Il est l'auteur le plus lu en France depuis 20 ans. Guillaume Musso, publie « Quelqu'un d'autre » aux éditions Calmann Levy. Le livre sort le 5 mars mais il sera dès demain (jeudi) l'invité exceptionnel d'Amandine Begot à 7H40 dans RTL Matin.
Regardez L'invité de RTL du 29 février 2024 avec Amandine Bégot.
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00:02 RTL Matin
00:06 Il est 7h43, 34 millions de livres vendus dans 47 langues. Amandine vous recevez ce matin l'écrivain Guillaume Musso.
00:13 Guillaume Musso, je suis ravie de vous recevoir parce qu'alors moi quand un nouveau Musso débarque ça veut dire que les vacances ne sont pas très
00:19 long.
00:20 Un livre chaque année depuis 20 ans sauf l'an dernier. Rien en 2023. Qu'est ce qui s'est passé ? Vous n'aviez plus envie ?
00:27 Non au contraire mais j'avais, je voulais pas être ce genre d'homme qui se réveille un jour et qui se dit j'ai pas vu grandir
00:32 mes enfants. J'ai deux enfants de 6 ans, 10 ans et j'ai toujours pensé que c'était très très important
00:37 de leur consacrer du temps, du vrai temps. Vous savez parfois vous entendez des gens qui disent
00:41 moi je ne veux consacrer que du quality time à mes enfants, que faire les choses
00:45 agréables. Moi tous les bons souvenirs que j'ai avec mes parents c'était le quotidien, les devoirs, le temps qu'on
00:55 prenait et donc comme je travaille très très très lentement voilà j'ai fait une pause pour m'occuper d'eux.
01:00 Bon et ça va pas de regrets ? Non. Les devoirs ça a pas été l'horreur ?
01:04 Ça va ça va, il y a eu deux mauvaises notes avant-hier, il va falloir que je...
01:07 Ah, il va falloir reprendre en main tout ça. Attention aux enfants.
01:10 Vous êtes donc de retour avec quelqu'un d'autre.
01:13 L'intrigue qui commence au large de Cannes, pas très loin de chez vous, c'est un choix j'imagine ? Oui oui il y avait l'envie de
01:20 mettre ce roman
01:22 à suspense dans cette région qui est à la fois une région qui fait rêver et une région qui peut devenir parfois un peu plus
01:30 menaçante, un peu plus trouble. Trouble avec l'histoire donc d'Oriana, une éditrice héritière d'une riche famille italienne
01:36 qui est retrouvée morte sur un yacht et en fait on va découvrir à la fois sa vie et sa mort à travers
01:42 quatre personnages. Absolument, moi j'ai toujours pensé que la littérature était un jeu qui se jouait à deux comme disait
01:48 Perec et donc de permettre aux lecteurs d'avoir toutes les informations pour résoudre un peu l'enquête
01:55 en même temps qu'elle est menée par la policière locale. Le jeu c'est de dire voilà les quatre personnes vont vous raconter
02:03 leur vérité.
02:05 Ils ne mentent pas. Donc tout ce qu'on lit est vrai mais ils ne s'accordent pas sur la vérité.
02:10 Et on découvre justement la vérité qu'elle a toute fin. C'est la promesse, la dernière ligne.
02:15 C'est écrit au dos du livre et alors c'est vrai.
02:18 Comment est-ce que vous faites ?
02:21 Ça fait 20 ans que je disais à mon éditrice voilà un jour il faudrait arriver à trouver une histoire où vraiment la
02:29 vérité soit
02:31 dévoilée qu'à la dernière ligne. C'est un très bon concept mais très compliqué à mettre en
02:36 pratique. Et donc là
02:41 je me suis pris au jeu en racontant cette histoire là et
02:46 aller le plus loin dans cette idée effectivement de
02:51 jeu avec le lecteur. Et vous dites que votre objectif c'est qu'une fois arrivé à la fin on ait envie de reprendre ce livre
02:58 pour essayer de trouver les indices qu'on aurait pu laisser. Pour savoir effectivement où on s'est fait berner.
03:02 Sincèrement moi je n'ai pas repris attentivement. Est-ce que ça tient ? Est-ce que l'assemblage, les boulons sont bien serrés
03:09 partout ? Et ça ça demande un travail effectivement d'écriture, de réécriture. J'ai souvent écrit c'est réécrire et là pour le coup
03:16 oui il y a tout un travail très artisanal mais qui prend très longtemps de
03:21 peaufinage finalement pour que ce mécanisme tienne la route.
