Des camions et des hommes - France _ les routes de toutes les attentions

  • l’année dernière
En France, deux chauffeurs sillonnent les routes de montagne ; leurs chargements particuliers, comme du lait frais ou des ruches, les obligent à rouler de nuit.
Transcript
00:00 [Musique]
00:04 En France, des chauffeurs très particuliers sillonnent les routes de montagne.
00:08 Le chargement que transportent ces chauffeurs leur impose d'emprunter ces routes la nuit.
00:12 En Haute-Savoie, David doit livrer en lait la fromagerie.
00:15 Le temps est compté car cela doit être fait entre la fin de la traite des vaches et le lever du jour.
00:21 La conduite sur ces routes savoyardes est un défi de chaque nuit,
00:24 surtout lorsque la météo prévoit d'importantes chutes de neige qui risquent de bloquer le camion au milieu de nulle part.
00:30 [Musique]
00:33 En Lauserre, Pierre doit transhumer ses abeilles en altitude
00:36 et impérativement déposer toutes les ruches avant les premiers rayons du soleil.
00:40 Pour cela, il va emprunter des chemins de montagne qui rendent la conduite dangereuse
00:44 et mettent en péril son précieux chargement.
00:47 [Musique]
00:49 Les deux chauffeurs sont tenus par le temps,
00:51 leur marchandise est fragile et leur route difficile.
00:55 Alors, pour remplir leur mission, l'un comme l'autre doit faire preuve de toutes les attentions.
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01:47 C'est le début de l'hiver dans la vallée d'un petit village de montagne de Haute-Savoie,
01:53 situé à 700 mètres d'altitude.
01:56 Et comme toutes les nuits de l'année, un camion traverse ces rues endormies.
02:02 Pendant que tout le monde se repose, David doit récolter le lait dans les fermes
02:06 car sa tournée ne peut commencer qu'à la fin de la traite des vaches.
02:10 David doit perdre un minimum de temps sur la route
02:13 car il doit tout livrer avant 3 heures du matin
02:15 et ses routes sinueuses et étroites lui demandent d'être bien concentrés.
02:20 - Oui, c'est cette descente-là qui est dangereuse.
02:23 - L'hiver, attention.
02:26 David emprunte une ancienne voie romaine taillée dans la roche.
02:30 L'humidité y est particulièrement présente
02:33 et par des températures négatives, la chaussée est une vraie patinoire.
02:37 Le camion passe au millimètre.
02:43 Le passage est délicat et la route est en un double sens.
02:46 Si le camion reste bloqué, c'est tout le trafic qui sera perturbé.
02:50 - Une fois, je suis arrivé au milieu, il y avait 20 cm de neige.
02:55 Et puis le gars est arrivé au frein à main devant moi
02:57 et puis je me suis, pour l'éviter, sinon il tapait le cul de la voiture contre le camion.
03:04 Alors ça s'est arrêté, je sais pas comment, mais ça s'est arrêté.
03:10 Être convoyeur de lait est plus risqué que d'être un chauffeur routier traditionnel.
03:15 Mais ces risques, David les assume,
03:17 car il sait qu'il est indispensable aux producteurs de lait de la région.
03:21 - Oui, j'arrive, le camion.
03:25 Regarde.
03:27 Hé, t'as vu ?
03:30 - Salut. - Salut.
03:31 - Ça va, David ? - Ça va.
03:34 - Les salamandres ? - Les salamandres, David.
03:36 - Ah ! - Salut.
03:38 - Salut.
03:39 - Les vaches ? - Ah ouais, les vaches, voilà, attention.
03:45 En plus de son rôle de chauffeur, David est le garant de la qualité du lait collecté.
03:51 - Ah bah oui !
03:53 J'avais trahi une vache, j'avais mis des antibiotiques dans une mamelle.
03:58 J'ai pensé trop tard, le lait était déjà tombé dans le tank.
04:02 Bah, tout allait goût.
04:03 Bah non pas empoisonner tout un camion de lait.
04:06 Ça empoisonne les reblouchons, c'est immangeable.
04:09 Après, ils balancent les reblouchons, hein.
04:11 - Ah, alors, c'est très strict. - Ah, bah bien sûr !
04:14 - Ils l'auraient vu ou pas ? - Bah, bien sûr qu'ils le voient.
04:17 - Ils l'auraient vu ? - Ils prennent les échantillons tous les soirs, là.
04:20 Et ils le voient après. - Avec échantillons, c'est...
04:23 - Le problème, c'est tout le camion qui est infecté après.
04:26 Je veux dire qu'il y en a... Ça dépend combien de camions ? Il fait combien ? 9 000 ?
04:29 - Il fait 11 500. - 11 000, voilà.
04:30 - Si on dit rien, c'est tout le camion qui est infecté, hein.
04:32 - Et si on vide dans la cuve de 20 000... - Ouais, ça va...
04:34 - Oui, c'est 20 000 litres foutus en l'air. - Perdus.
04:37 - Perdus.
04:38 Pour éviter tout risque de contamination,
04:40 David prélève systématiquement un échantillon chez tous les producteurs.
04:44 Cela permettra aux fromagers de retrouver le responsable en cas de problème.
04:48 - Allez. Bon, bonne soirée. - Bonne soirée, bonne soirée.
04:54 - À demain. - Ouais, à demain.
04:57 - Bonne soirée. - Bonne soirée.
05:00 - Bonne soirée. - Bonne soirée.
05:03 - Merci.
05:04 - Ah, ça y est, c'est fini. 3h25, je viens de coucher.
05:30 - Je suis en train de coucher. - C'est bon, c'est bon.
05:32 - Je suis en train de coucher. - C'est bon, c'est bon.
05:34 - Je suis en train de coucher. - C'est bon, c'est bon.
05:36 - Je suis en train de coucher. - C'est bon, c'est bon.
05:38 - Je suis en train de coucher. - C'est bon, c'est bon.
05:40 - Je suis en train de coucher. - C'est bon, c'est bon.
05:42 - Je suis en train de coucher. - C'est bon, c'est bon.
05:44 - Je suis en train de coucher. - C'est bon, c'est bon.
05:46 - Je suis en train de coucher. - C'est bon, c'est bon.
05:48 - Je suis en train de coucher. - C'est bon, c'est bon.
05:50 - Je suis en train de coucher. - C'est bon, c'est bon.
05:52 - Je suis en train de coucher. - C'est bon, c'est bon.
05:54 - Je suis en train de coucher. - C'est bon, c'est bon.
05:56 - Je suis en train de coucher. - C'est bon, c'est bon.
05:58 - Je suis en train de coucher. - C'est bon, c'est bon.
06:00 - Je suis en train de coucher. - C'est bon, c'est bon.
06:02 - Je suis en train de coucher. - C'est bon, c'est bon.
