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Afghanistan _ les derniers résistants _ ARTE

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Personnes
Transcription
00:00 - Ça va bien ?
00:07 - Ça va bien.
00:10 - Bien, que tu sais.
00:13 Approcher cet homme est aujourd'hui impossible.
00:24 Il est la cible numéro 1 des talibans.
00:27 Cette interview inédite est réalisée à distance,
00:31 dans des conditions de sécurité maximales.
00:34 Décor neutre, lumière tamisée, mots soigneusement choisis.
00:38 Rien ne doit permettre de localiser Khalid Amiri,
00:42 l'homme qui depuis 2 ans résiste aux talibans.
00:45 - Salam.
00:52 - Khalid Amiri, ou l'histoire d'un enfant du Panchir.
00:57 La montagne est son terrain de jeu, guidé par son père,
01:01 ancien combattant d'Armach à Massoud,
01:04 héros national originaire de la province.
01:08 La jeunesse de Khalid Amiri est peuplée
01:11 des récits de bravoure du commandant Massoud.
01:15 Ce chef militaire, surnommé le lion du Panchir,
01:19 puise sa réputation dans ses victoires
01:22 contre les soviétiques dans les années 1980.
01:26 Puis dans sa résistance face à la 1re prise de pouvoir
01:30 des talibans en 1996.
01:33 Sous Armach à Massoud, le Panchir n'est jamais tombé
01:37 aux mains de ceux qui tentaient de le posséder.
01:41 Armach à Massoud est mort assassiné en septembre 2001.
01:46 Aujourd'hui encore, les stigmates de ce passé guerrier
01:50 trônent au milieu du paysage.
01:53 Une histoire, une culture teintée d'héroïsme légendaire
01:57 ont façonné Khalid Amiri, jeune colonel des forces spéciales
02:01 de l'armée afghane, devenu chef de la résistance dans le Panchir.
02:06 ...
02:35 ...
02:41 Quelques jours avant la chute de Kaboul, Khalid Amiri est envoyé
02:45 dans le sud de l'Afghanistan, à Lashkar Ghar,
02:48 dans la province du Helmand, le fief des talibans.
02:52 ...
02:55 Sa mission est de maintenir sur place une présence de l'armée régulière
02:59 le plus longtemps possible.
03:02 Au sein des forces spéciales, l'homme est respecté,
03:06 connu pour avoir défait à plusieurs reprises les talibans
03:10 dans le nord du pays.
03:12 Mais ici, dans le Helmand, la situation est critique.
03:16 ...
03:19 -Ne prenez pas cette guerre en Afghanistan à la légère.
03:22 Les talibans pensent qu'ils vont prendre la ville.
03:25 Ils peuvent emporter ce rêve dans leur tombe.
03:28 Mais s'ils gagnent cette bataille ici,
03:31 nous ne pourrons pas résister à Kaboul. C'est évident.
03:35 -Khalid Amiri en a conscience.
03:38 La province va tomber aux mains des talibans.
03:41 Ce n'est plus qu'une question d'heures.
03:44 Et le barreau d'honneur de ces hommes dans les rues
03:47 de la capitale de la province, pour rassurer la population,
03:50 ne trompe personne.
03:53 ...
03:56 Cette nuit-là, les destins se dessinent.
03:59 Des généraux préfèrent être évacués
04:02 par les Américains hors d'Afghanistan.
04:05 Amiri et un ami proche refusent. Ils poursuivent le combat.
04:09 Et c'est à Kaboul que cela se joue.
04:12 ...
04:15 Amiri et son unité des forces spéciales, les KKA,
04:18 remontent vers la capitale afghane.
04:21 ...
04:24 -C'était le 14 août à 11 h du soir.
04:27 Mon unité était postée dans le secteur de Pouley Chahri,
04:30 à l'est de Kaboul.
04:33 Je voyais de mes propres yeux la bataille
04:36 qui se déroulait vers la prison de Pouley Chahri.
04:39 Je suis aussi sur des groupes WhatsApp.
04:42 Les unités de renseignement et celles de sécurité
04:45 qui sont sur ces groupes montraient que les talibans
04:48 étaient entrés dans Kaboul.
04:51 Ils venaient du Logar et par la porte du Wardak.
04:54 ...
04:57 ...
05:00 -A Kaboul, la panique est générale.
05:03 Le président de la République, Ashraf Rami, a fui.
05:06 Les talibans, jusqu'ici postés aux portes de la ville,
05:09 y pénètrent sans combattre le 15 août au matin.
05:12 La population est aux abois.
05:15 Khalid Amiri attend des directives de son état-major
05:18 pour tenter de contenir les talibans.
05:21 Mais ses ordres ne viennent pas.
05:24 L'administration est en pleine débâcle,
05:27 l'armée également. Il est trop tard.
05:30 -J'ai commencé à me préparer pour aller dans le Panjshir.
05:33 J'ai compris que Kaboul allait tomber.
05:36 Effectivement, les talibans sont entrés dans Kaboul
05:39 et tout montrait que l'on allait vers une chute totale du pays.
05:42 -Les prémices de la résistance
05:45 que décrit cet autre commandant du Panjshir,
05:48 un militaire qui aujourd'hui vit caché en Afghanistan.
05:51 -La route comportait des risques.
05:54 Si on avait retenu cette option, nous aurions eu des problèmes.
05:57 Alors on a abandonné l'idée
06:00 et on a fait un autre scénario pour acheminer des hommes,
06:03 des équipements et des armes dans le Panjshir,
06:06 par voie aérienne.
06:09 -Quand on est arrivé à l'aéroport de Kaboul,
06:17 j'ai regroupé mon unité
06:20 et j'ai cherché des pilotes
06:23 pour nous emmener dans le Panjshir.
