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ASSASSINER POUR VENGER _ LE MEURTRE GLACIAL D'AKIRA OJIMA⚠️ _ Sur la scène du Cr

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00:00 L'affaire qui suit ne relate que des faits réels.
00:04 Toutefois, par respect pour les familles des protagonistes de cette histoire,
00:09 certains lieux et identités ont été volontairement modifiés.
00:14 L'affaire qui suit ne relate que des faits réels.
00:18 L'affaire qui suit ne relate que des faits réels.
00:23 L'affaire qui suit ne relate que des faits réels.
00:27 L'affaire qui suit ne relate que des faits réels.
00:31 L'affaire qui suit ne relate que des faits réels.
00:35 L'affaire qui suit ne relate que des faits réels.
00:39 L'affaire qui suit ne relate que des faits réels.
00:43 L'affaire qui suit ne relate que des faits réels.
00:47 L'affaire qui suit ne relate que des faits réels.
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00:55 L'affaire qui suit ne relate que des faits réels.
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01:03 L'affaire qui suit ne relate que des faits réels.
01:07 L'affaire qui suit ne relate que des faits réels.
01:11 L'affaire qui suit ne relate que des faits réels.
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01:19 L'affaire qui suit ne relate que des faits réels.
01:23 L'affaire qui suit ne relate que des faits réels.
01:27 L'affaire qui suit ne relate que des faits réels.
01:31 L'affaire qui suit ne relate que des faits réels.
01:35 L'affaire qui suit ne relate que des faits réels.
01:39 L'affaire qui suit ne relate que des faits réels.
01:43 L'affaire qui suit ne relate que des faits réels.
01:47 L'affaire qui suit ne relate que des faits réels.
01:51 - Sur une scène de crime comme celle-ci,
01:55 la datation du décès sera plus difficile que pour une scène classique.
01:59 Le froid va stopper le processus d'autolyse,
02:03 de décomposition du corps.
02:07 Le médecin-ingénieur aura une tâche plus difficile que pour un cas classique.
02:11 Le congélateur étant fermé,
02:15 on a une scène de crime qui n'est pas polluée.
02:19 On a un risque de déperdition d'indices.
02:23 Même si ces indices sont gelés, on pourra les récupérer.
02:27 Tout sera passé au peigne fin.
02:31 La maison et le jardin seront étudiés pour découvrir les éléments utiles.
02:35 - Sur la scène de crime,
02:39 les techniciens de la police technique et scientifique
02:43 commencent à prélever des indices.
02:47 Un cavalier dépose un numéro précis.
02:51 Un lot de seringues et des produits anesthésiants sont saisis sur le bord d'une table.
02:55 Un poêle est découvert dans le fond du congélateur.
02:59 Chaque objet est photographié, chaque cliché archivé.
03:03 - Chaque étape de nos investigations, nos collègues prennent des clichés.
03:07 Tout concourait à ce que l'on pense au drame tout de suite.
03:11 Non seulement l'odeur, mais aussi la configuration, l'agencement de la pièce.
03:15 Tout allait vers un drame.
03:19 On se disait que la victime aurait été séquestrée, attachée, torturée.
03:23 - Que s'est-il passé dans ce pavillon de banlieue?
03:27 Les enquêteurs déduisent des premiers éléments retrouvés sur place
03:31 que la victime a été séquestrée dans cette pièce et peut être torturée.
03:35 Chaque détail compte. Les échantillons et scélés sont envoyés au laboratoire
03:39 pour être analysés par des experts.
03:43 Le point qui attire particulièrement l'attention des enquêteurs,
03:47 c'est le corps placé dans un sac poubelle et caché dans un congélateur.
03:51 - Lorsqu'on ouvre le sac, on découvre un homme de petite corpulence,
03:55 pouvant être un Asiatique.
03:59 Les jambes pliées sur le corps, les bras le long du corps,
04:03 les mains sous les fessiers. On ne peut pas le déplier,
04:07 on ne peut pas faire de constatation. Le corps congelé ne permet pas
04:11 de déplier le corps.
04:15 - Les premiers indices commencent déjà à parler.
04:19 Le matériel médical retrouvé sur place laisse penser aux enquêteurs
04:23 qu'il s'agit d'un travail de professionnel.
04:27 - Sur la scène du crime, il a été retrouvé d'une part des ampoules
04:31 qui contenaient différents types de produits fréquemment utilisés
04:35 en anesthésie et en réanimation.
04:39 - Le matériel qui a été retrouvé ne peut provenir que d'un hôpital.
04:43 La façon dont les électrodes étaient convenablement posées
04:47 sur le thorax, l'utilisation d'un électrocardioscope,
04:51 tout ça est une ambiance très professionnelle de santé
04:55 et pas simplement des gens qui ont vu faire
04:59 à la télévision ou au cours d'un stage.
05:03 - En fouillant la pièce, les policiers relèvent
05:07 une première piste, une carte de travail qui semblerait appartenir
05:11 à la victime. Les vérifications sont en cours.
05:15 - A proximité du lieu d'effet, on trouve d'autres documents
05:19 affirants à la victime.
05:23 - Ce soir du 19 mars 1998, sur la scène de crime,
05:27 les experts retrouvent le cadavre d'un Asiatique recroquevillé
05:31 dans un congélateur. A proximité du corps, la police retrouve
05:35 un corps de lettre, des armes. Le corps est envoyé pour autopsie
05:39 à l'institut médico-légal du Quai de l'Arapé à Paris.
05:43 Mais les médecins légistes se confrontent à un premier problème.
05:47 - Il y a un problème technique, c'est qu'on ne peut rien en faire
05:51 tant qu'il n'est pas décongelé. Il va falloir attendre.
05:55 Un corps humain entier, c'est une grosse pièce.
05:59 Il faut facilement deux jours pour obtenir une décongélation totale
06:03 de la lettre.
06:07 - Le corps de l'Asiatique recroquevillé, le même, a été congelé
06:11 une fois morte. En effet, certaines parties du corps sont en état
06:15 de putréfaction. Déduction du légiste, le corps a été déposé
06:19 dans le congélateur 48 heures après le crime.
06:23 Les auteurs du meurtre ont dû attendre que le corps se relâche
06:27 pour pouvoir le plier plus facilement.
06:31 - Vous ne pouvez pas plier les membres facilement.
06:35 La rigidité commence deux heures après la mort et va disparaître
06:39 spontanément 48 heures après dans la majorité des cas.
06:43 C'est très facile de plier, de comprimer au maximum.
06:47 Les bras, on peut le faire de notre vivant.
06:51 Ensuite, on va basculer la tête, mais beaucoup plus que je ne le fais moi.
06:55 Le genou va venir jusque sous le menton.
06:59 On forme un corps qui peut être logé dans une caisse de déménagement
07:03 classique et forciori dans un congélateur. Ce n'est pas difficile.
07:07 - L'autopsie confirme la présence de traces de piqûres sur les bras
07:11 et les chevilles. Il reste à analyser le sang de la victime.
07:15 Le froid n'a rien endommagé.
07:19 - La congélation présente un énorme avantage.
