L'édito de Paul Sugy : «La méthode Gabriel Attal : simplicité et bon sens»

  • il y a 8 mois
Dans son édito du 11/01/2024, Paul Sugy revient sur la  «La méthode Gabriel Attal» et la façon dont pourrait gouverner le Premier ministre nouvellement désigné.

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Transcript
00:00 Les premiers déplacements sont les plus coûtés,
00:02 c'est aussi ceux au cours desquels les premiers ministres annoncent la couleur.
00:05 Forcément, si vous allez dans un centre de la CAF
00:07 ou si vous allez dans un commissariat de police, ça n'a pas le même sens.
00:09 Il ne faut pas être grand clair pour le comprendre.
00:11 Ici, le message était assez limpide.
00:14 Vous savez, Edouard Philippe avait fait la même chose d'ailleurs
00:16 lors d'un de ses premiers déplacements à la préfecture de police de Paris,
00:19 donc auprès déjà des forces de l'ordre.
00:21 Jean Castex, lui, est allé dans une usine,
00:22 manière de marquer qu'il voulait insister sur la réindustrialisation,
00:26 remettre la France au travail.
00:28 Et puis, quant à Elisabeth Borne, ça ne s'invente pas.
00:30 Un de ses tout premiers déplacements, c'était dans le Calvados, donc chez elle,
00:32 mais pour aller tracter pour la campagne d'Emmanuel Macron, pour les législatives.
00:36 Manière donc de se positionner dès le début
00:38 comme la fidèle servitrice d'Emmanuel Macron,
00:41 avec une dévotion sans faille.
00:44 Alors, forcément, c'était un déplacement très scruté.
00:46 En plus, en présence de Gérald Darmanin,
00:49 qui veut aussi incarner la fermeté sur ces sujets.
00:51 Qu'est-ce que vous en retenez ?
00:52 Gabriel Attal a prononcé quelques mots devant la presse, pas grand-chose.
00:55 Le ton semblait presque spontané.
00:57 On se demandait même si ça avait vraiment été préparé.
00:59 Et vous allez voir, c'est un concentré, au fond, de la méthode Attal.
01:02 Devant les caméras, il dit très simplement
01:04 qu'il n'y a pas de sécurité sans les policiers.
01:06 C'est presque une tautologie.
01:07 Qu'il n'y a pas de sécurité sans ordre et sans règles.
01:09 Et puis, il a ajouté que les Français aspirent à une vie calme.
01:12 Bon, c'est du pur bon sens.
01:13 Tellement simple qu'on ne sait plus à ce stade
01:15 si c'est de l'amateurisme ou du génie, mais l'un n'exclut pas l'autre.
01:17 Autant dire que l'eau mouille ou que le soleil brûle.
01:19 Mais la méthode Attal, au fond, c'est ça.
01:22 Pas de grand discours, pas de formule compliquée ou tarbiscotée.
01:24 Sur la forme, au moins, le "en même temps" a disparu.
01:27 Le nouveau Premier ministre rappelle avec un ton sûr de lui,
01:30 des vérités, en insistant sur le fait qu'elles ne sont plus
01:32 toujours évidentes pour tout le monde.
01:33 C'était la même chose sur la baïa.
01:35 Il n'a pas introduit une nouvelle règle avec la baïa.
01:36 Il a simplement dit que la baïa était, au fond, interdite par la loi de 2002.
01:40 Que c'était une évidence.
01:40 Il l'a simplement rappelé.
01:42 Mais tous n'avaient pas eu la même clarté.
01:43 Cette méthode Attal, comme vous dites, ça suffit pour gouverner et redresser un pays ?
01:47 Non, ça ne suffira pas.
01:48 À présent, il y a deux défis majeurs qui vont attendre le chef du gouvernement.
01:51 Le premier, c'est celui de la cohérence.
01:52 Il y a une méthode qui fonctionne, mais qu'il faut maintenir.
01:54 La force de Gabriel Attal, c'est qu'il paraît ne pas changer d'avis
01:57 à chaque fois, à tout bout de champ, en fonction de ses interlocuteurs.
02:00 Mais on sait combien cette clarté dans l'intention peut être mise à mal
02:03 dans les faits, surtout à ce poste et à ses responsabilités.
02:06 On verra donc sur le temps long si les pressions politiques et idéologiques
02:09 qui vont peser sur lui, auront le dernier mot ou pas.
02:12 Le premier test, ça va être la désignation du gouvernement.
02:14 On verra très vite qui de Gabriel Attal ou d'Emmanuel Macron
02:17 aura le dernier mot sur certains arbitrages.
02:19 La clarté d'une politique, c'est d'abord un bon casting
02:22 qui marque des intentions très précises.
02:24 Enfin, le second défi, c'est celui de l'imagination.
02:26 Gabriel Attal, jusqu'ici, s'est attelé à des problèmes dont la solution était simple.
02:29 Il suffisait de s'affranchir des dictates moraux ou idéologiques au pouvoir.
02:32 Mais il n'en va pas du rétablissement des finances publiques,
02:36 de la restauration du pouvoir d'achat, du défi de l'emploi,
02:38 ni même d'ailleurs des succès des Jeux olympiques
02:40 ou d'une victoire aux élections européennes,
02:42 comme il en va de la sécurité et de l'autorité.
02:45 Et sur ce terrain là, à présent, il doit faire ses preuves.
02:47 Et montrer son imagination.
02:48 [Musique]
02:52 [SILENCE]

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