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00:00 - Appel en poste est déjà très contesté en Argentine. Le président Javier Millei dérégule l'économie et fait la part belle au secteur privé.
00:07 Bruno Daru, vous nous avez rejoint. La nouvelle équipe ne perd pas de temps.
00:11 - Non, effectivement, la nouvelle équipe va vite puisque Javier Millei, donc ce populiste d'extrême droite, disons les choses,
00:18 a été élu il y a quelques semaines. Il a pris ses fonctions le 10 décembre et là, il a déjà fait deux choses. Ça va très vite.
00:25 Il propose une loi, donc qui va être débattue par le Congrès, qu'il appelle une loi de base et les points de départ pour la liberté des Argentins.
00:37 - Tout un programme. - Tout un programme. Et par ailleurs, il y a quelques jours, il a promulgué un décret, un méga-décret avec là aussi plein de mesures.
00:45 Alors effectivement, il veut imposer une thérapie de choc. Il veut tronçonner l'État, comme il dit, rendre leur liberté aux Argentins.
00:52 Concernant la loi, eh bien cette loi d'abord décrète une forme d'urgence publique dans de nombreux domaines, qu'il s'agisse de la sécurité des impôts,
01:04 des finances, des retraites et plus globalement de l'économie. Et ça, cet état d'urgence, ça devrait permettre en fait à l'exécutif, c'est-à-dire au gouvernement,
01:13 de s'approprier des prérogatives législatives, ce qui évidemment ne plaît pas aux parlementaires. Cela jusqu'à la fin 2025, renouvelable potentiellement une fois.
01:24 Donc ça irait jusqu'à la fin du mandat de Javier Millei. Donc ça, ça promet de beaux débats devant le Congrès, d'autant que la formation de Javier Millei
01:33 est très largement minoritaire. Elle n'est qu'en troisième position. Donc ça, c'est cette loi qui va être discutée, qui fait déjà beaucoup parler de lui.
01:42 Alors, elle permet évidemment la privatisation des entreprises publiques, elle restreint le droit à manifester, elle élargit la notion de légitime défense, entre autres.
01:50 Et puis, il y a ce décret, ce maigrin décret, qui modifie ou abroge 300 articles. Alors, ce décret, il n'a pas besoin d'être approuvé par le Parlement.
01:59 Il peut être retoqué si les deux chambres du Parlement votent à la majorité. Évidemment, toujours le même problème, M. Millei est minoritaire,
02:07 mais personne, en fait, n'a la majorité. Donc, si rien n'est fait, ce décret rentre en vigueur demain. Donc, ça va très vite.
02:15 Il prévoit la fin de l'encadrement des loyers, la réduction des indemnités de licenciement, l'allongement de la période d'essai quand on obtient un travail
02:27 et la restriction du droit de grève. Autant vous dire que ça provoque beaucoup de réactions.
02:33 Et justement, il y a eu trois manifestations en une semaine. On écoute ces quelques opposants.
02:37 Notre idée est de participer à la manifestation afin de réaliser la plus grande unité de la classe ouvrière et de tous les travailleurs des secteurs populaires,
02:49 jusqu'à ce que nous vainquions le gouvernement Millei et toutes ses mesures.
02:53 Je pense qu'il est très important d'arrêter ce décret gouvernemental parce que, même du point de vue des droits démocratiques, nous devons discuter de ce que c'est,
03:01 parce que ce n'est pas la démocratie au sens littéral du terme. Si vous ne pouvez pas manifester, vous exprimer, vous mettre en grève ou tenir un rassemblement sur les lieux de travail.
03:10 Nous nous rassemblons contre un protocole de sécurité antidémocratique en nous mobilisant l'après-midi et en tapant sur des milliers de casseroles le soir,
03:19 suite aux mesures du ministre de l'Économie.
03:23 - La vie des Argentins va changer sous l'ère Millei. Drastiquement, ces opposants sont déterminés à infléchir la politique du gouvernement.
03:33 - Oui, la vie des Argentins va changer et pour certaines mesures très vite.
03:36 Ça va commencer dans les jours qui viennent, d'autant plus qu'il y a eu une première dévaluation du PSO Argentin.
03:42 Vous savez que Millei veut aussi que plein de factures puissent être payées en dollars. Il veut aller vers la dollarisation de l'économie.
03:54 Ça a déjà provoqué une augmentation des loyers, par exemple, et d'un certain nombre de prix.
04:00 Vous voyez cette forte mobilisation. Effectivement, trois manifestations en huit jours.
04:05 Alors, Millei veut même faire payer les organisateurs pour le coût des manifestations.
04:12 D'ailleurs, dans son fatras de mesures, il y a aussi des mesures contre les manifestations.
04:17 Par exemple, je crois, une peine de trois ans de prison si vous bloquez la circulation.
04:21 Évidemment, quand on fait une manifestation, ça peut arriver.
04:25 Donc, Millei, lui, voit bien toutes ces oppositions, mais il dit que c'est pas fini.
04:31 Donc, le combat va se poursuivre. Il va y avoir le combat social, si vous voulez.
04:35 On le voit déjà avec, notamment, la puissante centrale syndicale CGT en Argentine, mais aussi un combat juridique.
04:41 Les manifestants sont devant le palais de justice parce qu'ils veulent que ce soit les juges qui disent que ce que fait Millei est inconstitutionnel.
04:48 Et puis, enfin, le combat politique. Là, on revient à cette situation de partis très éclatés, minoritaires.
04:54 Et là aussi, ça s'annonce extrêmement compliqué.
04:56 Voilà le bras de fer qui ne fait que commencer. Merci beaucoup, Bruno.