DocumentaireNotre histoire a été modifiéePARTIE 1

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Documentaire Notre histoire a été modifiée

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00:00 Depuis l'enfance, nous percevons l'Histoire comme une science exacte traitant du passé.
00:07 L'Égypte ancienne, Babylone et Rome, l'Empire d'Alexandre le Grand et celui de Charlemagne, le Moyen-Âge et la réforme protestante,
00:16 des ouvrages scientifiques, des expositions de musées, des films et des romans historiques,
00:22 nous convainquent que l'on connaît tout sur ces périodes ainsi que sur d'autres,
00:26 et que les historiens ont toutes les réponses pour quelqu'un de scrutateur.
00:32 En ce qui concerne quelques tâches blanches qui persistent encore dans l'Histoire,
00:37 elles sont d'ordre bénin et disparaîtront avec l'avancement de nouvelles recherches historiques.
00:44 Mais si on regarde avec plus d'attention dans notre passé, on va y trouver beaucoup de bizarreries et de contradictions.
00:53 Pour dire un exemple, pourquoi les peintres du Moyen-Âge, qui d'habitude étaient très méticuleux et attentifs aux détails historiques,
01:01 représentaient des personnages bibliques et de l'Antiquité comme leurs contemporains ?
01:07 Comment les guerriers anciens pouvaient tuer leurs ennemis avec des épées en bronze, si à cette époque le bronze n'existait pas encore ?
01:18 Et comment est-il possible que dans l'Ancienne Égypte on trouve des armes en fer ?
01:25 Pourquoi si peu de vestiges du début du Moyen-Âge se sont conservés, contrairement au nombre important de monuments de l'Antiquité,
01:37 beaucoup plus éloignés dans le temps, alors que logiquement ce devrait être le contraire ?
01:43 Comment est fondé le fait que le Tsar Ivan le Terrible clamait ses origines directes de l'Empereur Romain Auguste ?
01:50 On pourrait croire que ce genre d'énigmes devrait motiver les scientifiques pour des études plus sérieuses et approfondies de notre histoire.
01:59 Mais à ce jour, ce n'est pas arrivé. C'est pourquoi forcément on se pose la question.
02:05 Connaissons-nous vraiment notre histoire ?
02:13 Qu'est-ce que l'histoire est-elle ?
02:42 Qu'est-ce que l'histoire et qu'est-ce que la chronologie ?
02:45 L'histoire ce sont des faits du passé fixés sur une échelle temporelle, et la chronologie c'est justement cette échelle temporelle.
02:55 Son point le plus haut, c'est le jour d'aujourd'hui, et son point le plus éloigné, c'est le moment où les gens ont commencé à fixer les événements dont ils étaient témoins.
03:05 Il faut savoir que la version traditionnelle de l'histoire, qui est aujourd'hui considérée comme la seule véridique, n'a pas toujours existé.
03:14 Jusqu'au XVIe siècle, la chronologie continue n'existait pas du tout.
03:19 Dans le meilleur des cas, les gens pouvaient dater les événements de 100-150 ans vers le passé.
03:25 Tout ce qui se trouvait plus loin se perdait de vue dans l'obscurité des temps.
03:30 Des légendes et des traditions arrivaient aux contemporains grandement déformés.
03:35 C'est pourquoi à partir de nombreuses chroniques dispersées, il est apparu la nécessité d'établir un tableau entier et cohérent des événements les plus importants pour la civilisation humaine, commençant par l'Antiquité.
03:50 Il est convenu que les bases de la chronologie ont été fondées par Eusebius Penfield, que l'on appelait aussi Eusebius de Césarée au IVe siècle de notre ère, à l'époque de l'empereur romain, Constantin.
04:04 Malheureusement, aujourd'hui, il n'est pas possible d'étudier sa chronique dans son ensemble, car l'original n'existe que dans quelques fragments, et tout le reste, ce n'est qu'une libre exposition en latin de Jérôme de Stridon.
04:18 Au XIVe siècle, un historien religieux, un moine du monastère de Sophie à Constantinople, Nicephore Caliste, a essayé d'écrire une nouvelle histoire des trois premiers siècles de notre ère, mais il n'a rien dit de nouveau.
04:32 Il n'a fait que répéter ce qui a été écrit par Eusebius Penfield.
04:37 Et en ce qui concerne la chronologie moderne, elle a été entamée et pratiquement finie au XVIe, XVIIe siècle, dans des œuvres fondamentales d'un historien et philosophe, Joseph Kalliger, et d'un jésuite et théologien, Denis Pétaud.
04:54 C'est leur version de l'histoire que nous étudions de nos jours.
05:05 Sur quoi se base la version de la chronologie de Kalliger-Pétaud ?
05:10 Tout d'abord, sur l'interprétation des chiffres que l'on trouve dans la Bible, mais aussi sur des calculs astronomiques qui à cette époque manquaient de précision et contenaient beaucoup d'erreurs, de centaines et parfois même de milliers d'années.
05:25 C'est de cette manière que sont apparues quelques dates de base sur lesquelles on a construit toute la chronologie.
05:31 Prenons par exemple le jour de la création du monde, dont la date exacte était le sujet de débats des théologiens durant des siècles.
05:38 Les dates de la création du monde, c'est un matériel très intéressant que nous avons analysé.
05:44 On a découvert qu'au XVIe, XVIIe siècle, il y avait plusieurs versions des dates de création du monde.
05:52 Cette question n'est pas scolastique, car dans beaucoup de chroniques, c'est à partir de cette date qu'on calcule les dates d'autres événements.
06:01 Il y a une dépendance directe entre la date de création du monde et la datation de beaucoup de textes, par exemple de Titli, d'Hérodote ou de Thucydide.
06:09 Il apparaît qu'au Moyen-Âge, il existait au moins une vingtaine de versions, et les opinions sur la date de création du monde se trouvaient dans une fourchette de 3000 ans.
06:17 Par conséquent, dans les datations des chroniques qui reposent sur ce mode de calcul d'années, apparaissent des variations de 3000 ans.
06:27 C'est une valeur énorme.
06:32 Il y a un autre point important concernant le début du calcul d'années sur lequel se base la fameuse histoire de Titlive.
