• il y a 9 mois
C’est un moment où le temps semble suspendu, un moment d’harmonie, d’émotion vive : l’écouter est un véritable privilège. Considéré comme l’un des meilleurs violonistes de notre temps, la finesse, l’intensité, et l’élégance de son style ont conquis les salles du monde entier. Une musique classique souvent jugée élitiste qu’il souhaite démocratiser. Lui qui possède et joue désormais avec le fameux violon Vicomte de Panette souhaite aujourd’hui transmettre sa passion à une nouvelle génération ambitieuse et passionnée. Quel regard porte-t-il sur cette nouvelle génération de musiciens ? D’où lui vient ce don pour le violon ? Quels sont ses engagements pour défendre la culture ? Cette semaine Rebecca Fitoussi reçoit le violoniste et chef d’orchestre Renaud Capuçon, dans l’émission d’entretien Un monde, un regard.
Année de Production : 2023

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Transcription
00:00 *Musique*
00:22 Notre invité est un immense violoniste, l'un des plus grands au monde.
00:26 Quand il était petit, son professeur a annoncé à ses parents, qui n'étaient pas musiciens, qu'il avait l'oreille absolue.
00:32 Comprenez bien qu'il est capable, entre autres, de reconnaître une note, un son, comme ça, simplement, juste en l'écoutant.
00:38 Un don, une passion, des répétitions quotidiennes et un entourage compréhensif.
00:43 Tout cela lui a permis d'avoir une carrière hors norme.
00:46 Plus de 100 concerts par an, direction d'orchestre, création de festivals, production d'albums.
00:51 Aujourd'hui, il joue, il dirige, il programme, il fait vivre la musique classique à travers le monde.
00:57 Il la fait partager, il la pense.
00:59 "Mon appréhension de la musique a changé", dit-il.
01:02 "J'ai moins de complexe, je suis plus à même d'ouvrir les vannes."
01:05 Mais alors, est-il arrivé au sommet de son art ? A-t-il l'impression de pouvoir encore progresser ?
01:10 Que lui faudrait-il pour être encore meilleur ? Quelle marche a-t-il encore envie de gravir ?
01:16 Posons-lui toutes ces questions.
01:17 Bienvenue dans "Un monde à ringard", bienvenue Renaud Capuçon.
01:20 Merci d'avoir accepté notre invitation ici au Dôme Tournon au Sénat.
01:23 Est-ce qu'à votre niveau, on peut encore être l'élève de quelqu'un ?
01:27 Est-ce qu'on a encore des petits accros à corriger ?
01:29 Toujours. D'abord, je pense que le jour où on pense qu'on est arrivé ou qu'on n'a plus rien à apprendre,
01:33 il faut tout de suite ranger l'instrument et partir s'isoler quelque part.
01:37 Je pense que le but même d'être un musicien, c'est d'abord d'être un artisan.
01:43 Moi, je me considère comme un artisan avant d'être un artiste.
01:45 Bien sûr que je suis un artiste, mais on passe notre temps à chercher, à essayer d'être meilleur, à peaufiner un détail.
01:52 Donc oui, j'apprends au contact de chefs d'orchestre, j'apprends énormément au contact d'autres collègues musiciens
01:58 et aussi au contact des jeunes.
01:59 Ce qui est assez paradoxal, le fait d'enseigner moi-même depuis 2014 à Lausanne,
02:03 me donne la possibilité, en apprenant aux jeunes musiciens, de réapprendre moi-même.
02:09 C'est un cycle permanent, ce qui fait qu'on se découvre des défauts au fur et à mesure qu'on est dans sa scène.
02:19 J'ai évoqué cette idée d'oreille absolue. Qu'est-ce que c'est précisément ?
02:23 Je l'ai définie rapidement, mais c'est quelque chose qui vous a donné de l'avance par rapport aux autres ?
02:27 Je ne sais pas, j'ai des copains qui n'ont pas d'oreille absolue, qui sont des merveilleux musiciens.
02:31 L'oreille absolue, c'est de reconnaître, si vous jouez une note au piano, on peut reconnaître un la, d'un do.
02:36 Peut-être que ça avantage un tout petit peu au début. J'avais 4 ans, ça m'a peut-être donné un peu plus d'énergie inconsciente,
02:44 mais je ne crois pas que ça change la nature même du musicien.
02:47 Il faut, paraît-il, pour bien jouer du violon, en jouer tous les jours. Est-ce que c'est votre cas ?
02:52 Est-ce que vous jouez encore tous les jours ? Combien d'heures par jour ? Est-ce que c'est toujours un plaisir de jouer ?
02:57 Est-ce que c'est parfois une corvée ?
02:59 Non, là j'ai la chance d'avoir eu toujours envie de jouer.
03:03 Je crois que c'est la clé, c'est le moteur, c'est l'envie.
03:06 Beaucoup travailler, oui. Tous les jours, oui.
03:09 Entre 12 et 25 ans, j'ai travaillé 7 à 8 heures par jour.
03:14 Donc oui, c'est beaucoup, sans beaucoup de vacances, etc.
03:17 Mais c'était une volonté personnelle.
03:18 Aujourd'hui, il y a bien des jours où je ne joue pas, et c'est très nécessaire, parce qu'il faut aussi...
03:24 D'abord, ça décrasse, ça permet de faire comme un détox, et on se sent mieux.
03:29 Là, je vous ai donné un concert hier, et 48 heures avant, j'étais dans mon festival,
03:34 je n'avais pas pu travailler vraiment mon violon de façon quotidienne.
