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Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, il célèbre les 57 ans de la sortie de "La Grande Vadrouille" avec le mythique duo De Funès et Bourvil.

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00:00 12h, 13h, Pascal Praud et vous.
00:03 Pascal Praud et vous, la suite sur Europe 1 et vous, au standard au 01.80.29.21.
00:08 Évidemment, c'est pas des chaussures pour la marche que vous avez là.
00:13 Puisque vous me le proposez si gentiment, j'accepte.
00:16 Quoi ?
00:17 Que vous me prêtiez vos souliers.
00:18 Bah, vous chancez du combien ?
00:20 J'ai du comme vous.
00:21 Ah bon ?
00:22 Ah, c'est trop bien.
00:29 Ah, bah là ça va mieux.
00:31 Des scènes qu'on a entendues 10 000 fois peut-être.
00:38 Et on rit toujours, mais on ne fait pas que rire.
00:41 Il y a également beaucoup d'émotions parce que ces gens-là ne sont plus là.
00:43 Vous avez reconnu les voix de Bourville et de Louis de Finesse.
00:47 C'était le 8 décembre 1966, il y a 57 ans, sortait la grande vadrouille.
00:53 Et Daniel Thompson est avec nous.
00:54 Je la remercie grandement.
00:56 Bonjour Daniel Thompson.
00:57 Bonjour.
01:00 Je dis le rire, mais il n'y a pas que le rire justement.
01:03 Il y a autre chose.
01:04 Il y a un certain état d'esprit qui a parfois disparu.
01:08 Il y a une France qui était infiniment plus légère.
01:13 Et puis il y a ces deux grands comédiens avec lesquels on a tellement de souvenirs et de tendresse
01:19 qu'on est aussi émus, même dans une scène drôle comme on vient de l'entendre à l'instant, Daniel Thompson.
01:27 Vous savez ce qui est merveilleux,
01:29 d'ailleurs j'ai toujours envie de passer un coup de fil à mon père quand ce genre de dommages est rendu au film.
01:36 Et puis surtout quand le film repasse beaucoup à la télévision,
01:40 même quand il y a des projections dans des festivals ou dans des ciné-clubs
01:45 et où j'essaye d'aller le plus possible parce que c'est merveilleux de voir que ce film a traversé le temps
01:51 avec tellement d'amitié, tellement de joie et d'une certaine manière de reconnaissance des spectateurs.
01:58 C'est ça qui est merveilleux.
01:59 Les gens vous disent merci parce qu'ils ont passé un moment d'émotion et de rire mélangé.
02:06 Parce que c'est ça la clé, c'est l'émotion et le rire.
02:08 - Quel était votre rôle sur "La Grande Vadrouille", Daniel Thompson ?
02:12 - Écoutez, c'était un rôle merveilleux.
02:14 J'étais toute jeune à l'époque.
02:17 J'avais 23 ans quand j'ai participé à cette écriture qui a été vraiment le premier travail
02:24 pour lequel j'ai été rémunéré et crédité au générique.
02:28 Donc c'était incroyable d'être évidemment embarqué dans cette aventure par mon père.
02:32 Alors mon rôle, je pense qu'il a été vraiment un rôle du scénariste à part entière.
02:37 Bien qu'à l'époque, comme j'étais très très jeune et que j'étais sa fille,
02:40 personne n'a vraiment pensé que j'avais joué le moindre rôle.
02:43 Mais en fait, c'est une magnifique expérience de travail avec Marcel Julien et mon père.
02:49 C'est un trio que l'on a vécu ensemble pendant des mois pour construire cette histoire.
02:56 Voilà, notre grand grand trac, c'était d'imaginer qu'on pourrait éventuellement avoir autant de succès
03:04 que les films d'avant qui étaient le porno.
03:06 Et vous savez, ce fameux numéro 2 où on se dit "Oh là là, jamais on arrivera à égaler
03:12 tous les gens qui ont vécu comme ça des grandes aventures d'adhésion avec le public".
03:19 La grande angoisse c'est "Qu'est-ce qui va se passer après ?"
03:22 C'était "La Grande Vadrouille" le deuxième et ça a été évidemment largement, largement
03:26 encore plus de succès que le corneo.
