En Vendée, tous les habitants s'en rendent compte : petit à petit l'océan grignote le littoral. Le phénomène est naturel mais amplifié par le réchauffement climatique. A horizon 2 100, 43 000 logements pourraient être détruits en Vendée, rattrapés par les eaux.
C'est la raison pour laquelle le Vice-président (LR) du Sénat, Didier Mandelli s'est engagé sur ce sujet. Sur le terrain il part à la rencontre de ceux qui observent et luttent tous les jours contre ce phénomène avec des moyens parfois inédits. Des initiatives qui l'aideront, ensuite, à faire la loi. Année de Production :
C'est la raison pour laquelle le Vice-président (LR) du Sénat, Didier Mandelli s'est engagé sur ce sujet. Sur le terrain il part à la rencontre de ceux qui observent et luttent tous les jours contre ce phénomène avec des moyens parfois inédits. Des initiatives qui l'aideront, ensuite, à faire la loi. Année de Production :
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00:00Vous voyez la liste des victimes, des familles entières décimées.
00:18Ce sont des vies fauchées par la mer, par la tempête Xintia, dans des conditions atroces.
00:28Mon engagement au Sénat, à partir de 2014, s'est beaucoup inspiré de ce drame vécu par les familles vendéennes.
00:39Didier Mandely, sénateur LR depuis 2014, vice-président du Sénat.
00:45Son combat, la lutte contre l'érosion du littoral en Vendée et ses conséquences parfois dramatiques.
00:58Pour nous montrer ce qu'est l'érosion du trait de côte, Didier Mandely nous a donné rendez-vous à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, sur la grande plage.
01:08Fabrice Dupont prépare sa pâte à chichi. Son établissement est aux premières loges, face à l'océan.
01:15Bonjour Monsieur, je vous remercie de nous accueillir. Vous en priez avec plaisir.
01:20Mais son emplacement, idéal pour le commerce, le rend vulnérable aux assauts de la mer de plus en plus fréquents.
01:27C'est de plus en plus régulier, avec de plus en plus de force.
01:31C'est plus fréquent, plus intense à chaque fois, et plus tôt dans la saison ?
01:35Et plus tôt dans la saison. L'année dernière, ça a commencé en octobre.
01:38Et ça, il y a 10 ans, ça n'existait pas ?
01:40Ça n'existait pas. Non. Ça, c'est nouveau. C'est un phénomène nouveau.
01:47Et ça vous inquiète ?
01:49Oui, c'est inquiétant quand même. Après chaque tempête, on se demande comment on va retrouver notre plage, nos dunes.
01:55Et c'est vrai que c'est un stress quand même.
01:58Mais ce n'est pas tout. Fabrice veut aussi montrer aux sénateurs qu'au fil des ans, la plage perd du terrain.
02:04Mes parents avaient un commerce de plage, donc j'ai passé toute ma vie sur ce remblay.
02:08Et quand j'étais gamin, du haut du remblay, j'étais sur la plage, le sable était à sart.
02:15Là, maintenant, on fait la même chose, on s'en rend le coup directement.
02:19L'océan a emporté des tonnes de sable.
02:22Ici, il a rasé sur plusieurs centaines de mètres une dune couverte d'arbres.
02:28Le phénomène naturel est amplifié par le réchauffement climatique.
02:33Le niveau de la mer monte et les tempêtes sont beaucoup plus violentes.
02:37Résultat, la limite entre l'eau et la terre recule, c'est l'érosion du trait de côte.
02:43En Vendée, certaines zones pourraient disparaître sous l'eau.
02:47Et c'est pour cela que Didier Mandeli s'est emparé du sujet.
02:51Moi, je suis en Vendée depuis 1976, en fait, pour les vacances à l'origine, jusqu'en 1982.
02:55Donc j'ai vécu cette évolution du département, son développement, son attractivité,
03:00à la fois sur le plan économique, sur le plan touristique.
03:03Et effectivement, c'est problématique parce que quel modèle demain pour le département,
03:09notamment sur la zone littorale, avec toutes les contraintes qui pèsent ?
03:14Pour se projeter, il faut savoir où on en est.
03:17Et pour ça, il faut prendre un peu de hauteur et déployer des moyens inédits.
03:24On va modéliser en trois dimensions la dune.
03:26Cette modélisation, après, nous permettra de pouvoir comparer avec d'autres modélisations futures
03:32l'évolution de cette dune.
03:34Grâce à ce drone, l'agglomération du pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie peut modéliser au millimètre
03:39les 32 kilomètres de côte, même les plus escarpés.
03:44Il va faire des tracés comme ça.
03:47Le tout en un temps record.
03:50Pour faire 28 000 mètres carrés au GPS avec la même précision, il nous faudrait plusieurs mois.
03:56Et là ?
03:57Là, il va mettre 9 minutes.
04:00Ça fait combien de photos, par exemple ?
04:0236 photos sur 106. Il va en prendre 106 en tout.