06:04 - Je suis en train de coucher. - C'est bon, c'est bon.
06:06 - Je suis en train de coucher. - C'est bon, c'est bon.
06:08 - Je suis en train de coucher. - C'est bon, c'est bon.
06:10 ...
06:25 - Pierre, l'apiculteur, est lui aussi obligé
06:27 de rouler la nuit sur des routes difficiles.
06:30 Les Cévennes sont une chaîne de montagne
06:32 dans le massif central.
06:34 Elles sont très peu peuplées, seulement 20 habitants
06:36 au kilomètre carré.
06:38 - Donc, il peut arriver toutes sortes de choses
06:41 quand on transporte des ruches et quand on travaille la nuit.
06:44 On peut faire tomber des ruches, on peut avoir un accident
06:46 avec le véhicule, on peut percuter un animal.
06:50 On peut se faire mal, tout simplement,
06:54 en déchargeant les ruches, on peut se faire mal.
06:56 On est en pleine nuit.
06:58 Généralement, quand on indique l'endroit où on est,
07:00 c'est quand même pas très facile de nous retrouver
07:03 si on a quelque chose.
07:05 Donc, c'est stressant, quoi.
07:09 - Au début de l'été, Pierre doit transhumer
07:11 toutes ses ruches en altitude.
07:13 C'est une opération indispensable pour que ses abeilles
07:15 continuent de faire du miel.
07:18 Il doit trouver des lieux isolés et pour cela,
07:20 emprunter des chemins particulièrement chaotiques.
07:24 - Il disait qu'il était quand même très chaotique.
07:26 - Ah oui, le chemin, il est très animé.
07:28 C'est-à-dire qu'en fait, c'est des chemins qui sont refaits
07:30 quand ils sont vraiment trop animés, ils sont refaits.
07:32 Mais c'est des chemins qui sont soumis à des...
07:35 Dans les Cévennes, quand il se met à pleuvoir,
07:37 pour donner un exemple, l'année dernière, au mois de novembre,
07:39 en un mois, il est tombé un mètre d'eau.
07:42 Donc, des pluies catapultueuses
07:46 qui esquindent tous les chemins.
07:49 Alors là, je vais voir l'état de la piste
07:51 parce que c'est un endroit où il y a beaucoup de pierres.
07:54 Ma crainte, c'est qu'il y a beaucoup de pierres,
07:56 ça risque de glisser.
07:59 Le camion risque de patiner
08:01 et ça serait dangereux.
08:03 Donc il est encore temps de renoncer
08:05 si jamais c'est trop risqué.
08:08 C'est pas long, là.
08:10 Mais là...
08:12 Là, il faut faire gaffe.
08:24 Si les pierres commencent à rouler
08:28 et que les roues commencent à patiner,
08:30 moi, avec mon chargement, ça craint.
08:32 Parce que c'est le genre d'aventure, moi,
08:34 j'aime bien quand ça réussit, tu vois.
08:37 J'aime pas trop quand ça loupe.
08:40 Voilà, c'est ça qui est craignos, là.
08:45 Toutes ces petites pierres, là.
08:47 Ça, ça risque de patiner.
08:49 Allez, on y va.
08:51 [bruit de camion]
08:54 Grâce à son camion,
09:20 Pierre arrive sur un petit plateau,
09:22 là où il a repéré un bel endroit pour ses ruches.
09:24 Le transport s'est bien passé,
09:26 mais le travail n'est pas encore terminé.
09:29 - Bon, disons qu'on les a secouées, quand même, hein.
09:32 Ça reste un traumatisme pour elles, hein.
09:37 Donc on essaye de faire ça le plus vite possible
09:41 pour leur foutre la paix, quoi, maintenant.
09:43 Et puis nous aussi, on a envie de rentrer.
09:47 [bruit de moteur]
09:50 [sifflement]
09:53 [bruit de moteur]
09:56 Le lendemain matin, dès le lever du soleil,
10:01 les abeilles iront à la conquête de leur nouveau territoire
10:04 sans grande difficulté.
10:06 Vjelvik est un petit village en devenir,
10:12 dont la particularité est d'accueillir les élèves
10:15 de tous les villages voisins.
10:17 Ce qui fait qu'il y a autant d'élèves que d'habitants,
10:20 soit 37.
10:22 C'est ici que Pierre a décidé de s'installer
10:25 en reprenant l'exploitation apicole familiale,
10:27 où, dans sa jeunesse,
10:29 il venait passer toutes ses vacances d'été.
10:32 - Pendant 15 jours, 3 semaines,
10:34 on participait à l'extraction lumineuse.
10:36 Et après ça, en grandissant,
10:38 on a commencé à les travailler aux ruches.
10:40 Les plus courageux les ont accompagnés aussi
10:42 lors des transhumances,
10:44 donc on partait à 5, 6,
10:46 et on chargeait les camions,
10:48 on chargeait le camion avec les ruches,
10:50 et on montait sur le mont Osier, les poser.
10:53 - Tu vas bien? - Oui, et toi?
11:05 - Ca va. Reste avec moi.
11:07 Les abeilles ne pouvant pas être déplacées de jour
11:09 car elles travaillent à l'extérieur,
11:11 Pierre va s'occuper du miel.
11:13 Ce matin, il a troqué son camion
11:15 pour une petite fourgonnette.
11:17 Il va récolter le miel de ses dernières ruches
11:19 restées dans la vallée
11:21 et les préparer pour la transhumance du soir.
11:23 - La fumée permet de travailler dans un bon climat.
11:30 Vous voyez, c'est tranquille, là.
11:32 Je me suis fait piquer une fois.
11:34 Je travaille bras nus.
11:36 Les abeilles sont calmes.
11:38 Ca se passe bien, quoi.
11:42 - Si Pierre apporte toute cette attention à l'abeille,
11:45 c'est qu'aujourd'hui, elle en a grand besoin.
11:48 - On est tous victimes
11:50 de la disparition des abeilles en apiculture.
11:53 Pour te donner un ordre d'idée,
11:58 en 20 ans, la moitié des ruches de France
12:00 ont disparu, quand même.
12:02 - En France et dans le monde,
12:05 l'abeille est menacée de la même façon.
12:07 C'est une catastrophe pour la biodiversité
12:09 et donc pour l'homme,
12:11 elle est une majeure de pollinisation.
12:13 Aujourd'hui, un tiers des produits consommés
12:15 existent grâce aux abeilles.
12:17 Vous voyez cette vallée, un peu?
12:19 Là, c'est magnifique, hein?
12:23 Quand Pierre travaille ses ruches,
12:32 son objectif est de laisser
12:34 le moins possible d'abeilles sur le carreau.
12:36 Il laisse la porte entre-ouverte
12:38 pour que les abeilles restent encore dans les hausses,
12:40 et les abeilles puissent sortir du camion
12:42 et rejoindre leurs ruches.
