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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie

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Transcription
00:00 - Allez, place à Emmanuel Ducrox. Bonjour Emmanuel. - Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05 - Rien ne peut plus d'une heure, le train de nuit Paris-Auriac qui est parti hier soir de la gare d'Austerlitz,
00:11 c'est arrivé à son terminus avec retard comme il se doit. Bon, c'est un petit événement quand même ce retour du train de nuit là.
00:16 - Oui, c'est, pardon, cette liaison nocturne qui est reliée... J'entendais un bruit... Ah, le voilà !
00:23 Donc cette liaison, ça c'est pour bercer vos nuits dans le train couchette.
00:26 Donc cette liaison nocturne qui relie Paris au Cantal en 12 heures avec des voitures couchettes avait été supprimée en 2003,
00:32 disparue comme la plupart des trains de nuit en France. La voilà donc remise sur les rails et ce soir, c'est une autre ligne de nuit qui va rouvrir,
00:38 c'est le Paris-Berlin après le Paris-Vienne il y a un an. Cette relance des trains de nuit a été décidée en 2021.
00:44 Il ne reste alors plus que deux lignes de nuit en France, le Paris-Rhodès-La Tour de Carole-Cerbère et le Paris-Brianson.
00:51 Et encore pas toute l'année, il y en a désormais une dizaine sur le territoire national.
00:54 C'est vraiment dans l'air du temps ces trains de nuit là ?
00:57 Ben oui, ils ont des avantages, c'est vrai, même si on est quand même assez loin de l'Orient Express.
01:01 Ils sont lents mais abordables, le bilan carbone est très bon.
01:04 Ils sont aussi un moyen assez simple de désenclaver des régions mal desservies qui n'ont pas accès au TGV ou à l'avion, typiquement le cas du Cantal.
01:12 Ils sont souvent une alternative peu chère, sûre, à la voiture, pour reprendre un slogan de 1975 de la SNCF,
01:20 pendant les folles années du train couchette, pour voyager heureux, voyager couché.
01:24 Donc voilà pour les bons côtés, les mauvais, c'est que ces trains coûtent une fortune.
01:28 Ben oui, c'est le revers de la médaille.
01:29 Pour un euro dépensé en argent public sur les lignes qui ont survécu, comme le Paris-Brianson, il y a 2 euros de charge.
01:36 Alors ça se comprend que ça ne soit pas rentable, une couchette dans un train de nuit c'est deux fois plus d'espace que dans un train normal.
01:41 Et on ne peut la vendre qu'une fois par jour, contre quatre fois pour un siège dans un TGV.
01:47 Et tout ça pour des frais fixes comme l'entretien de la voie, le sillon, le personnel, qui sont les mêmes que sur un train classique.
01:53 Le prix d'une place pour le voyageur n'est pas très élevé, entre 19 et 39 euros pour le Paris-Aurillac,
01:58 mais c'est loin, très très loin de couvrir les coûts qui sont énormes, car répartis sur très peu de place.
02:03 Et d'ailleurs dans ce train de ce matin, il y avait très peu de passagers.
02:06 Est-ce qu'on pourrait faire mieux ? Est-ce qu'on pourrait rendre un peu plus rentable ce train de nuit ?
02:09 Oui, mais alors ça, ça suppose un choc de l'offre, comme on dit.
02:12 Plus de services, plus de ponctualité, plus de marketing, mais aussi des fréquences plus régulières pour susciter l'habitude,
02:18 et puis aussi tout un réseau qui soit cohérent.
02:20 Pour l'instant, le Paris-Aurillac, c'est les week-ends et les vacances scolaires, et c'est insuffisant.
02:24 Alors il est question que la liaison devienne quotidienne en 2024.
02:27 En gros, il faut trouver un équilibre entre le taux de remplissage des trains,
02:31 c'est-à-dire ne pas les faire rouler quasiment vide, et l'amortissement maximal du matériel en allant plus loin,
02:36 en lui faisant faire plus de rotation, ou aussi en mutualisant la maintenance de ces lignes de nuit,
02:41 qui sont encore trop peu nombreuses.
02:43 Est-ce qu'il y a assez de gens, vous pensez, pour faire Paris-Aurillac, remplir un train tous les jours ?
02:47 Ça c'est une question d'habitude, ça dépend.
02:49 C'est quand même un sacré défi.
02:51 À moins que l'État, qui a la gestion de ces trains d'équilibre du territoire,
02:54 comme on les appelle les TET, contrairement aux TGV qui sont gérés par la SNCF,
02:58 que l'État ne les considère vraiment comme un service public,
03:01 et les traite comme tel, en s'engageant à compenser auprès de la SNCF, leur déficit qui est inévitable.
03:06 C'est un choix. Il se défend. Mais il faut le faire en connaissance de cause.
03:10 Le train de nuit...
03:12 Je ne sais pas si il claxonne la nuit quand on dort.
03:16 Oui, je ne sais pas. Olivier Delagarde avait une petite larme à l'œil ce matin en pensant à sa jeunesse.
03:21 C'est la madone des sleeping, Olivier Delagarde.
03:23 Mais absolument, le train de nuit, c'est un truc qui me fait rêver.
03:27 Plus que de faire la queue dans un aéroport à 4h du matin.
03:31 Parlez-en autour de vous. Vos amis ont tous très envie d'essayer le train de nuit.
03:35 Oui, c'est vrai.
03:36 Autour du Paris-Berlin, je vous garantis que cette ligne-là risque de très bien marcher.
03:41 Cette odeur de chaussettes qu'il y a dans les compartiments...
03:45 Oui, ça fait rêver.
03:46 Le voisin de couchette qui se lève 10 fois dans la nuit pour aller fumer, ce genre de choses.