04:06Un investissement de 36 000 euros, financé en partie par des fonds européens,
04:11pour essayer de comprendre le recul.
04:14Ça recule. Pourquoi ? On compare avec les données météo d'année en année.
04:17Pourquoi ça a reculé cette fois-ci, cette tempête-là ?
04:20C'est un petit intérêt scientifique.
04:22Pour le maire de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, le drone permet aussi d'anticiper l'érosion.
04:28Ça nous permet de savoir, par exemple, si des enrochements commencent à bouger de façon inquiétante.
04:33On sait qu'à l'œil nu, ça ne se voit pas, mais qu'au relevé millimétrique du drone, ça se voit.
04:38Donc, effectivement, ça nous permet d'anticiper beaucoup plus et d'être prêts beaucoup plus rapidement
04:42si jamais il faut faire une intervention.
04:44L'enjeu est de taille.
04:46Comme tous les maires du littoral, il doit protéger sa population.
04:49Et il se sent parfois démuni.
04:52Le rôle du sénateur, c'est aussi de faire remonter ces inquiétudes à Paris.
04:56Le sentiment principal, c'est qu'on se sent un peu abandonné par l'État et qu'on est un peu tout seul.
05:02Et qu'on nous dit, le trait de côte, c'est les territoires littoraux, donc débrouillez-vous.
05:07Finalement, si la mer monte et que la dune recule, ce n'est pas dû seulement aux habitants du littoral,
05:11c'est dû à tout le monde et on plaide pour la solidarité nationale.
05:15D'autant que l'océan a déjà pris des vies en Vendée.
05:21Tu vois, là, on est sur un arbre qui a été planté juste après, en mémoire d'une famille
05:28qui malheureusement a été victime ici, à cet endroit-là.
05:31Nous sommes à la Faute-sur-Mer, touchée de plein fouet en février 2010 par la tempête Xintia,
05:38l'une des plus meurtrières qu'ait connue la métropole.
05:42Ici, en pleine nuit, la mer a submergé les digues et envahi les maisons.
05:47Il y avait 2,20 mètres, 2,30 mètres d'eau partout.
05:51Ici, c'était 600 maisons qui, en moins de deux minutes, ont vu l'eau dépasser leurs gouttières
06:00et donc ça a pris les gens au piège.
06:0329 personnes perdront la vie à la Faute-sur-Mer.
06:06A l'époque, Didier Mandely est maire du Poiré-sur-Vie, une commune dans les terres,
06:12mais comme de nombreux Vendéens, il reste marqué par ce drame.
06:17Quand on est élu en Vendée, ce qui est mon cas depuis longtemps maintenant, depuis 2001,
06:22on s'intéresse forcément aux questions littorales.
06:24Mais c'est effectivement Xintia qui m'a obligé, en réalité,
06:34obligé dans le sens noble du terme à m'intéresser de beaucoup plus près à ces questions.
06:41D'autant que les experts le prédisent,
06:43il y aura à l'avenir des tempêtes beaucoup plus violentes que Xintia.
06:47Alors, pour ne prendre aucun risque, le maire a fait ici un choix radical.
06:52Déconstruire 600 maisons, un tiers de la commune, remplacées par un golf ouvert à tous.
06:59On était sur une route là. La route passait là et continuait là.
07:05Là, vous voyez de l'herbe, des arbres et des gens qui jouent au golf,
07:08mais c'était des rues, des maisons, un petit muret.
07:11En fait, on est dans le lotissement classique d'une ville de bord de mer
07:16où chacun veut sa petite villa, etc.
07:19Mais le choix fait ici pourrait s'imposer ailleurs.
07:23Selon les scénarii les plus pessimistes, 43 000 logements pourraient être détruits en Vendée,
07:29rattrapés par l'océan d'ici 2100.
07:33Déconstruire des maisons, ce n'est pas simplement déconstruire des maisons,
07:36c'est avoir les propriétaires en face de vous.
07:38J'ai vu des gens désespérés face à moi, des gens de 50 ans, 60 ans, 70 ans,
07:41qui vous regardent dans les yeux en vous disant, des fois en larmes,
07:44en vous disant vous ne pouvez pas faire ça.
07:46Vous ne pouvez pas me dire ça, vous ne pouvez pas me dire
07:48que je n'ai plus le droit d'habiter ici ou de rien faire sur mon terrain.
07:51Il y a même pire, vous ne pouvez pas me dire que j'ai acheté un terrain
07:55que je rembourse encore sur lequel je ne pourrais rien faire.
07:59Une expérience traumatisante pour le maire qui veut interpeller le sénateur.
08:05Actuellement, les élus du littoral doivent tracer des zones exposées
08:09au recul du trait de côte d'ici 30, puis 100 ans,
08:13avec des conséquences forcément dramatiques sur le terrain.
08:19Les propriétaires de maisons qui seront dans cette mauvaise zone,
08:23vont se retrouver dans des conditions particulières
08:25qui vont impacter leur patrimoine puisque la loi considère,
08:30telle qu'elle est faite aujourd'hui, que les communes devront ou pourront
08:35racheter, préempter ces patrimoines à ces gens-là
08:40et puis les racheter à 75% de la valeur du bien limitée à 300 000 euros.
