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Crimes du siècle se penche sur la tentative d'assassinat du président Ronald Reagan en 1981 par John Hinckley. Hinckley a tiré sur le président parce qu'il pensait qu'un assassinat très médiatisé impressionnerait l'actrice Jodi Foster. Lors de son procès, il a été déclaré non coupable pour cause d'aliénation mentale.

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Transcription
00:00 [Générique]
00:05 On lui avait tiré dessus.
00:15 On avait tiré sur le président.
00:18 Je le voyais dans mon viseur et je le vois encore.
00:22 La balle se loge à un millimètre de son cœur.
00:25 Il était à deux doigts de mourir.
00:28 Qui est le tireur ?
00:30 Il m'a dit « Si vous savez ça, vous savez tout ».
00:32 Un mobile plus qu'étrange.
00:34 Pour lui, cette relation était bien réelle.
00:36 C'était vraiment quelqu'un de très perturbé dans sa tête.
00:40 Pourtant, son acte restera dans l'histoire,
00:43 comme l'attentat qui a failli tuer Ronald Reagan.
00:48 [Générique]
00:51 Le 20 janvier 1981,
01:11 Ronald Wilson Reagan prête serment
01:14 et prend ses fonctions de président des États-Unis.
01:17 Comme pour tous ses prédécesseurs,
01:23 son emploi du temps est très chargé
01:25 lors des premiers mois de sa présidence.
01:27 C'est son 70e jour.
01:32 Ça ne va pas bien.
01:35 Sa cote de popularité est au plus bas.
01:37 Aucun autre président n'a jamais connu ça en début de mandat.
01:40 On est lundi et Reagan a un rendez-vous très important.
01:43 Il va faire un discours devant la Fédération américaine du travail.
01:46 Il est 14h, il fait beau,
01:48 la délégation présidentielle vient juste d'arriver devant le Hilton de Washington.
01:52 Ça, c'est l'entrée pour les personnalités.
01:55 Lorsque Reagan arrive à 14h, il entre par là.
01:58 L'événement est couvert par toute la presse.
02:06 Hank Brown, le caméraman de ABC News,
02:10 a l'habitude de ce genre d'événements.
02:13 Notre équipe suivait le président partout.
02:16 On voulait avoir des images de lui à sa sortie de l'hôtel.
02:21 Le cordon de sécurité était à moins de 5 mètres.
02:28 Tout le monde riait.
02:30 Rien n'avait été sécurisé.
02:33 Ce n'était même pas un espace presse.
02:35 N'importe qui pouvait y accéder.
02:39 On voit le visage d'Hinckley sur la photo.
02:42 Il est totalement impassible, aucune émotion sur son visage.
02:47 J'avais ma caméra braquée vers la porte d'où devait sortir le président.
02:57 Je revois encore la scène à travers mon viseur.
03:01 Reagan marche vers la limousine, les agents des services secrets l'encerclent.
03:06 John W. Hinckley Jr. est à peine à 5 mètres de lui.
03:09 Il sort son revolver calibre 22.
03:11 Et tire 6 coups en 1,7 seconde.
03:19 Une seconde et 7 dixièmes, c'est exactement le temps qu'il faut pour le dire.
03:32 La première balle atteint James Brady, le secrétaire de presse à la tête.
03:36 Sur cette photo, on voit Brady entre Reagan et Jerry Parr, des services secrets.
03:42 La deuxième balle atteint Tom Delahunty, un policier de DC, dans le dos.
03:49 La troisième part en l'air et va se loger dans ce bâtiment en face.
03:59 La quatrième touche Timothy McCarthy, un agent des services secrets, dans la poitrine.
04:03 Il ne porte pas de gilet pare-balle, il s'écroule.
04:08 Le cinquième projectile percute la vitre pare-balle de la voiture,
04:12 tandis que Reagan et Parr se réfugient derrière.
04:15 La sixième siffle dans l'allée.
04:19 Ce n'est qu'ensuite qu'on s'apercevra qu'en fait, elle a tapé contre la portière
04:24 et qu'elle est passée entre la portière et l'habitacle.
04:28 J'ai pensé que c'était des crêpes à feu.
04:30 Et la prochaine chose que je savais, un agent des services secrets m'a juste emprisonné ici,
04:36 et m'a plongé en premier dans le limo.
04:39 Jerry Parr, 50 ans, est chargé de la sécurité de Ronald Reagan.
04:43 Quand on entre, je me jette sur lui, et je sens qu'il se prend ma radio ou mon arme dans le dos.
04:49 Et je lui dis "Jerry, sors-toi, je crois que tu as brisé un ribs."
04:56 Jerry Parr lève la tête et regarde par la vitre. Il voit trois hommes au sol.
05:00 Il y a un impact de balles dans la vitre. Il comprend ce qui se passe,
05:04 et que la limousine n'est pas sécurisée.
05:06 Tout de suite, il regarde si Reagan va bien. A priori, il n'y a pas de casse, il va bien.
05:15 J'ai passé ma main sous son manteau et j'ai palpé sa taille.
05:19 Il n'y avait pas de sang. Pas de sang sous ses bras non plus.
05:25 "Rawhide is OK. Follow up. Rawhide is OK."
05:28 "Rawhide" - cuir brut - c'est le nom de code de Reagan.
05:31 Et on peut dire que ce jour-là, il portait bien son nom.
05:34 "You want to go to the hospital or back to the White House?"
05:37 "We're going to the White House."
