doivent passer par les médias,
00:20:57 et quand vous traitez ce sujet-là...
00:20:59 Mais Florian Bachelier, le cœur de ça, c'est le courage.
00:21:01 Le courage !
00:21:03 Mais vous avez raison.
00:21:04 Le courage ! Il faut beaucoup de courage.
00:21:06 Je vais vous proposer le sujet du Salvador.
00:21:09 Volontairement.
00:21:11 Certains y verront peut-être une forme de provocation.
00:21:14 Mais ils ont arrêté le problème.
00:21:18 Et c'est un sujet qu'on avait passé avec Mikaël Dos Santos,
00:21:21 sur ce qui se passe et le trafic.
00:21:23 Ils l'ont arrêté.
00:21:24 C'était l'état le plus dangereux du monde.
00:21:26 Avec le taux de missile le plus important.
00:21:27 Et je pense qu'on va aller peu à peu, peut-être pas à ce niveau-là,
00:21:31 mais à un moment, il faut arrêter.
00:21:33 Ou alors, il n'y a rien à faire, en fait.
00:21:34 Oui, mais une fois qu'on a dit ça...
00:21:36 Eh bien, faut pas...
00:21:37 Une fois qu'on a dit ça...
00:21:39 Faut un président de la République qui dise, voilà,
00:21:41 c'est mon combat numéro un.
00:21:44 Et mon combat numéro un, c'est pas de parler de Philippe Pétain.
00:21:47 Écoutez le sujet sur le Salvador.
00:21:51 Dans un gant de velours, derrière son style décontracté,
00:21:57 Naïb Boukele est intraitable face au gang.
00:22:00 En 2022, après une flambée de violence à l'origine d'au moins 87 morts,
00:22:05 le président du Salvador est au chevet d'un pays gangréné par le crime.
00:22:10 Le Salvador est avec des métastases.
00:22:13 Le Salvador avait des métastases,
00:22:15 nous avons fait de la chirurgie, de la chimiothérapie,
00:22:18 de la radiothérapie et nous guérirons du cancer des gangs.
00:22:22 Quartier confie à l'armée, arrestation de 75 000 gangsters,
00:22:30 construction d'une méga prison de 40 000 places.
00:22:33 Le régime d'exception a fait l'effet d'un électrochoc.
00:22:36 Le taux d'homicide a même été divisé par 35,
00:22:39 du jamais vu depuis trois décennies.
00:22:42 La fierté pour celui qui se définit avec ironie
00:22:45 comme le dictateur le plus cool au monde.
00:22:48 Nous étions le pays le plus dangereux au monde,
00:22:53 aujourd'hui nous sommes le pays le plus sûr de l'ouest de la planète.
00:22:57 Grâce à sa politique sécuritaire,
00:23:00 Naïb Boukele et ses opposants enchaînent les succès électoraux.
00:23:04 Avec une cote de popularité de plus de 90%,
00:23:07 les Salvadoriens sont unanimes.
00:23:11 Beaucoup de gens pensent que c'est une dictature,
00:23:14 mais si c'était une dictature, elle serait excellente.
00:23:17 Aujourd'hui c'est plus sécurisé, on voit la différence.
00:23:20 Depuis son élection en 2019,
00:23:22 certaines ONG dénoncent les conditions de détention des prisonniers
00:23:26 et des arrestations arbitraires.
00:23:28 Marc Lamola est venu plusieurs fois sur ce plateau,
00:23:31 il est ex-policier des quartiers nord de Marseille,
00:23:34 il a écrit un bouquin, il est en train de nous regarder,
00:23:37 je voudrais vous lire ce qu'il m'écrit.
00:23:39 - "Bonjour, jeu rigeau d'en écoutant les reportages.
00:23:41 Marseille est perdue depuis plus de 20 ans.
00:23:43 Elle est en proie à une immigration incontrôlée
00:23:45 et à une criminalité exponentielle.
00:23:47 Les pouvoirs publics locaux comme ceux de l'État
00:23:49 ont laissé faire par électoralisme
00:23:51 et certains élus locaux ont même bénéficié de subventions
00:23:53 pour payer leurs frais de campagne.
00:23:55 Il semblerait que les autorités viennent de découvrir la situation.
00:23:58 Alors, flics de terrain, on nous faisait taire
00:24:00 lorsque nous alertions sur ces phénomènes.
00:24:02 Je l'ai dit et affirmé même sur votre antenne,
00:24:04 Marseille est perdue, définitivement perdue,
00:24:07 elle n'appartient plus à la République."
00:24:09 Voilà ce que dit un policier, Philippe Guibet.
00:24:11 - Alors, d'abord vous avez complètement raison de dire
00:24:14 que c'est un des problèmes les plus essentiels du pays,
00:24:17 le cancer le plus grave du pays, c'est sans doute celui-ci.
00:24:20 Donc vous avez parfaitement raison.
00:24:22 Deuxièmement, en matière de dire que c'est complètement perdu,
00:24:24 moi je ne rentrerai pas là-dedans.
00:24:26 Je pense que plutôt que le Salvador,
00:24:28 on a une comparaison européenne qui s'appelle l'Italie,
00:24:31 qui a fait face à des mafias,
00:24:33 parce qu'on est face à des phénomènes
00:24:35 extrêmement comparables avec des phénomènes de corruption,
00:24:38 avec énormément d'argent qui circule.
00:24:41 On a l'Italie qui a construit à un moment donné,
00:24:44 pour mettre fin à Cosa Nostra en Sicile
00:24:46 ou à la Camorra en Apple, même si elle existe toujours,
00:24:49 des législations d'exception,
00:24:52 un peu comme on a fait en France sur le terrorisme,
00:24:54 parce que je pense que ce ne sont pas du tout les mêmes problèmes,
00:24:57 mais ce sont des problèmes de gravité absolument comparables.
00:25:00 Et donc je pense que c'est ça qu'il faut qu'on mette en place en France,
00:25:04 c'est-à-dire une législation particulière pour les trafics de drogue.
00:25:08 Et donc je ne pense pas que c'est l'état de droit qu'il faut remettre en cause,
00:25:12 c'est l'état du droit concernant les trafics de drogue.
00:25:16 Et je crois qu'il faut qu'on durcisse évidemment énormément,
00:25:20 mais qu'il faut qu'on aille très très vite,
00:25:22 parce que les phénomènes de corruption,
00:25:24 ils étaient redoutés depuis longtemps,
00:25:26 vu l'argent qui circule.
00:25:28 Et là, ce que nous disent les magistrats,
00:25:30 et c'est là où ça devient gravissime,
00:25:32 c'est qu'ils nous disent que la corruption, elle est déjà là.
00:25:34 Dans l'administration pénitentiaire, à l'évidence,
00:25:37 chez les policiers, et c'est ce qu'ils suggèrent aussi,
00:25:40 et quand la corruption rentre, il faut agir extrêmement vite.
00:25:44 - Thomas, il est avec nous,
00:25:46 puisque c'était Philippe Guibert évidemment qui s'exprimait.
00:25:49 Nous allons terminer cette première demi-heure sur Europe 1
00:25:52 et passer la parole, comme nous le faisons tous les jours,
00:25:54 à Thomas Hill, c'est un sujet dramatique, grave,
00:25:57 que nous avons abordé.
00:25:59 Votre cahier des charges, en tout cas votre éditorial,
00:26:03 sera peut-être plus léger, cher Thomas Hill,
00:26:06 et c'est tant mieux aussi de parler de choses parfois plus légères.
00:26:09 - Ça fait du bien aussi. Merci Pascal, bonne émission.
00:26:12 - Merci Thomas Hill, on va marquer une pause.
00:26:14 Vraiment, ça a été...
00:26:18 On sait tout ça, on sait tout ça,
00:26:21 mais quand ces magistrats prennent la parole et le disent,
00:26:24 et vraiment j'attends les réactions,
00:26:26 parce que je me demande s'ils ne vont pas se faire taper sur les doigts,
00:26:28 parce que l'idée quand même...
00:26:30 - Ils n'ont pas le choix, comme vous l'avez dit.
00:26:32 - Oui, mais l'idée quand même, c'est de dire...
00:26:34 Parce que déjà, ce matin, Sonia Mabrouk,
00:26:37 non je crois que c'était Dimitri Pavlenko,
00:26:39 avait un interlocuteur sur Europe 1 qui disait
00:26:41 "Mais non, ce n'est pas si grave, je vous assure".
00:26:43 - Bien sûr, mais vous verrez la réponse du gouvernement,
00:26:45 ça sera celle de Florian Bachelier,
00:26:47 on fait des choses, on harcèle les points de deal,
00:26:49 on a des résultats, on envoie la CRS 8
00:26:51 quand il y a un drame sur place, voilà.
00:26:53 - Non, la réponse de Florian Bachelier, vous ne l'avez pas eue,
00:26:55 parce que vous l'avez coupée.
00:26:57 - Non, mais vous ne l'avez pas écoutée.
00:26:59 Je vous disais que ce que j'entends là,
00:27:01 en commission parlementaire, je l'ai entendu maintes et maintes fois.
00:27:03 J'ai entendu les syndicats de policiers,
00:27:05 j'ai entendu les magistrats...
00:27:07 - Il manque une seule chose, la volonté politique.
00:27:09 - Est-ce que j'ai dit l'inverse ?
00:27:11 - Non.
00:27:13 - Vous dites ce que je n'ai même pas eu le temps de dire.
00:27:16 - En fait, il faut que les peines soient tellement dissuadées,
00:27:19 je vous le répète.
00:27:20 - Il faut des places de prison.
00:27:22 - Mais c'est plus que ça, c'est même peut-être plus même
00:27:24 sur le sol de la métropole.
00:27:26 - Avec les élus locaux,
00:27:28 ce qui a été dit aussi dans le reportage.
00:27:30 - Il faut peut-être réfléchir.
00:27:32 - Est-ce qu'il se passe à Marseille ? C'est un effet loupe ?
00:27:34 Non, mais je vous le dis, à Nantes, à Rennes, à Toulouse, à Montpellier,
00:27:36 c'est ça.
00:27:38 - Je vous dis, il faut peut-être penser
00:27:40 que tous ces gens,
00:27:42 ils ne sont même peut-être plus
00:27:44 à mettre sur la métropole.
00:27:46 Ils trouvent des endroits différents
00:27:48 où ils sont jusqu'à la fin de leur vie.
00:27:50 Vous comprenez ça ? Jusqu'à la fin de leur vie.
00:27:52 - Ce qu'on voulait faire,
00:27:54 c'est le bain à Cayenne.
00:27:56 - Mais ne riez pas !
00:27:58 - Mais je ne ris pas.
00:28:00 - Je veux protéger la société.
00:28:02 - Moi aussi.
00:28:04 - Oui, mais vous n'y arrivez pas.
00:28:06 - Les tolérances zéro.
00:28:08 - La pause.
00:28:10 - Prononcez ces deux mots et vous verrez que...
00:28:12 - Ah ben, Guantanamo, oui.
00:28:14 - La pause.
00:28:16 - Soumaya Labidi nous rappelle les titres.
00:28:18 Il est 9h33.
00:28:22 - Il reste mobilisé et attend
00:28:24 bien plus du gouvernement.
00:28:26 Les agriculteurs du Sud-Ouest bloquent
00:28:28 cette route que vous allez voir dans un instant
00:28:30 de Montferrand depuis ce matin.
00:28:32 Les revendications restent les mêmes.
00:28:34 Ils réclament de juste prix pour pouvoir
00:28:36 vivre de leur travail.
00:28:38 Sa famille réclame la vérité.
00:28:40 Anissa, 24 ans, est morte au domicile
00:28:42 de sa mère le 29 décembre dernier
00:28:44 après un passage aux urgences
00:28:46 de l'hôpital de La Fontaine en Seine-Saint-Denis.
00:28:48 Elle y avait passé une partie de la nuit
00:28:50 en raison de douleurs thoraciques
00:28:52 avant d'être renvoyée chez elle avec une ordonnance.
00:28:54 Et puis, nouvelle série
00:28:56 de records climatiques alarmants.
00:28:58 Hiver le plus chaud jamais enregistré,
00:29:00 tout comme la température des océans.
00:29:02 Des hausses alimentées par les émissions
00:29:04 de gaz à effet de serre et le phénomène
00:29:06 climatique El Niño, selon
00:29:08 l'observatoire européen Copernicus.
00:29:10 - Si Soumaya Philippe-Bilger a malheureusement raison,
00:29:12 seule une sortie ciblée de l'Etat de droit
00:29:14 serait à même de résoudre le problème
00:29:16 du narcotrafic. En l'état, autant dire
00:29:18 que l'Etat est perdu. Ce sont les messages
00:29:20 que je lis sur les réseaux sociaux.
00:29:22 Sabrina, vous ne vous êtes pas exprimée.
00:29:24 - Oui, alors moi je voudrais indiquer
00:29:26 que c'est complètement fichu.
00:29:28 Que Marseille est un préfiguratif
00:29:30 de ce qui va continuer
00:29:32 à se passer en France.
