• il y a 10 mois
Son domicile personnel avait attaqué à la voiture-bélier lors des émeutes de 2023 : Vincent Jeanbrun, maire "Les Républicains" de L'Haÿ-les-Roses, publie "Les deux France" aux éditions Albin Michel.
Regardez L'invité de RTL du 18 janvier 2024 avec Amandine Bégot.

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00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h44, excellente journée à vous tous qui nous écoutez.
00:10 Amandine Bégaud, vous recevez donc ce matin le maire LR de L'Ely-Rose, Vincent Jambrin.
00:14 Vincent Jambrin, je le rappelais et les auditeurs s'en souviennent sans doute, votre maison a été attaquée à la voiture bélier lors des émeutes du début de l'été.
00:21 Incendie alors que votre femme et vos enfants se trouvaient à l'intérieur.
00:23 C'était tout début du mois de juillet. Six mois plus tard, comment vont-ils ?
00:29 Merci de poser la question. Mieux, ça va mieux.
00:32 Et vous ?
00:34 On est là, prêts à redescendre dans l'arène parce que je crois qu'il y a des combats qui méritent d'être menés.
00:40 Pour eux et pour plein de raisons, plein d'énergie ce matin à votre micro.
00:44 Mais quand je vous parle d'eux, je vois toujours cette émotion dans vos yeux.
00:48 Dans votre livre "Les deux fronts", ce qui sort aujourd'hui, vous écrivez en une nuit
00:51 "Notre vie a changé, rien ne sera plus jamais comme avant".
00:56 Rien ne sera plus jamais comme avant.
00:58 Je pense que chacun peut imaginer que quand on traverse ce genre de drame,
01:02 et plein d'autres parce qu'évidemment il y a bien pire que ce qui nous est arrivé,
01:05 on ne peut plus être les mêmes. C'est vrai pour ma femme et moi et c'est
01:10 évidemment beaucoup plus vrai encore pour les enfants qui ont perdu beaucoup de leur innocence.
01:15 Ils ont peur que ça recommence aujourd'hui encore ?
01:16 Les agresseurs courent toujours.
01:22 Donc évidemment qu'on a peur que ça recommence.
01:25 Pour nous et puis plus largement pour la France, pour les émeutes parce que
01:29 je l'avais dit à votre micro en septembre,
01:31 les braises sont toujours là, il suffirait de pas grand chose pour que ça reparte.
01:35 Et ça peut vraiment repartir très fort. Donc oui bien sûr,
01:37 quand les tirs de mortier se font entendre, on a un coup de stress.
01:42 Quand par erreur la sirène de la prison de freine qui est juste à côté de chez nous est déclenchée à nouveau,
01:48 à ce moment-là il y a panique générale.
01:49 Et d'ailleurs sur tous les réseaux sociaux, les habitants se disent "mon dieu qu'est ce qui se passe ? Est-ce que ça recommence ?"
01:53 Oui ça marque.
01:54 Les auteurs courent toujours.
01:56 Six mois après, personne n'a été interpellé.
01:59 Il y avait eu des interpellations, en ce sens, au mois de juillet.
02:01 Et vous nous aviez raconté ici en septembre que ces personnes avaient été relâchées,
02:04 que c'était sans doute pas les bonnes personnes.
02:06 Donc pas d'interpellation, pas d'identification non plus ?
02:08 Non.
02:10 Dans la situation à l'aile rose, que ce soit mon cas personnel ou tout ce qui s'est passé...
02:14 Ça paraît fou parce que votre cas personnel, pardonnez-moi Vincent Gembrand...
02:17 Il n'y a eu aucune interpellation.
02:19 C'est-à-dire que celles que vous évoquez, elles ont eu lieu bien après,
02:21 il y a eu un coup de filet, on a essayé de voir s'il n'y avait pas dans la voyoucratie locale
02:26 quelqu'un qui pouvait parler.
02:28 Mais quasiment cinq nuits d'émeute et pas une interpellation.
02:32 Ce qui fait que, évidemment, comme on n'a personne, même pas un suspect,
02:35 c'est encore plus difficile dans le cas de l'attaque de notre maison.
02:38 Parce que c'est là où c'est compliqué pour nous d'entendre.
02:41 On n'a jamais été aussi puissant, aussi fort en matière d'interpellation.
02:44 C'est ce qu'a dit le président avant-hier.
02:46 Parce qu'en l'occurrence, sur une commune comme la nôtre, il n'y a eu aucune interpellation.
02:50 - Mais enfin, ça paraît fou parce que votre histoire, elle a été extrêmement médiatisée.
02:53 Tous les politiques sont venus vous voir.
02:55 Le gouvernement, on vous a promis les yeux dans les yeux que bien sûr les auteurs seraient retrouvés.
03:00 Je me souviens de Gérald Darmanin, ici à votre place, qui nous disait "on est en train de travailler dessus".
03:04 Éric Dupond-Moretti qui nous dit la même chose, le garde des Sceaux.
03:07 Il est où le problème ?
03:10 - En tout cas, il n'est pas sur les fonctionnaires, que ce soit de police ou du ministère de la justice,
03:15 qui travaillent d'arrache-pied.
