Peut-on parler de guerre froide en 2024 ? La Russie mène des opérations très concrètes, selon le ministre des Armées, Sébastien Lecornu. Pour en parler avec nous, Jean-Dominique Merchet, Journaliste à l'Opinion, spécialiste des questions militaires et stratégiques, auteur de « Sommes-nous prêts pour la guerre ? », aux éditions Robert Laffont.
Regardez L'invité de RTL Midi du 22 février 2024 avec Agnès Bonfillon et Vincent Parizot.
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00:02 RTL midi.
00:06 Agnès Bonfillon, Vincent Parézon.
00:08 Peut-on parler du retour de la guerre froide en 2024 ?
00:10 La Russie mène des opérations très concrètes.
00:14 Voilà ce que disait ce matin Sébastien Lecornu, le ministre des armées, avec Amandine Bégaud.
00:18 Vous avez des opérateurs russes qui menacent des pilotes français d'abattre leurs aéronefs.
00:23 Vous avez de cela quelques mois un navire de guerre russe qui a mouillé en Baie de Seine,
00:27 dans les limites des eaux territorialement autorisées,
00:31 comme pour venir intimider la France.
00:34 Il faut bien comprendre que c'est vieux comme la guerre froide, si je peux me permettre cette expression,
00:38 mais que de nouveau nous avons le retour d'un positionnement russe particulièrement agressif.
00:43 Et à cela se rajoute le cyber, l'informationnel, le chantage énergétique.
00:47 On voit bien que la Russie joue avec les seuils en matière d'agressivité.
00:51 Bonjour Jean-Dominique Merchet.
00:54 Bonjour.
00:55 Vous êtes journaliste à l'opinion spécialiste des questions militaires et stratégiques.
01:00 Peut-on, selon vous, parler de guerre froide en 2024 ?
01:04 Alors l'histoire ne se répète jamais de la même façon en fait.
01:09 Donc on n'est pas en train de revenir à ce qu'on a connu jusqu'aux années 80.
01:13 Mais, comme le ministre Sébastien Lecornu le disait à votre antenne ce matin,
01:18 on est à un niveau de tension avec la Russie qu'on n'a pas connu depuis cette époque-là.
01:23 C'est vrai qu'il y a une posture extrêmement agressive de la Russie à l'égard des Occidentaux, des Européens,
01:30 et des Français en particulier, avec ce que le ministre vient de rediffuser,
01:37 des menaces contre les avions, des attaques cyber, des attaques informationnelles.
01:41 Il y a un changement de ton très net à Paris et dans les autres capitales européennes, Berlin.
01:47 On se rend compte qu'effectivement on est dans une nouvelle période de tension
01:51 et on n'a pas, d'après ce que disent tous les responsables politiques, on n'a pas l'intention de se laisser faire.
01:57 Ça veut dire qu'aujourd'hui la Russie nous teste, teste un peu notre capacité à encaisser ce genre de provocation ?
02:06 Sans doute. Je pense que la Russie est désagréablement surprise par l'attitude des Européens dans la guerre d'Ukraine.
02:13 En fait la Russie pensait que les Européens étaient des lâches et auraient peur
02:18 et laisserait tomber finalement le soutien à l'Ukraine.
02:22 Or le soutien à l'Ukraine, il se renforce.
02:25 Et il se renforce d'autant plus qu'il y a des menaces sur le soutien américain à l'Ukraine.
02:30 Et là, pour la Russie, c'est une mauvaise nouvelle.
02:33 Et donc ils font des pressions, ils vont sans doute rejouer à un moment ou un autre avec la menace nucléaire, etc.
02:40 Pour dire "écoutez, vous vous engagez dans quelque chose de dangereux avec nous et laissez tomber l'Ukraine".
02:50 Ce n'est pas du tout, du tout ce que les dirigeants européens ont l'intention de faire.
02:54 Cela veut dire, comme le disait le ministre ce matin, que les agressions vont se multiplier ?
02:58 On peut parler d'escalade ?
03:00 Oui, il y a une escalade. Mais une escalade, l'escalade elle est de côté russe.
03:06 Il y a des réflexions aujourd'hui sur est-ce que nous nous répondons plus fermement.
03:11 Et il y a vraiment des réflexions en cours dans les cercles stratégiques, dans les cercles militaires, dans les cercles de renseignement.
03:17 Par exemple, sur ce qu'évoquait Sébastien Lecornu ce matin, la présence d'un bâtiment en baie de Seine,
03:22 c'est-à-dire à la limite de l'acceptable, on va dire, pour la France.
03:27 Qu'est-ce qu'il cherche ? Il cherche à ce qu'on réagisse et finalement à créer un incident diplomatique ?
03:33 De l'intimidation, de l'intimidation. Ce qui s'est passé en mer Noire, que vous a raconté ce matin le ministre,
03:40 qui n'était pas connu jusqu'à présent, des avions français, notamment je crois un AWACS,
03:45 c'est-à-dire un gros avion de contrôle aérien, quelque chose de très précieux,
03:50 auraient été illuminés, comme on dit, c'est-à-dire prises en détection et peut-être en conduite de tir par des radars russes.
04:00 Ça c'est une posture extrêmement agressive contre un avion de ce genre,
04:05 alors que l'avion volait dans l'espace aérien international au-dessus de la mer Noire.
04:11 Donc on voit bien qu'on est dans des postures d'intimidation.
04:14 La grande crainte aujourd'hui des français, ce sont des attaques cyber, techniques, donc informatiques,
04:23 ou des attaques informationnelles sur le contenu des choses pour diffuser des fake news
04:28 au moment des Jeux Olympiques d'été.
04:31 Et ça c'est une vraie crainte, les services sont un peu sur les dents avec ça.
04:37 On a les moyens d'y répondre ?
04:39 Alors on a des moyens d'y répondre, oui, absolument.
04:41 Il y a des moyens, en cyber il y a la capacité de se protéger, et puis il y a la capacité d'attaquer.
04:49 Attaquer c'est compliqué, pour l'instant il y a sans doute des attaques, mais elles sont secrètes.
04:55 L'idée c'est de dire, elles ne seront peut-être plus secrètes, et peut-être qu'on va les augmenter.
04:59 Donc c'est de ça aujourd'hui dont il s'agit.
05:02 Merci beaucoup Jean-Dominique Merchet, merci pour cet éclairage.
05:05 On pourra lire aussi "Sommes-nous prêts pour la guerre ?" publié aux éditions. Robert Lafon.
05:11 Dans un instant RTL midi, votre vie se former au premier secours, vous connaissez sans doute,
05:16 mais au premier secours en santé mentale, figurez-vous que c'est une initiative qui intéresse de plus en plus de monde.
05:22 On en parle dans un instant.
05:24 RTL midi