• l’année dernière
Transcription
00:00 Est-ce que séparer les moins bons élèves des meilleurs et des autres,
00:03 ça permet de mieux faire monter le niveau de tout le monde ?
00:05 On appelle ça des groupes de niveau,
00:06 et c'est la solution que veut mettre en place le ministre de l'Éducation pour la rentrée prochaine.
00:11 Cela vient d'un constat, le niveau des collégiens français en maths et en français baisse.
00:16 Alors que la moyenne des élèves de 15 ans en mathématiques était stable entre 2006 et 2018,
00:21 elle a brutalement chuté en 4 ans.
00:23 Et même tendance du côté du niveau de français.
00:25 C'est ce que montre l'enquête du programme PISA,
00:27 qui compare l'évolution du niveau des élèves dans 81 pays.
00:31 Cette baisse française ne fait pas exception dans le monde,
00:33 et elle est en partie due à la pandémie de Covid-19.
00:37 Pour autant, le ministre de l'Éducation, Gabriel Attal,
00:39 a annoncé des mesures pour réformer le collège.
00:42 La plus emblématique donc, des groupes de niveau pour les cours de français et de maths.
00:46 Voici comment ça fonctionnerait.
00:47 Par exemple, la classe de 6e B, disons, continuera à faire tous les autres cours ensemble.
00:52 Mais pour les mathématiques et le français, soit un tiers de leurs enseignements,
00:56 les élèves seront répartis en trois groupes selon leur niveau,
00:59 avec des élèves d'autres classes de 6e du même niveau.
01:02 Les élèves les plus en difficulté pourront aussi avoir plus de cours dans ces matières,
01:06 et moins dans d'autres.
01:07 Le dispositif concernera les 6e et les 5e à la rentrée 2024,
01:11 et sera élargi aux 4e et aux 3e à partir de la rentrée 2025.
01:15 Sauf que cette mesure est très controversée.
01:17 La plupart des syndicats de professeurs sont opposés à cette idée,
01:20 qu'ils estiment inégalitaire et qui ne servirait qu'aux meilleurs élèves.
01:24 Considérer que les groupes de niveau seront la solution,
01:26 alors qu'ils vont à rebours de la recherche scientifique,
01:29 qui a déjà démontré leur inefficacité, c'est duper les élèves et leur famille.
01:34 Car effectivement, la recherche, de son côté,
01:36 montre que séparer les élèves selon leur niveau, ça ne marche pas.
01:39 Le programme de recherche ID,
01:41 qui regroupe plusieurs laboratoires en partenariat avec l'Éducation nationale,
01:45 a fait une note résumant ce que disent les scientifiques à ce sujet.
01:48 Elle conclut que les regroupements permanents tels que les classes de niveau sont inefficaces.
01:52 Cela peut conduire à une perte d'estime de soi pour les plus en difficulté,
01:56 ce qui a tendance à maintenir leurs mauvais résultats scolaires.
01:59 Et les professeurs, de leur côté, auront tendance à baisser leurs exigences
02:02 vis-à-vis des groupes les plus faibles, ce qui ne les aide pas à progresser.
02:06 Pourtant, selon cette même note, les groupes de niveau peuvent être utiles,
02:09 seulement s'ils sont temporaires et centrés sur une compétence particulière.
02:13 Par exemple, si plusieurs élèves de classes différentes
02:15 ont du mal avec la géométrie dans l'espace,
02:17 on peut faire un groupe de soutien temporaire sur cette notion,
02:20 sans les cataloguer comme mauvais élèves.
02:22 Et puis, ce qui pose question, c'est aussi de savoir
02:24 comment les enseignants pourront appliquer cette réforme.
02:27 Car la France a déjà les classes les plus chargées d'Europe.
02:30 Or, pour parvenir à faire des groupes de faible niveau qui ne dépassent pas 15 élèves,
02:34 il faudra mathématiquement plus d'enseignants, alors qu'on en manque.
02:37 À la rentrée 2023, il manquait déjà au moins un professeur dans 48% des collèges français.
02:42 Gabriel Attal a annoncé qu'il y aurait des recrutements.
02:45 Pourtant, le budget 2024 prévoit actuellement 2500 suppressions de postes,
02:50 donc 484 au collège et au lycée, après plus de 6000 depuis 2017.
02:55 Et en plus, les formations d'enseignants manquent de candidats.
02:58 [Générique de fin]

Recommandations