Parlement Hebdo c'est le meilleur de la semaine parlementaire. Chaque vendredi, un député et un sénateur débattent des temps forts de la semaine au Sénat et à l'Assemblée nationale. Cette semaine, Kathia Gilder (LCP-AN) et Alexandre Poussart (Public Sénat) reçoivent Jérôme Guedj, député Socialistes et apparentés de l’Essonne et Olivier Paccaud, sénateur apparenté LR de l’Oise. Au programme cette semaine : la semaine de tous les dangers pour François Bayrou, qui a prononcé sa déclaration de politique générale devant le Parlement, et le retour du budget au Sénat. Alors qu’il cherchait à obtenir un accord de non-censure auprès des socialistes, François Bayrou a accepté de céder quelques centimètres sur le dossier des retraites : pas de suspension, comme le demandait le parti à la rose, mais une conférence sociale entre partenaires sociaux, traduite ensuite dans un texte au Parlement. Suffisamment pour que les socialistes ne censurent pas le Premier ministre jeudi 16 janvier. Parmi les concessions faites par Matignon, nombreuses sont celles à figurer dans le budget, qui reprend son chemin au Sénat, comme le renoncement à la suppression de 4000 postes d’enseignants. Une mesure qui fâche la droite sénatoriale ? Année de Production :
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00:00Générique
00:02...
00:09Bonjour à tous. Très heureux de vous retrouver
00:11pour ce 1er numéro de Parlement Hebdo de l'année.
00:14Meilleur vœu à tous pour cette année 2025.
00:16On va tout de suite voir les temps forts
00:18de la semaine au Parlement.
00:20Comme chaque semaine, nous vous proposons un débat animé
00:23entre un député et un sénateur.
00:25Aujourd'hui, un face-à-face entre Jérôme Getsch.
00:27Vous êtes député socialiste de l'Essonne
00:29et vous faites partie des parlementaires socialistes
00:32qui ont négocié avec l'exécutif.
00:34Face à vous, Olivier Pacot, sénateur apparenté,
00:36les Républicains de l'Oise.
00:38On a beaucoup d'actus pour vous.
00:40On reviendra sur la semaine de François Bayrou
00:42sous haute tension.
00:44Le Premier ministre a prononcé son discours
00:46de politique générale.
00:47Il a rouvert le chantier de la réforme des retraites
00:50pour pouvoir éviter la censure.
00:52On parlera du budget 2025, dont l'examen reprend au Sénat.
00:55François Bayrou a fait des concessions aux socialistes
00:58en annonçant à la suppression des 4 000 postes d'enseignants
01:02prévus par le précédent gouvernement de Michel Barnier.
01:05Mais d'abord, la semaine de François Bayrou,
01:08Premier ministre en sursis,
01:10qui a affronté le Parlement, récit de Marco Pommier.
01:16La parole est à monsieur le Premier ministre.
01:19Mardi, à la tribune de l'Assemblée nationale,
01:22quelques feuilles se sont mélangées.
01:24C'est parce que je suis un néophyte.
01:26Mais le Premier ministre a été très clair
01:29sur la première de ses priorités, le surendettement de la France.
01:33Cette dette est une épée de Damoclès
01:36au-dessus de notre pays et de notre modèle social.
01:40Très attendu sur le dossier des retraites,
01:42François Bayrou annonce sa décision.
01:44Je choisis donc de remettre ce sujet en chantier
01:48avec les partenaires sociaux.
01:50Pas de suspension de la réforme de 2023
01:53comme le réclamaient les socialistes,
01:55mais une négociation de trois mois.
01:57Le contenu est pas pour le patron du PS.
02:00Olivier Faure demande le retour du dossier retraite au Parlement,
02:03accord ou pas, entre les partenaires sociaux.
02:06Message reçu.
02:07Dès le lendemain, à l'Assemblée, puis au Sénat,
02:10le chef du gouvernement fait un nouveau pas
02:12avec trois hypothèses sur la table.
02:14Des accords, on en reste au texte actuel.
02:17Accord complet, on fait un texte de loi.
02:19Accord partiel, on traduit l'accord partiel
02:22dans un texte d'amélioration de notre système de retraite.