08:46Donc ça c'est dans le monde de oui ou oui,
08:48parce que dans la vraie vie ça ne se passera évidemment pas comme ça.
08:51D'ailleurs on ne sait pas trop comment ça se passera
08:53puisque les assurances aujourd'hui considèrent
08:55qu'elles ne vont pas assurer un bien dont elles savent
08:57que de toute façon il va tomber à la mer un jour.
09:00Comment assurer ? Comment financer les rachats des maisons ?
09:04Qui pourra assumer la responsabilité ?
09:07Des inquiétudes que Didier Mandeli tente de faire remonter au Sénat
09:11au moment où les parlementaires élaborent le budget pour l'an prochain.
09:16Sur cette question d'érosion du trait de côte,
09:19ça me paraît essentiel qu'on puisse relayer au niveau national
09:22les préoccupations des élus.
09:24Donc nous les solutions que nous préconisons,
09:26en tout cas que j'ai défendues moi, à la fois au sein du groupe d'études
09:29et au comité national du trait de côte,
09:32c'est la prise en compte de ces besoins à terme
09:35par le financement d'un fonds national
09:39qui serait alimenté entre autres par la fiscalité sur les éoliennes en mer
09:45au-delà des 12 000 nautiques en zone économique exclusive.
09:49Recette potentielle derrière cette idée,
09:511 milliard 300 000 euros par an.
09:55Pour faire ou modifier la loi, le sénateur s'inspire du terrain.
10:00Et justement, sur l'île de Noirmoutier, la défense contre la mer s'organise.
10:05Sur cette plage, l'océan se rapproche dangereusement des maisons,
10:09dont celle mythique du film César et Rosalie de Claude Sautet.
10:13Alors les habitants ont décidé de se battre.
10:17On ne peut pas reculer et dire on va aller 50, 100 mètres, un kilomètre plus loin.
10:22Les deux tiers de l'île sont en dessous de la mer,
10:24donc ça voudrait dire abandonner l'île.
10:26Et ça, personne ne veut abandonner l'île.
10:28Donc ici, la seule option, c'est maintenir notre trait de côte coûte que coûte
10:31et on se battra jusqu'au bout.
10:33Pour tenir les positions, Paul et 63 autres propriétaires mettent la main au portefeuille.
10:39Alors là, c'est ce qu'on appelle les travaux d'enrochement.
10:41C'est-à-dire que c'est des gros blocs dont certains font 5, 6 tonnes.
10:45Donc ils vont venir freiner la houle, freiner la dynamique de la mer.
10:49Une fois que vous avez un tel enrochement qui vient absorber l'énergie de la mer,
10:54le trait de côte ne reculera plus.
10:56Coût de l'opération, 170 000 euros.
10:59Des travaux financés à 50-50 entre les propriétaires privés
11:04et la communauté de communes qui doit protéger sa population.
11:08Derrière, on a des points plus bas.
11:10Et s'il y avait une vulnérabilité ou une brèche dans un ouvrage,
11:13ou un recul du trait de côte, ce qu'on appelle une brèche dunaire,
11:16bien évidemment, on aurait des inondations par submersion marine.
11:19Et ma responsabilité est que ça n'arrive jamais.
11:22Ici, le combat est frontal car il y a des habitations.
11:26De l'autre côté de l'île, plus sauvage, l'approche est différente.
11:30On expérimente la défense douce.
11:33On est capables aujourd'hui de montrer qu'une dune a toute sa place dans la protection
11:37contre l'érosion et contre la submersion.
11:40Noirmoutier vient d'intégrer l'un des 15 projets européens Adaptoplus.
11:44L'objectif ici, c'est d'accompagner la dune,
11:47de la reculer et de la remodeler pour qu'elle reprenne sa place de rempart.
11:52Il faut qu'on l'accompagne et qu'on lui laisse de la place derrière.
11:55Ça passe notamment par la coupe de cyprès et de végétation.
11:59Ici, en plus, il y avait ce côté un peu d'effet du surtourisme
12:03parce que c'est un chemin identifié pour les 4x4.
12:06On les pratique, on ne veut absolument plus voir dans les espaces dunaires.
12:09Et donc, ça va nous permettre de conforter cet espace naturel.
12:13La dune sera un espace d'expérimentation pour 5 ans.
12:19Donc, c'est une des voies.
12:21Et moi, je pense qu'on doit trouver un équilibre pour permettre à chacun
12:25de trouver sa place sans excès.
12:28Et en tout cas, je crois que Noirmoutier, l'idée de Noirmoutier,
12:32le démontre en apportant différentes réponses à ces problématiques.
12:39Des réponses venues du terrain que Didier Mandely portera au Sénat,
12:44convaincu que malgré l'érosion du trait de côte,
12:47l'homme a encore sa place sur le littoral.