07:23 Ca conserve la quasi-totalité des indices en matière de traumatisme
07:27 et aussi les toxiques. Le principe de base de la conservation des toxiques
07:31 est de les congeler à -20 ou -80 degrés.
07:35 - Le corps ne présente pas de violence sexuelle.
07:39 Des traces aux poignées et aux deux jambes sont compatibles avec la pose de lien.
07:43 Un projectile de calibre 22 long-rifle est retrouvé dans la boîte crânienne.
07:47 L'autopsie confirme une mort par arme à feu.
07:51 - Le 22 long-rifle est la cartouche la moins puissante sur le marché.
07:55 C'est une cartouche toute petite, mais qui est capable de percer
07:59 jusqu'à 50 cm de chair humaine, s'il n'y a pas d'obstacle tel que de l'os.
08:03 - Pour ce qui est de la cause de la mort, il ne fait aucun doute
08:07 que c'est la balle dans le bulbe rachidien qui l'a entraîné.
08:13 - Des échantillons de sang sont prélevés sur le corps
08:17 et envoyés en analyse au laboratoire de l'hôpital Saint-Antoine.
08:21 Au niveau de la scène de crime, le rapport d'autopsie et le projectile
08:25 sont transmis au service balistique pour une expertise plus approfondie.
08:29 - La ballistique, dans une enquête criminelle comme celle-ci,
08:33 va servir à déterminer la position du tireur par rapport à la victime.
08:37 Elle va servir à déterminer la cause de la mort,
08:41 c'est-à-dire quels organes ont été pénétrés par le projectile
08:45 et comment le projectile a fonctionné dans la blessure.
08:49 - On est très conscient de la mort, entre distance, calibre, etc.
08:53 - Dans cette affaire, étant donné le calibre utilisé du 22 long-rifle,
08:57 le tir semble précis et préparé.
09:01 La balle est restée logée dans la boîte crânienne de la victime.
09:05 - Ca représente un projectile qui fait à peu près 5,6 mm de diamètre,
09:09 qui n'a pas une grosse force de pénétration.
09:13 Dans la cavité crânienne, une fois qu'il a pénétré la boîte crânienne,
09:17 il a perdu une grosse partie de son énergie.
09:21 De façon habituelle, ce type de projectile reste dans la boîte crânienne.
09:25 - On constate un orifice d'entrée unique qui est là, causé par une balle.
09:29 Une absence d'orifice de sortie.
09:33 La balle est retrouvée à l'intérieur du corps.
09:37 La victime était assise en décubitus avant.
09:41 Si je figure la trajectoire, elle devait être comme ceci.
09:45 Pourquoi ? Parce que la balle est retrouvée à l'intérieur de la cavité crânienne.
09:49 Donc une trajectoire légèrement remontante, derrière en avant.
09:53 Le point d'impact, je le situe au même niveau que celui qui est présenté sur la photo autopsique.
09:57 - La victime était probablement immobilisée au moment de la mise à mort,
10:01 étant donnée la trajectoire rectiligne de la balle.
10:05 - Pourquoi choisir cet endroit-là ?
10:09 C'est l'endroit idéal pour exécuter une victime et la foudroyer,
10:13 sans forcément avoir des projections de traces de sang ou de cervelle vers l'arrière.
10:17 Donc ça permet de tuer quelqu'un proprement.
10:21 - Le corps retrouvé sur la scène de crime dans un congélateur est celui d'un Asiatique,
10:25 un certain Akira Ojima.
10:29 L'homme est japonais, il mesure plus d'1,60 m et a mystérieusement disparu le 9 mars,
10:33 vers 20h30, devant son travail.
10:37 9 jours avant la découverte du corps, la police lance un signalement pour retrouver sa trace.
10:41 Mais qui peut bien en vouloir à cet homme d'une cinquantaine d'années ?
10:45 Un homme apparemment tranquille, architecte qui gravite dans les milieux parisiens de la restauration japonaise.
10:49 - C'est quelqu'un qui est architecte.
10:53 C'est un professionnel libéral.
10:57 Il a un cabinet avec des hauts et des bas.
11:01 Il a une clientèle de japonais.
11:05 Il a pas mal fait de décorations de restauration.
11:09 C'est quelqu'un de culture, avec une sensibilité.
11:13 - Il avait pas une très bonne réputation en tant qu'architecte.
11:17 Il y avait un litige sur son diplôme proprement dit.
11:21 En gros, il serait plutôt décorateur d'intérieur qu'architecte proprement dit.
11:25 Apparemment aussi, il s'était rendu célèbre au Japon plus par ses écrits que par ses constructions.
11:31 On sait aussi qu'il était membre, peut-être influent, de la Soka Gakkai,
11:37 qui est considérée comme une secte, mais qui est une véritable institution au Japon.
11:41 C'est un homme d'influence.
11:43 - Le 11 mars, restée sans nouvelles de son frère, la sœur de l'architecte déclenche l'alerte.
11:48 2 jours après la disparition, elle se présente inquiète au commissariat pour lancer un avis de recherche.
11:54 Akira Hojima n'a donné aucun signe de vie depuis 48 heures.
11:58 L'enquête en disparition débute.
12:01 - La sœur qui habite Paris ressent, sent qu'il y a quelque chose d'anormal,
12:05 des indications, vous savez, un proche, on connaît ses habitudes, on sait,
12:09 on peut le joindre à tel moment, pas à tel autre, et quand il n'est plus là,
12:12 il est absent de l'écran radar, on le ressent, et c'est ce qu'elle ressent.
12:16 - Nous sommes alertés par la sœur de M. Hojima,
12:20 laquelle nous dit avoir reçu une lettre en japonais.
12:24 - Dans le commissariat, tout le monde semblait très stressé, les gens étaient très...
12:28 les nerfs à fleurs de peau, et elle-même était dans un coin.
12:33 - Madame Hojima, la sœur de l'architecte disparu, déclare au policier.
12:37 "En rentrant à mon domicile, j'ai trouvé une lettre écrite par mon frère.
12:41 Je vous en fais la traduction."
12:45 - Annule, s'il te plaît, tous mes rendez-vous.
12:49 Occupe-toi, s'il te plaît, d'arranger la situation actuelle au bureau.
12:54 Je te supplie de ne pas expliquer ma situation actuelle
12:59 quand M. Nakamura te téléphonera.
13:03 Bon courage, crois-moi.
13:05 - La lettre en question intrigue les enquêteurs.
13:08 Un traducteur de japonais est appelé en renfort pour authentifier le document.
13:12 - Cette lettre a été relue par sa famille japonaise,
13:17 mais par quelqu'un de l'ambassade que nous avons requis,
13:22 et par aussi un traducteur.
13:25 Nous avons reçu plusieurs sonnes de cloche pour savoir où on en était.
13:29 - C'était une lettre sur un papier japonais, un papier très fin,
13:33 qui était écrite à la main,
13:35 qui, semble-t-il, était écrite d'une manière un peu hésitante, peut-être.
13:39 Et surtout, il y avait beaucoup d'ambiguïté sur la rédaction.