02:27Jeudi, après d'ultimes tractations
02:30et avant l'examen de la motion de censure de LFI,
02:33François Bayrou acte dans un courrier
02:35les concessions faites aux socialistes,
02:38de quoi les convaincre de ne pas voter la censure
02:40aux grands dames des Insoumis.
02:42Certains dans cet hémicycle,
02:45élus pourtant pour en finir avec le macronisme,
02:48s'apprêtent aujourd'hui à sauver votre gouvernement
02:51et à servir de béquille à la continuité de sa politique.
02:54Si vous pensez que ce que je dis là n'a aucun intérêt
02:57pour les Français, qu'ils ne sont pas heureux
03:00de voir une gauche qui propose, une gauche qui avance,
03:03une gauche qui fait taider le gouvernement, alors dites-le !
03:06Premier obstacle franchi par François Bayrou.
03:09Prochain défi, faire adopter le budget 2025
03:12par le Parlement.
03:13Jérôme Getsch, première question pour vous.
03:16Les socialistes n'ont pas voté la censure.
03:19Vous n'avez pas voté la censure contre François Bayrou.
03:23C'est la fin du nouveau Front populaire ?
03:25C'est d'abord, avant de parler boutique,
03:28si vous me permettez l'expression,
03:30la poursuite de la démarche qu'on avait engagée.
03:32Nous, on a pris le pari de la responsabilité
03:35d'une négociation avec le gouvernement
03:38qui, contrairement à son prédécesseur,
03:40a ouvert la possibilité de cette discussion.
03:44Vous avez fait le pari de la stabilité.
03:46Une des motivations, c'était aussi la stabilité,
03:49mais pas une stabilité contre rien,
03:51contre des avancées concrètes au service des Français.
03:54On le voyait dans votre reportage,
03:56il y a un mois, plus personne ne parlait
03:58de la réforme des retraites.
04:00Michel Barnier considérait qu'elle était là
04:02et qu'on n'en discutait pas.
04:04Aujourd'hui, j'entends les partenaires sociaux,
04:07les syndicats dire, c'est ce vendredi
04:09que les discussions ont commencé à s'ouvrir,
04:14que tout pouvait être mis sur la table.
04:16Rien que ça, c'est une avancée.
04:18C'est pas l'idéal.
04:19J'aurais préféré abroger la réforme des retraites.
04:22J'ai fait campagne sur ce thème-là.
04:24A l'Assemblée nationale, comme parlementaire socialiste,
04:27j'ai mené le combat contre la réforme d'Olivier Dussopt.
04:30Le fait qu'on ait cette ouverture, ça permet,
04:32et l'engagement, qui n'était pas précis au démarrage,
04:35mais qu'il l'est davantage, de François Bayrou,
04:38de dire que dans tous les cas de figure,
04:40il y aura un texte de loi, et il l'a écrit
04:43dans le courrier qu'il a adressé à Patrick Cannaire
04:45à l'Assemblée et au Sénat, de dire que dans tous les cas de figure,
04:49le Parlement aura le dernier mot.
04:51Ça, plus un certain nombre de points,
04:53on va les évoquer, sur le budget,
04:55on a ramené des victoires à la maison.
04:57Les écologistes et les insoumis ont censuré le gouvernement.
05:00C'est la fin de cette union de la gauche,
05:02le nouveau Front populaire ?
05:04Il est arrivé que sur des votes de motion de censure,
05:07les socialistes ne votent pas non plus
05:09les motions de censure présentées par les insoumis.
05:12Je veux pas atténuer le désaccord.
05:14sur la méthode, et aussi sur les objectifs.
05:17Les insoumis l'ont dit très clairement,
05:19leur priorité, c'est la destitution hier
05:22ou désormais la démission du président de la République.
05:25La priorité, c'est d'avoir des avancées concrètes
05:27pour les Français, de l'instabilité.
05:30Mais que les choses soient claires, nous demeurons dans l'opposition.
05:33Il n'y a pas de contrat de coalition.
05:35Il y aura, stylo à la main, sur chacun des textes,
05:38la vérification que les choses vont dans la bonne direction.
05:42Olivier Pacot, vous vous réjouissez
05:44que les socialistes n'ont pas censuré
05:46le gouvernement de François Bayron ?
05:49En même temps, ils ont dit qu'ils pouvaient censurer à tout moment.