06:40 C'est l'année de la fondation de la ville de Rome. Mais dans la chronologie de Rome, il y a tellement de contradictions qu'il est difficile de trouver non seulement l'année de la fondation, mais même le siècle.
06:52 Selon les versions admises aujourd'hui, la ville de Rome a été fondée au 8e siècle avant notre ère par les frères jumeaux Romulus et Remus,
07:00 qui ont été nourris par le lait d'une louve du Capitole, le symbole de cette ville.
07:08 Mais il existe une autre version selon laquelle Rome a été fondée par Ennée et Ulysse, qui ont donné à cette ville le nom d'une habitante de Troie, Roma.
07:17 D'ailleurs, c'est de cette manière que ce nom s'écrit en latin, Roma.
07:21 En admettant cela, Rome a été fondée après la guerre de Troie à laquelle ont participé Ennée et Ulysse, c'est-à-dire au 13e siècle avant notre ère, et pas au 8e.
07:34 Comment faire concorder ces deux versions ?
07:38 Logiquement, soit Rome a été fondée 500 ans plus tôt, soit la guerre de Troie a eu lieu 500 ans plus tard.
07:56 Sur la chronologie de Rome est basée l'histoire de la Grèce antique, de l'Égypte ancienne et de l'Europe.
08:03 Par conséquent, un changement de la chronologie de Rome implique des changements dans l'histoire de tous les autres pays en rapport avec Rome.
08:16 Et encore un fait, l'homme moderne a l'habitude de compter les dates à partir de notre ère, c'est-à-dire à partir de la naissance du Christ qui a eu lieu 2000 ans en arrière.
08:28 Mais ce n'était pas toujours ainsi.
08:31 Il est convenu que pour la première fois la date de la naissance du Christ a été calculée par le moindre romain Dionysius le Pétit au 6e siècle de notre ère,
08:41 c'est-à-dire plus de 500 ans après l'événement même.
08:46 À cause de nombreux différences sur l'exactitude de cette date, c'est seulement à partir de 1431 que l'on a commencé à utiliser cette formule dans des documents de la chancellerie du Vatican.
08:56 Laissons de côté toutes les méthodes d'obtention de cette date et étudions le détail le plus marquant dans la description de la naissance du Sauveur, l'étoile de Bethléem.
09:08 Jésus est né à Bethléem en Judée au temps du roi Hérode le Grand.
09:13 Or voici que des mages venus d'Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? »
09:20 Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui.
09:24 Et voilà que l'étoile qu'ils avaient vue se lever les précédés, elle vint s'arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l'enfant.
09:33 Évangile de Matthieu, chapitre 2, psaume 1, 2
09:38 D'après tous les signes astronomiques dans les évangiles, ici, il est question de l'explosion d'une supernova, suite à laquelle dans la constellation du Taureau s'est formée la nébulose du crabe.
09:51 C'est seulement au XXe siècle que les scientifiques ont pu calculer que la supernova a explosé dans l'intervalle entre 1110 et 1170 de notre ère.
10:04 Et il y a 2000 ans, dans l'espace, rien de semblable n'aurait pu arriver.
10:10 Globalement, la chronologie, ce n'est pas un savoir facile.
10:14 Il faut connaître des façons différentes de noter les dates, comparer les anciens calendriers, savoir analyser les anciens éclipses.
10:23 Les chroniqueurs du Moyen-Âge ne faisaient que les premiers pas dans ce domaine.
10:28 Par exemple, beaucoup de chroniqueurs du XIVe, XVe, XVIe siècle dataient des événements d'après le jour de l'équinoxe.
10:36 Le jour de l'équinoxe, c'est un événement très délicat.
10:39 Sans appareil de mesure, il est très difficile d'établir avec exactitude à quel moment le jour est égal à la nuit.
10:48 Une erreur d'une seule journée dans la chronologie se traduit par une erreur de centaines d'années.
10:54 Si le chroniqueur se trompait de cinq jours, et dans les chroniques du XVe siècle on trouve des exemples de telles erreurs, alors il se trompait de 500-600 ans.
11:07 C'est sur ce genre de calcul erroné que se base la chronologie du Scalaigère,
11:12 résultant en l'inversion de l'histoire de l'humanité globalement admise aujourd'hui.
11:18 Dans sa plus grosse partie, la construction historique repose sur des sources écrites et sur des manuscrits.
11:32 Mais les événements réels ont pu y être réflétés de façon différente.
11:37 Prenez l'exemple de Différent au sujet de la date de la fondation de Rome.
11:42 Il arrive que le même personnage soit appelé avec des noms différents dans des sources différentes.
11:48 Souvent, la chronique est une version d'un événement écrite de nombreuses années ou même de nombreux siècles plus tard.
11:55 Alors quand on lit qu'en telle année Gengis Khan a conquis la moitié du monde,
12:00 ça ne veut pas dire que c'est le témoin de cet événement qui a écrit cela.
12:05 De plus, les mots et les noms pouvaient changer de sens.
12:16 Par exemple, autrefois, les textes écrivaient sans les voyelles.
12:24 Et certaines langues écrites, comme l'arabe par exemple, n'avaient même pas de signe pour désigner les voyelles.
12:31 Naturellement, avec le temps, les voyelles n'ont signalé s'oublier, se confondre et étaient remplacées par d'autres.
12:39 Quelques temps plus tard, un historien lisait un manuscrit et y voyait un mot réduit « PRS ».
12:46 Qu'est-ce que ça voulait dire ? Perse ? Ou peut-être Paris ? Ou encore Prusse ?
12:53 Aussi prenons Naples ou la Ville Nouvelle, qui est mentionnée dans des chroniques anciennes parfois comme Naples en Italie,
13:01 parfois comme Carthage, ce qui veut dire aussi « ville nouvelle ».
13:06 Il y a aussi « Naples en Palestine », « Neapolis Scythique », sans parler de « Novgorod Russe ».
13:13 Et si le chroniqueur ne communique pas de détails additionnels, il est très difficile de comprendre ce qui se passe.
13:20 Ou par exemple les noms. Dans un texte est mentionné un certain Charles.
13:26 En anglais, c'est Charles.
13:30 En français, ça se prononce Charles.
13:35 Et en français, ça se prononce Charles.