13:43 - J'ai pensé qu'il voulait nous avertir de quelque chose.
13:46 - D'après les expertises, l'écrivain-architecte aurait glissé un message dans sa lettre.
13:51 - Premièrement, il y a des fautes d'orthographe.
13:55 Et nous savons, suite à une enquête de personnalité que nous avons effectuée,
14:00 que M. Ujima était un écrivain.
14:03 Un écrivain connu ne peut pas faire de fautes d'orthographe.
14:07 - Il va faire passer un message.
14:09 Et dans toutes les langues, on peut décaler un peu.
14:12 On pouvait modifier un peu votre façon d'écrire, etc.,
14:15 au point que c'est ce qui alertera véritablement,
14:18 enfin, confirmera l'alerte de la sœur,
14:21 qui insistera pour dire qu'il s'est passé quelque chose d'anormal.
14:26 - C'était pas une lettre très structurée.
14:29 Et la difficulté du traducteur, c'est de comprendre le contexte.
14:34 - M. Ujima a disparu depuis 3 jours.
14:37 Pour le moment, une simple enquête en disparition est ouverte.
14:41 Les enquêteurs font des vérifications d'usage auprès des différents comptes bancaires de l'architecte.
14:45 Et là, l'inquiétude monte d'un cran.
14:48 - Nous regardons tous ces comptes bancaires.
14:51 S'il y a eu une utilisation de ces cartes bleues, ce n'est pas le cas.
14:56 On se dit qu'on est face à un gros problème.
14:59 - 2 jours plus tard, le 14 mars, les enquêteurs passent à la vitesse supérieure,
15:03 car Mme Ujima revient avec une 2nde lettre beaucoup plus alarmante.
15:07 Cette fois, l'architecte parle d'une question de vie ou de mort.
15:11 Mais la dernière fois que M. Ujima a été vu vivant remonte maintenant à 6 jours.
15:16 Désormais, les heures sont comptées.
15:19 - Je pense que les enquêteurs n'ont peut-être pas perçu, au moins dans un premier temps,
15:26 le sens du message, qui était d'ailleurs peu perceptible
15:30 par quelqu'un n'ayant pas connaissance du contexte dans lequel avait été créé la lettre.
15:34 - La police ouvre une enquête en disparition inquiétante.
15:38 Elle doit retracer l'emploi du temps du Japonais pour comprendre quand et comment Ujima a disparu.
15:43 La dernière fois que M. Ujima est vu en vie, c'est en toute fin de journée le 9 mars vers 20h.
15:48 Que s'est-il passé ?
15:50 L'assistante de M. Ujima a reçu ce jour-là un curieux appel d'un client non identifié
15:54 invoquant un rendez-vous professionnel.
15:57 - Le jour de la disparition, quelqu'un a téléphoné, un homme a téléphoné avec un accent asiatique.
16:04 Cette personne a déclaré "J'attends M. Ujima, il n'est pas là, est-il toujours au bureau ?"
16:11 On lui a répondu "Mais il vient juste de descendre".
16:13 Le gars répond "Ah, effectivement, je le vois".
16:16 Donc à ce moment-là, on était sûr que M. Ujima, le jour de sa disparition le 9,
16:21 avait vu quelqu'un asiatique.
16:24 Donc il avait vraiment été à son rendez-vous professionnel.
16:30 Cet appel lance les enquêteurs sur la piste d'un enlèvement avec séquestration.
16:35 Une juge d'instruction est nommée.
16:37 Sur commission rogatoire, les policiers consultent les listings téléphoniques du cabinet d'architecture.
16:42 Objectif, faire des recoupements pour identifier la provenance du dernier appel.
16:47 - Quels sont les derniers contacts qu'il a eus ?
16:52 Quelles sont les dernières affaires sur lesquelles il s'était penché ?
16:55 Son listing téléphonique, son carnet d'adresse.
16:59 Et surtout, pour savoir qui a appelé le 9 vers 21h.
17:05 Parallèlement, un autre détail intéresse la police.
17:08 Dans les lettres envoyées par la victime, un nom revient à plusieurs reprises dans les documents.
17:12 Celui d'un certain M. Nakamura.
17:15 Les enquêteurs retrouvent ce nom cité à deux reprises dans les lettres.
17:18 - Je te supplie de ne pas expliquer ma situation actuelle quand M. Nakamura te téléphonera.
17:27 - Effectivement, il parle d'un certain M. Nakamura.
17:30 Pour le moment, côté enquête, la police n'a pas beaucoup progressé.
17:34 Le 18 mars, l'architecte M. Akira Ojima a disparu depuis 9 jours.
17:39 Et les enquêteurs n'ont encore rien de très sérieux.
17:42 Le nom de Nakamura les oriente sur une nouvelle piste qui relance l'enquête.
17:46 - Nous avons décidé d'axer toutes nos recherches sur le nom de Nakamura.
17:52 Et nous avons pu ainsi localiser Agnère Soussène à son domicile.
17:57 Agnère Soussène, 18 mars 1998.
18:01 Soit 9 jours après la disparition de l'architecte, les enquêteurs perquisitionnent le domicile de Yôji Nakamura.
18:07 L'homme est immédiatement mis en garde à vue.
18:10 Et les enquêteurs l'emmènent au commissariat du 14e arrondissement de Paris pour l'interroger.
18:14 Au bout de quelques heures, ils le confondent grâce à son numéro de téléphone portable.
18:19 - Donc effectivement, nous posons une seule question. Avez-vous le téléphone numéro 061 ?
18:24 - 061 15 50 30.
18:29 Grâce à cette sonnerie, la police constate que le numéro d'abonné correspond au téléphone portable de M. Nakamura.
18:36 Nakamura est dans l'impasse.
18:38 - Si, comme nous le pensons, vous êtes le propriétaire ou le tituleur de cette ligne,
18:43 vous êtes bien celui qui avait rendez-vous avec M. Hojima le 9, le jour de sa disparition.
18:51 L'interrogatoire porte ses fruits.
18:53 Après 24 heures de garde à vue, le 19 mars au matin,
18:57 Yôji Nakamura, l'homme qui aurait tendu un guet-apens à l'architecte disparu, passe enfin aux aveux.
19:03 - S'il a mis le téléphone, c'est lui qui a rencontré Hojima.
19:05 Vous voyez, à chaque fois, on avance petit à petit, mais on vérifie tout ce qu'on a.
19:10 Une fois que l'individu est mis en face de ses contradictions,
19:14 il ne peut qu'avouer s'il n'y a pas d'autre échappatoire.
19:18 On ne peut pas nier l'évidence.
19:21 Yôji Nakamura livre alors le nom de ses complices
19:24 et donne des informations capitales à la police pour leur enquête de personnalité.
19:28 Les enquêteurs veulent savoir pourquoi l'architecte Hojima a disparu 9 jours plus tôt.
19:33 Ils ont désormais la preuve qu'il a bien été enlevé par un groupe d'individus.
19:36 D'ailleurs, dans sa déposition, M. Nakamura raconte...
19:40 - Je l'ai placé dans un véhicule où se trouvait un chauffeur, un secrétaire.
