Europe 1
  • il y a 10 mois
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Dans la deuxième heure de son émission consacrée à la culture, Thomas Isle reçoit chaque jour un invité.
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Transcription
00:00 - Repeint Culture Média. - 9h30. - 11h. - Thomas Hill.
00:03 Merci beaucoup d'être avec nous pour la suite de Culture Média spécial César. Ce matin, Julien Pichenay est resté avec nous pour une petite archive
00:11 spéciale très émouvante tout à l'heure.
00:14 Olivier Pouls, eh bien, il ne devrait pas tarder à rentrer dans ce studio pour parler gastronomie
00:18 et cinéma. Et puis j'ai la chance de recevoir ce matin trois spécialistes du cinéma, sans doute les meilleurs chacun dans leur catégorie.
00:27 - C'est bien sûr, Thomas. - Sans doute le meilleur café du monde.
00:30 Thierry Chez, d'abord la voix des César. Bonjour.
00:35 - Bonjour Thomas. - Journaliste, critique de cinéma, rédacteur en chef du magazine Première.
00:39 - Mélanie Toubeau est également avec nous. - Bonjour. - Bonjour Mélanie, créatrice de contenus sur YouTube autour du cinéma et de l'audiovisuel,
00:45 la manie du cinéma et puis notre expert maison sans qui rien n'est possible.
00:51 - Olivier Benkemoun.
00:53 - Vous animerez la soirée ? - Eh bien c'est vrai. - C'est vous qui animez la soirée ce soir, en direction en rempart.
00:59 - Vous êtes allé aux répétitions ? - Je suis allé aux répétitions hier, mais ça va être une belle soirée ce soir.
01:04 Je ne pouvais pas le dire quand Gérald Priest virait tel, mais ce sera encore mieux qu'à la télé.
01:08 Ce sera encore mieux qu'à la télé, parce que nous on fera du commentaire et on va parler, on va célébrer,
01:12 plus que ceux et celles qui sont sur scène, on va célébrer tout le cinéma. Une année de cinéma absolument formidable et on va la commenter.
01:19 - Très bien. Alors si on regarde le podium d'abord des films les plus nommés ce soir, à la première place c'est "Le Règne animal"
01:25 en liste dans 12 catégories, juste devant "Anatomie d'une chute", 11 nominations et "Je verrai toujours vos visages", 9 prix possibles.
01:34 Après, Thierry Chez, les plus nommés ne sont pas toujours les plus récompensés. Il y a eu des cas dans l'histoire.
01:39 - Jeanne Nery le sait, parce qu'elle avait été très nommée pour "Pupille", elle était repartie absolument sans rien.
01:43 François Ozon le sait, alors cette année il n'est pas nommé, mais généralement quand il est nommé, il en a toujours 10 ou 11
01:49 et il repart au mieux avec un et lui n'a jamais gagné le moindre prix pour un film de réalisation.
01:54 En fait ça ne veut rien dire, parce que parfois, par exemple "Je verrai toujours vos visages", il est beaucoup nommé,
01:59 mais dans une catégorie, il est nommé 4 fois pour le meilleur. Donc là c'est sûr d'en perdre 3.
02:03 - Là déjà oui. Donc vous pensez qu'on peut être surpris ce soir ou quand même vous vous dites, à priori, dans ces 3 films,
02:10 on tient les grands gagnants de la soirée, Olivier ?
02:14 - Moi je pense que celui qui est le plus nommé cette année sera sans doute celui qui va obtenir le plus de César.
02:20 C'est une particularité, c'est le règne animal, il coche beaucoup beaucoup de cas qui fonctionnent, de mon point de vue.
02:27 Et en plus c'est un film, il faut le dire, qui a rencontré son public. C'est un film qui a fait plus d'un million d'entrées.
02:33 Il y a quelques films comme ça, donc il est intéressant. Il est intéressant parce que c'est un film un peu hybride,
02:38 il montre la qualité de la fabrication des effets spéciaux, il est intéressant parce que c'est une histoire inédite,
02:46 il est intéressant parce que même dans sa fabrication, dans ses secrets de tournage, la manière dont il a été réalisé...
02:50 Donc voilà, il y a beaucoup de choses qui font qu'à mon avis...
02:53 - Vous avez des fuites, vous, sur les gagnants ? Vous entendez des moris de couloir ?
02:56 - J'en ai tellement ! D'abord, le vote se termine à 16h ce soir. Donc de toute façon, à l'heure à laquelle on parle, on ne sait pas.
03:05 - Le seul qui pourrait avoir des informations en face de vous, c'est Thierry Chèvre.