05:52Est-ce que ce gouvernement peut durer ?
05:55Je ne suis pas convaincu que ce gouvernement
05:57dure si longtemps que ça, parce qu'avec une certaine habileté,
06:01le Premier ministre a un petit peu mis la poussière sous le tapis
06:06et les problématiques demeurent.
06:08Qu'il s'agisse d'endettement,
06:10on n'a pas beaucoup de pistes d'économie
06:13dans son discours de politique générale,
06:15mais pour revenir au début de la problématique,
06:19moi, je me réjouis plutôt de voir le Parti socialiste
06:24sortir d'une forme d'emprise qu'avait LFI sur lui.
06:28Il y a plusieurs gauches,
06:30et je pense qu'une gauche de responsabilité
06:33incarnée par le Parti socialiste, on en a besoin.
06:36Dieu sait qu'on en a besoin.
06:38Moi, je ne me réjouissais pas de voir
06:40que la parole de la gauche était incarnée
06:43par Louis Boyard, Sébastien Delogu ou Sandrine Rousseau.
06:46Et avoir plus de socialistes au devant de la scène
06:49avec un discours certainement peut-être moins radical,
06:53plus constructif, plus ouvert, oui, je m'en félicite.
06:55Il y a de fortes tensions à gauche.
06:57Jérôme Gued, je voudrais que vous réagissiez
07:00à cette déclaration de Jean-Luc Mélenchon.
07:02Tous ceux qui ne votent pas la censure
07:04sortent de l'accord du Nouveau Front populaire
07:07et ont une option sur leur circonscription,
07:09c'est-à-dire des candidats insoumis
07:11face à des candidats socialistes.
07:13Vous savez ce que c'est.
07:14Vous l'avez vécu aux élections discrétives de juillet.
07:17Comment réagissez-vous à cette menace ?
07:19Personne ne peut s'autoproclamer
07:21celui qui décerne les bons points ou les mauvais points à gauche.
07:26Voilà, ça, c'est une logique un peu monolithique.
07:29Moi, je suis toujours attaché
07:31au rassemblement de la gauche et des écologistes.
07:34Et en son sein, vous l'avez dit avec d'autres,
07:36je veux incarner une gauche républicaine,
07:39sociale, écologiste, je suis un laïc, un universaliste.
07:42Et je pense que ces combats-là sont ceux qui permettent à la gauche,
07:46et singulièrement aux socialistes,
07:48d'être entendus par les Français.
07:51Donc, moi, je n'ai pas envie de commenter
07:53les saïs ou les tweets de Jean-Luc Mélenchon.
07:56Personne n'est propriétaire
07:57du rassemblement de la gauche et des écologistes.
08:00Il faut se poser la question de l'efficacité de ce rassemblement.
08:04Le programme du NFP était destiné
08:06à gagner les élections présidentielles en juillet.
08:08J'aurais préféré que la gauche soit à elle seule majoritaire
08:12et qu'elle puisse appliquer la totalité de son programme.
08:15L'élection législative, le lapsus, c'était révélé.
08:18C'est un lapsus, parce que je venais de parler
08:20de l'obsession de Jean-Luc Mélenchon
08:22pour l'élection présidentielle.
08:24Elle n'a pas été gagnée par la gauche,
08:26qui est arrivée en tête.
08:28J'aurais préféré que ce soit un Premier ministre
08:31qui soit nommé, car c'est lui qui aura organisé les compromis.
08:35Voilà, donc, passons à autre chose.
08:37Servons les Français.
08:39Demeurons fidèles à nos convictions.
08:42Après, le devenir de cette coalition,
08:45qui, en réalité, n'avait pas d'existence au sens...
08:48Vous voyez, à la NUPES, il y avait un intergroupe parlementaire.
08:52Il n'y a jamais eu d'intergroupe du Nouveau Front populaire.
08:55Il y a des divergences stratégiques,
08:57dans la manière d'incarner le combat politique.
08:59C'est la raison pour laquelle, en juillet 2024,
09:02je n'avais pas été soutenu par la France Insoumise.
09:04J'avais souhaité ne pas être soutenu par eux.
09:07Ils avaient présenté une candidate contre moi.