03:29 - Alors évidemment, lorsqu'on voit le générique "Bourvil est mort", "Louis de Funès est mort",
03:33 "Marie Dubois est mort", "Colette Brosset est mort",
03:36 je crois que tous les comédiens sont décédés, "Mike Markshall est mort",
03:41 "Guy Grosso est mort", tous ces gens qui sont au générique.
03:47 Vous étiez très jeune à l'époque, une des survivantes, donc forcément,
03:51 lorsque vous voyez ce film, ça déclenche ce temps qui passe, Daniel Thomson.
03:57 - Ben oui, c'est vrai que ça ne me rajeunit pas, mais bon, j'ai la chance en effet d'avoir été
04:05 probablement la Benjamin de tout ce groupe de merveilleux artistes.
04:10 Et donc, c'est vrai que je dois dire que je n'aime pas trop y penser comme ça,
04:16 parce qu'en fait, ce qui est merveilleux, c'est que justement, il reste vivant
04:20 et que les gens continuent à les aimer, à les voir, à oublier qu'ils ne sont plus là
04:25 et à revivre des moments formidables avec eux.
04:28 Ça, c'est l'immense magie du cinéma.
04:31 Et écoutez, j'espère que je vais tenir le coup.
04:34 - Sur le travail de Louis de Funès, sur le travail par exemple de Louis de Funès,
04:38 il y a une scène qui est évidemment mythique, c'est lorsqu'il vient de faire jouer l'orchestre,
04:43 c'est de la bouillie tout ça, c'était pas mauvais, c'était très mauvais, etc.
04:47 C'est en une prise, c'est en deux prises, c'est toute une journée, comment ça se passe ?
04:52 - C'est plusieurs jours, c'est plusieurs jours.
04:54 D'abord, c'est beaucoup de travail pour Louis, qu'il ne faut pas l'oublier,
04:56 était musicien au départ, puisqu'il a beaucoup gagné sa vie en jouant du piano
05:00 dans les bars et dans les boîtes de nuit avant de réussir sa carrière d'acteur.
05:07 Donc il est musicien et c'est vrai qu'il était extrêmement ému de faire semblant de diriger cet orchestre,
05:15 mais en fait, il a pas mal répété avec eux et il n'a pas complètement fait semblant non plus.
05:22 Donc c'était pour lui une immense émotion et donc c'est bien sûr plusieurs prises.
05:27 - C'est plusieurs prises, et ça, est-ce que vous vous en souvenez ?
05:31 C'est sur une journée, deux journées ?
05:34 - Je crois que ça... Vous savez, évidemment, les films sont organisés,
05:39 les tournages sont organisés dans l'unité de lieu.
05:42 Donc ils ont eu l'opéra, ce qui a été évidemment miraculeux,
05:46 parce que mon père était très très génial dans les démarches.
05:51 Donc il était allé voir Malraux, qui était donc le ministre de la culture de l'époque,
05:55 pour avoir l'autorisation de filmer dans l'opéra et même sur le toit de l'opéra,
05:59 puisqu'on se souvient qu'en effet, le parachutiste Marc Marshall atterrit sur le toit de l'opéra.
06:04 Ce sont des choses qu'on n'obtient jamais.
06:07 Il y a très très peu de films, je pense, qui ont été tournés dans cette grande salle magnifique.
06:13 Et donc je crois que le tournage a dû durer quand même probablement une grande semaine dans l'opéra.
06:22 Et au milieu de ça, bien sûr, il y avait cette scène avec l'orchestre...
06:27 - Qui est une des célèbres, une des plus célèbres.
06:31 On va écouter Louis de Funès avec cette montée où il dit "c'était parfait messieurs, c'était parfait".
06:37 Et puis d'ailleurs, c'est presque passé dans le langage courant, cette scène.
06:41 Elle est dite parfois dans les entreprises.
06:43 - Merci messieurs, c'était très bien. C'était très bien !
06:52 - Vous, vous, vous, c'était bien là-bas. Vous c'était bien... Enfin c'est comme ça.
06:57 Dites-moi, vous, on ne vous a pas entendu, on ne vous entend jamais.
07:00 Vous n'arrêtez pas de bavarder, faites attention, faites très attention.
07:03 Écoutez, j'ai une conception personnelle de l'ouvrage. Ce n'est pas assez triomphale, ce n'est pas assez orgueilleux.
07:08 Le langage, bon sang !
07:10 Bon sang ! Enfin, c'est de la bouillie tout ça.
