Jancovici dézingue minutieusement l'A69

il y a 7 mois

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Source
Jancovici https://www.youtube.com/watch?v=qQZAGsKzaIg
Beaune - ministre des transports https://www.youtube.com/watch?v=2Z_DXeGYL8k
Musique https://www.youtube.com/watch?v=_RNzp2FomGg

Réponses au quiz de fin :

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Pourquoi l'A69 ne fera pas gagner de temps à ses utilisateurs ?
Car les gens se mettent juste plus loin pour avoir le même temps de transport.
Le temps de transport quotidien est invariant depuis 2 siècles : 1h par jour en moyenne, pour 2 à 3 trajets.

Quand l'A69 a-t-elle été évoquée la première fois ?
Sous Chirac. (Avant 2007)

Combien de temps dure sa concession autoroutière ?
55 ans.

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Transcript

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00:00 Question de principe, quand il y a des décisions qui sont prises, on les applique.

00:02 Ça vaut pour la 69, même si on va améliorer aussi, en réduisant l'impact environnemental, ce projet.

00:07 Ma question générale, c'est face à la mobilisation citoyenne, des élus et des collectivités,

00:22 toutes les personnes qui sont contre et qui sont majoritaires,

00:26 sachant que le frein, c'est les politiques publiques et les entreprises.

00:33 Qu'est-ce qui nous reste en tant que citoyens, quand on voit ce qui s'est passé ce week-end,

00:39 pour réussir ce défi de la sobriété, de la réduction ?

00:46 Et qu'est-ce qui nous reste comme levier, si ce n'est de se mobiliser contre ?

00:50 La façon dont j'interprète ce qui se passe en ce moment sur la 69, c'est un problème de décalage temporel.

00:58 La 69 est un projet qui a 30 ans.

01:01 Quand vous regardez de quand date les premières déclarations, à l'époque c'était la mise à 2 fois 2 voies de la route existante,

01:10 mais peu importe, cette idée de désenclaver "Castre" par une voie routière augmentée, rapide, type autoroute,

01:20 même si c'était 2 fois 2 voies vers Toulouse, c'est un projet qui a 30 ans.

01:23 Et les temps d'instruction des projets d'infrastructures lourdes de cette nature sont des temps qui sont longs.

01:30 Vous avez des études préalables, puis des études complètes, puis ceci, puis cela,

01:34 puis l'enquête d'utilité publique qui a plus de 10 ans, par exemple,

01:41 puis la déclaration d'utilité publique, puis les expropriations, puis ceci, puis cela.

01:46 Et au moment où vous commencez les travaux, vous êtes n'importe quoi entre 10 et 30 ans après le début du projet,

01:53 et quelques fois même 60 ans après le début du projet.

01:55 Je vais prendre un autre exemple qui est l'urbanisation du plateau de Saclay pour faire Paris Tech,

01:59 qui permet de monter dans le classement de Shanghai, qui est quand même le plus grand objectif qu'on puisse avoir.

02:03 C'est un projet qui a démarré dans les années 60.

02:07 C'est un projet qui est aussi vieux que moi.

02:10 Et le déménagement sur le plateau de Saclay de l'HEC et de l'Olyx a été un des premiers marqueurs.

02:18 Ce sont des projets qui ont été forgés d'une époque qui n'est plus du tout l'époque actuelle.

02:24 Les déterminants de ce projet ne sont pas là.

02:26 Par ailleurs, c'est un projet qui date également d'une conception fausse du bénéfice socio-économique des infrastructures de transport.

02:35 Parce que ce qu'on dit, c'est que cela va faire gagner du temps.

02:38 Donc, il y a un bénéfice lié à cela sur le temps économisé.

02:41 Sauf que quand vous regardez la façon dont les gens se comportent, ce n'est pas comme cela que cela se passe.

02:44 Les gens ne gagnent pas du temps sur un trajet identique.

02:46 Ils vont se mettre plus loin pour avoir le même temps de transport.

02:49 Quand vous regardez le gain en vitesse permis par les automobiles et les infrastructures de transport sur les dernières décennies,

02:57 toutes les enquêtes le montrent, le temps de transport quotidien est un invariant depuis deux siècles.

03:02 On se déplace une heure par jour et par personne en moyenne pour faire deux à trois trajets par jour et par personne.

03:08 C'est un invariant depuis deux siècles.

03:09 Et quand on a mis à notre disposition des moyens rapides, on en a profité pour aller se mettre plus loin dans le même temps de transport.

03:15 C'est exactement ce qu'on a fait.

03:16 Cette autoroute, si on la crée, c'est exactement ce qu'elle va faire.