05:40 "Back to the White House. Rawhide is OK."
05:50 "We interrupt. There's been a late development. Shots reported fired outside the hotel
05:54 where President Reagan spoke a short while ago. Here's Bernard Shaw in our Washington bureau."
05:58 "OK, my apologies. Details are very sketchy at this moment.
06:02 We don't know precisely what happened. We don't know the sequence.
06:05 First of all, the President is..."
06:07 Il est en sécurité, mais pas tiré d'affaires pour autant.
06:10 Il a commencé à se plaindre de douleur dans le dos, la poitrine et le côté.
06:15 Il ne se sentait pas bien.
06:19 Il a eu un peu de sang rouge.
06:22 Il m'a dit, "Je crois que je viens de cracher du sang. J'ai regardé, il y en avait vraiment beaucoup."
06:29 Parr comprend que c'est grave. Il doit prendre une décision.
06:33 Doit-il retourner à la Maison-Blanche, là où le Président sera en sécurité,
06:37 ou bien doit-il se rendre aux urgences les plus proches,
06:40 celles de l'hôpital George Washington, où rien n'est sécurisé?
06:48 À ce moment-là, la vie de Ronald Reagan ne tient qu'à un fil.
06:51 Il est à deux doigts de mourir. Vraiment.
06:54 Devant l'hôtel, c'est la confusion la plus totale.
07:05 Le tireur est plaqué au sol, au milieu de la panique générale.
07:09 Ça se poussait, ça se bousculait.
07:12 Les agents hurlaient, "Sortez-le, sortez-le!"
07:18 On entendait une ambulance qui arrivait.
07:21 J'ai immédiatement recommencé à filmer.
07:25 C'était un moment qui resterait dans l'histoire.
07:28 J'avais les larmes aux yeux.
07:35 Je vois encore Brady allongé devant moi, par terre.
07:44 Je pense encore à De La Hanty.
07:47 Je vois son visage.
07:51 Je me souviens comment McCarthy a été littéralement soulevé
07:56 et projeté au sol par la force de la balle.
07:59 À peine quelques minutes après l'attentat,
08:09 le président Reagan arrive aux urgences de l'hôpital.
08:12 Il insiste pour marcher.
08:14 Le président était sur le point de s'enfoncer,
08:22 comme on dit dans notre jargon.
08:24 S'il était rentré à la Maison-Blanche,
08:33 le temps de le sortir de la voiture, de l'examiner,
08:35 de se rendre compte de son état,
08:37 ensuite de le remettre dans la voiture et de le ramener ici,
08:40 ça aurait pris au moins un quart d'heure.
08:43 Il serait mort.
08:45 L'infirmière essaie de prendre sa tension.
08:47 Elle n'y arrive pas.
08:49 Elle ne sent pas son pouls. Il est au plus mal.
08:51 Et là, elle se dit, le président des États-Unis est en train de mourir.
08:54 Il était vraiment à deux doigts de ne pas s'en sortir.
09:01 La tâche qui m'a pris a été de me faire tomber de côté de la limousine
09:05 et de me battre pendant que je me trouvais dans la voiture.
09:08 Et ça m'a battu ici, sous l'armature,
09:11 et ça m'a battu sur la ribouille.
09:13 Et c'est ce qui a causé un extrême mal.
09:16 Et puis ça a tombé, ça a tourné, au lieu de vers l'extérieur,
09:19 et ça a tombé jusqu'à un centimètre de mon cœur.
09:23 Nancy Reagan est au solarium lorsqu'elle apprend la nouvelle.
09:30 George Opfer, qui était le chef de mon département, a dit,
09:33 "Il y a eu un tir, mais ne vous inquiétez pas, le président est en bonne santé."
09:37 George a continué de dire, "Vous n'avez pas besoin d'aller, il est en bonne santé, il n'a pas été blessé."
09:42 J'ai dit, "George, je vais y aller."
09:44 "Vous devez prendre le véhicule, parce que je vais y aller."
09:47 Quand elle arrive aux urgences, son mari lui dit,
09:56 "Chéri, j'ai oublié de me baisser."
09:59 Tandis qu'on le prépare pour rentrer au bloc,
10:01 Reagan se montre affable et plaisante même avec les médecins.
10:05 Il m'a regardé et il m'a dit, "J'espère que vous êtes républicain."
10:08 Or, tout le monde sait que je suis démocrate.
10:10 Je lui ai répondu, "Aujourd'hui, nous sommes tous républicains."
10:13 L'équipe chirurgicale est dirigée par le docteur Benjamin Aron.
10:17 Le chirurgien est obligé de fouiller dans la poitrine de Reagan pour retrouver le fragment de balle,
10:22 en sachant que s'il glisse sur une artère, le président mourra.
10:26 Le docteur David Adelberg plonge alors la main dans la poitrine du président,
10:30 prend doucement son cœur battant et le tient.
10:34 À ce moment-là, sa vie était littéralement entre les mains de ce jeune interne en chirurgie de 31 ans.
10:40 Pendant ce temps, la police interroge le suspect John W. E. Clay,
10:46 originaire d'Evergreen, dans le Colorado.
10:49 Il a immédiatement reconnu les faits, sans aucune difficulté.
10:54 Le FBI et les services secrets se posent des questions.
10:57 Quel est son mobile et a-t-il agi seul ?
11:00 Il leur a répondu, "Vous comprendrez quand vous verrez ma chambre."