12:44 Le chemin du retour est difficile et délicat.
12:53 Pierre doit être prudent,
12:55 mais doit faire vite.
12:57 - Le miel, quand tu le récoltes,
13:03 il faut tout de suite l'extraire.
13:05 Il est liquide, il coule bien.
13:07 Il faut en profiter de ce moment-là.
13:09 Il faut tout de suite sortir le miel.
13:11 J'essaye de m'extraire le miel
13:13 qu'il y a là-dedans.
13:15 C'est bon. Vous pouvez y aller.
13:17 Mon travail, il commence, là.
13:19 Il faut extraire le miel.
13:21 Je leur apporte les hausses.
13:23 Et pendant la saison
13:25 où on fait la récolte et la transhumance,
13:27 on prend en plus des gens,
13:29 des saisonniers,
13:31 qui nous extraient le miel.
13:33 ...
13:35 - Retour en Haute-Savoie.
13:37 La neige tombe depuis la fin de l'après-midi
13:39 et tout le réseau routier
13:41 est déjà recouvert d'une épaisse couche de poudreuse.
13:44 ...
13:46 David va pourtant devoir faire
13:48 ses 50 km de tournée
13:50 et emprunter les petits chemins
13:52 qui mènent au ferme.
13:54 - On est à la fin du chemin.
13:56 On est à la fin du chemin.
13:58 On est à la fin du chemin.
14:00 On est à la fin du chemin.
14:02 On est à la fin du chemin.
14:04 On est à la fin du chemin.
14:06 - C'est quelque chose que j'appréhende, la neige,
14:09 parce qu'on sait jamais à quelle heure on va finir.
14:12 On sait jamais ce qui va nous arriver.
14:14 Mais bon, on va voir comment.
14:16 Il faut y aller quand même.
14:18 ...
14:20 ...
14:22 ...
14:24 ...
14:26 Regarde la voiture.
14:28 ...
14:30 Regarde.
14:32 Même si on est en montagne,
14:34 les premières neiges sont toujours...
14:36 Tout le monde se fait avoir, quoi.
14:38 Est-ce qu'il y en a pas la moitié
14:40 qui ont mis les pneus neige ou...
14:42 Et puis, il faut dire que la neige
14:44 est tombée en peu de temps.
14:46 En 3 heures de temps,
14:48 ça a mis 20 cm de neige.
14:50 Alors les gens ont été surpris.
14:52 S'ils étaient au travail,
14:54 ben, après, après...
14:56 ...
14:58 ...
15:00 - David roule pour le moment en sécurité.
15:02 Il est équipé de pneus neige,
15:04 mais tout autour de lui, c'est une vraie pagaille.
15:06 - Ça a fait les 4,8 par heure.
15:08 Apparemment, il y a pas mal de camions
15:10 de bloqués parce que...
15:12 Ah, ben oui.
15:14 Même sur l'autoroute, ils font demi-tour.
15:16 - Sur le chemin, il croise
15:18 un autre convoyeur de lait stationné sur le bas-côté.
15:20 - Qu'est-ce qu'il fait?
15:22 Ah, il chêne.
15:24 - Bien qu'il soit équipé comme David
15:26 de pneus neige, il doit chêner.
15:28 C'est une précaution supplémentaire
15:30 qu'il faut prendre quand la route
15:32 est vraiment trop glissante.
15:34 ...
15:36 ...
15:38 ...
15:40 ...
15:42 ...
15:44 ...
15:46 ...
15:48 ...
15:50 - Là, c'est...
15:52 Là, c'est vraiment pas la joie, non?
15:54 - Ça va, ouais.
15:56 - Ouais?
15:58 - Ça, là, ça devient méchère.
16:00 Tâche de...
16:02 - De bien finir?
16:04 - D'arriver à bon point.
16:06 - Ha! Ha! Ha!
16:08 Bon, on est bien toujours arrivés, mais bon.
16:10 - Sur la route, il faut être bien équipé,
16:12 avoir des bons pneus, première chose.
16:14 Puis un beau chauffeur, bien sûr.
16:16 - Bonne soirée, bonne nuit.
16:18 Merci.
16:20 ...
16:22 - Plus le camion s'enfonce dans la nuit,
16:24 plus David se retrouve seul.
16:26 Mais ce soir, il va rencontrer
16:28 des compagnons inhabituels.
16:30 - Regarde ça.
16:32 Regarde où sont les sangliers. Là!
16:34 ...
16:36 ...
16:38 ...
16:40 J'aime bien regarder les sangliers.
16:42 La journée, on les voit jamais.
16:44 Y en a même deux là-bas, de ton côté, là-bas.
16:46 ...
16:48 ...
16:50 - Mais David ne peut pas s'arrêter trop longtemps.
16:52 Les conditions sont mauvaises et peuvent le retarder.
16:54 Il ne doit pas faire attendre le fromager.
16:56 ...
16:58 ...
17:00 ...
17:02 ...
17:04 ...
17:06 ...
17:08 ...
17:10 ...
17:12 ...
17:14 - Voilà ce que je craignais.
17:16 ...
17:18 ...
17:20 Je suis obligé de chaîner.
17:22 ...
17:24 Je recule à la ferme, là-bas, pour chaîner.
17:26 ...
17:28 ...
17:30 - Pour chaîner son camion de 19 tonnes,
17:32 David doit le mettre à plat.
17:34 Mais même en marche arrière,
17:36 il n'arrive plus à contrôler la trajectoire du véhicule.
17:38 ...
17:40 ...
17:42 ...
17:44 ...
17:46 - Ah, je ne peux pas.
17:48 ...
17:50 ...
17:52 - Je vais être droit dans le trou.
17:54 ...
17:56 ...
17:58 - Je vais mettre une chaîne rapide.
18:00 ...
18:02 ...
18:04 ...
18:06 ...
18:08 ...
18:10 ...
18:12 ...
18:14 ...
18:16 ...
18:18 ...
18:20 ...
18:22 ...
18:24 - C'est angoissant.
18:26 Attention.
18:28 Si tu n'arrives pas à monter,
18:30 tu te retrouves dans la ferme, en bas.
18:32 ...
18:34 - Ça ne fera pas.
18:36 ...
18:38 - Impossible de reculer.
18:40 La seule solution est d'installer des chaînes rapides
18:42 sur les roues motrices arrière du camion.
18:44 - Je vais le faire en plusieurs temps
18:46 parce que ça ne monte pas.
18:48 ...
18:50 ...
18:52 ...
18:54 ...
18:56 ...
18:58 ...
19:00 ...
19:02 ...
19:04 ...
19:06 ...
19:08 - C'est quoi l'opération, maintenant ?
19:10 - L'opération, c'est de mettre la grosse chaîne.
19:12 ...
19:14 ...
