Rencontres LVN 2023 - Plénière - exposé de Michel Ray

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Rencontres LVN 2023 - Plénière - exposé de Michel Ray

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00:00 […]
00:04 paisiblement et sereinement avec Michel,
00:07 qui va nous parler de notre attitude face au monde qui vient.
00:13 Quelle attitude avoir ?
00:14 Alors lui, il est beaucoup plus apaisé que moi,
00:16 donc il va vous parler dans sa cohérence de personne.
00:21 Alors Michel, vous ne le connaissez peut-être pas,
00:23 je vais vous rappeler tous ses mérites.
00:28 Et puis après, on reviendra, après cette présentation,
00:31 on reviendra un peu, on parlera des ateliers.
00:34 On va avoir donc Michel, environ 30 minutes.
00:37 Après, question, échange avec la salle.
00:40 Je ne veux pas dire réponse, parce que question, échange avec la salle.
00:43 Chacun dit ce qu'il veut.
00:44 Plus c'est interpellant, plus c'est bien.
00:48 Il faut que la salle le vive.
00:50 Et puis après, on va parler des ateliers.
00:53 On va parler de l'organisation des ateliers,
00:55 puisqu'on est aussi dans une phase où il faut que ce que nous faisons
01:00 laisse des traces, nous fasse progresser tous,
01:03 les personnes, ceux qui sont là, ceux qui ne sont pas là.
01:07 On a un magazine, on a des images qui sont enregistrées.
01:12 On veut en faire quelque chose.
01:13 Donc, on va s'organiser dans les ateliers pour que tout cela,
01:17 chaque atelier puisse ensuite restituer ce qu'il a envie de restituer.
01:21 Et donc, on a environ huit heures pour faire tout ça.
01:25 Et puis après, une fois qu'on aura fait tout ça,
01:29 eh bien, on ira déjeuner ensuite.
01:32 Donc, on revient sur les ateliers après, après notre séquence-là.
01:36 Alors, Michel, moi, c'était un plaisir de travailler avec Michel.
01:39 On a travaillé à distance, évidemment, comme d'habitude.
01:41 On ne s'était pas vus avant ce matin,
01:44 mais on a réussi à se parler très bien.
01:47 Alors, je ne vais pas donner son âge.
01:50 Je ne vais pas dire qu'il est père de quatre enfants,
01:52 parce que ça ne sert à rien.
01:54 Mais par contre, je vais parler de son expérience,
01:57 parce que c'est quand même l'expérience qui compte.
02:01 Quatre ans sur le terrain en Algérie.
02:05 Plusieurs années membre d'un groupe local de la vie nouvelle.
02:08 Quel groupe ?
02:10 J'étais à Arkeuil à ce moment-là et le Kremlin 17.
02:14 D'accord.
02:16 Arkeuil, le Kremlin 17, tous des groupes qui existent encore, bien sûr.
02:22 Ensuite, sept ans à Washington, à la Banque mondiale.
02:25 Alors là, on voit beaucoup de choses quand même.
02:27 Et on comprend les éléments de la mondialisation
02:30 et puis peut-être aussi les choix qui étaient faits
02:33 et les choses qui ont été mal faites.
02:38 Ensuite, il m'a mis 20 ans d'engagement pour l'intergénéral
02:42 au niveau public, national puis international.
02:46 Directeur technique d'un groupe d'ingénierie
02:49 pour des missions de développement durable.
02:51 Et puis ensuite, président d'un pôle de compétitivité
02:55 sur la ville durable.
02:56 Donc déjà, des intérêts qui sont sur des besoins de la société actuelle.
03:04 Et depuis qu'il a arrêté sa vie professionnelle,
03:09 Michel est membre de l'association Démocratie et Spiritualité.
03:12 Il anime un groupe thématique interconvictionnel
03:16 sur nos ressources spirituelles face aux défis actuels.
03:19 Et c'est vrai que Michel est un peu un spécialiste
03:22 de tout ce qui est ressources spirituelles.
03:24 Donc, c'est intéressant d'en parler.
03:25 On en aura besoin.
03:27 Et puis, il a préparé un ouvrage qui va bientôt sortir.
03:32 Ce sera le premier livre des éditions Démocratie et Spiritualité
03:38 et qui s'appelle...
03:43 - "Des raisons d'espérer".
