• il y a 11 mois
Avec Franz-Olivier Giesbert, éditorialiste, et Yoann Gillet, journaliste politique.

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : / https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel .
▪️ Instagram : / https://www.instagram.com/sudradioofficiel/ .
▪️ Twitter : / https://twitter.com/SudRadio .
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr

##C_EST_DANS_L_ACTU_8-2024-01-07##

Category

🗞
News
Transcription
00:00 *Générique*
00:04 Bonjour François-Olivier Gisbert.
00:06 Bonjour Laurence Garfiel.
00:08 Éditorialiste, écrivain, votre dernier ouvrage "Histoire intime de la 5ème République"
00:13 tome 3 "Tragédie française" est chez Gallimard.
00:16 Bonjour Yohann Gillet.
00:18 Yohann...
00:19 En France, c'est "Meyeur vœu", bonne année.
00:21 Bonne année, meilleur vœu.
00:22 Journaliste politique, alors avec vous, on va revenir sur les dernières rumeurs et infos
00:27 concernant le remaniement qui serait imminent, on l'a tourné d'ailleurs un peu ce week-end, mais non.
00:31 Il y a bien eu la galette des rois, mais pas encore la fève du remaniement.
00:34 On sait que le président Macron, c'est le maître des horloges.
00:38 Vous qui connaissez très bien, François-Olivier Gisbert, les coulisses du pouvoir,
00:43 vous pensez que c'est pour demain ?
00:45 Je sais pas, parce qu'avec Emmanuel Macron, ça peut toujours changer.
00:49 Vous savez, il y a eu quand même ce petit épisode de 2022, vous savez, sans doute,
00:53 où après l'élige utile, il avait décidé de nommer Catherine Beautrin.
00:59 Donc c'était après l'élection présidentielle.
01:01 Catherine Beautrin qui est présidente de l'agglomération de Reims et qui était LR,
01:07 mais qui avait rejoint tout récemment Macron, puisqu'elle avait appelé à voter Macron à la présidentielle.
01:13 Bon, il la convoque, il déjeune avec elle, il décide, voilà, on va prendre le directeur de cabinet,
01:18 et puis paf, au dernier moment, c'est Elisabeth Borne.
01:21 Alors qu'il l'avait vraiment quasiment nommée, quoi, mais c'était pas public.
01:25 Et là, tout est toujours possible, il peut aussi garder Elisabeth Borne.
01:29 Vous pensez ça, vous pensez franchement ?
01:31 Non, je pense pas qu'il va le faire, mais je pense pas qu'il va le faire,
01:34 parce que je pense qu'il est un peu contraint.
01:36 C'est-à-dire que la vraie histoire depuis le début, c'est qu'il a perdu les élections législatives de 2022,
01:42 et il n'a toujours pas compris.
01:44 Il fait comme s'il les avait gagnées.
01:46 Mais en politique, ça c'est le problème de la démocratie,
01:49 quand vous n'avez pas de majorité, vous devez refaire des coalitions, des grandes coalitions.
01:53 Vous savez, il y a des pays...
01:55 C'est pas une histoire de retourner à la quatrième république avec des histoires de partis.
02:00 Vous avez autour de nous des grands pays, par exemple l'Allemagne, l'Espagne,
02:05 qui sont gouvernés par des coalitions, c'est-à-dire des groupes qui s'entendent sur un pacte de gouvernement
02:11 et qui font la politique ensemble.
02:12 Là, il n'a pas voulu faire ça.
02:14 Il fait donc comme s'il avait gagné, comme s'il avait une majorité, mais il n'a pas de majorité.
02:18 Et il est un peu contraint au 49-3,
02:20 et je pense qu'il est obligé de bouger, au moins.
02:24 Moi je pense qu'il se peut aussi qu'il essaye de...
02:27 Il y a beaucoup de choses à faire aujourd'hui en France, tout le monde le sait.
02:30 Il y a d'immenses chantiers,
02:32 et je pense que c'est pas plus mal qu'il change cette équipe de bras cassés en grande partie.
02:37 Enfin, il n'y a pas que des bras cassés...
02:38 - Les bras cassés, c'est-à-dire ?
02:39 C'est-à-dire abandonner la parole à Yoann Gilet ?
02:41 - Il y a beaucoup de ministres, enfin, je veux dire, il y en a 3 ou 4 qui sortent du lot,
02:44 à commencer par Gabriel Attal,
02:46 et puis il y a Bruno Le Maire, Gérald Darmanin,
02:49 enfin, ce sont toujours les mêmes.
02:50 - Non mais eux, c'est pas les bras cassés, vous voulez dire ?
02:52 - Ah non, eux, c'est pas les bras cassés,
02:54 mais il y a quand même beaucoup plus de bras cassés qu'en moyenne.
