Avec Jean-Claude Nevers, maire de Montfleur.
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NewsTranscription
00:00 Sud Radio Bercov dans tous ses états, le face à face.
00:05 13h10 sur Sud Radio, l'heure pour nous de vous présenter un face à face.
00:09 Aujourd'hui André Bercov, vous recevez Jean-Claude Nevers, le maire de Montfleur dans le Jura, c'est à côté de Bourg-en-Bresse.
00:15 Bonjour M. le maire.
00:16 Bonjour.
00:17 Jean-Claude Nevers, je suis très heureux de vous accueillir.
00:21 Je dois dire que vous m'avez envoyé une lettre il y a quelques semaines qui m'a beaucoup touché, le dit, et vous parlez.
00:27 Voilà, vous êtes, comme on reçoit ici dans l'émission et à Sud Radio, un citoyen français, un responsable.
00:33 Vous avez eu beaucoup d'expérience dans divers domaines et on va en parler.
00:36 Et je pense que votre ressenti, votre opinion sur l'état de notre cher et de pays compte.
00:42 Et d'abord, je voudrais te dire ceci, voilà.
00:44 Vous me dites, vous avez écrit "je suis maire d'une petite commune du Jura depuis 2014, Montfleur, hein, Montfleur, près de Bourg-en-Bresse, c'est bien ça".
00:54 Et vous dites "je suis dans mon deuxième mandat et je fais partie des maires agressés".
00:59 Vous avez été vous-même agressé. Depuis combien de temps, qu'est-ce qu'il s'est passé ?
01:03 Alors, ça a commencé en décembre 2021.
01:07 Donc par un courrier, un mail qui m'a été envoyé par un administré, où il dit clairement qu'il a sorti son char d'assaut,
01:17 sur lequel il n'y a pas de marche arrière et qu'il ne fait pas de prisonnier.
01:21 Et en plus, il en profite pour insulter le conseil municipal puisqu'il dit que j'ai un conseil municipal d'immigrés récents.
01:28 Alors pourquoi il utilise ce terme ? Parce que la plupart des membres de mon conseil ne sont pas originaire de la commune.
01:35 De la commune ? D'accord.
01:37 Une commune de combien d'habitants ?
01:39 185 habitants.
01:41 Le petit village.
01:43 Et vous avez eu des lettres comme ça ?
01:47 Alors, ça a commencé comme ça. Il y a eu des messages vocaux.
01:51 Entre autres, un qui a été adressé à mon premier adjoint, où on lui a dit qu'il fallait qu'il commence à mettre des sacs de sable autour de sa maison,
02:00 parce que quand on en aurait fini avec le maire, et bien c'est son tour.
02:05 Et puis ensuite, il y a eu des intimidations.
02:08 Donc on a essayé d'empoisonner le chien d'un de mes conseillers.
02:13 On a renversé des panneaux de deux rues, crevé des pneus, etc.
02:21 Et puis dans la nuit du 24 au 25 octobre 2022,
02:26 durant le conseil municipal, subitement, il y a la voiture de mon premier adjoint qui prend feu.
02:33 Et puis ensuite, dans la même nuit, le lendemain, la société qui s'occupe d'entretenir les espaces verts et le cimetière,
02:43 m'avertit que le cimetière a été tagué, et que sur des tombes, il y a des propos dont "ne vers, tu vas crever",
02:52 qui sont non seulement des menaces de mort...
02:55 Dans un village de 180 habitants, une violence pareille ?
03:00 De la même personne ?
03:02 On sait qu'il y a sept personnes, en gros, c'est pas nombreux,
03:06 mais sept personnes qui sont en contradiction,
03:10 qui veulent surtout être en opposition, mais qui ne sont pas capables de prendre la place, de toute façon.
03:16 Puisque quand on leur dit, ils disent "mais surtout pas", en fait.
03:20 C'est quand même assez hallucinant que dans une petite commune comme ça,
03:26 on peut être opposé sans être violent.
03:29 Moi, quand j'ai pris mes fonctions en 2014, j'ai dit clairement,
03:33 je sais qu'on ne pourra pas plaire à tout le monde,
03:36 mais pour moi, c'est l'intérêt collectif, qui est avant tout pour le bien-être de tous.
03:42 Alors ça a continué, puisqu'il y a eu le 23 octobre l'année dernière,
03:49 on a menacé par lettre anonyme à mon plus jeune conseiller municipal
03:55 de démissionner, sinon on allait mettre le feu à sa maison et à sa voiture.
04:00 Et là, le 13 février, ça a été ma plus jeune...
04:03 - Le 13 février, là ? - Oui, en 24.
04:05 Ma plus jeune conseillère, 22 ans, je crois,
04:11 on l'a menacée, elle aussi, de démissionner, et surtout de ne pas parler de cette menace,
04:17 sinon c'était sa maison qui brûle, et sa voiture, ainsi que la ferme de ses parents.
04:23 - C'est intéressant, vous êtes en pleine campagne ?
04:28 - On fait partie de ce qu'on appelle la ruralité.
04:33 On est dans une vallée, il faut savoir que le village de Montfleur a une histoire très riche,
04:41 qui date de Jean Ier de Chalon, au XIIIe siècle.
04:45 - Ah oui, d'un âge historique.
04:47 - D'ailleurs, j'ai eu l'occasion, parce qu'il y a eu beaucoup de personnalités,
04:52 dont des princes d'Orange-Nassau, qui ont vécu à Montfleur,
04:58 à une époque, donc au XIIIe, XVe siècle, c'était un village de 1000 habitants.
05:02 Donc à l'époque, c'était une ville, en Franche-Comté, en fait.
05:06 - On va en parler, Jean-Claude Devers, juste après cette petite pause,
05:09 on reste avec vous, et on va effectivement élargir le périmètre,
05:14 mais déjà, c'est quand même très parlant, ce que vous nous dites.