03:37 Vous étiez rouillé ?
03:38 Au contraire, non, j'étais totalement...
03:40 Si vous arrêtez deux semaines, là il faut repasser un petit peu de temps,
03:44 mais quand on s'arrête deux ou trois jours, il n'y a aucun problème.
03:46 Et je dis même à mes élèves, quand ils partent en vacances l'été,
03:49 prenez sur les cinq semaines, prenez de toute façon deux semaines où vous ne touchez pas d'instrument,
03:53 parce que c'est une façon aussi de...
03:55 De revenir plus frais ?
03:56 Exactement, et de l'aimer à nouveau au retour.
03:58 Le violon est votre passion, mais j'ai l'impression qu'il y a aussi un combat chez vous,
04:02 c'est de démocratiser la musique classique, c'est vrai ?
04:05 Oui, alors ce n'est pas une chose...
04:07 Le mot "démocratiser", il peut être aussi pris comme une sorte de...
04:11 Je n'aime pas le populisme en fait, donc ne pas aller jusqu'au populisme en musique.
04:14 Parce que la musique classique, c'est quelque chose d'universel, de beau,
04:18 comme un tableau peut être partagé par tout le monde,
04:21 une œuvre de Brahms ou de Mozart peut être aimée par tout le monde.
04:23 Donc c'est simplement...
04:24 Peut-être que les générations d'avant étaient un peu plus compassées,
04:28 on était un peu plus dans un entre-soi,
04:30 et j'aime l'idée que la musique est pour tout le monde.
04:32 Donc quand j'enregistre, comme je viens de faire un disque de musique de film,
04:35 c'est aussi une façon, une main tendue en disant
04:38 "Je joue Brahms, Mozart, Schubert et de la musique d'aujourd'hui,
04:41 mais je peux aussi jouer de la musique de film."
04:43 Et ça permet parfois à un public de venir à l'Olympia,
04:46 alors qu'il ne viendrait pas à la Philharmonie.
04:48 Mais est-ce qu'on peut tous être sensibles à la musique classique
04:51 ou est-ce qu'il faut quand même une oreille un peu éduquée ?
04:53 Vous parliez des tableaux.
04:55 Finalement, quand on connaît un peu le contexte d'une oeuvre,
04:57 l'histoire d'un peintre, on est quand même beaucoup plus sensibles à l'oeuvre.
05:00 Est-ce que c'est le cas aussi pour la musique classique ?
05:03 Ou est-ce qu'on est dans l'émotion pure ?
05:04 Je pense que la différence avec le tableau,
05:07 et moi-même j'ai parfois un complexe quand je vais au musée,
05:11 parce que je me trouve dans des oeuvres incroyables
05:13 et j'ai l'impression que je ne comprends pas.
05:15 Donc je comprends très bien le spectateur
05:18 qui va avoir cette peur-là au concert.
05:20 La grande différence, c'est que la musique,
05:22 dans la plupart des cas de gens qui viennent pour la première fois,
05:26 vous emmène et vous procure une émotion qui est sensorielle.
05:29 Vous pouvez me dire, c'est la même chose avec un tableau.
05:31 Ça me semble plus abstrait avec un tableau,
05:34 si vous n'avez pas la connaissance intellectuelle.
05:36 En tout cas, moi je suis pour emmener des enfants,
05:39 des gens de toute génération et toute catégorie sociale au concert.
05:42 Mais vous êtes d'accord que c'est quand même encore un public averti,
05:45 éduqué, hautement éduqué ?
05:47 Non, je crois que vraiment la Philharmonie de Paris a montré,
05:51 a prouvé l'inverse.
05:52 Je me souviens des conversations enflammées
05:56 au moment de la construction de la Philharmonie
05:58 avec tous les gens qui disaient,
05:59 "Mais personne n'ira là-bas, c'est le bout du monde,
06:02 c'est très loin, on ne peut pas se garer."
06:03 J'en passe, et des meilleurs.
06:05 Et finalement, les concerts sont pleins, c'est un succès formidable.
06:08 Avec tous les publics ?
06:10 Le public est extrêmement varié.
06:13 La pléielle qui était la salle avant pour le classique,
06:16 la Philharmonie a remplacé pléiel,
06:18 les gens étaient plutôt mieux habillés.
06:20 Aujourd'hui, vous avez des gens qui sont en costume cravate
06:22 et la majeure partie des gens sont habillés
06:24 de façon totalement décontractée.
06:26 Il y a beaucoup de jeunes, et c'est une réussite totale.
06:29 Parce que ce dont on parle me fait beaucoup penser à cette scène
06:32 dans le film "Intouchables" avec Omar Sy et François Cluzet.
06:35 Vous souriez, je suis sûre que vous savez de quoi je parle.
06:37 Il y a cette scène notamment où François Cluzet
06:40 parle musique classique, parle de sa passion,
06:42 et Omar Sy qui lui écoute plutôt du funk,
06:44 est assez insensible à ce style de musique,
06:47 il lui dit "Moi Mozart, Brahms, c'est la musique des assédiques,
06:50 le répondeur des assédiques".
06:51 On a quand même deux univers qui ont du mal à se rejoindre.
06:54 Oui, c'est bien sûr un peu caricatural,
06:56 même si ça m'arrive parfois,
06:59 quelqu'un me dit "Ah mais vous avez joué à Nair, je le connais".
07:02 On ne peut pas échapper à ça, et ce n'est pas grave.
07:05 Mais je pense que c'est pour cette raison aussi
07:07 que ces gens-là n'osent pas aller au concert,
07:09 parce qu'ils ont peur du jugement.
