• il y a 9 mois
Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.

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00:00 ...
00:04 -Bonjour, Laurent. -Bonjour.
00:06 -Vous êtes comédien et vous serez bientôt au théâtre
00:09 pour un spectacle en solo que vous avez intitulé
00:11 "Je peux vous appeler mon petit Cruchot ?"
00:14 "Cruchot", alors, bon, allusion
00:16 au gendarme de Saint-Tropez, bien sûr.
00:19 Qu'est-ce que vous avez souhaité raconter, exactement ?
00:22 -Alors, j'ai souhaité raconter déjà les difficultés
00:25 de venir sur scène et de raconter effectivement ce nom
00:28 par rapport au métier. Finalement, ce métier,
00:30 comment il vous accueille avec un nom aussi puissant,
00:33 ça peut être... C'est un fantasme, en fait, ce nom.
00:36 Mais un fantasme qui peut avoir aussi des gros revers
00:39 parce qu'on vous associe toujours au personnage Louis de Funès.
00:43 -C'est inévitable. -Et lorsque je dis
00:45 "Est-ce que je peux vous appeler mon petit Cruchot ?"
00:48 C'est parce que c'est l'agent qui, à un moment donné,
00:51 me pose la question. J'incarne trois personnages,
00:53 et cet agent me pose la question. Je lui dis "Non, plus de Cruchot."
00:57 On m'a déjà proposé de refaire les gendarmes,
01:00 et j'ai dit "Non, c'est pas possible."
01:02 C'est un peu le pivot. -Est-ce que vous êtes
01:04 comédien de formation ? Vous avez toujours voulu être comédien
01:08 ou vous avez exercé une autre profession ?
01:10 -J'ai toujours voulu être comédien, mais c'est un nom
01:13 tellement difficile que vous avez une chape de plomb.
01:16 J'ai eu une autre profession, j'étais PDG d'une agence
01:19 de publicité pendant 20 ans. Un jour, j'ai décidé de sauter le pas.
01:23 C'est l'histoire que je raconte. J'arrive sur scène,
01:26 ça part d'un malentendu, mais j'ai pas de metteur en scène
01:29 et j'ai pas de texte. Foutu pour foutu,
01:31 je vais vous raconter comment je suis arrivé là.
01:34 Ca part en vrille, parce que le but n'est pas d'embêter les gens,
01:38 mais de leur donner un spectacle déjanté,
01:40 mais plutôt de funès 2.0. -Ah oui, d'accord.
01:43 -En racontant plutôt cette histoire sous cet angle fou
01:46 où Laurent arrive sur scène et on veut lui faire faire
01:49 des trucs pas possibles. C'est complètement barré,
01:52 mais il y a aussi beaucoup de vérité dans ce seul en scène,
01:55 où on me faisait des propositions très douteuses.
01:58 -Comme quoi ? -Ah oui.
02:00 -Des exemples. -On vous dit que ça va être
02:02 formidable, on va vous faire faire. "Je veux pas de gendarme."
02:06 "Non, pas de gendarme." "Mais alors là, on vous fait..."
02:09 "Là, on va vous envoyer sur la plage,
02:11 "vous allez faire une scène avec la plage,
02:14 "et là, vous avez un képi..." "Attendez."
02:16 -Ca me rappelle quelque chose. -Pur hasard.
02:19 -Toujours vous remettre dans la...
02:21 -C'est très long. -Il faut toujours
02:23 que je remette le... -Oui, mais c'est un peu...
02:25 -La dotation est forte. -C'est votre faute.
02:28 Quand vous parlez un peu vite et que vous clignez les oeufs
02:33 comme votre grand-père, évidemment, c'est pas facile.
02:36 Même quand vous faites... -Oui, mais j'y peux rien.
02:39 -C'est un héritage qui est lourd à porter ?
02:42 -C'était très lourd à porter, oui,
02:44 et maintenant, je finis par l'accepter totalement
02:47 et me dire que je suis comme je suis.
02:49 Il faut s'accepter. -Bien sûr.
02:51 Vous interprétez trois personnages. Lesquels ?
02:54 -Oui, trois personnages.
02:56 Laurent, qui est finalement Candide,
02:58 un peu le Candide de Voltaire,
03:00 qui vient sur scène et qui ne comprend pas ce qu'on lui veut.
03:04 Et cet agent qui va être très malin,
03:06 c'est un peu le renard de La Fontaine.
03:08 Dans la vie, j'ai souvent lu toutes les fables de La Fontaine,
03:12 et on le retrouve partout.
03:13 Il y a le renard, il y a le corbeau,
03:15 et tout est une histoire de flatterie, de manigance.
03:19 Et puis, le producteur que je vais rencontrer,
03:22 lui, il veut me faire faire des choses différentes.
03:25 Lui, il est cash, c'est Bernard Tapie, c'est...
03:27 Là, lui, il rentre direct au but, et c'est épouvantable.
03:31 Il veut me faire faire du shining,
03:33 alors que l'autre, il veut me faire faire des scènes de gladiateurs.
03:37 Ca part complètement en vrille.
03:39 -Vous en avez parlé, à l'époque, vous étiez tout petit,
03:43 à votre grand-père,
03:44 et que vous vouliez, comme lui, être acteur.
03:48 -Oui, quand j'étais petit,
03:49 un jour, il me dit "Qu'est-ce que tu veux faire ?"
03:52 Tous les grands-pères ont demandé ça.
03:54 "Comme toi." Il me dit "Comme moi, mais comment ?"
03:57 "Comme toi, mais moi."
03:59 "Non, pas Laurent."
04:00 "Je sais pas encore comment ça va être."
04:03 Il me dit "Oui."