06:26 -Des pilotes avaient déjà été évacués
06:35 vers le Qatar et l'Ouzbékistan.
06:38 Les hélicoptères qui restaient encore à l'aéroport
06:41 avaient des problèmes techniques, comme un manque de fuel.
06:44 -Fazel Manawi est le ministre de la Justice.
06:47 Le 15 août au matin, il est à son poste.
06:50 Les locaux se vident dans une folle urgence.
06:53 Les collaborateurs fuient.
06:56 Alors que ses confrères ministres sont dans un sauf-qui-peut,
06:59 il prend une autre voie.
07:02 -Je me suis changé et j'ai quitté la maison.
07:05 J'ai passé la nuit chez un ami.
07:08 Je ne savais pas où aller.
07:11 Le lendemain, je me suis déguisé en chauffeur de taxi
07:14 et je suis allé dans le Panjshir.
07:17 -Après quelques difficultés, on a pu préparer 2 hélicoptères.
07:33 D'abord, on a chargé un premier hélicoptère
07:36 avec beaucoup d'armes et quelques personnes seulement.
07:39 Quand le premier hélicoptère était prêt à décoller,
07:42 le pilote a coupé le moteur et a dit "descendez l'hélico,
07:45 le moteur est en panne".
07:48 Nous sommes descendus rapidement,
07:51 on a chargé les armes dans le second hélicoptère
07:54 et on a filé vers le Panjshir.
07:57 -Khalid Amiri saute dans le dernier hélicoptère
08:00 qui parvient à quitter Kaboul.
08:03 L'atterrissage a lieu en pleine nuit
08:06 sur le stade de football à l'entrée de la vallée du Panjshir.
08:10 La veille déjà, Ahmad Massoud,
08:23 le fils du héros national assassiné,
08:26 s'est envolé pour le Panjshir.
08:29 -Nous avons reçu beaucoup d'appels.
08:32 Nous avons effectivement reçu un coup de fil
08:35 du bureau du président français, M. Macron,
08:38 qui nous proposait de quitter le pays.
08:41 Il mettait à notre disposition un avion pour nous évacuer.
08:44 J'en ai parlé à M. Massoud.
08:47 D'autres pays proposaient le même type d'aide,
08:50 mais M. Massoud a dit non.
08:53 -Le 15 août 2021, la résistance n'existait pas encore.
09:01 Quand je suis allé dans la vallée du Panjshir,
09:04 je savais que nous n'étions pas préparés
09:07 et que personne ne nous viendrait en aide.
09:10 Mais je devais faire un choix,
09:13 abandonner mon peuple ou rester avec lui.
09:16 -Le Front national de la résistance,
09:22 dirigé par Ahmad Massoud,
09:25 naît dans une impréparation totale,
09:28 comme si personne n'avait su lire les événements et les anticiper.
09:31 Alors que le chef autodéclaré de l'opposition au Taliban décolle,
09:34 un peu plus loin, sur ce même tarmac,
09:37 la population tente désespérément d'échapper au Taliban.
09:40 Une seule route permet de pénétrer dans la vallée du Panjshir.
09:52 Sinueuse, enchassée entre les montagnes abruptes,
09:55 c'est par cet étroit couloir
09:58 qu'arrivent les convois d'hommes qui se préparent au combat.
10:01 -Seulement quelques unités de police et de l'armée nationale
10:15 ont pu entrer dans le Panjshir.
10:18 Il y avait des unités en déroute
10:23 qui venaient de Pakhwan, de Kapisa,
10:26 d'Akhlan, Kunduz ou Tahrar.
10:29 Elles avaient réussi à rejoindre le Panjshir.
10:32 Je savais que les Talibans n'attendaient que notre reddition.
10:43 Alors nous nous sommes préparés
10:48 pour que les Talibans n'entrent pas dans le Panjshir.
10:54 -Mounib Amiri rejoint son frère Khalid dans le Panjshir.
10:57 Il est également un gradé des forces spéciales.
11:00 Il arrive du nord de l'Afghanistan
11:03 où il a été sérieusement blessé au visage dans un combat face aux Talibans.
11:06 -Nous avions face à nous des forces talibanes
11:09 qui s'étaient battues pendant 25 ans
11:12 depuis qu'elles étaient passées dans l'opposition à la République.
11:15 Elles avaient de l'expérience, le soutien d'autres pays,
11:18 les armes et tout ce qui a été abandonné sur le terrain
11:21 par la réalité de la précédente République.
11:24 -Kabul conquis, les Talibans se ruent vers le Panjshir.
11:32 Ils se filment alors qu'ils se postent en masse
11:35 à l'entrée de la province.
11:38 Pendant 2 semaines, les Talibans vont négocier avec la résistance
11:41 pour lui faire accepter les conditions de sa défaite.
11:44 Au terme d'un ultimatum,
11:47 le Front National de la Résistance refuse la reddition.
11:51 -Nos amis vont dans le Panjshir, sur la ligne de front.
11:54 On leur a donné 4 heures pour arrêter le combat.
11:57 Qu'ils se rendent ou pas,
12:00 ils assumeront les conséquences de leurs décisions.
12:03 -Dans la vallée, les Talibans déploient leurs forces
12:13 et avancent sur plusieurs fronts.
12:16 Cela inquiète les commandants de la résistance.
12:19 A ce moment-là, Khalid Amiri n'est pas encore
12:22 le chef militaire du Panjshir, mais il va le devenir.
12:25 -Khalid Amiri est comme mon frère.
12:28 C'est un commandant de terrain.
12:31 Je respecte et j'aime sa personnalité.