07:11 Et moi, j'ai toujours beaucoup d'indulgence
07:13 quand les gens applaudissent entre les mouvements.
07:15 J'ai eu une situation un jour où le public connaisseur
07:18 disait "chute" pendant que les gens applaudissaient
07:20 pendant les mouvements.
07:21 Et c'est à tel point que ça montait un peu,
07:24 l'atmosphère dans la salle,
07:25 j'ai pris la parole à la fin en disant "Vous savez,
07:28 quand des applaudissements ont lieu comme ça,
07:31 de façon spontanée, moi je suis très heureux,
07:33 parce que ça veut dire qu'il y a un public qui est nouveau.
07:35 Et donc j'ai envie de dire bienvenue".
07:37 Un public nouveau qui ne connaît pas les règles,
07:38 qui ne connaît pas les codes.
07:39 Ce sont des codes tacites ?
07:41 Oui, le code tacite, c'est quand vous avez une œuvre
07:44 de quatre mouvements, vous applaudissez pas
07:45 entre les mouvements, vous applaudissez à la fin.
07:47 Mais si ce sont des gens qui ont été habitués
07:49 à aller écouter des concerts de variété
07:51 où le format c'est trois minutes,
07:52 ils applaudissent quand ça s'arrête.
07:54 Et c'est très logique aussi.
07:55 Alors si nous on réagit de façon...
07:57 Et puis c'est spontané.
07:58 Et c'est spontané.
07:59 Si on réagit nous de façon abrupte,
08:01 on peut être sûr que ces gens ne reviendront
08:03 plus jamais au concert.
08:04 Donc ça passe par d'innombrables petits signaux comme ça,
08:07 qui font que quand même l'interprète est aussi responsable.
08:10 Parmi les disques que vous avez sortis,
08:12 vous en avez parlé, il y a "Cinéma",
08:14 album hommage au grand écran,
08:15 avec des arrangements sur des musiques de films
08:17 comme "La Lise de Schindler", "Légende d'automne",
08:19 "Le fabuleux destin" d'Amélie Poulain.
08:20 Et au sujet de cet album, vous aviez dit
08:22 une chose que j'ai trouvée intéressante.
08:24 Il y a 20 ans, si l'on m'avait proposé
08:26 d'enregistrer un disque de bande originale de film,
08:28 j'aurais répondu "Ah non, que va-t-on penser de moi ?"
08:31 J'étais extrêmement fermée.
08:32 Ma bulle, je l'ai faite éclater au moment
08:34 où j'ai rencontré ma femme, Laurence Ferrari.
08:36 Vivre avec quelqu'un qui n'est pas musicien m'a ouverte.
08:39 Ça veut dire qu'au départ, c'est peut-être
08:41 un monde quand même un peu fermé,
08:43 où ça l'était, ça ne l'est plus ?
08:44 - Je pense que... J'ai emplayé le mot de bulle,
08:46 parce que quand j'ai rencontré mon épouse,
08:48 elle m'a dit "Mais en fait, ça fait 20 ans
08:49 que tu vis dans une bulle."
08:50 Parce que j'avais beau être connecté
08:52 avec l'extérieur, bien sûr, et avec l'actualité,
08:54 j'ai toujours été passionné de politique, par exemple,
08:56 mais comme je fréquentais à 99% des musiciens,
08:59 j'étais dans une bulle, mais c'est comme
09:01 si vous êtes médecin et que vous ne voyez que des médecins.
09:03 À un moment donné, vous êtes dans une sorte de bulle.
09:05 Et le fait de ne connaître que des gens
09:07 qui ne faisaient qu'écouter de la musique classique,
09:09 j'étais effectivement un peu hermétique à tout le reste.
09:12 Et j'ai appris à m'ouvrir beaucoup plus,
09:16 et j'ai beaucoup reçu des gens de l'extérieur,
09:19 j'ai beaucoup compris comment ils fonctionnaient.
09:21 Et oui, je pense que la musique de film
09:23 peut être un moyen merveilleux
09:25 pour tendre la main à des gens
09:27 qui ne connaissent pas forcément la musique classique.
09:29 - De quel film auriez-vous aimé composer la musique ?
09:32 - Peut-être Cinéma Paradiso,
09:34 parce que la musique de Morricone est absolument incroyable.
09:37 Ou, par exemple, la musique du Mépris de Delerue,
09:40 ou ces musiques qui vous emmènent
09:43 instantanément dans un univers différent.
09:46 - Vous êtes un peu à part dans cet univers.
09:48 Le journal Le Monde vous a qualifié un jour
09:50 de véritable entrepreneur, amateur de politique et de mondanité.
09:52 Il a un agenda de ministre,
09:54 une discipline d'athlète de haut niveau,
09:56 un carnet d'adresse rempli de noms de grands patrons.
09:58 Qui est-il dans ce carnet d'adresse ?
10:00 - C'est un peu caricatural.
10:02 Une vie de mondanité,
10:04 c'est vraiment l'opposé de ce que je suis.
10:06 Je me suis défini tout de suite dans cet entretien
10:08 comme un artisan et un artiste.
10:10 Il se trouve que par mon métier,
10:12 je rencontre des gens qui sont
10:14 des gens très connus ou des gens très importants,
10:16 comme des présidents, des pays...
10:18 - Et des patrons d'entreprise.
10:20 - Mais le but n'est pas de faire des mondanités.
10:22 Le but est de faire toujours fonctionner la musique.
