Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.
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00:00 C'est l'une des meilleures séries du moment et elle est sur Canal+. On va parler d'argent et de sang avec notre invité. Bonjour Olivier Delbosc.
00:07 Bonjour.
00:07 Vous êtes le producteur de cette série qui est réalisée par Xavier Giannoli.
00:11 D'argent et de sang, c'est l'adaptation en fiction du livre "Enquête éponyme" de Fabrice Arfy sur ce scandale de l'arnaque au quota carbone
00:20 qui a permis à un trader et à deux escrocs d'empocher plusieurs centaines de millions d'euros, voire plusieurs milliards d'euros au détriment de l'Etat et du contribuable.
00:29 C'est une affaire qui s'est passée en 2008-2009. La première partie de votre série a été diffusée à l'automne.
00:35 On n'en pouvait plus d'attendre la seconde partie. Elle est diffusée au compte-gouttes, deux épisodes par deux épisodes chaque lundi depuis le 22 janvier sur Canal+.
00:44 Pourquoi avoir décidé de faire une série sur cette affaire assez complexe à comprendre au départ ?
00:49 Très complexe et puis il y a très très peu de séries avec des thrillers économiques et financiers.
00:54 Et dès le début, Xavier voulait la rendre très pédagogique. Je pense qu'il y est arrivé parce qu'on comprend des choses incompréhensibles, on les comprend grâce à sa mise en scène et au scénario de chaque épisode.
01:05 Et puis elle a été spectaculaire parce qu'elle mettait en avant des contrastes très sociaux entre des milieux du 16e arrondissement extrêmement bling bling et de la haute société française avec des gens qui venaient de Belleville.
01:21 Donc ce contraste, cette rencontre faisait beaucoup d'étincelles. C'est ce qu'on voit dans la série.
01:25 Et pour ça, pour la rendre pédagogique comme c'était l'objectif, quelle liberté vous avez pris, il a pris avec la réalité ?
01:32 Alors tout ce qui est technique est très très très précis et proche de la réalité. Après là il y a quand même de la fiction parce qu'il fallait du romanesque et tout ça.
01:42 Mais en tout cas tout ce qui est financier, économique est très précis. Et Fabrice Arfi qui a fait cette enquête, comme je le disais au début, très journalistique pendant des années et des années,
01:51 il y avait une matière tellement tellement précise et concrète que c'était assez facile d'être très très fidèle au livre de Fabrice Arfi.
01:59 Par exemple, il y a le personnage de Vincent Lindon qui se magistra, qui mène l'enquête face aux escrocs. Celui-là, il est fictif ?
02:06 Il est fictif mais il rassemble plusieurs personnages de l'époque en un seul personnage interprété par Vincent Lindon.
02:13 Alors s'il y en a qui ne connaissent pas encore d'Argent et de Sang, on va regarder à quoi ça ressemble.
02:18 Ça les a tous rendus d'un que l'argent du carbone.
02:21 Un marché sans régulation, sans aucun contrôle.
02:24 Il existe que dans votre tête Lucas Sucier.
02:26 La femme de ma vie.
02:28 Pourquoi tu fais ça ? Pour nous faire du mal ?
02:30 C'est pas jouer sans tricher.
02:31 Jouer sans tricher ? C'est qui ce que tu penses ?
02:33 Vous avez pris combien chacun avec le carbone ?
02:35 Tous les requins ont commencé à tourner autour de nos escrocs.
02:37 Je vais vous planter !
02:38 Un mec comme toi finisserait avec une balle dans la tête !
02:40 Je peux graver avec le CO2 là ?
02:42 Désormais c'était plus à l'eau une histoire d'argent.
02:44 C'était une histoire de sang aussi.
02:47 Tu cours après les voleurs mais le salaud c'est toi.
02:49 C'est moi qui l'ai attrapé.
02:51 C'est vrai que c'est un thriller économique à la base.
02:55 Qui fascine parce qu'il y a quand même un documentaire sur Netflix sur cette affaire.
02:59 Il y a eu un long métrage inspiré aussi au cinéma d'Olivier Marshall qui s'appelle "Carbone".
03:05 Comment ça se fait que ça nous fascine autant à votre avis ?
03:08 L'argent déjà, je pense que l'argent c'est très dramaturgique.
03:11 C'est très spectaculaire.
03:13 Surtout quand il est volé.
03:14 Même si Xavier Senseri l'a placé du point de vue de la morale de l'État, de l'éthique,
03:22 je pense que les voyous fascinent.
03:25 Ils sont toujours fascinés.
03:26 Les voleurs fascinent.
03:28 C'est assez régressif parce que quand on est enfant on joue aux voleurs et aux gendarmes.
03:32 Je pense que c'est très iconique.
03:35 Il y a un côté un peu comme "Cassade et Papelle" où finalement on vole l'État.
03:38 Les voyous volent l'État en utilisant des procédés qui sont légaux.
03:43 L'État a créé cette arnaque possible.
03:45 L'État a créé ce système de la TVA qu'on rencontre tous les jours dans notre quotidien.
03:49 On se rend compte que l'arnaque de la TVA a commencé par des panneaux solaires,
03:54 des choses assez peu chères.
03:56 Ça s'est agrandi avec cette arnaque de la taxe carbone.
04:00 Mais l'État s'est fait un peu piéger.
