• il y a 11 mois
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Quentin Le Guillous, Secrétaire Général adjoint des Jeunes Agriculteurs, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils reviennent sur les normes qui assomment les agriculteurs et sur leurs revenus qui ne sont pas adaptés.
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Transcription
00:00 - Il est 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le secrétaire général adjoint du syndicat des jeunes agriculteurs.
00:06 - Bonjour Quentin Leguillou ça. - Bonjour.
00:08 - Bienvenue sur Europe 1, les agriculteurs sont en colère, ils le font savoir, on ne parle que de vous ou presque depuis ce week-end.
00:13 Alors on va parler ensemble de la réunion à Matignon hier soir avec le Premier ministre, des actions des prochains jours aussi.
00:20 Mais d'abord une question sur cette crise agricole, ça vient d'où ? Quel est le déclencheur ?
00:25 Parce qu'il y a cette opération panneau retourné par exemple à l'entrée des villages et ça, ça dure depuis des mois, quant à Leguillou.
00:31 - Oui, oui, ça fait des mois que ça dure.
00:34 Déjà durant cet été, multiplication de crise agricole, des revenus, des rendements qui ont été vraiment pas du tout, je veux dire, au rendez-vous cette année.
00:44 Et grande culture, le monde vitit, en élevage aussi aujourd'hui. - Viticulture.
00:49 - Viticulture, le monde de l'élevage en ce moment qui est en pleine égo commerciale où on leur demande vraiment de raboter pour, on va dire, descendre l'inflation.
00:56 Sauf que malheureusement, il n'y a pas que eux dans le milieu de tout ça.
00:59 Donc vraiment une crise qui est ancrée là depuis un petit bout de temps et là en fait c'est les gouttes d'eau, voilà, on arrive au bout.
01:05 Là on est en pleine égo commerciale, c'est ce que je disais.
01:07 On a les normes en plus qui viennent de nous rajouter par dessus, on nous réannonce encore, on a eu le GNR à l'automne.
01:14 - Alors le GNR, c'est le rouge, c'est ce qu'on appelle.
01:17 - C'est ça, c'est le rouge, c'est ce qu'on met dans nos tracteurs.
01:20 - Donc c'est un carburant qui est moins taxé que celui qu'on met dans les voitures.
01:24 - C'est un carburant qui, on va dire, en partie, est taxé, on a une part de taxe dessus, qui est récupérable et qu'on peut en fait, dès le départ, on en paye au moment de l'achat.
01:33 Ensuite on a un système informatique, logiciel, on va dessus, on rend toute notre facture une à une, on peut aller rechercher une petite compensation.
01:41 - Et on vous rembourse une partie de cette TISP.
01:44 - C'est une simplification de tout ça. Pourquoi on ne nous la met pas directement au moment de l'achat, sous la facture ?
01:48 - Si j'ai bien compris, il y a à la fois des raisons ponctuelles, conjoncturelles, des histoires de prix de marché, de difficultés à précisément boucler les choses,
01:57 et puis il y a les problèmes aussi structurels. On entend beaucoup parler du poids, de cette surchauffe réglementaire, il y a trop de normes.
02:04 Je citais l'exemple par exemple des haies. Vous avez des haies sur votre exploitation.
02:08 Alors racontez-nous les haies, parce que c'est assez emblématique.
02:11 - Je ne sais pas ce qu'on a sur ce grand combat des haies. Moi personnellement, je suis agriculteur à l'ouest de Paris, j'ai 180 hectares.
02:19 - Vous êtes dans l'Eure et Loire.
02:21 - L'Eure et Loire, voilà, l'ouest de Paris, nord de l'Eure et Loire, 180 hectares, donc une exploitation on va dire au-dessus de la moyenne, certes.
02:28 Maintenant ce n'est pas une exploitation qui me permet de vivre indécinment.
02:31 - Par exemple, là vous en avez tout, vos comptes 2023, si je peux me permettre de vous poser la question.
02:36 - Je continue à me sortir 1500 euros par mois, mais il va falloir que je réfléchisse sur la continue, enfin voilà.
02:42 J'ai hâte d'être au mois de juillet pour la nouvelle moisson, parce qu'il va me falloir de la trésorer assez rapidement sur l'exploitation.
02:48 Moi j'ai des haies, j'ai 3,5 km de haies qui ont été plantées, donc des haies linéaires, j'en ai replanté 1,4 km l'année dernière.
02:55 - Bravo, parce que c'est ce qu'on vous a rejoint à faire. On vous dit, on vous encourage en fait.
02:59 - Maintenant je me pose des questions sur les avantages, en fait vraiment, et le bien de la haie.
03:05 Idéalement il faudrait mettre des haies quasiment tous les 20-30 mètres dans le champ et faire retourner à des micro-parcelles.
03:10 - Sauf qu'on n'a pas le droit de les tailler du 15 mars au 15 août, que si vous le faites, vous êtes exposé à des amendes.
03:16 - Tout à fait, aujourd'hui on ne peut pas entretenir les haies comme on veut.
03:20 - Alors on sait que c'est début juillet qu'il faudrait les tailler sur le bord des routes, il y a des questions de sécurité routière aussi, mais vous ne pouvez pas le faire.
03:27 - Non, alors sur le mois de juillet on peut dire "allez, c'est pas grave, c'est pas grave", mais peut-être que sur les reprises, etc.
03:33 Des fois, là aujourd'hui on nous dit 1er mars. 1er mars, vous avez vu en ce moment le temps et que c'est crabe qu'il fait,
03:40 donc on n'a pas le temps en ce moment et on ne peut pas aller dans les champs les tailler.
03:43 Idéalement il faudrait attendre un petit peu le début du printemps qu'ils reviennent pour essayer d'y aller au 15-20 mars, 1er avril.