19:44 Mais il donne surtout le nom de Renaud Carole.
19:47 D'après cette déposition, Carole serait le cerveau de l'enlèvement.
19:51 Carole est inconnue des services de police.
19:53 Pourtant, il a minutieusement préparé son coup en recrutant lui-même 4 complices.
19:58 - Carole m'a présenté les 2 hommes comme étant ceux qui allaient attraper Hojima.
20:03 - Renaud Carole est vraiment le cerveau de cette affaire.
20:08 Il est à l'origine de cette affaire.
20:10 - C'est Carole qui mène le bal.
20:12 Et les autres ne savent pas très très bien où ils vont.
20:16 - C'est un homme assuré, c'est un homme sûr de lui, c'est un homme séducteur.
20:20 Donc, il a certaines des caractéristiques des gens qui peuvent être leaders, qui peuvent être moteurs.
20:27 - Il a demandé aux autres de faire en durbe.
20:31 Et les autres ont, par amitié, par reconnaissance, l'ont aidé.
20:39 - Pour que Zidane et Marion entrent dans la danse, on peut légitimement imaginer que Carole Renaud leur a promis de l'argent.
20:47 Cet argent, ils n'en avaient pas. Donc, ils ne pouvaient provenir que des comptes d'Hojima.
20:53 - Il n'en reste pas moins que s'ils n'avaient pas été là, Carole seule, c'était rien.
20:57 La police reconstitue le puzzle.
20:59 Le 9 mars, jour de la disparition d'Hojima, trois hommes ont participé à l'enlèvement.
21:04 Le premier homme, Nakamura Serdapa.
21:06 Vers 20h30, il fixe un rendez-vous à l'architecte pour lui présenter des prétendus clients.
21:11 Il l'attire en fait vers une voiture avant de le précipiter sur la banquette arrière du véhicule.
21:16 Pendant ce temps, un deuxième homme lui injecte un calmant.
21:19 Le troisième homme est chauffeur, il démarre sur l'échappeau de roue.
21:23 Direction Porte-Maillot où Carole les attend.
21:26 - Je dirais que l'intelligence du crime dépend de l'intelligence imaginative du mode opératoire de l'intéressé.
21:34 Donc, il est évident qu'il a les moyens d'organisation, de stratégie pour organiser quelque chose.
21:42 On va dire une phrase familiale, qui tient la route.
21:45 - Organiser un rendez-vous, un guet-apens, déjà, il faut pouvoir le faire.
21:51 - Il y a des logistiques avec le pavillon et la salle de pseudo-torture avec monitoring, chaises percées.
21:58 D'ailleurs, Carole a tout prévu.
22:01 Il ne participe pas à l'enlèvement, mais c'est lui qui réceptionne l'architecte encore inconscient dans ce parking de la Porte-Maillot.
22:07 Pour brouiller les pistes, Carole transfère Ojima dans une deuxième voiture.
22:11 Il fait nuit noire lorsqu'il reprend la route pour conduire Ojima dans un pavillon à Nanterre.
22:16 Dans la cave, il va séquestrer l'architecte Ojima plusieurs jours.
22:21 - Les organisations criminelles sont souvent sur le mode associatif.
22:31 Chacun apporte en sous-traitance ses compétences.
22:34 Grâce aux aveux de l'APA, les enquêteurs savent maintenant que l'enlèvement de l'architecte Ojima a été prémédité.
22:40 Ils savent que 3 personnes participent au kidnapping.
22:43 M. Nakamura, qui a servi d'APA, un chauffeur M. M. qui a fait le guet,
22:48 et un secrétaire M. Z. qui a administré un sédatif pour endormir la victime.
22:53 Le chef de l'organisation est un certain Carole Renoud.
22:56 Les enquêteurs veulent comprendre pourquoi l'architecte a disparu.
23:00 Quelles sont les grièves de Carole contre M. Ojima ?
23:03 - D'emblée, on voit que c'est un personnage original. Il y a une certaine gueule, comme on dirait au cinéma.
23:09 Carole est un personnage assez déroutant. Visage de pierre, queue de cheval,
23:14 ce spécialiste des arts martiaux aurait été un temps mercenaire en Afrique.
23:18 Il se promène toujours vêtu d'une combinaison noire et se fait appeler le samouraï blanc.
23:22 - C'est un gigolo. C'est un homme qui criche avec son image.
23:27 Il a une image des arts martiaux, et ceci et cela. Il se fait appeler l'Indien.
23:34 Il a puisé dans tout le folklore possible pour faire un personnage qui lui permet d'être un homme de compagnie.
23:43 - Il aurait envie ou il a envie d'être un samouraï.
23:47 Je dirais dans ce monde japonais, dans cette culture japonaise, il y a des choses qui lui plaisent, qui le séduisent.
23:55 Donc, au fond, on pourrait dire, je dirais qu'il y adhère, je ne dirais pas sincèrement, mais avec une certaine force.
24:03 - Un samouraï, c'est efficace, c'est opérationnel, c'est déterminé, c'est jusqu'au boutiste.
24:08 A cette époque, Carole gravite dans des milieux interlopes. Les enquêteurs apprennent qu'il n'a pas de travail régulier.
24:14 Il rend des services pour le compte de restaurateurs japonais.
24:17 A Paris, dans la communauté japonaise, tout le monde connaît Carole, y compris l'architecte M. Ujima.
24:22 Ici, beaucoup de monde a recours à ses services pour obtenir des titres de séjour.
24:27 - Carole était quelqu'un d'assez connu dans le milieu japonais. Il s'occupait, semble-t-il, d'une association des restaurateurs.
24:35 Il les aidait à obtenir des visas. Il avait, semble-t-il, un certain nombre, soit de connaissances, ou d'une certaine compétence,
24:42 pour faire obtenir des visas, ou pour obtenir des visas, ou faire les démarches pour obtenir des visas pour les cuisiniers ou les gens travaillant dans les restaurants.
24:50 - Non seulement il avait l'accès à la préfecture, il connaissait beaucoup de nos collègues, ça apparaissait dans les listines que nous avons saisies.
24:57 - C'est un type qui se baladait avec une vraie fausse carte de matignon de l'époque.
25:04 - Il avait un contact aussi à l'Elysée, qui le recevait tous les mois, et lui donnait même une place de port,
25:09 qu'il pouvait entrer avec sa vieille 4L à l'Elysée. Donc ça la manquait un homme, quand même.
25:14 Carole a des contacts dans tous les milieux, officiels comme officieux.
25:18 Il se présente tantôt comme agent de service secret, tantôt comme homme de main, suivant les jours.
25:23 L'homme naviguant nos troubles.
25:25 - Donc je suppose qu'il ne devait pas y avoir de contrat, c'est la parole qui est donnée et qui compte.
25:31 Il devait y avoir des demandes, des dommagements ou des protections, mais il devait en retour répondre à l'attente des restaurateurs japonais,
25:41 et donc il y avait une confiance réciproque.
25:43 - On s'aperçoit en regardant la vie de Carole, qu'il a déjà fait des séquestrations de restaurateurs japonais pour récupérer de l'argent.