11:05 Selon des sources, John Hinckley, le gendarme accusé,
11:09 a pu tenter de tuer Mr. Reagan à cause d'une infatuation avec une jeune actrice.
11:14 On peut rappeler que des tirs ont été tirés
11:24 lorsque le président Reagan a quitté le hôtel de Washington Hilton,
11:27 en suivant l'adresse que nous avons portée en direct ici sur CNN.
11:30 Le suspect a été accueilli dans la direction de la police.
11:35 John W. Hinckley, 25 ans, est un mystère pour les enquêteurs.
11:40 Quand je suis arrivé, John Hinckley était tranquillement assis.
11:47 Il semblait impassible.
11:50 Stephen Kolo, des services secrets, est l'un des premiers à lui parler.
11:56 Il m'a dit qu'il avait mal aux poignets à cause des menottes,
12:00 et aussi à la gorge, car on l'avait frappé lors de son arrestation.
12:05 J'ai trouvé ça un peu étrange qu'il se plaigne comme ça,
12:09 alors que lui-même venait de tuer plusieurs personnes.
12:12 Pendant que les services secrets interrogent le tireur,
12:18 la femme de Jim Brady, le secrétaire de presse de la Maison Blanche,
12:21 est chez elle avec leur fils de deux ans.
12:25 Nous étions dans le salon en train de regarder la télévision
12:28 quand ils ont annoncé la nouvelle.
12:30 J'étais soulagée.
12:37 Va savoir pourquoi, je n'ai pas pensé une seule seconde
12:40 que Jim pouvait être avec lui.
12:42 Là, le téléphone a sonné.
12:46 C'était une amie à moi qui avait entendu que Jim était blessé.
12:49 La Maison Blanche envoie immédiatement une voiture
12:53 pour que Sarah se rende à l'hôpital.
12:55 Je pensais qu'elle s'était juste pris une balle dans le bras.
12:59 Je n'imaginais pas du tout qu'il pouvait être gravement blessé,
13:03 ou même mort.
13:05 J'étais persuadée qu'il n'avait qu'une balle dans le bras.
13:08 Il avait une balle dans la tête, donc il était très gravement blessé,
13:12 mais il était en vie.
13:14 Normalement, on ne survit pas à une telle blessure,
13:16 mais il a été soigné par le docteur Art Cobrin,
13:18 qui est un excellent médecin.
13:20 Pendant que l'on prépare son mari pour le bloc opératoire,
13:23 le personnel hospitalier fait entrer Sarah
13:25 dans une salle d'attente sécurisée.
13:27 Madame Reagan est arrivée.
13:29 Elle est venue vers moi et nous nous sommes prises dans les bras.
13:32 Elle m'a dit « Je suis morte de peur ».
13:35 J'ai répondu « Moi aussi ».
13:39 Pendant que les médecins tentent de sauver les victimes,
13:43 le suspect est transféré dans les bureaux du FBI à Washington
13:46 pour y être auditionné.
13:49 Deux agents expérimentés sont chargés de mener l'interrogatoire.
13:52 Par courtoisie, ils autorisent l'agent des services secrets,
13:57 Stephen Kolo, à assister à l'audition.
13:59 J'étais simplement là en observateur.
14:02 Les services secrets n'avaient pas le droit de participer à l'enquête,
14:06 puisqu'il y avait eu faute de notre part.
14:08 C'est le cas chaque fois qu'il arrive quoi que ce soit
14:11 à la personne que nous sommes censés protéger.
14:13 Avant de commencer l'interrogatoire,
14:15 les agents font l'inventaire des effets personnels d'une clé.
14:18 Dans son portefeuille, il y avait une photo.
14:22 C'était celle d'une très belle jeune femme.
14:27 Elle était très connue.
14:30 On savait que c'était une jeune starlette du cinéma,
14:33 mais on ne se souvenait plus de son nom.
14:35 Il y avait aussi un bout de papier
14:38 avec un numéro de téléphone dessus.
14:40 Un des agents a remarqué qu'il s'agissait d'un numéro
14:43 dans le connecticut.
14:45 Mais au départ, ça ne me disait rien du tout.
14:48 Le suspect se montre d'emblée très peu coopératif
14:52 avec les agents du FBI.
14:54 Ces derniers demandent donc son aide à l'agent Collot.
14:58 Hinkley se met à parler dans les minutes qui suivent.
15:01 Il m'a dit qu'il avait vu plusieurs docteurs,
15:05 qu'il avait abandonné l'école.
15:07 Il m'a aussi parlé de sa relation avec ses parents.
15:10 Il ne savait pas quoi faire de lui.
15:12 Alors je lui ai demandé s'il savait pourquoi
15:14 il avait tous ces problèmes.
15:16 Il m'a répondu, "Je n'ai pas de but dans la vie."
15:19 J'ai décidé de prêcher le faux pour savoir le vrai.
15:24 Je lui ai dit, "J'ai vu le papier avec le numéro de téléphone,
15:28 avec le numéro dans le connecticut."
15:31 Et dès que je lui ai dit ça, il est devenu très agité.
15:36 Avant, il était quasi stoïque.
15:38 Et là, d'un coup, il change de tout au tout,
15:40 et il me fait, "Eh bien, si vous êtes au courant de ça,
15:43 vous savez tout."
15:45 Et là, j'ai compris que j'avais fait mouche,
15:50 même si je ne voyais pas du tout de quoi il parlait.
15:54 Alors je lui ai dit, "Je sais tout,
15:57 mais je veux l'entendre de ta bouche."
