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Transcription
00:00 Et on va aller plus loin avec vous, Célia Imel Farb.
00:03 Bonsoir, vous êtes économiste, professeure à l'Institut des Hautes Etudes de l'Amérique,
00:07 rattachée à l'université, sort Bonne Nouvelle.
00:10 Merci d'être avec nous sur France 24.
00:12 Comment percevez-vous ces manifestations ?
00:14 Au vu du personnage clivant de Ravier Millet, elles ne sont pas très surprenantes.
00:18 Non, elles ne sont pas très surprenantes.
00:22 Ça veut dire que ces manifestations sont le reflet, c'est la réponse un peu de la violence institutionnelle
00:29 que M. Millet exerce, que le gouvernement actuel exerce au niveau économique,
00:34 par les mesures de dérégulation, de libéralisation, des désindexations des retraites.
00:40 Donc d'une part, la libéralisation des loyers.
00:43 Ensuite, au niveau sociétal aussi, des mesures qu'il veut abroger, par exemple, le IVG,
00:49 ou il veut condamner, si vous voulez aussi, le mariage pour tous.
00:53 Ça au niveau sociétal.
00:54 Au niveau politique, il veut une réforme de l'État, réduire le nombre de ministères.
00:59 Et aussi modifier, si vous voulez, la loi électorale.
01:04 Et au niveau institutionnel, il ne respecte pas du tout la séparation de pouvoirs.
01:08 Je disais aujourd'hui qu'il faudrait que M. Millet puisse lire l'esprit de loi de M. Montesquieu, de l'écrivain.
01:16 Voilà.
01:17 Oui, mais finalement, Ravier Millet, il est populiste, il est ultra libéral, tout ça, on le savait.
01:22 Il avait promis de déréguler l'économie.
01:24 Est-ce que ce projet contesté, est-ce qu'il va plus loin ?
01:28 Ou finalement, ça faisait partie de son programme ?
01:31 Ça faisait complètement partie de son programme, pendant la campagne et après, dans les discours de la passation.
01:39 Mais les gens commencent à se rendre compte, si vous voulez, qu'il va encore plus loin de ce qu'il proposait.
01:44 Et très vite, surtout la vitesse, si vous voulez.
01:47 Il a assumé qu'il y ait le 10 décembre dernier.
01:50 Et il a déjà émis, publié dans le journal officiel, les décrets de nécessité et d'urgence,
01:56 que c'est l'équivalent de notre 49.3.
01:59 Et hier soir, il présente la loi Omnibus, qui dérèglemente complètement au niveau économique,
02:05 l'économie, privatisation des entreprises, interdiction de manifester, plus de trois personnes, etc.
02:13 Vous voyez, donc il va plus vite de ce qu'il pensait et plus loin.
02:17 Mais finalement, il n'a pas de majorité au Parlement argentin.
02:21 Comment va-t-il faire pour faire passer ces réformes ?
02:23 Ce que vous dites, c'est qu'il passe en force, c'est ça ?
02:27 C'est ça. Il a seulement 39 députés dans le Parlement et 7 sénateurs.
02:33 Donc ce n'est pas énorme.
02:35 Ces minorités, ils le savent.
02:36 C'est pour ça qu'il fait des décrets, si vous voulez, pour gouverner.
02:39 Et il pense que ces décrets vont être analysés au Parlement, probablement mars prochain.
02:45 Mais peut-être la situation d'urgence et de nécessité, il veut la déclarer jusqu'au 1er janvier 2025.
02:53 Donc c'est fort possible que le Parlement ne votera pas peut-être cette loi omnibus, si vous voulez.
02:59 À ce moment-là, il a dit, Javier Almirail, président de la République argentine,
03:03 qu'il va faire un plébiscite, donc un référendum.
03:06 Et ça va dans le sens de ce que vous évoquiez.
03:09 C'est un vrai populiste de droite.
03:10 Justement, vous m'amenez à la prochaine question.
03:13 Il a quand même été élu à plus de 55%.
03:16 Est-ce qu'il peut compter sur une frange un peu de fans, invétérés, un peu comme les trumpistes aux États-Unis,
03:24 où finalement cette cote de popularité est en train de baisser ?
03:28 Les dernières dernières études d'opinion, dont il a gagné bien sûr avec 55,6%,
03:36 mais déjà il a perdu à peu près 5,7%.
03:40 Et concernant les femmes, ce n'est pas les secteurs sociaux qui ont voté le plus pour lui.
03:45 C'est surtout les jeunes, très jeunes, qui n'ont pas vécu la dictature, si vous voulez.
03:49 Ça marque une nouvelle génération différente, avec des valeurs très très différentes.
03:54 Et aussi des gens précaires.
03:56 Il a gagné énormément de voix dans les villes et en ville.
03:59 Une dernière question.
04:01 Quelle est finalement l'alternative à Javier Almirail aujourd'hui ?
04:05 Il est là pour plusieurs mois, plusieurs années.
04:08 Est-ce qu'il y a une opposition qui peut se monter contre lui ?
04:12 Il a été élu démocratiquement.
04:14 C'est-à-dire qu'on a validé son élection, si vous voulez.
04:18 Le problème c'est que les 55,6% de voix,
04:23 il faut voir comment si elles restent, elles s'élitent, elles reculent effectivement.
04:28 Mais il y aura une contestation très forte.
04:29 Je vous signale que déjà, les syndicats des magistrats sont contre ce texte de loi.
04:35 Les syndicats des avocats, aussi les ONG de droit de l'homme,
04:39 les ONG Transparency International en Argentine,
04:43 parce qu'ils vont blanchir des capitaux en international des ressortissants argentins.
04:48 Et aussi les syndicats, bien entendu.
04:50 Dans les syndicats, il y a le grand syndicat péroniste, la CGT,
04:54 qui n'a jamais fait de manifestation pendant les quatre dernières années
04:57 d'Alberto Fernandez, le gouvernement péroniste.
04:59 Je dirais que même il co-participait au gouvernement, en quelque sorte.
05:04 Maintenant, bien sûr, ils réagissent, si vous voulez.
05:06 Mais au-delà de ces secteurs, aussi, les secteurs culturels
05:10 sont vraiment remontés contre mille ailes.
05:12 Des artistes, des acteurs, des comédiens, des écrivains, etc.
05:16 C'est un secteur très important qui rejette, si vous voulez, ce texte de loi.
05:22 Il faut attendre voir, parce que le recours en justice, à l'heure actuelle,
05:26 soit au tribunal administratif, soit à la Cour suprême de justice,
05:29 sont un recours pour obtenir que ces décrets soient considérés comme non constitutionnels.
05:36 On va entamer une longue lutte juridique, si vous voulez, aussi.
05:39 - On surveillera ça sur France 24.
05:42 Merci beaucoup Célia Imelpharbe.
05:44 Je le rappelle, vous êtes économiste, professeure à l'Institut des Hautes Etudes de l'Amérique.
05:49 Merci beaucoup d'avoir été notre invitée ce soir.

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