25:55 Alors c'est quelqu'un qui est un peu à la marge. Il est soi-disant dans les arts martiaux.
26:03 Il est un peu bien avec les services de police, comme le sont souvent les gens qui veulent en profiter et qui sont un peu des truands à la marge de ça.
26:14 Il est en zone grise tout le temps, en fait.
26:16 Et dans sa vie affective, Carole est avant tout un grand séducteur. Un homme qui vit au crochet des femmes.
26:23 - Carole, c'est un homme qui vit des femmes.
26:27 Parce qu'on va retrouver une femme au crochet de laquelle il a vécu. C'est dans le dossier.
26:33 - C'est un type qui fait forte impression sur tous ceux qu'il rencontre, qui a un certain charisme, qui a ses cheveux longs, soit en catogan, soit avec des tresses quasiment indiennes.
26:43 C'est un type qui a du succès auprès des femmes, d'après ce qu'on a compris.
26:46 - C'est un personnage qui a une certaine assurance. Il est à l'aise, il est plutôt... Il parle facilement, plutôt à bleur. Il a une capacité de séduction.
26:59 Séducteur, Carole choisit des concubines à l'inverse de sa personnalité. Lui est grand et extraverti. Elles sont effacées sous sa coupe.
27:07 Notamment cette japonaise chez qui il vit, une certaine Ayuko Umeda.
27:11 - C'est une femme plus fragile, qui est un peu énigmatique, qui a cette réserve un peu, comme parfois un petit peu, certains personnages de sa culture.
27:21 Pour maintenir un certain train de vie, Carole a un critère. Il choisit des femmes riches.
27:26 - Umeda, elle a de l'argent quand même.
27:29 - C'est une femme effectivement qui venait d'un milieu aisé, on va dire tout simplement.
27:33 - Et dont le grand-père était diplomate, tu crois, ou ambassadeur du Japon en France.
27:38 - Qui peut-être par affectivité, par générosité et aussi peut-être par troc, au fond gratifié des personnes de son entourage, d'aide, d'argent,
27:51 dans une logique un peu de troc, où l'autre en échange l'aidait, s'occupait d'elle, lui rendait des services.
28:02 Le 18 mars, l'architecte Ojima est disparu depuis 9 jours. Maintenu en garde à vue, monsieur Nakamura, l'APA, apporte un nouvel élément aux enquêteurs.
28:11 Il déclare que la concubine japonaise est peut-être la commanditaire de l'enlèvement de monsieur Ojima.
28:16 L'architecte Ojima lui devait de grosses sommes d'argent et l'aurait escroqué.
28:21 La police apprend que quelques jours avant le kidnapping, c'est chez elle que l'équipe s'est réunie au grand complet.
28:29 Il y a eu une réunion préparatoire à cet enlèvement, dans l'appartement, en présence de cette femme.
28:35 Donc ils nous donnent l'adresse, le nom de Ren Carol et il ne nous restait plus qu'à y aller pour continuer l'enquête.
28:41 Le 19 mars 1998 à 14h, les policiers se rendent avenue du président Kennedy dans le 16e arrondissement.
28:49 Ils perquisitionnent au domicile de la concubine japonaise, mademoiselle Umeda.
28:53 Sur les lieux, les enquêteurs saisissent des munitions, des armes de guerre de première catégorie, ainsi que des armes de poing de quatrième catégorie.
29:01 Toutes ces armes sont interdites et soumises à autorisation spéciale.
29:05 On retrouve des munitions, qui viennent se débarrailler, un pistolet mitrailleur, voici.
29:11 Ce chargeur peut recevoir des cartouches de calibre 9mm et il y en a une trentaine en tout dans un chargeur comme celui-ci.
29:19 Et donc avec les quatre chargeurs, 120 cartouches, ce qui lui permet d'arroser pas mal.
29:24 Et une carabine US américaine qui est ici.
29:27 Face à cet arsenal, les enquêteurs savent qu'ils ont affaire à une bande organisée.
29:31 Ils saisissent un nouvel indice, des balles de 22 longs rifles, munitions identiques à celles trouvées dans le crâne de la victime.
29:38 On retrouve des 22 longs rifles, qui sont des cartouches en vente libre encore aujourd'hui, cartouches qui ont été utilisées pour le meurtre.
29:45 Donc un long rifle c'est plus discret en effet, le bruit est moindre qu'avec un pistolet 9mm parabellum.
29:50 Si on tire à l'intérieur d'une maison, on n'entend rien à l'extérieur de la maison.
29:54 Alors le 22 longs rifles, si c'est pour tirer de loin, n'est pas un calibre très efficace, on peut blesser.
29:59 C'est dangereux mais on peut blesser et ne pas réussir à tuer la personne.
30:03 Par contre pour une exécution c'est parfait.
30:05 Le même jour, l'enquête sur la disparition de l'architecte Ojima va connaître un nouveau tournant.
30:10 Au domicile de la concubine japonaise, la perquisition se poursuit toujours.
30:14 Cette fois, la chance sourit aux enquêteurs.
30:17 Ils savent que Carole doit passer la voir.
30:19 Après deux heures d'attente, un homme correspondant au signalement emprunte l'escalier de l'immeuble de Mlle Umeda.
30:24 Quelqu'un frappe à la porte, on l'interpelle, on le place en garde à vue, on lui dit ses doigts et c'est parti.
30:32 19 mars 1998, la japonaise Ayuko Umeda et le dénommé Carole sont interpellées et immédiatement placées en garde à vue à 16h30.
30:41 Pour les policiers, il est primordial de recueillir leurs aveux.
30:44 Cela fait déjà 9 jours que M. Ojima a disparu.
30:47 A ce stade de l'enquête, chaque minute compte.
30:49 La police mise tout sur l'interrogatoire de Carole, le cerveau.
30:52 Lui seul peut les éclairer pour localiser l'architecte.
30:55 La seule base que nous avons c'est la rédoute Carole, l'appartement boulevard Kennedy à Paris 16, où se trouve Umeda.
31:03 Nous avons aussi les noms des prétendus secrétaires et chauffeurs M et Z, mais nous n'avons pas leur adresse, leurs coordonnées.
31:15 La police sait que l'équipe qui a organisé le coup se compose de 5 personnes.
31:20 3 sont déjà mises en examen pour enlèvement et séquestration, mais 2 complices n'ont pas encore été localisés.
31:26 Il s'agit du chauffeur M. M et du prétendu secrétaire M. Z qui a drogué l'architecte.
31:31 La police doit maintenant établir le lien entre ces 5 complices et comprendre le rôle de chacun.
31:36 On s'aperçoit que ces personnes se connaissent, se fréquentaient, sont du même milieu, d'extrême droite.
31:46 A peu près le même profil, celui qui servait de chauffeur, mais aussi avec un petit côté extrême droite.
31:53 Ils adorent les hommes, ils aiment la protection, l'intervention, la sécurité, les sports de combat.
32:02 Ça sent la barbouserie à plein nez.
32:04 Grâce aux informations obtenues en garde à vue, les policiers ont les noms de certains complices.