10:25 Si je rencontre un patron d'entreprise,
10:27 mon idée, c'est comment faire pour qu'il s'intéresse à la musique.
10:29 Créer des liens.
10:31 - Pour qu'au final, il investisse, parce qu'on a besoin de ses mécènes.
10:33 - Oui, mais je pense que c'est une sensibilité.
10:35 C'est essayer de faire en sorte que
10:37 partout dans notre monde,
10:39 la société d'aujourd'hui...
10:41 Je vous parlais tout à l'heure du public.
10:43 Mais ça passe aussi par des investisseurs,
10:45 ça passe aussi par des mécènes,
10:47 ça passe par des politiques.
10:49 Et mon rôle, finalement,
10:51 si vous prenez quelqu'un comme Rostropovich
10:53 ou comme Barenboim
10:55 ou comme Menuhin,
10:57 ce sont pour moi des exemples,
10:59 des phares qui éclairent,
11:01 qui illuminent et qui rassurent.
11:03 Et qui ont fait, qui ont joué ce rôle-là.
11:05 Barenboim
11:07 allait parler à Angela Merkel,
11:09 il a parlé à beaucoup de politiques,
11:11 il a rencontré le pape.
11:13 A chaque fois, c'était pas pour dire "j'ai rencontré telle personne",
11:15 mais c'était pour s'investir.
11:17 Et chaque fois que j'ai l'occasion ou la possibilité
11:19 de rencontrer des gens de cette
11:21 notoriété ou de cette importance,
11:23 c'est toujours pour que la musique
11:25 puisse grandir
11:27 et je pense que c'est
11:29 important d'avoir des gens comme nous.
11:31 - Alors vous êtes né un 27 janvier,
11:33 comme Mozart, on vous le dit souvent.
11:35 - Oui, sauf que je réponds toujours que lui n'est pas au courant,
11:37 donc ça change pas grand-chose.
11:39 - En tout cas, c'est comme si votre destin de musicien
11:41 était écrit, et pourtant non.
11:43 Aucun musicien professionnel dans votre famille.
11:45 Votre père, qui travaille dans l'administration
11:47 des douanes, et votre mère, qui s'occupe
11:49 de ses trois enfants, apprennent à aimer la musique classique
11:51 en allant au Festival des Arcs,
11:53 loin de chez vous, et en regardant le Grand Échiquier
11:55 à la télévision, il vous inscrit,
11:57 vous, votre grande soeur et votre petit frère
11:59 à des cours de musique. Il se trouve que votre frère,
12:01 Gautier et vous, allez en faire votre métier.
12:03 Gautier Capuçon est un très grand violoncelliste,
12:05 vous un très grand violoniste,
12:07 votre soeur a préféré devenir orthophoniste,
12:09 autre histe, et votre carrière
12:11 dans la musique tient à peu de choses,
12:13 finalement, à ce Festival des Arcs ?
12:15 - Oui, ça tient à peu de choses. Ça tient au fait
12:17 qu'à peu de choses, et énormément
12:19 de choses, dans le sens où mes parents ont eu cette
12:21 envie, surtout ma mère,
12:23 de nous faire découvrir la musique,
12:25 d'abord ma soeur, puis moi, et puis mon frère
12:27 ensuite. Ils ont découvert
12:29 eux-mêmes la musique dans ce Festival des Arcs
12:31 qui était, par géographie,
12:33 pas loin de chez eux, c'était des concerts gratuits,
12:35 et puis, il y avait Chancel,
12:37 Jacques Chancel, qui est devenu ensuite mon meilleur ami,
12:39 un de mes meilleurs amis, et à qui j'ai passé des
12:41 heures à parler, jusqu'à son départ.
12:43 Ils découvrent le Grand Échiquier de Chancel,
12:47 et je pense que l'association des deux,
12:49 ils vivent dans une petite ville de province à Chambéry,
12:51 où il y a un petit orchestre,
12:53 où il y a des concerts, ils nous emmènent.
12:55 Et moi, je tombe vraiment
12:57 dans la marmite, c'est-à-dire que, immédiatement,
12:59 la musique devient
13:01 à la fois un refuge,
13:03 une façon de m'exprimer. Je pense que
13:05 si je fais un peu d'introspection, sans faire une
13:07 psychanalyse à trois sous,
13:09 j'étais un gamin assez doué,
13:11 mais pas plus qu'un autre, mais extrêmement
13:13 concentré. - D'accord. - J'avais,
13:15 maintenant, je vois des jeunes, des enfants,
13:17 et j'ai moi-même un fils,
13:19 ce que j'avais peut-être de différent, c'était la capacité
13:21 de focus, de concentration,
13:23 qui m'a permis d'aller plus vite, et puis je savais où j'allais.
13:25 Et donc, oui,
13:27 la chance d'avoir des parents qui
13:29 soutiennent, qui comprennent cette
13:31 passion, qui ne m'obligent pas à faire
13:33 des maths ou maths sup, ou je ne sais quoi,
13:35 ou de faire d'autres études, parce qu'il faut
13:37 faire, il ne faut pas être musicien, donc
13:39 qui respectent le fait qu'à huit ans,
13:41 je décide d'être violoniste, et ils me disent
13:43 "Ok, banco". - Oui, parce que c'est
13:45 effectivement à l'âge de 7-8 ans que vous dites à tout le monde
13:47 que vous voulez être violoniste, alors qu'au départ, vous vouliez
13:49 être skieur. - Oui, je voulais être skieur l'hiver,
13:51 et violoniste été, ce qui est un peu complexe.