00:29:34 Et ce problème, il est lié à des mutations
00:29:36 qui perdurent depuis 40 ans
00:29:38 dans ce pays, c'est-à-dire qu'autrefois
00:29:40 les grandes métropoles qui étaient fortement
00:29:42 industrialisées avaient une figure
00:29:44 de respectabilité qui était celle du père
00:29:46 du fait de son utilité économique
00:29:48 et sociale. Cette respectabilité
00:29:50 aujourd'hui, elle n'est acquise que lorsqu'on est
00:29:52 ou dealer ou djihadiste.
00:29:54 Donc aujourd'hui, dans de nombreux quartiers,
00:29:56 vous avez ce double spectre. Ça c'est la première
00:29:58 des observations sociologiques.
00:30:00 La deuxième des observations sociologiques
00:30:02 c'est évidemment lié au phénomène de
00:30:04 l'immigration, et là je rejoins tout à fait Gérard.
00:30:06 Non seulement parce qu'il y a un clivage
00:30:08 générationnel qui a fait que les enfants
00:30:10 d'il y a 20 ans sont devenus aujourd'hui
00:30:12 ce qu'on appelle les jobbeurs,
00:30:14 les charbonneurs, tout le langage
00:30:16 qui concerne ce trafic de drogue.
00:30:18 Et malheureusement,
00:30:20 aujourd'hui, la manne financière
00:30:22 que représente l'Etat fric de drogue est impossible
00:30:24 à endiguer. Alors moi je veux bien qu'on parle de l'état de droit
00:30:26 mais il faut rappeler que l'état de droit
00:30:28 n'existe pas dans ces quartiers,
00:30:30 le monopole de la violence légitime
00:30:32 n'y existe pas, que ce sont des tas
00:30:34 de droits, et ces tas de droits obéissent
00:30:36 à la loi du plus fort, à la loi du clan, à la loi
00:30:38 du boss, à la loi du jobbeur et à la loi du charbonneur.
00:30:40 Maintenant, quand on parle,
00:30:42 j'entends Benoît Yadant nous dire que
00:30:44 Marseille est la première ville algérienne
00:30:46 de France, évidemment qu'il y a un lien de causalité
00:30:48 avec tous ces phénomènes de violence
00:30:50 et l'immigration, ça c'est une certitude.
00:30:52 Après, pour ce qui est des problèmes à posteriori,
00:30:54 c'est-à-dire la corruption,
00:30:56 ça a toujours existé, moi je me souviens
00:30:58 par exemple de l'ancien maire de Marseille qui disait à l'époque
00:31:00 qu'il se tue entre eux, ces dealers,
00:31:02 que Sylvie Andrieux a été
00:31:04 inquiétée pour ces problèmes-là de corruption,
00:31:06 qu'à Dunkerque, il y a également des
00:31:08 personnes qui travaillent dans des ports, qui sont
00:31:10 menacées de mort par la torture,
00:31:12 la jambisation ou le barbecue
00:31:14 qui sont leurs méthodes et qui n'ont pas le choix
00:31:16 malheureusement que d'accepter,
00:31:18 c'est un vrai fléau, il faut savoir que
00:31:20 c'est pas simplement Marseille, c'est le Havre, c'est Anvers,
00:31:22 tout ça est un problème
00:31:24 qui n'est pas simplement franco-français,
00:31:26 qui dépasse la frontière française et
00:31:28 qu'est-ce qu'on a face à ça comme réponse politique
00:31:30 à apporter ? La CRS 8 de temps en temps
00:31:32 déployée, le ministre de l'Intérieur
00:31:34 qui arrive, qui nettoie les murs, qui fait des
00:31:36 déclarations solennelles, etc. Alors que
00:31:38 dans les sous-bassements et notamment concernant
00:31:40 cette audition du magistrat, on vous révèle
00:31:42 ce que c'est que la réelle inquiétude de ces gens
00:31:44 mais ces magistrats-là sont très courageux
00:31:46 parce qu'ils risquent leur vie en s'exposant
00:31:48 et en indiquant de telles inquiétudes
00:31:50 et de tels propos. - Écoutez, je pense qu'on a fait
00:31:52 d'une certaine manière le tour et qu'on ne dira rien
00:31:54 de plus sur ce sujet puisque
00:31:56 les solutions, là où je vous rejoins
00:31:58 c'est que je pense que c'est fuché... - Non, il n'y en a pas !
00:32:00 - C'est là où on a des accords. - Mais en fait
00:32:02 - Sur le temps, c'est les temps de loi, de la justice,
00:32:04 de la manipulation carcérale, je sais pas mais c'est quoi ?
00:32:06 C'est la police dans les quartiers ? - Je vais vous dire pourquoi
00:32:08 c'est fichu, c'est que
00:32:10 il y aurait des solutions, mais les solutions
00:32:12 qu'il faudrait prendre, personne ne les prendra.
00:32:14 - Alors je vous donne un exemple. - Ils ne peuvent pas les prendre.
00:32:16 - Pascal, je vous donne un exemple.
00:32:18 - Oui, je veux bien que vous me répondiez
00:32:20 mais on est tellement
00:32:22 lassés quoi. - Pascal, pardon.
00:32:24 - Tout ça ne marche pas depuis 40 ans, donc il faut dire
00:32:26 - Voilà. - Je peux me permettre. - Mais oui, mais permettez-moi
00:32:28 - Mais non, mais c'est juste pour... - Attendez, vous venez de parler
00:32:30 - Pardon. - Je reprends mon exemple
00:32:32 de la Sicile et je reprends l'exemple
00:32:34 de l'Italie. Ils ont construit
00:32:36 une juridiction spéciale, ils ont fait un
00:32:38 méga procès. - Vous l'avez dit.
00:32:40 - Et tu crois vraiment que... - Vous êtes en train de me dire
00:32:42 - ...prêt à déployer ? - Sabrina, je termine juste.
00:32:44 Vous êtes en train de dire tout est fichu,
00:32:46 c'est inexact. La situation... - Non, non, c'est tout ici
00:32:48 - La situation était bien
00:32:50 plus grave et bien plus criminelle
00:32:52 à Palerme dans les années 80
00:32:54 qu'elle ne l'est, elle est gravissime
00:32:56 nous sommes d'accord, qu'elle ne l'est à Marseille
00:32:58 aujourd'hui. - Oui mais sauf, sauf Philippe
00:33:00 - Je suis d'accord. - Sauf Philippe
00:33:02 Sauf Philippe, il y a une chose
00:33:04 que vous sous-estimez, c'est qu'elle est niée
00:33:06 dans notre pays. Vous avez un ministre
00:33:08 de la Justice hier, et on va le voir, qui a
00:33:10 parlé du Rassemblement National
00:33:12 qui est obsédé par le Rassemblement
00:33:14 National. Donc, c'est-à-dire
00:33:16 - Mais non, mais c'est le sujet
00:33:18 - C'est le sujet. En fait, vous avez des
00:33:20 politiques qui nous parlent de commémorations
00:33:22 d'IVG ou du
00:33:24 Rassemblement National. C'est le sujet.
00:33:26 - 752, on croit dans ce pays quand même.
00:33:28 - Philippe, il y a un détournement
00:33:30 de l'essentiel, je rejoins
00:33:32 - Mais évidemment, c'est le sujet. - On nous parle
00:33:34 de fierté française, à propos
00:33:36 d'une constitutionnalisation
00:33:38 parfaitement inutile
00:33:40 alors qu'on a une onde française
00:33:42 tous les jours. - Philippe, je suis d'accord
00:33:44 avec vous, je suis d'accord avec vous.
00:33:46 - Mais bien sûr, qu'on contourne le sujet
00:33:48 - Mais c'est l'essentiel. - Mais ne disons pas que tout est fichu
00:33:50 - Non mais on ne déploie pas les moyens
00:33:52 Tout le monde sait qu'à la Fraternelle, c'est la
00:33:54 DZ Mafia et la Yoda qui contrôlent. Tout le monde
00:33:56 le sait. On arrive à les identifier. Pourquoi
00:33:58 ces gens-là sont à Dubaï ? Pourquoi on n'arrive pas
00:34:00 à les extrader ? Question, je pose cette
00:34:02 question. Pourquoi Gérard Darmanin ne fait
00:34:04 pas oeuvre d'une mesure d'exception
00:34:06 pour les ramener sur le territoire français et les
00:34:08 juger ? C'est la preuve qu'il y a des problèmes avec Dubaï.
00:34:10 - On a des problèmes avec Dubaï. - 80%
00:34:12 des tentatives d'assassinat et d'assassinat à Marseille
00:34:14 ont lieu à la cité de la Fraternelle.
00:34:16 Tout le monde a identifié ces problèmes
00:34:18 Tout le monde connaît ces gangs.
00:34:20 - On sait qu'on a des problèmes d'extradition
00:34:22 avec Dubaï et le général. - Bah oui, c'est le problème.
00:34:24 - Je vous propose... - Mais oui, mais c'est multifactoriel.
00:34:27 C'est multiproblématique.
00:34:29 - Alors, les élections européennes arrivent, et les élections
00:34:31 européennes, on ne va pas parler de ça.
00:34:33 Et on parle de l'accessoire. C'est ça que je souligne.
00:34:35 J'ai rien contre personne.
00:34:37 Alors on va voir ce que... Hier, monsieur,
00:34:39 l'état dans lequel est Éric Dupond-Moretti
00:34:41 sur un sujet qui ne me paraît pas essentiel,
00:34:43 il devrait se mettre en colère sur ce
00:34:45 qui se passe à Marseille. - Je suis d'accord
00:34:47 avec vous là. - Alors, écoutons ce qui s'est
00:34:49 passé. - C'est la stratégie.
00:34:51 - Bien sûr, mais écoutons
00:34:53 Éric Dupond-Moretti. C'était à l'Assemblée
00:34:55 nationale hier. Écoutons-le.
00:34:57 Et Marine Lanson,
00:34:59 c'est pas tant le sujet
00:35:01 que je voulais écouter,
00:35:03 mais c'est... Écoutons
00:35:05 cette séquence.
00:35:07 - Les extrêmes
00:35:09 se rejoignent.
00:35:11 Yael Brompivé est parti camper.
00:35:13 Camper !
00:35:17 Alors que sa famille a été déportée
00:35:19 à Tel Aviv.
00:35:21 Pourquoi vous croyez que la famille
00:35:23 de Robert Badinter n'a pas voulu de vous
00:35:25 au funérail de Robert Badinter ?
00:35:27 Vous invitez Corbyn
00:35:29 et Dedeux.
00:35:31 Vous traitez le patron du
00:35:33 CRIF de membres de l'extrême droite.
00:35:35 Vous invitez
00:35:37 Médine.
00:35:39 Elisabeth Borne, vous rappelez
00:35:41 d'elle qu'elle est rescapée.
00:35:43 Vous êtes honteux !
00:35:45 Honteux !
00:35:47 Mais quand j'ai dit ça, j'ai pas tout dit.
00:35:49 M. Bardella,
00:35:51 incapable de dire si Le Pen
00:35:53 est antisémite,
00:35:55 alors qu'il a été condamné
00:35:57 près de 20 fois
00:35:59 à la fois d'ailleurs
00:36:01 pour des propos haineux,
00:36:03 mais aussi pour des violences
00:36:05 exercées sur une élue socialiste,
00:36:07 sans compter les propos
00:36:09 homophobes qu'il a tenus.
00:36:11 M. Bardella,
00:36:13 qui se rend à Florence
00:36:15 avec ses homologues
00:36:17 européens,
00:36:19 qui entend des propos antisémites
00:36:21 comme ils n'ont pas été tenus
00:36:23 depuis 50 ans en Europe,
00:36:25 et qui est interrogé
00:36:27 par un journaliste qui dit
00:36:29 "J'ai pas bien compris, je comprends pas la langue".
00:36:31 Pardonnez-moi, M. Odule,
00:36:33 vous,
00:36:35 qui êtes interrogé sur 3 000
00:36:37 migrants massés à la frontière
00:36:39 polonaise, qui répondez
00:36:41 qu'ils peuvent crever de froid.
00:36:43 J'ai pas fini.
00:36:45 Vos amis,
00:36:47 quelle fake news, je vous ai entendu à la télévision le dire.
00:36:49 Dites que je suis un menteur.
00:36:51 Vous l'avez dit, M. Odule,
00:36:53 vous en avez honte aujourd'hui.
00:36:55 Vous nous donnez des leçons d'antisémitisme
00:36:57 et vous oubliez de rappeler
00:36:59 que l'antisémitisme,
00:37:01 il vient aussi de votre
00:37:03 parti fondé
00:37:05 par un vafanesses.
00:37:07 Bon, toute son énergie devrait la mettre
00:37:09 sur des sujets bien plus importants que ça.
00:37:11 ... 750 zones de non-droit,
00:37:13 c'est la mise à ce qu'on a fait.
00:37:15 Je trouve que c'est lamentable.