09:09On va revenir au dossier du moment, les retraites,
09:12puisque François Bayrou a remis en chantier
09:14la réforme de la retraite à 64 ans,
09:16avec une discussion de trois mois entre les partenaires sociaux.
09:19Olivier Pacot, une question pour vous.
09:21Créniez-vous que cette réforme que vous avez soutenue,
09:24que la droite soutient depuis des années, soit détricotée ?
09:28Écoutez, le texte de base
09:32sur lequel il y avait eu un 49-3 à l'Assemblée,
09:36mais qui avait fait l'objet d'une dizaine de jours de débat au Sénat,
09:40le texte de base n'était pas bon.
09:42Nous l'avions amélioré au Sénat,
09:44et personnellement, moi, j'avais fait passer un amendement
09:47qui alignait le départ en retraite des enseignants du primaire
09:52sur celui du secondaire.
09:54C'est un texte qui avait été amélioré et qui peut encore l'être.
09:57Dès le départ, c'était pas...
09:59Les problématiques de pénibilité,
10:01il y a beaucoup de choses qui pourraient être améliorées.
10:04Mais le vrai point de clivage, entre guillemets,
10:07entre la droite et la gauche, il ne faut pas se raconter l'histoire,
10:11c'est la durée du temps de cotisation, c'est l'âge de départ.
10:15Et dans un monde malheureusement vieillissant,
10:18avec un nombre de retraités qui ne cesse d'augmenter
10:22et un nombre de cotisants d'actifs
10:25qui, lui, n'augmentent pas tant que cela,
10:27eh bien, dans une Europe ou même dans un monde occidental
10:31où on voit que l'âge de départ à la retraite,
10:34en Espagne, par exemple, il y a quelques temps,
10:37on est passé à 67 ans, on va passer à 67 ans,
10:39est-ce qu'il est raisonnable...
10:41Avec une durée de cotisation qui est à moins de 40 ans.
10:44Est-ce qu'il est raisonnable, aujourd'hui, de faire croire
10:47que l'on peut ne pas travailler plus longtemps
10:51pour continuer à percevoir des pensions décentes ?
10:56Très honnêtement, je ne le pense pas.
10:58Très honnêtement, je ne le pense pas.
11:00Jérôme Guedj, une question sur le format de ces discussions
11:03entre les partenaires sociaux.
11:05François Bayrou l'a dit, en cas d'échec de ces discussions,
11:07ce sera la réforme d'Elisabeth Borne qui s'appliquera.
11:10Vous, les socialistes, vous n'avez pas le sentiment
11:13de vous être fait avoir ?
11:14Ça donne un droit de veto au patronat, ce format de discussion.
11:17C'est la raison pour laquelle,
11:18dans le discours de François Bayrou et le vote de la censure,
11:22on a continué les négociations.
11:23On a dit que ce point-là n'était pas entendable.
11:26François Bayrou, à la tribune du Sénat, d'ailleurs,
11:29et dans le courrier, surtout, qu'il a adressé
11:31aux partenaires socialistes, aux parlementaires socialistes,
11:34a très clairement dit...
11:36Partenaires socialistes ?
11:37Partenaires dans la négociation, évidemment.
11:40Il leur a bien précisé que, dans tous les cas de figure,
11:45le Parlement aura le dernier mot.
11:47Et moi, je me félicite.
11:48D'abord, je le redis, j'aurais préféré une abrogation.
11:52J'aurais préféré même ce qu'on m'avait demandé initialement,
11:55c'est-à-dire la suspension de l'application de la réforme
11:58préalable à l'ouverture de ces négociations,
12:01pour avoir un cadre un peu contraint.
12:03Mais c'est le propre d'une négociation.
12:05On ne peut pas avoir tout ce qu'on demande.
12:07Le fait qu'aujourd'hui, cette négociation
12:10débouche, dans tous les cas de figure,
12:12sur une discussion qui aura lieu au Parlement,
12:14et je le redis, si, dans le texte qui nous sera soumis
12:17au Parlement ou dans le résultat de ce débat,
12:22on n'a pas des avancées significatives,
12:24sur l'âge légal.