13:53 - C'est pas mal, quand même. Et dès la quatrième, vous partez
13:55 à Paris, vous êtes admis au conservatoire,
13:57 vous êtes le plus jeune de votre classe, le plus petit
13:59 de taille, j'ai lu qu'on vous appelait
14:01 Caliméro, ça m'a intrigué, je me suis
14:03 demandé, même si on, si vous n'étiez pas
14:05 moqué, alors on parle aujourd'hui de harcèlement,
14:07 c'était cet ordre-là ? - Ouais, c'est drôle,
14:09 vous me posez cette question. On était
14:11 pour certains, clairement dans le harcèlement,
14:13 pas pour Caliméro, c'était vraiment des potes
14:15 qui m'appelaient comme ça, c'était plutôt sympathique,
14:17 c'est ceux qui me protégeaient d'ailleurs.
14:19 - Qui vous protégeait ? De qui ? - Bah, vous savez,
14:21 au conservatoire, j'avais 14 ans, la plupart
14:23 en avaient 18-19, j'étais vraiment
14:25 le plus jeune cette année-là, et
14:27 c'est facile de se moquer d'un gamin
14:29 de 14 ans, j'étais très, à la fois très
14:31 en avance sur le côté
14:33 violon, et j'avais 14 ans,
14:35 donc j'étais un gamin qui venait de la province,
14:37 et oui,
14:39 c'est la première fois qu'on me pose cette question,
14:41 et si je me refais
14:43 le film, je revois
14:45 une ou deux situations, oui, de harcèlement,
14:47 dans le sens de moqueries
14:49 gratuites, juste
14:51 sur ma taille, mon âge, et le fait que
14:53 j'étais sans armes
14:55 pour me défendre, et des humiliations
14:57 que j'ai pas oubliées, d'ailleurs.
14:59 - Et quand vous entendez aujourd'hui tout ce
15:01 qui se dit et ce qui se fait
15:03 autour du harcèlement, ça vous touche ? Vous avez été touché
15:05 par les discours que vous avez pu entendre ?
15:07 - Oui, je pense que c'est essentiel, parce que
15:09 c'est toujours la même chose,
15:11 ça peut partir
15:13 d'une blague, d'une chose simple,
15:15 d'une chose simple, d'une chose
15:17 qui ne sent le rien,
15:19 pour ceux qui sont harcèleurs, sauf si
15:21 dans des cas extrêmement
15:23 vraiment graves, mais
15:25 très souvent, finalement, on peut
15:27 être même dans un groupe,
15:29 et être soi-même
15:31 harcèleur sans le rendre compte, donc je pense que c'est très important
15:33 que les choses soient dites,
15:35 parce que l'école est dans une époque
15:37 où je pense qu'on peut plus dire les choses,
15:39 et on a une capacité maintenant à
15:41 voir les problèmes avec un peu plus de recul
15:43 qu'à l'époque, où finalement,
15:45 quelqu'un qui serait allé se plaindre d'une chose comme ça,
15:47 on se serait moqué de lui.
15:49 - À l'allure de celui que vous êtes aujourd'hui,
15:51 quel conseil donneriez-vous aux petits garçons
15:53 ou aux jeunes ados qui vont se lancer,
15:55 qui s'apprêtent à se lancer dans la vie ? - Je le fais avec mes élèves,
15:57 je le fais avec des jeunes que je rencontre,
15:59 je leur dis surtout, n'abandonnez jamais vos rêves,
16:01 soyez extrêmement
16:03 vigilants sur ce qui brille.
16:05 Le problème d'un musicien, c'est
16:07 un métier de spectacle,
16:09 de concert, et vous avez
16:11 autant de flatteurs
16:13 et de gens qui vous disent toute la journée que vous êtes géniaux,
16:15 vous en avez beaucoup plus que de gens qui vous remettent
16:17 dans le droit chemin. - D'accord.
16:19 - Donc de savoir... - Bien s'entourer.
16:21 - Bien s'entourer, et surtout ne pas choisir
16:23 la facilité, pas choisir
16:25 ce qui brille forcément,
16:27 analyser les choses, et
16:29 moi mon rôle dans cette petite société
16:31 que j'ai créée qui s'appelle BOSPHAR Production, c'est justement
16:33 de conseiller les jeunes
16:35 et de leur éviter des...
16:37 parfois des chemins de travers
16:39 qui pourraient les amener vraiment
16:41 à des catas. Ça arrive parfois que des jeunes
16:43 se perdent complètement parce que
16:45 ils ont un entourage
16:47 qui passe toute la journée à leur dire qu'ils sont extraordinaires
16:49 alors qu'ils n'ont encore rien fait.
16:51 Moi j'ai une phrase très simple pour ces jeunes
16:53 qui parfois ont la tête qui gonfle
16:55 un peu trop vite, et je leur dis
16:57 tu sais en fait c'est très simple,
16:59 on est que des interprètes.
17:01 Donc le jour où on va...
17:03 J'ai adressé un jeune il n'y a pas longtemps,
17:05 je lui ai dit le jour où on disparaît en fait,
17:07 toi comme moi, au mieux on a deux lignes dans un journal,
17:09 local, national, si vraiment
17:11 on est un peu plus connu, la maison de disques
17:13 si elle est encore... elle existe encore au moment
17:15 où on meurt, elle fait une petite compile,
17:17 et basta cosi, c'est fini.
17:19 Et on disparaît, mais instantanément.
17:21 Ça remet quand même
17:23 des choses... donc ça les calme un peu.