02:57 Si on regarde tous les gouvernements de la Ve République,
02:59 je crois qu'on a rarement vu un tel niveau.
03:02 - Donc, donnez pas de nom, François Olivier.
03:04 - Non, parce que je ne veux pas insulter,
03:06 c'est absolument... Enfin, tous les auditeurs comprendront.
03:09 - Bon, en revanche, c'est vrai qu'on parle aussi d'un grand nettoyage,
03:12 Yohan Gillet, après la fronde de certains ministres contre le projet de loi immigration.
03:16 Parmi les sortants, on se dit que les jours seront certainement comptés pour Clément Beaune,
03:23 qui aurait suspecté d'avoir mené aussi une mini-fronde gouvernementale
03:27 contre la loi sur l'immigration.
03:29 Il y aura aussi un grand nettoyage, vous pensez, Yohan Gillet ?
03:32 - Emmanuel Macron a déjà conduit une fronde contre lui-même,
03:36 c'est-à-dire en disant toujours tout et son contraire.
03:39 Il commence déjà par nettoyer son propre corpus idéologique.
03:42 Le problème d'Emmanuel Macron, c'est qu'en ce moment, il court comme un poulet sans tête.
03:46 Il court dans tous les sens parce que, comme je vous le disais la semaine dernière,
03:49 il n'a plus de lecture politique possible.
03:51 Vous savez, depuis 2022 et sa réélection, et surtout depuis son grand meeting,
03:56 vous savez, à la Défense Arena, où pareil, je vous avais dit qu'il avait fait du "tachéro-marxisme",
04:02 c'est-à-dire où il avait fait un grand écart idéologique et où je m'étais inquiété pour ses adducteurs.
04:07 Aujourd'hui, le problème d'Emmanuel Macron, c'est que pour choisir un Premier ministre ou une Première ministre,
04:13 encore faudrait-il savoir s'il veut idéologiquement lâcher du lest et donner des gages à ses adversaires
04:20 ou s'il veut renforcer son idéologie.
04:22 Le problème, c'est qu'idéologie, il n'en a pas.
04:24 Donc, comme il n'a pas d'idéologie, le choix est extrêmement difficile.
04:27 - Vous pensez qu'il n'a pas d'idéologie, Yohan Gillet ?
04:30 - Il n'a pas d'idéologie.
04:32 À la limite, il a une espèce d'obsession européenne, européiste,
04:38 on va dire que c'est à peu près la seule identité qu'on arrive à lui définir, à lui trouver.
04:43 D'ailleurs, on a senti dans ses voeux présidentiels que c'était la seule chose sur laquelle il était à peu près à l'aise.
04:48 Parce que vous remarquez que, pareil, comme on vous l'avait dit la semaine dernière,
04:51 dans ses voeux, il n'a strictement rien dit, si ce n'est de dire qu'il allait falloir choisir,
04:55 en gros, on comprend, entre lui et le RN, des versions européennes.
04:59 Donc, il n'a rien à dire. Donc, comment changer Elisabeth Borne ?
05:03 Pourquoi faire ? Avec qui ? Est-ce qu'il va mettre un fidèle allié du macronisme depuis toujours ?
05:07 Encore faudrait-il savoir ce que c'est que le macronisme.
05:10 - On parle de Julien Denormandie, Sébastien Lecornu.
05:13 - Absolument, Sébastien Lecornu qui serait des gens qui exécuteraient.
05:17 Qu'est-ce que c'était qu'Elisabeth Borne ?
05:19 Elisabeth Borne, c'était, entre guillemets, une personne qui était là pour enregistrer les désirs d'Emmanuel Macron
05:24 et les faire passer coûte que coûte et, si possible, à coûte 49.3.
05:27 Je ne vous rappelle pas sa performance en la matière.
05:30 Elisabeth Borne, en termes de 49.3.
05:32 - Ça lui coûte en termes de popularité, puisqu'à priori, il y a deux Français sur trois qui souhaitent d'ailleurs son départ,
05:36 selon un sondage. Donc, ça, je vais redonner la parole à François-Olivier Gisbert.
05:39 Johan, le votre son n'est pas très très très bon.
05:42 Je ne sais pas ce qu'on peut faire entre-temps.
05:45 Qui pour la remplacer, François-Olivier Gisbert ?
05:49 Julien Denormandie, Sébastien Lecornu ?
05:51 Ou sortir quoi du chapeau ?
05:53 Quelqu'un qu'on ne connaît pas, qui n'aurait pas trop d'ascendants, qui n'aurait pas d'ambition présidentielle ?
05:58 - Je crois que le choix n'est pas très grand.
06:01 - Oui, c'est ça le problème.
06:03 - Quand on connaît Emmanuel Macron, de toute façon, regardez, c'est une sorte de désert autour de lui.