03:44 - "Des raisons d'espérer", voilà.
03:46 Alors, vous trouvez sur la table l'occasion de commander son livre
03:51 puisqu'il ne sort qu'au mois de novembre.
03:54 Et il y a un autre livre aussi de Michel.
03:58 Et puis, il travaille aussi beaucoup sur les manipulations, les illusions,
04:08 tout ce qui est les idées un peu toxiques qui parcourent le monde.
04:13 Voilà, Michel, je te donne la parole.
04:18 - Merci beaucoup, Georges.
04:21 Avoir choisi le thème "Être et agir dans la société qui vient"
04:27 est un acte courageux aujourd'hui.
04:31 Dans un monde où se côtoient le déni, le catastrophisme,
04:36 une certaine éco-anxiété paralysante, le cynisme,
04:40 et puis l'expression "après moi le déluge".
04:46 Un ami à qui je mentionnais ce titre a eu cette réaction immédiate du fond du cœur.
04:53 "Ah, ça me donne vraiment envie de venir participer".
04:59 Merci bien pour votre invitation, pour cette occasion de partage d'expérience,
05:05 déjà commencé par les réunions de préparation auxquelles vous m'avez invité,
05:10 et dans des lectures très intéressantes.
05:14 C'est une invitation à une vraie prise de recul.
05:21 Qu'est-ce que je ressens ?
05:23 Qu'est-ce qui me paraît aujourd'hui réellement important ?
05:31 Les premiers mots qui me viennent sont "les défis nous convoquent".
05:37 Ce sont les enjeux de la société qui viennent,
05:41 qui nous invitent à nous lever ensemble.
05:47 Didier Fassin, comme Georges le rappelait, parle de "moment critique".
05:55 Edgar Morin affirme "Nous sommes peut-être arrivés à un moment de rupture,
06:03 une étape prélude à une métamorphose".
06:12 Patrick Vivray, philosophe, explicite.
06:17 Il parle de "la possibilité même d'en finir prématurément
06:24 avec la brève histoire de l'humanité".
06:27 C'est possible.
06:29 Un temps de rendez-vous critique de l'humanité avec elle-même,
06:34 lui permettant de travailler sur l'essentiel.
06:41 Dans ce contexte inédit, comment progresser individuellement et collectivement ?
06:50 Comment mieux prendre conscience,
06:53 infléchir mes engagements avec justesse, mais significativement,
07:00 sur l'étroite ligne de crête entre déni et catastrophisme ?
07:08 Contrairement aux cris, aux feux qui modifient immédiatement les comportements de tous,
07:15 mais seulement pour un temps court, il va nous falloir tenir le temps long
07:23 et aller chercher profond en nous.
07:27 Pablo Servigne souligne, preuve à l'appui,
07:30 ce qu'il appelle "notre impréparation au macro-changement".
07:38 Une notion que je trouve intéressante.
07:41 Je le comprends comme une invitation à une prise de recul,
07:46 mais encore plus forte que celle à laquelle je pouvais penser.
07:53 Commençons par voir quel basculement de grande ampleur
07:58 ont lieu sous nos yeux.
08:03 Aujourd'hui, un des grands inédits dans l'histoire de l'humanité
08:08 est la question de la survie de cette humanité.
08:13 Et bien, cette question commence à se poser.
08:18 Ceci est à rapprocher du fait que Pablo Servigne,
08:23 dans son livre très documenté sur l'histoire de l'entraide qui est là-bas,
08:29 pendant plus d'un milliard d'années de la vie sur Terre,
08:32 souligne que, et je le cite,
08:35 "Lorsque les forces de sélection de l'évolution
08:40 n'agissent plus sur les individus mais sur le groupe,
08:46 et a fortiori sur une espèce toute entière,
08:50 alors l'entraide entre les individus,
08:54 puis entre les groupes, devient essentielle, voire vitale."
09:00 Il observe également, d'une façon très perspicace je trouve,
09:04 que l'entraide est d'autant plus nécessaire
09:08 que l'environnement extérieur est plus hostile.
09:13 Comme en Sibérie, par opposition au tropique,
09:17 où les individus peuvent se payer le luxe d'être en compétition.