19:16 ...
19:18 ...
19:20 - J'ai eu du bon quand même.
19:22 ...
19:24 - Pour monter les chaînes, il faut 20 minutes.
19:26 ...
19:28 - 20 minutes, si ça va bien.
19:30 - Normalement, c'est des chaînes où il faut monter sur des cales
19:32 pour libérer la roue, pour pouvoir mettre la chaîne comme il faut.
19:34 Mais comme je n'ai pas pris les cales,
19:36 je suis obligé de les mettre comme ça.
19:38 - Ça va être plus compliqué.
19:40 - Oui.
19:42 - Ça va être bien plus compliqué.
19:44 ...
19:46 ...
19:48 - J'ai mis la chaîne comme ça sur le pneu.
19:50 Je vais avancer pour faire
19:52 un quart de tour
19:54 pour pouvoir essayer d'accrocher la chaîne.
19:56 Mais il faut tomber vraiment.
19:58 ...
20:00 ...
20:02 ...
20:04 ...
20:06 - Là, ça va me retarder.
20:08 - En fait, il ne faut pas regarder l'heure.
20:10 ...
20:12 - Il faut livrer avant 3 heures,
20:14 mais le fromager va comprendre si j'arrive à 4, 5 heures du matin.
20:16 Il va comprendre que je suis arrivé
20:18 avec le camion sans le casser.
20:20 Et avec le lait, surtout.
20:22 - Le camion est maintenant bien chaîné.
20:24 Il peut continuer sa tournée.
20:26 Pourtant, dès la 1re ferme,
20:28 David rate le virage.
20:30 ...
20:32 ...
20:34 ...
20:36 ...
20:38 ...
20:40 ...
20:42 - Ça allait comment, là, David ?
20:44 - Ça commençait à aller moins bien.
20:46 Mais là-bas,
20:48 c'était dangereux.
20:50 Pour prendre le virage,
20:52 si on le prend en ralenti, ça ne marche pas.
20:54 Si on le prend trop vite, ça ne marche pas.
20:56 Alors on ne sait pas comment il faut le prendre.
20:58 Des fois, il faudrait presque chaîner l'avant
21:00 parce que c'est limite.
21:02 ...
21:04 - Ça grave ?
21:06 - Non, on en verra d'autres dans la nuit.
21:08 - En attendant d'en voir d'autres,
21:10 il fait le régal des habitants du lieu.
21:12 ...
21:14 ...
21:16 ...
21:18 ...
21:20 ...
21:22 ...
21:24 ...
21:26 ...
21:28 ...
21:30 - Dans les Cévennes,
21:32 c'est bientôt l'heure de la transhumance des abeilles.
21:34 Après le dîner,
21:36 à l'instant même où la lumière baisse,
21:38 Pierre et son camion
21:40 devront être prêts.
21:42 ...
21:44 Ce soir,
21:46 il est victime d'un contre-temps
21:48 et est retenu à la miellerie.
21:50 - Il y a un souci ?
21:52 ...
21:54 D'accord. OK. À tout de suite.
21:56 Ça marche ?
21:58 C'est bien, ça.
22:00 ...
22:02 Il y a des bordées et des clients.
22:04 Voilà.
22:06 Ce qui est difficile en ce moment,
22:08 c'est la récolte, l'extraction
22:10 et la transhumance.
22:12 C'est lourd. Les petites routes, les chemins,
22:14 les ruchers sont quand même placés
22:16 pour être bien
22:18 pour la végétation.
22:20 Pas forcément au bord des routes.
22:22 De toute façon, ça accentuerait le vol.
22:24 - Pierre arrive enfin,
22:26 et il a déjà accéléré le repas.
22:28 - Allez, on passe à table, les enfants.
22:30 C'est un peu speed, là, le métier.
22:32 - Oui, c'est un peu speed.
22:34 Ils ont part tard,
22:36 mais ils rentrent trop tard.
22:38 ...
22:40 ...
22:42 Allez, on y va ?
22:44 Tout à l'heure.
22:46 - Oui. Faites attention.
22:48 ...
22:50 ...
22:52 ...
22:54 ...
22:56 ...
22:58 ...
23:00 ...
23:02 ...
23:04 ...
23:06 ...
23:08 ...
23:10 - Là, je ramasse mes affaires
23:12 pour pouvoir enfumer les ruches
23:14 quand je vais les charger.
23:16 Donc, j'ai des aiguilles mouillées
23:18 pour pouvoir faire une fumée froide.
23:20 Il ne s'agit pas de la fumée.
23:22 Il s'agit de la fumée froide.
23:24 Il ne s'agit pas de brûler les abeilles.
23:26 Puis, j'ai des aiguilles sèches.
23:28 Tout le soir, il faut préparer
23:30 les aiguilles pour pouvoir
23:32 enfumer les ruches, parce que c'est comme ça
23:34 que tu les maintiens dans la ruche
23:36 au moment où tu les charges
23:38 et où tu les décharges.
23:40 Allez.
23:42 ...
23:44 ...
23:46 ...
23:48 ...
23:50 ...
23:52 ...
23:54 ...
23:56 ...
23:58 ...
24:00 ...
24:02 ...
24:04 ...
24:06 ...
24:08 ...
24:10 ...
24:12 ...
24:14 ...
24:16 ...
24:18 -Quand tu transumes une ruche,
24:20 il faut que tu la transumes à plus de 3 km
24:22 de son emplacement d'origine,
24:24 sinon, les abeilles retrouvent leurs repères précédents
24:26 et reviennent à leur emplacement d'origine
24:28 où elles ne trouvent pas leur abri
24:30 et elles meurent.
24:32 La première nuit, elles meurent de froid.
24:34 Donc, il faut les emmener
24:36 suffisamment loin. De toute manière,
24:38 la transhumance n'a de sens que pour aller trouver
24:40 une autre fleur, une autre floraison.
24:42 -Il y a du monde au portillon.
24:44 -Pour charger les ruches,
24:46 Pierre va devoir attendre la tombée de la nuit,
24:48 moment où toutes les abeilles rentrent.
24:50 Et il n'est pas question
24:52 d'en oublier une.
24:54 Une soixantaine
24:56 de ruches vont être déplacées,
24:58 soit près de 3 millions d'abeilles.
25:00 Et toutes doivent rentrer à la ruche
25:02 avant le transport.
25:04 ...
25:06 -Alors là, le soir,
25:08 on attend toujours l'ultime.
25:10 On regarde qu'il n'y ait plus d'abeilles.
25:12 Tu vois, il y a du monde devant l'entrée,
25:14 on attend qu'il n'y ait plus d'abeilles qui arrivent.
25:16 Une fois qu'on voit
25:18 plus d'abeilles qui arrivent, on peut charger.
25:20 -En attendant,
25:22 Pierre en profite pour nettoyer un peu son camion.