04:04 "Ca va pas être facile, avec ta bobine, là."
04:07 Il me dit "C'est bien, mais il faut que tu t'accroches,
04:10 "c'est un métier très difficile."
04:12 Il m'a dit "C'est sommet d'embûche."
04:14 -Est-ce que vous avez imaginé, justement, en commençant,
04:18 en voyant que c'était pas toujours facile,
04:20 que vous lui ressembliez, etc.,
04:22 vous avez dit "Si je changeais de nom."
04:24 -Oui, si je changeais de nom, et c'est ce que j'ai proposé.
04:28 J'avais un film avec Victoria Abril,
04:30 on jouait tous les deux, on était les deux stars du film,
04:36 et j'ai dit à Victoria, "Tu sais,
04:38 "et si je changeais de nom, Victoria ?"
04:40 Elle me regarde, "Tu es complètement malade,
04:43 "tu es complètement idiot, tu vas pas changer de nom."
04:46 "Si tu changes de nom, je te mets de baffe,
04:48 "tu gardes ton nom."
04:50 J'ai dit "On discute pas avec Victoria Abril."
04:52 Elle m'a dit "Tu es fou."
04:54 -Vous faites bien aussi Victoria Abril, je trouve.
04:57 -Oui, mais c'est mon côté espagnol, ça.
04:59 -Ah oui, c'est vrai. -On est d'origine espagnole.
05:02 -Noblesse espagnole. -Oui, noblesse espagnole.
05:05 -S'il vous plaît, si vous l'avez ignorée,
05:07 noblesse espagnole. -Oui, don fuiseza.
05:10 -Ca vous pèse plus, le nom, maintenant ?
05:13 -Non, ça y est. Non, ça va.
05:15 Je l'ai complètement intégré.
05:16 Il faut juste arriver à se positionner par rapport à ça,
05:19 donc accepter qui on est, et c'est tout.
05:22 Avec mes particularités, c'est Laurent de Funès,
05:25 c'est pas lui, c'est Laurent 2.0, dans son époque,
05:28 avec des choses...
05:29 Même s'il y a des choses, je n'y peux rien,
05:31 c'est génétique, mais c'est ça qui est drôle.
05:34 Je vais pas faire des gendarmes.
05:36 J'écris très différemment, c'est plus caustique.
05:39 -Est-ce que vous pensez que grâce à ce spectacle-là,
05:42 vous allez peut-être partir en tournée après,
05:45 parce que tout d'un coup, vous allez dire
05:47 "Je vais re-franchir la porte", en disant "Coucou, vous vous souvenez ?"
05:51 -Oui, absolument.
05:52 Ce spectacle va me redéfinir beaucoup plus, qui je suis.
05:55 Je joue d'abord au théâtre Michel Galabru pour faire le showcase,
05:59 parce qu'on était amis, on se connaissait bien,
06:01 il voulait qu'on joue ensemble.
06:03 C'est un clin d'oeil que je fais à Michel, un petit coucou là-haut.
06:07 Et puis, après, je vais au théâtre "Les enfants du paradis".
06:12 Au mois de mars, je serai aux "Enfants du paradis",
06:15 puis on tourne.
06:16 -Est-ce que dans la famille de Funès,
06:18 on avait le culte des films du grand-père ?
06:21 D'ailleurs, vous lui donnez un nom à votre grand-père, Louis ?
06:24 -Un nom, c'est-à-dire...
06:26 -Vous l'appelez comment ? -Papi.
06:28 -Papi, oui.
06:30 -Est-ce que Papi vous montrait ses films en disant...
06:33 -Non, non, non, il était là-dessus, on les voyait tous,
06:36 mais il était assez timide, quand même, sur son métier, tout ça.
06:41 On parlait pas beaucoup du métier,
06:43 et quand il venait nous voir,
06:45 il venait nous voir pour parler de nous,
06:47 savoir ce qu'on faisait, ce qu'on voulait faire,
06:50 voir mon père, et ainsi de suite.
06:52 -Il n'avait pas le culte de sa propre carrière.
06:54 -Non, non, non, non, il évitait de parler de lui.
06:57 Alors, évidemment, il y avait des questions, forcément,
07:00 mais on parlait pas de lui, il voulait pas beaucoup trop.
07:03 -Il avait le culte de son jardin, si je me souviens bien.
07:06 -Ça, par contre, on parlait effectivement jazz,
07:09 beaucoup de jazz. -Car c'était un pianiste.
07:12 -Ah oui, il adorait, donc il écoutait du jazz à la maison,
07:15 et puis aussi, il nous avait un projecteur
07:17 avec tous les Loret et Lardy, les Buster Keaton
07:20 et Charlie Chaplin, il avait dit à mon père,
07:22 "Faut que les enfants regardent ça,
07:24 "ils auront tout compris."
07:26 Ca, c'est la base, il faut regarder ça.
07:28 On avait une collection de films énormes,
07:31 avec du Super 8, et il fallait qu'on regarde tout.
07:33 -Je vous cacherais pas que je parlerais avec vous
07:36 pendant des heures.
07:38 -La carrière de votre grand-père, bien sûr, c'est respect.
07:41 Merci de votre visite. Bonne chance.
07:43 -Merci beaucoup. -Merci à vous.
07:45 Allez, c'est au Théâtre Montmartre,
07:47 c'est les 17 et 18 février, à Laurent, ça approche.
07:51 Au Théâtre Montmartre, y a la Brue,
07:53 et vous serez ensuite à un autre théâtre
07:55 qui s'appelle "Aux enfants du paradis",
07:57 et ensuite, on tourne.
07:59 Merci de votre visite. A bientôt.
08:01 [Musique]

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