Après avoir reçu hier les principaux syndicats agricoles, Gabriel Attal a promis d'annoncer des mesures concrètes dans la semaine.
Pendant ce temps, la colère continue de monter dans les régions.
Pendant ce temps, la colère continue de monter dans les régions.
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00:00 ce matin, au 04 67 58 6000, vous allez pouvoir réagir, nous appeler, nous dire ce que vous en pensez.
00:05 On sait qu'au niveau des résultats sur internet...
00:08 - Ça n'a pas bougé. - Ça n'a pas bougé.
00:09 - Vous êtes 273 à avoir voté et vous êtes 88% à dire que les agriculteurs ont raison de bloquer les routes,
00:17 comme ils le font depuis quelques jours, notamment sur l'autoroute A64.
00:20 - Est-ce que vous pouvez nous donner le nom des 273 personnes qui ont voté ?
00:23 - On n'a pas le temps pour ça, je suis désolé.
00:24 - Nous accueillons Jérôme Despey, qui est président de la Chambre d'agriculture de l'Hérault et numéro 2 de la FNSA.
00:29 C'est important, c'est notre invité et vous pouvez réagir.
00:32 - Bonjour Jérôme Despey. - Bonjour.
00:34 - Merci d'être venu nous rejoindre, surtout en ce moment où la FNSA est vraiment en première ligne.
00:39 Votre président Arnaud Rousseau a été reçu hier par Gabriel Attal directement à Matignon.
00:45 Le fait que le Premier ministre reçoive le patron du premier syndicat agricole,
00:49 s'emparsé par le ministre de l'agriculture, est-ce que c'est un signe que ça va quand même très très mal
00:53 et que le gouvernement est en train de s'inquiéter ?
00:54 - Oui, la situation va très mal.
00:56 Elle va très mal depuis de nombreux mois, puisque nous avons déjà alerté, alerté le ministre de l'agriculture,
01:03 le gouvernement sur cette situation de mal-être,
01:06 sur cette situation qui ne permet plus aux agriculteurs de vivre de leur métier.
01:11 On avait commencé d'ailleurs par les panneaux retournés.
01:13 - Les panneaux renversés, oui.
01:14 - On marche sur la tête.
01:17 Pour donner ce signal d'alarme aux élus.
01:20 - C'est d'ailleurs parti d'Occitanie cette affaire-là.
01:22 Et ça a fait des huiles partout en France.
01:24 - C'est parti du Tarn.
01:25 Et le but de dire "on marche sur la tête" parce que le revenu n'est pas là,
01:28 parce que nous n'avons que des surtranspositions.
01:30 Nous avons des normes de plus en plus importantes.
01:34 Il y a un déclin dans nos potentiels de production.
01:37 Toutes nos productions baissent sur notre territoire d'Occitanie,
01:42 mais aussi au niveau national.
01:45 Et pendant ce temps, on importe un tiers de notre alimentation est importée.
01:49 Et ça, les agriculteurs n'en peuvent plus.
01:52 Il y a véritablement un problème, on l'a dit au Premier ministre, d'un bord de dignité.
01:56 Il y a vraiment ce sentiment de non-considération du monde du récolte.
02:03 Et on nous en met toujours plus avec des prix toujours plus bas.
02:06 Donc ça ne peut pas marcher.
02:07 - Un tiers de notre alimentation est importée alors que dans le même temps,
02:10 on vous dit qu'il faut mettre 4% des terres en jachère.
02:12 Donc vous ne les cultivez pas.
02:13 Il y a quelque chose qui n'est pas logique.
02:15 - On marche sur la tête.
02:16 C'est-à-dire qu'on nous demande bien sûr de pouvoir contribuer à notre souveraineté.
02:21 Alimentaire, à l'alimentation de nos concitoyens.
02:24 Et en même temps, il y a des directives qui sont données
02:28 de mettre 4% de nos cultures en jachère, c'est-à-dire en non-production.
02:32 Et on importe.
02:33 Et on importe bien sûr dans des conditions pour nos consommateurs
02:38 qui n'est pas les mêmes que les exigences qui sont données aux agriculteurs français.
02:42 Et c'est ça qui ne va pas.