12:34 Il est comme mon frère.
12:37 Khalid travaille dur pour la mobilisation,
12:40 pour l'unité de nos groupes et pour la victoire.
12:43 On a commencé à se défendre
12:46 avec ce que nous avions entre nos mains.
12:49 Beaucoup de choses n'étaient pas adaptées.
12:52 Nous avons créé une résistance à partir de rien.
12:55 -Les Talibans n'ont pas l'intention
13:02 de se contenter de la vallée.
13:05 Ils assiègent les voies d'accès
13:08 et déferlent dans la montagne.
13:11 -On va se défendre.
13:14 On va se défendre.
13:17 On va se défendre.
13:20 -Derrière les antennes relais
13:23 que l'on distingue sur ces images,
13:26 sur un versant face aux Talibans,
13:29 se trouve Khalid Amiri.
13:32 Appuyé contre une carcasse de chars soviétiques,
13:35 il tente de contrer la progression
13:38 de la guerre en Afrique du Nord.
13:41 Une bataille de snipers s'engage
13:44 dans les montagnes du Panjshir.
13:47 ...
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14:17 -Mais tenir la position s'avère impossible.
14:20 Quelques escarmouches ne suffisent pas
14:23 à ralentir les Talibans.
14:26 Amiri et ses hommes lâchent leur promontoire
14:29 et se positionnent dans une autre vallée secondaire.
14:32 -Les Talibans ne nous ont pas laissé
14:35 d'autre choix que la guerre.
14:38 Ils ne respectent pas les valeurs humaines et l'islam.
14:41 Ils veulent créer la terreur,
14:44 monopoliser le pouvoir
14:47 et priver le peuple d'éducation et de ses droits fondamentaux.
14:50 -La vallée principale est sous tension.
14:53 Le mausolée dédié au héros national,
14:56 le commandant Massoud,
14:59 est un endroit symbolique pour les Panjshiris,
15:02 mais aussi stratégique, car il surplombe
15:05 la route qui traverse la province de part en part.
15:08 Il se positionne Mouni Amiri,
15:11 alors que les Talibans remontent toujours plus vers le nord.
15:14 La bataille du mausolée
15:17 est la dernière qui aura lieu dans la vallée.
15:20 ...
15:23 -J'ai demandé de monter la mitrailleuse un peu plus haut.
15:26 Vous aurez un meilleur angle de tir.
15:29 ...
15:32 ...
15:35 -Quelques heures plus tard,
15:38 le mausolée tombe aux mains des Talibans.
15:41 ...
15:44 ...
15:47 ...
15:50 20 jours après la chute de Kaboul,
15:53 le Panjshir cède à son tour.
15:56 Les chiffres, invérifiables,
15:59 font état de plusieurs dizaines de milliers de soldats talibans
16:02 suréquipés, dispersés dans toute la province.
16:05 ...
16:08 ...
16:11 ...
16:14 La défaite pèse lourd dans les esprits.
16:17 Sur cette photo, Khalid Amiri, son frère,
16:20 deux autres commandants et celui qui est encore
16:23 le chef militaire de la résistance dans le Panjshir,
16:26 Saleh Registani, apparaissent épuisés et abattus.
16:29 Le lendemain, pourtant,
16:32 ils enregistrent cette vidéo et défient les Talibans.
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16:59 ...
17:02 Une bravade qui fait long feu.
17:05 Quelques jours plus tard, plusieurs de ces hommes,
17:08 physiquement diminués, quittent l'Afghanistan
17:11 pour le Tadjikistan voisin, où se trouve la tête politique
17:14 de la résistance. Khalid Amiri refuse de partir.
17:17 -J'ai dit à Khalid, partons ensemble.
17:20 Et quand les conditions seront plus favorables,
17:23 nous aurons de l'aide, nous reviendrons
17:26 défendre nos valeurs. Khalid m'a répondu,
17:29 toi, tu pars et nous, on reste.
17:32 Si on part tous, personne ne voudra
17:35 continuer et rester.
17:38 On doit renforcer la résistance,
17:41 on doit résister, défendre nos valeurs,
17:44 notre terre et notre histoire. Khalid est resté
17:47 et moi, j'ai quitté l'Afghanistan pour aller me faire soigner.
17:50 -Ce jour-là, Khalid Amiri prend la tête
17:53 de la résistance armée du Panjshir.
17:56 Avec ses hommes, il s'apprête à passer
17:59 son premier hiver dans la clandestinité.
18:02 Retranchés sur les hauteurs,
18:05 les groupes de combattants filment leur quotidien.
18:08 -Je suis en train de me faire soigner.
18:11 Je suis en train de me faire soigner.
18:14 Je suis en train de me faire soigner.
18:17 -Des images restées jusqu'à aujourd'hui
18:20 dans les téléphones portables des combattants
18:23 et qui témoignent d'un esprit de corps.
18:26 Khalid Amiri se prête au jeu
18:29 et filme même ses propres hommes.
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18:56 -Nous avons rejoint les camps
18:59 qui dataient déjà de la période du djihad
19:02 contre les soviétiques.
19:05 Bien sûr, on avait prévu le repli.
19:08 On s'était dit, si cela arrive dans le Panjshir,
19:11 nos combattants pourront se réfugier
19:14 dans ces abris en altitude.
19:17 ...
19:20 ...
19:23 -Il ne fait aucun doute que vivre dans les montagnes,
19:26 c'est très différent en termes de difficultés et de confort
19:29 que de vivre dans une ville ou un village.
19:32 Mais vivre dans les montagnes est un sacrifice sacré.
19:35 Cela procure un étrange et indescriptible sentiment
19:38 de fierté et de liberté.
