Président des Jeunes Agriculteurs de Seine-et-Marne, Maxime Lievini a débattu au Salon de l'Agriculture avec Emmanuel Macron.
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00:02 6h, 9h15, RTL Matin, avec Stéphane Carpentier.
00:07 Merci de nous rejoindre RTL, vous avez fait le bon choix, 8h48, RTL bien sûr c'est le Salon de l'agriculture,
00:12 le top départ a été donné hier, ça va durer huit jours, nous sommes régulièrement sur place.
00:17 Le groupe M6 est partenaire de cet événement, oui c'est un événement tous les ans,
00:21 ça doit être une fête pour le monde agricole, sauf qu'hier c'est vrai qu'on a vécu une première journée mouvementée,
00:28 on n'était pas loin du chaos, et donc on en parle avec le président des Jeunes Agriculteurs de Seine-et-Marne,
00:32 c'est Maxime Nievain qui est en studio, en direct avec nous.
00:35 Vous étiez, Maxime, hier au Salon, vous avez pu dialoguer avec le président de la République,
00:39 on va y revenir dans un instant. D'abord, quel est votre regard à vous, avec un petit peu de recul,
00:43 sur ces interpellations, sur ces bagarres, sur ces mouvements de foule, sur ces CRS, dans ce qui doit être une fête ?
00:50 Déjà j'ai un regard plutôt neuf, parce que je n'ai jamais participé à de manifestations et de mouvements de foule.
00:55 Je me suis pris un peu par hasard dans le mouvement, puisque je suis arrivé rejoindre deux copains qui avaient passé la nuit sur place,
01:00 au niveau des grilles, et puis les grilles après ont été forcées, et j'ai avancé avec la troupe à ce moment-là.
01:05 On est arrivé dans le pavillon 1, bon ben là de toute façon on n'avait qu'un seul mot d'ordre,
01:10 c'était qu'il fallait que la déambulation du président de la République ne se passe pas comme d'habitude,
01:14 parce qu'aujourd'hui au niveau agricole l'heure est grave, et on voulait vraiment le sensibiliser à la cause,
01:18 donc au moins sur ce point-là on peut dire qu'on a réussi, mais malheureusement pas dans un contexte de calme et de sérénité.
01:25 Ça veut dire que vous êtes allé trop loin vous pensez ?
01:27 Alors je dis "on", pas "on" puisque pour le coup je pense qu'il y avait quand même des personnes qui avaient envie,
01:35 pas dans des coudres avec des CRS, mais en tout cas qui avaient le sang chaud hier,
01:40 c'était pas forcément une volonté, mais en tout cas on voulait lui faire comprendre qu'il ne fallait pas qu'il commence à déambuler de bonheur,
01:44 on voulait absolument repousser l'ouverture du salon.
01:46 C'est historique, 4h30, l'ouverture du salon à 13h30, je crois que c'est jamais arrivé en 60 ans de salon d'agriculture.
01:52 Ça c'était un objectif ?
01:54 Je pense qu'en tout cas on ne voulait pas que la déambulation se passe comme d'habitude,
01:57 l'objectif on ne l'avait pas écrit clairement là-dessus, mais on est content que ça ne se soit pas passé comme d'habitude.
02:02 Est-ce que finalement cette crise agricole n'a pas pris une tournure politique très concrète ?
02:07 Je veux dire, quand on entend des Manu Chao, des Macron démission dans cette enceinte-là ?
02:11 On entend surtout des Marseillaises, hier. On a entendu beaucoup de Marseillaises,
02:15 donc il y a plutôt un élan de patriotisme qui s'est fait entendre.
02:18 Je pense qu'aujourd'hui, les 80-90% de Français qui sont avec les agriculteurs,
02:24 c'est ce qui nous donne du poids, et c'est ce qui fait qu'on arrive dans un contexte politique.
02:29 Le contexte politique, on l'a déjà depuis la fin d'année au niveau de l'agricole,
02:32 on l'a eu encore plus en début d'année avec les barrages sur les autoroutes.
02:35 Donc oui, forcément l'agriculture est politique, d'autant plus qu'on essaie que ce soit un enjeu national.
02:40 Vous dites que c'est un élan de patriotisme, la Marseillaise que vous avez entonné hier et qu'on a entendu,
02:45 mais c'est quand même le Président de la République dont on parle.