03:19 Elle ne va pas servir aux gens à économiser du temps de déplacement.

03:21 Elle va leur servir à aller habiter un peu plus loin où le foncier est moins cher, etc.

03:26 Pas instantanément.

03:27 Instantanément, ce n'est pas ce qui va se passer.

03:28 Mais au bout de dix ans, c'est ce qui va finir par se passer.

03:31 La 1969, c'est la confrontation entre l'inertie de l'ancien monde qui postule par ailleurs que l'avenir va ressembler au passé.

03:42 C'est des gens qui vous disent que c'est logique de donner une concession pour 55 ans.

03:46 A quoi ressemblera le monde dans 55 ans ?

03:49 A quoi ressemblent déjà les projections de trafic pendant les 20 ans qui viennent ?

03:52 Si il y a des gens joueurs chez les concessionnaires, je parie que toutes mes économies comptent les leurs.

03:57 Les prévisions de trafic avec lesquelles ils ont vendu le projet ne se réaliseront pas.

04:02 Je le signe avec consens.

04:03 C'est absolument évident.

04:04 C'est la confrontation d'un monde qui continue sur sa lancée, de son inertie, avec des gens qui se disent qu'on ne peut pas continuer sur notre lancée.

04:15 Parce que notre lancée est justement ce qu'il faut arrêter de faire si on veut être cohérent avec la nouvelle donne dont nous avons maintenant pris conscience,

04:23 qui est qu'on doit réorienter nos activités autrement.

04:25 La bonne question à se poser, ce n'est pas comment faire en sorte que les gens qui habitent à Castre puissent continuer à aller travailler à Toulouse en ayant toujours une voiture

04:33 et en y passant un peu moins de temps.

04:35 C'est comment les gens qui habitent à Castre bossent à Castre.

04:37 C'est ça la bonne question.

04:39 Sauf que ce n'est pas du tout.

04:41 Et s'il faut subventionner l'implantation d'activités...

04:45 Non, mais c'est ça la bonne question.

04:47 Et aujourd'hui, ce n'est pas du tout comme ça que la question est posée.

04:49 Parce que dans l'ancien monde, ce n'était pas comme ça qu'on avait l'habitude de se poser la question.

04:53 Dans l'ancien monde, les gens doivent avoir une liberté de choix maximale.

04:56 Et donc, il faut qu'on leur mette toutes les infrastructures de transport à leur disposition qui leur permettent d'exercer leur liberté de choix.

05:02 Mais sauf que dans le monde de demain, on ne va pas avoir toutes les libertés de choix qu'on aimerait avoir.

05:07 Et donc, il va falloir qu'on hiérarchise, qu'on accepte des renoncements et qu'on s'organise en conséquence.

05:12 Et cette vision-là du monde qui est portée par une bonne partie des manifestants,

05:16 je ne parle pas des quelques radicaux, parce qu'on a toujours des radicaux qui viennent se greffer sur le truc, quelle que soit la cause.

05:21 Donc, je ne les mets pas là-dedans.

05:22 Et il ne faut pas assimiler les manifestants aux gens qui ont incendié la cimenterie.

05:25 Ce sont deux populations différentes.

05:27 L'essentiel des gens qui ont manifesté, j'ai envie de dire, calmement, avec femme et enfant ou mari et enfant,

05:33 sont des gens qui revendiquent le fait que le changement de contexte autorise à remettre en question des projets qui sont sur l'inertie de quelque chose qui a été décidé il y a des décennies.

05:46 Et aujourd'hui, on est dans un problème un peu insoluble parce qu'encore une fois, les pas de temps qui conduisent à mettre en œuvre les projets sont des pas de temps qui sont beaucoup plus longs

05:57 que les pas de temps qui vont avec l'acquisition de la connaissance sur ce qui nous attend pour demain.

06:02 Donc, c'est cette confrontation des deux processus, encore une fois, l'inertie de la décision publique versus etc.

06:10 Et il faudrait effectivement derrière un responsable politique ou plus exactement un ensemble de responsables politiques qui acceptent de dire

06:18 j'ai bien compris qu'on irait nulle part avec ce truc là qui a été décidé.

06:23 C'est un peu comme si moi, je décidais de faire l'Everest quand j'ai 40 ans et puis le temps que je constitue mon sac à dos, j'en ai 80.

06:28 Bon, à ce moment, il vaut mieux que je change d'avis.

06:30 C'est ce genre de problème aujourd'hui.

06:34 Et l'âge 69 est emblématique, mais il y en a plein d'autres qu'on ne sait pas traiter.

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