05:17 - Peut-être que vous nous écoutez, vous êtes aussi maire d'une commune,
05:20 appelez-nous 0826 300 300 pour témoigner,
05:23 peut-être que vous avez été menacé, ou que vous voulez rendre l'écharpe,
05:26 appelez-nous 0826 300 300.
05:28 - On a une grande famille sur Sud Radio, et je suis très fier d'en faire partie.
05:37 - Ici Sud Radio,
05:43 les Français parlent au français.
05:49 - Je n'aime pas la Blanquette-le-Veau.
05:54 - Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
05:57 - Avec Jean-Claude Devers, maire de la commune de Montfleur, dans le Jura.
06:02 Vous avez ajouté, d'ailleurs, parce que c'est très intéressant,
06:06 vraiment, et passionnant, de te parler de votre quotidien, Jean-Claude Devers,
06:11 vous avez dit "j'ai eu également à gérer un problème énorme de maltraitance animale
06:16 qui a conduit à la saisie de 380 bovins", dans la ruralité,
06:21 et vous ajoutez "quel soutien de l'État, des associations des maires,
06:26 de la préfecture, etc. ? Aucun."
06:29 - Oui. - Qu'est-ce qui s'est passé ?
06:31 - On se bat tout seul. - Qu'ils ne vous soutiennent pas ?
06:34 - C'est-à-dire qu'on nous dit souvent, quand on rencontre les gens,
06:38 parce qu'on est quand même tenu d'informer nos supérieurs.
06:42 - Bien sûr. - Parce qu'un maire, il a au-dessus de lui,
06:45 deux supérieurs, le préfet qui est concernant tout ce qui est, disons,
06:51 police judiciaire, sécurité, État, etc.
06:57 et puis on a le procureur de la République, qui est pour tout ce qui est actes civils,
07:03 puisque la commune doit transmettre tout acte civil,
07:07 que ce soit naissance, mariage, divan, etc.
07:11 Bon, voilà. Alors, quand vous allez voir, dans le cas présent,
07:15 pour cette problématique de maltraitance animale,
07:19 j'allais souvent en préfecture, dans les services qui sont ce qu'on appelle la DDTSPP,
07:26 donc pour la protection des animaux et de la population,
07:30 et on me disait "C'est du pouvoir du maire,
07:34 mais comment fait-on, par exemple, pour des vaches qui sont en divagation
07:40 sur les départementales, qui peuvent être cause d'accidents graves,
07:45 pour les attraper ? D'ailleurs, moi, un jour, j'ai dit "Je vais réveiller mon conseil municipal,
07:50 on va s'équiper de l'assaut, puis on va essayer d'attraper les vaches."
07:53 Et puis on vous dit "C'est du pouvoir du maire, vous pouvez les attraper,
08:00 alors si vous attrapez, oui, on peut le faire,
08:03 mais après, vous avez une réglementation à respecter, il faut les parquer,
08:08 si le propriétaire ne vient pas les chercher, il faut les traire, etc."
08:13 - Pour faire le boulot des régulteurs.
08:16 - Et voilà, donc on est confronté.
08:18 Alors, il y a ces problématiques-là, mais c'est comme la problématique,
08:21 moi j'ai dans mon village, une dame qui a des problèmes cognitifs,
08:26 qui souvent fugue, et on passe des nuits à la chercher,
08:31 et on mobilise des gendarmes, des pompiers, etc.
08:34 Et là, les services sociaux...
08:36 - Ils ne peuvent pas s'en occuper, ne peuvent pas le mettre dans une EHPAD, dans une maison ?
08:40 - Ah bah, mais c'est compliqué, parce que vous ne pouvez pas imposer.
08:43 Alors, les services sociaux, moi j'ai eu une réunion avec des médecins de la gériatrie,
08:49 ils disaient "Ah bah oui, il y a des solutions, il faut leur mettre des GPS,
08:54 alors on vous dit "On peut les mettre dans les chaussures ou un collier."
08:57 Oui, mais si la personne... Alors à ce moment-là, la personne qui va fuguer,
09:00 je vais dire "Attention, il faut vraiment prendre les bonnes chaussures ou le collier."
09:06 Après, ils se plaignent, évidemment, quand vous avez une personne qui passe pratiquement toute la nuit dehors,
09:12 vous faites appel au SAMU, aux pompiers,
09:15 et alors là, vous avez les hôpitaux qui vous disent "Oui, mais vous nous l'envoyez trop souvent."
09:20 Oui, mais on fait quoi ?
09:22 Ce que je veux démontrer, c'est que le maire du village,
09:26 il est confronté à toutes les problématiques.
09:29 C'est-à-dire problèmes de santé, problèmes d'accident.
09:33 Dernièrement, j'ai eu une personne qui s'est retournée.
09:37 Elle s'est retournée ?
09:39 Avec son véhicule.
09:41 Ah oui, dans le véhicule, elle s'est retournée.
09:43 Dans le véhicule, elle s'est retournée.
09:44 Donc il faut faire appel aux gendarmes, etc.
09:47 Début janvier, j'ai eu à traiter deux personnes non-ingénieures,
09:53 91 ans tous les deux, qui sont décédées dans leur maison.
09:56 Eh bien, c'est le maire qui doit aller faire le constat avec les pompiers, les gendarmes.
10:01 Donc vous voyez toute la problématique à laquelle on est confronté.
10:04 Mais apparemment, ce que vous dites, c'est qu'il n'y a pas de réponse suffisante de la part des...
10:11 Non.
10:12 Est-ce que c'est parce qu'ils sont trop encombrés, qu'il y a effectivement...
10:17 Ils gèrent beaucoup de communes, ils gèrent l'ensemble, et qu'ils se disent "On peut pas tout faire."
10:21 Moi je dirais que c'est un problème de la société.