15:59 Et là, il m'a lâché, "C'est le numéro de la chambre
16:03 de Jodie Foster à l'Université de Yale. Bingo."
16:06 C'était justement elle sur la photo dans le portefeuille.
16:10 Pendant ce temps, au bloc opératoire,
16:12 le Dr Cobryn retire méticuleusement les fragments de balles
16:15 et le tissu endommagé du cerveau de Jim Brady.
16:18 C'est une opération très délicate et surtout à très haut risque.
16:22 À un moment, on a dit à la radio que Jim Brady était mort.
16:26 Quelqu'un est allé le dire au Dr Art Cobryn.
16:29 Il s'est retourné et lui a dit, "Ah oui?
16:32 Et moi, je suis en train d'opérer un cadavre, peut-être?"
16:37 On nous a préservé des rumeurs.
16:39 Il n'y avait pas de télévision dans la pièce où nous étions,
16:42 et heureusement.
16:43 Mais ce n'est pas le cas pour tout le monde.
16:45 Des amis de Jim Brady regardent la télévision
16:48 avec son fils de deux ans, au moment où l'information est relayée.
16:51 Ils ont annoncé sa mort et ils ont montré sa photo.
16:54 Quand Scott l'a vu, il s'est levé et a embrassé l'écran en disant,
16:57 "C'est mon papa." Il n'était pas au courant de ce qui s'était passé.
17:05 Au bout de cinq heures, le Dr Cobryn sort enfin de la salle d'opération.
17:09 Dès que je l'ai vu, j'ai su à l'expression de son visage
17:12 que l'opération avait été un succès.
17:14 C'était un vrai miracle.
17:16 Aussi incroyable que cela puisse paraître,
17:18 Jim Brady survit à sa blessure.
17:20 Il restera en fauteuil roulant et souffrira toutefois de graves séquelles.
17:24 Les autres victimes survivront elles aussi.
17:27 L'agent Tim McCarthy a reçu une balle dans la poitrine.
17:33 Le policier Tom De La Hanty a quant à lui reçu une balle dans le dos.
17:37 Ce soir-là, les agents du FBI fouillent la chambre d'hôtel de John Hinckley à Washington.
17:44 - Fait très étrange, le journal du jour,
17:49 avec le planning détaillé du président,
17:51 était posé sur son lit.
17:53 Et juste à côté, il y avait une lettre qu'il avait écrite à Jodie Foster.
18:02 Dans cette lettre, Hinckley écrit...
18:04 "C'est pour ton bien que je fais tout ça, Jodie.
18:07 Je te demande de m'ouvrir ton coeur et de m'offrir une chance
18:10 de gagner ton respect et ton amour par ce geste héroïque.
18:13 Je t'aime pour toujours. Signé John Hinckley."
18:18 - Quand on a lu la lettre, on a tout compris.
18:24 Cela a confirmé qu'il avait bel et bien agi seul,
18:28 dans l'unique but d'impressionner cette actrice.
18:32 - On aurait pu comprendre qu'il le fasse pour des raisons politiques,
18:35 mais là, il l'avait fait par amour.
18:38 - Dans les 24 heures qui suivent la tentative d'assassinat contre le président,
18:52 le FBI et les services secrets épluchent le passé de John Hinckley Jr.
18:56 - Nos recherches nous ont menés à travers tout le pays.
19:00 On a littéralement décortiqué le moindre de ses faits et gestes.
19:03 On a examiné tous ses reçus de carte bancaire,
19:06 toutes les dépenses qu'il avait faites.
19:08 On voulait retracer son emploi du temps,
19:10 savoir ce qu'il avait fait et où il avait été.
19:13 - La vie du jeune homme se résume à une longue suite de mensonges
19:16 et à un perpétuel double jeu.
19:18 Il a grandi dans la banlieue de Dallas, au Texas,
19:22 et a vécu une enfance en apparence sans histoire.
19:25 Enfant, il était sportif et avait de bonnes notes à l'école.
19:29 Mais en grandissant, il se referme sur lui-même.
19:32 Ses parents assimilent d'abord cela à de la timidité.
19:35 En 1973, il emménage avec ses parents à Evergreen, dans le Colorado.
19:53 Ils espèrent qu'il ira à l'université.
19:56 C'est effectivement le cas.
19:57 Il suit en dilettante pendant quelques années des cours à la Texas Tech
20:00 sans jamais obtenir de diplôme.
20:02 Il passe le plus clair de son temps seul dans sa chambre,
20:04 à écrire des poèmes tristes et à jouer de la guitare.
20:07 - Il rêvait de devenir musicien.
20:20 Un été, il est parti à Los Angeles en faisant croire
20:23 qu'il allait là-bas pour signer avec des maisons de disques.
20:27 Il avait une vision grandiose de lui-même.
20:30 Il était persuadé d'être un musicien et un compositeur bourré de talent.
20:34 - En réalité, il ne faisait absolument rien.
20:39 Il restait chez lui à regarder la télé.
20:42 - Il était un peu une âme perdue, si vous voulez.
20:45 Il est allé à Hollywood en espérant réussir,
20:47 mais il a fini tout seul dans une chambre d'hôtel.
20:50 Et il est allé voir le film "Taxi Driver" encore et encore.
20:56 Les enquêteurs découvrent que le film "Taxi Driver"
20:59 a eu une influence majeure sur Hinckley,
21:02 à tel point qu'il va jusqu'à adopter la personnalité du personnage principal
21:06 incarné par Robert De Niro.