04:03 Ils ont joué avec le système tout en respectant les règles qui avaient été mises en place par l'État.
04:08 C'est le génie de ces escrocs.
04:11 Oui, le génie.
04:13 Le cerveau s'était plutôt joué par Niels Schneider qui a un peu compris que c'était facile.
04:19 Il l'avait un peu initié dans d'autres affaires où il avait été bien mis en cause.
04:25 C'est une association de malfaiteurs, si vous voulez.
04:30 Avec beaucoup d'eau en couleur et beaucoup de spectacles.
04:33 Oui, une association assez hybride.
04:35 Avec des personnages très différents, comme vous le disiez, avec un casting absolument génial.
04:39 D'ailleurs, Vincent Lindon, je crois que c'est la première fois qu'il se frotte à la série.
04:43 C'est vous qui l'avez convaincu ?
04:45 C'est Xavier.
04:47 Tout le monde, c'est un peu pour la première fois.
04:49 Xavier aussi d'ailleurs, le réalisateur, ça prend un peu tout le monde aussi.
04:51 Moi, la première fois que je faisais une série également.
04:53 Xavier avait dirigé Vincent dans d'autres films de cinéma.
04:57 Je pense que Vincent voulait vraiment, pour cette première fois, ce baptême,
05:02 être un metteur en scène avec qui il avait confiance.
05:04 Xavier, comme il le connaissait depuis très longtemps, ça a été assez facile de le convaincre.
05:07 Il y a aussi Ramsay Bedia.
05:09 Et puis, Niels Schneider, vous le disiez, qui a remplacé au pied levé Gaspard Ulliel,
05:13 malheureusement décédé dans un accident de ski, alors que vous aviez déjà commencé à tourner quelques épisodes.
05:20 Ça n'a pas dû être facile de reprendre le rôle ?
05:22 Non, pour lui, beaucoup.
05:24 Pour l'équipe aussi.
05:26 C'est un drame intime.
05:28 On a failli ne pas la continuer, cette série.
05:30 Vous avez failli abandonner complètement ?
05:31 Bien sûr, c'est normal.
05:32 Parce que d'abord, effectivement, c'est compliqué de tourner pendant un mois avec un acteur.
05:38 Et puis, tout à coup, il s'en va.
05:40 C'était compliqué pour tout le monde, effectivement.
05:42 Et vous avez donc tout recommencé avec Niels ?
05:45 Tout recommencé.
05:46 Et puis, Niels a eu ce courage et ce brio.
05:48 C'est un autre acteur, une autre interprétation du personnage qu'aurait interprété Gaspard.
05:55 Mais en tout cas, il le fait avec beaucoup de talent et de brio.
05:58 Et c'est formidable.
05:59 Je le remercie encore d'avoir continué.
06:01 On va peut-être voir un extrait, justement, où on voit ce talent de Niels Schneider.
06:05 Il le dit lui-même, je crois, dans certaines interviews.
06:08 Il a fait des choses qu'il ne pensait pas pouvoir faire.
06:11 C'est ce qu'il disait au réalisateur.
06:12 Regardez ce que ça donne.
06:13 On est souvent là-bas à faire le beau,
06:16 distribuer des billets,
06:17 à se prendre pour un caïd, comme dans un film de gangster.
06:20 Alors un jour, j'ai décidé de débarquer sans prévenir, hors procédure,
06:24 pour le surprendre, le provoquer, le pousser à la faute.
06:28 On a mis le chiropha,
06:29 et je suis descendu de la voiture, comme un cow-boy, devant tout le monde.
06:32 Comme dans un film.
06:34 En m'arrangeant pour qu'il repère mon arme.
06:36 Je savais que c'est l'excité,
06:38 qu'il aurait envie de jouer avec moi,
06:40 de faire son numéro.
06:41 Comme au poker.
06:43 Pareil.
06:44 C'est vrai que le poker, le jeu, sont évidemment très présents.
06:49 L'argent, toujours.
06:50 Jouer de l'argent.
06:51 Mais ce côté mettre du piment dans la vie, s'amuser, en fait.
06:54 Oui, parce que c'était certes des voyous, des malfaiteurs,
06:58 mais ils faisaient ça comme...
06:59 Ils se prenaient pour des acteurs de cinéma,
07:01 des voyous d'un film de Scorsese, vraiment.
07:03 Voyager en jet, avoir des produits de tour permanence...
07:05 La démesure, tout le temps.
07:06 Beaucoup de démesure, le luxe,
07:08 et surtout faire les choses en grand, vraiment.
07:10 Et ça, c'est ce qui met du sel dans la vie.
07:13 Et du cinéma, du spectacle.
07:15 C'est ça.
07:16 Alors, il ne manquait pas d'argent, déjà,
07:17 mais il leur fallait un peu plus de sel.
07:19 Si vous n'avez pas vu "D'Argent et de Sang",
07:21 encore, je vous le recommande.
07:23 Deuxième partie diffusée tous les lundis soirs sur Canal+.
07:27 Deux épisodes par 10 épisodes.
07:29 Et puis, toute la première partie à rattraper,
07:31 qui a été diffusée à l'automne dernier.
07:33 Bravo pour cette série sur Canal+.
07:35 Merci d'être venu nous voir, Olivier Delbosque.
07:37 Et c'est réalisé, je le rappelle, par Xavier Giannoli.
07:42 [Musique]