03:49 On nous dit non, 1er mars. Donc on se retrouve avec du coup des agriculteurs qui se disent "on veut qu'on plante des, mais on est retenus par des obligations".
03:57 Donc qu'est-ce qu'on fait de tout ça ?
04:00 - Quant à le secrétaire général adjoint du syndicat Les Jeunes Agriculteurs, le mouvement il est parti d'Occitanie, donc sud-ouest,
04:07 et qui est à la fois la région la plus bio, mais aussi la plus pauvre de France en termes de revenus agricoles. Est-ce qu'il y a un lien entre les deux ?
04:15 - Oui, enfin aujourd'hui, oui, non, difficile à quantifier. Le bio aujourd'hui est en pleine crise.
04:21 Le bio, nous chez GIA, on met énormément en alerte le gouvernement et tout agriculteur qui veut se lancer en bio,
04:29 attention, il faut bien préparer et prévoir son dossier. Il faut être sûr que là où le jeûne va s'installer, il ait une structure qui va pouvoir lui prendre ses marchandises,
04:38 qu'elle soit structurée, il faut que ça soit suivi.
04:41 Le bio aujourd'hui, je vais prendre l'exemple sur les céréales, on m'achète 180€ la tonne, 180-190€ la tonne de blé conventionnel,
04:48 en bio on va être à 200-210.
04:50 - C'est mieux ?
04:51 - C'est mieux, mais on est très loin du compte. Il faudrait qu'ils vendent aujourd'hui les bio pour 250-300€, ils font 50% de rendement en moins.
04:57 Il faudrait quasiment fois deux sur le prix. Donc aujourd'hui ils n'en vivent pas. Et j'ai même des voisins qui ont vendu leur blé en tarifs conventionnels.
05:06 C'est parti en mélange conventionnel et c'est parti à l'export pour la fric parce qu'aujourd'hui on ne sait plus quoi faire de la marchandise bio.
05:11 - Oui, alors on entend beaucoup dire que le sujet central c'est les normes, sauf que quand on entend le micro aux agriculteurs qui sont sur les blocages,
05:19 sur les autoroutes, ils disent deux choses. Ils disent un, ils expriment une forme de méfiance à l'égard des syndicats agricoles, on ne va pas se mentir,
05:26 il y a une crise de représentation. Et puis ils disent aussi non, non, mais on est en train de mourir.
05:31 Nous, individuellement, ce sont nos revenus, et il y a ce chiffre ahurissant qui circule depuis hier, le revenu agricole moyen,
05:37 il a chuté de 40% en 30 ans, quand on parle en euros constants. 40% en 30 ans, c'est incroyable.
05:45 - C'est incroyable et ça fait peur. - Et on a pris 50% d'inflation depuis à peu près.
05:49 - Bien sûr, et je vais vous donner un chiffre, moi en Eurellois, on s'est mis en relation avec Mutualité sociale agricole, notre MSA,
05:56 notre casse sociale qui accompagne les agriculteurs, ils nous mettaient en alerte sur 10-15 agriculteurs l'année dernière
06:02 qui étaient en difficulté, qui étaient des dossiers à suivre, avec peut-être des risques à la tendance, on va dire, rose, noire, voire même suicide.
06:09 On est entre 120 et 150 dossiers, là, au 1er janvier. - Donc 10 fois plus.
06:15 - 10 fois plus, en l'espace de 6-8 mois. Le revenu est clairement, aujourd'hui, le principal sujet est clairement en fait une base de tout, c'est le revenu.
06:24 - Et vous allez en décoller dans l'urgence au Premier ministre qui dit des actes précis.
06:31 - Aujourd'hui, en fait, ce qui se passe, c'est qu'on nous prépare tout un tas de belles petites choses et de lois et de normes qui sont en train d'arriver,
06:38 qui sont en train de préparer, on va pouvoir parler de la planification écologique, qui veut que l'éco-phyto, qui veut qu'on réduise de 50% les phytos,
06:45 on est prêt à travailler sur tout ça. Sauf que pour travailler avec tout ça, déjà, il faudrait qu'on soit convenablement assis sur nos exploitations avec du revenu.
06:52 Une fois qu'on a du revenu, je sais pas, un agriculteur, aujourd'hui, d'où un agriculteur qui, vous l'utilisez 3 fois par jour parce que vous mangez matin, midi et soir,
07:00 d'où un agriculteur doit toucher moins de 1000€. C'est pas entendable, c'est pas possible. Si un agriculteur est capable de sortir 2500€,
07:06 parce qu'aujourd'hui c'est ce qu'il faut parler, entre 2000 et 2500€ minimum sur son exploitation, on est prêt à avancer sur des normes environnementales.
07:12 On est prêt à réduire, on est prêt à mieux faire. Mais pour ça, déjà, aujourd'hui, il faut qu'on voit au bout, il faut qu'on soit bien, avec de l'argent, avec du revenu,
07:20 et une vie sociale. Parce qu'aujourd'hui, quand il n'y a plus de revenu, la vie sociale s'effondre, ça va mal dans les foyers, et aujourd'hui, on arrive au pire sur les exploitations.
07:28 Merci d'être venu nous voir ce matin sur Europe 1 Quartier, avec Guillaume. Je rappelle que vous êtes le secrétaire général adjoint des jeunes agriculteurs.
07:34 Vous êtes sur une action aujourd'hui ?
07:37 Une action médiatique, on va dire, pour la journée. Oui, il y a des actions qui vont se préparer un petit peu autour de Paris.
07:43 Loise, le Loiret, qui se lancent en manif.
07:46 Merci beaucoup. Bonne journée à vous. Merci d'être venu sur Europe 1 Quartier.

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