03:25 Guillaume Musso, je rappelais tout à l'heure votre palmarès. 34 millions d'exemplaires vendus dans le monde, traduit dans
03:30 47 langues et vous êtes l'un des deux seuls français avec Michel Houellebecq à figurer parmi les auteurs les plus traduits dans le monde.
03:36 Ça met la pression ou au contraire c'est un moteur ?
03:40 C'est ni l'un ni l'autre en fait lorsqu'on écrit.
03:42 Moi je mets dix mois par an pour écrire mes romans, je m'enferme, je me croitre.
03:48 Et là je ne suis pas,
03:51 je pense pas finalement aux millions de gens qui vont peut-être lire ce livre. Je me remets exactement
03:57 mentalement dans la même condition qui était celle quand j'écrivais mon premier livre. Comme la première fois. Sans que je sache voilà si le
04:05 livre allait être
04:06 publié ou pas.
04:08 Et c'est ce qu'il faut faire sinon ça vous paralyse.
04:12 J'ai toujours essayé d'écrire le roman que j'aimerais lire en tant que lecteur, celui qui serait capable de me distraire de mon existence
04:19 dites-vous. Je trouve ça magique ça. Il faut nous sortir du quotidien.
04:23 Oui, moi ça touche. Parfois les gens pensent me faire de la peine en disant "ah tes romans c'est bien mais c'est une distraction et
04:30 ça n'est pas de la grande littérature".
04:32 Mais la distraction c'est quelque chose de très important.
04:36 Etymologiquement ça vient d'un mot qui veut dire faire tourner à l'extérieur de nous. La distraction c'est ce qui nous arrache.
04:43 C'est ce qui pendant quelques heures va nous faire oublier
04:46 notre vie. Si on veut aller plus loin, vous savez Pascal disait "un roi sans divertissement est un homme plein de misère".
04:53 Et effectivement le divertissement c'est ce qui nous permet d'oublier notre condition humaine et in fine
04:59 d'oublier qu'on va mourir.
05:01 Pascal écrit de très belles lignes en disant "oui les gens qui vont à la chasse, qui vont chasser,
05:05 le faisant, ils ne vont pas pour tuer le faisant, ils vont pour avoir quelque chose qui les arrache à leur vie".
05:11 C'est pareil avec mes livres. C'est pour ça que le plus beau compliment qu'on puisse me faire à chaque fois c'est de dire "ah j'étais tellement
05:17 pris que j'ai oublié ma station de métro". Et donc là vous avez réussi à sortir la personne
05:21 complètement de sa vie. Un roman pour distraire on pourrait se dire c'est la base et vous évoquez ces gens qui vous disent
05:30 "c'est de la distraction, pas de la littérature".
05:32 C'est pas toujours très bien vu ici en France. On a l'impression que les critiques n'aiment pas les romans populaires.
05:38 Et quand j'ai pensé à ça, j'ai pensé au cinéma, à ces comédies qui font des millions d'entrées au cinéma, qui reçoivent jamais de prix.
05:44 D'abord est-ce que c'est très français ? Et comment vous l'expliquez ? C'est du snobisme ? C'est quoi ?
05:48 Je pense que le prisme français est important dans ça. Je vois quand je voyage que c'est pas la même chose.
05:57 Je n'aurais jamais pris "Littéraire en France". J'en ai eu un
06:00 en Italie.
06:02 Aux Etats-Unis ?
06:04 Moi j'ai la chance aujourd'hui à 49 ans d'être dans la position
06:09 dans laquelle je rêvais d'être quand j'avais 15 ans. Quand j'avais 15 ans je voulais écrire des histoires et avoir des gens qui les
06:16 attendent. Et quand je rencontre en signature des adolescents
06:21 aujourd'hui, il n'y en a pas un qui me dit "ah moi je rêve d'avoir le prix Renaudot". Non, les gens rêvent !
06:27 Ils rêvent d'écrire, de mettre en mouvement leur imaginaire.
06:33 Je suis très heureux d'être là où je suis. Parce que c'était ce que je voulais être
06:40 quand j'étais lycéen
06:43 à Antibes au lycée Oliberti.
06:45 Je reviens à ce nouveau roman Guillaume Musso, "Quelqu'un d'autre" publié chez Calman Levy.