25:24 -Je balaye
25:26 les petits cailloux.
25:28 Je balaye
25:30 les cochonneries qui restent d'hier soir.
25:32 Il y avait 4 abeilles,
25:36 il y avait des cailloux, il y avait 3 genets.
25:38 Pour que ce soit facile
25:40 de recharger.
25:42 Allez.
25:44 -Pierre prend soin
25:52 de son camion. C'est un outil précieux
25:54 pour lui et il doit durer.
25:56 -Ca fait 15 ans qu'on l'a acheté.
25:58 Et puis surtout, ce qui est sympa
26:00 avec ce camion, c'est qu'en fait, on a fait exactement
26:02 ce dont on avait besoin et on est arrivé à faire
26:04 exactement quelque chose
26:06 qui nous convenait.
26:08 C'est-à-dire un véhicule
26:10 qui soit
26:12 suffisamment costaud pour porter
26:14 des poids, en même temps qu'il soit
26:16 agile et puis on l'a adapté. Tu vois, on a mis
26:18 des tiroirs qui correspondent exactement
26:20 pour les équerres, pour les sangles,
26:22 pour tout le petit matériel dont on a besoin.
26:24 Donc quand t'as un outil
26:26 comme ça qui devient impeccable, c'est extra.
26:28 -Mais l'atout majeur
26:30 du camion, la raison pour laquelle
26:32 Pierre a acheté celui-ci et pas un autre,
26:34 c'est sa suspension.
26:36 (Bruit du camion)
26:38 -Le camion, il était adapté
26:42 de nature. Il était
26:44 souple et c'est ce qu'il faut pour les abeilles,
26:46 pour pas trop les heurter, pour pas les cogner,
26:48 pour essayer de les déranger le moins possible.
26:50 Avec un bahu comme ça, tu fais au minimum.
26:52 Tu peux pas les déranger moins que ce qu'on fait.
26:54 -Son camion est adapté au chemin
26:58 et permet, grâce à sa grue hydraulique,
27:00 de pouvoir gagner un temps précieux.
27:02 (Bruit du camion)
27:04 -On la commande dans le bras droit.
27:08 (Bruit du camion)
27:10 -Tiens, une tube qui tourne.
27:12 Hop, ça dépose.
27:14 -Merci. -Super.
27:16 (Bruit du camion)
27:18 -La commande est dans le tube qu'il y a, tu vois, là.
27:20 (Bruit du camion)
27:22 -Hop, ça descend. Hop, ça monte.
27:24 (Bruit du camion)
27:30 (Bruit du camion)
27:32 -Ça monte.
27:34 Tu peux fumer, là, celle d'en bas.
27:36 Parce qu'elle va bien.
27:38 (Bruit du camion)
27:40 Fume bien, là.
27:42 Il va falloir que j'aille me protéger.
27:44 (Bruit du camion)
27:46 -Pierre préfère travailler le plus longtemps possible
27:48 sans sa vareuse,
27:50 mais ce sont souvent les abeilles
27:52 qui décident du moment où il devra la mettre.
27:54 (Bruit du camion)
27:56 (Bruit du camion)
27:58 (Bruit du camion)
28:00 -On va sangler ça.
28:02 Quand on aura descendu le chemin,
28:06 on retendra toutes les sangles.
28:08 On les contrôlera toutes.
28:10 (Bruit du camion)
28:12 -Toutes les ruches sont sur le camion à la nuit noire.
28:22 Elles peuvent être maintenant transportées
28:24 à une trentaine de kilomètres d'ici,
28:26 sur les pentes du Mont Lozère.
28:28 Le lieu exact est tenu secret,
28:34 car le vol des ruches est trop fréquent.
28:36 C'est un endroit que Pierre a déjà repéré
28:38 et qui est riche en brouillères calunes.
28:40 -Là, la brouillère est prête à fleurir.
28:46 C'est pour ça qu'on monte maintenant avec nos ruches,
28:48 pour qu'elles trouvent les fleurs
28:50 juste ouvertes au moment où elles arrivent.
28:52 -Si Pierre se donne autant de mal cette nuit
28:54 pour transhumer ses abeilles,
28:56 c'est pour produire un miel d'exception.
28:58 -C'est un miel qui a un goût
29:00 vraiment très inhabituel,
29:02 très typé.
29:04 C'est un miel qui est à la fois puissant et fin.
29:06 D'ailleurs, les gens qui sont amateurs de miel
29:08 y reviennent, sur ce miel.
29:10 Une fois qu'ils l'ont goûté, ils en reveulent.
29:12 -Ces abeilles sont très précieuses pour Pierre,
29:16 alors il leur faut des abeilles
29:18 pour pouvoir les transhumer.
29:20 -Elles méritent de ma part
29:22 toutes les attentions.
29:24 Parce que ce sont des animaux
29:26 qui font tout ce qu'elles font,
29:28 elles le font gratuitement pour moi.
29:30 Je ne vais jamais l'oublier, ça.
29:32 -Pierre roule tout doucement,
29:40 mais le camion balote tout de même beaucoup.
29:42 Pas question de faire tomber
29:44 ne serait-ce qu'une abeille.
29:46 Cela serait une catastrophe.
29:48 -Je contrôle mes crochets de sangles.
30:04 -Elles ne bougeront plus.
30:12 -C'est ça, les abeilles.
30:14 -Non, elles ne bougeront plus.
30:16 -Elles vont rester bien sagement
30:18 dans leur ruche,
30:20 bercées par la route,
30:22 le mouvement du camion.
30:24 -Heureusement, Pierre a un camion
30:32 qui est particulièrement bien adapté
30:34 à ce genre de route.
30:36 -Celui-ci, on l'a choisi
30:38 parce qu'il a un gabarit raisonnable,
30:40 sur des chemins assez petits
30:42 où ça passe bien.
30:44 -Même si Pierre a déjà repéré le chemin,
30:46 c'est la première fois
30:48 qu'il le prend avec son camion.
30:50 -Les chemins ont été abîmés
30:52 par les pluies.
30:54 Il faut rouler mollo.
30:56 Ça se fait, mais enfin,
31:00 tu ne peux pas rouler
31:02 à 50 km/h.
31:04 -Pierre arrive enfin sur un petit plateau,
31:06 là où la brouillère calune
31:08 est bien présente au rendez-vous.
31:10 -C'est pour ça qu'on est venus,
31:12 pour cette plante
31:14 qui s'appelle la brouillère calune.
31:16 C'est cette plante qui nous motive
31:18 pour faire la transhumance
31:20 et qui fera ce miel haut de gamme,
31:22 un miel raffiné,
31:24 un miel à bonne valeur ajoutée
31:26 et qui nous permet d'étoffer notre gamme
31:28 sans aller très loin de chez nous.
31:30 C'est pour ça qu'on vient ici.
