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Vendredi soir, on connaîtra les nouveaux César du cinéma mais Laurent Delmas est circonspect.

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00:00 Clé d'hélicoptère Laurent Delmas, vendredi soir, on connaîtra les nouveaux Césars du cinéma.
00:06 Mais vous semblez inquiet.
00:08 Disons circonspect.
00:09 Rappelons qu'il s'agit pour 4 694 votants de désigner le meilleur du cinéma français
00:16 de l'année passée, avec en prime le meilleur film étranger à leurs yeux.
00:20 Soit au total 260 films de fiction français, sans compter des films d'animation et des
00:26 courts-métrages.
00:27 A quoi il faut donc ajouter plus du double de films étrangers.
00:31 Inutile de dire que parmi les votants, ceux qui ont vu la totalité de ce corpus doivent
00:36 pouvoir se réunir dans une cabine téléphonique.
00:38 Chaque année, des grands et beaux films passent ainsi à la trappe, sans même atteindre le
00:43 seuil des nominations.
00:44 C'est la règle du jeu, me dira-t-on.
00:46 Oui, mais alors d'un jeu injuste et quelque peu faussé.
00:49 Mais que dire surtout du souvenir que nous aurons de tout ce grand batage ? Qui, autour
00:55 de cette table, se souvient du César, du meilleur film de l'année passée, une fois,
01:00 deux fois, trois fois, la nuit du 12 de Dominique Molle ?
01:04 Oui, Dominique Molle, les demi-tours affolés !
01:05 Je joue dedans et j'avais oublié !
01:07 Oui, c'est vrai !
01:08 Merci infiniment !
01:09 Julien Fison, qu'on entendra tout à l'heure !
01:13 Merci beaucoup, ça m'aide !
01:16 Ça aide la démonstration !
01:18 Allez-y, allez-y !
01:19 On le voit, ce n'est pas la qualité du film qui est en cause, simplement nos mémoires
01:23 sélectives et la valse des prix et les palmarès qui confondent vie artistique et compétition.
01:28 Il en vaille d'ailleurs de même pour les Molières, les Victoires, pardon Léa, le
01:31 Prix Goncourt, les Palme d'Or, etc.
01:33 On ne dira pas la robe de Léa !
01:35 Et pourtant, on sera au rendez-vous vendredi soir, devant son petit écran, pour savoir
01:39 si la Reine Justine Trier sera, comme on le lui souhaite, sacrée impératrice, après
01:45 une soirée dont on attend toujours beaucoup et qui remporte inévitablement le César
01:50 de l'émission la plus ennuyeuse de l'année !
01:51 Oui Laurent, mais la crise morale que traverse le cinéma français cette année et ces derniers
01:57 mois ne va-t-elle justement pas briser ce ronron ?
01:59 Rien n'est moins sûr, hélas Léa, tout simplement parce que le 19 janvier dernier,
02:04 le bureau de l'Académie des Césars a publié un communiqué pour annoncer une « non-mise
02:09 en lumière » de personnes qui seraient « mises en cause par la justice », ajoutant que
02:14 « s'il est mis en examen ou condamné pour des faits de violence, notamment à caractère
02:19 sexiste ou sexuel, un participant à un film éligible sera exclu de la cérémonie des
02:24 Césars ».
02:25 Exit par conséquent Samuel Tess, l'un des acteurs principaux de « Anatomie d'une
02:31 chute », justement.
02:32 Il est même celui qui chute dans une sorte de préfiguration vertigineuse.
02:36 Exit puisque depuis janvier dernier, il est visé par une enquête préliminaire après
02:40 une accusation de viol.
02:41 La présomption d'innocence semble s'éloigner, tandis que l'absurde de la situation se
02:46 fait jour.
02:47 Il est interdit de César pour des faits qui se seraient déroulés après la sortie
02:52 du film de Justine Trier et n'ont donc rien à voir avec.
02:56 Passerait-on insensiblement du pays de Descartes et Voltaire à celui de Kafka ?
03:01 Bon, allez, après tout, moi, mon César du cinéma, il est chez Pagnol ou chez Sautet
03:07 et où il a pour visage Montand qui est prêt à tout pour épater la Galerie et sa Rosalie
03:12 en chantant du Bach à tue-tête et c'est bien là l'essentiel.
03:15 Merci Laurent et à mardi prochain.

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