13:39 Et en français, ça se prononce Charles.
13:43 En français, ça se prononce Charles.
13:50 En espagnol, Carlos.
13:54 De qui on parle alors ? Dans le général anglais, dans le courtisan français ou dans Grande Espagne ?
14:11 L'interprétation juste a aussi une grande importance dans la datation des textes anciens, ce qui n'est pas toujours de règle.
14:19 Par exemple, jusqu'à nos jours, c'est conservé un grand nombre de listes de pharaons d'Égypte qui ne contiennent que des noms.
14:25 Les dates et les actions n'y figurent pas.
14:28 De plus, on n'est pas sûr qu'ils étaient tous des pharaons et non pas des dignitaires.
14:33 En se basant sur ces noms, les égyptologues ont établi des dynasties innombrables.
14:38 En accordant les durées de règne de façon très approximative et arbitraire,
14:44 comptant trois pharaons par siècle.
14:49 En d'autres termes, les égyptologues se sont entendus pour croire que c'était tous des pharaons
14:55 et que chaque pharaon a régné durant 33 ans.
14:58 Voilà l'approche scientifique, entre guillemets.
15:03 Globalement, cette attitude envers la chronologie s'est conservée jusqu'à nos jours.
15:08 Aujourd'hui, dans la plupart des cas, les historiens se réfèrent à des tableaux créés avant eux,
15:15 sans les vérifier, sans comprendre le fond, ni comment les dates sont arrivées dans ces tableaux.
15:20 Mais ils savent qu'avec ces chiffres, on peut sortir un contenu
15:25 pour un politicien qui a besoin de faire un discours,
15:30 pour des manuels d'histoire, ou pour un article scientifique.
15:36 Ils piochent dans ces tableaux pour donner un aspect scientifique à leur fantaisie d'aujourd'hui.
15:46 Quoi qu'il en soit, malgré le fait que la majorité des textes sur l'Égypte ancienne soient écrits en grec,
15:55 pour le moins, ils existent bien.
15:57 Et en ce qui concerne l'histoire de l'Inde, dans ce cas, il n'y a aucun document historique
16:03 auquel on pourrait attribuer une datation absolue.
16:06 On ne dispose que de légendes populaires et de quelques témoignages documentaires très peu nombrables.
16:17 Pour reconstruire l'histoire de l'Inde ancienne, on ne peut s'appuyer que sur les œuvres des historiens grecs
16:26 et des voyageurs arabes, qui souvent ne pouvaient même pas décrire l'emplacement exact de l'Inde
16:32 en la confondant avec l'Afrique ou même avec l'Italie.
16:36 Ce qui n'a pas empêché la chronologie de Scaliger d'appeler l'histoire de l'Inde l'une des plus anciennes sur Terre.
16:45 Une autre raison d'apparition des erreurs chronologiques, c'est des mondes différents pour noter les dates.
16:53 Par exemple, le IIIe siècle, à partir de la naissance du Christ, pouvait être appelé simplement le IIIe siècle du Christ
17:00 et était noté XIII, où X est la première lettre du mot Christ.
17:05 Au Moyen-Âge, la lettre X a été l'abréviation la plus répandue du nom du Christ.
17:10 Par conséquent, le Ier siècle a été noté comme XI, le IIe, XII, et ainsi de suite.
17:17 Probablement ce sont ces abréviations qui ont donné la façon dont le tel siècle est répandu de nos jours.
17:23 Plus tard, les chroniqueurs ont commencé à interpréter la lettre X comme le chiffre romain X.
17:29 Cette interprétation est rajoutée automatiquement à une date mille ans, et le IIIe siècle se transforme en XIIIe siècle.
17:41 Une autre façon de raccourcir le nom de Jésus-Christ, c'est la lettre I, la première lettre du nom Jesus.
17:49 Il apparaît alors que la date qui aujourd'hui est interprétée comme l'an 1300, à l'origine pouvait signifier I 300,
17:57 soit l'an 300 à partir de Jésus, ou l'an 300 de notre ère.
18:08 Voici un exemple, un timbre de l'éditeur Louis Elsevier qui aurait été daté de 1595.
18:15 Cet exemple est intéressant car ici la date est notée avec des chiffres arabes et romains.
18:21 Une autre date sur la gravure d'Albrecht Dürer parle aussi, 1524.
18:27 Nous pouvons voir que le premier symbole est séparé du reste par deux points,
18:32 et que c'est clairement la lettre I avec point au-dessus.
18:36 En d'autres mots, pour désigner le I du nom Jésus.
18:40 C'est ce genre d'interprétation erronée qui a conduit au changement de l'histoire ancienne des peuples.
18:47 Sur papier, bien sûr.
18:49 Mais justement, ce sont ces sources écrites d'après lesquelles on étudie aujourd'hui l'histoire mondiale.
18:56 Les cartes médiévales méritent aussi une attention particulière.
19:00 Nous sommes habitués à ce que sur les cartes, l'Est est situé à droite, l'Ouest à gauche, le Nord en haut et Sud en bas.
19:08 Mais ce n'était pas toujours ainsi.
19:11 Beaucoup de cartes du Moyen-Âge sont retournées, et sur ces cartes, l'Ouest est situé à droite et l'Est à gauche.
19:18 C'est de quoi on l'air les cartes marines de l'atlas de Pietro Vesconte datées du XIVe siècle.
19:25 Prenons la carte de la mer Noire.
19:27 Ici, le Nord est en bas, le Sud est en haut, et la péninsule de Crimée est présentée et est en bas.
19:34 Voici la carte de la Méditerranée.
19:37 L'Est est à gauche et l'Ouest à droite.
19:40 La carte d'Espagne et de l'Afrique.
19:49 L'Afrique est en haut et l'Espagne est en bas.
19:52 Voici la carte retournée de France et d'Angleterre.
19:56 La France est à gauche, l'Angleterre est à droite.
20:00 Sur les cartes anciennes, on peut voir beaucoup de choses intéressantes qui ne correspondent pas à la version historique traditionnelle.
20:08 Premièrement, la géographie médiévale a été très changeante.
20:12 On pouvait appeler des villes différentes avec les mêmes noms.