32:09 Ils croisent leurs fichiers et retrouvent la trace du chauffeur.
32:12 Monsieur M a un casier judiciaire, il a fait l'objet de 8 condamnations pour vol, recel et escroquerie.
32:20 Ils ont du métier quand même. Le chauffeur c'est quelqu'un qui est du milieu, qui est rôdé si on peut utiliser cette expression.
32:31 Ils l'ont enlevé quand même. Il n'a pas réussi à fuir, ils ont réussi à le séquestrer, il a été assassiné.
32:41 Lors des interrogatoires, le rôle de la concubine japonaise donne du fil à retordre aux enquêteurs.
32:48 Umeda n'a ni le profil d'une tueuse, ni celui d'une donneuse d'ordre.
32:52 Pourtant, Carole l'a fait passer pour la commanditaire du rapt.
32:55 Elle avait du ressentiment contre Jimma, mais jamais elle n'avait pensé faire du mal à quelqu'un.
33:01 Ce n'est pas sa nature, Umeda.
33:03 Est-ce qu'elle a commandité l'enlèvement ? Peut-être qu'on ne peut pas aller jusque là, mais on peut dire qu'elle a souhaité que justice lui soit rendue.
33:12 Elle dit ne pas connaître l'issue, il n'était pas prévu qu'il soit tué, etc.
33:20 Au bout de cinq heures de garde à vue, Carole le cerveau de l'affaire craque et passe aux aveux.
33:26 Devant les enquêteurs de la police judiciaire, il avoue avoir enlevé, séquestré et assassiné l'architecte Akira Hojima à cause d'une dette d'argent.
33:35 Le japonais aurait escroqué plusieurs centaines de milliers d'euros à Umeda. La police tient enfin son mobile.
33:41 D'après ce que nous a raconté aussi bien Umeda que Renu de Carole, la famille d'Umeda aurait été spoliée par les agissements délictueux de l'architecte Hojima.
33:54 Par ses approximations d'architecte, il aurait fait perdre beaucoup d'argent au père d'Umeda et ce serait le motif de son enlèvement et de ce qui lui est arrivé par la suite.
34:07 S'appuyant sur le code de conduite des samouraïs, Carole doit laver l'honneur de la famille d'Umeda, sa concubine japonaise.
34:14 Carole règle son scénario. Il faut faire peur à l'architecte pour l'inciter à payer une rançon et le contraindre à rendre l'argent.
34:21 Dans un premier temps, Carole prépare un enlèvement avec séquestration.
34:25 On voulait qu'il crache le morceau sur l'endroit où était le magot. C'est ça l'idée. Il a pris de l'argent et il faut qu'il le rende.
34:38 Vous ne tuez pas la poule aux œufs d'or. Donc il y a tout ce qu'il faut pour obtenir quelque chose.
34:46 C'est pas une vengeance. C'est pas on va le punir. C'est pépette.
34:51 Les experts sont sûrs d'une chose. On a voulu impressionner la victime. L'architecte a été drogué lors de l'enlèvement.
34:57 Lorsqu'il reprend connaissance, il se retrouve solidement ligoté à une chaise dans un sous-sol.
35:02 Autour de lui, une vraie salle de torture avec caméra de surveillance, table chirurgicale, électrode. L'architecte doit payer.
35:10 Le but de l'amnésiacien c'est de lui faire peur, de le terrifier, de le mettre dans une pièce nue, une caméra practice, le monitoring avec des électrodes sur lui.
35:25 Au policier et à la juge, il a d'abord dit qu'il espérait récupérer de l'argent. Il était question de 5 millions de francs.
35:33 Il aurait non pas torturé mais séquestré et questionné Ojima en lui demandant déjà "est-ce que tu as de l'argent ? Où se trouve ton argent ?"
35:46 On lui administre des calmants.
35:49 Et là il est piqué plusieurs fois pour l'endormir.
35:52 D'après les experts médicaux, les seringues retrouvées sur les lieux du crime contiennent de l'hypnovel, du valium, de la morphine et du midazolam utilisé en anesthésie.
36:01 Ces puissants sédatifs sont administrés pour déstresser les individus.
36:06 Ces drogues affaiblissent la volonté et la résistance des personnes lors des interrogatoires.
36:11 Quand on utilise le midazolam, au début, pour faciliter l'obtention de ces renseignements, éventuellement faciliter l'écriture des lettres, c'est vivant qu'on veut.
36:25 On s'est entouré de toutes les précautions pour que l'utilisation du produit n'entraîne pas d'effet indésirable.
36:31 Non seulement c'est le fait d'un professionnel, mais je serais tenté de dire, pas du point de vue moral mais du point de vue technique, un bon professionnel.
36:40 Pourtant, le scénario initial ne se déroule pas tout à fait comme prévu.
36:44 L'architecte Ojima oppose plus de résistance à ses kidnappeurs.
36:48 Carole est déstabilisée.
36:50 Ce qui passe par la tête de ces gens-là, ce ne sont pas des gens tout à fait stables sur le plan psychologique.
36:58 Donc ça peut varier d'un moment à l'autre leur idée.
37:02 Et puis peut-être l'idée, ce n'était pas de le garder longtemps.
37:05 Comme Ojima est séquestré depuis plus de deux jours, le garder trop longtemps en captivité pose un vrai problème.
37:10 Le 14 mars, Carole est dans une impasse.
37:13 Il doit agir.
37:15 La mise à mort n'était pas tout à fait prévue au départ.
37:18 À quel moment se cristallise la volonté homicide ?
37:22 Parfois, elle est antérieure à la séquestration, mais le sujet ne l'avoue pas.
37:27 Et parfois, c'est la mécanique de la séquestration qui, au fond, dérive, glisse vers l'homicide.
37:37 Tout bascule dans la mesure où Ojima était un homme riche auparavant, mais il n'est plus ce qu'il était.
37:45 Il ne peut pas disposer d'une somme énorme tout de suite.
37:48 Alors, il dit, je suis disposé à payer, mais donnez-moi du temps, je vais payer par mois.
37:54 Carole sait que s'il relâche son prisonnier, il risque d'être dénoncé à la police.
37:58 Carole est face à un dilemme.
38:00 Conscient d'être engagé dans un processus fatal, il bascule dans le passage à l'acte.
38:05 Il y a du dépit dans ce geste-là.
38:08 Il est en train d'échouer dans son entreprise, Carole.
38:11 Et ce moment-là, le moment du crime n'apporte rien à son affaire.
38:16 Il n'a pas touché d'argent. Il est en panne dans son processus.
38:21 Au moment de l'échec, c'est foutu. Il n'y aura rien. On ne peut rien en tirer. On le tue.
38:29 On change de type de professionnel toute la partie cathéter, scope, ampoule.
38:38 C'est du professionnel de santé.
38:41 La partie balle dans la nuque, ça n'est plus un professionnel de santé.
38:48 La balle pénètre dans le crâne et provoque une hémorragie du bulbeur achidien.
38:52 A cet instant, cliniquement, Ojima est mort, mais il présente encore des signes extérieurs de vie.
