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A l’occasion de la 8e édition de Future of Finance, Stéphane Soumier évoque avec des représentants des grandes directions financières, leurs enjeux de transformation. Panorama des tendances et des innovations, tout ce qu’il faut savoir pour accélérer la digitalisation de la fonction finance est dans Future of Finance.

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Transcription
00:00 Future Finance, l'édition Make the First Move dédiée à la transformation de la finance d'entreprise, vous est présentée par Lozam.
00:08 [Musique]
00:17 Salut à tous ! Modernisation de la fonction finance.
00:19 Et alors, pardon pour le terme de jargon, mais vous travaillez dans la finance, je pense que ça ne va pas vous surprendre.
00:26 On va parler de décillotage finalement avec Ludovic Delcloix. Bonjour Ludovic !
00:31 Bonjour Stéphane !
00:31 Tu es le patron de la finance et de la performance, c'est ça ?
00:35 Exactement !
00:35 Pour le groupe Auchan, donc ?
00:37 Pour le groupe Auchan, 14 pays, 32 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 160 000 personnes, oui.
00:42 Et dans décillo ?
00:44 Alors, je suis arrivé dans ce groupe il y a un peu plus de 4 ans pour m'occuper de la fonction production de l'ensemble de l'information financière
00:51 avec un passé de groupe du CAC 40. Et donc, j'ai découvert effectivement une fonction qui était très silotée avec d'un côté une finance.
00:59 Alors, une finance avec ce qu'on appelle la consolidation. Donc, c'est des gens qui sont un peu dans une tour d'ivoire
01:03 et qui produisent des chiffres mais sans savoir exactement de quoi ils parlent. Et puis à côté de ça, une performance…
01:09 Conso, sans savoir de quoi ils parlent. Ah oui, sans avoir de… Tu me fais peur là, parce que la conso quand même, ils savent de quoi ils parlent.
01:15 C'est la relation avec le business qui manque, c'est ça ?
01:17 Exactement, ils savent exactement de quoi ils parlent. Ils ont une technicité très forte, mais ils n'ont aucune sensibilité business.
01:25 Et à côté de ça, une performance qui était plutôt le point fort de chez Auchan avec une vision assez dynamique des résultats mensuels, etc.
01:34 Mais avec une manière de compter différente, c'est-à-dire des P&L éco, etc. Donc, qui ne correspondait pas à ce qui était consolidé périodiquement.
01:43 Donc, c'est un peu problématique. Et un troisième service qui était le plan. Alors le plan, c'était une sphère qui produisait de très beaux pavés,
01:50 de 500 pages que personne ne lisait avec de très beaux graphiques qui montraient une croissance de 3-4% chaque année, mais finalement,
01:57 il ne servait pas à grand-chose. Oui, voilà. Et puis, croissance qui ne se réalisait pas. C'est surprenant Ludovic, parce que, évidemment,
02:02 chacun le sait, Auchan est une entreprise familiale. On voit beaucoup ce silottage que tu viens de décrire dans des groupes cotés
02:10 parce que tu as une obligation de reporting et de communication au marché qui est souvent, il faut bien se le dire, totalement artificielle.
02:15 Enfin, tu l'as peut-être vécu, toi, dans le groupe du CAC 40 dans lequel tu avais travaillé. Qu'est-ce qu'il y a ? Juste, on ne va pas me dire,
02:21 mais qu'est-ce qui crée ces strats à un moment et qui fait que la finance s'enquilose ? C'est un peu ce que tu décris.
02:27 Exactement. Alors, ce qui crée ces strats, c'est un regard porté uniquement sur la vision P&L, donc le chiffre, la top line et puis le chiffre qui reste en bas.
02:37 Mais une vision bilancielle, finalement, dans un groupe familial qui est beaucoup moins regardé, regardé plutôt sur une fréquence annuelle
02:44 et encore avec du recul, etc. Et il faut savoir quand même que même si nous sommes un groupe familial, nous sommes une EIP,
02:50 une entreprise d'intérêt public, puisque nous émettons de la dette sur le marché. Et donc, nous avons strictement les mêmes obligations qu'un groupe coté.
02:55 Ah, dis donc ! Et c'est dans ce cadre-là que je suis arrivé là, puisqu'on publie donc un rapport financier. Avec du reporting trimestriel ?
03:00 Alors, non, le reporting trimestriel, l'information n'est pas obligatoire. Donc, nous publions sur un format semestriel.
03:06 Mais quand je suis arrivé, on produisait des rapports financiers fin août au titre des résultats du juin et fin mars au titre de l'année.
03:15 Donc, c'était assez décalé par rapport évidemment au marché. Donc, le job, ça a été de dessiloter, regrouper l'ensemble de ces équipes-là
03:23 pour qu'on puisse parler le même langage, donc arrêter des visions de comptes un peu différentes où on mettait de l'exceptionnel, des comptes éco, etc.
03:33 Pour n'avoir qu'une seule ligne, puisque de toute façon, on est obligé de produire l'information dans le rapport, qui est une information full IFRS, totalement normée.
03:41 Et donc, l'idée, ça a été de partir de cette information qui est en top et qui est communiquée au marché, puisqu'elle est obligatoire,
03:47 et de la descendre au niveau le plus fin, c'est-à-dire au niveau de l'analytique, au niveau du magasin. Donc, full IFRS, etc.