10:24 C'est-à-dire ?
10:26 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a une société, dans beaucoup de domaines,
10:29 y compris dans le domaine professionnel, plus personne n'est responsable.
10:33 Quand vous entendez les gens...
10:35 D'ailleurs, si on me disait "C'est du pouvoir du maire."
10:39 Vous voyez ?
10:41 Donc vous entendez les gens, on va remonter quelques années en arrière,
10:46 quand il y avait quelque chose qui marchait mal du fait de l'informatisation,
10:51 on disait "C'est la faute de l'ordinateur."
10:53 Et aujourd'hui, c'est "Je ne suis pas responsable, et on cherche le responsable."
10:59 Vous voyez ?
11:01 "C'est pas moi, je peux pas me modifier."
11:03 On est dans la société, avec un entretien qu'on a eu avec le procureur de la République,
11:09 moi je lui ai posé une question au cours du temps réunion,
11:12 je lui ai dit "Mais est-ce que vous ne croyez pas que la société d'aujourd'hui pousse à l'incivisme ?"
11:16 Et il m'a dit "Bah écoutez, vous avez raison, parce qu'on a fait une société individualiste,
11:21 de plus en plus, et en plus c'est moi d'abord, les autres après."
11:26 Oui, et puis moi aussi j'ai réglé mes problèmes, les rôdes qui se débrouillent.
11:31 On a une question André, peut-être sur les réseaux sociaux pour M. le maire,
11:34 qui nous dit "Vous avez tous les problèmes d'une société à gérer,
11:37 mais pour combien d'euros par mois ? Votre indemnité s'élève à combien si c'est pas inscrit ?"
11:42 Alors, non je peux vous la dire, jusqu'en 2020 c'était 550 euros net par mois,
11:49 et depuis 2020 on a eu une petite augmentation,
11:54 comme il y a des retenues supplémentaires, on est à 900 euros.
12:00 - Donc pour un boulot de 24h/24 ? - Voilà.
12:03 - Pour un boulot évidemment. - Parce qu'il y a une chose que je ne vous ai pas dit aussi,
12:06 dans les menaces qu'on a eues, le 26 janvier 2023,
12:17 on m'a réveillé à 1h23 du matin pour me dire qu'on avait mis le feu à la mairie.
12:22 - Ah oui, carrément. - Oui.
12:24 - Et vous avez des gendarmes qui passent ? - Alors moi si j'ai quelque chose à dire,
12:29 les gendarmes, moi je dois reconnaître, et ils le savent, je les admire,
12:35 et grâce à eux on a une solidarité qu'on ne trouve pas ailleurs.
12:40 Ils sont très conscients de ce qui se passe dans le village, à Montfleur.
12:45 Ils me soutiennent, ils m'aident beaucoup, mais aussi ils ont peu de moyens.
12:52 Et là aussi, ça vient de la restructuration aussi de l'administration, mais ça on va en parler.
12:59 - Oui, on va en parler de la restructuration juste après cette petite pause.
13:03 Alors on va se retrouver avec Jean-Claude Nevers, parce que c'est un miroir de la France aujourd'hui.
13:08 Vous voyez un petit village, 180 habitants, c'est un miroir de ce qui se passe aujourd'hui chez nous.
13:12 Et puis 0826 300 300 pour poser vos questions ou pour témoigner sur Sud Radio. À tout de suite.
13:18 Sud Radio Bercov, dans tous ses états, appelez maintenant pour réagir 0826 300 300.
13:25 LIDL ?
13:26 Ici Sud Radio. Les Français parlent au français. Les carottes sont cuites. Les carottes sont cuites.
13:38 Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
13:41 Et nous continuons avec Jean-Claude Nevers, le maire de Montfleur, dans le Jura.
13:47 Effectivement, c'est un cas d'oléance que vous m'avez envoyé, mais c'est un cas d'oléance très précis et passionnant.
13:52 Les relations avec les communautés de communes, vous dites tout impôts gras, loi environnementale, urbanisme,
13:57 désertification zéro, village d'avenir, protection des élus, incohérente.
14:01 Relations avec le président du département, monde à part en fonction des intérêts personnels.
14:06 Et vous parliez justement des gendarmes, mais vous parliez aussi de la distance hors antenne, on en parlait,
14:12 à la distance avec que ce sol personnel de santé, de sécurité ou autre.
14:17 Alors pour revenir sur la gendarmerie, la gendarmerie, moi en 2014, j'avais encore une gendarmerie à 7 kilomètres.
14:27 2017-2018, selon les restructurations qui ont été décidées par l'Etat, la plus proche aujourd'hui c'est 19 kilomètres.
14:37 Alors c'est une même brigade, mais qui est à deux endroits.
14:42 Alors quand celle qui est à 19 kilomètres, ils sont déjà en action, et bien c'est une qui se trouve à 32 kilomètres qui doit intervenir.
14:53 Donc vous imaginez le temps.
14:57 Parlons de la perception.
15:00 Donc tout ce qui est impôts, les impôts, là aussi on oublie que dans nos villages, on a des personnes âgées.
15:08 Avant c'était 19 kilomètres, maintenant c'est 40 kilomètres.
15:14 D'accord ? Alors après on va vous dire, on a mis en place les Maisons de France, où on est censé avoir des personnes qui sont là pour traiter toute la problématique administrative que vous pouvez avoir.
15:28 Oui mais on a toujours oublié qu'il y a des personnes âgées.
15:31 Comment font-elles ? Alors il faut trouver quelqu'un qui puisse les emmener et à des heures d'ouverture.
15:37 Oui bien sûr.
15:38 Donc vous voyez, on n'a pas facilité cette restructuration.
15:43 Alors après, avec les Communautés de Communes, qu'est-ce qui se passe ? Les Communautés de Communes, on les a créées.
