À l'issue de la conférence de soutien à l'Ukraine qui s'est déroulée à Paris ce lundi, Emmanuel Macron a affirmé que l'envoi de troupes occidentales sur le sol ukrainien ne pouvait "être exclu", bien qu'il n'y ait "pas de consensus aujourd'hui" pour envoyer de "manière officielle" des soldats sur place. Une position balayée d'emblée par Berlin, Londres et d'autres alliés de Kiev, ainsi que par les États-Unis qui "n'enverront pas de soldats combattre en Ukraine", selon la Maison-Blanche
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00:00 - Des troupes occidentales en Ukraine, c'est inévitablement, on se dit, une guerre totale.
00:04 Est-ce que ça veut dire que la guerre totale, aujourd'hui, entre puissances nucléaires, est une possibilité ?
00:10 Je vais volontairement au bout de la chaîne.
00:15 - Je vous remercie de poser cette question, parce que ce n'est pas si simple que ça d'y répondre.
00:19 La vérité, c'est que dans l'intervention que le président de la République, chef des armées, a conduite hier soir,
00:26 il est parfaitement dans son rôle.
00:29 Il est dans son rôle, parce qu'il utilise cette dialectique de la dissuasion fondamentale,
00:36 c'est-à-dire celle qui a été exprimée si remarquablement au début des années 60 par Raymond Aron,
00:42 et beaucoup de ceux qui s'expriment aujourd'hui avec véhémence ou à l'emporte-pièce.
00:48 S'ils étaient interrogés par le professeur Aron,
00:51 j'imagine qu'ils auraient bien du mal à s'exprimer sur ces éléments de dialectique
00:56 qui sont le propre des pays dotés de l'arme nucléaire.
01:00 Et le discours que tient le président de la République est justement un discours
01:05 où il renverse le principe d'incertitude et où il maintient l'ambiguïté.
01:10 Vous l'avez noté par une double négation.
01:12 - Oui.
01:13 - Vous savez qu'à la question du journaliste qui lui pose la question
01:16 "Pourquoi la France serait-elle opposée à l'envoi de troupes sur le sol utrénien ?"
01:22 Il répond "Je n'ai absolument pas dit que la France n'y était pas favorable",
01:26 ce qui est une double négation.
01:28 - Oui.
01:29 - Mais en grammaire française, une double négation ne vaut pas affirmation, me semble-t-il.
01:34 Et donc tous ceux qui s'expriment feraient bien de reprendre ces principes de grammaire,
01:38 de la dialectique, de dissuasion, qui me semblent être remarquablement étudiés à Moscou
01:43 et dans les grandes écoles russes, et être pratiqués avec beaucoup d'intelligence,
01:49 beaucoup de finesse et beaucoup d'à-propos par l'école russe de Moscou.
01:54 Vous savez, on parle toujours de l'affaiblissement des 30 dernières années
01:58 dû aux dividendes de la paix en France.
02:00 Nous ne sommes pas seulement affaiblis, nous nous sommes endormis.
02:05 Nous qui avons été à l'origine de ces éléments de vocabulaire fondamentaux,
02:10 nous qui avons tant travaillé, nous qui avons eu des chercheurs absolument remarquables
02:15 sur ces questions-là, on a l'impression qu'on était passé à une autre ère
02:19 et que tout cela faisait partie d'un vocabulaire antédilué.
02:24 – On est revenu à la réalité ?
02:25 – Les Russes qui… – Il y a un rapport de force nucléaire ?
02:28 – Absolument, les Russes qui n'ont rien oublié de tout ça,
02:31 qui le pratiquent au quotidien, qui ont étudié et continuent d'étudier Raymond Aron
02:36 très sérieusement, pratiquent remarquablement ces questions.
02:41 Faisons comme eux, faisons comme les Russes.
02:43 Et c'est ce que le président a fait hier soir.