03:16 Je les ai rencontrés régulièrement, je fais confiance et je vais rendre hommage, une fois de plus,
03:21 à toutes celles et ceux qui nous protègent et qui mènent l'enquête.
03:23 La difficulté, c'est que, comme je vous le disais, comme on n'a pas réagi dès les premiers jours des meutes,
03:28 on a à la fois pas de suspects qui ont participé à tout ça, qui étaient dans les boucles, dans les réseaux.
03:34 - Mais c'est des gens de votre commune ou pas ?
03:37 - Certainement. Pendant 3-4 jours, ils ont massacré petit à petit tout le réseau de vidéoprotection.
03:41 Ce qui fait que, quand arrive l'attaque de ma maison, on n'a même pas une caméra qui filme une voiture en train de passer.
03:47 Donc oui, c'est très compliqué, cette enquête sera compliquée.
03:49 Mais je les remercie de ne pas lâcher et de continuer à essayer de faire le maximum pour qu'on trouve les auteurs.
03:55 - Sans doute des gens de votre commune, pardon, nous dites vous, 6 mois après, personne ne peut nous dire qui c'est.
04:02 Vous comprenez que pour les auditeurs, c'est inaudible ?
04:04 - Imaginez pour nous.
04:06 Vous savez, ma fille a arrêté, au retour des vacances d'octobre, de me demander tous les matins si oui ou non papa avait arrêté les voleurs.
04:13 Parce que dans sa tête, les méchants, c'est les voleurs.
04:15 Donc évidemment que c'est dur.
04:18 Évidemment que même en tant que mère, quand on a des grandes manifestations dans lesquelles on a notamment plein de jeunes qui viennent des quartiers populaires,
04:25 il y a toujours en arrière-pensée, est-ce qu'il n'y en a pas l'un d'entre eux qui sait quelque chose ?
04:31 Voire pire, qui aurait participé à quelque chose.
04:33 Donc évidemment que c'est difficile. Évidemment que c'est compliqué.
04:36 - Mais qui est responsable de ça ?
04:38 - Maintenant on doit positiver et avancer.
04:40 Je crois qu'on est collectivement responsable. C'est un peu ce que je décris dans le livre.
04:44 On est responsable d'avoir cédé sur l'autorité depuis des dizaines d'années.
04:50 On est responsable d'avoir des fonctionnaires de police dévoués, encore une fois je les admire, mais trop peu nombreux.
04:57 Des fonctionnaires du ministère de la Justice dévoués mais beaucoup trop peu nombreux.
05:00 Et de manière générale, un laisser-aller qui fait qu'on a aujourd'hui des enfants de la République française
05:06 qui se retournent, qui prennent les armes au sens propre, des haches, des piolets, des mortiers.
05:11 - Vous décrivez des commandos dans le livre.
05:13 - C'est des commandos. Et ça c'est effectivement inacceptable.
05:16 C'est pour ça que je suis à votre antenne ce matin, pour dire qu'on ne peut pas laisser faire aujourd'hui.
05:20 Il faut que le sursaut arrive. Et le sursaut pour moi c'est unir toutes celles et ceux qui veulent vivre en paix,
05:25 qui veulent vivre dans une République avec un ordre républicain.
05:28 Et finalement, toutes celles et ceux qui aiment la France.
05:30 - Alors justement, quand votre livre sort aujourd'hui, alors même que le président a pris la parole mardi soir,
05:36 expliquant notamment ce qui pouvait d'après lui être à l'origine de ces émeutiers.
05:40 Il avance des causes sociales, sociétales, il dit que c'est sans doute plus un problème d'intégration que d'immigration.
05:45 Là j'imagine que vous êtes à peu près d'accord sur le sujet.
05:48 Il évoque aussi ces familles monoparentales, trop souvent démunies, abandonnées, le rôle des écrans, des réseaux sociaux.
05:54 Et un problème d'oisiveté. Ces émeutiers, souvent très jeunes, dit-il, n'avaient plus cours pour beaucoup depuis le mois d'avril.
05:59 "C'est une conséquence", dit le président de la réforme du brevet du BAC.
06:02 C'est l'oisiveté, Vincent Jambrin, qui est à l'origine de ces émeutes. Vous faites le même diagnostic ?
06:06 - Tout ce qui est dit est vrai.
06:08 - Tout est vrai ? Vous partagez le diagnostic ?
06:10 - Tout ce qui est dit est vrai. Est-ce suffisant ? Je ne suis pas sûr.
06:12 - Quand il dit qu'il ne fallait pas plus de policiers parce qu'il y en avait déjà plus, pas plus d'argent,
06:16 en revanche, vous ne partagez pas les solutions ?
06:18 - Non, je pense qu'effectivement, il y aurait plus de policiers sur le terrain, ce serait une richesse.
06:23 Et une partie de la solution, il y aurait plus de fonctionnaires pour juger plus vite et plus sévèrement
06:29 dans les ministères de la justice, on y gagnerait aussi.
06:32 Mais la vérité, c'est que tout le monde comprend bien que la solution, elle n'est pas simple.