15:49 Alors au départ, elles étaient assez proches, puisqu'elles regroupaient en gros 7000 habitants, quelque chose comme ça.
15:56 Puis on a dit "non, c'est pas bien, maintenant il faut qu'il y ait beaucoup plus".
16:00 Donc on a agrandi, alors pour vous donner un exemple, jusqu'en 2020, je faisais partie d'une petite Communauté de Communes dont le siège était à 19 kilomètres.
16:09 Aujourd'hui, on a regroupé 4 Communautés de Communes, ce qui fait qu'entre Montfleur, qui est tout à fait au sud du département, par rapport au village qui est le plus au nord de la nouvelle Communauté de Communes, il y a 100 kilomètres.
16:23 Vous voulez dire, si vous voulez aller au siège de la Communauté de Communes, vous devez faire 100 kilomètres.
16:28 Non, j'ai 40 kilomètres à faire. Mais les réunions se font dans une salle où elle peut accueillir les 118 conseillers communautaires, et cette salle se trouve à une heure de route, puisqu'il faut que je contourne le lac de Vouglan pour y aller.
16:46 Mais vous n'avez pas des réunions quand même trop...
16:51 Alors on n'a pas des réunions trop souvent, mais la problématique c'est que par exemple, on a des réunions où on a 50 sujets à traiter.
17:00 Alors ça se passe comment ? Alors on vous dit, voilà, vous avez ce qui est en bleu et ce qui est en vert.
17:06 Donc ce qui est en vert, il n'y a pas de souci, c'est déjà traité, et on vous dit, êtes-vous pour, êtes-vous contre, levez la main, est-ce qu'il y a des abstentions ou contre ?
17:18 Et puis pour ce qui est bleu, là vous avez le vice-président de la communauté de communes qui est en charge du sujet, qui vous explique pendant 5 minutes, mais le résultat est le même.
17:27 Et on vous dit, maintenant, à vous de voter, êtes-vous pour, êtes-vous contre ?
17:31 Alors vous pensez bien qu'un petit village qui n'a qu'une voix, puisque dans une communauté de communes, vous avez des villes plus importantes qui elles vont avoir 3, 4 conseillers communautaires.
17:41 Donc, ben, voilà, et puis...
17:44 Donc vous n'avez plus, franchement, Jean-Claude Le Maire, quel pouvoir avez-vous aujourd'hui, pratiquement, par rapport à votre village ?
17:51 Vous avez un pouvoir, vous n'avez plus de pouvoir ?
17:53 Ben, le pouvoir de police, mais qui est quand même très limité, puisque alors qu'est-ce que ça comprend le pouvoir de police ?
17:58 Ben, les problèmes de circulation, les problèmes de stationnement, des choses comme ça.
18:05 Mais là aussi, vous ne pouvez pas verbaliser, vous n'avez plus la possibilité de le faire.
18:09 Alors, en plus, comme on m'a dit, moi, lorsque j'ai eu un preu... enfin, à passer au tribunal avec l'affaire des vaches,
18:18 et une des avocates a dit une chose très bien, elle a dit "vous avez des pouvoirs de police, mais avec quels moyens ?"
18:25 Ben oui, avec quels moyens ?
18:27 Voilà, alors, sur le plan administratif, c'est quasiment la même chose, si vous voulez, parce que là aussi, alors, il y a de nouvelles lois.
18:35 Ces nouvelles lois, on les attribue, enfin, la compétence est attribuée à la communauté de communes.
18:41 Alors, la communauté de communes va d'abord voter comme quoi est-ce qu'elle est d'accord pour l'application de cette loi.
18:47 Et après, on demande aux conseillers, aux conseils municipaux des différentes communes de valider ce que la communauté a décidé.
18:56 Donc, on marche à l'envers quand même, quelque part, parce qu'en fait, on ne va pas tenir compte de votre décision.
19:01 Oui, on va tenir compte de la décision de la communauté de communes d'abord.
19:04 Et quand vous dites, alors, président de département, etc., d'ailleurs, vous dites que vous avez rencontré à deux reprises M. Macron, à quelle occasion ?
19:15 Au congrès des maires.
19:16 Au congrès des maires.
19:17 Donc, en 2017, j'ai été très surpris d'être invité et de faire partie des 1 500 maires, parce qu'il y avait 15 maires par département qui ont été invités à l'Elysée.
19:27 D'accord. Au moment de l'élection, de la première élection d'Emmanuel Macron.
19:31 Donc, on a été reçus, ce qui est tout à fait normal, avec un contrôle, etc., ce que je trouve tout à fait logique.
19:42 Bien sûr.
19:43 Ce que j'ai trouvé surprenant, c'est qu'on n'a pas eu d'accueil. C'est-à-dire qu'on est arrivé à 20 heures, puisqu'il fallait qu'on y soit à partir de 19h30.
19:54 Et puis ensuite, M. Macron est apparu, le président est apparu, il était 23h45.
20:02 Ah bon ? Vous étiez là depuis 20h ?
20:04 Oui.
20:05 Et vous attendiez ?
20:06 Oui, alors, il y avait des salons, avec de la nourriture, tout ce qu'on voulait, etc.
20:12 Je comprends. Il est arrivé à 23h45.
20:14 Oui. Alors, il nous avait envoyé sa femme à 22h avant, quand même.
20:17 Vous avez eu le temps de discuter un peu avec lui, donc ?
20:19 Très peu. Il nous a dit qu'il allait visiter tous les départements de France, parce qu'il nous a demandé d'où on était.
20:27 Et nous, en fait, ce qu'on avait dit, c'est qu'on s'était regroupé les 15 maires du Jura, et on a vu un de ses gardes du corps, on a dit, nous, on aimerait qu'ils viennent nous parler.
20:36 Et on ne va pas faire des selfies, des trucs comme ça. Donc, on voulait que ce soit avec dignité.