17:25 Moi j'ai réalisé ça très tôt,
17:27 et ça me donne
17:29 un regard comme ça sur les choses
17:31 assez simple, et encore une fois, quand on se considère
17:33 comme artisan,
17:35 au service des musiciens, l'humilité
17:37 elle est essentielle.
17:39 - Pourtant il vous est arrivé des choses incroyables à 20 ans,
17:41 c'est une anecdote que j'ai trouvé extraordinaire,
17:43 vous êtes auditionné par Daniel Barenboim,
17:45 vous en parliez tout à l'heure, pianiste et chef d'orchestre
17:47 israélo-argentin, pendant l'audition
17:49 il vous arrête et vous demande de rejouer.
17:51 Et il vous dit ceci,
17:53 "c'était tellement bien la première fois que je voulais savoir
17:55 si c'était le fait du hasard.
17:57 Ma secrétaire vous rappelle demain pour aller à Chicago."
17:59 - Oui c'est drôle, j'en ai reparlé
18:01 il n'y a pas longtemps, on se parle très régulièrement
18:03 avec Daniel qui est un ami, et je lui ai rappelé
18:05 cette anecdote, et il a explosé de rire
18:07 en me disant "oui c'est bien mon genre".
18:09 Moi j'étais tétanisé,
18:11 parce que j'avais 20 ans, 19 ans,
18:13 à Berlin, dans une salle de l'opéra,
18:15 je joue pour Daniel Barenboim, il arrive
18:17 entre deux répétitions, super
18:19 pressé, etc., il me dit "je vous écoute,
18:21 je joue le concerto de Beethoven", et il se passe
18:23 cette chose-là, je joue deux pages,
18:25 il me dit "merci beaucoup, est-ce que vous pouvez reprendre s'il vous plaît ?"
18:27 Et dans ce cas-là, ça veut dire que c'est foutu.
18:29 - Oui, c'est que...
18:31 - Et je pense qu'il voulait tester à la fois
18:33 mes nerfs, ma résistance physique,
18:35 de voir ce que j'avais dans le ventre,
18:37 et voilà, et on est devenus
18:39 des amis depuis, mais
18:41 c'est vrai que c'est un... c'est comme tout métier.
18:43 - Mais là on se dit qu'on est quand même à part,
18:45 qu'on a un talent. - Non, je pense
18:47 que le jour où on se dit qu'on est à part,
18:49 c'est là où tout commence à foirer.
18:51 Non, vraiment, je crois...
18:53 - Ah mais je vous crois, vous avez l'air...
18:55 - Je crois que le...
18:57 Bien sûr que c'est grisant de rencontrer des gens
18:59 extrêmement connus, d'avoir cette vie,
19:01 mais c'est pas les paillettes,
19:03 c'est le...
19:05 le cœur du réacteur, c'est la musique.
19:07 Et donc, de rencontrer
19:09 Barrenbaum ou Abbado ou Giulini ou Marta Aguirre,
19:11 ce sont des gens qui
19:13 servent la musique. Et à leur contact,
19:15 vous apprenez à être encore plus humble,
19:17 parce qu'ils sont tellement hallucinants,
19:19 ils sont des gens qui sont tout petits.
19:21 - En préparant cette émission, on s'est aperçu que le classique
19:23 réunissait souvent des fratries. C'est même assez troublant.
19:25 On a quelques exemples. Camille et Julie Berthollet,
19:27 violon et violoncelle.
19:29 Zahia Ziouani et sa sœur Fethouma,
19:31 chef d'orchestre et violoncelliste.
19:33 Katia et Marielle Labeck, pianistes toutes les deux.
19:35 Votre frère et vous, c'est étonnant quand vous vous l'expliquez.
19:37 Vous y avez déjà réfléchi ?
19:39 - Il y a d'innombrables autres exemples, bien sûr.
19:41 C'est assez étonnant.
19:43 Et moi, j'aime cet exemple des sœurs Labeck
19:45 parce qu'on les connaît depuis
19:47 25 ans maintenant, sont des amis et vraiment proches.
19:49 Et j'admire leur capacité
19:51 à avoir
19:53 traversé les années
19:55 en étant
19:57 toujours en train d'apprendre,
19:59 de chercher. Elles commandent des œuvres,
20:01 elles travaillent des heures et des heures.
20:03 Pour moi, c'est un exemple incroyable.
20:05 Et Gauthier et moi, on a beaucoup joué ensemble.
20:07 On a arrêté d'un coup, et donc forcément, les gens pensaient
20:09 qu'on se faisait la gueule, ce qui n'était pas le cas.
20:11 Simplement, on a arrêté d'un coup de jouer ensemble
20:13 parce qu'on ne voulait pas être assimilés au fait d'être frères.
20:15 Et la différence avec Gauthier et Marielle,
20:17 c'est que nous, on est deux personnalités
20:19 qui jouons des carrières séparées.
20:21 Gauthier et Marielle ne jouent quasiment qu'ensemble.
20:23 Et on ne voulait pas avoir d'étiquette
20:25 de frères uniquement.
20:27 Bien sûr qu'on est frères et qu'on rejouera ensemble.
20:29 - Vous expliquez que souvent, les fratries
20:31 jouent bien et ont des carrières
20:33 incroyables ?
20:35 - Je pense que c'est inhérent au fait
20:37 d'abord d'un phénomène d'imitation,
20:39 d'envie de la fratrie
20:41 de jouer ensemble.