31:32 ...
31:44 C'est fini, c'est fait.
31:46 -Content ? -Oui.
31:48 Content que ce soit fait.
31:50 On s'est bien fait piquer, quand même.
31:52 Je ne sais pas que vous,
31:54 mais moi, je me suis bien fait piquer,
31:56 à la fin.
31:58 Alors, on y va.
32:00 -Le travail est fini.
32:02 Pierre va enfin pouvoir rentrer chez lui.
32:04 ...
32:10 David, lui,
32:12 a pris beaucoup de retard dans sa tournée.
32:14 Ses chaînes sont mises,
32:16 mais son camion manque encore d'adhérence.
32:18 ...
32:26 -Oh, le...
32:28 Le plus dangereux,
32:30 c'est que...
32:32 C'est quand on part pour faire le premier tour,
32:34 le camion, il est vide.
32:36 Et le camion vide, on ne fait rien.
32:38 Même chaîner, on ne fait pas grand-chose.
32:40 Il n'adhère pas, il n'a pas d'adhérence.
32:42 Les chaînes, ça glisse.
32:44 Par contre, quand j'ai 2 000 litres de lait derrière,
32:46 alors là, après, ça passe.
32:48 ...
32:54 -Heureusement, à chaque litre de lait récolté,
32:56 le camion gagne en poids
32:58 et donc en tenue de route.
33:00 ...
33:16 Il y a maintenant 8 000 litres de lait dans la cuve,
33:18 et le camion tient parfaitement la route.
33:20 Mais un autre souci l'attend.
33:22 Le poids de la neige
33:24 qui tombe en abondance
33:26 fait se casser les branches des arbres sur la route.
33:28 ...
33:46 Les chemins sont de plus en plus étroits
33:48 et les bas côtés de moins en moins visibles.
33:50 David s'arrête régulièrement
33:52 pour ne pas se faire surprendre.
33:54 ...
34:02 -Je regardais pour...
34:04 Je regardais pour pouvoir prendre la montée, là,
34:06 mais je sais pas.
34:08 Je sais pas, parce que...
34:10 ...
34:14 Je sais pas.
34:16 -Sa méfiance est justifiée,
34:18 car le camion est volumineux
34:20 et le moindre écart
34:22 peut le faire verser dans le fossé.
34:24 Mais même un bon chauffeur n'est pas à l'abri des surprises.
34:26 ...
34:40 -Putain, je suis... Non, non.
34:42 Oh, non, c'est pas la peine.
34:44 -Les 11 500 litres de lait
34:46 desservent cette fois David
34:48 dans sa manœuvre.
34:50 ...
34:54 Il a presque 12 tonnes dans sa cuve
34:56 et se retrouve complètement cloué dans le fossé.
34:58 ...
35:04 -Heu...
35:06 Ben, là, je sais pas comment on va faire.
35:08 ...
35:17 Non, je sortirai pas, là.
35:19 C'est pas possible.
35:21 J'en marche.
35:23 ...
35:25 Je suis bloqué, en fait.
35:27 Je suis bloqué.
35:29 ...
35:31 Y a 30 ou peut-être même plus
35:33 de centimètres de neige.
35:35 Je touche par terre.
35:37 Y a rien de mal, hein. Y a rien de cassé, rien du tout.
35:39 Mais je suis sur le côté. Enfin, quand je suis sur le côté,
35:41 je peux pas remonter.
35:43 -Alors, qu'est-ce qu'on fait ?
35:45 -Ben, j'appelle mon chef et puis...
35:47 ...
35:49 Il se débrouille pour que quelqu'un
35:51 vienne chercher le lait, quoi. Pour finir la tournée,
35:53 le camion, bon, lui, il peut rester là.
35:55 C'est pas grave, là. -Première fois que ça arrive ?
35:57 -Oh non, c'est pas la première fois, mais...
35:59 C'est dommage, c'est que c'est sur du plat, quoi.
36:01 On a monté des machins
36:03 comme je sais pas quoi, puis...
36:05 Et puis, là,
36:07 sur du plat, on reste coincés.
36:09 ...
36:11 -Le responsable
36:13 des chauffeurs de la fruitière
36:15 arrive une heure après avec un camion vide
36:17 pour délivrer David.
36:19 Ils vont immédiatement transvaser le lait
36:21 pour l'emmener au fromager
36:23 et éviter ainsi de perdre ses 11 500 litres.
36:25 ...
36:27 ...
36:29 -L'essentiel,
36:31 c'est que le lait soit toré.
36:33 C'est une belle preuve
36:35 que, camion bloqué,
36:37 on est obligé de continuer
36:39 à essayer de se dépatouiller pour pouvoir ramener le lait
36:41 vers la fruitière.
36:43 ...
36:45 ...
36:47 -Le lait va mettre une bonne demi-heure
36:49 pour passer d'une cuve à l'autre.
36:51 Les deux hommes s'activent pour se sortir
36:53 de ce mauvais pas.
36:55 Le responsable n'en veut pas à David
36:57 car il connaît bien les risques du métier.
36:59 Il a 15 chauffeurs sous sa responsabilité.
37:01 -Moi, j'attends que ça fasse jour, hein.
37:03 C'est pas la peine de dire, on emmerde pas la circulation.
37:05 Pfff...
37:07 La nuit, on fait toujours des conneries.
37:09 On attend que ça fasse jour,
37:11 demain matin, on revient, on tire, et c'est tout.
37:13 -Ouais.
37:15 -Donc toi, tu continues, je vais livrer ça.
37:17 -Bon, ben...
37:19 -Ouais. -Merci, puis...
37:21 -Malgré son camion bloqué,
37:23 David va pouvoir remplir sa mission
37:25 jusqu'au bout en continuant sa tournée
37:27 avec le second camion.
37:29 -Voilà, nous, on rentre à la maison.
37:31 On rentre à la maison
37:33 pour vider, il y a 11 500 litres
37:35 dans le camion.
37:37 ...
37:39 ...
37:41 ...
37:43 ...
37:45 ...
37:47 ...
37:49 ...
37:51 ...
37:53 -T'avais pas de boulot ?
37:55 -Ouais. -T'as bien.
37:57 -Tu t'y tiens à coup ? -Un petit peu, oui.
37:59 -Ça a commencé à être un peu long.
38:01 ...
38:03 -C'est ouvert, ça peut te permettre d'en mettre un peu.
38:05 -Pourquoi est-ce qu'il est un peu long ?
38:07 -Pardon ? -Pourquoi est-ce qu'il est un peu long ?
38:09 -L'heure habituelle, c'est à 3h,
38:11 et tout le lait est là, et là, il est 5h,
38:13 donc on commence à se poser des questions.
38:15 ...
38:17 Le lait est arrivé à bon port.
38:19 Tout se termine super bien.