00:37:17 Je veux dire, est-ce qu'on a un
00:37:19 garde des Sceaux qui s'occupe des problèmes
00:37:21 français, qui en prend la mesure,
00:37:23 qui est prêt à les combattre
00:37:25 avec le ministre de l'Intérieur
00:37:27 qui fait ce qu'il peut
00:37:29 avec ce qu'il a, ou est-ce qu'on a
00:37:31 un garde des Sceaux qui est venu uniquement
00:37:33 de manière surprenante
00:37:35 pour ressasser
00:37:37 son hostilité à l'égard du
00:37:39 Rassemblement national ? C'est
00:37:41 hallucinant de voir à quel point
00:37:43 nous avons une politique
00:37:45 totalement décalée, vous l'avez
00:37:47 dit tout à l'heure, de ce qui angoisse
00:37:49 la France. - Moi je trouve que c'est
00:37:51 diversion plus manipulation.
00:37:53 On ne parle que de sujets
00:37:55 qui ne devraient pas être au cœur
00:37:57 de l'actualité. Je vous répète,
00:37:59 l'Ukraine aujourd'hui n'est pas un sujet.
00:38:01 Il n'y a qu'en France... - Ah, c'est quand même un peu...
00:38:03 - Ah, Gérard, mais là, on peut avoir un gros
00:38:05 désaccord. - Attendez, il n'y a qu'en France
00:38:07 qu'on parle aujourd'hui, dans toute
00:38:09 la presse européenne. C'est d'ailleurs pas par hasard
00:38:11 si aucun État européen,
00:38:13 si aucun chef d'État européen
00:38:15 n'a suivi l'éventuelle
00:38:17 déclaration du président de la République.
00:38:19 Personne n'en parlait.
00:38:21 Le front... - En Allemagne, c'est qu'un sujet
00:38:23 important, c'est pas vrai. - Depuis des mois, depuis
00:38:25 l'échec de la contre-offensive ukrainienne,
00:38:27 le fonds est stabilisé. - Gérard...
00:38:29 - On parle uniquement pour des raisons purement
00:38:31 électorales. - Non, c'est pas vrai.
00:38:33 - Le Rassemblement national, si vous voulez.
00:38:35 - Gérard, s'il vous plaît,
00:38:37 un peu de discipline. Louis Alliot,
00:38:39 qui est évidemment maire de Perpignan et du
00:38:41 Rassemblement national, nous écrit
00:38:43 "Vos discussions sont intéressantes, mais la réalité
00:38:45 sur le terrain est beaucoup plus grave. Des policiers qui démissionnent
00:38:47 face à l'ampleur de la tâche et aux désistions
00:38:49 judiciaires laxistes. J'ai des exemples
00:38:51 criants de tous ces dysfonctionnements
00:38:53 qui pourrissent l'action de l'État et surtout la vie des
00:38:55 citoyens. Et nous, maires en première ligne,
00:38:57 sans moyens, à qui on demande toujours plus."
00:38:59 Écoutons
00:39:01 Gabriel Attal également sur le
00:39:03 RN, puisque le RN est au cœur
00:39:05 pour des raisons purement politiques, ce qu'on peut
00:39:07 comprendre d'ailleurs, ils font de la politique pure.
00:39:09 - C'est de la campagne électorale. - Oui, mais même
00:39:11 de dire ça... - Il est vrai contre LFI aussi.
00:39:13 - Mais je suis d'accord avec vous, mais ce que
00:39:15 je vous le répète,
00:39:17 ce que j'attends d'un État,
00:39:19 c'est qu'il règle.
00:39:21 On est dans un État qui est en état
00:39:23 de délitement. Ce n'est pas moi
00:39:25 qui le dis, ce sont quatre magistrats
00:39:27 qui parlent d'une ville.
00:39:29 Mais j'ai raison, j'ai raison, ça veut rien dire,
00:39:31 j'ai raison. Qu'est-ce qu'on attend ?
00:39:33 - C'est vrai que vous n'avez pas tort.
00:39:35 - Et on a un président qui commémore.
00:39:37 La seule chose qu'il sait faire, c'est commémorer.
00:39:39 - Non, il ne va pas.
00:39:41 - On va travailler comme ça.
00:39:43 - Et à chaque fois qu'il est allé à Marseille,
00:39:45 rien ne change. Donc il y a peut-être un moment
00:39:47 où il faut changer les choses.
00:39:49 - Oui, c'est ça. Il est allé à Marseille
00:39:51 et qu'il a annoncé des moyens,
00:39:53 et qu'il y a eu des moyens supplémentaires, et que ça ne marche pas.
00:39:55 - Et à votre avis,
00:39:57 pourquoi ça ne marche pas ? Parce que
00:39:59 les mêmes causes produisent les mêmes effets.
00:40:01 - Alors, écoutons ce qu'a dit M. Attal sur le Rassemblement national,
00:40:03 parce qu'effectivement,
00:40:05 il est une cible, et là, on fait de la politique.
00:40:07 Écoutons.
00:40:09 - Je vois l'instrumentalisation que cherchent
00:40:11 à faire certaines forces politiques
00:40:13 que vous évoquez, et notamment
00:40:15 l'extrême droite et le Rassemblement national.
00:40:17 Mais en réalité,
00:40:19 s'ils se saisissent
00:40:21 de ces propos pour nous attaquer,
00:40:23 c'est tout simplement parce qu'ils n'ont pas
00:40:25 changé eux-mêmes d'agenda,
00:40:27 qui est celui de soutenir davantage la Russie que l'Ukraine.
00:40:29 - Quand il dit ça, on pense vraiment que la phrase
00:40:31 d'Emmanuel Macron sur les troupes qui ne sont pas exclues
00:40:33 en Ukraine a été faite
00:40:35 que pour cela. Alors l'Élysée dit que
00:40:37 ce n'est pas vrai, que ça a été prévu depuis deux mois,
00:40:39 la sortie d'Emmanuel Macron, qu'elle ne devait pas
00:40:41 forcément arriver à ce moment-là, mais enfin que c'était préparé
00:40:43 avec les alliés. En attendant, les Allemands sont
00:40:45 très fascistes, ils ont juste la sensation d'avoir été traités de lâches
00:40:47 par le président à Prague
00:40:49 il y a deux jours. L'Élysée les a appelés pour leur dire
00:40:51 "Ne vous inquiétez pas, lâches, ce n'était pas pour vous,
00:40:53 c'était pour les politiques français
00:40:55 pendant la campagne des européennes qui ne voulaient pas s'engager
00:40:57 pour les troupes d'Ukraine. - Il y a une hiérarchie
00:40:59 dans les problèmes de France,
00:41:01 Florian Bachelier, vous qui connaissez, il y a une hiérarchie
00:41:03 et en plus le président aujourd'hui,
00:41:05 il est entouré, quand je dis une cour,
00:41:07 je suis en dessous de la réalité.
00:41:09 C'est-à-dire que ce n'est même plus des courtisans,
00:41:11 ce sont des gens qui ont vu
00:41:13 Dieu. - Avec Emmanuel Macron,
00:41:15 on pourrait être d'accord là-dessus. - Ah ben oui, je suis d'accord.
00:41:17 C'est-à-dire qu'il n'y a même plus de phénomène de
00:41:19 courtisans, pour eux c'est Dieu.
00:41:21 Donc c'est très compliqué, c'est-à-dire que tout l'entourage
00:41:23 du président de la République dit
00:41:25 "Cet homme est exceptionnel, c'est Dieu".
00:41:27 Donc il y a un souci.
00:41:29 - La difficulté c'est qu'on prend un extrait,
00:41:31 je ne suis pas à l'aise avec l'extrait
00:41:33 de mon ami Éric Dupond-Moretti,
00:41:35 parce que je pense tout simplement
00:41:37 de façon très pragmatique que quand vous êtes aux responsabilités,
00:41:39 vous n'avez pas une minute à perdre,
00:41:41 à critiquer ou à jeter l'anathème sur
00:41:43 les autres. Vous ne parlez pas de vos concurrents,
00:41:45 vous parlez de votre projet et comment
00:41:47 vous le transformez.
00:41:49 Imaginez qu'en insultant les électeurs
00:41:51 du RN, les électeurs de la FI,
00:41:53 vous rapportez une seule voix chez vous,
00:41:55 c'est faux. Imaginez que vous allez
00:41:57 convaincre les 80% de gens
00:41:59 qui ne votent plus que
00:42:01 ce serait bien de se déplacer aux urnes pour choisir,
00:42:03 parce que les élus que vous critiquez, ils n'arrivent pas par hasard.
00:42:05 C'est le choix des Français.
00:42:07 Donc stratégiquement,
00:42:09 pour moi les années 90, il faut arrêter
00:42:11 avec ça, je suis d'accord. Mais
00:42:13 prendre un extrait pour dire que c'est ça la réalité
00:42:15 du quotidien du ministre de la Justice,
00:42:17 du ministre de l'Intérieur, du Premier ministre, c'est faux.
00:42:19 Au fond du fond,
00:42:21 il y a énormément de choses qui se travaillent.
00:42:23 Ce sujet est beaucoup plus important que tous les autres
00:42:25 dont on me parle.
00:42:27 C'est la seule chose que j'ai dit.
00:42:29 J'ai entendu Petit Scarabée depuis des jours
00:42:31 dire que le président...
00:42:33 C'est réservé à Pascal Praud.
00:42:35 On a qu'à un quelconque à en faire ça.
00:42:37 Mais je n'ai pas entendu Florian Tardif
00:42:39 qui est un journaliste sérieux.
00:42:41 Ça aussi, c'est que Pascal Praud
00:42:43 qui a le droit de dire ça.
00:42:45 D'ôté de culture générale,
00:42:47 peu importe.
00:42:49 Sérieusement, il n'est pas isolé.
00:42:51 En fait, notre pays, c'est pas n'importe
00:42:53 quel pays. On est le seul pays
00:42:55 et le chef de l'État
00:42:57 et le chef d'un État qui est doté
00:42:59 le seul pays de l'Union Européenne qui est doté de la puissance nucléaire
00:43:01 avec une armée complète et présent
00:43:03 sur l'ensemble du territoire.
00:43:05 Souvent, vous lui reprochez
00:43:07 au président de la République, et sur certains
00:43:09 sujets régaliens, je peux
00:43:11 partager certaines critiques,
00:43:13 vous lui reprochez de faire du en même temps.
00:43:15 Là, il n'en fait pas. Là, il dit,
00:43:17 concrètement,
00:43:19 et aucun chef de l'État européen
00:43:21 n'a contesté ce qu'il a dit, que
00:43:23 l'envoi de troupes en Ukraine
00:43:25 était possible. - Non, mais pas de ça.
00:43:27 - C'est ça dont on dit. - Vous avez écouté Olaf Scholz ?
00:43:29 - Et on le dit. - Vous avez écouté Olaf Scholz ?
00:43:31 - Il fallait que le président de la République appelle Olaf Scholz ?
00:43:33 - Et Joe Biden ?
00:43:35 - Pour dire que aucun chef d'État
00:43:37 n'a contesté le président, aucun chef
00:43:39 de gouvernement bassier Olaf Scholz ?
00:43:41 - Non, non, attendez, personne n'a contesté,
00:43:43 j'en termine, personne n'a contesté l'idée
00:43:45 que cette possibilité était sur la table
00:43:47 de travail de tous les pays de l'Union Européenne.
00:43:49 - Oui, mais chacun peut. - Et pourquoi on le fait ?
00:43:51 On n'est pas sur une stratégie politique,
00:43:53 politicienne, machin ? - Mais qu'est-ce que vous en savez ?
00:43:55 - Parce que j'ai travaillé sur ces sujets-là,
00:43:57 de sécurité, de souveraineté, de l'Amérique,
00:43:59 et que les attaques de la Russie
00:44:01 et de son suzerain
00:44:03 la Chine, sont permanentes
00:44:05 depuis des années, et qu'il y a un manque de lucidité
00:44:07 de la classe politique sur ces sujets. - En même temps, il dit, à Prague, il dit
00:44:09 "il ne faut pas être lâche, il ne faut pas avoir l'esprit de défaite,
00:44:11 et il ne faut pas l'escalade avec la Russie". - Le jour où vous aurez vos hôpitaux
00:44:13 bloqués par les attaques
00:44:15 cyber de la Russie,
00:44:17 vous direz "mais ce n'est pas un sujet qui nous concerne".
00:44:19 Bah si, en fait. Le fait que la Russie lance
00:44:21 un avis de recherche sur la première
00:44:23 ministre d'Estonie, qui est notre allié,
00:44:25 c'est extrêmement grave.
00:44:27 Et ça veut dire que les intérêts vitaux
00:44:29 de la France sont menacés aujourd'hui,
00:44:31 pas demain, aujourd'hui. - Je peux entendre ça,
00:44:33 mais les intérêts vitaux de la France,
00:44:35 ils sont menacés à Marseille. - Mais je...
00:44:37 - Mais c'est pas incompatible. - Non, mais il y a
00:44:39 des priorités. - Mais non, mais...
