• il y a 9 mois
Des troupes occidentales un jour envoyées en Ukraine ? Rien ne doit être exclu selon Emmanuel Macron. Le Kremlin a averti que l'envoi par les pays européens membres de l'Otan de troupes
en Ukraine conduirait à un conflit "inéluctable" entre la Russie
et l'organisation transatlantique. Pour en parler dans RTL Midi, Jean-Dominique Merchet, journaliste à l'Opinion, spécialiste des questions militaires et stratégiques, auteur de "Sommes-nous prêts pour la guerre ?" (Robert Laffont).
Regardez L'invité de RTL Midi du 27 février 2024 avec Agnès Bonfillon et Eric Brunet.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL midi. Agnès Bonfillon, Éric Brunet.
00:08 Il n'y a pas de consensus aujourd'hui pour envoyer des troupes de sol,
00:11 mais en dynamique, rien ne doit être exclu.
00:14 Nous ferons tout ce qu'il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre.
00:18 Quelle histoire quand même, parce que là, hier, vers 23h15,
00:22 Emmanuel Macron qui était réuni avec les exécutifs de toute l'Europe
00:26 à l'Élysée, à Paris, il y avait les présidents, les premiers ministres
00:30 de pratiquement tous les pays d'Europe.
00:32 Et là, il a levé un tabou.
00:34 Souvenez-vous, il y a quelques années, on disait deux ans,
00:37 il ne faut pas humilier la Russie.
00:39 Là, je n'exclus pas d'envoyer des troupes au sol pour soutenir les Ukrainiens.
00:44 Jean-Dominique Merchet est avec nous. Bonjour Jean-Dominique.
00:47 Bonjour.
00:48 Vous êtes journaliste à l'Opinion, spécialiste des questions militaires et stratégiques,
00:51 auteur de "Sommes-nous prêts pour la guerre ?", Robert Laffont.
00:55 Quel titre d'ailleurs, quand on écoute ce qu'a dit Emmanuel Macron.
00:59 Alors, on a compris une chose, c'est que les Français ne sont pas idiots,
01:02 ils ont compris qu'il ne s'agissait pas d'envoyer 200 000 hommes demain matin
01:05 avec leur pâtage en Ukraine, Jean-Dominique.
01:08 Ah non, pas du tout, en effet. Ce qui est important dans ce qu'Emmanuel Macron
01:13 a dit hier soir, c'est qu'il a dit qu'il n'y a pas de consensus
01:18 pour envoyer des soldats, des militaires européens occidentaux
01:22 de manière officielle et assumée.
01:25 C'est ça qui est important, de manière officielle et assumée.
01:29 Ça veut dire qu'on aura les militaires occidentaux, les conseillers militaires occidentaux,
01:35 on peut imaginer qu'il y en a déjà en Ukraine, parce que vu le matériel qu'on donne à l'Ukraine,
01:42 par exemple, ces missiles de croisière Scalp ou des imageries satellitaires,
01:47 ils ont besoin d'un soutien technique d'occidentaux.
01:52 On a appris la semaine dernière, par exemple, que la CIA avait 8 bases, rien qu'en Ukraine.
01:57 Et donc la question c'est, est-ce qu'aujourd'hui on assume ça ?
02:01 On peut imaginer, d'ailleurs, Jean-Dominique, pardon je vous interromps,
02:04 on peut imaginer qu'il y a donc des instructeurs français sur le terrain,
02:08 déjà en Ukraine, ou des gens qui expliquent aux Ukrainiens
02:11 comment les dispositifs français, les canons César, etc. fonctionnent,
02:15 qui les accompagnent, il y en a a priori des français ?
02:18 Écoutez, tout ça est couvert par le secret défense, évidemment,
02:22 mais comme vous l'avez dit, on peut l'imaginer, ou on peut ne pas l'exclure,
02:26 c'est des choses probables, possibles, c'est imaginable.
02:29 Jean-Dominique, autre question très importante.
02:32 Hier soir, Emmanuel Macron, entouré des chefs d'État étrangers,
02:36 devait parler aux alentours de 21h, puis 21h30, puis 22h,
02:40 puis il n'avait toujours pas parlé de 22h30, 23h finalement,
02:43 il y a eu cette déclaration du président vers 23h15, hier soir,
02:46 tard dans la soirée donc, et on a dit que c'est parce que
02:49 certains pays européens, notamment comme l'Allemagne,
02:52 étaient un peu moins, comment dire, un peu moins vatanguaires
02:55 que les français par exemple.
02:57 Ben oui, justement, parce qu'une partie du message d'Emmanuel Macron
03:00 vise l'Allemagne, directement vise l'Allemagne.
03:03 L'Allemagne, pour l'instant, refuse de livrer à l'Ukraine
03:06 des missiles comparables au Scalp, c'est-à-dire des missiles de croisière,
03:10 des missiles qu'on lance depuis un avion et qui vont taper des cibles
03:13 très loin et très précisément, c'est par exemple avec ce genre
03:16 de missiles que les Ukrainiens ont détruit un sous-marin russe.
03:20 Les Allemands refusent de livrer ce genre de matériel
03:25 parce qu'ils devraient, avec les missiles, envoyer
03:29 des conseillers militaires allemands pour aider les Ukrainiens
03:34 à préparer les missions, à organiser tout ça,
03:37 à se soutenir techniquement.