38:21 Au revoir.
38:23 On est bon.
38:25 ...
38:27 ...
38:29 -Le lendemain matin,
38:31 un épais manteau neige recouvre la vallée.
38:33 Pendant la nuit, le camion a été remorqué
38:35 par une autre équipe, et visiblement,
38:37 il n'a subi aucun dommage.
38:39 Il sera prêt pour le service du soir.
38:41 David habite avec sa femme
38:43 sur son lieu de travail,
38:45 et sait tout naturellement qu'il va à la fruitière
38:47 pour faire ses courses.
38:49 ...
38:51 ...
38:53 ...
38:55 ...
38:57 -Bonjour. -Bonjour.
38:59 -Je voudrais un rhupe de champs-fruitiers.
39:01 ...
39:03 ...
39:05 -Ca vous fera 4,79 euros, s'il vous plaît.
39:07 -Oui. -Merci.
39:09 Passez une bonne journée. -Merci, pareillement.
39:11 Au revoir. -Au revoir.
39:13 ...
39:15 ...
39:17 ...
39:19 ...
39:21 -Ce midi,
39:23 Stéphanie, sa femme,
39:25 va lui préparer un de ses plats préférés,
39:27 une tartiflette,
39:29 avec des roblochons sur lit de pommes de terre.
39:31 ...
39:33 ...
39:35 ...
39:37 ...
39:39 ...
39:41 ...
39:43 ...
39:45 ...
39:47 -On le retourne
39:49 pour que la croûte reste bien en hauteur.
39:51 Il ne faut jamais lésiner
39:53 sur les quantités de roblochons,
39:55 puisque le roblochon va fondre dans tout le plat,
39:57 et si vous n'en avez pas mis assez,
39:59 ce sera sec, ce qui serait dommage.
40:01 -Dans la journée et durant son temps libre,
40:05 David apprécie de pouvoir rendre visite
40:07 aux producteurs de lait, car durant la nuit,
40:09 les rencontres sont plus rares.
40:11 -C'est important de garder le contact
40:13 avec ces gens, parce que
40:15 eux, ils ont besoin de nous, mais nous, on a besoin d'eux aussi.
40:17 Sans eux, on ne peut pas travailler,
40:19 et ça va des deux côtés.
40:21 C'est sympathique
40:23 de pouvoir
40:25 discuter avec eux.
40:27 C'est des anciens, ils nous expliquent
40:29 des trucs que nous, on n'a pas connus, et moi, ça m'intéresse.
40:31 -David rend visite à Raymond,
40:33 son frère François, et l'or de femme.
40:35 Ils se souviennent très bien
40:37 de l'époque où ils devaient encore amener eux-mêmes
40:39 le lait à la fruitière.
40:41 ...
40:43 -C'est l'entrave, ça.
40:45 Nous laissons du lait à la coopérative.
40:47 On va enlever
40:49 une petite anesse,
40:51 avec une petite carriose,
40:53 pour les voitures.
40:55 Alors, on mettait
40:57 le lait dedans,
40:59 en bas, et on faisait courir
41:01 le petit boricot, parce qu'il était toujours en stade.
41:03 -Il n'y a plus de boricot, maintenant.
41:07 C'est moi.
41:09 ...
41:11 -Déjà, à l'époque,
41:13 le temps de transport du lait était primordial.
41:15 Il ne fallait pas perdre de temps
41:17 si on voulait garder toute la qualité de ce lait
41:19 exceptionnel.
41:21 -Ils n'ont pas le lait si bon,
41:23 les vaches noires.
41:25 En principe, c'est l'abondance.
41:27 La vache de la Savoie-Tahiti.
41:29 C'est la vache
41:31 la plus rustique pour la montagne.
41:33 Elles aiment bien dans la montagne
41:35 manger des fleurs.
41:37 -Pourquoi elles sont en lait meilleures que les autres ?
41:39 -Parce qu'elles sont
41:41 mieux habituées à la montagne.
41:43 Elles n'ont pas mal aux pieds.
41:45 Elles mangent la bonne herbe.
41:49 C'est le même.
41:51 C'est le mangent de la bonne herbe,
41:53 ça fait du bon lait.
41:55 Quand ça vient de Moine-Mais,
41:57 les fruits sont fleuris un peu.
41:59 ...
42:01 -C'est l'heure de rentrer
42:03 pour David.
42:05 Sa tartiflette l'attend.
42:07 ...
42:09 La tartiflette est un plat
42:11 assez récent.
42:13 La recette a été mise en place dans les années 80
42:15 par les producteurs de Reblochon
42:17 et leur fromage.
42:19 Aujourd'hui, le plat fait l'unanimité
42:21 des Savoyards grâce à la qualité du lait.
42:23 -Je mange
42:29 le produit de Manu de Travail.
42:31 -C'est appréciable ?
42:35 -Oui.
42:37 ...
42:39 ...
42:41 ...
42:43 ...
42:45 ...
42:47 ...
42:49 -Dans les Cévennes,
42:51 pendant que les abeilles butinent
42:53 sur leur nouveau territoire,
42:55 Pierre sensibilise la nouvelle génération
42:57 à la beauté de l'espèce abeille.
42:59 -Ca, c'est la Jolie Royale.
43:03 Les abeilles, au début,
43:05 juste au départ de la ponte,
43:07 il y a 3 jours où c'est un oeuf,
43:09 et ensuite, l'oeuf éclos,
43:11 et il sort une toute petite larve,
43:13 il est noyé dans la Jolie Royale
43:15 par les abeilles.
43:17 La Jolie Royale, c'est des vitamines
43:19 qui permettent de donner beaucoup de force
43:21 pour que le bébé abeille commence à grandir.
43:23 Ensuite, c'est un mélange
43:25 de miel et de pollen qui fait une abeille.
43:27 Si les abeilles continuaient
43:29 à nourrir les futurs bébés abeilles
43:31 uniquement avec de la Jolie Royale,
43:33 ça ferait une reine.
43:35 -Pour Pierre, il est indispensable
43:39 que les générations futures comprennent
43:41 l'importance de l'abeille dans notre écosystème.
43:43 Une prise de conscience
43:45 qui passe par une meilleure connaissance de l'insecte.
43:47 -C'est une petite bête,
43:51 comme ça, je ne pensais pas
43:53 que ça pourrait être aussi intelligent
43:55 de faire autant de choses.
43:57 -Les gens qui se spécialisent dans la production
43:59 de Jolie Royale, comme ça,
44:01 l'ont récolté 10 kg par an, c'est un expert.
44:03 -Suite de la visite
44:05 et moment que tout le monde attend
44:07 depuis le début, la dégustation.
44:09 Petits et grands vont pouvoir apprécier
44:11 le travail des abeilles
44:13 et goûter aux différents parfums qu'elles ont concoctés.