00:44:41 - Pardonnez-moi de dire... Et quand depuis 20 ans
00:44:43 ces priorités ne sont pas entendues... - La vie de la nation française, pour moi,
00:44:45 c'est la priorité... - Quand ces
00:44:47 priorités ne sont pas entendues depuis 20 ans,
00:44:49 on peut aussi...
00:44:51 Vous ne m'empêcherez pas
00:44:53 d'y voir de temps en temps,
00:44:55 et je n'aimerais pas que ce soit une réalité,
00:44:57 mais je peux y penser, qu'il y ait du
00:44:59 calcul politique à parler d'autres choses...
00:45:01 - Imaginons, imaginons demain... - ... que se passe en France.
00:45:03 - Il y a un grand plan Marseille. Imaginons demain,
00:45:05 il y a le Premier ministre qui dit "à Marseille,
00:45:07 on va mettre le paquet parce qu'on a entendu des choses
00:45:09 qui nous mettent en colère". - Il y en a eu des grands plans Marseille.
00:45:11 - Est-ce que certains des commentateurs
00:45:13 ne diront pas "ah, ils font ça maintenant
00:45:15 parce qu'il y a les élections qui arrivent".
00:45:17 - Mais on s'en fiche des commentateurs. - C'est ça.
00:45:19 - Mais on n'en est plus là... - Dès qu'on s'occupe d'un sujet, on n'est plus à...
00:45:21 - Bon alors, il n'y a rien à faire. - Mais si, on s'en fiche.
00:45:23 - On s'en fiche. - Je ne crois pas.
00:45:25 - On s'en fiche. - Je ne crois pas.
00:45:27 - Vous nous dites qu'il n'y a pas de grand plan Marseille à cause des commentateurs
00:45:29 et parce qu'ils ont peur d'être traités de fachos.
00:45:31 C'est quand même un peu court. - Non mais sérieusement.
00:45:33 Ce n'est pas ça que je dis. - Bah si, c'est complètement ce que vous dites.
00:45:35 - Je dis que quand un politique... - Il n'y a pas de tort.
00:45:37 - Alors dans ce cas-là, je n'étais pas clair.
00:45:39 Je recommence. - Non. - Dans ce cas-là,
00:45:41 quand un politique a le courage de s'occuper d'un problème,
00:45:44 il ne faut pas le suspecter a priori
00:45:46 de le faire par calcul. C'est juste ça que je dis.
00:45:48 Est-ce qu'il n'y a pas de calcul du tout ? Bah non.
00:45:50 - On va marquer une pause.
00:45:52 - On va marquer une pause et on va changer de sujet, croyez-moi.
00:45:54 Alors la dernière demi-heure va être passionnante.
00:45:56 La première heure a été exceptionnelle, grâce à vous.
00:45:58 La dernière demi-heure va être passionnante.
00:46:00 Pourquoi ? Parce que Richard Berry est là.
00:46:02 Et je suis allé voir le spectacle de Richard Berry.
00:46:04 Vous êtes avocat. Il fait quatre plaidoiries.
00:46:06 Une sur l'affaire Dreyfus. - C'est remarquable.
00:46:08 - Une sur la fin de vie.
00:46:10 Une sur les enfants d'Izieu et puis une autre
00:46:12 qui était un concours
00:46:14 d'éloquence.
00:46:16 Mais celui-là, d'une certaine manière,
00:46:18 on en parlera moins.
00:46:20 Et on reviendra sur...
00:46:22 C'est une plaidoirie.
00:46:24 C'est les avocats qui lui ont donné,
00:46:26 Maître Jakubowicz lui a donné le texte.
00:46:28 Et ça va être passionnant de l'écouter
00:46:30 sur ces sujets-là.
00:46:32 Parce que par exemple, la plaidoirie sur la fin de vie,
00:46:34 c'est absolument formidable.
00:46:36 Vous restez avec nous, Florian Bachelier ?
00:46:38 - Si vous le présidez. - C'est moi qui vais partir.
00:46:40 - Gauthier va s'en aller.
00:46:42 - Il y a deux bonnes actualités politiques.
00:46:44 - Un mot sur ce phénomène de courtisans
00:46:46 quand même, que je trouve important.
00:46:48 Je voudrais votre avis à vous,
00:46:50 en une minute.
00:46:52 Non mais parce que vous connaissez
00:46:54 tous ces gens.
00:46:56 Est-ce qu'on peut parler au président de la République ?
00:46:58 - Oui ou non ?
00:47:00 Est-ce qu'il y a quelque chose à faire ?
00:47:02 Pour une fois, la solution, c'est de mettre en place
00:47:04 et d'aller lire des gens qui ont
00:47:06 peut-être d'autres attitudes, le courage
00:47:08 de dire les choses.
00:47:10 - Oui, changer d'homme et d'homme-femme.
00:47:12 - C'est le choix des Français.
00:47:14 Pour ceux qui ont connu les périodes...
00:47:16 - L'entourage, ce n'est pas le choix des Français.
00:47:18 - Les périodes antérieures.
00:47:20 Dans les compositions d'équipes, c'est forcément
00:47:22 un choix direct.
00:47:24 - La pause.
00:47:26 - Ce ne sont pas les Français qui choisissent,
00:47:28 c'est les conseillers du président.
00:47:30 - La pause, parce qu'on est déjà très en retard.
00:47:32 Il est 9h53, Richard Berry, dans une seconde.
00:47:34 Dans une seconde avec Richard Berry,
00:47:36 puisque "Plaidoirie",
00:47:38 c'est le spectacle...
00:47:40 - L'audience est ouverte.
00:47:42 - L'audience est ouverte,
00:47:44 au théâtre de la Michaudière,
00:47:46 que je suis allé voir dimanche.
00:47:48 Il y a quatre "Plaidoiries", l'audience est ouverte.
00:47:50 C'est vrai que c'est absolument formidable.
00:47:52 Je ne sais pas d'ailleurs
00:47:54 comment l'idée vous est venue,
00:47:56 parce que ce n'est pas un texte d'auteur,
00:47:58 mais un texte d'avocat.
00:48:00 J'ai l'impression que personne n'avait jamais fait ça.
00:48:02 - C'est interdit d'enregistrer les "Plaidoiries",
00:48:04 de les filmer.
00:48:06 On peut avoir accès
00:48:08 à certaines "Plaidoiries"
00:48:10 qui ont d'abord été écrites,
00:48:12 ce n'est pas toujours le cas.
00:48:14 D'autres qui ont été reconstituées,
00:48:16 par des avocats qui acceptent
00:48:18 de les retransposer par écrit.
00:48:20 Certaines qui sont enregistrées
00:48:22 d'une façon peut-être un peu illégale,
00:48:24 par la famille,
00:48:26 le papa, la maman, etc.
00:48:28 En tous les cas, on a accès
00:48:30 à certaines "Plaidoiries" sur des sujets importants.
00:48:32 Moi, j'avais envie de traiter certains sujets
00:48:34 comme c'est le cas dans le spectacle de l'audience.
00:48:36 - On va en parler tout à l'heure
00:48:38 avec la fin de vie,
00:48:40 un sujet qui nous passionne.
00:48:42 Dans la salle,
00:48:44 il y a une intensité,
00:48:46 on n'entend pas une mouche voler.
00:48:48 Mais c'est vrai que votre talent
00:48:50 est grand,
00:48:52 notamment cette voix que vous avez
00:48:54 qui permet de vous écouter
00:48:56 pendant une heure et demie.
00:48:58 Et puis il y a un sujet également
00:49:00 sur les enfants diseux.
00:49:02 Nous allons en parler dans quelques secondes.
00:49:04 Mais "Sommeil à la midi" nous rappelle
00:49:06 les titres du jour.
00:49:08 - Expulsés de leur logement
00:49:10 après avoir agressé le maire d'Antey,
00:49:12 annonce de Gérald Darmanin-Surix
00:49:14 qui affiche sa fermeté face aux violences
00:49:16 contre les élus.
00:49:18 Le 17 février dernier,
00:49:20 Jacques Montoy avait été insulté et menacé.
00:49:22 A l'appel à une journée
00:49:24 "établissement désert",
00:49:26 la FCPE 93 se mobilise
00:49:28 contre les dégradations des conditions d'enseignement
00:49:30 et le manque de moyens
00:49:32 avec une manifestation des midi-places
00:49:34 de la Sorbonne,
00:49:36 direction pour finir le ministère
00:49:38 de l'Éducation nationale.
00:49:40 Et puis il prépare le terrain
00:49:42 avant le vote parlementaire.
00:49:44 Emmanuel Macron reçoit aujourd'hui
00:49:46 les chefs de parti à l'Elysée
00:49:48 au menu "Le conflit en Ukraine"
00:49:50 après avoir soulevé l'éventualité
00:49:52 d'une présence militaire.
00:49:54 - L'audience est ouverte
00:49:56 au théâtre de la Michaudière.
00:49:58 C'est mis en scène par Eric Théobald.
00:50:00 C'est depuis le 25 janvier.
00:50:02 C'est du mercredi au samedi à 20h.
00:50:04 Je vous propose de revenir
00:50:06 sur le dossier Bonne Maison.
00:50:08 Qui était le docteur Bonne Maison ?
00:50:10 C'était un médecin
00:50:12 qui avait accompagné
00:50:14 des gens qui étaient à l'article de la mort
00:50:16 et qui leur avait donné du curare.
00:50:18 - Pour certains.
00:50:20 - Et il est donc
00:50:22 mis en examen et il va passer aux assises.
00:50:24 Pour ceux
00:50:26 qui ne se souviennent pas forcément de ce sujet,
00:50:28 avant de donner la parole à
00:50:30 Richard Berry, qui nous dira
00:50:32 cette plaidoirie de Maître Dupin.
00:50:34 - C'est ça, Arnaud Dupin.
00:50:36 - Le barreau de Bordeaux.
00:50:38 - En 2014,
00:50:40 notre confrère David Pujadas
00:50:42 qui présente à 20h ce sujet.
00:50:44 - La justice
00:50:46 avec, je vous le disais, un procès hors normes
00:50:48 qui commence demain à Pau.
00:50:50 Il s'appelle Nicolas Bonne Maison.
00:50:52 Il a 53 ans, il était médecin urgentiste
00:50:54 et il est accusé d'avoir empoisonné
00:50:56 7 patients en fin de vie.
00:50:58 Est-ce le procès d'un tueur en série
00:51:00 ou celui
00:51:02 de l'euthanasie ? Dominique Berdaillan
00:51:04 avec notre bureau à Bordeaux.
00:51:06 - Un médecin qui soulage la douleur
00:51:08 ou un docteur qui serait un tueur en série ?
00:51:10 Qui est le docteur Nicolas Bonne Maison
00:51:12 jugé pour 7 cas d'euthanasie
00:51:14 en un peu plus d'un an ?
00:51:16 Urgentiste à l'hôpital de Bayonne,
00:51:18 il avait, en août 2011,
00:51:20 fait sa première déclaration
00:51:22 aux médias.
00:51:24 - Je tiens à m'expliquer sur tout ce qui s'est passé.
00:51:26 Je voudrais avoir une pensée
00:51:28 particulièrement émue
00:51:30 pour les patients décédés
00:51:32 et pour leur famille.
00:51:34 Une pensée qui sort de mon cœur.
00:51:36 Nicolas Bonne Maison,
00:51:38 soutenu par plus de 500 praticiens
00:51:40 mais radié depuis un an par ses pères.
00:51:42 Une seule famille s'est constituée
00:51:44 partie civile, d'autres
00:51:46 sont à ses côtés.
00:51:48 Fernand Dogue est décédé d'un cancer
00:51:50 après 15 ans de maladie. Pour sa veuve,
00:51:52 son mari n'en pouvait plus de souffrir.
00:51:54 Le docteur Bonne Maison dit-elle
00:51:56 que "je le soutiens à 100%".
00:51:58 - J'ai compris qu'il abrégait
00:52:00 ses souffrances, c'est-à-dire que
00:52:02 oui, il était en fin de vie et que
00:52:04 malheureusement, c'était fini.
00:52:06 Il l'a fait parce qu'il a voulu nous aider.
00:52:08 C'est pas un crime
00:52:10 d'aider les gens à mourir
00:52:12 dignement, c'est pas un crime.
00:52:14 Le crime, c'est de les laisser mourir comme ça.
00:52:16 - Le tribunal et les audiences ont eu lieu
00:52:22 et l'avocat va prendre la parole
00:52:24 pour défendre M. Bonne Maison.
00:52:26 - Les spectateurs sont
00:52:28 à la place des jurés.
00:52:30 On les met en scène au départ comme des jurés.
00:52:32 On leur lit même l'article 353
00:52:34 je crois,
00:52:36 au début du spectacle, afin qu'ils se sentent
00:52:38 dans cette position et moi je vais
00:52:40 plaider, comme Arnaud Dupin l'a fait,
00:52:42 pour défendre ce médecin
00:52:44 dont je suis convaincu
00:52:46 moi de l'innocence, puisque
00:52:48 moi j'ai vécu ça avec ma mère par exemple.