38:58 Carole se munit d'une corde.
39:00 Il pouvait y avoir l'apparence encore de mouvements respiratoires
39:05 qu'on a pu faire facilement cesser par une strangulation.
39:11 Mais la mort n'est pas secondaire à la strangulation.
39:15 Elle a simplement arrêté les signes apparents de vie.
39:21 À ce stade, les enquêteurs ont interpellé les principaux complices du meurtre.
39:25 Ils ont trouvé la scène de crime.
39:27 Ils ont déterminé les causes de la mort de l'architecte, mais n'ont toujours pas saisi l'arme du crime.
39:32 Carole, le meurtrier présumé, s'en est débarrassée dans un égoût.
39:36 Mais il coopère et dessine un schéma de son arme.
39:39 C'est un stylo pistolet, une sorte de fusée d'alarme que l'on peut transformer en arme à feu.
39:44 Il suffit d'ajouter un canon et le gadget devient un engin mortel.
39:48 Ce stylo est très pratique, regardez.
39:50 On se le met ici dans la poche, très discret, et c'est une arme qui peut tirer du 22 long rifle.
39:56 C'est ce qu'utilisaient les agents du service secret israélien à une certaine époque pour assassiner leurs opposants en Europe.
40:02 Alors, pour armer cette arme, il suffit...
40:06 Bon, tout à l'heure on l'a chargée.
40:08 Il suffit maintenant de positionner ce levier ici, et l'arme ici est prête au tir.
40:14 Il suffit maintenant de lever ce petit loquet et le coupard.
40:17 Démonstration.
40:23 En professionnel, Carole n'a pas choisi son arme par hasard.
40:27 Il sait qu'avec un stylo pistolet, le bruit s'entendra moins de l'extérieur.
40:32 Et il sait surtout que ce genre d'arme laisse peu de traces.
40:36 La balle va rester dans le crâne de la victime, évitant ainsi toute projection de sang et de matière grise.
40:41 L'endroit où ça a été fait a donné une mort instantanée et sans bavure.
40:48 La personne qui l'a fait, je ne dis pas qu'elle l'a déjà fait, mais elle l'a appris que quelqu'un d'autre qui savait le faire.
40:54 Reste à déterminer l'angle exact et la distance du tir.
40:58 Au premier coup d'œil, l'expert est formel.
41:00 S'il y a une collerette de traces de poudre sur la peau de la victime, c'est qu'elle a été exécutée à bout portant.
41:06 À bout portant, du 22 long rifle, ça peut faire autant de dégâts que du gros calibre et ça salit moins.
41:11 Donc là, on peut penser que le tireur était relativement proche, mais pas collé à la victime,
41:15 puisqu'on n'a pas ces marques cathéistiques que l'on retrouve sur un tir à très courte distance.
41:20 Le tueur ne veut pas de projection de sang sur le sol.
41:23 Il doit donc évaluer la bonne distance pour atteindre sa cible sans que la balle ne ressorte.
41:28 Cette fois, l'expert détermine la trajectoire.
41:31 Là, on a un exemple sur une planche en bois.
41:33 Un tir avec une arme comme celle-ci à 5 centimètres provoque un trou bien rond qui traverse complètement cette planche de bois qui fait 18 millimètres d'épaisseur.
41:42 Vous voyez, et autour de l'orifice d'entrée, on voit une auréole de suie qui est assez marquée.
41:49 À 60 centimètres, qui est une distance bien plus importante, le projectile a basculé.
41:53 Ayant basculé, il a une capacité d'épatration qui sera moindre et qui ne permettra pas de traverser la planche de 18 millimètres.
42:00 Mais vous voyez néanmoins que la planche est très abîmée et ça reste suffisant pour tuer quelqu'un, bien entendu, en cas de tir à la tête.
42:05 D'après le dossier d'instruction, l'architecte Ojima a été enlevé le 9 mars.
42:10 Il a été séquestré pendant deux jours avant d'être exécuté le troisième jour de sa détention.
42:15 La mort a été rapide, il n'y a pas eu de projection de sang.
42:18 Mais à cet instant, le malfaiteur panique, il doit se débarrasser du corps.
42:23 Sa préparation, elle va être moins précise que s'il avait eu le temps de concocter son plan.
42:29 C'est vrai que le corps est un problème pour le criminel.
42:32 Sans débarrasser et faire disparaître des indices, il ne faut pas non plus se faire prendre.
42:37 Dans la précipitation, le tueur laisse la dépouille de monsieur Ojima étendue sur la table chirurgicale.
42:42 Mais un corps devient rigide au bout de deux heures et donc impossible à plier.
42:46 Le tueur est obligé d'attendre au moins 24 heures avant de pouvoir le sangler et l'introduire dans le congélateur.
42:52 Simplement, le criminel s'est trouvé avec un corps dont il ne savait pas quoi faire.
42:56 Et en attendant de trouver une solution, on l'a mis au congélateur.
43:00 L'architecte Ojima a été séquestré deux jours, exécuté, puis placé dans ce congélateur cinq jours après son enlèvement.
43:07 Sur la scène de crime, les enquêteurs découvrent sa dépouille dix jours après son kidnapping dans ce pavillon à Nanterre.
43:14 Le 21 mars, deux jours après la macabre découverte, le cerveau, sa concubine japonaise et la part de l'organisation sont tous mis en examen.
43:22 La police doit pister les deux derniers complices, un chauffeur et un infirmier.
43:27 Les policiers de la 6e DPJ à l'époque ont rapidement tiré les fils et qui leur ont permis de remonter à ses complices présumés.
43:36 Nous mettons en œuvre plusieurs investigations.
43:40 À l'époque, on n'avait pas bien l'habitude de repérer les portables.
43:44 Donc les gens du milieu ne savaient pas qu'on pouvait suivre pas à pas où ils étaient avec les bornes de téléphone.
43:54 Donc pour le téléphone on a l'adresse, pour l'adresse on a les individus, pour les fichiers on permet de conduire carte grise dans les voitures, on a le son producteur.
44:05 Faut se resituer, maintenant c'est devenu d'une telle banalité que tout le monde fait attention à son portable, particulièrement les délinquants.
44:17 Mais à l'époque c'était nouveau, donc ils se sont fait piéger, il y a toujours, la police a quand même quelquefois un peu d'avance technologique permettant de découvrir les criminels.
44:30 Tous les complices de l'affaire Ojima sont désormais sous les verrous.
44:34 Carole est le seul inculpé d'homicide volontaire avec préméditation.
44:38 Les quatre autres complices doivent répondre d'enlèvement avec séquestration ayant entraîné la mort.
44:43 Mais neuf jours après le coup de filet, nouveau rebondissement.
44:47 Dans une lettre de désespoir, mademoiselle Umeda, la concubine, clame son innocence et annonce son suicide.
44:54 Elle comprend qu'elle est à la fin du parcours.
44:58 Elle dit dans la lettre, c'est une humiliation insupportable que de s'être fait piéger, c'est insupportable donc je vais le tuer.
45:07 Au Japon le suicide est beaucoup plus un moyen de laver son honneur.