03:09 - J'aimerais, parce que je n'aurais pas eu... Moi j'ai 70 pages d'office, si je savais qu'à 16h30 on me donnait la liste,
03:15 ça serait formidable. Je ne ferais rien du tout et je débarquerais en disant "Ah c'est cool, on ne sait rien, c'est ce qui est logique".
03:20 - Vous vous découvrez vraiment au moment de l'ouverture de l'ongle ?
03:23 - Moi, comme je suis vraiment un ancien, vraiment, par rapport à Olivier, presque l'ancêtre d'Olivier,
03:27 j'ai commencé à travailler avec Philippe Dana, qui faisait la voix.
03:31 À ce moment-là, Internet n'existait quasiment pas. Donc là, un huissier arrivait à l'heure où la cérémonie commençait,
03:39 et restait derrière nous toute la cérémonie, pour ne pas qu'on s'échappe et qu'on appelle quelqu'un.
03:43 Aujourd'hui, comme il y a Internet qui est arrivé, pourquoi faire confiance à quiconque ?
03:48 Quiconque a une liste, qu'est-ce qui l'empêche de la mettre 3 secondes après, ou de faire des paris à Londres et devenir richissime avec les bookmakers ?
03:56 - On va continuer à faire nos petits pronostics, parce que le film dont on parle le plus, c'est quand même "Anatomie d'une chute",
04:01 qui a reçu la Palme d'Or à Cannes, deux Golden Globes, cinq nominations aux Oscars.
04:06 Tout ça, j'imagine que ça peut aussi un peu influencer les votants.
04:10 Est-ce que vous pensez que ça va tout rafler, ce soir, "Anatomie d'une chute" Mélanie Toubaud ?
04:14 - Franchement, oui, et je l'espère surtout ! En tout cas, c'est sûr que je suis d'accord qu'avec "Le règne animal",
04:19 ça va se jouer entre les deux, que ce soit meilleure réalisation, meilleur film.
04:24 Je pense que vraiment, ça va se jouer entre les deux films, mais c'est vrai qu'"Anatomie d'une chute",
04:27 il a déjà un parcours qui est grandiose, bientôt aux Oscars, où je pense, pareil, qu'il va peut-être pas tout rafler,
04:33 parce qu'on a quand même "Oppenheimer" et "Killers of the Flower Moon" en face,
04:37 mais malgré tout, il y a une belle destinée qui arrive, et puis surtout, c'est un film qui a gagné une Palme d'Or.
04:43 Ce serait un peu bête, j'ai envie de dire, de ne pas récompenser un film qui a quand même été...
04:48 - Et j'imagine que tout ça, Thierry, ça influence les votants. Expliquez-nous comment ça se passe.
04:52 - Sauf que pour dire ça, c'est qu'en fait, il n'y a que deux films qui ont fait la Palme d'Or et César.
04:59 C'est un film d'Hanneke et le pianiste de Polanski.
05:03 "Titanes", par exemple, avait été nommé, n'a rien eu, mais "Entre les murs" non plus,
05:07 donc c'est pas forcément un gagnant. Je pense que là, la différence, c'est que c'est un vrai succès,
05:13 que Justin Trier est apprécié. - C'est un film qui est populaire aussi.
05:16 - C'est un film qui est populaire, et c'est aussi ce qui est intéressant pour les gens qui regardent,
05:19 parce que pour qu'il y ait un suspense, il faut aussi que les gens aient vu les films.
05:22 Si c'est des films qui ont fait 400 000 entrées, que ce soit A ou B qui gagnent,
05:25 ce soir, il y aura les vrais partisans du Régne animal et les protagonistes d'Une chute.
05:30 En fait, il n'y a pas de campagne, contrairement aux États-Unis, il y a une vraie campagne,
05:34 qui passe par des pubs dans les journaux, qui passe... Pendant un mois, il y a des remises de prix quasiment tous les jours.
05:41 Et donc, les Oscars, on peut savoir qui va gagner. Honnêtement, ce soir...
05:46 - C'est un moment d'interrogation. - Et heureusement pour les gens qui regardent.
05:49 - Juste un mot des votants. Qui sont les votants et combien sont-ils ?
05:53 - Il y a à peu près 4000 votants, c'est les professionnels du cinéma, ce qui veut tout et rien dire.
05:57 Donc, aussi bien acteurs, réalisateurs, distributeurs, exploitants, techniciens...
06:02 - Pas de journalistes. - Pas de journalistes.