07:15 C'était pas mauvais, c'était très mauvais. Voilà, exactement. Alors reprenons.
07:18 On dissède. Hop !
07:21 - Quelle énergie, quel génie comique et puis quelle écriture aussi,
07:25 parce que c'est particulièrement bien écrit, cette scène, Daniel Thomson.
07:31 - C'est une époque où il y avait un mélange, enfin il y avait les scénaristes et les dialoguistes.
07:39 Et il y a des dialoguistes dont on parle très peu, qui sont les frères Tabé,
07:42 avec nos deux frères, qui étaient des dialoguistes célèbres à l'époque,
07:46 qui sont assez oubliés aujourd'hui, qui ont en fait repris le scénario que nous avions écrit,
07:51 avec certains dialogues, et qui ont participé grandement à l'écriture des dialogues de la Grande Vadrouille.
07:59 Et je le souligne parce qu'on en parle peu, mais que c'était une époque, vous savez,
08:03 où il y avait par exemple des gens comme Audiard, qui écrivait les dialogues de films,
08:08 les uns après les autres, qui a dû en écrire quelquefois 20 ou 30 dans l'année,
08:12 parce que ça n'était que le dialogue. Et je crois que ce dialogue est des frères Tabé.
08:16 - Est-ce qu'il y a des rushs qui ont été inexploités ? Est-ce qu'il y a des scènes qui ont été coupées,
08:22 qu'on pourrait, pourquoi pas, ressortir ? J'imagine c'est vous qui avez accès à tout cela, qui avez gardé tout cela ?
08:29 - Ben ça n'a jamais été gardé, ces choses-là, les rushs de l'époque, vous savez, c'était ces grandes bobines de pellicules,
08:36 c'est plus du tout du tout, évidemment, c'est plus du tout comme ça aujourd'hui.
08:39 Mais on n'a pas gardé ces choses-là. Je sais qu'il y a une scène qui a été gardée, qui a été tournée,
08:44 de Corandio, qui existe encore aujourd'hui, et je crois qu'on peut voir sur le site de l'INA.
08:50 Mais la grande vadrouille, non, il ne reste rien qui a été coupé.
08:55 Mais je pense qu'il y a eu évidemment un montage extrêmement, extrêmement soigné.
09:01 Il y a eu des petites coupes, mais dans l'ensemble, il n'y a pas eu une grande scène de coupée.
09:07 Il y a eu au contraire des scènes rajoutées.
09:10 Je me souviens que mon père, au milieu du tournage, a eu la sensation qu'il fallait justement une scène d'émotion,
09:16 qu'on avait besoin d'un moment de calme, et il a écrit, lui tout seul, il était en tournage en province, en Bourgogne,
09:27 et il a écrit cette fameuse scène de découragement, où tout à coup, ils sont tous les deux assis,
09:32 et il dit "je ne regretterai pas la petite fille du guignol".
09:37 Cette scène est très jolie, et c'est un moment comme ça qui a été créé par lui au moment du tournage.
09:43 - On marque une pause, vous restez quelques secondes encore avec nous, Daniel Thomson.
09:47 C'est aujourd'hui l'anniversaire de la grande vadrouille, pendant le Covid d'ailleurs, c'était intéressant,
09:51 parce qu'il y avait beaucoup de films qui étaient diffusés par France Télévisions, des films dits patrimoniaux.
09:56 Et les Français étaient devant leur téléviseur tous les après-midi, et la grande vadrouille,
10:00 mais pas que la grande vadrouille, mais beaucoup de ces films-là, évidemment, on pourrait citer Rabi Jacob, Le Corneau.
10:05 On avait fait un malheur, tous ces films, et notamment de Louis de Funès, qui est dans le patrimoine français.
10:11 Et ce qui est terrible pour Louis de Funès, je ne sais pas comment il vivait à l'époque,
10:14 mais il a été mais oni par la critique, il a été insulté par la critique.
10:19 Et aujourd'hui, tout le monde s'accorde à dire que c'était un génie.
10:22 Il est 12h15, à tout de suite.
10:23 - Et vous écoutez Pascal Praud de 11h à 13h sur Europe 1.
10:25 - Europe 1.
10:27 - Pascal Praud et vous.
10:29 - Vous écoutez Pascal Praud sur Europe 1.