21:08 Hinckley devient alors Travis Bickle,
21:11 un vétéran du Vietnam très perturbé.
21:13 Comme lui, il s'habille en tri.
21:16 Comme lui, il se met à boire du brandy à la pêche.
21:23 Et comme lui, il est obsédé par les armes à feu
21:26 et nourrit des envies de meurtre.
21:28 - "Taxi Driver" est un film très violent, et il l'a vu 15 fois.
21:35 C'est de là qu'est née son obsession pour Jodie Foster.
21:39 - La jeune actrice y joue le rôle d'une jeune prostituée de 12 ans, Iris.
21:43 - Il était persuadé que sa relation avec elle était bel et bien réelle
21:47 et qu'il ne s'agissait pas d'un film.
21:49 En gros, il était complètement tordu.
21:52 - Pendant que le FBI continue son enquête,
21:55 Ronald Reagan se remet doucement de son opération.
21:57 Le siège du gouvernement a été transféré à l'hôpital George Washington
22:00 le temps de sa convalescence.
22:02 - La Maison Blanche suit le président.
22:05 Il avait déplacé tout le bureau là-bas, y compris le personnel.
22:08 Toutes les décisions étaient prises depuis l'hôpital.
22:11 C'était complètement fou.
22:20 - Je dois avouer que c'était assez surréaliste.
22:23 On se serait cru dans un film.
22:27 - Reagan n'apprendra que quelques jours après son opération
22:42 que l'agent De La Antille, l'agent McCarthy
22:45 et le secrétaire de presse Jim Brady ont été blessés.
22:49 - Il m'a fait venir et m'a dit qu'il était désolé.
22:52 Je lui ai répondu
22:56 que Jim aimait son métier par-dessus tout.
23:00 J'ai essayé de le rassurer du mieux que j'ai pu,
23:04 mais il était bouleversé.
23:07 - Reagan tient également à rencontrer l'agent des services secrets
23:11 qu'il a protégé, Tim McCarthy.
23:13 - Va savoir pourquoi, Reagan l'a regardé
23:17 et il lui a dit "McCarthy, Reagan, Brady et De La Antille,
23:21 ce type a quelque chose contre les Irlandais ou quoi ?"
23:24 - Il a très bien géré la situation.
23:28 Lors de ses interviews, il a dit que même lorsqu'il ne savait pas encore
23:31 ce qui s'était passé, il trouvait le moyen de blaguer sur le sujet.
23:34 Il voulait se montrer fort pour ne pas inquiéter la population outre mesure.
23:38 - Mais pour John Hinckley Jr., c'est une toute autre histoire.
23:44 - En ce moment, John Hinckley Jr. ne s'est pas accusé
23:47 des charges d'avoir tenté de tuer le président Reagan.
23:50 Ses avocats et le gouvernement sont d'accord
23:52 qu'il est capable de faire un trial.
23:54 - La question de l'irresponsabilité de John Hinckley
23:57 se pose dès son arrestation.
23:59 Un argument qui va rapidement devenir le cheval de bataille
24:02 de l'accusation et de la défense.
24:04 - En le traitant pour la première fois,
24:06 Hinckley a été le premier à le faire,
24:08 pendant que le clerc a lu l'indicatif du compte de 13.
24:11 - Les parents de John Hinckley, ont regardé intentivement
24:13 quand le clerc a demandé à leur fils "Comment vous avez pris la peine ?"
24:16 Dans une voix claire et lente, le 26 ans Hinckley a répondu "Pas de preuve de culpabilité."
24:20 - Le personnage de Hinckley est à la fois très intéressant
24:25 et à la fois tristement banal.
24:27 - Il n'y avait pas grand chose à en tirer,
24:29 impossible d'entrer en contact avec lui
24:32 et n'exprimait pratiquement aucune émotion.
24:35 - Le docteur Will Carpenter, un psychiatre de l'université du Maryland,
24:40 est nommé comme expert par la défense.
24:43 - J'ai dû passer 44 heures à l'observer,
24:46 pour évaluer son état.
24:48 La plupart du temps, je lui posais des questions.
24:51 Il était très centré sur lui-même, sans pour autant être narcissique.
24:54 C'était plus un solitaire, à qui il n'arrivait pas grand chose.
24:58 Il avait la folie des grandeurs et des idées délirantes.
25:04 - Il s'était carrément inventé une petite amie pendant un an.
25:09 Elle n'a jamais existé.
25:11 - Pour lui, à certains moments, elle était bel et bien réelle,
25:14 mais c'était surtout pour manipuler ses parents
25:17 et pouvoir faire tranquillement ce qu'il voulait,
25:20 sans qu'ils ne s'en mêlent.
25:23 - Au cours de l'été 80,
25:25 Hinckley lit un article sur Jodie Foster.
25:28 Il y apprend que la jeune actrice de 18 ans met sa carrière entre parenthèses
25:31 pour aller à Yale.
25:33 Hinckley informe alors ses parents qu'il veut reprendre ses études.
25:37 Pas à Texas Tech, mais à Yale.
25:40 - Il invente une histoire et raconte à ses parents qu'il va là-bas
25:43 pour suivre un cours d'écriture, sauf que cet UV n'existe pas.
25:46 Sur place, il passe tout son temps à espionner Jodie Foster.
25:49 Il trouve son adresse, il glisse des mots sous sa porte,
25:52 il l'appelle et il enregistre tout.
25:56 - Jodie. - Oh non, qui est-ce?