20:16 Les rattachements modernes des événements historiques à des lieux précis ne sont pas toujours justes.
20:23 Car ils correspondent aux idées contemporaines des historiens au sujet des appellations des lieux.
20:30 Mais si on ouvre des cartes, on voit un tableau tout à fait différent.
20:36 Voici une carte de l'Encyclopédie britannique de 1771.
20:44 On peut voir que l'Empire russe est présenté ici comme plusieurs pays différents.
20:49 Le pays le plus grand, c'est la Tartarie moscovite avec capitale à Tobolsk.
20:54 Sa surface est trois fois plus grande que la surface de la Russie avec la capitale à Saint-Pétersbourg.
20:59 Il y a aussi la Tartarie indépendante avec sa marquande pour capitale et la Tartarie chinoise avec la capitale à Qingyang.
21:07 Il est peu probable que ces données soient fantaisistes, car la Britannica, c'était le sommet des connaissances encyclopédiques de son époque.
21:16 Pourquoi alors nous ne savons rien de ces pays aujourd'hui ?
21:21 D'ailleurs, comment l'appellation de Tartarie peut être présente sur des cartes du XVIIIe siècle,
21:28 si d'après la version officielle de l'histoire, à cette époque, le joug tartaren-mongol n'existait plus depuis 300 ans ?
21:37 C'est à contre-cœur que les historiens modernes discutent au sujet des bizarreries et des énigmes de leur version historique,
21:44 mentionnées plus haut et de milliers d'autres.
21:47 Dans des musées, on peut remarquer que tant que vous posez des questions standards et simples, on vous répond volontiers.
21:55 Mais des questions concernant des dates ou ce type de bizarreries provoquent une irritation,
22:00 même chez les guides, sans parler des employés de ces musées.
22:06 Les musées et les arts
22:11 Aujourd'hui, dans des musées, dans des galeries d'art et dans des collections privées sont conservés beaucoup d'artefacts
22:20 qui serviraient de preuve de la version de l'histoire mondiale en vigueur.
22:26 Par exemple, il y a beaucoup d'objets en bronze qu'on attribue traditionnellement à l'âge de bronze.
22:33 Les historiens ne sont nullement confus par le fait que justement à cet âge de bronze on ne pouvait pas encore fabriquer le bronze,
22:41 car le bronze est un alliage de cuivre et de laitin, et on a découvert le laitin seulement au Moyen-Âge.
22:50 Puisque le bronze ne pouvait pas apparaître avant le laitin, se pose la question, comment et quand ont été fabriqués ces objets ?
23:01 Comment expliquer le fait que dans la pyramide de Khéops on ait trouvé des objets métalliques ?
23:07 D'où sort le fer dans l'Ancienne Égypte ?
23:11 Les historiens campent sur leur position en disant que ce fer de météorite serait tombé du ciel.
23:20 Probablement, de temps en autre en Égypte on pouvait en effet trouver des météorites contenant du fer.
23:26 Mais les recherches effectuées au XXe siècle affirment que ce fer a été élaboré de façon industrielle.
23:34 Des trouvailles semblables ont été faites dans le tombeau de Toutankhamon.
23:41 Sur la momie du Pharaon, qui aurait vécu au XIVe siècle avant notre ère, on a trouvé des poignards en or et en fer.
23:49 Une énigme de plus parmi maintes autres.
23:52 Il est connu que le verre est un matériel à morte qui se cristallise dans l'espace de 5-6 siècles et devient opaque et trouble.
23:59 D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle on est en train de perdre les célèbres vitrages de la cathédrale de Reims en France.
24:06 Comment expliquer alors que des récipients en verre qui auraient été fabriqués 5, 10 ou même 15 siècles en arrière,
24:13 d'après les affirmations des historiens, n'ont pas perdu leur aspect d'origine ?
24:17 Il se peut qu'il n'y ait aucune énigme, tout simplement l'âge de ces objets est surestimé.
24:23 Dans ce cas, les choses s'expliquent ?
24:26 Je pense que l'histoire manque de logique.
24:34 Je dirais qu'aujourd'hui, il faut enseigner l'histoire, comme d'ailleurs beaucoup d'autres matières sociales, en y intégrant la logique.
24:42 Vous savez, dans l'ancienne école, encore dans la première moitié du XXe siècle, il existait une matière spéciale, la logique.
24:54 Malheureusement, aujourd'hui, on ne l'enseigne plus.
24:58 Moi, je la remettrai en place et je ferai en sorte que la logique soit intégrée dans l'histoire au lieu d'être bafouée.
25:08 L'histoire et la chronologie
25:13 Il existe beaucoup de choses dont les historiens n'aiment pas parler, car elles contredisent clairement l'histoire et la chronologie.
25:23 Regardons par exemple un sujet très répandu dans la peinture médiévale, le Golgotha et la Passion du Christ.
25:31 Comment les peintres dessinaient ces sujets ?
25:35 Il apparaît qu'ils étaient convaincus que la Palestine était verdoyante et que Jérusalem était située au bord d'un grand fleuve ou dans des trois.
25:44 Voici la cathédrale du Saint Laurent à Nuremberg.
25:51 Sur une des toiles, on voit la descente du Sauveur de la Croix.
25:55 Regardez, on peut bien voir un large fleuve bleu et des collines.
26:04 Et ceci est la cathédrale à Aix-la-Chapelle.
26:08 Sur ce tableau, on peut également voir des grands arbres, un long branche et un détroit ou un grand fleuve.
26:15 Mais à Jérusalem, on ne trouve rien de semblable.
26:21 Sur cette toile-là, on peut remarquer un autre détail curieux.
26:26 À côté de la croix, on voit un personnage en chapka en fourrure.
26:30 Sur une des gravures de Dürer, représentant le chemin de croix de Jésus, on peut apercevoir un personnage qui est habillé de manière semblable.
26:38 Cet homme porte aussi une chapka et un manteau chaud en plus.
26:43 Quel a été le climat de Jérusalem d'après l'opinion des peintres médiévaux ?
26:49 Nous sommes en Suède, dans le musée du Palais-Royal à Uppsal.
26:59 La toile représentant le chemin de croix du Christ est quelque peu inhabituelle.