02:48 Et les deux ne sont pas incompatibles.
02:51 Nous ce qu'on voulait lui faire comprendre, c'est que l'agriculture, elle est française,
02:54 et on veut garder cette agriculteur française.
02:56 La souveraineté alimentaire qu'on martèle, on peut mettre beaucoup de choses derrière,
03:01 mais ce qu'on veut, c'est ne pas faire comme avec l'industrie,
03:04 qui malheureusement pendant des années a bien déserté la France.
03:08 On espère garder notre agriculture française,
03:10 et c'est pour ça qu'on a beaucoup entonné la Marseillaise hier.
03:12 Alors vous avez beaucoup parlé hier avec lui, vous avez pu dialoguer en tous les cas avec le Président de la République.
03:17 D'abord, vous l'avez trouvé comment ? C'est-à-dire, il avait remonté la chemise, il avait un discours franc ?
03:22 Alors, je pense que ça c'est des éléments de communication, mais effectivement il avait remonté les manches.
03:27 Donc, on a bien senti qu'il voulait aussi mettre les mains dans le cambouis.
03:31 Il a eu ce qu'il voulait, il a eu un débat.
03:35 Ça s'est improvisé une demi-heure avant, clairement, on a été vraiment pris au hasard.
03:41 Il fallait que chaque profession agricole soit représentée,
03:45 et qu'il y ait un peu de tout, diverses régions, de l'élevage, de l'agriculture de conservation, du bio, des éleveurs.
03:50 Donc, il a eu son débat, après il nous a tous écoutés.
03:54 Et ça je ne peux que le souligner, il y a eu quand même vraiment les trois syndicats qui étaient là,
04:00 et on a fait en sorte que tout le monde ait la parole.
04:02 Il a pris des notes, j'étais juste à côté de lui, et j'ai bien vu tout ce qu'il avait pris en notes.
04:06 Après, il a déroulé. C'est un jeu qu'il sait faire, c'est de la communication,
04:10 et on peut dire qu'il l'a fait de manière assez brillante,
04:13 puisque, lorsqu'il a déroulé toutes les mesures,
04:17 je pense qu'il en a perdu quand même plus d'un en termes de technicité, et dans toutes les filières.
04:21 Vous n'avez pas un sentiment, vous, que ce président-là, il connaît son sujet, quand il échange avec vous, sur vos dossiers à vous ?
04:27 Je pense qu'il est très bon, très intelligent, qu'il connaît ses sujets.
04:29 Maintenant, connaître ses sujets, ça ne veut pas forcément dire qu'il arrive à tout aller résoudre.
04:34 C'est ce qu'on lui demande.
04:36 Il a annoncé des choses, quand même, des mesures.
04:38 Il y en avait déjà eu, les semaines précédentes, de la part du gouvernement, en place,
04:41 notamment un plan de trésorerie d'urgence pour les exploitations les plus en difficulté.
04:45 Ça, c'était important ? Quand on parle de trésorerie, c'est un mot important, chez vous ?
04:49 La trésorerie, c'est un mot important des exploitations.
04:51 Ce n'était pas forcément ce qui était porté par la FNSEA et les jeunes agriculteurs,
04:54 c'était ce qui était plus porté par la coordination rurale.
04:57 Maintenant, on entend bien les exploitations en difficulté.
05:00 La trésorerie, c'est ce qui permet d'avoir de l'argent dans la ferme
05:04 pour payer potentiellement les futures cultures,
05:06 ou les bestiaux achetés pour l'année en cours,
05:10 et même pour payer le carburant, pour payer les salaires, pour payer les charges.
05:15 Donc, ok, il y a cette mesure de plan de trésorerie,
05:17 c'est très bien pour les exploitations en difficulté.
05:19 Maintenant, ce n'est pas la première mesure, parce que, pour moi, reculer pour mieux sauter.
05:23 C'est quoi la première mesure ? La plus importante pour vous ?
05:25 S'il ne fallait en donner qu'une ?
05:27 Je ne suis pas spécialiste de toutes les mesures,
05:28 parce que j'ai fait des rendez-vous avec les préfectures.
05:30 Non, mais vous, qu'est-ce que vous voulez ? Un truc, là.
05:32 De simplification.
05:33 Moi, j'ai parlé pour le cas que je connais.
05:35 On veut des jeunes agriculteurs en France.