06:37 C'est une solution complexe, il y a ce qu'a évoqué le président de la République, qui est un travail de fond,
06:41 mais il y a plus généralement l'absolue nécessité d'un choc d'autorité et de retour de l'ordre dans ces quartiers.
06:48 Parce qu'aujourd'hui, on voit bien que les moyens de police étant limités,
06:52 on va s'attraquer quasiment uniquement aux gros trafics.
06:55 Donc on est content quand on fait une grande saisie de temps en temps.
06:58 Ce qui fait que tout ce qui est en dessous, tous les petits crimes du quotidien, tout ce qui pourrit la vie des gens,
07:02 tout ce qui fait qu'on a 5 à 6 millions de Français qui sont quasiment pris en otage dans ces quartiers aujourd'hui,
07:07 parce qu'il y a du squat, parce qu'il y a du vol, parce qu'il y a de la violence, parce qu'il y a du deal permanent,
07:12 tout ça aujourd'hui, on laisse couler d'une certaine manière, parce qu'on n'a pas les moyens de se battre contre ça.
07:17 Et je pense que la priorité, ce serait un peu comme l'avait fait à l'époque Giuliani à New York,
07:22 d'être capable d'aller chercher le moindre petit crime ou délit pour remontrer, notamment à cette jeunesse
07:26 oisive ou pas oisive, qui a des règles qui doivent être respectées.
07:29 Vous savez, vous grandissez dans ces quartiers.
07:31 - Vous avez grandi dans ces quartiers, au 17ème étage d'une des tours, vous le racontez dans le livre.
07:36 - Moi, la règle, elle m'était rappelée par mes parents.
07:39 Aujourd'hui, dans ces quartiers-là, vous incendiez une voiture, il n'y a pas de conséquence.
07:44 Il y a un cas très particulier qui a eu lieu il n'y a pas très longtemps dans le Val-de-Marne, dans mon département.
07:50 Le maire de Villeneuve-le-Roi a été ulcéré, puisque l'incendiaire de sa mairie,
07:55 pendant les émeutes, a été relâché.
07:57 C'est-à-dire que vous êtes pris sur le fait.
07:59 C'est confirmé que ce jeune a bien brûlé la mairie de Villeneuve-le-Roi.
08:04 Et mon collègue maire, Didier Gonzales, a eu juste à constater qu'en fait le juge l'a relâché.
08:08 - Pourquoi ? - Parce qu'a priori, ce n'était pas si grave que ça.
08:12 Et donc aujourd'hui, en France, vous pouvez brûler une mairie,
08:14 être pris sur le fait, avoir les preuves que c'est vous,
08:17 et vous êtes relâché, vous allez tout de suite vous prendre en vidéo et dire à vos copains des quartiers
08:21 "ça y est, j'ai été relâché, regardez, je suis libre".
08:23 Ça, aujourd'hui, c'est ça qu'il faut casser.
08:25 Quand je dis un choc d'autorité, le retour de l'ordre républicain, c'est ça qu'il faut qu'on travaille ensemble.
08:30 - Un choc d'autorité.
08:32 Vous parlez aussi, et juste en deux mots dans votre livre, et c'est important, de la lecture.
08:36 Vous dites "je m'évadais de mon quartier dans des univers incroyables où tout était possible".
08:39 Ça fait peut-être sans doute partie des choses qui vous ont sauvé, transmises par votre papa.
08:44 C'est aussi quelque chose dont le Président a beaucoup parlé.
08:47 On a souvent cité votre nom, Vincent Jambrain, pour rentrer dans ce gouvernement, au mois de juillet notamment.
08:51 On vous a appelé ?
08:53 - Personne ne m'a appelé.
08:54 - Si on vous appelle, vous dites "oui, je suis là".
08:56 - Ce n'est pas mon sujet aujourd'hui.
08:57 À travers ce livre, à travers les combats que je compte mener, c'est comment on sort de notre pays de lornière.
09:02 Et moi, j'ai une conviction, c'est que si on répare les quartiers les plus difficiles, là où tout est cassé,
09:06 alors on pourra réparer tout le reste.
09:08 Celles et ceux qui ont envie de travailler en ce sens, moi j'apporterai ma pierre à l'édifice,
09:11 je prendrai ma part, j'incite dans le livre les gens à prendre leur part, je prendrai ma part.
09:15 Maintenant, la question, ce n'est pas une question de casting, c'est une question de projet et de vision.
09:19 Dans nos mairies, on travaille déjà avec des personnes d'horizon, d'agir, c'est le cas dans ma mairie,
09:24 c'est le cas à la région Ile-de-France où je suis élu, où on travaille avec des gens qui viennent de
09:27 Aix-de-Boule à France jusqu'à horizon.
09:30 Donc, travailler avec des gens qui n'ont pas notre étiquette politique, on sait faire.
09:33 La question, c'est que ça marche uniquement quand il y a un projet.
09:36 Donc, quelle est l'ambition du président de la République pour ces quartiers ?
09:39 Et en fonction, je pense que toutes celles et ceux qui ont envie que ça change
09:42 seront prêts à travailler et à aider.
09:44 Merci.
09:45 [SILENCE]

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