C'est l'écrivain français le plus lu au monde avec 50 millions de livres, traduits dans 50 langues : Marc Levy revient en tant qu'auteur jeunesse. Le nouveau tome du "Petit voleur d'ombres", sa série pour les enfants, est en librairies chez Robert Laffont : "L'homme aux cerfs volants" est illustré par Fred Bernard. 85 pages de tendresse et de bienveillance.
Regardez L'invité de RTL Soir avec Julien Sellier du 23 mai 2024
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00:00 - Bellechoquée et Cyprien Signy.
00:02 - RTL, bonsoir avec notre invité événement, c'est l'écrivain français le plus lu au monde.
00:06 50 millions de livres traduits dans 50 langues.
00:09 Bonsoir et bienvenue Marc Lévy dans ce studio.
00:11 - Bonsoir, merci.
00:12 - Vous êtes avec nous ce soir en tant qu'auteur jeunesse.
00:15 Le nouveau tome du Petit voleur d'ombre.
00:18 Votre série pour les enfants des 8 ans est en librairie chez Robert Laffont.
00:22 L'homme au cerf-volant illustré par Fred Bernard.
00:25 - Alors votre jeune héros a un pouvoir, il peut parler aux ombres.
00:28 Et il tente ici de retrouver le souvenir d'un vieil homme qui perd la mémoire.
00:31 - 85 pages de tendresse, de bienveillance.
00:34 Je conseille même aux adultes de le lire parce que ça fait un bien fou.
00:37 Surtout en ce moment.
00:38 Est-ce que l'idée c'était aussi de donner des clés aux enfants face à une maladie ?
00:42 Alzheimer qui touche tant de grands-parents, quasiment un million en France.
00:46 On vous s'est très engagé face à cette maladie.
00:49 Je ne sais pas si vous avez été concerné un jour dans votre famille.
00:52 Mais c'est vrai qu'elle peut être déstabilisante pour les plus jeunes d'entre nous.
00:56 - C'est une collection qu'on a créée il y a maintenant, je crois un peu plus de deux ans.
01:02 Presque trois avec Fred.
01:04 Et le thème de la collection, le héros de la collection, c'est un mot qui s'oublie beaucoup aujourd'hui.
01:13 C'est l'empathie.
01:15 Et ça nous passionnait.
01:17 Moi, j'avais écrit le roman pour adultes qui s'appelle "Le voleur oumble" tout seul.
01:22 Et puis Fred avait eu un petit coup de cœur dessus.
01:25 Il m'a contacté en me disant qu'il avait envie de l'adapter.
01:27 Moi, j'étais un fan absolu de ses dessins.
01:30 Et c'est comme ça que c'est né.
01:31 Et vraiment, le thème, en fait, ce petit garçon, il lui arrive des trucs au début de la série
01:41 qui ne sont pas très joyeux.
01:43 Il déménage. Son père disparaît.
01:46 Il se retrouve tout seul à l'école.
01:47 Et il se découvre ce pouvoir qui est que quand il marche sur l'ombre de quelqu'un,
01:52 il repart avec cet ombre et cet ombre lui confie les peines et les malheurs de la personne
02:00 à qui elle appartient.
02:01 C'est ça qui est fort dans ce tome, parce qu'on a à la fois ce petit garçon très
02:04 fragile et des anciens fragiles aussi.
02:06 Oui, exactement.
02:07 Et donc, c'est ça vraiment le thème.
02:09 Et donc, à chaque fois, à chaque volume, on a essayé d'aborder des choses qui sont
02:13 en prise avec ce à quoi un enfant est vraiment confronté.
02:18 Et parfois, on a du mal.
02:19 Et pour répondre à votre question, oui, moi, je sais que quand mon propre petit garçon,
02:26 enfin garçon, a été confronté pour la première fois dans sa vie à une grand-mère
02:35 qu'il ne reconnaissait pas, c'était un choc.
02:39 Il ne comprenait absolument pas pourquoi.
02:41 Et ça amplifiait les choses parce qu'il y avait une peur.
02:45 Et il y avait une peur réciproque.
02:48 Et donc, il y a eu une obligation de lui expliquer avec des mots simples.
02:51 Et à partir du moment où il a compris, et ça a été très inspirant pour ça, c'est
02:56 que les rôles se sont inversés.