44:15 Ces journées découvertes
44:21 sont très importantes pour Pierre.
44:23 C'est une mission pour lui que de sensibiliser
44:25 le grand public aux problèmes de l'abeille.
44:27 ...
44:41 En Haute-Savoie,
44:43 la température est remontée
44:45 et une bonne partie de la neige a fondu.
44:47 ...
44:49 ...
44:56 David doit s'occuper maintenant
44:58 du grand nettoyage de son camion,
45:00 intérieur et extérieur.
45:02 -Je vais faire un rafrage du camion.
45:04 Il faut que ce soit nickel
45:06 parce que c'est du fromage.
45:08 ...
45:10 C'est obligatoire, quoi.
45:12 ...
45:14 C'est l'hygiène.
45:16 -David vient de terminer
45:18 sa quatrième nuit consécutive
45:20 de collecte de lait.
45:22 Il est temps de passer la main à son collègue
45:24 pour les autres nuits de la semaine.
45:26 Et pour nettoyer la cuve,
45:28 il ne s'agit pas d'utiliser n'importe quel produit.
45:30 ...
45:32 -C'est une solution
45:34 qui est fabriquée par le fromager
45:36 pour nettoyer l'intérieur.
45:38 ...
45:40 -Cette solution
45:42 à base de lait
45:44 permet de laver la cuve sans aucun détergent
45:46 et uniquement avec un produit comestible.
45:48 ...
45:50 Cette opération de nettoyage
45:52 est indispensable
45:54 pour préserver les 11 000 prochains litres de lait
45:56 qui seront collectés cette nuit par son collègue.
45:58 ...
46:00 Tout y passe.
46:02 Le moindre tuyau épurgé,
46:04 il ne faut rien oublier.
46:06 -L'hiver, si c'est mal purgé,
46:08 on ne peut pas partir.
46:10 Si l'eau est glacée dans tous les tuyaux,
46:12 c'est impossible d'aller pomper le lait dans les fermes.
46:14 ...
46:16 -La première chose que les producteurs de lait voient,
46:18 c'est la propreté du camion.
46:20 ...
46:22 C'est une garantie de l'hygiène indispensable
46:24 au transport de leurs produits.
46:26 ...
46:28 ...
46:30 ...
46:32 -Dans tous les petits villages,
46:34 le camion est repéré.
46:36 Ils savent bien
46:38 que le camion est toujours bien propre.
46:40 ...
46:42 ...
46:44 ...
46:46 ...
46:48 -David a fini son travail
46:50 et va pouvoir rentrer chez lui
46:52 pour un repos bien mérité de 3 jours.
46:54 ...
46:56 ...
46:58 ...
47:00 ...
47:02 ...
47:04 Pour Pierre, c'est également l'heure
47:06 du grand nettoyage.
47:08 Lui, ce n'est pas son camion qu'il va laver,
47:10 mais ses cadres.
47:12 Il va les déposer là où les abeilles
47:14 vont pouvoir lécher les résidus de miel.
47:16 ...
47:18 ...
47:20 ...
47:22 ...
47:24 ...
47:26 ...
47:28 ...
47:30 ...
47:32 -Pierre arrive dans un endroit
47:34 qu'il appelle le bistrot.
47:36 Ici, les insectes viennent consommer
47:38 sans modération. C'est la frénésie totale.
47:40 Pourtant, Pierre n'a ni enfumoir
47:42 ni vareuse.
47:44 -Là, par contre, au pillage,
47:46 au léchage, au bistrot,
47:48 il n'y a pas d'agressivité des abeilles.
47:50 C'est très impressionnant
47:52 parce qu'il y a énormément d'insectes.
47:54 Il y a des milliers d'insectes
47:56 qui viennent. Ca fait un peu peur.
47:58 Quand on n'est pas habitué...
48:00 Au début, je mettais toujours le masque,
48:02 les gants quand je faisais ça.
48:04 J'avais peur.
48:06 En fait, il n'y a aucune agressivité.
48:08 Je ne dis pas que tu ne peux pas te faire piquer.
48:10 Ca peut arriver.
48:12 Mais en fait, elles sont assez peu intéressées par ton cas.
48:14 Tu leur apportes des trucs à bouffer.
48:18 Et en fait, tu ne leur prends rien.
48:20 Ce n'est pas comme dans une ruche
48:22 où tu les déranges chez elles.
48:24 Des os à lécher, les abeilles viennent les lécher.
48:26 Je ne les dérange pas beaucoup.
48:28 Voilà.
48:30 Je ne reprendrai les os que quand elles seront léchées.
48:32 Et à ce moment-là, il n'y a quasiment plus d'abeilles.
48:34 Elles sont rentrées chez elles. Elles ne viennent plus ici.
48:36 On peut dire que c'est un bistrot écologie.
48:40 Ce n'est pas moi qui me mettrais les léchers,
48:42 mais il ne faut pas exagérer.
48:44 Les insectes vont mettre moins de 24 heures
48:50 à lécher les os déposés en quelques minutes par la grue.
48:52 Le camion, pour moi, c'est un peu comme les gamins
48:54 qui rêvent d'avoir un camion de pompier
48:56 quand ils seront grands.
48:58 Moi, quand je suis devenu apiculteur,
49:00 j'ai rêvé d'avoir un camion avec une grue.
49:02 Le jour où je l'ai eu,
49:04 ça a été un vrai bonheur.
49:06 Je me suis dit que je ne voulais pas
49:08 avoir de camion de pompier.
49:10 Je voulais juste avoir un camion
49:12 avec une grue.
49:14 Et je l'ai eu.
49:16 Je l'ai eu.
49:18 Je l'ai eu.
49:20 Le jour où je l'ai eu,
49:22 ça a été un vrai bonheur.
49:24 Pierre reprend le volant de son camion.
49:28 Un camion qui lui a été indispensable
49:30 sur les routes des Cévennes
49:32 pour transhumer ses ruchers
49:34 avec un maximum de sécurité.
49:36 Il va pouvoir le mettre au garage
49:38 et ne le ressortira que pour aller
49:40 rechercher ses abeilles dans deux mois.
49:42 David, lui, ne peut pas se permettre
49:48 de se faire laver.
49:50 Il faut collecter le lait 24 heures sur 24,
49:52 7 jours sur 7.
49:54 Alors c'est Nicolas, son collègue,
49:56 qui prendra le relais pendant
49:58 les trois prochains jours.
50:00 Pierre et David sont deux chauffeurs
50:10 qui conduisent la nuit.
50:12 Tous les deux n'ont pas d'autre choix
50:14 que de prendre des risques.
50:16 Des camions qui leur permettent
50:18 de continuer de convoyer,
50:20 quelles que soient les conditions,
50:22 leur précieux chargement sur les routes
50:24 de toutes les intentions.
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50:34 (Générique)

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