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Écrivain franco-marocain, auteur de 60 ouvrages traduits dans 43 langues, Tahar Ben Jelloun a notamment écrit "Les amants de Casablanca" et est lauréat du Prix Goncourt en 1987 pour le roman "La nuit sacrée.
Regardez L'invité de RTL du 11 septembre 2023 avec Amandine Bégot.

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL matin
00:06 RTL il est 7h44, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Bégaud vous recevez ce matin
00:11 l'écrivain franco-marocain Tara Ben Jelloun. Prix Goncourt on le rappelle en 1987 pour la nuit sacrée vous êtes née à Afez
00:17 auteure de très nombreux ouvrages qui ont été traduits dans
00:20 43 langues. Selon un tout dernier bilan le séisme qui a frappé le Maroc ce week-end a fait
00:26 122 morts. Tara Ben Jelloun quel est votre état d'esprit ce matin 48 heures après ce drame ?
00:33 Moi ce qui m'inquiète c'est qu'il va y avoir beaucoup plus de morts parce que les secours
00:38 les gens n'arrivent pas à arriver
00:41 à des villages qui sont totalement isolés par les décombres. C'est à dire que pour arriver
00:47 il faut d'abord dégager les routes. On ne peut pas aller à Taroudante ou à un hôpital, on ne peut pas y aller.
00:53 Et il y a une dizaine de villages qui sont totalement isolés
00:58 et les gens sont en train de mourir. Je pense que trois jours après il va y avoir très peu de survivants.
01:03 Donc ce chiffre va malheureusement
01:05 être un peu plus élevé. Des villages totalement isolés
01:09 où sans doute la plupart des maisons se sont effondrées. On avait certains de nos reporters qui ont pu accéder à
01:15 certains villages petit à petit. Il y a eu des villages où on a pu aller mais le principal c'est que tous ces villages
01:22 les maisons sont construites avec des petites choses, avec du pisé, de l'argile et tout.
01:30 Ce sont des habitations précaires. Et le Marocain dans sa mentalité doit avoir sa maison.
01:34 Ce n'est pas quelqu'un qui va lui louer un truc. Et puis dans ces campagnes les gens
01:40 ne veulent pas quitter leur territoire. Ils ne veulent pas aller en ville à Marrakech
01:45 travailler. Ils restent là-bas, ils cultivent leurs terres, ils s'occupent de leurs animaux. C'est des vrais paysans.
01:52 Mais ce ne sont pas des industriels.
01:54 Maisons qu'ils ont parfois ou souvent construites eux-mêmes ? Oui, avec leurs propres mains.
02:00 Ce sont des pauvres et c'est les pauvres qui meurent les premiers. Comme d'habitude quand il y a une catastrophe
02:05 ça commence par les plus démunis et les plus exposés.
02:09 T'as un Ben Jeloul. C'est en écoutant la radio samedi matin que vous avez découvert cette catastrophe. À ce moment-là qu'est-ce que vous vous êtes dit ?
02:17 Je n'ai pas
02:18 conscience de l'ampleur. Vous n'êtes pas dit "on revit Agadir" par exemple ? Non.
02:23 Pour moi Agadir c'était l'hôtel volontaire le plus important. Il était à 5,3, 5,6
02:29 de magnitude. Là on est à 7 et
02:33 davantage. Mais je ne me suis pas rendu compte de l'ampleur et de l'importance. Après tout c'est une petite
02:39 secousse. Non, c'est pas une petite secousse. Parce qu'en 2004 on a eu un tremblement de terre à Al-Hosima qui est au nord
02:46 qui est à 1000 km de Hyryl où est le centre de ce tremblement de terre. Et puis
02:52 bon, bien sûr il y a eu des morts et tout mais c'était gérable. Là on n'arrive pas à gérer parce que
02:58 il y a trop de décombres, trop de
03:01 pierres et de terre qui s'est accumulée sur les routes et on n'arrive pas à accéder à plusieurs de ces villages.
03:09 On n'arrive pas à gérer, dites-vous
03:12 - Les secours marocains sont débordés aujourd'hui ou pas ? - Ils ne sont pas débordés parce que ce qu'ils veulent c'est ne pas avoir
03:17 l'expérience haïtienne où tout est arrivé en même temps. Tous les secours sont arrivés en même temps donc c'est un peu la pagaille. Non, ils veulent
03:24 d'abord
03:25 le Maroc veut démontrer qu'il est capable de gérer une situation
03:29 catastrophique. - Il y a de la diplomatie aussi dans l'humanitaire, on est d'accord ? - Oui, bon il y a un classement. Bon, il y a maintenant
03:35 ils ont donné l'autorisation à l'Espagne
03:38 aux Émirats et aux Qatar.
03:41 Bon, la France attend parce qu'il y a en même temps à l'aéroport de Marrakech, il y a toute une équipe
03:47 de sauveteurs qui sont là, ils attendent
03:50 le feu vert pour
03:53 intervenir et j'espère que ça va se faire d'un moment à l'autre. - Mais la France attend,
03:57 comment vous l'interprétez ce...
04:00 le fait que pour l'instant le Maroc ne donne pas son feu vert à la France ? C'est contre la France ou c'est...
04:07 - En tout cas, ce que je sais c'est que l'ambassadeur
04:09 de France au Maroc, Christophe Lecourtier, a tout de suite mis en place une cellule de crise, il était sur place,
04:16 il a vu, il a proposé
04:18 l'aide aux autorités, il attend lui aussi
04:21 et bon évidemment il s'est inquiété des... il y a quatre ou cinq français qui sont morts. - Quatre français qui sont morts, oui.