02:44 - Alors si on importe, c'est parce que les produits sont moins chers.
02:45 Prenons l'exemple de l'Espagne par exemple.
02:47 Je crois qu'un ouvrier avec l'école espagnole, ça coûte 7 euros de l'heure.
02:50 Alors qu'un ouvrier agricole français, ça en coûte 2 fois plus, 14 euros.
02:53 Le problème, il est là aussi.
02:54 - Le problème, il est sur le plan social, il est sur le plan normatif,
02:58 il est sur le plan de l'environnement.
03:01 Je pense à nos arboriculteurs.
03:02 Ils ont des arrêts de molécule pour protéger leur culture.
03:07 On l'a vu sur la cerise par rapport au dimethoate qui est interdit en France.
03:11 Ce qui se passe, c'est qu'on importe la cerise d'ailleurs.
03:16 Voilà, on regarde ailleurs.
03:17 Et c'est ça qui n'est pas supportable.
03:19 - Et sur laquelle il y aura moins de protection environnementale d'ailleurs, moins de normes ?
03:25 Parce qu'en France, on a tendance, je crois qu'on entendait un autre vice-président de la FNSE hier soir dire
03:30 "le problème c'est qu'en France, on lave plus blanc que blanc aussi".
03:32 On rajoute déjà une réglementation européenne.
03:35 - C'est ça. Nous avons l'agriculture la plus vertueuse.
03:37 Et la transition ne nous fait pas peur, nous la faisons.
03:40 Ce que nous ne pouvons pas accepter, c'est qu'il y ait des normes
03:44 qui soient rajoutées dans notre pays, ce qu'on appelle de la surtransposition,
03:50 sur un certain nombre de sujets, et notamment sur l'aspect, on parlait des phytosanitaires,
03:56 mais pas que. Il y a le sujet de l'emploi, il y a le sujet aussi des normes,
04:02 et puis des procédures administratives.
04:05 Je veux juste un exemple, puisqu'on a la sécheresse,
04:08 on est dans une région où il y a le changement climatique,
04:10 on a obtenu des crédits au moment du gel de 2021,
04:14 il restait un peu de crédit, je demande de les orienter vers des politiques d'investissement
04:17 pour protéger nos arbres avec des filets, pour mettre de l'irrigation.
04:23 Un an après l'accord, l'appel à projet n'est pas sorti.
04:26 Mais comment vous voulez que les agriculteurs...
04:28 - C'est la faute à qui ça ? Au ministère, à l'Europe ?
04:31 - Non, ça c'est la faute aux administrations.
04:34 Il y a une décision politique, on met plus d'un an pour pouvoir sortir un appel à projet,
04:39 pour faire une campagne d'investissement pour protéger nos cultures.
04:43 Ce n'est pas acceptable.
04:44 On nous rajoute, on passe, vous savez combien on passe les agriculteurs ?
04:47 Un jour, un jour, par semaine, sur de la paperasse, à remplir des dossiers.
04:54 Vous ne croyez pas qu'on serait mieux dans nos champs, dans nos cultures ?
04:57 C'est ça le vrai sujet aujourd'hui.
05:00 - 04 67 58 6000, les agriculteurs ont-ils raison de bloquer les routes ?
05:04 Il y a Magali qui veut intervenir, Magali de Montpellier, bonjour.
05:08 - Bonjour, bonjour M. Despé.
05:10 Alors, moi je suis d'accord avec vos constats sur la pauvreté des agriculteurs,
05:15 qui est indécente et qui les pousse à des actes désespérés.
05:20 En revanche, sur les solutions, je m'interroge,
05:24 parce qu'il ne faut pas s'enlever de la tête que les conditions climatiques vont se dégrader,
05:30 et qu'il faut absolument accompagner les agriculteurs vers une transition.
05:34 Ce n'est pas en leur permettant d'utiliser encore plus de diesel
05:37 qu'on va y arriver encore plus de glyphosate.
05:39 Et ça, je ne sais pas si c'est bien dit.
05:41 Je pense qu'il faut accompagner l'installation des agriculteurs,
05:46 arrêter cette agro-industrie qui met des prix planchers extrêmement bas,
05:52 et permettre aux gens d'avoir une alimentation de qualité.