09:23 Le développement actuel des grands défis,
09:26 changement climatique, écologie,
09:28 affrontements entre blocs de nations, etc.,
09:31 et la prise de conscience des véritables limites
09:36 de notre maison commune-Terre,
09:39 ne sont-ils pas des signes forts et durables
09:44 que notre milieu devient, et va continuer à devenir,
09:49 plus hostile et moins luxuriant qu'avant ?
09:54 Cette tendance lourde suggère donc,
09:58 et contribue à justifier, ce que je pourrais appeler un véritable changement.
10:04 "Le changement climatique,
10:05 est-ce que l'on peut dire que l'on peut changer la vie ?
10:09 Est-ce que l'on peut dire que l'on peut changer la vie ?
10:12 Est-ce que l'on peut dire que l'on peut changer la vie ?
10:16 Ou, comme les nations par exemple, on le voit actuellement,
10:20 vers une mutation anthropologique,
10:23 où l'entraide a une place de choix.
10:28 Si cela est vrai,
10:30 il y a de multiples conséquences, profondes,
10:34 à tous les niveaux, à commencer pour être et agir dans la société qui vient, bien évidemment.
10:41 Et ces rencontres paraissent sous un jour spécial donc,
10:46 comme une invitation à un présent inédit, responsable,
10:54 et comme, je cite,
10:58 "une unique matinée de printemps,
11:02 parce que le vent se lève,
11:06 c'est maintenant ou jamais",
11:09 comme disait Jan Kelevic, grand humaniste.
11:17 Deuxième point,
11:19 mieux comprendre la société devient plus critique,
11:24 même si c'est en plus de plus en plus difficile.
11:30 Investir de notre temps et de notre attention,
11:33 par exemple via ces ateliers,
11:36 dans le discernement pour mieux comprendre les mécanismes des défis,
11:41 leurs verrous actuels qui bloquent les solutions,
11:46 et les véritables non-sens,
11:48 non-sens en humanité,
11:51 devient de plus en plus nécessaire.
11:58 Non seulement parce que la mondialisation ajoute une couche de complexité,
12:04 et parce que la défiance pour les institutions affaiblit les cadres porteurs,
12:13 exigeant donc que nous soyons capables,
12:17 encore plus qu'avant,
12:19 de tenir de l'intérieur.
12:23 Et troisièmement aussi,
12:25 car la puissance des manipulations se développe dangereusement sous nos yeux.
12:31 Quelques exemples.
12:33 Les solutions simplistes et binaires,
12:36 proposées par des extrêmes, attirent de plus en plus de personnes,
12:41 mais certaines sont dangereuses, ces solutions simplistes.
12:46 Deuxièmement, le complotisme du type QAnon,
12:49 maladie de société dans son ensemble,
12:52 se révèle pouvoir générer des risques ressemblant à terme à des guerres civiles.
12:59 Troisièmement, les littéralismes dans la lecture des textes
13:05 conduisent au diffère fondamentalisme qui provoque des guerres sous nos yeux.
13:13 Et quatrièmement,
13:14 et en plus, les moyens de ces manipulations nous prennent de court,
13:20 que ce soit les techniques de deepfakes,
13:24 la pertinence accrue des ciblages individuels
13:29 et la rapidité correspondante de diffusion par les réseaux sociaux,
13:34 mais aussi l'analyse stratégique des vulnérabilités collectives,
13:40 comme pour le vote du Brexit avec Cambridge Analytica,
13:45 ou bien les hybridations de type,
13:50 hybridation entre les différents moyens de manipulation,
13:54 on voit les exemples développés par Wagner.
13:58 Deux exemples peuvent illustrer cette nécessité accrue de comprendre
14:06 pour mettre notre être en disposition pour mieux agir.
14:11 Premier exemple, l'importance des mots justes.
14:20 Le climat change avec des conséquences multiples et de plus en plus profondes.
14:26 Devant une inondation, par exemple, une forme de déni peut consister à dire
14:33 "Ah, mais c'était un orage exceptionnel !"
14:38 Cela évite, par exemple pour un maire,
14:42 de porter la responsabilité politique de ne rien avoir fait avant pour anticiper.
14:49 Par exemple, en mettant en place un système d'alerte d'urgence inondation,
14:53 il en existe de très performants depuis très longtemps.
14:57 Si c'était un orage exceptionnel pour le climat du passé,
15:03 c'est un orage normal pour le climat actuel et a fortiori futur.