04:28 - Bah il est sur place, il est très actif et il y a encore, je l'ai eu au téléphone, il m'a dit
04:33 "on attend d'un moment à l'autre l'autorisation pour agir". - Mais est-ce que c'est lié aux tensions de ces derniers mois ou
04:39 ça c'est de fausses polémiques d'après vous ?
04:41 - J'espère qu'elle sera une fausse polémique parce que il faut pas polémiquer là-dessus alors que les gens sont en train de crever.
04:47 C'est pas possible, on peut pas faire de la polémique alors que les gens attendent qu'on vienne les soutirer sous les décombres.
04:53 C'est pas ça. Je pense que c'est une rationalité de l'organisation, on organise les secours, ils sont organisés.
05:02 Moi je me demande pourquoi il n'y a pas d'hélicoptère qui arrive pour
05:06 soutirer les choses. - Pour justement aller dans ces zones, ces villages que vous disiez, complètement coupés du monde.
05:11 Effectivement des hélicoptères, tous les pays autour en ont, la France en a. - Je sais que le roi va aller aujourd'hui à Marrakech,
05:17 peut-être même sur place, va voir les choses. Il était à Paris le jour où c'est arrivé,
05:23 tout de suite il est retourné à Arabat, il a fait un
05:27 conseil de gouvernement, il a donné ses directives et tout le monde a une solidarité des citoyens,
05:33 formidable, magnifique.
05:36 Ce qu'on ne dit pas aussi, il y a une solidarité en France. - On va y revenir, juste un mot sur le roi.
05:42 Silencieux, depuis ce drame il n'a pas pris la parole à la télévision et on a eu quelques images hier soir effectivement de ce conseil qu'il présidait.
05:50 - C'est l'habitude, il s'exprime très peu,
05:52 il fait des discours officiels,
05:55 mais peut-être qu'il va s'exprimer, mais ce n'est pas quelqu'un qui communiquait comme son père, son père parlait beaucoup, lui il parle moins,
06:02 il agit. - Il parle moins, il agit, ce n'est pas suspect pour vous, le fait qu'il parle ?
06:07 - Non, non, pas du tout, parce que je connais assez pour savoir que ce n'est pas du tout quelqu'un qui
06:13 avare d'action, au contraire, il est là pour agir, pour gérer, pour diriger les choses.
06:21 Le principal c'est de sauver le maximum de gens.
06:25 - Tara Ben Jeloul, vous parliez de cette solidarité
06:28 effectivement sur place au Maroc et on a vu ces images des médecins, des infirmiers qui arrivent
06:32 notamment à l'hôpital de Marrakech pour prêter main-forte. - Et les gens qui donnent leur sang. - Les gens qui donnent leur sang, ces fils d'attente,
06:37 c'est cet élan de solidarité qui a été immédiat, c'est le cas aussi ici en France,
06:42 on connaît bien sûr les liens entre la France et le Maroc de nombreuses personnalités,
06:46 je pense notamment à Djamel Debbouze qui a lancé
06:50 immédiatement un appel, vous le relayez bien sûr j'imagine ce matin cet appel ?
06:54 - Oui bien sûr, sans qu'on le dise nous autres, les gens se sont
06:58 mobilisés et ils disent où est-ce qu'on peut donner de l'argent, où est-ce qu'on peut envoyer des biens, etc.
07:04 Ils attendent aussi, ce que je ne comprends pas c'est qu'il y a la communauté marocaine
07:10 ici en France et en Europe qui veut donner de l'aide, qui veut apporter, on attend toujours le feu vert pour que ça se passe.
07:18 - Ça, ça vous met en colère ?
07:21 - Ben j'espère que ça ne va pas tarder.
07:23 - Les auditeurs qui nous écoutent veulent justement aider d'une manière ou d'une autre ?
07:29 - Ils peuvent aider, oui, il y a des associations qu'il faut contacter, moi je ne connais pas toutes,
07:36 des associations d'aide, le secours
07:39 populaire, il y a la Croix Rouge,
07:42 le croissant rouge pour le Maroc qui lui est sur place.
07:46 - Et Artel s'est associé à la Fondation de France aussi pour cet appel au don. Quand il se passe une catastrophe comme ça,
07:53 effectivement cet élan de solidarité se met très souvent en place assez rapidement.
07:57 Les moyens arrivent, les fonds arrivent et puis ça repart.
08:02 Là ça va être long cette reconstruction, le Maroc va avoir besoin longtemps d'aide.
08:07 - Ah non, on ne va pas faire comme les Italiens à Cuéla où il n'y a que des murs jusqu'à présent.
08:12 Où il y a un tremblement de terre et puis j'ai visité, il n'y avait que des murs. Non, non, non, ça va être...
08:19 On va même en profiter pour arranger l'habitat rural. Parce que avant l'arrivée de Mohammed VI,
08:26 tous ces villages n'avaient ni eau ni électricité.
08:28 Mais bon, ils ont eu l'électricité il y a une vingtaine d'années, maintenant il faut qu'ils aient des habitations
08:34 avec des moyens, des techniques antisismiques parce qu'on ne sait jamais, ça peut revenir n'importe quand. Et la peur actuelle, c'est que cette réplique peut
08:43 redémarrer à n'importe quel moment, on ne sait pas. Et les gens dorment dans les rues.
08:47 Un grand merci Tara Benjeloune d'avoir été ce matin ici en studio avec nous
08:52 sur RTL et je rappelle que M6 a décidé de venir en soutien aux peuples marocains et diffusera en direct
09:00 mercredi, mercredi 13 septembre à 21h10,
09:02 tous avec le Maroc. Un grand concert caritatif en partenariat avec la Croix-Rouge et au profit du Croissant Rouge marocain dont vous parliez à l'année.
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