• il y a 10 mois

Chaque vendredi dans la matinale de Lionel Gougelot, Catherine Nay livre son regard sur l'actualité.
Retrouvez "Catherine Nay - Les signatures d'Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/catherine-nay-les-signatures-deurope-1

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Transcription
00:00 Mais avant cela, la signature européen de Catherine Ney.
00:03 Bonjour ma chère Catherine.
00:04 - Bonjour Charles Lionel, bonjour à tous.
00:06 - Alors pour résoudre une crise, rien ne vaut, maintenant on le sait, un grand débat.
00:10 C'est la jurisprudence gilet jaune.
00:12 Pour sa visite au salon d'agriculture, Emmanuel Macron a donc organisé un débat
00:16 avec tous les acteurs et les parties prenantes du secteur agricole.
00:19 Et pour faire bon poids, ses ennemis jurés, les militants du soulèvement de la terre,
00:22 mais face au tollé, cette provocante invitation a été annulée hier soir
00:26 parce que la FNSEA a notamment menacé de boycotter.
00:29 Voilà encore une illustration de la pensée labyrinthique du président de la République,
00:33 ce hiatus permanent de l'en même temps,
00:36 conjugué à son irrépressible besoin de provoquer, briser les tabous.
00:39 Il allait donc mettre face à face des ennemis pour faire surgir un consensus
00:44 dont il serait le maître d'oeuvre et pourquoi pas le triomphateur narcissique
00:48 comme il l'avait été avec les maires qu'il avait maraboutés, souvenez-vous-en.
00:53 Mais quelle idée, inviter le soulèvement de la terre.
00:56 Le monde agricole est un tapis de braise.
00:58 Ces 30 ans de rancœurs accumulés, de mal de vivre, du métier qu'ils aiment,
01:02 la peur de l'avenir.
01:04 1 million d'agriculteurs en 2001, 360 000 seulement en 2023.
01:08 C'est un monde en voie de disparition.
01:11 Et depuis toujours, chaque année, c'est vrai au Salon de l'Agriculture,
01:13 il y avait toujours un secteur plus ou moins en crise,
01:16 tantôt le lait, les fruits, ou le vin, ou l'élevage.
01:19 Cette année, on cumule, toutes les productions sont en crise.
01:23 Les agriculteurs l'ont fait savoir en haut lieu que ça ne pouvait plus durer,
01:26 ils ont manifesté.
01:27 Et l'exécutif, avec l'arrivée de Gabriel Attal et les encouragements du président,
01:31 semblait avoir pris la mesure, il plaçait l'agriculture au-dessus de tout.
01:37 Et voilà que ce débat, que le président imaginait,
01:40 à bâton rompu qu'elle rigolât,
01:42 risquait sûrement de tourner en bagarre frontale et sanglante.
01:45 - Alors l'invitation du collectif "Le soulèvement de la terre" a été annulée,
01:49 ça on le sait, mais le mal est fait.
01:50 - Oui, parce que c'est incompréhensible.
01:52 Alors les invitants, c'était une façon de les légitimiter.
01:56 Il désavoue ainsi Gérald Darmanin, qui lui voulait dissoudre ce collectif écologiste,
02:00 invoquant, mais invoquant le droit fondamental de s'exprimer,
02:04 le Conseil d'État avait rejeté sa demande.
02:06 Or, le soulèvement de la terre a été créé par les zadistes de Notre-Dame-des-Landes,
02:10 vous savez ces ultra-gauches qui se sont octroyés pendant des années
02:13 le droit d'occuper, d'investir tout un territoire
02:16 pour s'opposer à la construction de l'aéroport,
02:18 malgré le vote favorable de la population.
02:21 Et leur violence était telle que le gouvernement Macron a reculé.
02:24 Leur dernier exploit, il y a un an, c'était contre les méga-bassines à Saint-Sauline.
02:28 On avait vu arriver 8000 manifestants armés de barres de fer,
02:31 de haches, de cocktails molotovs,
02:33 6 tonnes de pierre avaient été amenées par camion,
02:37 comme l'a démontré l'enquête parlementaire,
02:39 et ils saccageaient tous les terrains alentours.
02:41 40 policiers avaient été blessés.
02:43 Et bien ce sont des radicaux qui détruisent tout ce qui leur paraît écocide,
02:47 presque une secte religieuse, violente, intolérante,
02:50 et surtout hors la loi en permanence.
02:52 - La responsabilité de cette invitation, Catherine,
02:55 c'est ce qu'on dit à l'Elysée en tout cas,
02:57 elle reviendrait à un conseiller, c'est ça ?
02:59 - Ce qui prouverait que les conseillers du président sont hors sol
03:02 et qu'il a bien tort de les écouter.
03:03 Mais depuis qu'il est à l'Elysée,
03:04 hormis 2021 pour cause de Covid et 2022,
03:08 début de la guerre en Ukraine,
03:09 Emmanuel Macron est le recordman de visites longue durée au Salon de l'agriculture.
03:14 Toujours ce besoin de performance,
03:16 faire mieux que le chéri des agriculteurs, Jacques Chirac,
03:19 qui lui restait 12 heures, toujours, mais pas plus.
03:21 Eh bien lui, c'est 13 heures, voire 14 heures comme l'an dernier.
03:24 Arrivé à 7h du matin, départ 23h à la fin de la journée,
03:28 il n'avait plus visage humain.
03:30 "Il est rentré crevé", disait Brigitte, tu m'étonnes.
03:33 Ce qu'il aime, lui, c'est déambuler et répondre à qui le helle sur son passage.
03:37 N'importe qui.
03:38 Lequel se voit sommé par une réponse qui étale une connaissance du dossier,
03:44 y compris les plus techniques.
03:46 Emmanuel Macron est un amnésique
03:48 qui retient tout et qui épate forcément ses interlocuteurs.
03:51 D'autant que c'est quelqu'un comme Jacques Chirac,
03:54 qui adore la charcuterie et il boit pas mal, c'est un grand connaisseur de vin.
03:57 Mais seulement voilà, ce président, sans ancrage territorial,
04:01 épate, c'est vrai les agriculteurs, mais ça ne sera jamais quelqu'un de la famille.
04:05 L'agriculture, il ne l'a pas dans les tripes.
04:08 Et eux, ce qu'ils veulent, c'est des réponses, des vraies, tout de suite.
04:11 On pense au poème d'Apollinaire,
04:14 "comme le temps est lent, mais comme l'impatience est violente".
04:18 Merci Catherine Né.

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