20:41 C'est une chose sur laquelle, moi, je suis très attaché à la fonction.
20:45 Que ce soit présidentiel, député, etc. Vous pouvez remarquer qu'en tant que maire, partout où je vais, où je représente la commune, je suis en costume.
20:54 Je comprends. Et là, donc, vous l'avez vu, juste, rapidement, on va pas arrêter. C'est une seconde fois, vous l'avez vu ?
21:00 Alors, la deuxième fois, c'était au Congrès des maires, en 2019.
21:03 Et c'est lui, parce qu'il y avait eu un hommage, donc, à Jacques Chirac, qui était décédé.
21:08 Et ensuite, c'est lui qui a ouvert le Congrès. Et dans son allocution, il nous a dit "Bonjour Mesdames et Messieurs".
21:19 Tout le monde attendait "Mesdames et Messieurs les maires".
21:23 Et il a dit aussitôt, puisque c'était après l'affaire des Gilets jaunes, il nous a dit "Vous ne m'avez pas compris, c'est pour ça que je vous envoie mes ministres".
21:36 - D'accord. Intéressant. Vous ne m'avez pas compris, c'est vous qui n'avez pas compris.
21:42 Et juste un mot, vous vous dites, en fait, donc, vous Jean-Claude Nevers, et on parlera ensuite,
21:50 vous avez une espèce de, vous avez l'impression que les pouvoirs sont quoi ?
21:54 Sont plus ou moins sourds, plus ou moins aveugles, enfin, la plupart ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
22:00 - Moi, je vais vous dire, à la décharge des responsables, mais ça, ça fera peut-être l'objet de ce qu'on va aborder par la suite,
22:08 c'est qu'on a créé une société, où je vous, j'en ai un peu parlé tout à l'heure, où les responsables ne sont plus pures responsables,
22:18 mais nous sommes depuis le début des années 80 dans une société formatée.
22:24 Et ça, je peux l'expliquer, puisque j'ai contribué de par ma vie professionnelle un petit peu à ce formatage,
22:32 et aujourd'hui, j'ai un peu tendance à faire un mea culpa d'avoir contribué à ce type de société dans laquelle nous sommes aujourd'hui.
22:40 - Alors, juste un mot, je voudrais que vous expliquiez en quoi ce formatage, ça consistait quoi ce formatage ?
22:45 Vous avez une société formatée.
22:47 - Et bien, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, si vous regardez, on vous a déjà tout défini, ce que vous devez faire, ce que vous devez dire, ce que vous devez penser.
22:57 Et ça, on l'a fait par la déstructuration déjà des entreprises, mais de l'État.
23:04 Aujourd'hui, on est dans un... alors, on vous parle beaucoup, par exemple, nous, en tant que maire, de projet structurant.
23:10 - Oui, c'est les éléments de langage.
23:14 - Bon, mais en réalité, tout est déstructuré, puisque, je l'ai dit tout à l'heure en parlant avec le procureur de la République,
23:23 nous sommes dans une société du mois d'abord, les autres après.
23:28 Et on se sert aujourd'hui des outils qui fonctionnent avec les nouvelles technologies et l'informatique.
23:37 Et moi, j'ai connu, puisque vu mon âge, j'ai connu les balbutiements de l'informatique qui n'avaient rien à voir.
23:48 Tandis qu'aujourd'hui, et ça a commencé dans les années 80, et je pourrais le détailler, voilà quoi.
23:57 - Vous dites que ça a... oui, parce qu'on pourrait vous dire que ça a été bien, justement, pour les communautés de toutes communes.
24:02 L'informatique peut vous amener le distanciel et pouvoir, et ça peut être bien, mais apparemment, ce n'est pas le cas.
24:10 - Non, pas du tout.
24:11 Et vous savez qu'aujourd'hui, par la dématérialisation qu'on nous impose, même au niveau de l'administration,
24:17 aujourd'hui, il faut voir que tous ces logiciels sont créés par des sociétés privées, qui ne connaissent pas le terrain.
24:25 Alors, je peux vous faire une petite anecdote, s'il vous plaît.
24:28 - Oui, allez-y.
24:29 - Dans les villages, comme dans les villes, on achète des concessions au niveau du cimetière.
24:34 - Oui.
24:35 - Donc, ma secrétaire me dit "Tiens, on a des concessions à enregistrer."
24:39 Alors, elle dit "Je vais chercher dans le nouveau logiciel que l'on a, où se trouvent les concessions."
24:44 - Pour le cimetière du village.
24:46 - Le cimetière du village.
24:47 - C'est ça.
24:48 - Donc, la première chose, elle va voir dans le cimetière.
24:51 - Eh bien non. Alors, elle a cherché, et elle a trouvé "Les concessions sont enregistrées dans Urbanisme Logement."
24:59 Alors, vous me direz, c'est le dernier logement dans lequel on va.
25:02 - Ah, c'est fabuleux, ça.
25:03 - Vous voyez.
25:04 - Ah oui, c'est ça, Urbanisme Logement, donc cimetière.
25:07 - Voilà.
25:08 - Ah, c'est magnifique. Vive.
25:09 - Oui, oui, c'est intéressant.
25:10 - Voilà.
25:11 - C'est ça, ou en fait, les effets pervers.
25:12 - Oui.
25:13 - Tout à fait.
25:14 - Les effets pervers des bonnes choses.
25:15 Est-ce qu'on a des...
25:16 - Oui, nous avons Richard, qui nous appelle depuis Albi, et je crois qu'il était maire d'une petite commune, lui aussi.
25:20 Bonjour Richard.
25:21 - Bonjour Richard.
25:22 - Oui, bonjour André, bonjour à votre invité.
25:24 Oui, voilà, moi, j'ai été maire d'une commune en Aveyron durant 19 ans.
25:30 J'étais l'une des plus jeunes maires de l'Aveyron à l'époque.