02:58 C'est à dire qu'en fait, c'est presque lui qui est devenu le "grand frère".
03:02 Il est devenu l'adulte.
03:05 Et donc, là où il y avait des pertes de mémoire et très souvent, ce qu'il ne faut
03:10 jamais faire dans cette maladie, c'est d'essayer de lutter.
03:15 De ramener les gens à la réalité.
03:17 Surtout pas, c'est la pire des choses à faire.
03:19 Il faut au contraire accepter nous de rentrer dans leur réalité.
03:22 Et lui, il le faisait avec une facilité qui a inspiré beaucoup le "Petit voleur d'ombre".
03:27 - Vous étiez quel enfant, vous Marc Lévy ? Un grand lecteur ?
03:31 - J'étais un grand rêveur.
03:33 - Un grand rêveur ?
03:34 - Oui, j'étais un grand rêveur.
03:36 Et oui, j'ai pas beaucoup de mérite parce que quand j'avais l'âge du "Petit voleur
03:43 d'ombre", il n'y avait pas d'Internet.
03:45 Il y avait trois chaînes de télé, il n'y avait pas de smartphone.
03:47 Donc le livre et la BD, le cinéma coûtait cher.
03:53 On n'allait pas au cinéma.
03:54 Et puis il y avait un film qu'on pouvait voir par mois à peu près.
03:59 Le reste du temps, c'était...
04:01 Donc le livre, c'était le médium de distraction absolue.
04:07 - La lecture d'un poème de Jacques Prévert change votre enfance, c'est ça ?
04:10 - Oui, oui.
04:11 J'aurais mieux aimé que ça soit Einstein, mais malheureusement, c'est le cancre.
04:17 C'est comme ça.
04:18 Voilà, il faut accepter.
04:20 Oui, parce que...
04:23 Oui, ça change mon rapport à la lecture parce que je le lis assez jeune.
04:33 Il y a un mystère pour moi.
04:36 Je me dis mais comment, au-delà de ce mot, le cancre en fait.
04:40 Le cancre, c'est un mot générique.
04:41 C'est vraiment un petit...
04:43 Cet enfant dont Prévert parle, moi je me souviens, j'étais en cours et je me dis mais c'est
04:49 moi, on a les mêmes problèmes.
04:50 Et c'est, je crois, un des très très grands pouvoirs du livre qui, malheureusement, aujourd'hui
04:58 est en train d'être occulté par les réseaux sociaux.
05:02 C'est que la première grande découverte quand on lit un livre, c'est qu'on ne se sent plus
05:05 seul.
05:06 Et c'est un remède contre la solitude, la lecture, qui est absolument magique parce
05:11 qu'on rencontre dans les livres des personnages qu'on ne connaît pas et qui nous ressemblent
05:16 et qui nous parlent.
05:17 Et quand vous êtes enfant, la solitude, c'est quelque chose qui vous rend très très malheureux.
05:23 Je parle même de la solitude de la différence.
05:26 Je ne parle pas parce qu'on vous peut être entouré de copains, mais le fait de porter
05:29 en vous une différence qui vous fait vous sentir différent et qui donc vous fait vous
05:35 sentir en marge du groupe et quand tout à coup dans un livre, vous rencontrez un personnage
05:38 qui a la même chose que vous.
05:39 Mais c'est un ami pour la vie.
05:44 Vous savez, c'est anecdotique, mais moi, j'avais une amie d'enfance qui avait une
05:51 grande brûlure sur un bras.
05:55 Et donc, elle avait une tâche énorme sur ce bras.
06:00 Et ça l'a énormément traumatisé dans son enfance.
06:06 Et un jour, dans un livre, elle a trouvé un personnage qui avait la même tâche.
06:10 Et c'est extraordinaire parce qu'on en a parlé, on parlait de ça dans des livres
06:15 et elle disait "mais j'étais plus seul".
06:17 Pendant très longtemps, elle s'est dit "il n'y a que moi qui ai ça".
06:20 Voilà, c'est un peu ça le petit voleur d'ombre.