15:09 Et donc, il faut agir maintenant, sans attendre.
15:15 Deuxième exemple, l'irruption de la question qu'on pourrait appeler
15:21 du mur du son technologique.
15:25 Après l'invention et le développement de l'automobile,
15:28 les chauffeurs de fiacres parisiens à chevaux ont disparu en environ une génération.
15:35 Et donc, les deux vitesses d'évolution étaient compatibles.
15:43 A contrario, la vitesse actuelle des évolutions technologiques pose de nouvelles questions,
15:50 dont certaines sont inédites pour l'humanité,
15:54 au point que les développeurs même de l'intelligence artificielle
15:57 demandent un moratoire.
16:01 Nous pouvons entendre un avion classique avant qu'il arrive.
16:08 Au contraire, la forte détonation de l'avion supersonique nous surprend,
16:15 car il est au-dessus de nos têtes avant même que nous entendions son bruit.
16:22 D'une façon plus générale, on peut dire que quand la vitesse de propagation
16:28 de quelque chose devient supérieure à la vitesse d'adaptation du milieu qu'elle impacte,
16:36 il y a un phénomène similaire au mur du son et qui, parfois, fait mal.
16:44 Actuellement, certaines réalités nous surprennent comme par derrière,
16:50 sans nous avoir laissé le temps de civiliser leurs conséquences.
16:56 Or, en plus, aujourd'hui, l'extension géographique mondiale de ces évolutions technologiques
17:02 rend plus lente la nécessaire solution qui doit être coordonnée entre pays pour être efficace.
17:10 Ces deux évolutions, simultanées, deviennent incompatibles.
17:17 De plus, cette accélération des innovations technologiques est, dite, impossible à ralentir.
17:26 C'est donc tout un mode de compréhension, de pensée, de décision, de régulation, d'action,
17:34 aux échelles individuelles et collectives, qui est à repenser.
17:40 Comment réagir à temps lorsque l'anticipation risque de devenir presque physiquement impossible ?
17:52 Quelles conséquences ?
17:55 Comme le proposent les multiples ateliers de ces journées,
17:59 comprendre pour mieux discerner apporte en fait beaucoup pour être et agir.
18:05 Au vu de mon expérience professionnelle et personnelle, trois idées de pistes montrent que comprendre aide vraiment,
18:14 concrètement, à réagir pour s'adapter.
18:18 Première piste.
18:20 Comprendre permet de mieux...
18:24 [PAUSE]
18:36 Voilà, donc on en est au grand 1, petit 2.
18:40 Mieux comprendre le monde et la société devient plus critique, même si c'est de plus en plus difficile.
18:48 Et donc, comprendre permet de mieux savoir ou regarder dans notre monde qui devient un véritable laboratoire à livre ouvert
19:03 pour ceux qui ont envie de regarder.
19:07 Deuxième piste.
19:09 Comprendre invite aussi à aller sur le front, là où le combat a lieu, pour avancer sur les défis.
19:19 Car c'est sur le front qu'on apprend vraiment.
19:23 Ces fronts sont multiples, il y en a pour toutes les compétences personnelles.
19:28 Et troisièmement, troisième piste possible,
19:32 comme beaucoup de sujets systémiques souffrent du fait qu'ils sont actuellement approchés avec des silos verticaux de disciplines différentes,
19:44 il devient très efficace aussi d'aller chercher les diagnostics, les solutions, aux interfaces.
19:53 Interface entre organisation, entre spécialité, etc.
19:59 Troisièmement, oser aussi chercher, reconnaître, valoriser, diffuser les bonnes nouvelles.
20:12 Les médias ont des raisons structurelles de diffuser préférentiellement les catastrophes qui font mieux vendre,
20:19 plutôt que les bonnes pratiques en émergence.
20:22 Et nous nous laissons souvent piéger par la partie inappropriée de ce catastrophisme.
20:28 Par exemple, un cycle pluriannuel de pluie sur le Sahel semble s'installer maintenant.
20:36 C'est une excellente nouvelle qui en parle vraiment.
20:43 Le mélange actuel des dénis et de formes d'anxiété devenues paralysantes
20:48 induisent un regard souvent focalisé sur les risques plutôt que sur les opportunités.
20:56 Or, dans toute crise, les deux existent, et Edgar Morin le rappelle souvent.