25:32 Et je souhaitais réagir, tout simplement, pour faire repart un peu de mon expérience,
25:37 dire que moi, j'ai vu l'évolution.
25:39 Quand j'ai été maire, on avait, en début, en 95 exactement, on avait les services de l'État qui étaient à nos côtés.
25:45 Il y avait l'équipement, il y avait le trésorier, on pouvait appeler, on avait des services qui nous aidaient,
25:51 sur le plan de l'urbanisme, sur le plan de la sécurité, sur le plan de la trésorerie.
25:56 Et puis on avait arrivé à une évolution avec des communautés de communes qui nous ont plus ou moins été imposées,
26:01 avec une carotte qui s'appelait la DGF, la dotation globale de fonctionnement.
26:05 Et la question que je me pose, c'est, si il n'y a pas une volonté des pouvoirs publics d'user les petits maires,
26:12 il y a 36 000 communes en France, ça fait longtemps qu'on dit qu'il y en a trop,
26:16 de les user de telle manière qu'à un moment donné, les communautés prennent le volet,
26:21 que les communes soient supprimées au profit des communautés de communes.
26:24 Il y a une évidence, c'est qu'aujourd'hui, il y a beaucoup de compétences qui ont été transférées,
26:28 l'urbanisme, l'assainissement, la partie économique, qui ne sont plus assumées par les petites mairies.
26:33 Aujourd'hui, le maire, il a les emmerdements et l'État civil, voilà.
26:37 Il faut honnête que c'est ça. Donc la question que je me pose, c'est cette dernière, voilà.
26:41 - Jean-Claude Le Verge, je pense que vous ne serez pas en désaccord avec ce que vient de dire Richard.
26:45 - Ah non, pas du tout. Au contraire, je confirme ce qu'il dit, c'est-à-dire que les compétences
26:54 ont été transmises, disons, à la communauté de communes.
26:58 Et ce qui a été le plus grave, c'est l'arrivée de la loi NOTRe, en 2015.
27:03 - Rappelez-nous ce que c'est la loi NOTRe. - Alors c'est la nouvelle organisation territoriale de la République.
27:10 - D'accord. - Voilà. Et donc, là, il y a même des présidents de communautés de communes
27:17 qui faisaient la course à savoir le plus de compétences qu'elles allaient pouvoir acquérir.
27:23 - Ah oui. Enlever les compétences le plus possible. - Voilà.
27:27 Et il a raison, l'ancien collègue, de dire que depuis, les communes, vous avez des embêtements.
27:38 Mais par contre, nous, la communauté commune, et ne serait-ce que financièrement,
27:43 parce que là aussi, en plus, vous ne pouvez pas aller... - C'est elle qui a le pouvoir financier, vous voulez dire ?
27:47 - Oui, tout à fait. Pour toutes ces compétences qu'elles ont. - C'est ça, bien sûr.
27:50 - Et on a sorti donc une nouvelle loi, là aussi, la CLECT, qui est en fait le transfert des charges
27:59 des compétences que vous avez transmises. Mais ce n'est pas les charges du moment, c'est à vie.
28:06 - Ah d'accord. C'est-à-dire, oui, vous transmettez vos charges, compétences, etc.
28:12 Sauf que les incidents du quotidien, c'est vous. - C'est nous qui les avons.
28:16 Et les grognements, les mécontentements des habitants, c'est le maire local qui les prend en pleine figure.
28:27 D'ailleurs, beaucoup d'administrés disent "mais la communauté de communes, à quoi ça sert ?"
28:33 - Voilà. Vous savez, je suis très frappé par quelque chose, par un rapprochement, par raison des paraisons.
28:42 C'est intéressant de voir, au moment où on parlait du drapeau européen, qu'il y a des gens qui veulent
28:46 effectivement fondre tous les pays dans l'Union Européenne, qu'il n'y ait plus qu'un drapeau européen.
28:50 Et puis il y a des gens qui, même au niveau français, veulent supprimer les petites communes, les villages,
28:56 et puis rassembler tout ça. - Oui, mais n'oubliez pas qu'à une époque,
29:00 c'était moi qui souhaitais supprimer les départements. - Oui, c'est vrai qu'il y a eu ça.
29:05 - Alors regardez là aussi, pour un domaine qui concerne beaucoup de monde, tout ce qui est scolaire.
29:11 Alors le transport scolaire, le scolaire déjà, selon si c'est le primaire, les collèges et les lycées,
29:19 c'est pas les mêmes responsables. - Le primaire c'est vous, non ?
29:23 - Non, c'est plus les communes, c'est les communautés de communes. - Ah oui, c'est ça.
29:26 - Alors après c'est les lycées, les collèges, là c'est le département.
29:31 Alors le transport scolaire, jusqu'à une certaine époque, c'était le département.
29:36 Maintenant c'est la région. - Ah c'est la région, complètement.
29:40 - Alors vous imaginez, il y a des problématiques de manque de chauffeurs de bus,
29:46 ce qui fait qu'aujourd'hui vous avez des enfants qui font une heure de bus,
29:51 parce qu'évidemment on a agrandi la tournée, et comme il y a de moins en moins de chauffeurs de bus,
29:59 et bien ils aménagent les circuits, ce qui fait qu'il y a des gamins qui peuvent passer plus d'une heure
30:06 avant d'arriver à l'école ou de rentrer le soir chez eux.
30:09 - Donc une heure allée, une heure retour. - Oui, oui, bien sûr.
30:12 - Intéressant, on va peut-être en continuer à parler après une petite pause.
30:18 Avec vos 0826 300 300, vous aurez la parole pour poser toutes vos questions à tout de suite sur Sud Radio.