06:07 Et je pense qu'il sera assez peu tenté de prendre, par exemple, une personnalité forte comme Bruno Le Maire,
06:13 qui lui ferait beaucoup de l'ombre.
06:15 Il veut un Premier ministre fade, je dirais quasiment invisible.
06:19 C'est son obsession d'ailleurs, d'être entouré de personnes qui ne prennent pas la lumière.
06:24 Parce qu'au fond, ce qu'a dit Johan tout à l'heure, à qui je souhaite d'ailleurs une bonne année,
06:29 ainsi qu'à vous, Laurence, et à tous nos éditeurs, ce qu'a dit Laurence tout à l'heure,
06:34 Johan est très injuste.
06:36 C'est que, pour aller au fond de la chose, parce qu'il n'est pas allé jusque là,
06:43 mais je crois que ce gouvernement, c'est un gouvernement de la com'.
06:46 - De la com' ? Gouvernement de la com' ?
06:48 - Oui, c'est-à-dire qu'on dit qu'il n'a pas d'idéologie, Emmanuel Macron.
06:53 Oui, son idéologie, c'est celle du tout venant d'aujourd'hui, c'est de la com'.
06:58 Mais la com', ça ne suffira pas.
07:00 Je pense que ce que les Français attendent, c'est...
07:02 Evidemment, vos éditeurs ont réagi comme n'importe qui, comme nous tous,
07:06 comme Johan et moi, je suis sûr, et vous aussi.
07:08 Qu'est-ce qu'on attend de ce remaniement ? Rien.
07:10 Rien. Parce que ce qu'on attend, c'est bien, on sait qu'en France, il y a beaucoup de choses à faire.
07:14 Il y a beaucoup de choses à faire, il y a un embêtement qui file,
07:17 l'immigration qui est incontrôlée, enfin, il y a mille sujets à traiter,
07:20 qu'il faut traiter et que ce gouvernement, que cette équipe,
07:24 paraît incapable, comment dire, qu'on n'a pas le sentiment du tout qu'elle puisse traiter ces sujets.
07:31 Et donc, ce qui est important, moi, je pense, s'il ne veut pas rater sa fin,
07:36 Emmanuel Macron, parce que ça risque d'être très compliqué dans les mois qui viennent,
07:39 je pense qu'il doit faire une sorte de pacte de gouvernement,
07:42 avec une partie de la droite, pour retrouver une majorité à l'Assemblée nationale,
07:45 qu'il n'a pas, je le répète, il n'a pas de majorité.
07:48 Ça va être très compliqué, parce qu'évidemment, il aurait fallu faire ça tout de suite, après l'élection,
07:53 mais avec d'un côté son aile droite, et puis pour rester toujours dans le même temps,
07:57 ni droite ni gauche, il peut trouver aussi des alliés à la gauche,
08:03 disons, parmi les socialistes dissidents, il y a quelques élus,
08:07 et puis il pourra peut-être trouver même des gens à l'intérieur du groupe socialiste,
08:11 s'il voulait vraiment changer la donne.
08:16 Mais moi, je n'ai pas le sentiment, je pense qu'on est toujours dans le rafistolage.
08:19 On est toujours dans le rafistolage, Yohan Djili.
08:22 Disons encore une fois, quand on n'a pas d'idéologie, on bricole.
08:25 Vous savez, il a rendu hommage à Jacques Delors, lors de cette...
08:30 Vendredi aux Invalides, oui.
08:31 Voilà, république américaine, et dans le discours qu'il a prononcé,
08:35 qui était un discours qui était bon, il a effectivement dressé le portrait d'un homme visionnaire,
08:40 qui peut être ou ne pas être d'accord avec sa vision de l'Europe, à M. Delors.
08:44 Néanmoins, il a raconté l'histoire d'un parcours, de quelque chose qui se suivait,
08:48 de la capacité aussi à dire "je ne pense pas être l'homme qu'il faut pour être votre président de la République",
08:53 mais de quelqu'un qui a été capable de renoncer, pour par contre ne pas renoncer à ses idées.
08:57 Il aurait dû en prendre de la graine, Emmanuel Macron.
08:59 Vous savez, on grandit en observant plus grand que soi, on avance en observant plus grand que soi.
09:04 Ce qu'a fait Jacques Delors en son temps, c'est exactement l'inverse que fait Emmanuel Macron,
09:09 c'est-à-dire qu'il court dans tous les sens.
09:11 Donc effectivement, aujourd'hui, on n'attend pas grand-chose du remaniement,
09:14 d'autant plus que, puisqu'Emmanuel Macron fait partie de ces présidents qui estiment
09:19 que les premiers ministres ne sont que des fusions et des exécutants et non pas des gouvernants,
09:24 eh bien il se retrouve à porter des charges considérables sur les épaules,
09:27 des charges pour lesquelles il n'a pas les épaules.