06:04 Et ce qui est logique, parce que nous, on vote à priori tous les jours, toutes les semaines, dans des étoiles.
06:08 Et il y a une volonté quand même de rajeunir les votants, comme ce qui s'est passé pour les Oscars,
06:13 pour que ce ne soient pas toujours les mêmes qui soient nommés.
06:17 Et ça, depuis l'arrivée de la nouvelle gouvernance, j'ai renié que là, ça s'est élargi.
06:22 Et il faut être coopté. Il faut avoir évidemment travaillé et que deux membres de l'Académie vous cooptent.
06:27 - Bon, on va continuer à parler des Césars. La cérémonie, c'est ce soir à 20h45 sur Canal+.
06:33 - Effectivement, on va continuer à parler des particularités de cette 49e cérémonie des Césars avec nos spécialistes.
06:39 Vous restez avec nous, rendez-vous dans deux minutes.
06:40 - Europe 1.
06:41 - Culture média, la suite sur Europe 1.
06:43 A Toumaïl, vous recevez les critiques de cinéma, Mélanie Toubaud, Thierry Chès et Olivier Benquenon.
06:48 - Et alors, vous savez, les Césars, on imagine évidemment le tapis rouge, les petits fours, le champagne.
06:53 Et alors, Olivier Benquemoun vient de me montrer dans quelles conditions vous travaillez, Thierry Chès,
06:58 parce que vous, vous commentez cette cérémonie.
07:01 Vous êtes en tout cas la voix des Césars depuis 14 ans.
07:04 Et je viens de m'apercevoir que vous êtes dans un algéco.
07:07 - C'est ça qui est bien.
07:10 Être la voix permet de vieillir comme ça.
07:12 Et c'est très bien d'être discret.
07:13 Plus on est caché, mieux c'est.
07:15 Faire la voix, c'est comme les trains qui arrivent à l'heure.
07:17 C'est-à-dire qu'il faut a priori qu'on parle pas de vous.
07:19 Si on parle de vous, c'est qu'il y a un problème.
07:20 - Vous êtes en smoking quand même ?
07:22 - Bien sûr, c'est obligé.
07:23 - Vous avez une petite coupe de champagne, quelque chose ?
07:25 - Si j'ai une coupe de champagne, je peux appuyer sur ce bouton et raconter n'importe quoi.
07:29 - Je serai pas prête.
07:30 - Et donc, vous avez des tonnes de fiches devant vous, j'imagine.
07:33 Et au moment où le prix sort, c'est là que vous choisissez la voix ?
07:37 - C'est d'aller au plus vite et puis de repérer avant la cérémonie où sont placés les gens dans la salle.
07:41 Parce que celui qui est placé au milieu va mettre plus de temps que celui qui est au premier rang.
07:44 Et il va sortir et surgir.
07:46 - Donc vous adaptez votre débit.
07:48 - Je sais combien de phrases je peux dire à peu près.
07:50 Je repère le premier rang qui m'inquiète toujours beaucoup.
07:53 Ce qui est bien, c'est que les gens ne viennent pas seuls et s'embrassent.
07:56 Moi j'aime bien que les gens viennent accompagner et prennent bien le temps d'embrasser celui ou celle qui est à côté.
08:01 - Alors le temps est limité.
08:03 Depuis deux ans, je crois, le temps est limité.
08:07 - Le temps de discours.
08:09 - Une minute. Et il y a un compteur.
08:11 - C'est cool. - Il le voit le compteur ?
08:13 - Oui, justement. Les choses ont changé depuis qu'il le voit.
08:16 Avant on disait "vous avez une minute".
08:18 - Et puis il y avait un petit signal.
08:20 - Là, ils l'ont en face. C'est en face 2.
08:24 Donc ils sont quand même sous cette pression de la minute.
08:27 - Ça c'est la meilleure innovation de ces dernières années.
08:29 - Et c'est pour ça que ça va se terminer à l'heure.
08:32 - Et puis pour la première fois dans l'histoire des Césars,
08:34 il y a donc 3 femmes nommées dans la catégorie "meilleure réalisateur" sur 5 nominations.
08:39 Catherine Breillat, Justine Trier, Jeanne Hery.
08:42 C'est quand même le signe que le cinéma est en train d'évoluer, Mélanie Toubon, non ?
08:47 - Oui, parce que les femmes qui réalisent, elles ont toujours été là, mais on ne leur laissait pas forcément la place.
08:52 Et là, il y a quelque chose aussi de très politique de pouvoir permettre cette non-invisibilisation, visibilité des femmes réalisatrices.
09:06 Mais effectivement, on le voit depuis quelques années que ça commence.