19:41 C'est impossible d'exprimer cela par des mots.
19:44 ...
19:47 ...
19:50 ...
19:53 ...
19:56 ...
19:59 -Le Front national de la résistance
20:02 mène les dernières embuscades
20:05 avant le grand froid qui enveloppe déjà le Panjshir.
20:08 Une façon de rappeler aux talibans
20:11 que s'ils contrôlent la vallée,
20:14 les montagnes restent la chasse gardée des Moudjahidines.
20:17 ...
20:20 ...
20:23 ...
20:26 -On ne l'a pas touché, commandant.
20:29 ...
20:32 -Nous n'avons qu'un seul ennemi, ce sont les talibans.
20:35 En hiver, on doit affronter la météo, la neige et les talibans.
20:38 C'est suicidaire de se battre dans ces conditions,
20:41 face à ce type d'ennemis et avec l'hiver qui arrive.
20:44 ...
20:47 ...
20:50 ...
20:53 ...
20:56 -A la tête des unités de combat,
20:59 Khaled Amiri s'enfonce dans l'hiver.
21:02 Le silence gagne la montagne.
21:05 La résistance a perdu la guerre.
21:08 Mais une autre forme de combat non conventionnelle,
21:11 la guérilla, fait rage depuis les hauteurs du Panjshir,
21:14 juste après cette trêve de courte durée imposée par l'hiver.
21:17 ...
21:20 ...
21:23 ...
21:26 ...
21:29 ...
21:32 ...
21:35 Au printemps, des journalistes accèdent à l'un des 22 camps
21:38 que la résistance affirme posséder dans les vallées montagneuses.
21:41 Cette rencontre est inédite.
21:44 ...
21:47 Une cinquantaine de combattants armés
21:50 exhibent leur arsenal et acceptent de se faire filmer.
21:53 Plusieurs combattants sont présents.
21:56 Ils disent recruter les volontaires dès 18 ans
21:59 pour les former à la guérilla,
22:02 mode de combat dans lequel excellait Harmad Shamasoud.
22:05 -Vous savez que les talibans contrôlent toutes les provinces.
22:08 Ils ont récupéré toutes les armes et les munitions
22:11 abandonnées par l'armée nationale,
22:14 les unités commando, la police et les services de renseignement.
22:17 Dans ce genre de situation,
22:20 notre seule solution, c'est la guérilla.
22:23 On n'a pas d'autre choix.
22:26 Mais si on fait la guérilla et qu'on tue 100 ou 200 de leurs hommes,
22:29 ils vont nous envoyer plus de troupes dans la montagne
22:32 et nous n'aurons aucune possibilité de nous échapper
22:35 parce qu'il y a la neige et tous les cols seront bloqués.
22:38 Voilà pourquoi on ne fait pas d'attaque de guérilla en ce moment.
22:41 On reprendra quand les conditions météo le permettront.
22:44 ...
22:47 -Mais la résistance ne peut cacher ses faiblesses,
22:50 son isolement,
22:53 les prémices de lendemain qui déchantent.
22:56 -On ne peut rien faire sans nourriture et sans armes.
22:59 On peut s'en procurer, mais c'est difficile
23:02 et il faut s'adapter et changer nos filières
23:05 car les voies d'approvisionnement sont contrôlées par nos ennemis.
23:08 Parfois, l'ennemi nous crée de sérieux problèmes,
23:11 mais on a aussi des gens qui sont en danger.
23:14 -Ces combattants, fiers qu'une télévision étrangère
23:17 s'intéresse à leur cause, organisent cette mise en scène
23:20 comme preuve de leur allégeance à Ahmad Shah Massoud,
23:23 le héros panchiri dont la mémoire guide chacune de leurs actions.
23:26 ...
23:29 ...
23:32 ...
23:35 ...
23:38 ...
23:41 ...
23:44 -Les combattants qui font face aux talibans
23:47 ont une différence par rapport à leurs aïeux.
23:50 Nous n'avons pas besoin d'expliquer pendant des heures
23:53 à nos hommes pourquoi ils se battent.
23:56 Et cela, on le doit à la relative liberté
23:59 qui a existé pendant les 20 ans passés pendant la République.
24:02 La population a acquis un degré de conscience
24:05 et de compréhension de la réalité du monde.
24:08 Ils savent pourquoi nous faisons la guerre.
24:11 ...
24:14 ...
24:17 ...
24:20 ...
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24:26 ...
24:29 ...
24:32 ...
24:35 ...
24:38 ...
24:41 -L'habitant qui filme les forces talibanes
24:44 qui défilent sous sa fenêtre semble convaincu
24:47 de l'issue des combats. Au printemps 2022,
24:50 le soutien de la population panchiri à la résistance est fort.
24:53 En prévision de la reprise des attaques de printemps,
24:56 les talibans acheminent de nouveaux renforts dans le Panchir.
24:59 20 000 hommes,
25:02 30 000,
25:05 plus encore.
25:08 Ces chiffres sont invérifiables.
25:11 Khalid Amiri poursuit ses embuscades
25:14 depuis les sommets du Panchir.
25:17 Ce 26 mai, une cinquantaine de ces hommes
25:20 affrontent 200 talibans qui tentent de les déloger.
25:23 Les combattants continuent de documenter leurs attaques.
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26:05 ...
26:08 ...
26:11 Au terme de l'embuscade, le Front National de la Résistance
26:14 avance 25 morts talibans, 12 autres blessés
26:17 et aucune victime de son côté.
26:20 ...
26:23 ...
26:26 Victoire éphémère car leurs campements subissent
26:29 de plus en plus les attaques des talibans.