03:40 Et les Allemands refusent à cause de ça, en disant
03:43 "Nous, nous ne voulons pas, notre constitution,
03:46 il faudrait que le Parlement allemand autorise l'envoi
03:49 de militaires en opération en Ukraine, etc."
03:52 Donc, Emmanuel Macron met la pression sur les Allemands avec ça.
03:57 Alors, ce n'est pas forcément très bien reçu outre-Rhin.
04:00 En Allemagne, on dit "Oui, mais les français, vous êtes gentils,
04:03 nous, on fournit déjà beaucoup plus d'aide que vous,
04:06 pourquoi vous nous mettez la pression ?"
04:08 Bref, c'est un peu le contexte dans lequel on est.
04:11 - Message à l'Allemagne, dites-vous, Jean-Dominique Merchet,
04:14 message au Kremlin, bien évidemment.
04:16 Pourquoi ? Parce que la Russie, ces derniers temps,
04:18 ne s'est pas privée d'attaques physiques, d'attaques informatiques ?
04:22 On remet un petit peu les choses dans l'ordre ?
04:26 - Oui, alors, évidemment, vous avez parfaitement raison.
04:29 C'est d'abord et avant tout un message destiné à la Russie
04:33 et à l'Ukraine, en soutien de l'Ukraine.
04:35 Message à la Russie, vous savez, le président de la République,
04:38 hier soir, a prononcé un mot qu'il n'avait jamais prononcé.
04:41 Il a parlé de défaite de la Russie.
04:44 Jusqu'à présent, il disait "La Russie ne doit pas gagner".
04:46 D'accord, mais là, hier soir, il a utilisé pour la première fois
04:49 "défaite de la Russie" en disant "il y a consensus entre nous,
04:53 les 27 États qui étaient présents autour de la table,
04:56 pour une défaite de la Russie".
04:58 Oui, il y a un durcissement très net du ton de la France,
05:03 d'Emmanuel Macron et des autres dirigeants français,
05:06 comme des autres pays européens, depuis quelques semaines,
05:10 à l'égard de la Russie.
05:12 - D'ailleurs, la Russie, Jean-Dominique, la Russie a réagi.
05:15 Et ce qui était assez fou, c'est que Macron était assez grave,
05:19 puisqu'il a dit, Emmanuel Macron, que à peu près tous les pays
05:22 qui étaient réunis avec lui, hier soir, à l'Élysée,
05:24 tous les chefs d'État, les premiers ministres,
05:26 considèrent qu'il n'est pas impossible que la Russie,
05:29 dans les prochaines années, le prochain mois,
05:31 s'en prenne à un pays de l'OTAN.
05:33 Attention, quand même, ce n'est pas anodin,
05:36 de dire des petites phrases comme ça.
05:38 - Non, ce n'est pas anodin. Ce n'est pas anodin,
05:40 mais il suffit d'écouter ce que Vladimir Poutine dit.
05:43 Vladimir Poutine, on ne l'a pas pris au sérieux,
05:45 lorsqu'il a publié, à l'été 2021, un texte en disant
05:49 "l'Ukraine et la Russie, c'est le même pays".
05:51 On s'est dit, bon, voilà, c'est un peu des délires idéologiques.
05:54 Sauf qu'en février 2022, il a envahi l'Ukraine.
05:57 Et là, il commence à faire des choses sur les pays baltes,
06:01 en disant, oui, les pays baltes,
06:03 les pays baltes qui sont membres de l'OTAN,
06:05 de l'Union Européenne,
06:07 on commence à entendre une petite musique, comme ça,
06:10 sur, eh bien, les pays baltes, finalement,
06:13 c'est l'ancien empire russe.
06:15 Donc, oui, la posture de la Russie
06:19 est plus agressive qu'elle ne l'a été jusqu'à présent,
06:24 non pas vis-à-vis de l'Ukraine,
06:26 non pas seulement vis-à-vis de l'Ukraine,
06:28 mais vis-à-vis de tous les Européens.
06:30 Il y a les attaques cyber, il y a les campagnes informationnelles,
06:33 il y a des avions français,
06:36 il y a quelques semaines, ont été éclairés,
06:40 comme on dit en termes militaires,
06:42 par la défense aérienne russe,
06:46 au-dessus de la mer Noire, un AWACS, un gros avion,
06:49 pas une petite chose.
06:51 - Bien sûr, et ça, les Français ne le savent pas,
06:53 mais effectivement, les Russes ont menacé des avions français,
06:57 qui étaient, encore une fois, dans la légalité.
06:59 Merci beaucoup, Jean-Dominique Merchet,
07:01 journaliste à l'Opinion, spécialiste des questions militaires et stratégiques,
07:04 très compétent, d'ailleurs, et qui a publié
07:06 "Sommes-nous prêts pour la guerre ?" aux éditions Robert Laffont.
07:09 Que va-t-il se passer dans les prochaines semaines ?
07:11 - Dans un instant, on parle du divorce,
07:14 du divorce vu par les enfants.
07:16 Qu'est-ce qu'ils pensent, les enfants, pendant un divorce ?
07:18 - A tout de suite.
07:19 - Votre avis compte.
07:20 - Venez l'exprimer sur RTL au 30 de 10.
07:22 32 10.
07:23 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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