45:11 On a bien sûr tout le monde en mémoire les histoires de samouraïs qui se suicident lorsque leur maître est mort.
45:20 Ou pour laver leur honneur les samouraïs se suicidaient.
45:24 Et c'est vrai qu'être condamné par un tribunal au Japon c'est une chose très grave pour la famille, pour soi-même bien sûr, mais aussi pour la famille.
45:33 Et que le suicide peut être effectivement une solution.
45:35 C'est quelqu'un qui était très très malade.
45:37 Je crois qu'elle a eu trois opérations pour un cancer de l'utérus et elle a souffert le martyr.
45:41 C'est quelqu'un qui était au bout du rouleau, qui avait perdu son père, qui a eu des problèmes de garde de séjour, etc.
45:47 Quelqu'un qui était au bout du rouleau, a priori, qui n'avait qu'un souhait, c'était en gros de venger son honneur ou de récupérer son argent et de disparaître.
45:58 Un mois plus tard, nouveau coup de théâtre.
46:01 Cette fois à la prison de Fleury-Mérogis.
46:03 Le 9 août 1998, Carole, surnommée le Samouraï Blanc, se donne la mort et emporte ses secrets.
46:10 Le criminel pense toujours s'en tirer, qu'il ne va pas être pris.
46:13 Donc il y a une chape de plomb qui leur retombe dessus et tout d'un coup, comme ils disent, j'ai joué, j'ai perdu, hop.
46:23 À ses proches, il annonce même la date de son suicide.
46:26 Comme il l'avait annoncé un peu plus tôt dans une lettre, le cerveau de l'enlèvement met ses menaces à exécution.
46:32 Il se pend dans sa cellule.
46:34 Il l'a fait un mois plus tard, curieusement avec un lacet neuf.
46:39 On veut savoir comment on se procure un lacet neuf quand on est en prison.
46:43 Mais il avait clairement annoncé à des avocats, voire à la juge et aux policiers.
46:49 Lors de sa dernière audition auprès de l'autre cabinet du juge, il lui fait un baisse-main et lui dit, en quelque sorte, c'est la dernière fois qu'on me voyait.
46:59 Il est fait pour la vie, il est fait pour circuler, même dans l'instabilité.
47:03 Et donc, il y a un moment où le jeu de la vie ne l'intéresse plus.
47:08 Il dit qu'il n'a jamais trouvé sa place dans cette société et que sa vie était un échec.
47:15 Et qu'il voulait sortir par le haut en se donnant lui-même la mort, qu'il n'était pas le genre à couper en prison pendant 20 ans.
47:21 C'était pas lui.
47:24 Ces deux suicides marquent un coup d'arrêt dans la manifestation de la vérité.
47:28 Le meurtrier de l'affaire Ojima et sa concubine préfère la mort plutôt que d'affronter les tribunaux.
47:33 Ces personnes se sont portées beaucoup trop rapidement.
47:36 On pense que ces personnes auraient dû s'expliquer, au moins devant un tribunal, pour expliquer, pour dire leur motivation.
47:43 Pour dire pourquoi elles ont agi ainsi.
47:46 Pour au moins nous éclairer.
47:49 Donc il y a beaucoup de parodomes dans cette affaire.
47:51 Est-ce qu'il a agi en samouaï ? Est-ce qu'il a voulu uniquement venger, comme il le dit, l'honneur de la famille Umeda ?
47:58 Ou est-ce que ce n'était pas crapuleux ? Est-ce qu'il n'a pas voulu simplement avoir beaucoup d'argent ?
48:03 La malédiction s'acharne.
48:05 Nakamura, celui qui avait servi d'appât pour l'enlèvement, connaît à son tour un sort tragique.
48:10 Remis en liberté provisoire, la police retrouve son cadavre, criblé de deux balles dans le crâne, en Seine-et-Marne.
48:16 Il avait sa liberté, il est tué, il avait sur lui une fonte d'argent qui n'a pas été volé.
48:23 Le vol n'était pas le motif des faits.
48:27 Donc il s'agissait bien de règlements de comptes.
48:31 Une mort suspecte qui s'ajoute au dosuicide.
48:34 Pourtant l'affaire sera classée et ne sera pas jointe au dossier Ojima.
48:38 A quelques jours de l'ouverture du procès, seuls les deux derniers protagonistes comparaîtront en première instance devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine.
48:45 Nakamura n'a pas, il est exécuté de deux balles.
48:49 Carole, le metteur en scène, il s'est suicidé parce que Umeda est morte.
48:56 Donc tout le monde est mort, il ne reste plus que le chauffeur et l'anesthésiste.
49:01 Mais c'est un théâtre d'ombre.
49:03 Il manque presque tout le monde.
49:06 C'est un procès qui pourrait avoir l'air tronqué quelque part.
49:10 Effectivement il était plus que bancal puisqu'il n'y avait que deux personnages qui comparaissaient et qui avaient des rôles a priori annexes.
49:17 Ces gens-là n'allaient pas faire du zèle en racontant des choses qui pouvaient aggraver leur cas.
49:23 Ils en sont restés à leur rôle de complices pour leurs vieux potes qui les avaient sollicités.
49:31 Donc ils sont là et les faits ne sont pas discutables.
49:35 Malgré le portable, le chauffeur niera jusqu'au bout.
49:40 Mais c'est de l'attitude de professionnel, il faut toujours nier.
49:45 L'anesthésiste, lui, il est obligé de reconnaître alors il va essayer d'endormir son monde.
49:51 C'est un anesthésiste.
49:53 Dans le box des accusés, le chauffeur M.M. et l'anesthésiste M.Z. jouent les seconds rôles.
49:58 Mais en niant tous les faits, leur stratégie n'est pas payante.
50:02 Forcément, quand il n'y a plus que les complices, les complices sont avec les projecteurs sur eux.
50:11 Et que ça naturellement augmente la peine.
50:16 C'est quand même des délinquants, c'est quand même des gens qui ont choisi de vivre malhonnêtement.
50:23 Et donc ça, ça va apparaître.
50:25 C'est pas compliqué, on arrive aux choses simples à un moment dans la vie.
50:29 Et quand on n'est pas capable de faire des pas francs et sincères devant un jury populaire, on en paye le prix.
50:36 Deux ans après la découverte du cadavre de l'architecte Ojima dans un congélateur, le procès s'ouvre en décembre 2000.
50:43 Un procès spectaculaire.
50:46 C'est pas tous les jours qu'il y a des enlèvements qui se terminent dans une salle de torture, dans un sous-sol d'un pavillon de banlieue.
50:52 Avec des morts en cascade, des suicides en prison.
50:58 Et au bout du compte, plus de questions que de réponses dans cette histoire.
51:03 Aux assises, les jurés condamnent.
51:06 Les peines sont exemplaires.
51:08 Le chauffeur est condamné à 10 ans de prison et l'infirmier anesthésiste à 18 ans de réclusion criminelle.
51:14 En deuxième instance, devant la cour d'assises d'appel des Yvelines, les peines seront ramenées à 9 ans et 15 ans d'emprisonnement.
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52:02 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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