00:52:50 Ce moment de
00:52:52 souffrance ultime, où il n'y a plus
00:52:54 rien à faire et où, si
00:52:56 le médecin ne vient pas
00:52:58 donner cette sédation
00:53:00 aux patients,
00:53:02 il va souffrir dans
00:53:04 des conditions absolument monstrueuses.
00:53:06 Et là, c'est
00:53:08 pas un assassinat, c'est pas un empoisonnement.
00:53:10 C'est une
00:53:12 aide à ne pas
00:53:14 vivre sa propre mort.
00:53:16 Et moi cette plaidoirie me
00:53:18 bouleverse, parce qu'à chaque fois
00:53:20 ça me renvoie à ce moment particulier
00:53:22 que j'ai vécu et je me rends compte
00:53:24 que quand on passe du particulier, on en touche
00:53:26 à l'universel, parce que bon nombre de gens
00:53:28 sont concernés par ce
00:53:30 moment. Quand je pense que ce médecin
00:53:32 aujourd'hui, vous l'avez évoqué ici,
00:53:34 est toujours radié de l'ordre
00:53:36 des médecins, je trouve ça terrible.
00:53:38 C'est incroyable, parce qu'il a quand même été,
00:53:40 il faut le dire... - A quitter. - A quitter.
00:53:42 Ça c'est important. La plaidoirie
00:53:44 sur scène, elle dure combien de temps ? 20, 25 minutes ?
00:53:46 20 minutes, oui. - Dans la réalité,
00:53:48 elle avait... - Oh, elle a duré une heure et demie,
00:53:50 à peu près, deux heures, oui. - Et comment vous avez
00:53:52 travaillé ? Comment vous avez récupéré les notes ?
00:53:54 - Alors là, il s'agit
00:53:56 d'un enregistrement
00:53:58 qui a été fait.
00:54:00 Je ne dirai pas par qui,
00:54:02 mais donc j'ai eu
00:54:04 cet enregistrement
00:54:06 avec
00:54:08 Arnaud Dupin. Dans un premier temps, moi j'ai proposé
00:54:10 une adaptation, où j'ai
00:54:12 enlevé des moments trop
00:54:14 techniques, qui font référence
00:54:16 à des choses que le public
00:54:18 n'a pas écouté, entendu.
00:54:20 Des références à des patients,
00:54:22 des cotes,
00:54:24 etc., dans l'affaire qui a été
00:54:26 traitée. Et puis après,
00:54:28 je me suis concentré
00:54:30 sur l'aspect humain, sur ce qui peut nous
00:54:32 concerner tous, dans cette démarche.
00:54:34 Et puis après, j'ai proposé ça à Arnaud Dupin,
00:54:36 qui m'a renvoyé
00:54:38 quelques détails qu'il préférait voir,
00:54:40 d'autres qu'il préférait remettre,
00:54:42 d'autres enlever, etc.
00:54:44 Et on s'est mis d'accord sur ces 20 minutes-là.
00:54:46 - Vous êtes avocat,
00:54:48 vous avez été magistrat,
00:54:50 non pas procureur, mais...
00:54:52 - Avocat général. - Avocat général.
00:54:54 Il y a une part, effectivement, de mise en scène, de théâtre,
00:54:56 de comédie, peut-être ?
00:54:58 D'art oratoire ? Je ne sais pas comment
00:55:00 le dire ? - Je ne l'ai jamais vécu comme ça.
00:55:02 Jamais.
00:55:04 Jamais.
00:55:06 - Il n'y avait pas une sorte de jouissance de temps en temps,
00:55:08 à la parole ?
00:55:10 - Jouissance de convaincre, sûrement,
00:55:12 si on peut, mais j'ai toujours
00:55:14 refusé l'idée
00:55:16 assez banale de dire que la Cour d'Assise
00:55:18 était du théâtre,
00:55:20 ou alors c'est un théâtre très original
00:55:22 qui parle vrai tout le temps.
00:55:24 Et on ne peut vraiment convaincre
00:55:26 que si on persuade,
00:55:28 et c'est pour cela, au fond, que, pardon de le dire,
00:55:30 je me suis toujours senti
00:55:32 plus à l'aise du côté d'une accusation
00:55:34 qui avait la charge
00:55:36 de prendre les ombres et les lumières
00:55:38 plutôt que du côté du barreau
00:55:40 qui, naturellement, va vers
00:55:42 la décharge, ce qui est
00:55:44 parfaitement logique.
00:55:46 - Et puis, c'est peut-être pas de la
00:55:48 théâtralisation, mais il y a une mise en ambiance
00:55:50 dans les grands procès pénaux,
00:55:52 justement, pour résumer en
00:55:54 quelques heures des parcours de vie
00:55:56 qui expliquent
00:55:58 comment est-ce que,
00:56:00 intellectuellement, on peut arriver à
00:56:02 une prise de décision à un moment donné.
00:56:04 - C'est aussi éclairer
00:56:06 des aspects de la personnalité d'un accusé
00:56:08 qui peuvent passer
00:56:10 par-dessus l'attention
00:56:12 des gens.
00:56:14 Oui, c'est donner
00:56:16 à voir autrement.
00:56:18 C'est un autre regard qu'on peut porter sur la société.
00:56:20 - C'est une mise en lumière de la nuance.
00:56:22 - Il y a une part technique. Il y a le fond, bien sûr.
00:56:24 Vraiment, j'ai trouvé que c'était passionnant.
00:56:26 Il y a le fond, mais il y a aussi la forme. L'acteur que vous êtes
00:56:28 qui a acquis, forcément, au fil des années,
00:56:30 une technique particulière.
00:56:32 Vous sentez la salle ?
00:56:34 Vous savez comment, à ce moment-là, il faut
00:56:36 peut-être ou assister ou pas ?
00:56:38 - Oui, c'est ça qui est passionnant.
00:56:40 Et puis, quand vous parlez de la technique,
00:56:42 oui, il y a une approche du texte.
00:56:44 Parce que
00:56:46 il y a une façon de traiter le texte,
00:56:48 de l'appréhender,
00:56:50 pour tenir le public
00:56:52 en haleine de ce qu'on est
00:56:54 en train de raconter. Et ça, c'est ce qui me passionne.
00:56:56 Parce qu'on peut faire passer non seulement
00:56:58 des idées à travers ça,
00:57:00 donc des mises en lumière différentes,
00:57:02 telles que les avocats l'ont fait,
00:57:04 mais aussi des émotions.
00:57:06 Et c'est ça qui me concerne
00:57:08 et qui me touche au plus profond de moi-même,
00:57:10 c'est faire passer ces émotions
00:57:12 à travers le texte. Parce que
00:57:14 c'est une chose que d'être ému,
00:57:16 mais c'est bien plus fort que d'émouvoir.
00:57:18 C'est bien plus intéressant que d'émouvoir.
00:57:20 - Et dans "Les enfants disent yeux", l'autre soir,
00:57:22 je ne sais pas si c'est vrai tous les jours,
00:57:24 j'ai cru voir dans vos yeux
00:57:26 une émotion,
00:57:28 et même, on va parler des "enfants disent yeux"
00:57:30 dans une seconde, mais oui, disons-le,
00:57:32 vous avez eu des larmes, même si vous-même étiez ému du texte.
00:57:34 - C'est-à-dire qu'il y a des jours où je me...
00:57:36 Oui, je peux être cueilli,
00:57:38 surtout sur cette plaidoirie,
00:57:40 la plaidoirie de Djokovic dans "Barbie".
00:57:42 Elle est particulièrement
00:57:44 émouvante, touchante,
00:57:46 et surtout aujourd'hui,
00:57:48 elle met en perspective
00:57:50 un regard sur ce qui se passe.
00:57:52 - Alors justement, cette deuxième plaidoirie,
00:57:54 et dimanche, justement, après le spectacle,
00:57:56 j'ai tout de suite appelé Alain Djokovic,
00:57:58 et il m'a dit que c'était écrit,
00:58:00 il me dit "moi je suis un jeune avocat à l'époque",
00:58:02 c'est en 87, il a 35 ans,
00:58:04 et il avait tout écrit,
00:58:06 et c'est une plaidoirie,
00:58:08 évidemment, qui marquera toute son existence
00:58:10 d'avocat, il vient régulièrement nous voir,
00:58:12 vous le connaissez, mais là encore, pour se souvenir,
00:58:14 parce que "Barbie",
00:58:16 il y avait des témoignages de gens qui étaient
00:58:18 venus parler de "Barbie",
00:58:20 mais il n'était pas poursuivi pour ça, il n'était pas poursuivi
00:58:22 pour les tortures qu'il avait faites, il était poursuivi
00:58:24 pour les "enfants disent yeux", un des derniers
00:58:26 qu'on voit, et puis... - 86 personnes
00:58:28 au sein de 4... - Voilà, où le père
00:58:30 de Robert Badinter était...
00:58:32 - Exactement, était, oui. - Et le même jour
00:58:34 où Robert Badinter est décédé,
00:58:36 c'est absolument sidéré, c'est sidérant.
00:58:38 Donc voyez ce petit reportage
00:58:40 pour nous rappeler ce qu'ont été la tragédie,
00:58:42 le drame des "enfants disent yeux".
00:58:44 - Il fallait
00:58:46 être bien renseigné, la Gestapo
00:58:48 l'était, pour apprendre l'existence
00:58:50 du foyer d'enfants juifs "disen yeux",
00:58:52 un village de montagne, en plein coeur
00:58:54 du Buget, à 80 km environ
00:58:56 de Lyon. Ce matin du 6 avril
00:58:58 44, il est 9h.
00:59:00 Deux camions militaires allemands
00:59:02 et une voiture stoppent devant
00:59:04 ce bâtiment. Les 43 enfants
00:59:06 de la colonie et leurs moniteurs sont
00:59:08 rassemblés et embarqués.
00:59:10 Direction le fort de Montluc.
00:59:12 Le soir même, un téléhexe part de Lyon
00:59:14 pour Paris, c'est le compte-rendu
00:59:16 détaillé de l'opération, il est signé
00:59:18 Barbie.
00:59:20 - Ça, je suis sûr qu'il est présent
00:59:22 responsable parce que...
00:59:24 Il est présent, j'en pense aux yeux des dieux,
00:59:26 je l'ai pas en même temps reconnu d'après mes photographies,
00:59:28 je changerai pas une parole
00:59:30 à tout ce que j'ai dit jusqu'à maintenant.
00:59:32 - Les enfants "disen yeux" sont déportés
00:59:34 le 13 avril. Dans leur convoi
00:59:36 se trouve Edith Klebender.
00:59:38 Elle les voit, dès leur arrivée
00:59:40 sur la rampe d'Auschwitz, partir à gauche
00:59:42 vers la chambre à gaz.
00:59:44 Mais ce n'est que le lendemain qu'elle réalise.
00:59:46 - On a demandé
00:59:50 "mais alors les enfants qui étaient avec nous
00:59:52 puisqu'il y avait déjà des gens qui étaient
00:59:54 dans le camp, alors
00:59:56 elles faisaient le signe de "regarde la cheminée".
00:59:58 Alors on était un peu naïfs
01:00:00 forcément, on disait "mais enfin quoi ?
01:00:02 Ben, cherche pas,
01:00:04 ils y sont plus."
01:00:06 - Donc là, c'est la plaidoirie d'Alain Jakubowicz.
01:00:08 C'est une plaidoirie
01:00:10 au civil, il ne défend
01:00:12 pas, évidemment, quelqu'un.
01:00:14 Et même question que tout à l'heure,
01:00:16 comment vous avez travaillé sur cette
01:00:18 plaidoirie qui est très longue ?
01:00:20 - Ben déjà,
01:00:22 il faut l'apprendre.
01:00:24 C'est aussi un petit peu tout le travail que je fais sur
01:00:26 les autres, ça prend du temps.
01:00:28 Et puis après, il faut... comment dire ?
01:00:30 Il faut l'intégrer,
01:00:32 il faut la penser, il faut la vivre à l'intérieur
01:00:34 pour presque oublier le texte.
01:00:36 Et donner l'impression aux spectateurs
01:00:38 qu'on est en train de l'inventer.
01:00:40 Parce qu'elle fait référence à des choses qui moi me touchent.
01:00:42 J'ai perdu une partie de ma famille aussi
01:00:44 en déportation.
01:00:46 Mon père a fait la guerre
01:00:48 et une partie de la guerre qui était assez terrible.
01:00:50 Monte Cassino. Donc j'ai été élevé aussi
01:00:52 dans cette culture
01:00:54 quand même de la choix.
01:00:56 Et j'ai l'impression
01:00:58 de parler
01:01:00 et de défendre
01:01:02 des gens que
01:01:04 j'ai connus,
01:01:06 qui sont partis avant moi.
01:01:08 Et donc,
01:01:10 je l'habite, si vous voulez. J'ai l'impression
01:01:12 de la vivre
01:01:14 au présent et surtout...