21:02 Donc, l'ouverture de notre regard, notre capacité renouvelée d'émerveillement
21:10 peuvent et doivent corriger ces multiples biais.
21:15 À titre d'exemple, le mouvement profond et progressivement mondial, symbolisé par #MeToo,
21:23 est porteur d'un espoir de respect plus grand des femmes
21:28 qu'on pourrait qualifier donc de mutation en humanité.
21:33 Par ailleurs, face à notre tentation naturelle de nous engager seulement quand tout sera clair,
21:43 François Leclerc à une réunion récente soulignait qu'on ne s'engage jamais que sur des causes imparfaites.
21:52 Le mythe de la perfection est tenace et dangereux dans nos domaines.
21:58 Oser et se tenir prêt à corriger en réagissant avec pertinence au fur et à mesure des événements
22:06 a d'autant plus de sens que les problèmes sont systémiques et que les contextes sont complexes,
22:13 comme le souligne à multiples reprises Edgar Morin.
22:17 Et Maurice Belet rajouterait "avec l'audace que permet l'humilité".
22:29 Dans ces ateliers riches d'approche et de sensibilité complémentaires,
22:35 la musique sera plus belle si nous laissons nos quelques cordes encore endormies
22:43 entrer en résonance avec les autres.
22:46 Un ami disait avec humour "l'inédit, l'inattendu de l'huître, c'est la perle".
22:57 Passons, si vous le voulez bien, à la deuxième partie.
23:03 Être, dans la société qui vient, c'est changer de braquet, mais quel braquet ?
23:12 Dans ce genre de journée, la première réaction de mon être intérieur
23:18 consiste parfois à attendre que le sujet, les animateurs ou un participant viennent me chercher.
23:29 Aujourd'hui sur ce thème, le sursaut de tout être humain que les défis exigent
23:36 me paraît invité à inverser les choses.
23:42 C'est à moi de choisir d'être vraiment présent.
23:48 Être présent dans la société qui vient, l'invitation à ces rencontres suggère
23:55 et pourquoi pas dès les ateliers eux-mêmes et pourquoi pas en commençant maintenant.
24:04 Quelques pismes sont suggérés par mes expériences dans des groupes d'amis
24:09 et de cheminement récents et, si vous le permettez,
24:13 je me jette à l'eau pour les partager en toute simplicité.
24:18 Premièrement, être capable de réévaluer ce que j'ai considéré hier
24:27 comme ce qu'on pourrait appeler des impossibles.
24:30 Notre intuition ou notre discernement individuel ou collectif a réagi dans le passé
24:37 à certaines propositions sous la forme "Ah non, ça c'est impossible".
24:45 Nous sommes arrivés à un moment critique où les défis inédits nous convoquent
24:52 et donc réévaluer ces impossibles devient tout simplement vital.
25:01 Nécessité fait loi. Nous venons de vivre un confinement mondial, Covid-19,
25:07 c'est un exemple d'impossible qui a dû être réévalué et qui s'est finalement avéré utile.
25:17 Par expérience, paradoxalement, si la décision de franchir le rubicon de l'impossible
25:25 est souvent très difficile, il peut arriver que la suite se révèle moins compliquée
25:31 qu'anticipée. Quelques réflexions sur ces impossibles.
25:37 Ces impossibles peuvent se situer aussi dans l'humanisme ou la spiritualité,
25:45 comme le suggère Dominique Colin dans ses livres.
25:50 Certains parlent d'une nouvelle étape d'humanisation nécessaire
25:55 si ne nous voulons pas tomber dans une civilisation de la barbarie.
26:01 Et les événements récents ne sont pas tellement en contradiction avec ce mot de barbarie.
26:09 Ces réévaluations des impossibles peuvent concerner aussi le domaine des organisations.
26:17 Pablo Servigne souligne que dans l'évolution du vivant, la symbiose de plusieurs organismes
26:26 a constitué un processus avec un haut potentiel avéré de mutations très positives
26:35 supérieures aux autres formes classiques d'évolution.
26:39 Certaines de nos organisations n'auraient-elles pas besoin d'envisager maintenant
26:46 des formes de symbiose tout simplement à la hauteur des enjeux ?
26:52 Le pacte de pouvoir de vivre, alliance entre plus de 60 organisations participantes,
26:59 n'en donne-t-il pas une piste d'exemple ?