06:23 Quand vous écrivez pour les enfants, on est dans la fiction, même si comme vous le dites,
06:27 parfois on se reconnaît dans les personnages, quand vous écrivez pour les adultes, depuis
06:31 quelques années, on a la sensation que vous souhaitez aussi vous rapprocher de plus en
06:34 plus de la réalité, de l'actualité.
06:37 Dans quelques minutes à peine, dans cette émission, on ira rejoindre notre envoyé
06:40 spécial RTL qui est à 5 kilomètres des positions russes en Ukraine.
06:45 Votre roman "La symphonie des monstres" s'y déroule en Ukraine.
06:49 Vous vous y êtes rendu dans ce pays.
06:51 Est-ce que cette guerre, vous en suivez toujours les étapes aujourd'hui au quotidien ?
06:54 Oui, tous les jours.
06:55 J'ai d'ailleurs sur mon téléphone l'application qu'on m'a téléchargée là-bas et qui vous
07:01 prévient des alertes en cas de bombardement.
07:04 Et je suis consterné parce que je reçois entre 8 et 10 alertes par jour.
07:08 Et c'est un baromètre de l'horreur que vivent les Ukrainiens et de la barbarie de
07:15 Poutine.
07:16 Vous êtes aussi un observateur assez avisé de la vie aux Etats-Unis.
07:20 Vous vivez à New York.
07:21 L'élection présidentielle Biden-Trump aura lieu au mois de novembre.
07:25 Et vous, vous n'êtes pas étonné par le retour en force de Trump ?
07:28 Vous dites "il parle comme un prédicateur" et ça marche ?
07:30 Bien sûr.
07:32 Il s'est emparé.
07:33 Il a reproduit les mêmes artifices qu'utilisent les prédicateurs.
07:45 C'est-à-dire que Dieu a un avantage énorme.
07:48 C'est qu'il n'est pas élu.
07:50 Et vous aurez remarqué que dans plein de pays du monde, c'est incroyable parce que
07:53 vous avez un tout petit nombre de personnes qui parlent à Dieu.
07:56 Eux, ils y arrivent.
07:57 Et en revanche, ils ont plein d'ordres à donner aux autres parce que Dieu leur a donné
08:02 ces ordres-là.
08:03 Parmi lesquels, leur donner de l'argent et leur donner du pouvoir.
08:06 Et c'est ce qui se passe avec...
08:09 C'est une des manifestations, comment vous dire, une façon pour l'extrémisme de s'organiser
08:14 et pour l'oppresseur de s'organiser.
08:16 Alors, Poutine n'a pas besoin de la religion parce que lui, il dirige un pays qui a été
08:23 sous oppression pendant tellement d'années que l'acceptation de l'oppression s'est installée
08:27 dans la population.
08:28 Elle a toujours été ce que les Russes n'ont jamais pratiquement connu.
08:31 Eux, c'est la liberté.
08:32 Depuis la Révolution, ils vivent dans des régimes oppressifs.
08:37 Donc, il y a quand même une accoutumance et une usure de la population qui prend ça
08:41 comme une fatalité.
08:42 Aux États-Unis, c'est plus compliqué parce qu'il y a cette contradiction chez l'américain
08:47 qui est cette école du pionnier.
08:52 Donc, il y a un indépendantisme féroce, beaucoup plus fort d'ailleurs que chez nous.
08:58 Et donc, la seule personne dont on ne peut contester le propos, même s'il est totalement
09:06 irrationnel, c'est Dieu.
09:07 Et donc, il s'est imposé comme ça.
09:09 Et vous avez des gens aujourd'hui...
09:11 Moi, ce qui me fascine, c'est que chez ces électeurs, quand vous dites...
09:15 Mais écoutez, il y a 99 chefs d'inculpation contre lui, dont pour des gens qui sont assez
09:23 puritains, le fait d'avoir quand même monnayé des services avec une call girl pendant que
09:28 sa femme était enceinte.
09:29 C'est pas très puritain.
09:30 C'est pas très puritain.
09:31 Et ils vous répondent, mais vous savez, Jésus a porté sa croix.
09:35 - Il y a quelques jours, Marc Lévy, je vous entends dédié pour terminer, il faut se rendre
09:41 compte que notre monde d'aujourd'hui, c'est en quelque sorte 1937.
09:44 Dans vos livres jeunesse, il y a la figure d'un papa absent.