20:43 Au début, c'est simplement les parents qui disent
20:45 "toi tu joues du violon, toi tu joues du violoncelle"
20:47 et puis finalement, ça se transforme en une
20:49 joie, un plaisir de jouer ensemble
20:51 parce que c'est quand même une des choses les plus géniales de la vie
20:53 de jouer avec son frère.
20:55 - J'ai un document à vous proposer, alors ne vous inquiétez pas,
20:57 je vais vous le lire et je vais préciser pour nos téléspectateurs
20:59 pour ceux qui nous écoutent. C'est un document
21:01 qui nous a été transmis par nos partenaires, les Archives Nationales.
21:03 Je suis sûre qu'il va vous plaire. Il s'agit du testament
21:05 de Jean-Auguste Dominique Ingres,
21:07 immense peintre du 19ème siècle, mais aussi
21:09 enseignant, sénateur et
21:11 violoniste. Il a même été 2ème violon
21:13 à l'orchestre du Capitole de Toulouse
21:15 et de ce loisir est né l'expression
21:17 "violon d'Ingres". Dans ce testament
21:19 que vous avez là, sous les yeux,
21:21 il lègue son violon à sa ville
21:23 natale. - Incroyable. - Est-ce que vous,
21:25 vous savez déjà ce que vous
21:27 ferez de vos violons ? Est-ce que vous les lègrez ?
21:29 - Ah bah, le violon que
21:31 j'ai toujours pas fini de payer, il faut déjà
21:33 que j'arrive à terminer de le payer, ça va prendre encore
21:35 un certain nombre d'années et le jour
21:37 où il sera enfin à moi, j'espère que je serai pas trop
21:39 vieux, mais
21:41 je me suis pas encore vraiment posé la question,
21:43 mais je pense que je le lègrerai
21:45 à ma famille, sauf si
21:47 je dois le
21:49 vendre pour X raisons, et
21:51 dans ce cas-là, se posera évidemment la question
21:53 de le vendre, moi je
21:55 préférais mille fois le vendre à un musicien
21:57 qu'à un investisseur. - Qu'est-ce
21:59 qu'il représente le violon pour vous ?
22:01 C'est un partenaire ?
22:03 C'est un doudou ?
22:05 Qu'est-ce que c'est ?
22:07 Un partenaire, oui, c'est
22:09 ma façon d'exprimer,
22:11 même si aujourd'hui je dirige aussi, je n'ai pas
22:13 mon violon et j'arrive à m'exprimer aussi. - Mais ça vous le personifie ?
22:15 Est-ce qu'on en fait presque
22:17 un être à part entière ? Est-ce qu'on
22:19 dort à côté ? - Il est pas très loin
22:21 de moi,
22:23 pour des raisons de sécurité,
22:25 et des raisons aussi un peu... Oui,
22:27 vous avez dit "doudou", c'est drôle, j'ai jamais pensé, mais c'est un peu ça.
22:29 On est
22:31 rassuré, au-delà
22:33 de ça, je m'exprime avec cet instrument depuis plus
22:35 de 20 ans maintenant, et depuis,
22:37 avec le violon, depuis 44 ans,
22:39 parce que j'ai commencé à 4 ans, ça fait quand même
22:41 des années. - Vous provenez sans violon, là vous êtes venu sans,
22:43 par exemple. - Bien sûr. - Vous arrivez à vous en séparer ?
22:45 - Tu sais, je suis assez normal. - Il se dit
22:47 que lors d'un déjeuner en présence de Jacques Chirac,
22:49 vous auriez demandé à l'ancien président de bien vouloir
22:51 se laver les mains avant de toucher votre violon,
22:53 vous auriez même jeté un froid
22:55 que Chirac a lui-même brisé
22:57 en éclatant de rire et en allant, effectivement,
22:59 se laver les mains avant de toucher le violon. C'est un mythe ?
23:01 - C'est absolument vrai, c'était un déjeuner en Savoie,
23:03 avec des skieurs, des champions de ski,
23:05 et un violoniste,
23:07 et il voulait voir le violon,
23:09 le président, et donc, je prends le violon,
23:11 il tend ses mains, et comme on venait de manger du fromage,
23:13 je lui ai demandé simplement de se...
23:15 Donc il s'est essuyé les mains,
23:17 et c'est vrai que ça a jeté un froid absolument incroyable,
23:19 je pense que tous les skieurs ont pensé que j'étais
23:21 d'une arrogance totale,
23:23 mais je l'ai fait avec beaucoup de respect,
23:25 et Chirac a été génial, parce qu'il a répondu
23:27 "mais vous n'imaginez pas, c'est un instrument extrêmement précieux,
23:29 et mon ami Étienne Batelot, etc."
23:31 Et finalement, ça a détendu totalement la tonneuse.
23:33 - Il vous a complètement compris en fait,
23:35 il a compris votre rapport à ce violon.
23:37 J'ai des photos à vous proposer,
23:39 ça fait partie des rituels de cette émission.
23:41 Voici la première,
23:45 c'est quelqu'un que vous connaissez bien,
23:47 puisque vous partagez votre vie avec elle,
23:49 la journaliste Laurence Ferrari.
23:51 Est-ce que c'est vrai que vous ne l'aviez jamais vue à l'écran,
23:53 lorsque vous la rencontrez ? - Jamais.
23:55 - Vous ne la connaissiez pas ?
23:57 - Non, je ne l'avais pas vue.
23:59 - Vous ne l'avez pas vue ?
24:01 - Non, je ne l'avais pas vue.
24:03 - Vous ne l'avez pas vue ?
24:05 - Non, je ne l'ai pas vue.
24:07 - Vous ne l'avez pas vue ?