12:25L'âge légal, c'est la clé de voûte,
12:27ce qui a mobilisé des Français,
12:29parce que c'est une réforme injuste, mal préparée,
12:32adoptée par 49.3, vous l'avez dit,
12:34et surtout qui demeure fondamentalement injuste
12:37pour un grand nombre de nos concitoyens,
12:39notamment pour les femmes,
12:41avec la non prise en compte de la pénibilité
12:43sur la vie, en ajoutant du temps de travail.
12:46On va faire réagir Olivier Pacot.
12:48Est-ce que vous partagez les arguments de Jérôme Guedj,
12:51qu'il y ait accord ou non,
12:52il faut que le Parlement, Assemblée et Sénat
12:55aient le dernier mot ?
12:56Je préfère, effectivement,
12:58dans une démocratie parlementaire qui est la nôtre,
13:01que le Parlement s'exprime.
13:02Nous avons été désignés par les citoyens.
13:05Vous préférez ou il faut que le Parlement s'exprime ?
13:08Je préfère, bien sûr.
13:09Alors, l'idée du conclave, là,
13:11c'est quelque chose d'assez original.
13:13Ca permettra de gagner un peu de temps,
13:15mais en même temps, faire travailler
13:17les partenaires sociaux ensemble, c'est toujours une bonne chose.
13:21Je ne pars pas du principe qu'il y aura un veto
13:24des organisations patronales.
13:25Il ne faut pas les caricaturer autant que cela.
13:28Toujours est-il qu'il vaut mieux, à la fin des fins,
13:33qu'il y ait, effectivement, vote au Parlement.
13:35Mais c'est l'argent pour lequel...
13:37Il y a un risque, quand même, parce qu'à l'Assemblée,
13:40on peut aller vers un 49-3, une motion de censure,
13:43je ne sais pas.
13:44Peut-être que le Premier ministre ne prendra pas ce risque,
13:47mais je souhaite que vous débattiez jusqu'au bout,
13:50et nous aussi, au Sénat.
13:52Nous l'avons dit, et c'est pour ça qu'il faut
13:54que le gouvernement soit aidant à ce que cette négociation aboutisse,
13:58parce qu'il est en sursis et son sursis est indexé
14:01à l'issue de cette négociation et du texte présenté au Parlement.
14:05Il y a un accord sur la pénibilité sur les carrières des femmes.
14:08Sur ces deux sujets-là, oui, j'en suis convaincu.
14:11Oui, mais j'insiste sur ce point,
14:13on devra traiter, légiférer la question de l'âge légal,
14:16parce que c'est, je le redis, la clé de doute.
14:19Et alors là, c'est sûr qu'il y a un grand danger
14:22pour le Premier ministre, parce que non seulement la gauche,
14:25mais aussi le RN en ont fait, quand même,
14:28entre guillemets, un de leurs étendards électoraux.
14:33Il y a probablement une majorité à l'Assemblée nationale
14:36sur cette réforme des retraites et sur l'âge légal à 64 ans.
14:40Jérôme Gade, juste avant de passer au budget,
14:42concrètement, pour qu'on comprenne bien la position des socialistes,
14:46à quelles conditions vous censuriez le gouvernement
14:49si vous n'avez pas ce que vous souhaitez ?
14:51On va d'abord laisser la négociation se dérouler,
14:54mais si on n'a d'abord pas de texte qui nous est présenté,
14:57on vérifiera si la parole donnée est respectée,
15:02et si on n'est pas dans les conditions
15:05de pouvoir traiter, faire bouger l'âge légal
15:08tel qu'il est aujourd'hui.
15:10Les 64 ans, les Français y sont opposés.
15:13En face, il faut trouver des sources de financement.
15:16On n'a jamais contesté qu'il y avait à équilibrer
15:19le régime d'assurance-vieillesse.
15:21On l'avait dit pendant le débat parlementaire,
15:23mais c'est pour ça que ce n'est pas un contrat de coalition,
15:26qu'on n'est pas dans le soutien au gouvernement.
15:29On lui laisse le temps d'organiser ce débat.
15:32Ce sera avant l'été.
15:33Rendez-vous à ce moment-là.
15:34On va évoquer l'autre dossier prioritaire
15:37pour le gouvernement et le Parlement,
15:39le budget 2025, qui va être examiné
15:41dans les semaines à venir.
15:43Là aussi, François Bayrou a fait des concessions à la gauche,
15:46malgré l'urgence de faire des économies.