27:04 Comme vous pouvez le voir, les cavaliers portent des turbans et les extrémités des hampes sont couronnées de croissants.
27:11 Les guerriers portent des boucliers au dos.
27:13 Sur un de ces boucliers, on voit des croissants.
27:16 Sur un autre, la croix qui est orthodoxe.
27:19 Sur les peintures médiévales, on peut souvent voir une autre particularité assez intéressante.
27:28 Les peintres ont souvent représenté les personnages de l'Ancien Testament et de l'Antiquité comme leurs contemporains.
27:34 Voici une gravure de chronique florentine du 15e siècle.
27:40 Ici, Jésus est de la Bible qui a vécu bien avant la naissance du Christ et est représenté comme un chevalier médiéval typique.
27:48 Au sommet des tours de l'ancien Jéricho que Jésus a attaqué, on voit des croix chrétiennes.
27:57 Ici, sur l'icône de l'Annonciation, la Vierge Marie est représentée dans un entourage typiquement médiéval, avec des livres qui à son époque n'existaient pas encore.
28:07 Ceci est la Bible du musée de Gutenberg à Mayence.
28:13 Comme vous pouvez le voir, un illustrateur médiéval a armé les troupes de l'Ancien Testament de canon, tout à fait moderne pour son époque.
28:22 Sur le tableau de Luca Kranach, "Jugement de Paris", le héros qui aurait vécu au XIIIe siècle avant notre ère est représenté en armure médiévale.
28:31 Il y a maintes exemples semblables.
28:34 Les historiens disent qu'il s'agit ici d'un anachronisme du Moyen-Âge.
28:39 Selon leur opinion, en temps du Moyen-Âge, toutes les notions relatives aux époques se sont mélangées et les peintres étaient tout simplement incultes.
28:47 Mais on peut trouver des exemples semblables dans la littérature de cette époque aussi.
28:52 Par exemple, pour une raison pas très claire, Petrarch, avec tout son sérieux, a essayé de prouver les légitimités et les privilèges accordés à la maison d'Autriche de Habsbourg par Jules César même.
29:03 On dirait qu'il n'y a rien à prouver, car selon la chronologie officielle, César et les Habsbourg sont séparés par dix siècles.
29:10 Pourquoi ce n'était pas évident pour Petrarch, l'une des intelligences les plus brillantes de l'époque de Renaissance ?
29:16 Il y a de quoi réfléchir.
29:18 Les historiens ne sont pas tout à fait conscients de ce que c'est l'Histoire.
29:27 Ils ne font pas vraiment la différence entre du fait réel du passé, du passé qui n'est plus à notre portée,
29:37 qui aujourd'hui n'est disponible que dans des mémoires ou dans des artefacts,
29:43 et entre l'Histoire qui est contenue dans des bouquins qui sont écrits par des historiens,
29:49 c'est-à-dire une version qu'on peut lire, éprouvée à la suite de sentiments de colère ou d'adoration.
29:56 Ce sont des choses différentes, et les historiens ne le comprennent pas.
30:01 Nous avons un autre problème dont on ne parle pas souvent, c'est la falsification.
30:09 C'est triste, mais c'est le fait. Les anciens objets sont loin d'être tous des objets authentiques.
30:15 Le plus souvent, les faux s'introduisent dans l'espace culturel discrètement.
30:19 Si le faux n'a pas été dévoilé durant la première génération, il devient alors authentique pour les descendants.
30:26 Par exemple, l'une des falsifications les plus scandaleuses de ces derniers temps,
30:33 c'est la falsification des fresques à l'Hospice du Saint-Esprit et à l'église de Sainte-Marie à Lübeck.
30:40 Suite au bombardement en 1942 de l'église, une partie du plâtre s'est effondrée.
30:47 Sous ce plâtre sont apparus des peintures du XIIIe siècle.
30:58 En 1948, après la guerre, on a décidé de restaurer ces fresques et pour cela on a engagé un certain Dietrich Fey,
31:06 qui avait déjà un casier pour la falsification d'œuvres d'art.
31:10 Fey a ensuite engagé un assistant, Lothar Malskat, qui était également un grand spécialiste des faux.
31:18 Après la fin des travaux, Fey et Malskat ont déclaré que dans une partie de l'église,
31:24 ils ont réussi à découvrir des peintures anciennes qui étaient cachées sous des couches plus récentes.
31:30 Trois ans plus tard, une ouverture solennelle de l'église restaurée a coïncidé avec cet centième anniversaire de la ville.
31:43 Pour marquer cet événement, on a même sorti un timbre spécial.
31:47 Il aurait été possible que ces fresques soient toujours considérées comme authentiques
31:52 si l'administration avait remis une distinction aux deux spécialistes.
31:56 Mais seul Dietrich Fey a été recompensé et Malskat n'a rien reçu.
32:01 Il s'est vexé et a avoué en public qu'à la demande de fées, il a enlevé les fresques du XIIIe siècle
32:09 et refait des nouvelles par-dessus, d'après des photos conservées.
32:13 Une commission spéciale a étudié les fresques et s'est prononcée sur le mensonge de Malskat.
32:20 Quand le restaurateur Virtuose a demandé aux membres de la commission de regarder plus attentivement les visages des saints,
32:26 la commission s'était criée.
32:28 Les saints avaient les visages de Gengis Khan,
32:31 de Rasputin,
32:38 de Marlène Dietrich
32:48 et même de la sœur de Malskat.
32:50 Le scandale a pris l'ampleur et la commission a découvert d'autres chefs-d'œuvre des restaurateurs,
33:03 en particulier des faux-deux fresques dans l'église de Sainte-Catherine, toujours à Lübeck.
33:08 À ce sujet, on a appris que Malskat n'avait même pas enlevé les anciennes fresques,
33:14 mais qu'il a simplement dessiné les nouvelles par-dessus.
33:17 Plus tard, on n'a pas réussi à restaurer ces anciennes peintures du XIIIe siècle,
33:22 les fresques ont été détruites de façon irrémédiable.
33:25 Ici, une question légitime se pose.
33:28 Dans quelle mesure peut-on avoir confiance en l'ancienneté des peintures murales ?
33:32 Si les fresques de Lübeck ont été perdues en 500 ans,
33:36 comment faire avec les datations des autres fresques, qui seraient encore plus anciennes ?