27:05 Autre réflexion, il faut aussi avoir le courage d'aller à l'essentiel,
27:12 car nos énergies de transformation sont limitées.
27:19 Par exemple, le vaux d'or actuel de la propriété privée, quand il devient accapareur, accumulateur,
27:30 et quand son usage est indifférent à l'intérêt général, ne mérite-t-il pas d'être questionné ?
27:39 Par exemple, en commençant par des pratiques personnelles et communautaires porteuses d'avenir.
27:49 Autre réflexion, l'analyse des principaux non-sens actuels en humanité qui nous conduisent dans le mur
27:58 peut donner quelques pistes de ces impossibles à réévaluer, par exemple,
28:04 sous des formes cibles de ce qu'on pourrait appeler quelques basculements de fonds devenus maintenant vitaux.
28:15 Alors là aussi, je me jette à l'eau pour citer quelques exemples concrets.
28:20 C'est à nous de les inventer.
28:23 Exemple typique, basculer du pouvoir exacerbé pour son égo vers un véritable service envers la communauté,
28:34 point d'interrogation.
28:36 Deuxièmement, s'engager vers une sobriété à la hauteur des enjeux climatiques, sans greenwashing,
28:44 y compris sous la forme d'une résistance active au consumérisme matérialiste actuel,
28:50 point d'interrogation.
28:52 Beaucoup ont déjà fait le choix de changer de métier et de lieu de vie.
28:57 Quelle convergence, quelle coalescence d'expérience, point d'interrogation.
29:04 Troisième exemple, retrouver le sens du don inconditionnel, point d'interrogation.
29:14 Ce serait une mutation anthropologique invitant à une entraide à la hauteur des enjeux.
29:23 Quatrième exemple, retrouver le véritable sens du pardon et du processus juste qui conduit à un pardon
29:32 effectivement libérateur pour les deux parties.
29:36 L'exemple même imparfait de ce qui a été fait au Rwanda après le génocide montre que c'est possible.
29:46 L'exemple suivant peut aussi constituer un basculement plus profond qu'on pourrait le penser.
29:54 Et le grand deux petit deux, reconnaître notre pardon d'ombre peut changer notre être avec.
30:04 Et peut-être plus profondément qu'on ne pourrait le croire.
30:08 Les mythes des dieux grecs véhiculaient des messages nombreux sur leur pardonbre de ces dieux
30:16 et donc indirectement des hommes eux-mêmes.
30:19 Aujourd'hui, l'arrogance des puissants, humains, organisations, états, occidents,
30:28 leur fait passer sous silence leur pardonbre.
30:32 Cela conduit à la défiance et contribue à saper tout effort de rassemblement autour de causes communes.
30:42 L'exemple très actuel du sud global, pointant du doigt sa défiance vis-à-vis d'un certain occident,
30:50 ne nous fait-il pas réfléchir ?
30:54 La reconnaissance de nos pardombres comme de nos angles morts, à toutes les échelles,
31:04 constitue non seulement un signe de maturité psychologique et humaniste,
31:10 mais est, me semble, désormais un fondement nécessaire à toute action commune importante.
31:17 Les avancées sur de nombreux défis, comme celui des négociations nord-sud sur le climat,
31:24 ont vraiment un besoin critique de processus de reconstruction de la confiance,
31:30 même si c'est long et difficile.
31:33 Sur le plan personnel, la posture de jugement envers des personnes et des pratiques que je réprouve
31:42 a été métamorphosée le jour où je me suis rendu compte
31:48 qu'il m'était arrivé de faire pareil ce que j'avais oublié, comme par hasard.
31:56 Ce processus de découverte de co-responsabilité a changé mon regard
32:03 vers une attitude plus simple de co-construction sans jugement.
32:08 Sur le plan collectif, le second manifeste convivialiste a le courage d'analyser
32:16 ce qu'on appelle l'hubris sociétal et individuel actuel, comme le font aussi Dominique Bourg, Edgar Morin, Patrick Vivray dans leurs livres.
32:29 Dernière partie, grand 3.
32:35 Quelles ressources humanistes, éthiques, spirituelles, face aux défis actuels ?
32:43 Comment cheminer ?