10:32 - Ce qui est extraordinaire, c'est que moi je suis de 64,
10:51 donc je n'ai pas vu le film à sa sortie, il est sorti en 66,
10:54 et j'ai dû voir le film la première fois à la télévision, j'avais 9 ans, 10 ans,
10:59 j'avais 74 ou 75, et je me souviens encore des soirées,
11:05 mais comme tout à chacun, c'est la France qui a vu ce film 5 fois, 10 fois, 15 fois,
11:09 et puis après on le revoit avec ses enfants, et puis on le revoit pourquoi pas avec ses petits-enfants,
11:14 c'est ça qui est extraordinaire.
11:15 D'ailleurs, de Funès, Daniel Thompson, tout le monde ne passe pas la postérité.
11:20 Par exemple, Fernand Hell, curieusement, est moins présent aujourd'hui.
11:24 Peut-être est-ce parce qu'il a fait des films en noir et blanc, je n'en sais rien,
11:27 mais il est moins présent.
11:28 Bourvil est assez présent, certes, mais de Funès, c'est, j'ai envie de dire, omniprésent,
11:34 c'est-à-dire que pour la jeune génération, pour un enfant de 5 ans, 10 ans, de Funès, il le fait rire.
11:41 Et je disais tout à l'heure, il était, je ne sais pas comment il vivait ça,
11:45 parce que vous étiez assez proche de lui, j'avais vu un film où à Saint-Tropez,
11:48 il passait des vacances avec vous, il était très proche de votre famille.
11:52 Comment vivait-il ça, cette non-reconnaissance de l'intelligentsia ?
11:58 - Vous savez, je crois qu'il y a un mélange de sagesse et d'amour du métier qui nous sauve de ça,
12:07 mais en même temps, il y était sensible et il a été très sensibilisé tout de même,
12:13 en effet, par ce désamour de l'intelligentsia, de toute manière.
12:18 Mon père aussi, c'est un petit peu les mêmes histoires.
12:21 Ce sont des gens qui ont eu un succès tellement énorme et tellement merveilleux
12:26 qu'il les a rendus très très très heureux et qui est arrivé d'ailleurs pour l'un et pour l'autre
12:29 un petit peu tard dans leur vie professionnelle, puisque c'était bien au-delà de la quarantaine,
12:33 pour l'un et pour l'autre, et donc ils étaient amis depuis longtemps,
12:37 ils se connaissaient justement, ils avaient partagé,
12:39 ils faisaient ce qu'on appelait des panouilles ensemble dans des pièces de théâtre,
12:42 des films dans leur jeunesse, donc ils s'étaient côtoyés beaucoup,
12:46 même si Louis était un peu plus âgé que mon père.
12:48 Mais oui, ce sont des choses qui font du mal et d'ailleurs, il y a cet épisode
12:55 qui nous avait beaucoup marqué au moment du tournage.
12:59 Alors là, c'était pendant les aventures de Ravi Jacob,
13:01 où vous savez, il y a cette fameuse scène des grimaces dont tout le monde se souvient.
13:05 - Bien sûr. - Évidemment, avec Slimane,
13:09 et pour attirer l'attention des CRS, et donc ce matin-là,
13:13 il y a eu un véritable clash entre Louis et mon père, parce qu'il avait lu le matin même
13:19 des critiques sur un autre film qui venait de sortir, qui était je ne sais plus lequel,
13:24 dans lequel on disait "Louis Le Funès grimaçant comme d'habitude",
13:28 et donc il a dit "je ne ferai pas de grimaces", évidemment là,
13:31 ce n'étaient pas des grimaces gratuites, c'était des grimaces qui changeaient
13:35 le destin de ces gens et du scénario, et donc ça a été très compliqué,
13:40 parce que là, il y a eu un braquage, et un braquage qui venait vraiment d'une douleur.
13:44 Donc oui, certainement, on ne peut pas nier que c'est perturbant
13:50 pour les artistes de se faire traîner dans la boue, c'est sûr.
13:52 - Et on se dit comment n'ont-ils pas reconnu, vu ce génie de comédien
13:58 et qui était de Funès, qui est tellement hors norme,
14:02 comment est-ce possible de passer à côté d'un tel génie comique ?
14:06 C'est une question sans réponse.