26:32 -Au début, malheureusement, on a perdu nos bons commandants
26:35 dans le Panchir. Ils ont été tués, blessés ou arrêtés.
26:38 Les talibans ont fait venir leurs forces militaires
26:41 de 33 provinces ici, dans le Panchir.
26:44 Il y a eu entre 36 000 et 40 000 hommes.
26:47 Ils ont attaqué nos camps qui n'étaient pas correctement protégés.
26:50 ...
26:53 ...
26:56 ...
26:59 -Retranchés dans les montagnes,
27:02 les résistants enterrent leurs morts à même le champ de bataille.
27:05 ...
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27:11 ...
27:14 ...
27:17 ...
27:20 ...
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27:41 ...
27:44 ...
27:47 ...
27:50 ...
27:53 -Khalid Amiri a conscience de cette stratégie
27:56 de l'épuisement mise en place par les talibans.
27:59 Les armes, munitions et nourriture pour les hommes
28:02 commencent à manquer sérieusement.
28:05 ...
28:08 -C'est un jour difficile.
28:11 Hier, l'ennemi nous a attaqués
28:14 avec 700 ou 800 hommes.
28:17 Nos morts sont toujours là-haut.
28:20 Et après 3 jours sans rien trouver à manger
28:23 dans la montagne,
28:26 on doit abattre cette vache.
28:29 C'est notre seule option.
28:32 Que Dieu nous aide à répartir de façon équitable
28:35 la nourriture entre les Moudjahidines.
28:38 ...
28:41 ...
28:44 -La résistance ne peut compter que sur elle-même.
28:47 ...
28:50 -Nos combattants veulent qu'on leur livre
28:53 des équipements quand ils en ont besoin.
28:56 Mais on ne peut pas les satisfaire,
28:59 car nous n'avons plus de liaisons par la route
29:02 ou par voie aérienne avec Douchanbe au Tadjikistan.
29:05 ...
29:08 On passe par des chemins de contrebande
29:11 pour les approvisionner en armes,
29:14 en argent et satisfaire leurs autres besoins.
29:17 Souvent, les livraisons sont faites
29:20 par plusieurs intermédiaires.
29:23 ...
29:26 -De façon pragmatique,
29:29 je trouve personnellement improbable
29:32 que le Front national de la résistance
29:35 ou tout autre groupe puisse contrer
29:38 véritablement les talibans
29:41 et puisse apporter des changements
29:44 substantiels en Afghanistan.
29:47 Notre ligne est claire.
29:50 Nous n'aidons pas, de manière politique
29:53 ou économique, les mouvements de résistance armée.
29:56 Car cela reviendrait à dire que d'autres
29:59 groupes de résistance armée se déployeront
30:02 et qu'il y aurait un risque de guerre civile,
30:05 tout d'abord de faible intensité,
30:08 puis qui augmenterait pour provoquer
30:11 une instabilité supplémentaire dans la région.
30:14 ...
30:17 ...
30:20 ...
30:23 ...
30:26 ...
30:29 -Dans ce contexte de carence en armement,
30:32 chaque attaque est mûrement réfléchie.
30:35 Ce jour-là, Khalid Amiri donne l'ordre de tirer.
30:38 ...
30:41 L'hélicoptère est touché.
30:44 Il s'apprêtait à approvisionner
30:47 les troupes talibanes venues traquer les résistants.
30:50 ...
30:53 ...
30:56 ...
30:59 Khalid Amiri, ici foulard sur la tête,
31:02 veut récupérer tous les passagers.
31:05 Avant de brûler l'engin, il pose dans la cabine.
31:08 ...
31:11 Cette attaque victorieuse
31:14 entretient le moral des combattants.
31:17 Le récit fait le tour des villages de la vallée.
31:20 Un homme interroge l'un des prisonniers.
31:23 -Est-ce que tu as été bien traité pendant ta captivité ?
31:26 Dis la vérité.
31:29 -C'est ma seconde nuit, Dieu merci.
31:32 Pendant ces deux jours et ces deux nuits,
31:35 ils ont partagé avec nous leur nourriture et leurs vêtements.
31:38 Ils partagent tout.
31:41 Ils partagent tout leur équipement pour que nous soyons au chaud.
31:44 -L'histoire est abondamment relayée sur les réseaux sociaux.
31:47 Elle montre un commandant respectueux
31:50 des règles de la guerre et des prisonniers.
31:53 ...
31:56 Mais le répit n'est que de courte durée.
31:59 ...
32:02 Quelques jours plus tard,
32:05 un autre hélicoptère vient approvisionner
32:08 les forces talibanes dans ces mêmes montagnes de l'Arzou.
32:11 ...
32:14 ...
32:17 ...
32:20 ...
32:23 ...
32:26 ...
32:29 ...
32:32 Depuis l'arrivée des talibans au pouvoir,
32:35 la résistance s'est développée dans quelques provinces voisines.
32:38 Mais c'est dans le Panjshir
32:41 que la pression talibane a toujours été la plus forte et la plus visible.
32:44 ...
32:47 ...
32:50 Les checkpoints jalonnent ce territoire
32:53 qui s'étire du nord au sud sur une centaine de kilomètres.
32:56 Les renforts en combattant talibans sont fréquents.
32:59 ...
33:02 Cette unité arrive du Kunar,
33:05 une province à l'est de l'Afghanistan.
33:08 Sa mission ? En finir avec le Front National de la Résistance
33:11 et ses combattants.
33:14 ...
33:17 ...
33:20 -Ils nous attaquent comme des chacals.
33:23 Ils se cachent, nous tentent des embuscades
33:26 et attaquent comme des chacals.
33:29 Ils ne viennent pas en face de nous. Ils n'en sont pas capables.