06:50 Au-delà de l'intrigue qui est prenant jusqu'au tout dernier bout,
06:56 vous y faites aussi une critique entre les lignes de notre société. Et vous n'êtes pas toujours tendre, vous pensez aux réseaux sociaux, vous parlez aussi de l'état
07:03 de nos urgences dans les hôpitaux, du système policier, du système judiciaire.
07:07 C'est important d'avoir un roman comme ça, ancré dans la réalité, puis en 2024 ? C'est vrai que celui-là l'est
07:13 particulièrement. Oui, parce que je vis en temps...
07:16 J'habite là, j'habite en France à Paris, je mène mes enfants à l'école.
07:21 Et c'est... Voilà, l'écrivain est une éponge, le roman est un miroir qu'on promène le long d'un chemin.
07:28 Et ça permet, le fait d'être ancré dans la réalité, de
07:33 permettre que le lecteur accepte
07:37 une fiction, une dramaturgie, des rebondissements.
07:41 Il a l'impression que le décor qu'on lui décrit est tellement vrai que finalement il va avec vous
07:51 y compris dans les rebondissements
07:53 importants de votre histoire. Et vous l'aimez, vous, cette société de 2024 ? Je suis obligé d'y vivre, donc
08:00 voilà, j'aime, j'adore certaines choses, j'aime moins d'autres, mais comme vous, comme tous.
08:06 Et surtout, voilà, quand on a des enfants, on est obligé devant eux de montrer de bonnes figures
08:13 par rapport à ça, de se projeter vers l'avenir, de ne pas leur dépeindre un monde
08:19 lyptique, et ça c'est très important pour leur santé mentale aussi.
08:23 "Quelqu'un d'autre", c'est le nom du roman, est-ce qu'il vous arrive parfois, Guillaume Musso, d'avoir envie d'être quelqu'un d'autre ?
08:27 Oui, alors ce titre renvoie effectivement à
08:30 l'envie qu'on peut avoir tous, parfois, voilà, d'avoir une vie différente, parfois plus grande
08:37 que la nôtre. Un sentiment aussi de frustration très grand aujourd'hui, quand vous parlez avec les gens, il y a que beaucoup de personnes
08:46 ne pensent pas avoir la vie qu'ils mériteraient.
08:49 Donc il y avait ça, et il y avait une autre dimension dans ce titre, c'est aussi un livre sur le couple, sur les secrets au sein
08:56 du couple, et quand dans le couple on pose la fameuse question "mais est-ce qu'il y a quelqu'un d'autre ?"
09:02 Bon, voilà, c'est que ça, ça va pas très bien, donc c'est ce "quelqu'un d'autre", c'est aussi ce troisième personnage du trio
09:10 amoureux.
09:11 Ça vous arrive d'avoir envie d'être quelqu'un d'autre, vous ? Parce que là, vous m'avez pas vraiment répondu à la question !
09:16 Non, non, mais moi, voilà, j'ai une vie épanouie.
09:20 Non, mais vous pourriez, je sais pas vous dire, tiens...
09:24 Non, jamais. Non, je suis bien, franchement. Et l'autre prochain livre, vous y pensez déjà ?
09:29 L'autre prochain livre, oui, oui, il y a toujours... L'écriture d'un livre souvent amène
09:33 des idées... Parce que celui-là, il a mis du temps, en fait !
09:38 Oui, celui-là, voilà, 2016. La première fois où j'en ai parlé à mon éditrice, c'était en 2016, mais voilà, la graine était
09:45 plantée. Il faut toujours du temps. Parfois, les gens pensent que j'écris vite.
09:49 Absolument pas ! C'est comme un peu le vin, ça demande une maturation. Et le prochain livre sera peut-être une sorte d'hommage à Agatha Christie.
09:58 Et ce sera pour 2025 !
10:00 Si j'ai...
10:00 Ne faites pas de pause !
10:02 Si j'ai le courage, l'envie, le temps, si je sens l'attente des lecteurs, oui !
10:06 Bon, en attendant, "quelqu'un d'autre", donc votre nouveau roman, Guillaume Musso, le 21e, est à découvrir
10:13 mardi, publié chez Calman Levy. Il n'est pas à la FNAC aujourd'hui. Voilà, il est en
10:17 précommande. Si vous voulez l'acheter dès aujourd'hui, c'est possible. On le précommande et il sera donc disponible le mardi.
10:22 Je reprends votre expression que j'ai adorée, un roman au boulon, bien serré, Guillaume Musso. Vous restez avec nous.
10:28 Vous êtes heureux.
10:29 [SILENCE]