14:08 - C'est très étonnant, mon père et Louis avaient une entente extraordinaire,
14:15 parce que justement, mon père était quelqu'un qui avait déflé chez Louis très tôt,
14:20 cette puissance comique incroyable, et une des clés de leur entente,
14:26 c'est que mon père se mordait les mains pour ne pas rire pendant les prises,
14:32 tellement il était client de cette folie,
14:35 et puis il y avait cette grande connaissance l'un de l'autre,
14:39 et mon père le poussait, le poussait, le poussait,
14:42 il y avait quelquefois 14, 15, 16, 17, 20 brises,
14:45 parce qu'il savait que plus ça allait, plus Louis s'échauffait,
14:51 et devenait de plus en plus génial.
14:52 - Et on rappelle que Gérard Horry, avant d'être réalisateur,
14:54 était comédien, ce qui facilitait les choses,
14:56 et vous aussi qui êtes au contact des comédiens,
15:00 ce sont tellement des animaux particuliers les comédiens, Daniel Thompson !
15:04 - Ce sont des animaux merveilleux, moi j'adore les comédiens,
15:07 j'ai été élevé par des comédiens, j'ai vécu toute ma vie dans cette atmosphère,
15:11 et j'admire énormément leur talent, leur fragilité,
15:15 leur envie de toujours faire mieux,
15:19 on ne se rend pas compte à quel point c'est un métier d'humilité,
15:24 les comédiens sont toujours en attente de faire mieux,
15:30 de ce qui se reflète dans l'œil du metteur en scène,
15:35 c'est une relation qui est très très belle.
15:38 - Et puis c'est vrai qu'il faut sans doute les aimer,
15:43 et sans doute pour qu'ils donnent le mieux,
15:49 ce qu'il y a de plus intense, de plus émouvant,
15:51 il faut les mettre dans les meilleures conditions,
15:53 ce que vous savez faire vous, également,
15:55 parce que vous réalisez, et vous êtes toujours dans vos films,
15:59 sur un fil entre l'émotion et la drôlerie,
16:03 je pense à des films comme La Boum qui est repassée hier soir,
16:05 et on voit encore cette émotion parfois,
16:08 c'est très surprenant La Boum, les gens pleurent en regardant La Boum,
16:11 c'est quand même très très étrange Daniel Codson,
16:13 parce que ça a priori ce n'est pas un film,
16:15 mais les gens pleurent, mais vous savez,
16:17 cette émotion qui nous fait pleurer,
16:19 cette scène extraordinaire,
16:21 quand Sophie Marceau se met en colère,
16:24 et que sa mère lui dit,
16:26 Claude Brasseur interroge,
16:28 qu'est-ce qu'elle a, 13 ans ?
16:29 Bon, ça d'abord c'est une écriture formidable,
16:31 je ne sais pas si c'est vous qui avez écrit ces deux phrases,
16:34 mais c'est tellement exceptionnel,
16:36 c'est tellement exceptionnel cette scène,
16:38 et elle passe, elle est intemporelle Daniel Codson.
16:42 - J'étais en train de vivre ça avec ma propre fille,
16:45 le film lui doit beaucoup,
16:47 parce que j'observais cet enfant,
16:50 qui voulait se conduire comme une adulte,
16:53 et ça m'avait effectivement pris de court,
16:56 parce que j'imaginais que tous ces problèmes-là,
16:59 allaient arriver quand elle allait avoir 16-17 ans,
17:01 comme à mon époque à moi,
17:03 et puis en fait, les choses avaient bien marché,
17:06 beaucoup plus vite que je l'imaginais,
17:08 dans l'attitude des enfants,
17:11 et c'est ces enfants qui tout à coup,
17:14 revendiquaient une vie d'adolescent,
17:17 qui ne l'était pas encore, parce qu'ils avaient 12 ans,
17:20 donc la boule, on parle souvent d'adolescent,
17:24 mais c'est encore des enfants,
17:26 c'est ça qui est l'originalité du film,
17:29 et puis je pense que même si les choses ont changé,
17:33 même si à l'époque il n'y avait pas de portable,
17:35 et de réseaux sociaux,
17:37 les sentiments quand même...