09:47 Est-ce que dans votre réflexion face au monde, il y a encore aujourd'hui la figure, quand
09:52 vous regardez l'actualité, de votre papa, Raymond, résistant et déporté pendant la
09:56 Seconde Guerre mondiale ?
09:57 - Oui, toujours.
09:59 Mais pour une raison très optimiste.
10:01 Moi j'entends, évidemment aujourd'hui l'actualité est anxiogène, et tout nous inquiète et
10:10 tout nous angoisse, entre le réchauffement climatique, la montée des extrêmes, etc.
10:16 Mais projetez-vous en France en 1943.
10:19 Vous voyez, la France est occupée par les nazis.
10:22 Et vous avez une bande de jeunes qui ont créé la résistance.
10:26 Et jusqu'à propre du contraire, on a gagné.
10:30 Et cette résistance-là, elle est importante.
10:34 Je trouve qu'elle a une valeur qui ne s'éteindra jamais dans le temps.
10:38 C'est qu'on peut être très peu et être à l'origine de l'étincelle de la victoire.
10:45 Mais surtout, je vais terminer sur ce mot-là, le pessimisme est très décevant.
10:54 Donc il vaut mieux être optimiste.
10:56 Et je pense qu'il faut avoir cette euphorie de se dire que la liberté va triompher.
11:02 Et surtout, l'arme la plus puissante des oppresseurs, c'est de faire croire à la fatalité.
11:11 Donc, vous voyez, quand j'ai écrit "La symphonie des monstres", c'est un roman qui a fait
11:16 peur à un certain nombre de lecteurs.
11:18 J'avais des lecteurs qui venaient me voir dans les salons et qui me disent "Oh, quand
11:21 je l'ai pris en main, j'avais très peur de..."
11:23 C'est un roman qui n'est que de l'espoir.
11:25 Ce n'est pas du tout un roman sur les horreurs de la guerre.
11:27 C'est un roman sur le courage d'un petit garçon, encore une fois, qui est David contre
11:32 Goliath.
11:33 Et c'est un roman de résistance, et de résistance très positive.
11:36 C'est le courage d'une maman.
11:37 Et il n'y a pas une goutte de sang, finalement, dans le roman qui coule.
11:42 Il n'y a que la résistance de ce petit garçon, qui a d'ailleurs une ressemblance avec Petit
11:46 Valor D'An.
11:47 Et la figure de papa, elle est là parce qu'il n'a jamais voulu...
11:54 Il a été un grand héros de la résistance, il n'a jamais voulu qu'on parle de lui comme
11:57 un héros.
11:58 Il avait toujours cette phrase, je lui disais "Mais pourquoi, merde, quand même ?" Il me
12:01 disait "Mais non, on a fait ce qu'on devait faire."
12:02 Et ça, je trouve que c'est une école de la responsabilité et puis d'une forme d'honnêteté
12:11 morale.
12:12 - Et il n'y a pas de fatalité, c'est ce que vous dites.
12:14 - Non, il n'y en a vraiment pas.
12:15 - Merci Marc Lévy d'avoir été ce soir.
12:17 - Merci à vous.
12:18 - Notre invité événement dans RTL, bonsoir, L'Homme au cerf-volant, le nouveau volet
12:21 des aventures du petit voleur d'ombre, votre série jeunesse est en librairie, on le conseille
12:25 aux plus petits et aussi aux plus grands.
12:28 RTL, bonsoir, votre émission continue, dans un instant on va s'intéresser à l'homme
12:31 le plus recherché de France, Mohamed Amra.
12:33 - Mais lors de son évasion, deux gardiens de prison ont été tués, on n'en sait plus.
12:36 Ce soir sur ce détenu, il téléguidait son trafic, ses enlèvements avec une multitude
12:41 de téléphones depuis sa cellule.
12:43 - Et la visoconférence arrive, Alex Vizorek, le programme ?
12:46 - Oui, on va parler des gens qui veulent plonger dans la Seine dans pas longtemps.
12:49 - Cyprien a refusé hier, je ne comprends pas pourquoi.
12:53 - Je réédite, je refuse.
12:54 - De courage.
12:55 - Et bah, flagrant comme d'habitude, à tout de suite.
12:57 RTL. Bon sang.