33:32 Ils attaquent simplement, comme des chacals.
33:35 Parfois, ils attaquent un ou deux de nos mujahidines.
33:38 Notre ennemi est faible, mais nos mujahidines sont forts.
33:41 L'ennemi n'est pas en capacité de nous affronter.
33:44 ...
33:47 Oui, ils sont nombreux,
33:50 mais nous avons disposé des postes de sécurité.
33:53 Dans chaque poste, il y a 50 hommes.
33:56 Ici, on est même 90.
33:59 ...
34:02 ...
34:05 -Ce taliban ne cite pas de nom,
34:08 mais c'est bien d'Amiri qu'il parle.
34:11 Le commandant le plus célèbre du Pandchir.
34:14 Le plus insaisissable aussi.
34:17 ...
34:20 ...
34:23 ...
34:26 ...
34:29 ...
34:32 ...
34:35 -Allahu akbar!
34:38 -En cette journée anniversaire
34:41 de l'arrivée au pouvoir des talibans,
34:44 Khalid Amiri veut frapper un grand coup,
34:47 marquer les esprits.
34:50 -On va commencer les opérations à 5h du matin,
34:53 depuis les 28 postes de commandement qui existent dans le Pandchir.
34:56 24 sont actifs.
34:59 Et en plus, 10 unités de commandos vont prendre part
35:02 à l'attaque dans toute la province.
35:05 Demain, c'est le 15 août.
35:08 C'est la date à laquelle les talibans ont pris le contrôle de Kaboul
35:11 et ils vont célébrer l'anniversaire de leur victoire.
35:14 Demain, leur célébration aura un goût amer.
35:17 Notre offensive sera massive contre l'ennemi.
35:20 Et si Dieu le veut, l'ennemi n'aura pas l'avantage.
35:23 Grâce à votre force et à votre détermination,
35:26 nous obtiendrons une belle victoire.
35:29 -Arrêtez la guerre!
35:32 -Non!
35:35 -Les unités résistantes vont livrer bataille dans toute la province.
35:38 Amiri se réserve la vallée de l'Arzou,
35:41 à l'endroit même où, quelques semaines plus tôt,
35:44 l'hélicoptère a été abattu.
35:47 Depuis, les talibans ont établi leur campement
35:50 près de l'engin carbonisé.
35:53 50 hommes et des tentes blanches que l'on distingue sur ces images satellites.
35:56 C'est ici que le chef militaire du Panjshir décide d'attaquer.
35:59 Le commandant livre ces dernières consignes à la radio.
36:03 ...
36:06 ...
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36:57 ...
37:00 -Des combattants talibans se rendent.
37:03 Khalid Amiri, deux autres commandants et leurs hommes
37:06 vont récupérer les prisonniers près de la carcasse de l'hélicoptère et du campement.
37:09 C'est la prise la plus importante
37:12 depuis l'occupation talibane dans le Panjshir, il y a presque un an.
37:15 ...
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37:24 ...
37:27 ...
37:30 ...
37:33 -L'opération permet de récupérer des armes et des munitions.
37:36 Mais les prisonniers sont libérés.
37:39 Le lendemain de l'attaque, le commandant, qui se trouve encore non loin du champ de bataille,
37:42 s'en explique lors d'un entretien effectué à distance.
37:45 ...
37:48 ...
37:51 -On a fait prisonnier 40 ennemis.
37:54 5 ont été tués et 3 ont été blessés.
37:57 Conformément aux règles de la guerre,
38:00 nous respectons nos prisonniers et avons soigné leurs blessés.
38:03 Nous leur avons versé une petite somme d'argent,
38:06 les avons libérés et leur avons dit de rejoindre leur famille.
38:09 Nous leur avons aussi expliqué pourquoi nous nous battions
38:12 et pourquoi leur combat est contraire à la loi et injuste.
38:15 Nous ne nous battons pas parce que nous aimons la haine et la guerre.
38:18 ...
38:21 -Un traitement militaire conforme aux règles de la guerre.
38:24 Mais dans les faits, Khalid Amiri n'a pas d'autre choix
38:27 que de libérer les prisonniers.
38:30 Il lui est impossible de nourrir autant d'hommes,
38:33 impossible de les emmener dans la montagne sans prendre le risque
38:36 de dévoiler les caches de la résistance.
38:39 La riposte ne s'est pas faite attendre.
38:42 Dans la vallée, chaque homme civil, jeune ou âgé,
38:45 devient un suspect potentiel,
38:48 soupçonné de collusion avec la résistance.
38:51 -Ces personnes que vous voyez là ont été arrêtées
38:54 dans leur maison dans la vallée d'Abdoulakhel.
38:57 Elles sont toutes innocentes alors qu'elles ont les mains attachées.
39:00 Ces ordures de talibans les embarquent avec eux.
39:03 ...
39:06 ...
39:09 -En 2021 et 2022, plusieurs rapports d'Amnesty International
39:12 et des Nations unies font état de détentions arbitraires,
39:15 d'exactions commises par les talibans dans le Panjshir.
39:18 -Les Panjshiris sont foutus.
39:21 -L'arrestation de cet homme soulève l'indignation
39:24 sur les réseaux sociaux. C'est un instituteur.
39:27 -Alors, vieil homme, qu'est-ce qu'on a trouvé dans ta maison ?
39:30 -Il dit qu'il n'y avait rien, mais on a trouvé des munitions
39:33 et 2 armes, une radio et une antenne pour communiquer.
39:36 Tout ça, c'était dans sa maison.