17:39 - Exactement, et moi je me suis laissé prendre,
17:41 parce que je zappais hier soir, comme tout le monde,
17:43 c'était sur TFX, et j'ai dû rester un petit quart d'heure,
17:45 j'ai vu la scène de la main jaune,
17:47 avec Claude Brasseur qui descend,
17:51 - Et c'est là aussi où vous parlez des comédiens,
17:53 l'injustice forcément de ce métier,
17:55 parce que le charme de Sophie Marceau,
17:57 la présence de Sophie Marceau,
17:59 le naturel de Sophie Marceau,
18:01 la beauté de Sophie Marceau,
18:03 et l'émotion qu'elle dégage,
18:05 je regardais ça hier soir à la 13h30 à l'époque,
18:07 c'est terrible l'injustice,
18:09 parce que c'est elle, c'est Vic,
18:11 et elle est là, c'est Vic, d'ailleurs même pour elle,
18:13 c'est difficile parce qu'elle aura traversé toute sa vie de comédienne,
18:17 avec cette étiquette de Vic Béréton, Daniel Tonson.
18:21 - Oui mais enfin elle a été quand même,
18:23 il y a eu ce miracle de la sortie du film,
18:27 qui est sorti dans un tout petit, petit,
18:29 très peu de monde le premier jour,
18:32 et puis tout petit peu plus de monde le deuxième jour,
18:35 et puis tout à coup une incroyable augmentation de public,
18:40 le vendredi, le samedi, le dimanche, ça s'est emballé,
18:43 et ça a été un moment absolument magnifique pour nous tous,
18:47 et puis pour elle, elle a été,
18:49 c'est vrai pour une gamine de 13 ans,
18:52 parce qu'elle a eu juste 13 ans après le tournage,
18:55 et elle a été embarquée dans cette aventure,
18:58 mais elle a été, enfin les gens l'ont adorée très très vite,
19:02 alors elle a, il y a un autre prix à payer là-dessus,
19:05 parce que ça c'est évidemment toutes les histoires de la célébrité,
19:08 du fait que tout à coup on est marqué par quelque chose.
19:11 - On avait tous envie d'être le fiancé de Sophie Marceau,
19:13 parce que moi quand c'est sorti en 1980, j'avais 16 ans,
19:16 parce que tous ces films nous renvoient à nos propres vies,
19:18 on se souvient où on était, avec notre petite amie peut-être,
19:21 où on l'a vu au cinéma, et puis Sophie Marceau était "Blue Island",
19:24 donc c'est vrai qu'elle aura traversé,
19:27 c'est aussi le charme des comédiens,
19:30 de traverser la vie avec les spectateurs.
19:33 Merci en tout cas Daniel Thomson, parce que c'est toujours un bonheur.
19:36 - Ce qui me fait plaisir c'est que ce sont des souvenirs de jeunesse,
19:40 de beaucoup de générations, c'est ça qui m'étonne,
19:43 parce qu'on aurait pu penser que c'est la génération des gens
19:45 qui ont aujourd'hui finalement 60 ans,
19:48 et en fait non, c'est ça qui est merveilleux,
19:51 c'est que les générations se succèdent et ça recrée des souvenirs
19:54 pour les uns et les autres, donc ça me rend très heureux.
19:57 - Merci beaucoup, parce que c'est un plaisir d'être avec vous
20:00 et d'échanger avec vous sur ce merveilleux métier du cinéma,
20:03 et puis le talent que vous avez, les films que vous avez réalisés.
20:06 Merci grandement vraiment Daniel Thomson.
20:09 Bon Noël, j'imagine qu'on verra "La Bûche",
20:12 puisque traditionnellement "La Bûche" est programmé,
20:15 également avec Christopher Thompson d'ailleurs,
20:18 votre fils avec Charlotte Gainsbourg.
20:21 C'est un film là aussi merveilleux avec des séquences
20:24 lorsque les personnages racontent leur Noël,
20:27 et il y a notamment Claude Riche qui raconte
20:30 lorsqu'il était enfant, qu'il recevait des cadeaux.
20:33 Je trouve que c'est un film très réussi et très émouvant aussi,
20:36 "La Bûche", et qu'il y a des scènes dont on se souvient
20:39 et qu'on aura plaisir à revoir. Merci Daniel Thomson.
20:42 - Merci à vous Pascal, merci. - Merci les 12h28.
20:45 La pause, à tout de suite.
20:48 Pour réagir et donner votre avis sur Europe 1,
20:51 rendez-vous sur la page Facebook de Pascal Proévou.

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