01:01:16 Alors ça, ça a été pour moi
01:01:18 un choc terrible après le 7 octobre
01:01:20 où j'ai eu l'impression que cette
01:01:22 plaidoirie rencontrait l'actualité avec une
01:01:24 violence qui était
01:01:26 terrifiante. Parce que quand on parle
01:01:28 des enfants des yeux, on ne peut pas ne pas penser
01:01:30 aux otages, aux enfants,
01:01:32 aux otages, mais à tous les otages.
01:01:34 Et à cette guerre, mais aussi aux enfants
01:01:36 de Gaza
01:01:38 qui meurent tous les jours
01:01:40 sous les bombes. Donc,
01:01:42 on est à un moment donné au cœur
01:01:44 d'un drame qui se reproduit.
01:01:46 Et à l'heure que
01:01:48 Djokovic parle
01:01:50 de ce procès comme un procès
01:01:52 pour l'histoire, pour la mémoire,
01:01:54 on a l'impression que finalement tout ça a été
01:01:56 oublié, que tout ça a été effacé
01:01:58 et que les choses vont se reproduire malheureusement.
01:02:00 - Et c'est ça qui est frappant effectivement, parce que
01:02:02 avant le 7 octobre,
01:02:04 l'audience est ouverte, vous l'aviez
01:02:06 produit déjà ? - Non, j'ai commencé le 25 janvier, oui.
01:02:08 - Mais vous aviez imaginé
01:02:10 cette plaidoirie avant le 7 octobre ?
01:02:12 - Ah oui, ça fait 3-4 ans que
01:02:14 j'ai demandé cette plaidoirie à Alain. - Donc c'est ça,
01:02:16 cette plaidoirie, elle vient fracasser
01:02:18 si j'ose dire l'actualité, percuter l'actualité
01:02:20 et effectivement dans la salle,
01:02:22 - Ah c'est...
01:02:24 - En plus il y a une mise en scène
01:02:26 qui est intéressante, parce qu'on voit effectivement
01:02:28 des enfants, ces enfants
01:02:30 d'Isile, donc il y a quelque chose de très émouvant.
01:02:32 Comment vous vivez aujourd'hui
01:02:34 la situation ? Je vois que
01:02:36 Gérard Darmon par exemple était
01:02:38 en Israël ces derniers jours, il est revenu.
01:02:40 - C'était...
01:02:42 Ce pogramme, c'est un
01:02:44 cataclysme, cette guerre qui a été
01:02:46 déclarée par le Hamas, c'est un
01:02:48 cataclysme, mais maintenant, je veux dire
01:02:50 je pense qu'il faut cesser de
01:02:52 d'amalgamer
01:02:54 le Hamas avec les Palestiniens,
01:02:56 les Juifs avec
01:02:58 l'extrême droite de Netanyahou,
01:03:00 je pense qu'il faut peut-être
01:03:02 penser à un moment donné à
01:03:04 une trêve, pour que ça s'arrête,
01:03:06 il faut que les enfants
01:03:08 à Gaza puissent manger, vivre,
01:03:10 il faut que...
01:03:12 Il faut que, je sais pas, trouver une solution.
01:03:14 - Mais quand vous voyez par exemple, et on en a pas parlé ce matin,
01:03:16 on en a parlé hier soir, mais que sur
01:03:18 la liste de la France Insoumise,
01:03:20 vous allez avoir une représentante
01:03:22 palestinienne,
01:03:24 - C'est terrifiant.
01:03:26 - Rima Hassan.
01:03:28 - Ça ne fait qu'exacerber l'antisémitisme,
01:03:30 cette montée de l'antisémitisme, et
01:03:32 mettre des cibles, ces gens-là
01:03:34 mettent des cibles sur le dos des
01:03:36 Juifs.
01:03:38 Moi je pense que
01:03:40 cette plaidoirie dans laquelle
01:03:42 il dit, à un moment donné, "la Shoah fait partie
01:03:44 de la mémoire de
01:03:46 l'humanité", et c'est ça
01:03:48 dont il faut se souvenir, pas essentiellement
01:03:50 des Juifs.
01:03:52 - Autre plaidoirie qui nous intéresse,
01:03:54 c'était
01:03:56 Dreyfus, et là c'est
01:03:58 alors, il faut rappeler qui est maître
01:04:00 Labouri, qui va défendre
01:04:02 Zola, parce que Zola avait défendu
01:04:04 évidemment Dreyfus par le célèbre Jacuzzi.
01:04:06 Pourquoi il a accusé Zola ?
01:04:08 - Pour diffamation. Parce qu'il a
01:04:10 accusé, il a mis en question
01:04:12 dans sa lettre, dans Jacuzzi,
01:04:14 le Conseil de guerre,
01:04:16 et tous les grands pontes
01:04:18 de l'époque,
01:04:20 et donc évidemment le Conseil de guerre a porté
01:04:22 plainte pour diffamation
01:04:24 contre Zola, et il sera
01:04:26 défendu par maître Labouri, qui va
01:04:28 par la suite d'ailleurs, d'abord il va perdre
01:04:30 ce procès, puisque Zola va être exilé
01:04:32 en Angleterre, et puis
01:04:34 Zola va décéder, mais
01:04:38 Labouri va devenir
01:04:40 l'avocat de Dreyfus.
01:04:42 Et ce qui est passionnant,
01:04:44 c'est que, bon il va prendre même une balle
01:04:46 aux mains,
01:04:48 et puis quelques
01:04:50 années après, quand Dreyfus
01:04:52 a été,
01:04:54 on va dire,
01:04:56 les circonstances atténuantes,
01:04:58 qui sont un petit peu ridicules dans cette
01:05:00 situation, l'ont amené à 10 ans
01:05:02 de détention, le président
01:05:04 va
01:05:06 le grattiller.
01:05:08 Et
01:05:10 Dreyfus va accepter.
01:05:12 C'est quelque chose que
01:05:14 Labouri a, lui,
01:05:16 trouvé terrible, n'a pas accepté,
01:05:18 et ce qui va faire que Labouri, et ça
01:05:20 peu de gens le savent, va devenir le pire des
01:05:22 antisémites. – Alors on a un extrait quand même
01:05:24 de cette plaidoirie sur scène, et on va vous
01:05:26 écouter Richard Berry.
01:05:28 [Richard Berry]
01:05:30 Contrairement à ce que
01:05:32 tout le monde a voulu croire,
01:05:34 le Conseil de guerre n'a pas
01:05:36 jugé Dreyfus en toute
01:05:38 régularité, et comme le veut la
01:05:40 loi, en toute connaissance
01:05:42 de cause. C'est bien
01:05:44 pour cela que nous demandons
01:05:46 la révision de son procès.
01:05:48 Et pourquoi
01:05:50 nos adversaires la
01:05:52 refusent-ils ?
01:05:54 J'ai
01:05:56 parlé hier sévèrement
01:05:58 de l'antisémitisme,
01:06:00 parce que je trouve que c'est une doctrine
01:06:04 qu'il faut avoir le courage
01:06:06 de réprimer hautement,
01:06:08 et de combattre.
01:06:10 Mais je ne ferai pas
01:06:12 à un seul des antisémites
01:06:14 l'injure de croire qu'il
01:06:16 accepterait ce raisonnement.
01:06:18 Le capitaine Dreyfus était juif,
01:06:20 donc, qu'il soit innocent
01:06:22 ou coupable,
01:06:24 sa condamnation était justifiée.
01:06:26 Et alors,
01:06:28 j'ai bien raison de dire
01:06:30 que ce qui fait
01:06:32 la force de la conviction
01:06:34 chez nos adversaires de bonne foi,
01:06:36 car je ne plaide que pour cela,
01:06:38 c'est l'idée,
01:06:40 la double idée,
01:06:42 que tout s'est passé
01:06:44 selon les règles,
01:06:46 selon le droit,
01:06:48 selon la légalité.
01:06:50 Et bien, messieurs les jurés,
01:06:52 de tout cela,
01:06:54 rien n'est vrai.
01:06:56 Rien de tout cela
01:06:58 qui fait la base des convictions
01:07:00 de bonne foi, rien n'a existé
01:07:02 dans la réalité.
01:07:04 - Et je salue Jean Dallery
01:07:06 qui nous écoute manifestement,
01:07:08 dont on attend le retour,
01:07:10 parce que moi je connais Jean Dallery
01:07:12 qui habite Noirmoutier,
01:07:14 qui a arrêté le métier,
01:07:16 mais on n'arrête jamais vraiment le métier
01:07:18 quand on est comédien,
01:07:20 et on a vu la fille de Chris,
01:07:22 qui était une jeune femme avec qui vous étiez au conservatoire en 1970.
01:07:24 - Qui est toujours d'ailleurs la fille de Pierre Dux.
01:07:26 - La fille de Pierre Dux.
01:07:28 Mais forcément, dans votre métier,
01:07:30 vous êtes sur le premier film
01:07:32 que vous avez fait, c'est en 1974,
01:07:34 ça fait il y a 50 ans.
01:07:36 Combien de comédiens étaient avec vous au conservatoire
01:07:38 et travaillent toujours aujourd'hui ?
01:07:40 - Ça je ne sais pas,
01:07:42 mais j'en connais en tous les cas.
01:07:44 C'était une belle promotion.
01:07:46 Moi j'avais, dans ma promotion,
01:07:48 il y avait Villerey,
01:07:50 qui est disparu, mais il y avait Dussolier,
01:07:52 il y avait Jérôme Deschamps,
01:07:54 il y avait Balmer,
01:07:56 il y avait Patrice Kerbra.
01:07:58 - Mais Jean-François Balmer, hélas,
01:08:00 aujourd'hui par exemple, qui est un merveilleux comédien,
01:08:02 il est moins présent dans l'actualité théâtrale ?
01:08:04 - Je ne sais pas pourquoi,
01:08:06 il me semble qu'il a des problèmes de santé.
01:08:08 - Il peut avoir des problèmes de santé,
01:08:10 mais c'est vrai que c'est des métiers
01:08:12 qui sont rudes pour ça.
01:08:14 On a trouvé un extrait, vous devez le connaître,
01:08:16 vous êtes en 70,
01:08:18 et vous êtes... j'ai envie de dire,
01:08:20 en plus vous n'avez pas un chranger.
01:08:22 En tout cas, la voix est là,
01:08:24 et surtout quand on voit le jeu, on se dit,
01:08:26 on parle de technique, de travail,
01:08:28 mais on a l'impression que tout est là,
01:08:30 dans l'extrait que je vais montrer.
01:08:32 Vous allez me dire comment le Richard Berry d'aujourd'hui
01:08:34 juge le jeune acteur qu'il était à l'époque.
01:08:36 - Mes parents
01:08:38 n'étaient pas tout à fait pour,
01:08:40 je dois même dire qu'ils étaient un peu contre,
01:08:42 et le fait que
01:08:44 je désirais très violemment faire du théâtre,
01:08:46 peu à peu,
01:08:48 j'ai réussi à les convaincre,
01:08:50 parce que j'avais la foi, et c'est tout.
01:08:52 - Et elle,
01:08:54 qui n'avait aucun besoin de se mesurer avec qui ou quoi que ce soit,
01:08:56 tant elle était belle et intelligente,
01:08:58 elle a voulu se mesurer avec ce rire.
01:09:00 Et pourquoi ? Parce qu'il m'appartenait, tu comprends ?
01:09:02 Elle ne pouvait pas supporter qu'il ne m'ait pas été donné par elle,
01:09:04 et alors elle s'est mise à se mesurer à moi,
01:09:06 à défier tout ce qui m'appartenait,
01:09:08 elle inventait des ennemis où il n'y en avait pas,
01:09:10 elle voyait des trahisons partout,
01:09:12 elle détruisait chaque sourire et tous les moments de paix
01:09:14 que nous avions bâtis.
01:09:16 Et puis un jour,
01:09:18 j'étais malade,
01:09:20 je lui ai écrit de mon lit pour l'injurier,
01:09:22 j'ai perdu toute mesure.
01:09:24 Et brusquement, elle s'est calmée,
01:09:26 elle a fait comme si c'était elle qui m'avait donné ce rire,
01:09:28 et comme si elle seule pouvait me rendre la santé.
01:09:30 « Ce rire est notre enfant ! » me disait-elle, « moi seule, je peux m'en occuper, enfin !
01:09:32 Toi, tu en es incapable ! »
01:09:34 Et puis ses paroles n'avaient plus de sens.
01:09:36 Elle disait « Je vois Dieu en toi », et puis elle lançait du fiel.
01:09:38 Elle me remerciait de lui avoir donné la vie,
01:09:40 elle se vantait de m'avoir fait,
01:09:42 elle applaudissait et démolissait, aimait et dévorait, elle était folle !
01:09:44 - Comment vous jugez ce travail ?
01:09:46 - Bah, je sais pas, c'est difficile.
01:09:48 - Le texte est beau, en tout cas.
01:09:50 - C'est intéressant de voir,
01:09:52 quelle est la part du don dans vos métiers ?
01:09:54 On a l'impression que tout est là.