03:52 C'est ce chantier-là qu'on a mené et qui permet donc d'avoir désormais des états financiers, c'est-à-dire des P&L, mais aussi maintenant bilan et cash flow tous les mois,
04:01 qui permettent de piloter au plus près la trajectoire financière, puisque vous savez que dans nos métiers, on a une grande saisonnalité.
04:08 Attends, Louis Dehuis, tu peux la piloter magasin par magasin ?
04:11 Alors, bien sûr, on la pilote magasin par magasin, exactement, avec une analyse de rentabilité magasin par magasin, parce qu'évidemment, il ne faut pas juste regarder…
04:20 À l'échelle du monde ?
04:21 À l'échelle du monde, exactement.
04:22 Waouh !
04:23 Voilà. Et donc, c'est tout ce projet-là qu'on a mis en avant.
04:25 Enfin, juste par curiosité, ça fait combien d'indicateurs qui remontent quotidiennement, hebdomadairement, mensuellement ?
04:33 Alors, la vision P&L, puisqu'elle est mensuelle, c'est qu'on a plus de 2 000 points de vente dans le monde, dans les 14 pays aujourd'hui.
04:43 Qu'est-ce qui a été cette opération de dé-silotage, cette grande opération de dé-silotage ? En combien de temps tu l'as faite ?
04:49 Alors, on l'a faite en 2 ans, effectivement.
04:51 Qu'est-ce qui a été le plus compliqué ?
04:53 Alors, c'est un changement de culture et puis le fait de mettre tout le monde au pas sur une vision totalement normée.
05:00 Donc, il fallait beaucoup d'acculturation sur l'IFRSC.
05:04 C'est quand même quelque chose de pas très évident, surtout dans un univers, dans un groupe familial où d'autres enseignes n'ont pas ces obligations de publication,
05:14 puisqu'elles se financent par des poules bancaires. Donc, apporter cette culture-là, culture de marché, finalement, et démocratiser cette culture de marché par les débits de DA, etc.
05:24 Parce que mon obsession, c'est de pouvoir se comparer en permanence au marché, à la fois en termes de qualité de l'information, mais aussi en termes de délai.
05:33 Je te parlais des délais tout à l'heure. Désormais, depuis l'année dernière, nous publions en même temps que...
05:39 Et j'en suis très fier. Les ensembles des équipes en sont très fiers, c'est en nous publiant en même temps que nos pairs,
05:45 c'est-à-dire la grande enseigne bleue, par exemple, ou une enseigne qui est un peu en difficulté en ce moment.
05:50 C'est-à-dire qu'on publie fin février et on publie fin juillet nos résultats. Donc, ça donne beaucoup plus de rythme.
05:55 Tu viens de parler de Carrefour et Casino, là. C'est ça ?
05:57 Exactement.
05:59 Parce que Sistemu Intermarché, qui sont eux des modèles coopératifs, ne sont pas soumis à ces obligations de publication.
06:07 Non, non, exactement.
06:08 Ton sujet aussi, c'est l'ensemble du reporting extra-financier qui va devenir de plus en plus important, obligatoire, etc.
06:18 Et alors là, pour le coup, l'obligation de dessinottage, elle est totale.
06:21 Seul le business et seuls les acteurs de terrain peuvent faire remonter les données extra-financières.
06:25 Exactement. Là aussi, c'est une révolution puisqu'on a l'habitude de reporter une DPEF, une déclaration de performance extra-financière chaque année.
06:32 Malheureusement, c'était quelque chose qui était plutôt dans le giron de la RSE.
06:36 La RSE qui était une place prégnante puisque la directrice RSE est membre du Comex, donc au même titre que moi.
06:43 Mais c'était quelque chose de siloté. Là aussi, j'ai dit pour la CSRD, puisque nous sommes dans les obligations de 2024, c'est plus possible.
06:51 On ne peut pas gérer comme ça. Donc, on doit transférer la production de ce rapport au sein des équipes de la direction financière.
06:59 Puisque évidemment, tout ce que tout le monde a en tête, c'est qu'aujourd'hui, on a un rapport financier.
07:03 C'est un peu has been aujourd'hui, puisqu'on va parler de plus en plus d'un rapport de valeur qui va agréger l'extra-financier qui s'appelle CSRD,
07:10 rapport de durabilité avec le financier pour merger les deux. Donc, il faut s'y préparer.
07:14 Dès maintenant, il faut produire de manière uniforme dans le même outil tant qu'à faire l'ensemble de l'information et essayer d'être le plus pratico-pratique.
07:22 Parce qu'au bout du bout, le delivery, on doit délivrer fin février 2025 ce premier rapport.
07:27 Alors justement, il nous reste quelques secondes, mais c'est là où la technologie est importante.
07:31 C'est-à-dire toi, tu dis alors là, c'est OneStream, mais plateforme unique, finalement, devient indispensable. C'est ta conviction ?
07:38 Exactement. Elle est absolument nécessaire pour mener à bien cette transformation et surtout se projeter dans les obligations qui vont nous arriver dans les années qui viennent.
07:45 Puisque les commissaires au compte auditent aujourd'hui les comptes, mais progressivement, ils vont auditer de plus en plus de données extra-financières.
07:50 Donc, autant être tous ensemble dans la même base.
07:54 Merci pour tout ça, Ludovic. Ludovic Delcois, donc, qui nous accompagne.
07:59 Future Finance, l'édition « Make the first move » dédiée à la transformation de la finance d'entreprise, vous a été présentée par Lausanne.
08:06 [SILENCE]

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