30:47 13h49 sur Sud Radio, nous sommes toujours avec Jean-Claude Nevers,
30:51 qui est maire d'une petite commune à Montfleur dans le Jura, 185 habitants,
30:55 qui nous raconte comment c'est dur aujourd'hui d'être maire d'un petit village.
30:59 Et puis nous avons Chantal qui nous appelle depuis Narbonne. Bonjour Chantal.
31:02 - Bonjour Chantal. - Bonjour Monsieur Berkhoff, bonjour Monsieur le maire.
31:07 Je suis ravie de vous remercier pour toutes ces émissions intéressantes,
31:10 ou combien concernant les Français malheureusement qui ne s'entendent pas toujours très...
31:15 Enfin, qui n'écoutent pas toujours, c'est dommage.
31:17 Je voulais vous dire que moi j'ai été confrontée à beaucoup de soucis vu que j'habite Narbonne,
31:21 et je crois qu'il y a beaucoup de Français qui ignorent qu'on a créé des tas de services
31:25 depuis que nous avons le comité de communes, donc.
31:29 Et la communauté de communes a créé un service qui s'appelle le service de la tranquillité publique.
31:36 C'est pas bon ça ?
31:37 - La tranquillité publique ? Oui, à quoi ça sert ?
31:40 - Voilà. Alors je suppose que Monsieur le maire connaît bien sûr,
31:43 mais moi j'ai été confrontée à ce service.
31:46 Voilà. Et c'est très intéressant de voir qu'il y a des gens qui sont capables de vous mettre en difficulté,
31:53 alors que vous n'y êtes pour rien, parce que moi c'était au sujet de gravats déposés sur mon terrain.
31:59 J'avais un terrain non constructible, on m'a déposé des gravats de construction,
32:05 et j'étais mise en demeure de verser une amende de 150 000 euros ou menacer de deux ans de prison.
32:11 C'est extraordinaire !
32:12 - Ah c'est pas mal ça, ouais.
32:13 - Je ne suis pas quelqu'un qui ne se pose pas de questions et qui cherche pas à comprendre pourquoi,
32:18 vu que nous sommes 36 propriétaires sur cet endroit,
32:22 qui est non constructible entre Narbonne et Grissant,
32:25 et donc je suis montée au créneau évidemment, parce que ça m'a beaucoup peurtée.
32:29 Sur le moment je me suis dit que c'était un canuvin.
32:32 - Et le service de la tranquillité vous a...
32:33 - C'est pas du tout, et ça a duré deux ans.
32:34 - Deux ans, d'accord.
32:36 - Et le service de la tranquillité publique vous a aidé ou pas ?
32:42 - Pas du tout, pas du tout, au contraire.
32:45 Et j'étais la seule personne qu'on ait trouvée,
32:47 parce que, ben moi je suis quelqu'un évidemment qui paye des impôts,
32:52 qui vit normalement, vous voyez.
32:53 - Oui, bien sûr, vous êtes une citoyenne.
32:55 - Et les 35 autres propriétaires n'ont jamais été trouvés,
32:58 bien qu'ils aient des caravanes saccagées, qu'il y ait des dégripperies partout.
33:04 Il y avait même un ancien camion de la victime du travail
33:09 qui était entreposé sur les terrains.
33:11 Et c'était la seule, figurez-vous, qui était trouvable.
33:14 C'est quand même incroyable, et alors ce service donc est intéressant.
33:17 - Oui, alors ce service, vous avez entendu parler de ce service ?
33:20 Non, pas du tout.
33:21 - Non, pas du tout.
33:22 Alors, ça rejoint peut-être un peu ce que j'ai évoqué tout à l'heure,
33:26 les Maisons de France où il y a des services administratifs
33:30 à la disposition des administrés pour traiter,
33:34 mais la problématique qu'elle évoque, normalement, c'est de la responsabilité du maire.
33:39 - En fait, ce que vous dites, c'est très passionnant, Jean-Claude Nevers,
33:44 ce qui est intéressant, c'est qu'au fond, il y a quelque chose, vous dites,
33:50 on a été très dépossédés, bon, c'est normal, je veux dire qu'il y ait aussi une entraide,
33:55 mais que cette entraide soit positive, et qu'elle ne soit pas uniquement,
33:59 "attendez, moi je ne peux m'occuper de rien, débrouillez-vous", quoi.
34:04 - Oui, c'est ça.
34:05 C'est un peu ça.
34:06 On a multiplié les couches, mais des couches qui ne nous apportent rien vraiment,
34:10 puisque quand on est confronté à la problématique,
34:13 cette dame par exemple, qui évoque les décharges sauvages, etc.
34:18 - Voilà, un terrain inconstructible, on décharge, on met du gravat,
34:21 et puis débrouillez-vous et payez.
34:22 - Et là aussi, il faut savoir qu'avant, il y avait ce qu'on appelait les PLU,
34:27 les plans locaux d'urbanisme, il y avait les cartes communales,
34:31 par exemple pour un village comme Montfleur, petit village,
34:35 donc tout ça s'est modifié.
34:38 Maintenant c'est le PLUI, c'est-à-dire que c'est devenu intercommunalité.
34:43 - Oui, c'est toujours au niveau de l'échelle.
34:45 - Et il faut se plier à ça, maintenant.
34:47 Alors là aussi, on avait des services par la DDT,
34:50 tout ce qui était urbanisme, qui était gratuit,
34:54 aujourd'hui c'est les communautés de communes qui s'en occupent,
34:56 mais c'est payant.
34:57 - Eh oui, bien sûr.
34:58 - C'est-à-dire que maintenant, la commune doit payer
35:00 tous les dossiers qu'elle envoie à la communauté de communes.
35:04 - En plus des impôts qu'elle paye, en plus de tout ça.
35:08 - Mais bien sûr, vous voyez, donc, comme ça a été évoqué,
35:13 on a voulu créer des villes nouvelles,
35:15 soi-disant parce que c'était pour garantir un service et tout.