09:10 Le fait que sur les grands prix, on ait de plus en plus de femmes qui soient là
09:15 et qu'il y ait des discours aussi de leurs pairs qui permettent de le mettre en avant.
09:18 - Je pense que ce n'est pas une question de visibilité, elles ont fait des bons films, elles sont là, point final.
09:22 C'est avant tout des films, on n'est pas en train de cacher les réalisatrices.
09:26 - On ne les mettait pas en avant pour autant.
09:29 - Il y a eu une évolution.
09:31 - Il y a de plus en plus de réalisatrices, parce qu'il y a de plus en plus de jeunes filles qui ont accès à la FEMIS et aux grandes écoles de cinéma,
09:39 qui elles-mêmes sont dirigées de plus en plus par des femmes.
09:42 Et les femmes arrivent dans tous les postes, y compris à des postes où elles n'étaient pas jusque-là dans le cinéma.
09:48 De techniciennes, des chefs de postes dans le cinéma, tout ça me paraît normal.
09:53 Mais avant tout, elles font des bons films.
09:55 - Il ne faut quand même pas oublier que depuis la création des Césars en 1976,
09:59 il y a eu une seule femme qui a été récompensée à la meilleure réalisation.
10:04 C'est Tony Marshall.
10:05 Elles ont gagné "Meilleur film", "Trois hommes et un couffin", "Le goût des autres".
10:09 Une femme ! Et pour d'autres prix, comme le César de la meilleure musique,
10:14 il a fallu attendre il y a deux ans pour qu'une compositrice s'impose.
10:18 Oui, ça change, on va dire que ça prend un peu de temps.
10:22 - Le nom de la catégorie a d'ailleurs changé, ça ne s'appelle plus "Meilleur réalisateur", c'est "Meilleure réalisation".
10:27 - C'est ça pour être plus inclusif.
10:29 - Et au-delà des prix, l'un des moments les plus attendus de la soirée,
10:32 ça va être l'éventuelle prise de parole de Judith Godrej,
10:35 parce que même si Gérald Briseviret nous a confirmé qu'à 7h00,
10:39 en tout cas, il pense qu'elle devrait être là ce soir,
10:41 on n'en a pas encore la certitude.
10:43 Si elle fait un discours, ce sera quoi qu'il arrive pour vous l'événement de la soirée ?
10:47 A priori, c'est ce dont on va parler demain dans tous les journaux, non ?
10:51 - C'est sûr, effectivement, si elle est là.
10:53 Sachant qu'en plus, j'ai l'impression que ça va être une cérémonie aussi
10:57 vraiment sous le signe de la manifestation contre les agressions sexuelles sur les tournages,
11:02 et puis il y a aussi la CGT spectacle, qui a prévu d'être devant l'Olympia à 19h00
11:06 pour pouvoir justement manifester là-dessus.
11:09 Effectivement, je pense que c'est le fait qu'elle puisse parler justement
11:13 avec tout ce qui s'est passé ces derniers temps,
11:15 qu'on lui donne enfin justement la parole,
11:18 ça va rentrer en résonance avec ce qui s'est passé avec Adèle Haenel il y a quelques années,
11:22 de dire "là on laisse la parole à une femme qui a subi,
11:26 et pas une qui va devoir partir, parce que justement on laisse la parole à la mauvaise personne".
11:30 - Moi il me semble que Judith Gaudrech a eu la parole, a pris la parole, et on l'a écoutée,
11:34 mais elle n'a pas été accompagnée, elle est partie toute seule en réalité,
11:38 et ce soir, pour la première fois, symboliquement,
11:40 le mondio du cinéma, la famille du cinéma, l'invite à prendre la parole.
11:46 Tout le monde n'est pas, pour être très franc, tout le monde n'est pas pour cette prise de parole.
11:50 Il y a des débats en interne, il y a des gens qui considèrent que ce n'est pas l'endroit,
11:53 Nicolas Cédoux, grand patron de La Gaumont, a dit sur une chaîne de télévision
11:57 "ce n'est pas l'endroit", et il n'est pas seul à penser ça,
12:01 alors que, et vous avez entendu Gérald Bricevirez,
12:04 elle fait partie de la famille du cinéma, c'est important qu'elle puisse le faire,
12:07 elle est soutenue, il faut la soutenir, et enfin, ce soir,
12:10 elle va l'être par sa famille de cinéma, et c'est très important qu'elle prenne la parole.
12:14 - Je pense que si elle a le courage de venir, je pense qu'elle sera très applaudie ce soir.