32:46 Aujourd'hui, j'ai beaucoup apprécié le webinaire très intéressant
32:56 où Marc-Henri Baudot témoignait sur la spiritualité.
33:03 Ici, je voudrais me concentrer sur la question complémentaire du comment.
33:13 Comment cheminer aujourd'hui en prenant un exemple ?
33:18 Notre société s'enferme dans certains non-sens spirituels, dans l'inhumain.
33:28 L'exemple des milliers de noyés en Méditerranée n'en est-il pas un des exemples ?
33:35 Il est de plus en plus important de travailler à l'interface entre les grands défis actuels
33:42 et les ressources spirituelles ou humanistes qui peuvent nous aider à sortir de ces non-sens.
33:50 L'association Démocratie et Spiritualité a créé en 2019 un groupe thématique sur ce sujet.
33:59 Finalement, ces trois groupes qui ont travaillé en réseau,
34:03 cette démarche a été conçue dès le départ comme interconvictionnelle,
34:08 c'est-à-dire avec des personnes de toute conviction, y compris athées,
34:13 pour mettre directement en pratique la nécessité d'ouverture entre communautés,
34:20 y compris musulmanes, qui ne se parlent que difficilement.
34:25 Chaque personne volontaire choisit un défi qui la motive particulièrement.
34:32 À titre d'exemple, une visiteuse de prison a choisi le défi de la violence,
34:39 particulièrement sensible pour la société qui vient,
34:43 un autre a choisi le changement climatique, etc.
34:48 Puis, chaque personne a approfondi ce défi pour mieux comprendre ses mécanismes,
34:55 ses verrous et ses non-sens sous-jacents,
35:00 puis a cherché quelles ressources spirituelles peuvent recréer du sens dans ce cas précis.
35:09 Des étapes spéciales de la démarche sont ensuite concentrées sur l'être puis l'agir.
35:18 J'ai constaté que ce travail engage chaque personne dans plus d'intériorité et d'action.
35:29 La bienveillance du groupe de partage aide vraiment à approfondir,
35:35 et puis également à ouvrir plus large.
35:40 Un travail collectif s'est par exemple concentré, à la fin du Covid,
35:44 sur les enseignements génériques à en tirer, transposables à d'autres grands défis,
35:51 comme le changement climatique,
35:53 ainsi que sur les chemins d'espérance que cela ouvrait.
36:00 Aujourd'hui, je pense que le sens qui est donné au mot espérance
36:07 s'avère de plus en plus à la fois essentiel et exigeant.
36:13 Il est le contraire du magique.
36:16 Il est comme une boussole tout terrain, pertinente pour les incertitudes du monde qui vient.
36:26 Comme démocratie et spiritualité a ressenti que ce type de démarche correspond à une soif croissante
36:34 de chercheurs de sens, de toute forme de conviction, de toute génération,
36:40 nous avons rassemblé les textes produits sur plusieurs défis
36:45 et capitalisé systématiquement les réponses à la question "qu'est-ce qui m'a fait bouger ?"
36:53 Ce que nous avons appris ensemble a donc été rassemblé dans un livre
36:58 intitulé "Des raisons d'espérer" et dont le sous-titre est
37:04 "Ressources spirituelles face aux défis actuels"
37:08 en partenariat avec les éditions de l'atelier et qui paraîtra ce 3 novembre.
37:16 Pour terminer, ce qui encourage vraiment, auquel j'ai senti qu'il y avait là quelque chose de fort,
37:26 c'est que l'initiative de regrouper des personnes, voisins, amis, proches, moins proches,
37:35 qui ne se connaissaient pas avant, autour du thème "défi et recherche de sens"
37:43 crée aujourd'hui une dynamique de confiance de grande qualité
37:51 et de cheminement humaniste spirituel.
37:56 Il y a une grande solitude face à ces enjeux et une soif de ce qu'on pourrait appeler
38:04 la recherche de l'essentiel.
38:08 Et les petits groupes d'entraide concrète se sont révélés beaucoup aidés.
38:17 Et je conclurai par cette phrase qui me paraît importante,
38:23 contenue de cette expérience de 4 ans,
38:26 oser prendre l'initiative aujourd'hui, c'est la conclusion forte à laquelle j'arrive.
38:35 Merci beaucoup de votre attention.
38:37 Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
38:40 "La recherche de l'essentiel"
38:45 [SILENCE]

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