35:21 Alors on a brandi des carottes, on a dit à des maires,
35:25 "Ah mais, plus vous serez regroupés,
35:28 et si vous atteignez un certain nombre d'habitants,
35:31 vous aurez 5% en plus."
35:33 - C'est ça.
35:34 - Oui, mais une fois qu'ils ont été confrontés à la problématique,
35:36 alors ils se sont regroupés,
35:38 alors beaucoup pensaient que c'était 1 + 1 + 1, ça allait faire 3,
35:42 et bien non, on leur a dit, maintenant vous n'êtes plus qu'une commune,
35:44 donc ce sera pour un rata d'une commune, vous voyez.
35:46 - Intéressant, tour de passe-passe.
35:48 Je crois que nous avons quelqu'un...
35:50 - Oui, nous avons Ada qui nous appelle depuis Villeurbanne.
35:52 Bonjour Ada.
35:53 - Oui, bonjour Ada.
35:55 - Oui, bonjour monsieur, je suis un peu intimidée,
35:58 mais j'espère que je vais bien exprimer les questions que je veux poser à monsieur Lemaire.
36:06 - Allez-y, une question.
36:07 - Monsieur Lemaire, deux questions.
36:09 Pourquoi avez-vous des caméras,
36:11 même pour un petit village que vous avez,
36:14 et les personnes qui font problème en général,
36:18 c'est quand même des personnes qui sont en souffrance,
36:21 pourquoi ne pas les convier et faire des réunions pour apaiser,
36:25 pour ouvrir le dialogue,
36:27 et leur tendre la main, entre guillemets, voilà.
36:29 Et juste une dernière suggestion, là par contre c'est une idée de ma part,
36:34 vous savez il y en a ras le bol,
36:36 je suis peut-être un peu sur-sujet,
36:38 hors-sujet, mais juste une minute.
36:40 Vous savez, il y avait un responsable des pompiers,
36:44 qui disait, il disait n'oubliez pas que 99%,
36:48 90%, des feux sont criminels, 90%,
36:55 et ça, les journalistes ne le disent jamais,
36:57 et moi j'ai pensé pourquoi ne pas faire,
36:59 dès qu'on rentre en zone naturelle,
37:02 pourquoi ne pas faire une espèce de contrôle,
37:05 et voilà, il a aussi de mettre des caméras à longue portée,
37:08 parce qu'il y en a ras le bol des feux.
37:10 - Vous n'avez pas de caméras à l'intérieur du village,
37:12 mais vous les voulez dans les forêts.
37:14 Ok, Ada, oui, Jacques Lemieux Vert.
37:16 - Bon, alors, en ce qui concerne les caméras,
37:19 c'est quelque chose qui coûte très cher,
37:21 on ne met pas une caméra comme ça,
37:24 donc il faut qu'elle soit déclarée,
37:26 parce qu'il faut,
37:28 alors les seuls qui ont autorisation à mettre sur la voie publique,
37:31 c'est les maires,
37:33 mais il faut que ce soit déclaré,
37:35 et il faut qu'on puisse contrôler tout ce qui est enregistré,
37:38 et ça, beaucoup de gens ne le savent pas.
37:40 Bon, et ça ne résout pas les problèmes,
37:43 parce que, quand il y a eu les émeutes,
37:46 au mois de juillet l'année dernière,
37:48 la première chose qu'ils attaquent,
37:50 c'est les caméras, pour ne pas qu'on les voit.
37:52 - Oui, bien sûr.
37:53 - Donc, voilà, faire des réunions avec la population.
37:57 Moi j'ai essayé une fois pour un projet,
38:00 ça tourne au Pugilat,
38:03 et si on a un conseil municipal qui est censé être représentatif du village,
38:08 il a toute l'attitude à prendre les décisions,
38:10 en connaissance de cause.
38:12 - Oui, bien sûr.
38:13 - D'accord ?
38:14 Malheureusement, aujourd'hui,
38:16 l'incivisme ne se combat pas avec des caméras ou des réunions.
38:21 Ça va plus loin que ça,
38:23 c'est-à-dire que, comme il y a des problèmes,
38:25 et c'est un autre sujet,
38:27 problème d'éducation,
38:30 beaucoup de parents qui ont baissé les bras,
38:33 qui pensent que c'est à l'école nationale d'éduquer les enfants,
38:39 etc.
38:40 Alors, oui, on essaye.
38:43 Moi je suis quelqu'un qui est plutôt dans l'empathie,
38:46 mais s'il y a quelqu'un qui a décidé que vous ne lui plaisez pas,
38:50 vous aurez beau faire, de toute façon...
38:53 - Jean-Claude Nevers, on a parlé de Jean-Claude Nevers,
38:55 maire de Montfleur,
38:57 vous reviendrez bientôt pour parler de Jean-Claude Nevers,
39:00 ingénieur, sous-officier,
39:03 et ce que vous avez fait en Europe et ailleurs.
39:05 Mais là, c'était très important que vous nous parliez, effectivement,
39:08 de la vie quotidienne,
39:10 de maire, de petits villages,
39:13 et surtout, avec les pouvoirs,
39:15 les pouvoirs, les pouvoirs,
39:17 qu'on est en train de rassembler, de rassembler,
39:19 et les irresponsabilités qu'elles engendrent.
39:21 - Merci beaucoup d'avoir été avec nous, Jean-Claude Nevers.
39:23 Je rappelle que vous êtes maire de Montfleur.
39:25 Merci André Bercoff d'avoir animé l'émission.
39:27 On se retrouve demain, entre midi et 14h,
39:29 on parlera du Super Tuesday.
39:31 Demain, on débriefera cette élection américaine.
39:35 Et puis, tout de suite, c'est Brichley, sur Sud Radio.
39:37 À demain.
39:38 Sud Radio, parlons vrai.