33:41 Et combien de faux sont toujours considérés comme des authentiques ?
33:46 La majorité des historiens russes et occidentaux sont persuadés
33:50 que les Russes sont une des ethnies les plus jeunes sur Terre,
33:54 et qu'à l'époque de César ou d'Alexandre le Grand,
33:57 les Russes se baladaient encore dans des forêts vêtues de peaux de bête.
34:01 Ici, nous avons envie de rappeler l'existence des Etrusques.
34:05 On sait que les Etrusques ont habité sur le territoire de Rome actuel,
34:09 et que les Etrusques ont été les plus nombreux à se défendre contre les Etrusques.
34:13 Mais les Etrusques ont habité sur le territoire de Rome actuel avant qu'elle n'ait été fondée,
34:18 et ce sont eux qui ont coulé de bronze la statue de Louvre du Capitole,
34:22 ce qui d'ailleurs témoigne de leur savoir dans le traitement de métaux.
34:26 Il est tout de même étrange qu'après avoir laissé de nombreux textes gravés,
34:30 de jolis objets, des statues, et même des villes bien fortifiées
34:34 telles que Capou, Florence, Bologne, les Etrusques ont sombré dans l'inconnu.
34:40 En ce qui concerne les textes laissés, de nombreuses générations de scientifiques
34:44 auraient travaillé là-dessus sans résultat.
34:48 Il existe même un proverbe en italien etruscan non ligatur,
34:52 ce qu'on peut traduire comme « L'Etrusque est illisible ».
34:56 Il est encore plus étonnant qu'au 19e siècle en Russie,
35:00 on avait déjà appris à lire l'Etrusque grâce à Tadeusz Woloski.
35:06 Ce dernier a supposé que l'Etrusque est proche de la langue slave.
35:11 Il a même établi un alphabet étrusque.
35:14 Il n'est rien d'étonnant, car il est apparu qu'un tiers des lettres étrusques
35:18 correspondent à des lettres cyrilliques.
35:21 Si on utilise l'alphabet de Woloski,
35:24 certaines des écritures illisibles deviennent claires pour les Russes,
35:27 même sans traduction.
35:29 Jugez-en par vous-même.
35:31 Voici un original d'un texte étrusque.
35:33 « Volio dae, moge co zani melec chae ? »
35:39 Et voici l'adaptation évidente.
35:42 « J'accorde ma volonté, peut-être mon bien-aimer, le vœu »
35:47 entre parenthèses latins.
35:49 Ça veut dire que l'Etrusque pourrait bien être une forme de langue slave
35:52 qui serait apparue et se serait répandue bien avant la fondation de Rome.
36:02 Ceci nous conduit pour le moins à une révision de l'histoire de l'humanité,
36:06 mais aussi à un changement du regard traditionnel qu'on porte sur les Slaves,
36:11 qui à l'époque de l'essor des grandes civilisations européennes
36:15 auraient vécu dans l'arrière-cour de l'Europe
36:17 et n'auraient joué aucun rôle dans l'histoire mondiale.
36:21 Puisqu'à l'époque de l'ouverture des universités en Occident,
36:25 la Russie se serait encore trouvée sous le joug des Tatars barbares.
36:29 On nous dit que la horde des nomades sauvages serait sortie des stèpes sableuses
36:35 et des déserts rocheux sur le territoire de Mongolie,
36:39 qu'elle aurait fait des milliers de kilomètres et atteint la Russie,
36:47 qu'elle aurait conquis un état puissant et se serait répandue encore plus loin
36:52 en conquérant certains pays de l'Europe de l'Ouest,
36:55 qu'elle serait allée encore plus loin et aurait atteint l'Égypte
36:58 où elle aurait fondé la dynastie des Mamluks,
37:01 après quoi elle serait mystérieusement disparue en ayant laissé l'Empire mongol.
37:05 Si menté, on ne sait pas trop par qui ni comment.
37:08 Après 300 ans de son règne, l'Empire de Djengis Khan n'a laissé ni chronique
37:16 ni document d'état en langue mongole.
37:19 Peut-être a-t-on perdu tous les documents de cette époque ?
37:22 Non.
37:24 Des chartes des grands souverains, des testaments spirituels,
37:28 des documents d'église se sont conservés, mais uniquement en russe.
37:32 Comment est-ce possible ?
37:34 Ils ont régné sans avoir rien laissé comme témoignage.
37:38 Il se trouve que le scientifique russe Lev Gumilov a eu peut-être raison
37:43 en disant que l'histoire du jour mongol a été inventée au XVIIIe siècle
37:48 sous l'influence des idées sur les origines soi-disant d'esclaves des Russes.
37:53 Les auteurs de cette idée, ce sont des étrangers, Muller et Schlosser,
37:58 qui ont tout simplement répondu à une demande politique.
38:01 Un autre énigme de l'histoire russe.
38:08 Pourquoi le livre intitulé Voyage au-delà des trois mers d'Athanas Nikitin,
38:14 destiné à des lecteurs russes, est partiellement écrit en arabe ?
38:19 Et ce ne sont pas des citations des auteurs arabes.
38:22 Il faut dire que le récit change de langue en douceur,
38:26 du russe vers l'arabe et de l'arabe vers le russe.
38:29 Il apparaît qu'en Russie, à cette époque, on parlait les deux langues.
38:33 Sinon, pour qui ce livre a été écrit ?
38:35 Cette version est confirmée par des inscriptions
38:42 qui ont été faites en arabe sur les anciennes armes russes.
38:45 Aujourd'hui, il est convenu de croire que ces armes auraient été fabriquées en Turquie,
38:49 en Perse et en d'autres pays musulmans.
38:52 Alors pourquoi, déjà à l'époque des Premières Romanov,
38:56 c'est-à-dire au XVIIe siècle, les armuriers russes ont décoré les armes
39:00 avec des inscriptions en arabe ?
39:02 Ça concernait même les armes du Tsar,
39:05 qui sont toujours conservées au Palais des Armures.
39:08 Ou prenons par exemple le casque de Damas du Tsar Mikhaïl Fodorovitch.
39:13 Autour de son sommet, on peut voir des arabesques ou des inscriptions en arabe.