05:55 Le ministre nous parle tout le temps de la compétitivité,
05:58 je pense qu'il faut sortir l'alimentation de la compétitivité,
06:02 d'un service, une alimentation de qualité qu'on doit aux Français.
06:06 - Ok Magali, merci pour votre intervention ce matin.
06:09 La remarque de Magali porte sur le modèle agricole français.
06:14 Est-ce qu'il n'a pas vécu aujourd'hui...
06:16 Il a longtemps été un modèle productiviste ?
06:19 Est-ce qu'il ne faut pas revoir tout simplement notre pays ?
06:21 - Ce que je veux dire à Magali, c'est que ça ne nous fait pas peur.
06:25 Moi, la transition, vous savez, on est le premier département en agriculture biologique,
06:30 en certification environnementale.
06:34 Je dis à Magali aussi, c'est qu'il faut que le consommateur paye au juste prix ses produits.
06:38 La question du revenu est un élément important.
06:42 Il y a les états généraux de l'alimentation, auxquels on a dit...
06:46 - Et les négociations en cours avec l'agroalimentaire...
06:49 - Et les négociations commerciales qui se terminent le 31 janvier.
06:51 Ce qu'on dit, c'est qu'il faut intégrer les coûts de production.
06:55 On a une inflation qui est très très importante.
06:58 L'agriculture c'est 22% de coût de production en plus.
07:03 Le prix, lui, ne bouge pas ou il baisse.
07:06 Donc entre les industriels et la grande distribution,
07:09 ce qu'on a besoin c'est d'avoir un juge de paix qui ait des contrôles
07:12 parce que les profits, ce n'est pas les agriculteurs qui les font,
07:15 c'est sûrement les industriels et la grande distribution.
07:18 Il faut redonner du revenu si on veut installer des jeunes agriculteurs.
07:22 Après, utiliser moins d'un trent,
07:25 travailler comme nous le faisons pour pouvoir avoir des produits de qualité,
07:30 c'est pas pour nous une difficulté.
07:34 Ce qu'on veut être juste, c'est avoir une juste rémunération.
07:37 - Et apporter moins de produits à l'intérieur même de la zone de la Schengen.
07:43 - Aujourd'hui, dans les étals, quand on importe un tiers de notre alimentation,
07:48 ça pose problème, surtout quand on ne regarde pas ce qui est importé.
07:52 C'est-à-dire qu'on demande aux agriculteurs de faire toujours plus
07:55 sans regarder ce qui arrive sur les étals des produits importés
07:58 qui ne sont pas produits dans les mêmes conditions exigées par les producteurs français.
08:03 Il faut qu'on arrête toute cette sur-administration.
08:08 Je crois qu'on en crève, on n'en peut plus.
08:10 C'est pour ça que la colère monte et elle va monter progressivement
08:14 jusqu'à notre département.
08:16 - On va finir là-dessus parce que vous avez une annonce à faire pour la fin de semaine.
08:20 Souvent, les colères partent du monde des viticulteurs
08:23 que vous représentez aussi au sein de la FNSEA.
08:26 Jérôme Despé, on l'a vu avec la grande manifestation de Narbonne
08:29 fin novembre, début décembre, c'était très bien.
08:31 Midi Rouge, tout le monde a en mémoire évidemment les différents épisodes.
08:36 C'est encore parti d'Occitanie, cette affaire-là.
08:40 Cette colère, elle pourrait vraiment,
08:42 même si pour l'instant on se contente de bloquer des autoroutes,
08:45 mais elle pourrait prendre de l'ampleur et voir même une certaine forme de violence ?
08:49 - Non, de l'ampleur, ça va en prendre.
08:52 Tous nos départements vont être mobilisés,
08:56 ils sont mobilisés à partir déjà depuis la semaine dernière
08:59 et ça va monter progressivement.
09:02 Le but, je le dis, on ne veut pas non plus embêter nos concitoyens.
09:07 Nos concitoyens d'ailleurs nous apportent beaucoup de soutien,
09:10 on le voit d'ailleurs dans votre sondage.