39:39 -Le taliban qui filme l'instituteur le présente comme un résistant,
39:42 une stratégie de représailles pour que les Moudjahids
39:45 cessent le combat et que la population se désolidarise
39:48 de leurs actions. L'instituteur sera finalement relâché
39:51 quelques jours plus tard.
39:54 -Attache-les bien fort qu'ils ne sautent pas
39:57 pour retourner dans la montagne.
40:00 -Est-ce pour épargner les villageois ou parce qu'elle est
40:03 complètement acculée que la résistance s'éloigne encore
40:06 de la vallée, comme le suggère le commandant Hyar ?
40:09 ...
40:12 -Ces armes, une mitrailleuse et un lance-roquettes russe
40:15 qui datent de la guerre contre l'Union soviétique
40:18 dans les années 80.
40:21 Quelques jours après avoir filmé ces images,
40:24 le commandant Hyar, son groupe et d'autres hommes
40:27 tombent aux mains des talibans.
40:30 Encerclés, sans échappatoire, ils se rendent.
40:33 Ils se rendent à la maison de l'instituteur.
40:36 -Il y a des gens qui sont là.
40:39 -Sans échappatoire, ils se rendent.
40:42 Les talibans filment chaque étape de l'arrestation.
40:45 Les images inondent les réseaux sociaux.
40:48 -Parle, après on te relâchera.
40:51 -Je te jure.
40:54 -Lui a parlé, je vais le relâcher.
40:57 Si tu me dis rien, je te tue.
41:00 -Tuez-moi, je le jure devant Dieu, je ne sais rien.
41:03 ...
41:06 Le commandant Hyar se permet même
41:09 cette ultime insolence envers les talibans
41:12 qui se félicitent de sa capture.
41:15 -C'est nous qu'il faut féliciter, nous nous sommes rendus.
41:18 -L'arrestation affecte lourdement la résistance
41:21 car le commandant tombe avec son frère
41:24 et un, deux et trois de ses fils.
41:27 Ces images d'humiliation et de terreur
41:30 ne s'arrêtent pas là.
41:33 Les prisonniers, bandeau sur les yeux, mains liées,
41:36 sont placés dos au peloton d'exécution.
41:39 Un des fils refuse cette humiliation
41:42 et se dresse face au tireur.
41:45 ...
41:48 ...
41:51 -Stop, ça suffit, bande d'idiots.
41:54 -C'est quoi, le coup ?
41:57 -C'est le coup de la police.
42:00 -Stop, ça suffit, bande d'idiots.
42:03 Ne gâchez pas vos munitions.
42:06 Il y en a un toujours vivant.
42:09 Il est en vie.
42:12 -Ce jour-là, 9 combattants sont froidement abattus.
42:15 Les talibans interdiront à leurs proches
42:18 de venir retirer les corps pendant plusieurs semaines.
42:21 ...
42:24 ...
42:27 ...
42:30 ...
42:33 ...
42:36 ...
42:39 ...
42:42 ...
42:45 -Il est certain que chacun a pris les armes
42:48 de manière volontaire en son âme et conscience
42:51 pour vaincre l'ennemi.
42:54 On peut dire que chacun d'entre eux est une montagne de morale,
42:57 de motivation et de fierté.
43:00 -Il n'y a plus de lien géographique avec des pays
43:10 pour ravitailler l'opposition.
43:13 À partir du moment où il n'y a plus cette jonction
43:16 avec le Taddikistan, à partir du moment où il n'y a plus
43:19 que la vallée du Panjshir qui est enclavée, enchâssée,
43:22 c'est très difficile de la fournir en armement
43:25 le permettant d'irradier et donc de pénétrer en profondeur
43:28 vers l'ensemble du pays.
43:31 -Les pays occidentaux pensent que toute résistance est impossible,
43:40 que la partie est perdue,
43:43 qu'après 40 ans de guerre, les talibans ont gagné
43:46 et que le conflit est terminé en Afghanistan.
43:49 Que les talibans sont la seule réalité aujourd'hui.
43:52 Leur proposition, c'est arrêtez de vous sacrifier,
43:55 l'espoir de libérer votre pays est futile.
43:58 -Un autre hiver s'abat sur le Panjshir
44:01 et sonne l'arrêt des combats.
44:04 Ces derniers mois, les pertes ont été lourdes pour la résistance.
44:07 Des commandants ont été tués,
44:10 des soldats ont été tués,
44:13 des soldats ont été tués,
44:16 des soldats ont été tués,
44:19 des groupes décimés.
44:22 Khalid Amiri et ses unités sont toujours en place,
44:25 quelque part sur les hauteurs du Panjshir.
44:28 Il n'apparaîtra plus de l'hiver,
44:31 sauf sur cette dernière photo.
44:35 ...
44:38 ...
44:41 ...
44:44 ...
44:47 ...
44:50 -La résistance est militaire et politique.
44:53 Et c'est à Vienne, en Autriche, que cela se joue.
44:56 Ahmad Massoud y vient pour une seconde conférence
44:59 depuis la prise de pouvoir par les talibans.
45:02 C'est une invitation à l'initiative
45:05 d'anciennes personnalités afghanes en exil.
45:08 ...
45:11 ...
45:14 ...
45:17 Le chef du Front National de la Résistance
45:20 tente toujours de fédérer les différents mouvements
45:23 d'opposition sous son égide.
45:26 ...
45:29 -Tout d'abord, prions pour les âmes pures
45:32 des martyrs de la résistance et de la liberté en Afghanistan.
45:35 Ils ont sacrifié leur vie pour apporter la justice
45:38 et la liberté au peuple opprimé
45:41 et abandonné d'Afghanistan.
45:44 ...
45:47 En un an et demi,
45:50 nous avons perdu 400 martyrs.