39:17 Voici l'une d'elles.
39:19 Ce qui se traduit et annonce la bonne nouvelle aux croyants.
39:26 Beaucoup de mystères sont liés à des Tsars russes.
39:34 Par exemple, on croit qu'au temps d'Ivan le Terrible,
39:38 la Russie était en état faible et n'avait pas d'influence sur ses pays voisins.
39:44 Mais voilà en fait intéressant.
39:48 Jusqu'à nos jours, dans certains musées européens,
39:51 sont conservées des lettres d'Ivan le Terrible à des souverains européens.
39:55 Leur ton est stupéfiant.
39:57 Voici un extrait d'une lettre d'Ivan le Terrible
40:01 adressée au roi de Suède Gustav Ier,
40:04 dont l'original est conservé dans des archives suédoises.
40:07 Suède d'origine plébéienne et non royale.
40:10 Quand les gouverneurs de Novgorod, au nom du grand monarque et tsar russe,
40:16 enverront leur ambassadeur à Gustav,
40:18 à ce moment Gustav, le roi de Suède et des Gautes,
40:21 devra baiser la croix devant cet ambassadeur.
40:24 Il ne peut être que tu puisses t'adresser à nous en contournement de nos gouverneurs.
40:30 On peut voir qu'Ivan le Terrible ne considérait pas du tout comme son égal le roi de Suède.
40:36 En lisant plus loin.
40:38 Quand le roi Manus, à qui nous avons attribué des villes,
40:42 avec l'aide de Dieu, nous disposons de tout dans notre patrimoine
40:47 et sommes libres de récompenser ce que nous voulons.
40:51 Il apparaît qu'Ivan IV croyait que l'Europe était son patrimoine
40:56 et que les monarques européens étaient ses vassaux
40:59 qui n'avaient même pas le droit de s'adresser à lui directement
41:02 mais uniquement par des intermédiaires.
41:04 Il expliquait ça ainsi.
41:06 Nous descendons d'Auguste César même.
41:11 Peut-être cet exemple était unique et en rapport avec le fait
41:15 que Gustav n'était pas un roi héréditaire mais élu.
41:19 Regardons une autre lettre d'Ivan IV adressée à un autre monarque européen,
41:24 à Élisabeth Ière d'Angleterre.
41:27 La lettre est conservée dans les archives de Londres.
41:29 Ici, le tsar Ivan se fait appeler respectueusement « nous »
41:35 et s'adresse à la reine d'Angleterre avec des dents,
41:38 en la tutoyant, et à la fin, il l'appelle même une fille vulgaire.
41:42 Les historiens expliquent que c'est un des obligeants
41:53 par une maladie psychique d'Ivan le Terrible.
41:55 Pourquoi alors les monarques européens reconnaissaient-ils son pédigré ?
42:00 Pouvaient-ils en effet être des descendants de l'empereur Auguste ?
42:04 Ils sont quand même séparés par 1500 ans ou par moins d'années que ça.
42:09 Voilà un autre exemple, une Bible ancienne slave
42:19 qui est aujourd'hui propriété nationale de la France.
42:23 C'est la princesse Anna Jaroslavna, la fille de Jaroslav le Sage,
42:27 qu'il avait offerte en cadeau à son futur époux Henri Ier.
42:32 Cette Bible a été utilisée durant plusieurs siècles
42:35 lors des couronnements des rois français.
42:37 Pourquoi une Bible slave est-elle devenue une relique de famille des rois catholiques ?
42:50 Il faut dire que Henri Ier s'est déplacé en personne vers la frontière
42:55 pour accueillir sa fiancée.
42:57 Pour le roi français, ce mariage était plus honorable que pour la princesse russe.
43:01 Une question légitime.
43:12 Est-il réellement possible que durant des siècles
43:15 les meilleurs esprits de leur époque
43:17 n'aient jamais remarqué les nombreuses contradictions de l'Histoire ?
43:21 Bien sûr que non.
43:22 Chaque nouvelle génération de scientifiques
43:25 avait éprouvé des difficultés pour accorder des chroniques sources
43:29 avec la version de Scaliger-Petot.
43:31 Au début du XVIIIe siècle, Isaac Newton a sérieusement transformé
43:39 la chronologie de Scaliger en se basant sur les idées de science exacte.
43:45 Globalement, la chronologie de Newton est plus courte que celle en vigueur aujourd'hui.
43:50 Il a déplacé plus haut sur une échelle temporelle
43:52 la majorité des événements datés de l'époque d'avant Alexandre le Grand,
43:56 en d'autres mots, il les a rajeuni.
43:58 Cette révision de la chronologie de Scaliger n'est pas aussi radicale
44:02 que dans des travaux de scientifiques plus récents.
44:04 Mais Newton a compris de façon juste
44:06 dans quelle direction il fallait changer la chronologie.
44:09 Même s'il n'a pas avancé au-delà de notre ère,
44:12 il croyait qu'à partir du IVe siècle de notre ère,
44:15 la chronologie était juste.
44:17 Jean Ardouin
44:23 Déjà en 1690, le directeur de la Bibliothèque royale française,
44:28 professeur de théologie Jean Ardouin,
44:30 a affirmé que la majorité des ouvrages antiques
44:33 étaient des faux écrits par des moines au XIIIe siècle.
44:37 À son époque, Ardouin jouissait d'une grande notoriété
44:40 non seulement en tant que théologien,
44:42 mais aussi en tant que spécialiste en archéologie,
44:45 en philologie et en d'autres sciences.
44:47 Mikhail Lomonosov
44:51 Au milieu du XVIIIe siècle, Lomonosov a pris la parole
44:55 contre la nouvelle version de l'histoire russe
44:57 qui a été créée sous ses yeux par les Allemands Müller et Bayer.
45:01 Il a soumis à une critique rude une dissertation de Müller
45:05 qui venait de paraître,
45:07 au sujet de l'origine du nom et du peuple russe.
45:10 Il a également déprécié les travaux de Bayer sur l'histoire russe.
45:14 Je crois qu'il ressemble grandement à un chaman idolâtre
45:19 qui, après avoir fumé de la jusquiam et du datura,
45:22 donne des réponses obscures, douteuses, incompréhensibles et sauvages.