15:49Cécile Sixo.
15:54François Bayrou a retenu la leçon du gouvernement Barnier.
15:58Pour éviter la censure, il prévoit un budget moins rigoureux
16:01que son prédécesseur.
16:03Côté recettes, rien ne change.
16:04Il compte faire entrer 21 milliards d'euros supplémentaires
16:08dans les caisses de l'Etat.
16:09Son gouvernement sera moins strict sur la baisse des dépenses.
16:13Il table sur 30 milliards d'euros contre 40 milliards
16:16pour Michel Barnier.
16:17Certainement le prix de sa survie, car pour éviter de chuter,
16:20le Premier ministre a concédé aux socialistes
16:23plusieurs de leurs revendications.
16:25La première, la non-suppression de 4000 postes
16:28dans l'éducation nationale.
16:29...à cette proposition de la suppression
16:32des 4000 postes.
16:36Alors, je relativise les postes que nous mettons au concours.
16:41Nous n'arrivons pas à les remplir.
16:43Autre gage donné à la gauche, les 3 jours de carence
16:46en cas d'arrêt maladie des fonctionnaires.
16:49Ce ne sera finalement qu'un jour.
16:51Le Premier ministre prévoit également
16:53d'augmenter les dépenses de santé de 3,3 %
16:56au lieu des 2,8 % initialement prévus.
16:59Enfin, il lâche sur la fiscalité
17:01avec l'augmentation des impôts sur les grandes fortunes.
17:04Nous sommes en train de travailler
17:07sur une taxe anti-optimisation
17:10pour les hauts patrimoines,
17:11ce qui est une manière de prendre en compte
17:14ces patrimoines, la dimension de ces patrimoines
17:18et d'envisager, de vérifier
17:22qu'ils n'échappent pas à l'impôt.
17:24Le gouvernement n'a pas prévu de nouveaux textes
17:27pour ce budget.
17:28Les discussions au Parlement reprennent
17:30sur le projet précédent, celui de Michel Barnier,
17:33ce qui suscite quelques remous au Sénat.
17:35C'est un mépris des électeurs et un coup de force
17:38contre la démocratie pour les communistes et les écologistes.
17:41Olivier Pacot, vu de la droite,
17:43est-ce que François Bayrou a fait trop de concessions
17:46à la gauche sur ce budget ?
17:47Les grands équilibres sont annoncés.
17:49On a autant de hausses d'impôts, à peu près 20 milliards d'euros,
17:53que de baisses de dépenses, à peu près 30 milliards d'euros.
17:56C'est un budget qui, à mon avis, peut plus satisfaire
17:59la gauche que la droite, oui.
18:00Moi, je dirais simplement
18:03qu'il n'y a pas assez d'économies visibles, concrètes.
18:07Le discours de politique générale
18:09et tout ce qu'on commence à nous annoncer,
18:12les 4 000 postes, 4 000 suppressions,
18:15le renoncement aux 4 000 suppressions,
18:17en est un bon exemple.
18:18Tout ça manque de précision, c'est assez flou.
18:24Et, effectivement, bon, je n'y trouve pas forcément mon compte.
18:28Maintenant, il ne faut pas être plus royaliste que le roi.
18:32On parlera peut-être après de la problématique scolaire.
18:35On en parlera juste après.
18:36Mais, effectivement, plus de taxation, pourquoi pas ?
18:41Une taxe anti-optimisation au niveau du patrimoine, pourquoi pas ?
18:45Moi, je n'ai pas de tabou à ce sujet,
18:48mais il faut quand même avoir un minimum de mémoire.
18:53Trop taxer a toujours des effets négatifs.
18:56Et tout ce qui touche au patrimoine
18:59peut aboutir à une fuite fiscale, entre guillemets.
19:02Il y a des contribuables qui vont s'installer en Belgique,
19:05c'est regrettable.
19:07Jérôme Guedj, il y a eu beaucoup de concessions vers la gauche.
19:11C'est presque un budget de gauche.
19:13Ce n'est pas un budget de gauche,
19:15ce n'est pas le budget que nous aurions proposé.
19:18Il y a des concessions importantes.
19:19C'est ce que nous défendions au moment de l'examen du budget de la Sécu
19:23et du budget à l'automne dernier.