45:53 Nous sommes engagés dans un combat inégal.
45:56 Malheureusement, la plupart d'entre nous
45:59 ne peut que faire ce constat.
46:02 Honnêtement, je pense qu'il n'y a pas de solution hors d'Afghanistan.
46:05 Nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes.
46:08 ...
46:11 -Mais des responsables politiques,
46:14 des chefs ethniques manquent à l'appel.
46:17 Ils ont décliné l'invitation.
46:20 La résistance incarnée par Ahmad Massoud
46:23 ne peut cacher ses difficultés.
46:26 ...
46:29 ...
46:32 ...
46:35 Au Parlement autrichien,
46:38 la rencontre tourne à la mascarade.
46:41 Une photo souvenir de la visite du chef du Front National
46:44 de la résistance et la promesse de faire passer son message
46:47 à l'ensemble de la classe politique autrichienne,
46:50 c'est tout le soutien apporté à Ahmad Massoud.
46:53 Il n'y aura pas d'aide aux combattants afghans.
46:56 Les pays européens sont divisés
46:59 sur l'utilité d'une opposition militaire aux talibans.
47:02 -La reprise du conflit
47:05 n'est sans doute pas la solution au problème afghan.
47:08 La situation doit passer
47:11 par un dialogue inter-afghan.
47:14 Le mouvement de M. Massoud a son rôle à jouer.
47:17 C'est un des partenaires
47:20 qui doit être à la table.
47:23 Nous n'allons pas au-delà dans notre relation avec ce mouvement.
47:26 -On voudrait qu'il y ait une alternative aux talibans,
47:29 mais en même temps, on ne veut pas de guerre civile.
47:32 On voudrait qu'il y ait un changement de régime,
47:35 mais on ne va pas aider ceux qui pourraient permettre
47:38 ce changement de régime.
47:41 Les troupes occidentales sont parties d'Afghanistan.
47:44 Elles ne reviendront pas.
47:47 Les pays régionaux ne vont pas s'impliquer militairement.
47:50 Donc, ça va se régler de manière intra-afghane.
47:53 ...
47:56 ...
47:59 ...
48:02 -La résistance vit confinée, traquée.
48:05 Des commandants du Panjshir ont quitté l'Afghanistan,
48:08 réfugiés en Iran et au Tadjikistan voisin.
48:11 Ceux qui ont fait le choix de rester à l'intérieur du pays
48:14 vivent dans la clandestinité sans aucun moyen pour agir.
48:17 ...
48:20 -Mes frères et amis,
48:23 nous sommes actuellement dans une situation difficile.
48:26 Nous ne pouvons sortir pour nous entraîner physiquement.
48:29 Je suis dans une maison comme en quarantaine.
48:32 Je suis en prison.
48:35 Je suis en prison.
48:38 Je suis en prison.
48:41 L'ennemi nous pourchasse.
48:44 Nous sommes en danger à chaque seconde
48:47 car les services de renseignement nous traquent.
48:50 Donc, je dois continuer à vivre sans sortir de cet endroit.
48:53 Chaque jour,
48:56 il faut faire de l'exercice
48:59 au moins pendant une heure.
49:02 Comme nous sommes des combattants,
49:05 on doit se tenir prêt en toute occasion
49:08 car notre travail, c'est la guérilla.
49:11 ...
49:14 -Halid Amiri n'est plus dans le Panjshir
49:17 mais il est toujours en Afghanistan.
49:20 -Nous ne voulons pas la guerre.
49:23 Combien de temps cela va-t-il durer ?
49:26 Notre peuple est né dans la guerre.
49:29 Il s'est exilé à cause de la guerre et il meurt à cause de la guerre.
49:32 Je ne veux pas mourir pour mes peuples d'autres pays.
49:35 -Je pense qu'il y a eu beaucoup trop de jeux
49:38 qui se sont déroulés en Afghanistan.
49:41 Des jeux importants,
49:44 des jeux petits et des jeux malsains.
49:47 Alors, je pense qu'il faut arrêter de jouer.
49:50 Nous sommes présents en Afghanistan
49:53 et nous continuons à fournir de l'aide humanitaire
49:56 aux Afghans dans le besoin.
49:59 -Le mouvement doit venir de l'intérieur
50:02 et je pense qu'il viendra.
50:05 -Si le peuple afghan me demande d'accepter les talibans,
50:08 je les accepterai.
50:11 Si mon peuple me demande d'arrêter de me battre,
50:14 j'arrêterai.
50:17 Mais je vous demande de poser la question aux Afghans.
50:20 Que voulez-vous vraiment ?
50:23 Je souhaite que les Afghans aient le choix
50:26 de se battre contre les talibans.
50:29 C'est tout le concept de notre guerre.
50:32 Que notre peuple ait le choix de décider de son futur.
50:35 ...
50:38 ...
50:41 -Depuis le printemps dernier,
50:44 les attaques ont cessé dans le Panjshir.
50:47 La plupart des combattants ont quitté la montagne
50:50 et ceux qui ne se sont pas résignés sont devenus invisibles.
50:53 En bas dans la vallée, le calme est revenu.
50:56 Comme un semblant de normalisation,
50:59 les forces talibanes sont bien moins nombreuses.
51:02 En permanence sur le qui-vive.
51:05 Khalid Amiri, caché quelque part en Afghanistan,
51:08 communique désormais avec nous par message.
51:11 ...
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51:38 -Le repas est prêt.
51:41 Nous préparons nos repas nous-mêmes.
51:44 On se nourrit pour être prêts pour ce qui pourrait arriver.
51:47 On doit se tenir prêts à retourner sur nos terres.
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52:29 ...
52:32 Merci.

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