25:59 - C'est Jodie. - Qui est-ce?
26:02 - C'est John. - Qui?
26:05 Oh non, pas toi, chat!
26:08 Regarde, je ne peux pas te parler, d'accord?
26:11 Mais fais-moi un grand favori.
26:14 Tu comprends pourquoi je ne peux pas, tu sais,
26:17 porter sur ces conversations avec des gens que je ne connais pas.
26:20 Tu comprends que c'est dangereux et que ce n'est pas juste, ce n'est pas faire.
26:23 - Je comprends, mais c'est la même chose, d'accord?
26:28 - Donc, tu ne veux pas que je te parle?
26:31 - Non, mais c'est vraiment bien de te parler.
26:34 - On était là, raccroche, mais raccroche!
26:37 C'est ce qu'on aurait fait si c'était notre femme ou notre fille.
26:40 - C'était triste et pathétique.
26:43 Il idolâtrait cette femme, il voulait lui parler
26:46 et faire partie de sa vie.
26:49 Donc, il s'est dit, si je tue le président des États-Unis,
26:52 elle m'aimera, elle me remarquera et saura qui je suis.
26:56 De là, il a commencé à traquer Jimmy Carter.
26:59 - Inclay passe à l'action à peine un mois avant l'élection de Reagan.
27:02 À ce moment-là, Carter et lui sont en pleine campagne électorale.
27:06 - En octobre 1980, John Inclay parvient à approcher Jimmy Carter
27:10 lors d'un meeting à Dayton, dans l'Ohio.
27:13 - Une semaine plus tard, il continue sa traque
27:17 et le suit à Nashville, dans le Tennessee.
27:20 Lorsqu'il repart, la police des airs découvre plusieurs armes dans ses bagages.
27:25 - Il a été arrêté.
27:28 Il n'avait jamais été fiché pour détention d'armes.
27:31 Du coup, l'information n'avait jamais été transmise au service secret.
27:34 - Ils lui ont confisqué les armes, il a payé une amende et c'est tout.
27:38 - Quelques jours plus tard, Inclay se rend à Dallas, où vit sa sœur.
27:42 Sur place, il achète d'autres armes.
27:45 Il achète deux revolvers pour 98 dollars.
27:48 Il utilisera l'un d'eux pour tirer sur le président Reagan.
27:52 - À l'époque, il les a achetés de façon tout à fait légale.
27:55 Le calibre 22 est un revolver très léger.
27:58 Il est allé s'entraîner.
28:01 Il a pris des cours de tir ou il s'est entraîné tout seul.
28:05 (tirs)
28:08 - Il s'est énormément entraîné sur cible.
28:12 Vraiment beaucoup.
28:15 Il n'avait jamais tiré sur une cible en mouvement.
28:18 Et Jerry Parr était en train de pousser le président.
28:21 - Le 8 décembre 1980, le monde de Inclay s'effondre
28:25 lorsqu'il apprend la terrible nouvelle en provenance de New York.
28:29 (bruits de tir)
28:32 (en anglais)
28:35 (en anglais)
28:38 (en anglais)
28:41 (en anglais)
28:44 (en anglais)
28:47 - Il a dû l'aider.
28:50 Il passe la soirée du réveillon enfermé dans sa chambre
28:53 chez ses parents, à boire du brandy, à la pêche
28:56 et à jouer de la guitare en ressassant sa peine.
28:59 (musique douce)
29:02 Cette nuit-là, il écrit dans son journal.
29:05 "John Lennon est mort.
29:08 "Laisse tomber. Ça va être de la folie.
29:12 "Je pense toujours autant à Judy.
29:15 "Tout ce que je ferai en 1981,
29:18 "je le ferai uniquement pour elle.
29:21 "Je veux que le monde entier sache que je l'aime."
29:24 Saint-Valentin 1981.
29:27 John Inclay, l'homme qui va bientôt tirer sur Ronald Reagan,
29:31 est à New Haven depuis deux semaines.
29:34 Il continue d'écrire à Judy Foster.
29:37 Sur l'une de ses cartes, il écrit...
29:40 "Un jour, toi et moi, on sera à la Maison-Blanche.
29:43 "Je t'en prie, s'il te plaît, essaie de rester vierge.
29:46 "Tu l'es bien, n'est-ce pas?"
29:49 Mais cette fois, il ne se contente pas de lui écrire.
29:53 Il entend passer à l'action et de façon violente.
29:56 - Il avait des armes sur lui
29:59 quand il traquait Judy Foster à New Haven.
30:02 Il n'avait pas encore décidé ce qu'il allait faire.
30:05 - Econduit par Judy Foster et déprimé,
30:08 Inclay se rend à New York.
30:10 Il a toujours sur lui les armes qu'il a achetées à Dallas.
30:14 - Je lui ai parlé des armes qu'il avait en sa possession.
30:18 Il m'a confirmé qu'il les avait avec lui à New York.
30:22 Il s'était rendu à l'endroit où Chapman se tenait devant le Dakota,
30:26 et là, il avait envisagé de se suicider.
30:29 - Mais Inclay va changer d'avis.
30:32 Il décide finalement de rentrer chez ses parents dans le Colorado.
30:37 - C'était très tendu avec eux.
30:39 Ils lui ont demandé ce qu'ils comptaient faire de sa vie.
30:42 Ils se sont rendus compte qu'il avait un problème
30:45 et ils l'ont envoyé chez un psychiatre.
30:47 - Inclay a déjà vu le psychiatre le mois d'octobre précédent.