19:25Comme la négociation a eu lieu,
19:27on a pu, point par point,
19:29essayer d'arracher un certain nombre de points.
19:32Vous en avez mentionné.
19:33Il y a eu une négociation ?
19:34Évidemment.
19:36Je suis le budget de la Sécurité sociale à l'Assemblée nationale.
19:40Le chiffre que vous avez indiqué de l'augmentation de l'ondam,
19:43c'est affreusement technocratique.
19:45C'est environ un milliard de plus
19:47que ce qui était prévu initialement pour le budget de l'hôpital.
19:51Transformé en postes,
19:52ça va permettre de maintenir ou de recruter
19:54environ 16 000 à 18 000 postes...
19:56L'objectif national de dépense ?
19:58D'assurance maladie.
19:59Ça va permettre de maintenir ou de recruter
20:02environ 16 000 à 18 000 postes dans les hôpitaux.
20:04Donc, concrètement, de mieux faire tourner les services hospitaliers.
20:08Tout le monde sait qu'ils sont à l'os, notamment les services d'urgence.
20:12C'est du très concret.
20:13C'est aussi une victoire très opérationnelle.
20:15Il n'y aura pas, contrairement à ce qui était prévu,
20:18de déremboursement des consultations médicales
20:21et des médicaments.
20:24Donc, ça, c'est du pouvoir d'achat
20:26qui devait être retiré à l'ensemble des Français,
20:29qu'ils soient malades.
20:30Pour les retraités, il n'y a pas la désindexation,
20:33le gel des pensions de retraite,
20:35tout au long de l'année 2025.
20:37En état, les socialistes pourraient voter ce budget ?
20:39Je ne pense pas qu'on puisse voter.
20:41Voter le budget, ça veut dire être membre de la majorité.
20:44Je vous l'ai dit, nous demeurons, nous sommes dans l'opposition.
20:48Mais il faudra qu'on vérifie, tout au long des débats budgétaires,
20:51que ces engagements-là puissent être maintenus.
20:54Sur le volet fiscal, François Bayrou a parlé
20:57de la taxe sur le patrimoine.
20:59Le rendement qui nous a été indiqué de cette taxe
21:02correspond à peu près à celui de l'impôt de solidarité
21:04sur la fortune qui a été supprimé au début du quinquennat
21:08d'Emmanuel Macron et pour lequel nous demandions,
21:10année après année, son rétablissement.
21:12Si on dégage des ressources au nom de la justice fiscale
21:15pour financer les services publics, dont celui de l'éducation,
21:19ça ne fait pas pour autant un budget de gauche,
21:21mais ça a été nu les effets qu'on combattait auparavant.
21:24Une abstention des socialistes sera envisageable ?
21:27Il est probable que ce budget ait un 49-3, en réalité.
21:30Donc on verra, à ce moment-là, le contenu du budget.
21:33Il faut que la droite le vote, aussi.
21:35Je ne plaisante pas, il faut que la droite le vote.
21:38Et effectivement, on oublie totalement
21:41qu'on est à plus de 3 300 milliards de dettes.
21:43C'était le début du discours de politique générale,
21:46il y en a un peu parti, parlé, François Bayrou,
21:49puis après, parce que c'est quand même
21:51plus de 50 milliards de charges de la dette.
21:53Chaque année, c'est de l'argent que j'aimerais mettre
21:56dans les hôpitaux, dans l'école.
21:58La réduction de la dette, on ne voit pas comment.
22:01On en parle. L'école, Olivier Paco.
22:03François Bayrou a renoncé à la suppression
22:05de 4 000 postes d'enseignants prévus par le gouvernement Barnier.
22:09Le Sénat, en décembre, vous aviez voté votre amendement
22:12pour limiter à 2 000 ces suppressions de postes.
22:17Est-ce que, pour vous, c'est raisonnable
22:19d'abandonner totalement ces économies, finalement ?
22:22Alors, d'abord, il faut voir comment ils financent
22:25les zérosuppressions.
22:27Parce qu'à la base, c'était 4 000 suppressions,
22:29qui était une mauvaise mesure,
22:31parce que même s'il y a une baisse dramatique
22:34du nombre d'élèves,
22:36la traduire par un nombre mécanique de profs en moins
22:41n'était pas une bonne chose.