09:13 Donc le but ce n'est pas d'embêter, c'est de montrer la détresse que nous avons
09:18 et la dignité que nous voulons retrouver.
09:20 On a besoin de tout le monde, donc la forme de violence,
09:23 nous l'avons dit, nous ne nous en voulons pas,
09:24 mais on veut marquer.
09:26 - Alors, vous marquerez les esprits très concrètement dès vendredi,
09:30 puisque vous avez décidé de mettre en place une opération sur l'autoroute A9,
09:34 vendredi matin, c'est ça ?
09:35 - Tout à fait.
09:36 On va, comme nos collègues, nous mobiliser en partant de Béziers
09:40 jusqu'à la préfecture à Montpellier,
09:43 avec les tracteurs, pareil,
09:47 dans la gravité et dans la responsabilité qui est la nôtre,
09:50 pour dire que ça suffit,
09:52 donc ça va, je suis désolé, un peu bloqué,
09:56 parce qu'un tracteur ça roule à 20 km/h,
09:58 mais il faut en passer par là pour pouvoir porter aussi le message
10:03 et que tout le monde puisse être à nos côtés pour que les choses bougent.
10:08 Ce que nous demandons d'ailleurs au gouvernement,
10:11 c'est qu'on ne veut plus de paroles.
10:12 Les paroles, on en a beaucoup,
10:14 vous avez parlé du monde viticole,
10:17 on attend des annonces concrètes par le ministre
10:18 qui doit venir dans les roues le 2 février prochain.
10:22 Ce qu'on veut, c'est plus de paroles, on veut des actes.
10:25 On veut des actes,
10:27 parce que c'est ce qu'attendent aujourd'hui les agriculteurs.
10:29 - Et donc cette opération, vendredi matin,
10:32 que vous nous annoncez ce matin, Jérôme Despes,
10:34 sur l'A9, entre Béziers et Montpellier,
10:36 dès 7h le matin ?
10:37 - Oui, dès 7h le matin,
10:38 pour converger vers la préfecture,
10:40 où nous serons vers midi.
10:42 - Plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines, je ne sais pas, de tracteurs.
10:44 - De tracteurs, puisqu'il y aura des points de ralliement
10:46 qui vont s'échelonner.
10:48 C'est tous nos territoires,
10:50 donc il y aura des rendez-vous
10:52 qui feront converger les tracteurs de Béziers,
10:55 et puis ceux qui viendront bien sûr de l'Est,
10:58 vers Saint-Jean-de-Vedas,
11:00 pour après rejoindre la préfecture.
11:02 - Et vous rentrez comment après ?
11:04 - On rentre en tracteur.
11:06 - Ça sera la pagaille aussi, sur le chemin du retour.
11:08 - On rentre en tracteur aussi.
11:10 - Donc ne soyez pas surpris si vous êtes dans les embouteillages
11:12 vendredi matin entre Béziers et Montpellier.
11:14 - Merci à vous. - Bonne journée à vous.
11:16 - Vous retrouverez cette interview en allant sur notre site internet
11:18 francebleu.fr.
11:20 Dans un instant, les infos de 8h.
11:22 Juste après, on va parler de Lunel,
11:24 avec le maire de Lunel qui sera avec nous.
11:26 Adieu pays de Lunel et vive Lunel Aglo,
11:28 depuis le 1er janvier.
11:30 Lunel est donc devenue une communauté d'agglomération,
11:32 et plus une simple intercommunalité.
11:34 Concrètement, est-ce que ça va changer quelque chose,
11:36 Guillaume Roland ?
11:38 - Ça va changer quelques petites choses quand même.
11:40 - Pas pour les habitants ? - Bah si, quand même.
11:42 - D'accord. - Alors rien de professionnel,
11:44 mais ça va changer 2-3 choses. - Apparemment, ça va devenir
11:46 compétent dans un certain nombre de domaines,
11:48 comme la gestion des transports publics ou encore la ressource en eau.
11:50 C'est ça ? On en parlera tout à l'heure après. - Vous avez bien appris votre leçon.
11:52 - Juste après les infos de 8h,
11:54 donc avec Pierre Soujolle,
11:56 le maire de Lunel et désormais président de Lunel Aglo.