05:37 On veut qu'il y ait un renouvellement des générations.
05:39 On a la moitié des agriculteurs actifs qui vont partir à la retraite d'ici 5 ans.
05:43 On martèle ce message, mais c'est vrai, c'est une réalité.
05:46 Comment on fait pour remplacer ces agriculteurs ?
05:49 Moi, aujourd'hui, ça fait 8 mois que je suis dans le process d'installation.
05:52 Je l'ai dit hier au Président de la République.
05:54 J'ai 8 organismes au quotidien avec qui je jongle
05:57 pour leur donner à peu près sensiblement les mêmes informations.
06:00 Je ne peux pas concevoir qu'on puisse vouloir des jeunes agriculteurs,
06:03 mais qu'on ne leur simplifie pas la vie pour les aider.
06:05 Alors oui, on a des comptes à rendre à l'État,
06:07 parce qu'on est subventionné.
06:08 On est subventionné par l'Europe, on est subventionné par l'État.
06:11 Mais il faut quand même faciliter les marches.
06:13 Pendant mon parcours d'installation, j'ai eu l'occasion de rencontrer un autre agriculteur
06:16 qui, lui, était dans une reconversion professionnelle également.
06:19 Ingénieur dans le BTP en Savoie, avec sa femme médecin.
06:22 Il gagnait bien leur vie, et lui, il a décidé de devenir agriculteur il y a 2 ans et demi.
06:26 Et bien, ça fait 2 ans et demi qu'il est dans le process d'installation,
06:29 et il n'a toujours pas abouti.
06:30 Et il le reconnaît lui-même.
06:32 Aujourd'hui, il a sa femme qui est médecin,
06:34 ça lui permet de subvenir aux besoins du foyer, ils ont deux enfants.
06:37 Mais ce n'est pas le cas de tout le monde.
06:38 Vous voulez de la simplification ? Il l'a noté, ça, il a pris note ?
06:41 En tout cas, il en a reparlé derrière dans sa mesure de simplification,
06:44 quand on les a réénoncés.
06:45 C'était une longue élocution du Président de la République,
06:48 mais en tout cas, il en a reparlé.
06:49 Vous regrettez aujourd'hui d'être un jeune agriculteur ou pas ?
06:52 D'avoir fait ce choix-là il y a quelques années ?
06:53 Alors, comme je l'ai précisé hier, je ne l'ai pas fait pour l'argent.
06:56 C'est un métier passion, maintenant, il faut pouvoir en vivre.
06:58 Aujourd'hui, je suis très fier de me battre pour ces valeurs-là, pour l'agriculture.
07:02 Je suis aussi très content de ne plus être uniquement derrière un bureau.
07:05 C'est ce qui me manquait dernièrement dans mon métier,
07:09 c'est que j'avais besoin d'être un peu plus dans ma ferme, dans les champs,
07:13 enfin, faire des choses que je fais habituellement dans ma ferme.
07:17 On fait des dividendes de tracteurs, du nettoyage, du car-share, de la conduite d'engin,
07:21 et aussi de la conduite d'entreprise.
07:22 Donc aujourd'hui, j'ai cette diversité au quotidien de chef d'entreprise
07:26 qui permet de m'épanouir.
07:28 Donc non, je ne regrette pas.
07:29 Par contre, j'espère sincèrement pouvoir en vivre.
07:31 Vous allez retourner au salon ?
07:32 Oui, pendant les quatre jours à venir.
07:35 Les quatre jours à venir, et mardi notamment, puisque Gabriel Attal sera là,
07:38 le chef du gouvernement.
07:40 Il sera en déplacement au salon ce mardi, et il sera sur RTL,
07:42 sachez-le si vous voulez écouter, mardi matin, en direct du salon.
07:45 Ce sera une matinale spéciale de 4h30 à 9h.
07:48 Et Gabriel Attal a accordé sa première interview matinale radio à RTL,
07:52 et donc il aura sans doute des réponses à vous donner en particulier.
07:55 Ça se passe mardi matin.
07:56 Merci Maxime d'avoir été l'invité en direct et en studio de RTL Matin.
08:00 Entretien bien sûr qu'on retrouve sur notre site rtl.fr.
08:03 La météo pour votre dimanche, vous avez tout savoir pour la CNM Arnetien notamment.
08:06 Et pas que, à tout de suite.
08:07 A tout de suite.