01:09:56 - J'ai l'impression que moi je cherche,
01:09:58 il y a une chose qui m'intéresse, moi, quand je travaille,
01:10:00 en tous les cas, sur le texte,
01:10:02 en dehors de la technique que j'ai pu apprendre
01:10:04 grâce à Jean-Laurent Cochet,
01:10:06 ce qui m'intéresse, moi, c'est de faire passer la vérité,
01:10:08 plus que la sincérité.
01:10:10 Je veux dire par là que,
01:10:12 il y a beaucoup d'acteurs très mauvais qui sont très sincères.
01:10:14 La sincérité, c'est pas
01:10:16 la panacée pour un acteur.
01:10:18 Ce qui est intéressant,
01:10:20 c'est de faire passer la vérité.
01:10:22 Et la vérité, c'est...
01:10:24 c'est un autre moyen.
01:10:26 - Et à qui vous pensez, parmi les acteurs ?
01:10:28 - Ah non, attends !
01:10:30 - Très sincère ou mauvaise ?
01:10:32 - Vous voyez ce que je veux dire ?
01:10:34 Ceux qui sont très sincères, qui mettent tout leur cœur comme ça, etc.
01:10:36 C'est forcément comme ça qu'on est le meilleur.
01:10:38 - Ah oui, j'ai compris.
01:10:40 Si j'ose dire.
01:10:42 - Parfois, d'ailleurs...
01:10:44 Il faut être deux, bien sûr, pour jouer la comédie.
01:10:46 Quand vous êtes avec un acteur que vous n'aimez pas,
01:10:48 ou avec qui ça passe pas...
01:10:50 - Ça, ça m'arrive pas du tout.
01:10:52 Je suis toujours avec des bons acteurs.
01:10:54 - Bien évidemment.
01:10:56 Mais c'est intéressant de voir
01:10:58 ces images, je trouve,
01:11:00 d'archives, parce que...
01:11:02 - Oui, voilà. Je trouvais que c'était très moderne
01:11:04 et très juste, surtout.
01:11:06 C'est-à-dire que vous en faites pas, alors que quand on est jeune,
01:11:08 peut-être on a la tentation d'en faire des tonnes.
01:11:10 Et je trouve que vous êtes juste, là, tout de suite.
01:11:12 - Eh bien juste, pour moi, c'est vrai.
01:11:14 C'est ça, j'essaye d'être vrai.
01:11:16 Je triche pas, quoi.
01:11:18 - N'essayez pas d'en faire trop.
01:11:20 - Non, voilà. J'essaye d'être simple, vrai.
01:11:22 Parce que je pense que c'est la seule façon
01:11:24 qu'on a
01:11:26 d'aider le public à s'identifier.
01:11:28 - Bon, je salue
01:11:30 Robert Saada également, qui dit bravo à mon grand ami
01:11:32 Richard. On a beaucoup de gens du métier
01:11:34 qui nous écoutent le matin, parce que vous vous réveillez un peu tard,
01:11:36 peut-être, les gens du métier, le matin.
01:11:38 - Non, non, pas du tout. Je me réveille très tôt.
01:11:40 J'ai une petite fille qui...
01:11:42 À 7h, je suis debout.
01:11:44 - Quel âge a votre petite fille ? - Elle a 10 ans bientôt.
01:11:46 - Je voulais juste
01:11:48 qu'on écoute,
01:11:50 et revenir à l'actualité, qu'on écoute quand même
01:11:52 François Hollande, hier soir, sur
01:11:54 des rendez-vous. Alors Nicolas Sarkozy
01:11:56 n'a pas parlé, manifestement.
01:11:58 - Je l'ai pas entendu non plus.
01:12:00 - François Hollande, lorsqu'il a vu
01:12:02 le président Macron,
01:12:04 il s'est exprimé sur le crâne, et
01:12:06 manifestement, chaque mot qu'il dit
01:12:08 est une pierre dans le jardin
01:12:10 d'Emmanuel Macron.
01:12:12 Ce qui n'étonnera d'ailleurs, peut-être, personne.
01:12:14 Donc, écoutons. Le président de la République,
01:12:16 c'était hier soir, l'ancien président de la République,
01:12:18 c'était à l'Elysée.
01:12:20 - Ma position sur les questions militaires,
01:12:22 et je l'ai montré quand j'étais président,
01:12:24 c'est que moins
01:12:26 on en dit, mieux on agit.
01:12:28 Ne pas dire ce que l'on fait,
01:12:30 mais faire
01:12:32 ce que l'on n'a pas dit.
01:12:34 C'est ça qui permet
01:12:36 d'avoir le plus d'efficacité,
01:12:38 et de ne rien faire connaître
01:12:40 à, en l'occurrence,
01:12:42 Vladimir Poutine, de nos intentions.
01:12:44 - En fait, il parle de lui.
01:12:46 - Absolument. Il ne se remettra jamais
01:12:48 de la fin de son mandat.
01:12:50 Il ne se remettra jamais.
01:12:52 - Il faut pardonner à François Hollande
01:12:54 quelques aigreurs.
01:12:56 - Il n'a pas pu se représenter.
01:12:58 Il a le sentiment, qui n'est pas entièrement faux,
01:13:00 qu'Emmanuel Macron l'a trahi.
01:13:02 Il ne se remettra jamais.
01:13:04 Il ne se remontera jamais.
01:13:06 Ou alors, il faut faire un travail de thérapie,
01:13:08 mais là, il faut connaître un bon psychanalyste.
01:13:10 - Il ne se remettrait
01:13:12 que s'il était à nouveau candidat.
01:13:14 - C'est la seule façon pour lui
01:13:16 d'imaginer qu'il va être à nouveau candidat,
01:13:18 de surmonter ce qu'il vit
01:13:20 comme l'échec de sa vie.
01:13:22 Je suis pardon de faire de la psychologie...
01:13:24 - Mais pas du tout, je suis passionné.
01:13:26 - Il faut.
01:13:28 - Oui.
01:13:30 - Mais sur le fond, c'est quand même aussi à souligner.
01:13:32 C'est bien que le président de la République
01:13:34 reçoive ses deux prédécesseurs
01:13:36 qui ont eu sur ces sujets-là
01:13:38 des combats à mener
01:13:40 et dont la vie compte quand même.
01:13:42 - Vous les connaissez tous,
01:13:44 les anciens présidents ou les anciens présidents ?
01:13:46 - Je ne connais ni François Hollande
01:13:48 ni Sarkozy, je l'ai croisé.
01:13:50 Mais j'ai eu l'occasion de jouer
01:13:52 pour Emmanuel Macron
01:13:54 il y a trois ans.
01:13:56 - Vous trouvez que...
01:13:58 - Le premier spectacle.
01:14:00 - Est-ce que justement
01:14:02 le comédien que vous êtes
01:14:04 voit parfois, vous parlez de sincérité, de vérité,
01:14:06 si la note est juste ?
01:14:08 On souligne souvent qu'Emmanuel Macron
01:14:10 a été sur les planches
01:14:12 dans sa jeunesse.
01:14:14 - Ça se sent.
01:14:16 - Mais il est sincère ou il est vrai ?
01:14:18 Dans quelle catégorie vous le mettez ?
01:14:20 - C'est un peu...
01:14:22 Moi je veux bien lui donner
01:14:24 deux, trois cours en tous les cas.
01:14:26 Parce que j'ai l'impression que parfois
01:14:28 il est plus sincère que vrai
01:14:30 et puis par d'autres on sent des accents de vérité.
01:14:32 Et je pense qu'il y a deux, trois trucs
01:14:34 à améliorer.
01:14:36 - Mais plus précisément encore,
01:14:38 ça m'intéresse beaucoup. Moi j'aime beaucoup la technique.
01:14:40 L'art oratoire c'est quelque chose
01:14:42 qui vous passionne d'ailleurs également.
01:14:44 - Mais là où je rejoins Richard
01:14:46 si vous le permettez, c'est qu'on n'est jamais bon
01:14:48 si on n'est pas vrai.
01:14:50 - Voilà, ça c'est vrai.
01:14:52 - C'est-à-dire qu'il faut croire en ce qu'on dit.
01:14:54 - Mais où que ce soit, même dans les débats
01:14:56 ici, dans le discours judiciaire,
01:14:58 c'est clair.
01:15:00 - Je me souviens de déjeuner
01:15:02 avec Badinter quand il me racontait
01:15:04 son approche, lui, de son métier d'avocat.
01:15:09 Et lui faisant référence au moment
01:15:12 où il défendait des hommes qui étaient condamnés à mort.
01:15:14 Et qu'il m'expliquait que quand il sentait
01:15:16 le souffle du condamné à mort
01:15:18 dans sa nuque, comme ça,
01:15:20 il me disait parfois, je perdais les mots,
01:15:22 je n'avais pas le bon mot,
01:15:24 je n'avais pas le bon adjectif qualificatif,
01:15:26 mais ce que les gens sentaient, c'était
01:15:28 la volonté profonde que j'avais
01:15:30 de le défendre et de dire une autre vérité.
01:15:32 Et ça, c'était extraordinaire.
01:15:34 Et quand il me le faisait,
01:15:36 je comprenais ce qu'il disait
01:15:38 et ça éclaire un peu ce qu'on est en train
01:15:40 de dire sur la vérité.
01:15:42 - Dans l'actualité du jour,
01:15:44 on en a parlé tout à l'heure
01:15:46 et je le redis une nouvelle fois,
01:15:50 cette jeune femme qui sera septième
01:15:54 sur la liste, Rima Hassan,
01:15:56 il y a d'ailleurs M. Giroux
01:15:58 qui a tweeté de la France insoumise
01:16:02 pour saluer son arrivée sur cette liste.
01:16:06 Quelle fierté de retrouver Rima Hassan
01:16:08 dans notre liste menée par Manon Aubry
01:16:10 aux élections européennes.
01:16:12 Mais effectivement, Arthur,
01:16:14 l'animateur Arthur, avait pris position
01:16:16 il y a quelques jours
01:16:18 contre Rima Hassan
01:16:20 puisqu'elle était entrée dans
01:16:22 le classement de Forbes
01:16:24 parmi les femmes de l'année
01:16:26 et Arthur avait regretté
01:16:28 cette arrivée.
01:16:30 Madame Rima Hassan, ça c'est le texte
01:16:32 d'Arthur, si vous voulez apparaître
01:16:34 dans le prochain classement de Forbes France,
01:16:36 le plus simple est de faire l'apologie
01:16:38 du terrorisme, écrivait-il.
01:16:40 Et Madame Hassan avait répondu
01:16:42 voir Arthur s'en prendre à une femme
01:16:44 palestinienne juste parce qu'elle est récompensée
01:16:46 pour son travail et son parcours
01:16:48 et utiliser son influence pour me faire sauter
01:16:50 de ce classement dont la cérémonie de remise
01:16:52 des trophées se tiendra en mars en dénonciant le sexisme
01:16:54 et le racisme de ce boomer.
01:16:56 Mais il est clair que la France insoumise donne
01:16:58 un signe, Sabrina Ahmed-Jaber,
01:17:00 entre guillemets au quartier,
01:17:02 à une certaine population sans doute
01:17:04 et que ce choix
01:17:07 électoraliste
01:17:09 peut être payant pour la France insoumise.
01:17:11 Bien sûr, c'est même cohérent en fait
01:17:13 que cette activiste anti-israélienne
01:17:15 soit sur une de leurs listes,
01:17:17 d'ailleurs ils se félicitent, David Guiraud.
01:17:19 Oui, c'est évidemment toujours
01:17:21 la même captation de ce vote communautaire
01:17:23 musulman qui en plus
01:17:25 malheureusement essentialise les musulmans,
01:17:27 considère que les musulmans de ces quartiers,
01:17:29 enfin les français de profession musulmane,
01:17:31 sont un bloc monolithique. Eux, ils parient
01:17:33 sur les soulèvements
01:17:35 islamistes pro-Hamas.
01:17:37 Donc oui, je trouve que c'est cohérent,
01:17:39 ça rentre dans leur ligne idéologique.
01:17:41 Il n'y a pas d'ambiguïté stratégique.
01:17:43 Là pour le coup, il n'y a pas d'ambiguïté stratégique.
01:17:45 Non mais le débat qu'on a souvent eu autour de la table
01:17:47 c'est d'imaginer que
01:17:49 la stratégie de la France insoumise
01:17:51 soit contre-productive et
01:17:53 il est possible que nous soyons surpris
01:17:55 au mois de juin lorsque les
01:17:57 résultats arriveront.
01:17:59 On verra. Moi je continue de penser qu'elle est
01:18:01 contre-productive. Mais moi je pense pas.
01:18:03 Je pense qu'elle est productive et malheureusement
01:18:05 elle est coupe de toute une partie de l'électorat de gauche
01:18:09 qui ne voudra plus entendre parler de l'ISIS.
01:18:11 Mais qu'elle est coupe aussi d'une partie de l'électorat
01:18:13 musulman. Je suis pas sûr que...
01:18:15 C'est prendre les musulmans pour des idiots.
