• il y a 10 mois
AGRICULTURE - « C’est un retour 20 ans en arrière. » Devant l’Assemblée nationale, mercredi 7 février, quelques dizaines d’agriculteurs bio ont manifesté leur désarroi, à l’initiative de la Fédération nationale d’Agriculture Biologique (FNAB), après les annonces du Premier ministre Gabriel Attal et du ministre de l’Agriculture Marc Fesneau pour calmer la fronde paysanne.

Comme vous pouvez le voir dans notre reportage vidéo, les agriculteurs bio se sentent les laissés pour compte de la négociation. Au micro du HuffPost, ils expliquent leur colère contre la mise en pause du plan Écophyto, une mesure annoncée par le gouvernement pour satisfaire les syndicats agricoles majoritaires (FNSEA, Coordination rurale), mais qui est perçue comme une hérésie par la filière bio et les associations écologistes.

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Transcription
00:00 Je ne pense pas que la revendication principale de mes collègues agriculteurs a été "cofito", c'était la thune, il faut arrêter.
00:06 Même si l'État ne nous aide pas, nous on est bio.
00:10 Pour la santé de nos enfants, on protège l'environnement, on veut juste en vivre dignement.
00:17 Un rendez-vous manqué.
00:18 Voici le constat de ces agriculteurs bio au sujet de la récente fronte du monde paysan.
00:22 Devant l'Assemblée nationale, ils manifestent leur désarroi face aux récentes annonces du gouvernement
00:27 qui n'ont été ni en face avec leurs besoins, ni avec leur vision de l'agriculture.
00:31 Est-ce qu'on doit prendre en otage la santé de nos concitoyens, la qualité de l'eau et de la biodiversité ?
00:37 Certaines filières ont réussi à susciter une belle générosité de la part du gouvernement,
00:42 tant mieux pour elles, qu'en est-il de l'agriculture biologique ?
00:45 Alors les annonces, il y a un peu d'enfumage sur le fond, on sent bien qu'il fallait désaborcer la crise.
00:52 C'est un retour 20 ans en arrière.
00:54 Là, grosso modo, le message c'est qu'on veut plus de pesticides dans nos légumes,
00:58 et nous on défend le contraire.
00:59 C'est vraiment ce sentiment d'insatisfaction d'un modèle dominant
01:03 qui est pris comme le modèle agricole dans son ensemble, alors que ce n'est pas le cas.
01:08 Le gouvernement a décidé de mettre en pause le plan Eco-FITO
01:11 qui visait à réduire progressivement l'utilisation de pesticides en France.
01:15 Une hérésie pour les écologistes et pour plusieurs agriculteurs
01:18 qui ne partagent pas l'avis des syndicats agricoles majoritaires sur ce sujet.
01:21 On peut nourrir tous les Français aujourd'hui sans pesticides ?
01:25 Alors en fait, personne le sait.
01:26 Tout ce qu'on sait, c'est que les 60 000 fermes bio, elles prouvent des choses tous les jours,
01:30 et que s'il y avait plus de moyens, il y a de fortes chances qu'on arrive à prouver beaucoup plus.
01:33 On pourrait nourrir tous les Français sans pesticides, bien sûr.
01:35 Il y a des pratiques agroécologiques qui se mettent en place.
01:37 On est dans la recherche permanente et dans l'amélioration permanente de nos pratiques.
01:41 Alors certes, on produira peut-être un peu moins que l'agriculture conventionnelle,
01:44 mais c'est un projet de société.
01:45 Ça veut dire qu'on gaspille moins aussi, qu'on mange différemment.
01:48 L'agriculteur qui traite, ce n'est pas une grosse volonté de sa part,
01:52 c'est parce que c'est tout un système qui le force.
01:54 Si demain, les efforts sont faits pour convertir les terres en France en bio,
01:58 tous les agriculteurs sont prêts à se lancer dans cette agriculture qui est meilleure pour leur santé.
02:04 On a besoin de changer de modèle, et on sait faire en fait.
02:07 Les producteurs globalement dans l'agriculture ont déjà fait plein d'investissements.
02:11 Souvent, ils sont endettés, voire sur-endettés.
02:13 Donc effectivement, quand on est pris à la gorge, qu'on n'a pas de revenus, qu'on est sur-endetté,
02:18 qu'on a besoin de s'adapter aux questions climatiques, aux questions économiques,
02:21 aux questions environnementales, ben ça demande un vrai soutien politique.
02:25 ... à la baire de Paris sur les questions d'agriculture et d'alimentation durable.
02:29 Et je sais pas s'il y a ici des gens...
02:32 Je pense pas que la... la revendication principale de mes collègues agriculteurs
02:35 ait été « cofito », c'était la thune, hein. Faut arrêter...
02:38 Les gens veulent vivre de leur travail, c'est normal.
02:39 Y a un agriculteur qui se suicide quasiment tous les jours.
02:42 On meurt au travail d'accidents, de maladies graves,
02:45 et personne ne le prend en compte, vous voyez.
02:46 Nous, on a un travail qui nous tue, et quand il nous tue pas, il nous ruine.
02:49 50 millions d'euros annoncés par rapport aux 271 millions
02:53 qui ont été adoptés ici, à l'Assemblée nationale, dans le projet de loi de finances.
02:59 Qu'est-ce qu'on fait de cette différence ? Qui est-ce qui va la mettre ?
03:02 Aujourd'hui, on est si proche de l'Assemblée nationale
03:04 pour sensibiliser tous nos parlementaires.
03:06 [Musique]

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