30:50 - Lors d'un des premiers rendez-vous, il a avoué au psy
30:53 qu'il faisait une fixation sur les armes à feu et Judy Foster.
30:56 Il a reconnu que c'était une obsession.
30:59 Ensuite, le psy ne lui a plus jamais reposé de questions à ce sujet.
31:03 - Au début, le Dr. John Hopper rassure les parents d'Inclay.
31:07 Pour lui, leur fils est tout simplement immature.
31:10 Il doit quitter le cocon familial, trouver un travail et s'assumer.
31:15 La dernière des 15 séances avec le psychiatre
31:18 a lieu 4 semaines et demie avant l'attentat contre le président.
31:22 ...
31:36 - Ses parents lui ont posé un ultimatum.
31:39 C'est eux qui finançaient tous ses déplacements.
31:43 Ils en ont eu assez et ils lui ont dit, je cite,
31:46 qu'ils devaient changer d'attitude, trouver un travail
31:49 et qu'ils lui couperaient les vivres dès la fin mars.
31:53 - Il n'avait pas les capacités de relever ce défi
31:56 et de prendre sa vie en main.
31:59 Il était plutôt enclin à rester solitaire
32:02 et à s'enfoncer dans son délire.
32:05 - Donc, à la fin du mois de mars, il se dit qu'il faut qu'il fasse quelque chose.
32:10 - 6 jours avant l'attaque contre le président,
32:13 Inclay se rend à Los Angeles, d'où il prend un bus pour Washington.
32:18 De là, il compte rejoindre New Haven,
32:21 où il commettra son acte d'amour pour Jodie Foster.
32:25 Il lui écrit une dernière lettre dans laquelle il lui demande de l'attendre.
32:29 - Il avait prévu de tuer Foster, puis de se donner la mort.
32:32 Ils devaient mourir tous les deux.
32:35 - Sur le chemin de Yale, Inclay fait une halte à Washington.
32:39 Il prend une chambre à l'hôtel Park Central.
32:42 Il y passe la nuit, se lève et prend son petit déjeuner.
32:46 - Par chance, ce matin-là, il a lu le journal
32:49 et il a vu que le président devait faire un discours au Hilton,
32:53 devant la Fédération des syndicats.
32:56 - Il a vu le planning du président à la page 84 du journal.
33:00 Là, il s'est dit, "On va voir si je peux m'approcher de lui."
33:04 Et il a écrit à Foster.
33:07 Il prend un taxi jusqu'au Hilton.
33:11 Il se met derrière le cordon de sécurité et voit Reagan qui approche.
33:15 Il sort son revolver.
33:18 Il pensait qu'il y aurait un miracle,
33:22 et ça n'avait rien à voir avec Reagan.
33:24 Il était persuadé que ça lui permettrait de se rapprocher de Jody Foster.
33:29 - Au printemps 1982, un an après l'attentat,
33:39 les 4 victimes reprennent peu à peu une vie normale.
33:43 La convalescence de Jim Brady est longue et difficile.
33:47 La partie gauche de son corps reste paralysée,
33:50 mais il a retrouvé ses facultés cognitives et son sens de l'humour.
33:54 L'agent Tim McCarthy se remettra totalement de ses blessures
33:58 et reprendra son poste au service secret.
34:01 L'agent Tom DeLaHanty, de la police de Washington,
34:04 gardera des séquelles et sera obligé de prendre sa retraite.
34:08 Le président Reagan se remettra très vite malgré son âge,
34:12 ce qui surprendra ses médecins, mais aussi le pays tout entier.
34:16 Quant à John Hinckley Jr., sa vie est étalée dans la presse à scandale.
34:21 Même Jim Brady fait preuve de compassion envers lui.
34:39 Il ne lui en voulait pas, il n'avait aucune rancœur contre lui.
34:44 Mais il ne lui souhaitait pas de gagner à la loterie non plus.
34:49 Le mobile d'Hinckley est tout bonnement surréaliste.
34:56 Ça n'avait rien de politique.
34:59 Il a fait ça pour gagner la reconnaissance qu'il pensait mériter.
35:03 À la surprise générale, le juge convoque Jody Foster à la barre des témoins.
35:08 Elle témoigne le 30 mars 1982, à la date anniversaire de l'attentat.
35:14 Sur ordre de la cour, Hinckley assiste à l'audience.
35:18 Lorsque la jeune femme dément toute relation avec lui, il devient fou.
35:23 Les policiers doivent le maîtriser et le sortir de la salle.
35:30 Le procès de John Hinckley démarre le 4 mai 1982.
35:34 Il est le jour de la mort de la jeune femme.
35:38 Elle est la seule à avoir pu vivre de la mort.
35:42 Elle a été élevée en prison.
35:45 Elle a été élevée en prison.
35:48 Elle a été élevée en prison.
35:51 Elle a été élevée en prison.
35:54 Elle a été élevée en prison.
35:57 Le procès de John Hinckley démarre le 4 mai 1982.
36:01 Les avocats de la défense plaident la folie.
36:04 D'après la loi fédérale en vigueur, à partir du moment où la défense invoque la folie,
36:10 l'accusation doit prouver de façon formelle que l'accusé n'est pas fou.
36:16 Le professeur Richard Bonney est expert juridique et psychiatrique.
36:20 Son ouvrage au sujet du procès Hinckley est aujourd'hui considéré comme une référence.
36:25 Il a évoqué la situation.