09:30 Donc voilà la problématique. Il ne sait plus quel profil mettre.
09:33 Alors, est-ce qu'il va mettre un Bruno Le Maire ?
09:35 Est-ce qu'il va mettre un Bruno Le Maire qui, à la limite, serait une espèce d'indication
09:39 sur une politique qu'il ne devrait pas choisir, qui se fait une politique d'austérité ?
09:42 C'est un très mauvais signe d'ailleurs pour les Français.
09:44 Bruno Le Maire qui a quand même des ambitions pour 2027, peut-être aussi.
09:48 Il y en a quelques-unes, ce serait peut-être pour lui un tremplin à un moment donné,
09:51 mais vous voyez, tout ça ne m'intéresse pas beaucoup les Français.
09:53 Et à titre personnel, ça ne m'intéresse pas beaucoup non plus, puisque je ne connais pas la vision.
09:57 Vous savez, les outils sans l'œuvre de destination, ça n'a aucun sens.
10:02 Un marteau au fond seul n'a aucun impact.
10:05 Pour rebondir sur l'hommage national, on faisait allusion à Jacques Delors,
10:08 un vendredi aux Invalides, François-Olivier Gisbert, avec cette symbolique
10:12 "On est à six mois des élections européennes"
10:14 avec un rassemblement national favori dans les sondages aussi.
10:18 C'est le grand problème. C'est pour ça que Emmanuel Macron est coincé.
10:24 Parce qu'il ne reconnaît pas qu'il a perdu les législatives,
10:28 donc il ne veut pas ouvrir sa majorité. Il reste avec cette petite équipe
10:32 qui finalement n'a pas de majorité, qui est condamnée au 49-3.
10:38 Il y a l'hypothèse de la dissolution. Il pourrait pouvoir dissoudre,
10:44 parce que le président de la République peut dissoudre en toute occasion.
10:48 Vous voyez, à l'occasion d'une motion de censure, allez hop, c'est terminé.
10:51 Le problème, c'est que... parce qu'il peut la provoquer, la motion de censure.
10:54 Le problème, c'est que, évidemment, ça n'est pas suitable pour lui,
10:59 parce qu'il serait le président qui aurait fait venir le Rassemblement national au pouvoir.
11:05 Parce qu'aujourd'hui, le Rassemblement national, il y a clairement du vent dans les voiles.
11:09 Ça progresse tout le temps. On se demande d'ailleurs...
11:14 Enfin, on se demande si... comment dire...
11:17 Il faudrait encore douter de son arrivée au pouvoir dans deux, trois ans, au rythme où ça va.
11:21 Parce qu'il engrange, il engrange, il engrange.
11:24 Et il n'est même pas sûr qu'une dissolution aujourd'hui l'empêche d'arriver au pouvoir.
11:29 Dernier mot pour vous, Yohan Djélé ?
11:32 Oui, pour ce qui est du Rassemblement national, on peut espérer qu'à un moment donné aussi,
11:36 le fond, les débats de fond vont pouvoir rebattre les cartes,
11:39 parce que la communication, c'est le lien.
11:41 Et ensuite, le fond est censé devoir faire la différence.
11:43 Il faut faire confiance au peuple français.
11:45 Il normalement doit être capable de juger, non pas simplement sur les petits mots,
11:49 sur les petites cours rhétoriques, mais d'aller bien sur le débat d'idées de fond.
11:53 Peut-être que c'est là que les cartes vont être rebattues.
11:55 En tout cas, ce qui est certain, c'est qu'à avoir misé sur la montée du Front national pour se faire réélire,
12:00 on l'avait dit, on l'a dit l'année dernière, on l'a dit l'année d'avant,
12:03 on l'a dit il y a cinq ans, on l'a dit il y a dix ans, on finit par se brûler.
12:05 La République est en train de se brûler à cause de ce jeu dangereux et tout le monde va le payer.
12:10 À quand le tome 4 de l'histoire intime de la Ve République, François-Olivier Gisbert ?
12:15 Il y aura peut-être un tome 4, mais ce ne sera plus l'histoire intime de la Ve République.
12:19 Ce sera autre chose. Il est en préparation.
12:21 Ah, il est en préparation, eh ben voilà.
12:23 Mais ce sera autre chose. Ce ne sera pas vraiment un quatrième tome.
12:28 Eh ben voilà, en attendant le tome 3, il est déjà chez Gallimard.
12:32 Merci beaucoup François-Olivier Gisbert.
12:33 Bonne année à tous.
12:34 Allez, bonne année. À bientôt. Et merci, Johan Gillet.
12:37 À bientôt.
12:38 Merci Laurence.

Recommandations