45:27 Ainsi a commencé la bataille pour l'histoire russe.
45:36 Robert Baldauf
45:38 Un philologue allemand du XIXe siècle, Robert Baldauf,
45:42 en étudiant la poésie antique d'Homer, de Svobodny et d'Aristote,
45:46 a découvert que le style de ses œuvres
45:49 ressemblait beaucoup au style des troubadours du Moyen-Âge.
45:52 Et dans le latin d'Horace,
45:54 on voit l'influence des langues italiennes et allemandes.
45:57 Baldauf est arrivé à la conclusion que tous ces auteurs antiques
46:01 étaient en réalité des humanistes italiens
46:04 de l'époque de la Renaissance.
46:07 Theodor Momsen
46:12 Un historien allemand du XIXe siècle, Theodor Momsen
46:16 a été un des plus grands représentants du courant scientifique
46:19 qui a été nommé l'hypercréticisme.
46:22 Momsen a écrit au sujet des contradictions flagrantes
46:25 dans la chronologie romaine.
46:27 C'est lui qui a attiré l'attention sur le fait
46:30 que la datation de la fondation de Rome, selon les sources,
46:33 différait de 500 ans.
46:36 Nikolai Morozov
46:42 Le destin de Nikolai Alexandrovich Morozov n'a pas été simple.
46:49 À l'âge de 20 ans, Morozov a adhéré à l'organisation anarchiste russe
46:53 Volonté du peuple.
46:55 En 1881, il a été condamné à la réclusion en perpétuité
46:59 dans la forteresse de Reschek.
47:02 À cet endroit, il a étudié seul la chimie, la physique,
47:05 l'astronomie, les maths et l'histoire.
47:08 Il a été libéré en 1905 après avoir passé presque 25 ans en prison.
47:13 Après sa libération, il s'est consacré à des activités
47:16 scientifiques et pédagogiques.
47:18 Après la révolution de 1917, il est devenu directeur
47:22 de l'Institut des sciences exactes de Pötzlesgav.
47:25 Morozov a avancé et partiellement fondé une hypothèse fondamentale
47:30 selon laquelle la chronologie de Skaliger de l'Antiquité
47:34 a été artificiellement rallongée et qu'il faut la revoir
47:37 jusqu'au VIe siècle de notre ère.
47:40 Cette hypothèse s'est basée sur des découvertes de Doublon.
47:45 Qu'est-ce que ça veut dire ?
47:48 Morozov a supposé que dans des textes historiques différents,
47:52 les mêmes événements ont été datés différemment.
47:56 Ça aurait pu arriver à cause d'adaptations, de traductions
47:59 par des chroniqueurs différents, c'est pourquoi le même événement
48:03 a été perçu comme plusieurs événements différents
48:06 sans rapport entre eux.
48:08 Ces événements ont été placés sur une échelle temporelle
48:11 indépendamment les uns des autres,
48:13 ce qui a conduit à l'apparition dans la chronologie de Doublon
48:17 ou de réflexions fantômes des périodes historiques réelles.
48:22 Dans des chroniques d'époques différentes figurent des dynasties
48:28 et des rois avec des biographies drôlement ressemblantes.
48:32 Par exemple, Auguste Octavien et Constantin Ier,
48:35 tous les deux étaient d'origine modeste et des guerriers vaillants,
48:39 remarqués pour leur intelligence et leur courage par les empereurs précédents,
48:43 respectivement par César et par Dioclétien.
48:48 Tous les deux avaient des co-dirigeants à cause de qui ont été initiés des guerres,
48:52 dans lesquelles tous les deux ont été vainqueurs
48:55 et sont devenus des souverains.
48:58 On y trouve encore beaucoup de coïncidences, y compris la mort.
49:02 Tous les deux sont subitement tombés malades et sont morts en route.
49:07 On peut effectuer des parallèles semblables chez d'autres pères d'empereurs.
49:13 Finalement, est-ce tellement important de connaître la vraie histoire?
49:18 Au fond, quelle est la différence pour des gens profanes
49:22 en quelle année était fondée Rome, 500 ans plus tôt ou plus tard?
49:27 Quand a eu lieu la guerre du Péloponnèse et encore des centaines d'autres guerres?
49:36 Quel rapport a tout ça avec la vie quotidienne des petits gens,
49:39 avec leurs problèmes et soucis?
49:42 Est-ce que la nouvelle histoire rendra les gens plus heureux,
49:46 donnera-t-elle plus de réussite ou de richesse?
49:50 D'un autre point de vue, la chronologie constitue un ossement de l'histoire.
49:56 C'est son échine.
49:58 S'il s'avère que cette échine ne marche pas, qu'elle n'est pas assez solide,
50:02 toute la construction historique s'effondre.
50:06 C'est pourquoi les historiens ont tellement peur de notre critique de la chronologie actuelle.
50:14 Dans l'histoire, ne sont pas rares des exemples où des décisions politiques,
50:19 je dirais des décisions de haute responsabilité qui ont conduit à des résultats catastrophiques,
50:25 ont été prises sur le fondement des idées historiques.
50:30 Ce genre de choses est réellement arrivé, et plusieurs fois.
50:35 La chronologie est la fondation de toute la construction historique dans son ensemble.
50:42 Les dates prédéterminent la version historique, et pas seulement.
50:47 Les dates déterminent nos idées au sujet de la culture, de la langue,
50:52 de l'histoire des civilisations et même de l'origine de l'humanité.
50:57 Les changements des dates ont une répercussion radicale sur tout ça.
51:02 Beaucoup de faits contemporains et d'époques récentes du XIXe siècle se voient sous un autre jour,
51:10 à condition de savoir quelle a été la vraie histoire jusqu'au XVIIe siècle.
51:16 Alors, comment les historiens déterminent les dates ?
51:23 De quelle façon ils composent cette échelle des époques ?
51:27 Quelles méthodes ils utilisent, et est-ce qu'il est possible de vérifier leur efficacité ?
51:32 C'est à ces questions que sera consacré notre film suivant,
51:36 « Sur quoi se base la science historique ? »
51:40 Sous-titrage FR : VNero14
51:44 *Musique*
52:08 *Musique*

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