36:28 Le diagnostic était que le sujet souffrait d'un trouble de la personnalité narcissique,
36:33 axé sur Jodie Foster.
36:36 Ce qu'il voulait, c'était devenir célèbre.
36:39 Mais il savait très bien ce qu'il faisait.
36:42 Alors que du point de vue de la défense, il souffrait de troubles schizophréniques.
36:49 Mais donc, il était complètement déconnecté de la réalité.
36:54 Il avait un problème dans sa psychose et il était délirant.
36:58 Pour déterminer si un suspect est fou, je m'appuie sur la bonne vieille méthode de McNaughton.
37:03 Elle pose une question très simple.
37:05 L'individu fait-il la différence entre le bien et le mal ?
37:09 J'ai auditionné John Hinckley et je peux vous dire qu'il faisait parfaitement la différence entre le bien et le mal.
37:18 L'accusation avance qu'il a minutieusement préparé l'attaque.
37:23 Il s'était déplacé, il avait consulté le planning.
37:26 Ça montrait bien qu'il avait prévu son coup.
37:29 Il y avait préméditation.
37:31 Et ça, ça ne pardonne pas.
37:34 La défense s'appuie, quant à elle, sur le témoignage du Dr Carpenter pour prouver la schizophrénie.
37:44 En général, les sujets atteints de schizophrénie peuvent mener une vie plus ou moins normale.
37:50 Ils ne sont pas fous à proprement parler.
37:52 Ils ne vont pas dans un fast-food pour acheter de la pastèque, par exemple.
37:56 Le comportement de Hinckley n'était pas vraiment pathologique.
38:02 Il avait surtout tendance à déformer la réalité et à s'inventer des choses auxquelles il croyait et qui guidaient toute sa vie.
38:12 Au final, c'était notre psychiatre contre le leur.
38:16 [Musique]
38:24 John W. Hinckley Jr. a été trouvé non-guilty par raison de l'insanité sur tous les 13 comptes.
38:30 [Musique]
38:33 Je ne m'attendais pas à ça.
38:35 Je pense que personne ne s'attendait à un tel verdict.
38:41 Je le caractériserais comme un étonnement.
38:44 Les jurés ont probablement fait ce choix parce que l'accusation rejetait totalement l'idée de la maladie mentale.
38:52 [Bruits de l'enregistrement]
39:07 [Musique]
39:13 Hinckley s'attendait à être reconnu coupable et avait préparé une déclaration.
39:19 "À la base, je voulais seulement qu'on m'aime. Si j'ai fait ça le 30 mars 1981, c'était pour que ma famille me reprenne et que Jodie Foster me laisse une place dans son cœur."
39:30 Cette tentative d'assassinat était un acte d'amour.
39:35 À l'issue du procès, Hinckley est interné à l'hôpital Saint-Elisabeth de Washington.
39:40 "Quelques années plus tard, j'étais assigné à la protection de Reagan et nous avons eu l'occasion de parler de John Hinckley dans la limousine.
39:52 Il tenait à ce qu'il reçoive les soins dont il avait besoin. Et puis il a ajouté, 'Mais ça fait un mal de chien.'"
40:03 "Reagan n'était pas du genre à s'apesantir sur le passé. Il n'avait aucun mal à tourner la page et oublier les mauvais moments.
40:10 Ça ne lui posait aucun problème. Nancy, elle, a eu plus de mal.
40:14 Elle s'inquiétait chaque fois qu'il était question de relâcher John Hinckley.
40:19 Elle venait me voir et me disait, 'Steve, faites ce qu'il faut pour qu'il n'arrive rien.'"
40:24 [Musique]
40:27 En 2003, un an avant la mort du président Reagan, le juge estime qu'Hinckley n'est plus un danger pour la société et l'autorise à rendre visite à sa mère en Virginie.
40:40 À ce jour, il est toujours surveillé par les services secrets.
40:44 Toute sa vie est passée au crible, son emploi du temps, ses fréquentations et même ses lectures.
40:50 "Est-il encore un danger? Est-ce qu'il recommencera?"
40:54 "Il n'a jamais donné l'impression d'éprouver le moindre remords et je ne pense pas qu'il en soit capable."
41:02 "C'est un malade mental. Il n'est pas tiré d'affaires et je pense que sa place est dans un hôpital psychiatrique."
41:12 [Musique]
41:17 Dans les années qui suivent l'attentat, la cote de popularité de Ronald Reagan monte en flèche.
41:23 "Mr Gorbachev, tear down this wall."
41:28 Il devient l'un des présidents les plus populaires des États-Unis.
41:33 Au cours de son second mandat, Jim et Sarah Brady militent activement pour une loi en faveur du contrôle des armes à feu.
41:40 Leurs efforts sont récompensés en 1993 avec la signature du Brady-Hengan Violence Prevention Act.
41:48 [Applaudissements]
41:50 Cette loi impose le contrôle du casier judiciaire lorsqu'un particulier souhaite acheter des armes à feu.
41:58 Malheureusement, cette loi n'existait pas du temps de John Hinckley.
42:03 Lorsque son père lui demandera quelques mois plus tard ce qui aurait pu l'arrêter, il lui répond.
42:09 "Peut-être que si on m'avait fait attendre, si on m'avait obligé à remplir un formulaire, à montrer un permis de port d'armes, à passer au poste ou à faire d'autres démarches,
42:19 je n'aurais peut-être pas été jusqu'au bout."
42:22 [Explosion]
42:24 [Musique]
42:26 [Silence]

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