22:42Nous avions, et au Sénat,
22:44je suis rapporteur spécial de l'enseignement scolaire,
22:47nous avions, à l'unanimité, voté moins de 1 000.
22:52Bon, c'était une mesure qui était assez sage
22:54et qui était surtout financée.
22:57C'est-à-dire que ça ne coûtait zéro au budget de l'Etat.
23:00Comment on avait pris ? Ca coûtait 75 millions d'euros,
23:02cet argent. J'étais allé le chercher sur l'augmentation
23:05du pacte enseignant, qui a été augmenté de 100 millions d'euros,
23:08de façon totalement, à mon avis, inutile.
23:11Moi, j'aimerais savoir comment ils les financent.
23:13Déjà, où est-ce qu'il va ?
23:15Sur quelle ligne budgétaire de l'éducation nationale
23:18il va le prendre ?
23:19Après, je ne vais pas aller être plus royaliste que le roi.
23:23Je pense que pour les départements
23:26où il y a des cartes scolaires à faire,
23:28ça va être quand même moins difficile
23:30si on n'a effectivement pas de suppression de postes.
23:33Après, il faut aussi recruter les enseignants.
23:35Il y a quand même un problème qui a été un tout petit peu évoqué,
23:38c'est le niveau de recrutement.
23:40Contrairement à ce qui a été dit à la tribune,
23:43on aurait facilement les 4 000 postes ou enseignants,
23:47mais il faut qu'ils aient le niveau.
23:49Et aujourd'hui, dans certaines académies,
23:52on va chercher ou rattraper des candidats
23:55qui ont des fois bien moins de 10 au concours.
24:00Jérôme Guedda, je voudrais vous entendre
24:02sur ces questions de sécurité sociale.
24:04Vous êtes un spécialiste.
24:05On a entendu les concessions sur les questions de santé
24:08qui ont été faites par François Bayrou,
24:10mais il y a la question du déficit de la sécurité sociale.
24:13On se dirigerait vers un déficit qui pourrait dépasser
24:16les 20 milliards d'euros l'année prochaine.
24:18Comment on comble ce déficit ?
24:20C'est vrai, et ça fait partie des sujets
24:22sur lesquels il n'y a pas eu d'avancée suffisante,
24:25que nous demandons depuis le début
24:27de traiter la question des recettes
24:29Vous savez pourquoi il y a un déficit de la sécurité sociale
24:32quasi structurel autour de 14 à 16 milliards d'euros ?
24:35Parce qu'en 2020, une décision importante a été prise,
24:38il fallait la prendre,
24:39qui était l'augmentation, la revalorisation
24:41du salaire des soignants au lendemain de la Covid.
24:45Ça s'appelle le Ségur de la santé.
24:46Cette revalorisation coûte dans le budget de la Sécu
24:49environ 14 milliards d'euros.
24:51C'est quasiment à l'euro près
24:52le montant du déficit de l'assurance-maladie.
24:55Le problème, c'est qu'au moment où cette dépense nouvelle
24:58a été décidée, il fallait la décider
25:00pour mieux payer l'ensemble des soignants,
25:02à aucun moment, quelqu'un s'est dit
25:04qu'il fallait mettre en face une ressource pour la financer.
25:07On a demandé à l'état actuel du budget de la santé
25:10de l'absorber.
25:11Donc, les ressources...
25:13Il ne resterait peu de temps.
25:14On augmente les cotisations sociales ?
25:16Soit on revient sur les exonérations
25:19de cotisations sociales,
25:2080 milliards d'euros.
25:21Certaines sont utiles pour soutenir l'emploi,
25:24la compétitivité des entreprises,
25:26mais sur ces 80 milliards d'euros,
25:28ça a doublé en moins de dix ans
25:29ce montant des exonérations de cotisations.
25:32On défend le fait de revenir sur ces exonérations de cotisations
25:35ou d'avoir des prélèvements ciblés,
25:37notamment certains compléments de salaire
25:40qui ne financent pas la sécurité sociale.
25:42C'est ça, la justice.
25:44Ce sera le mot de la fin.
25:45Merci à vous deux d'avoir débattu en toute courtoisie
25:48sur le plateau de Parlement.
25:50A la semaine prochaine.
25:51Ciao.