24:09 - Non, je ne l'ai pas vue.
24:11 - Vous ne l'avez pas vue ?
24:13 - Non, je ne l'ai pas vue.
24:15 - Vous ne l'avez pas vue ?
24:17 - Non, je ne l'ai pas vue.
24:19 - Vous ne l'avez pas vue ?
24:21 - Non, je ne l'ai pas vue.
24:23 - Vous ne l'avez pas vue ?
24:25 - Vous ne l'avez pas vue ?
24:27 - Non, je ne l'ai pas vue.
24:29 - Vous ne l'avez pas vue ?
24:31 - Non, je ne l'ai pas vue.
24:33 - Vous ne l'avez pas vue ?
24:35 - Non, je ne l'ai pas vue.
24:37 - Vous ne l'avez pas vue ?
24:39 - Non, je ne l'ai pas vue.
24:41 - Vous ne l'avez pas vue ?
24:43 - Non, je ne l'ai pas vue.
24:45 - Vous ne l'avez pas vue ?
24:47 - Non, je ne l'ai pas vue.
24:49 - Vous ne l'avez pas vue ?
24:51 - Non, je ne l'ai pas vue.
24:53 - Vous ne l'avez pas vue ?
24:55 - Non, je ne l'ai pas vue.
24:57 - Vous ne l'avez pas vue ?
24:59 - Non, je ne l'ai pas vue.
25:01 - Vous ne l'avez pas vue ?
25:03 - Non, je ne l'ai pas vue.
25:05 - Vous ne l'avez pas vue ?
25:07 - Non, je ne l'ai pas vue.
25:09 - Vous ne l'avez pas vue ?
25:11 - Non, je ne l'ai pas vue.
25:13 - Vous ne l'avez pas vue ?
25:15 - Non, je ne l'ai pas vue.
25:17 - Vous ne l'avez pas vue ?
25:19 - Non, je ne l'ai pas vue.
25:21 - Vous ne l'avez pas vue ?
25:23 - Non, je ne l'ai pas vue.
25:25 - Vous ne l'avez pas vue ?
25:27 - Non, je ne l'ai pas vue.
25:29 - Vous ne l'avez pas vue ?
25:31 - Non, je ne l'ai pas vue.
25:33 - Vous ne l'avez pas vue ?
25:35 - Non, je ne l'ai pas vue.
25:37 - Vous ne l'avez pas vue ?
25:39 - Non, je ne l'ai pas vue.
25:41 - Vous ne l'avez pas vue ?
25:43 - Non, je ne l'ai pas vue.
25:45 - Vous ne l'avez pas vue ?
25:47 - Non, je ne l'ai pas vue.
25:49 - Vous n'avez pas vue ?
25:51 - Non, je n'ai pas vue.
25:53 - Vous n'avez pas vue ?
25:55 - Non, je n'ai pas vue.
25:57 - Vous n'avez pas vue ?
25:59 - Non, je n'ai pas vue.
26:01 - Vous n'avez pas vue ?
26:03 - Non, je n'ai pas vue.
26:05 - Vous n'avez pas vue ?
26:07 - Non, je n'ai pas vue.
26:09 - Vous n'avez pas vue ?
26:11 - Non, je n'ai pas vue.
26:13 - Vous n'avez pas vue ?
26:15 - Non, je n'ai pas vue.
26:17 - Vous n'avez pas vue ?
26:19 - Non, je n'ai pas vue.
26:21 - Vous n'avez pas vue ?
26:23 - Non, je n'ai pas vue.
26:25 - Vous n'avez pas vue ?
26:27 - Non, je n'ai pas vue.
26:29 - Vous n'avez pas vue ?
26:31 - Non, je n'ai pas vue.
26:33 - Vous n'avez pas vue ?
26:35 - Non, je n'ai pas vue.
26:37 - Vous n'avez pas vue ?
26:39 - Non, je n'ai pas vue.
26:41 - Vous n'avez pas vue ?
26:43 - Non, je n'ai pas vue.
26:45 - Vous n'avez pas vue ?
26:47 - Non, je n'ai pas vue.
26:49 - Vous n'avez pas vue ?
26:51 - Non, je n'ai pas vue.
26:53 - Vous n'avez pas vue ?
26:55 - Non, je n'ai pas vue.
26:57 - Vous n'avez pas vue ?
26:59 - Non, je n'ai pas vue.
27:01 - Vous n'avez pas vue ?
27:03 - Non, je n'ai pas vue.
27:05 - Vous n'avez pas vue ?
27:07 - Non, je n'ai pas vue.
27:09 - Vous n'avez pas vue ?
27:11 - Non, je n'ai pas vue.
27:13 - Je pense que c'est vraiment ce que j'essaie de faire passer aux jeunes.
27:17 Je pense que c'est une chose qui est extrêmement importante, en tout cas si on veut durer sur le long terme.
27:23 Si on veut simplement être une star et durer trois ans, alors ils n'ont pas besoin de mes conseils.
27:27 Et donc prudence, sagesse et éloquence, je pense qu'en musique, l'éloquence fait partie de la rhétorique.
27:33 - Merci Renaud Capuchon d'avoir été avec nous dans cette émission.
27:36 Merci d'avoir partagé ce beau moment et merci à vous de nous avoir suivis comme chaque semaine.
27:40 Et je rappelle que vous êtes à l'Olympia le 10 mars prochain.
27:43 Merci Renaud Capuchon.
27:44 - Merci à vous.
27:45 - A très bientôt.
27:46 [Musique]

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