01:18:17 Moi je suis féminin.
01:18:19 Je suis persuadé que
01:18:21 la grande majorité des musulmans
01:18:23 voit bien le jeu
01:18:25 épouvantable que ça est en train de mener.
01:18:27 Mais il y a un électorat qui est captif quand même,
01:18:29 qui a la présidentielle. Ceux qui ont
01:18:31 voté dans la communauté musulmane, qui ont voté,
01:18:33 il y en a une proportion
01:18:35 minoritaire, mais ils ont
01:18:37 voté à 79%
01:18:39 pour les listes Mélenchon.
01:18:41 - Oui, à Saumay notamment.
01:18:43 - Saumay Al-Abidi est avec nous, il est 10h30.
01:18:45 On aura un dernier peut-être sujet
01:18:47 qui...
01:18:49 qui est le cumul des mandats, un sujet qui me tient à cœur.
01:18:51 Encore une erreur de François Hollande, mais il y en a tellement.
01:18:53 - Non, pas de...
01:18:55 - C'était pas François Hollande, c'était avant ? - C'était bien avant.
01:18:57 - C'est Chirac ? - C'est Chirac-Jospin.
01:18:59 - Bon, c'est un peu pareil.
01:19:01 - Ah oui, c'est Chirac ou c'est Jospin ?
01:19:03 - Ils étaient en cohabitation.
01:19:05 - Parce que c'est une des erreurs, et tant mieux
01:19:07 si on revient sur ce qu'il y a des mandats, parce qu'il faut avoir
01:19:09 effectivement... Du coup, tu as des députés
01:19:11 qui sont parfois déconnectés
01:19:13 du terrain, et s'ils étaient députés-maires...
01:19:15 Mais on en parle dans deux secondes.
01:19:17 Saumay Al-Abidi, et là, il est 10h31.
01:19:19 [Musique]
01:19:21 - L'Egio menacée
01:19:23 par un mouvement social, la CGT
01:19:25 va déposer des préavis de grève dans
01:19:27 la fonction publique, annonce faite
01:19:29 ce matin par Sophie Binet, secrétaire
01:19:31 générale du syndicat.
01:19:33 Événement inédit, les femmes
01:19:35 prennent le pouvoir à l'Assemblée.
01:19:37 Yael Brown-Pivet reçoit depuis hier
01:19:39 une vingtaine de ses homologues, venus de
01:19:41 tous les continents, et comme vous pouvez le constater
01:19:43 sur ces images, elles ont toutes
01:19:45 été reçues par le président au palais de l'Elysée.
01:19:47 Et puis, nouvelle série
01:19:49 de records climatiques alarmants.
01:19:51 Hiver le plus chaud jamais enregistré, tout comme
01:19:53 la température des océans.
01:19:55 Des hausses alimentées par les émissions de gaz
01:19:57 à effet de serre et le phénomène climatique
01:19:59 aliminau selon l'observatoire
01:20:01 européen Copernicus.
01:20:03 - Merci beaucoup Sommaila, c'est un sondage de CNews,
01:20:05 faut-il revenir sur l'interdiction du cumul des
01:20:07 mandats ? Sondage CSA, réalisé pour
01:20:09 CNews Europe LJDD, on remarque que la droite et la
01:20:11 gauche sont en majorité pour,
01:20:13 en revanche les centristes restent contre
01:20:15 avec une faible majorité, 57%
01:20:17 quand même. C'est vrai que
01:20:19 d'abord, je ne sais pas
01:20:21 l'avis que vous avez, vous qui avez
01:20:23 été longtemps dans les allées du pouvoir.
01:20:25 J'ai longtemps milité pour
01:20:27 le non-cumul des mandats.
01:20:29 Et je pense qu'aujourd'hui, il faut en partie revenir en arrière.
01:20:31 Parce que
01:20:33 ça provoque
01:20:35 une dévaluation des carrières politiques.
01:20:37 C'est-à-dire que ça amène des gens
01:20:39 qui ne font pas tout le
01:20:41 parcours du combattant, qui apprennent
01:20:43 à être... La politique
01:20:45 c'est un métier. Voilà. Et on
01:20:47 ne peut pas débarquer comme ça complètement dans la politique
01:20:49 et de passer par des assemblées
01:20:51 locales avant d'être député,
01:20:53 c'est une façon à la fois
01:20:55 d'être un peu plus enraciné dans les réalités
01:20:57 des gens et en même temps on apprend
01:20:59 le métier politique. On est quand même frappé,
01:21:01 on le dit presque à toutes les émissions, par la
01:21:03 baisse de niveau de la politique
01:21:05 et tout bord confondu.
01:21:07 Et je pense que le
01:21:09 cumul des mandats, certaines formes de cumul des
01:21:11 mandats permettait un apprentissage
01:21:13 et une sélection. - Député-maire par exemple. - Député-maire.
01:21:15 - Oui, député-maire. - Député-maire c'est un vrai sujet.
01:21:17 - C'est le sujet, c'est ça.
01:21:19 Pour moi le cumul des mandats c'est essentiellement
01:21:21 d'être député-maire. Si vous ne mettez pas
01:21:23 dans le cumul des mandats député-maire, ça ne sert à rien.
01:21:25 - Oui, alors c'était beaucoup
01:21:27 critiqué, ça a été beaucoup critiqué parce que
01:21:29 des gens comme Pierre Morois ou Alain Juppé, je prends
01:21:31 un gaucher à droite, ils étaient maire de Lille
01:21:33 ou maire de Bordeaux tout en étant Premier
01:21:35 ministre ou député, ils cumulaient
01:21:37 trois ou quatre mandats. - Sauf que vous n'avez pas,
01:21:39 vous n'avez rien fait mieux que Gaston
01:21:41 Defer et Jacques Chaban-Nemras.
01:21:43 Je prends précisément deux personnalités
01:21:45 différentes qui étaient des
01:21:47 grands piliers de la décentralisation. - Ce seraient des grands hommes.
01:21:49 - Bien sûr, des grands ducs
01:21:51 de province, députés-maires
01:21:53 l'un et l'autre qui ont fait pour leur
01:21:55 ville des choses intéressantes et qui ont eu des fonctions
01:21:57 au sein de l'État. - Alors en même temps, en fin de mandat, ils étaient
01:21:59 beaucoup critiqués et il y avait une usure
01:22:01 et ils centralisaient beaucoup le pouvoir.
01:22:03 C'est vrai de l'un comme de l'autre, Pascal.
01:22:05 - J'entends l'argument de Philippe.
01:22:07 Après, le...
01:22:09 Je suis plutôt
01:22:11 contre par principe les interdictions. On explique
01:22:13 aux électeurs pour qui ils doivent voter les quotas
01:22:15 et les limitations dans le temps, etc.
01:22:17 Après, sur l'argument de la déconnexion,
01:22:19 moi je n'y crois pas une demi-seconde parce que vous avez aussi
01:22:21 une déconnexion de ceux, justement,
01:22:23 on parlait de carrières politiques, qui n'ont fait que ça toute leur vie.
01:22:25 Sartre, de Sciences Po,
01:22:27 Paris, Rennes, etc.
01:22:29 et qui ne font que ça.
01:22:31 Et qui, pour le coup, sont souvent
01:22:33 déconnectés des réalités de leur constituant.
01:22:35 - L'audience est ouverte. C'est au théâtre de la Michaudière.
01:22:37 J'ai l'affiche sous les yeux avec Richard Berry.
01:22:39 Quel théâtre de Pierre Frenet ?
01:22:41 Je rappelle que je fais l'imitation
01:22:43 de Pierre Frenet, la plus rapide du monde.
01:22:45 Je m'appelle Pierre Frenet.
01:22:47 C'est tout ce que je sais faire.
01:22:49 - C'est un immense acteur, Pierre Frenet.
01:22:51 - C'est un immense acteur, Pierre Frenet.
01:22:53 Mais avec Richard Berry, l'autre jour,
01:22:55 on a parlé des vieux acteurs.
01:22:57 Quelques secondes, parce que je suis allé
01:22:59 dans les couloirs, où c'est toujours formidable,
01:23:01 parce que tu vois des affiches.
01:23:03 On a parlé, et c'était drôle,
01:23:05 de ce comédien,
01:23:07 dont j'oublie le nom,
01:23:09 à l'instant,
01:23:11 mais qui jouait dans "Mordun Pourri"
01:23:13 et qui était au "Français avec vous"
01:23:15 et qui vous faisait lever à 8h du matin.
01:23:17 - François Chaumet. - François Chaumet, pardonnez-moi.
01:23:19 Et j'adorais faire une émission
01:23:21 en ne parlant que de ces comédiens
01:23:23 que plus personne ne connaît, François Chaumet.
01:23:25 Moi, je les connais
01:23:27 par le théâtre et par le film,
01:23:29 mais vous, vous avez joué avec eux, donc vous les voyez différemment.
01:23:31 Et il me disait que François Chaumet
01:23:33 les faisait lever à 8h du matin,
01:23:35 parce qu'effectivement, à l'époque,
01:23:37 lui, il était assez aisé, et il allait dans des
01:23:39 beaux restaurants à l'heure du déjeuner, et vous,
01:23:41 vous voyagiez dans des... - Quand on était en tournée, oui.
01:23:43 - Quand vous étiez en tournée. - On voyageait en car,
01:23:45 donc tout le monde était dans le même car, évidemment.
01:23:47 Et on partait très très très tôt,
01:23:49 après s'est couché quand même assez tard,
01:23:51 pour qu'il puisse s'arrêter dans un bon petit restaurant
01:23:53 sur la route, pendant que nous,
01:23:55 qui avançions... - Et le théâtre était très bourgeois,
01:23:57 c'est-à-dire que des gens
01:23:59 comme Jean Lepoulin,
01:24:01 à l'époque, des gens comme Pierre Dux,
01:24:03 des gens... C'était des... Jacques Charron,
01:24:05 il y avait une sociologie qui me paraît
01:24:07 différente des comédiens d'aujourd'hui, est-ce que c'est vrai ?
01:24:09 - Oui, c'est vrai. Enfin, en tous les cas,
01:24:11 à la comédie française, je ne sais pas du tout
01:24:13 comment c'est aujourd'hui, mais il y avait une hiérarchie
01:24:15 qui était assez insupportable,
01:24:17 invivable, quoi.
01:24:19 Quand on joue avec des gens
01:24:21 qui sont...
01:24:23 en train de vous juger,
01:24:25 qui ont ce sentiment de supériorité,
01:24:27 parce qu'ils sont sociétaires
01:24:29 12e ou 4/12e, et que
01:24:31 celui-ci voudrait gagner
01:24:33 un 12e de plus, et qu'il va essayer
01:24:35 de... - Et quand vous êtes rentrés,
01:24:37 il y avait Jean Pia, il y avait Robert Hirsch,
01:24:39 il y avait toute cette... - Il y avait Hirsch, non, Pia, il n'y était plus, déjà.
01:24:41 Mais il y avait encore Hirsch Charron.
01:24:43 J'ai joué avec Charron, d'ailleurs, dans...
01:24:45 - Tu es mort en 75, je crois, ou 76,
01:24:47 tu es mort très jeune, d'ailleurs. - Je ne suis plus, je suis rentré
01:24:49 en 73. - Et vous avez
01:24:51 joué quoi avec Jacques Charron ? - Moi, je jouais
01:24:53 l'aramé dans Don Juan.
01:24:55 - Oui.
01:24:57 Bon, ben en tout cas, c'était un plaisir
01:24:59 que vous veniez nous voir, et puis
01:25:01 je remercie Alain Hichou qui était avec vous, qui
01:25:03 s'occupe de... - Je voudrais juste dire
01:25:05 qu'il y a aussi une plaidoirie d'un jeune
01:25:07 avocat qui s'appelle Félix Molteni. - Oui, alors on n'en
01:25:09 n'a pas parlé. - Oui, on n'en a pas parlé, mais
01:25:11 je voudrais quand même lui rendre un petit
01:25:13 hommage, parce que c'est un exercice
01:25:15 d'éloquence qu'il a fait
01:25:17 au Mémorial de Caen
01:25:19 sur les migrants, et qui est
01:25:21 sur l'affaire Cédric et Roux, et qui est quand même
01:25:23 un exercice formidable, et qui est une
01:25:25 plaidoirie sur le délit de solidarité
01:25:27 que je trouve vraiment merveilleuse,
01:25:29 drôle, et
01:25:31 très humaine, puisqu'il
01:25:33 parle de cet aspect humain
01:25:35 de la solidarité. - Jean-Marc
01:25:37 Morandini,
01:25:39 dans une seconde, merci à
01:25:41 Antoine Garchette qui était à la réalisation, à Ludovic
01:25:43 Lébard qui était à la vision, Jean-François Coullard qui était au son,
01:25:45 merci à Marine Lanson, bien sûr,
01:25:47 à Félix Pérolaz, toutes ces émissions
01:25:49 seront retrouvées sur cnews.fr,
01:25:51 rendez-vous ce soir !
01:25:53 merci à bientôt !